« Le soleil paraît blanc, pas jaune. »

Je penche légèrement la tête. Il faudrait que je vérifie cela, tout de même, il est vraiment certain que son soleil n'est pas jaune ? J'ai toujours cru qu'il l'était, moi. Dans tous les dessins que je fais, il est d'ailleurs bien jaune ! Comment le dessiner, sinon ? Il deviendrait invisible parmi le blanc de la feuille... Je n'ai pourtant pas le temps de me poser davantage de questions, que le grand enchaîne ensuite ne ajoutant que le blanc est une superposition de couleurs, et ayant alors le don de me rendre encore plus confus. Donc... Si je mets du jaune et du bleu ensemble, j'ai du vert. Si je mets du rouge et du bleu ensemble, j'ai du violet. Si je mets... Tout, tout, et tout ensemble, j'ai du blanc ? Ce n'est pas censé donner une espèce de marron pas beau ? Je crois bien que j'avais déjà essayé cela, et le résultat n'avait pas été concluant.

– Mouais. Si tu le dis.

Je n'ajoute pas que je ne comprends pas sa suggestion de faire le soleil en arc-en-ciel, puisqu'il l'a dit lui-même plus tôt : le soleil est blanc. Pas arc-en-ciel. À moins que si ? Il me met un doute dans mon esprit, lui...

J'aimerais bien creuser un peu plus la question, maintenant la panique passée, mais je n'en ai pas vraiment le courage. Ce garçon m'a apporté plus d'ennuis qu'autre chose, et si la partie détente de ma blague est définitivement hors-concours, j'aimerais au moins que cette rencontre ne vire pas au calvaire. Si ce n'est pas déjà le... Mais non, Nolan ! Reste positif ! C'est simplement une mauvaise journée, voilà tout.

Je tente donc de mettre de côté ma réserve pour sourire, lorsque finalement cet élève me fait une proposition qui m'enthousiasme réellement. Il veut m'aider à arranger mon masque, c'est génial ! Aussitôt, j'acquiesce donc, alors que je m'empresse de tendre le bout de parchemin à mon aîné. Celui-ci me paraît tout de suite plus sympathique, et c'est pourquoi je décide de lui faire grâce des mauvaises impressions qu'il a pu me donner, et tente d'en savoir un peu plus sur lui.

– Merci ! Tu t'appelles comment, au fait ? Et tu sais bien faire des masques ?

Si c'est son truc, il pourrait peut-être me donner des conseils pour réaliser quelque chose de plus beau. Certes, je n'ai absolument pas fait d'effort dans celui que je présente au garçon, il avait d'ailleurs plus un but pratique qu'esthétique... Mais ce serait intéressant de pouvoir allier les deux.

« Par mon nom. Je m'appelle par mon nom. » Je ne suis pas stupide : évidemment que j'aurais bien compris le sens de la question de l'enfant si je n'étais pas déjà parfaitement concentré sur ma future tâche, mais il ne me faut vraiment pas grand chose pour perdre tous mes acquis en matière d'interactions sociales.

En l'occurrence là, une mission très sérieuse m'attend. Saisissant le masque gentiment tendu, je commence par le mettre au niveau du visage de l'enfant pour une meilleure estimation du travail à faire, puis une fois les mesures mentalement enregistrées, je m'éloigne de quelques pas et tend le parchemin face à moi d'une main, baguette magique tenue dans l'autre. Je place ma cible de papier contre le mur -il serait bête d'avoir quelques dommages collatéraux si à tout malheur j'échoue mon sort, puis quelques Diffindo bien placés jaillissent, redécoupant quelques zones de papier autour des yeux pour réajuster la position de ceux-ci.

Entre deux Diffindo, je continue de répondre à la dernière question du garçon, bien que je n'y vois aucune utilité puisqu'il ne s'agit pas là de créer un nouveau masque mais simplement de rectifier l'ancien.
« Masque de soin oui, masques du visage, masques pour paraître normal, masques devant ma famille, masques lorsque des regards sont posés sur moi, je sais bien faire. Masque pour effrayer des personnes sans leur consentement, non première fois.»

Une fois le travail terminé, je compare rapidement mon petit bricolage avec le visage du Gryffondor pour vérification puis satisfait, je tends le masque légèrement modifié à son jeune propriétaire.
« Tu ne devrais plus avoir de problèmes avec tes trous. Comme ça, tu pourras mieux choisir ta cible. Par là, j'entends : quelqu'un qui ne fera pas une syncope ou qui ne sera pas réellement embêté par ta démarche. Si tu vois un gamin avec l'air aussi espiègle que toi, c'est sûrement une cible adaptée. Notamment si le gamin a des bouclettes comme les miennes, » fis-je en désignant mes propres cheveux, « en brun, couleur de Serdaigle, à peu près ton âge et ta taille, voix nasillarde et rire gras, là tu peux y aller et faire toutes les blagues que tu veux. »

Parmonnom. Il s'appelle par mon nom. Hein ? Non, mais qu'est-ce que je raconte, il s'appelle par son nom ! Je cligne des yeux. Oui, c'est bien ce qu'il a voulu dire, par son nom. Et... Donc ? Une fois la confusion passée, me voilà bien embêté. Je sais bien que je mets parfois du temps à comprendre les différentes personnes que je rencontre, mais là... Il est tombé sur une énorme pierre à la naissance, pierre qui lui a enlevé l'intelligence, ce n'est pas possible autrement ! Il s'appelle par son nom... Sans blague, je ne m'en serais pas douté ! Il est vraiment bizarre.

– Oui, enfin je m'en doute que tu t'appelles par ton nom... Mais du coup, c'est quoi ce nom ?

Ma question était si compliquée ? Parce que j'ai beau repasser en boucle les faits dans mon esprit, je ne vois absolument rien d'illogique ou de peu clair dans mes propos.

Finalement, je laisse ce garçon arranger le masque, et écoute d'une oreille attentive ses propos. Pourtant, malgré ma concentration, plus ses mots s'enchaînent pour former des phrases, et plus mon visage se décompose en une grimace censée traduire mon incompréhension. Masque pour paraître normal ? Devant ma... sa famille ? Il porte des masques en famille ? Aussitôt, mon visage s'éclaire, imaginant la famille de ce Serdaigle telle une troupe de théâtre joyeuse. C'est génial !

– Woooaw, elle est trop bien, ta famille ! Moi, si j'ai le malheur de paraître avec un masque ou déguisé, on va me dire bien vite que je fais n'importe quoi et que ce ne sont pas des activités décentes.

J'aimerais tellement avoir la même famille que lui... Moi aussi, je veux pouvoir descendre dîner avec des masques tous plus beaux les uns que les autres ! Enfin bon, malheureusement ce n'est pas le cas, et s'il y a quelque chose sur lequel je n'ai aucune emprise, c'est bien le choix de ma famille. Dommage...

Trêves d'illusions, je récupère finalement le masque que ce grand me tend, et j'admire les trous bien définis. Il a utilisé un sortilège de découpe, que je trouve particulièrement bien fait, et je regrette de ne pas y avoir pensé non plus. Trouer le parchemin à l'aide d'un crayon qui n'a plus de mine... Peut-être — et je dis bien peut-être — que ce n'était pas la meilleure idée. Enfin, sans vouloir non plus paraître trop fier, je la trouve tout de même très bien, ma manière de faire. Au moins, mon masque me reflétait. Je crois. Ai-je l'air de trous placés au mauvais endroit... ? Aïe, je ne crois pas. Donc mon argument n'est pas vraiment valable, tant pis.

Évidemment, toute cette réflexion vitale sur mon masque m'a distrait, et je peine alors pour reprendre le fil de la discussion. Qu'est-ce qu'il a dit, déjà... ? Si je vois quelqu'un qui lui ressemble, cette personne sera très heureuse de se faire surprendre ? Oui, cela doit être quelque chose de ce style. Je hoche donc la tête, alors que j'essaie de graver l'image de ce garçon dans ma tête, mais en brun. C'est vrai, je me souviens de ça.

– D'accord, merci !

Je hausse un sourcil à la remarque sur ma famille. Ma famille, trop bien ? Un masque, faire n'importe quoi ? Je n'ai pas l'impression que nous parlions de la même chose, lui et moi. Si je m'abstiens de porter un masque et que je me montre tel que je suis réellement à ma famille, c'est justement là que tombent les reproches sur mon comportement inadapté et mon manque de manières. Mais puisque de toute façon rien de ce que me dit l'enfant ne me semble véritablement clair, et que j'ai simplement accepté l'idée de ne pas comprendre parfaitement son fonctionnement et la façon dont ses pensées s'articulent dans son esprit, alors je ne cherche pas plus loin et abandonne cette histoire de masque.

Le petit semble satisfait de l'apparence du parchemin, ce qui m'arrache presque malgré moi un sourire. Pourquoi est-ce que je m'en amuse alors qu'il va encore faire des bêtises avec ? J'en ignore la raison mais ce garçon a un petit côté attendrissant qui fait que je ne peux pas lui en vouloir. Du moins, pas pour l'instant, à vrai dire le fait de ne pas parvenir à le comprendre fait qu'il m'intrigue, et que j'ai envie d'en savoir plus sur lui. C'est peut-être pourquoi j'ai consenti à l'aider, d'ailleurs. J'ai donné une bonne description de Blaze Rosenberg, il ne reste plus qu'à observer de l'extérieur si la stratégie fonctionne. Il serait agréable de voir mon cousin piégé de la même façon que je l'ai maintes fois été.

« Lest Noestlinger. Mais si un préfet ou professeur te surprend en train de faire des bêtises avec ce masque, je t'interdis d'évoquer mon nom en tant que complice. Je voulais simplement t'aider à limiter les dégâts, compris ? »

Je ne crois pas avoir autre chose à dire au Gryffondor. Aussi, mon ventre commence à gronder méchamment, je devrais probablement filer pour prendre mon déjeuner dans la Grande salle, et malgré les bruits ambiants désagréables de la pièce j'aime prendre tout mon temps à table, raison de plus pour mettre fin à cet échange.

« Si nous en avons fini, je vais aller manger. Bonne journée à toi, Nolan. »


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Fin du RP pour moi. Merci beaucoup à toi pour cet échange !

Lest. Une syllabe, peu commun, mais la rencontre également n'est pas vraiment des plus banales... Je devrais réussir à m'en souvenir. De toute façon, vu comment il me paraît grand, il doit facilement être en sixième année, ou par-là. Donc je n'aurais pas besoin de garder longtemps le prénom de ce garçon en mémoire.

« [...] je t'interdis d'évoquer mon nom en tant que complice. »

À l'entente de ces mots, mon air plutôt enjoué disparaît. Alors comme ça, il pense vraiment m'interdire quoi que ce soit ? J'en rirais bien. Même mes parents n'arrivent pas à me faire céder, bien qu'ils aient certains moyens de pression qui ne me laissent pas indifférent. Alors si lui, un inconnu sorti de nulle part et aussi aimable soit-il, croit pouvoir ne serait-ce que me dicter ma conduite... Il risque d'être surpris. Je n'ai qu'une vie, et je compte bien être heureux comme je l'entends. Si je commence à me soucier des désirs de chacun, me voilà bien...

Néanmoins, je me sens légèrement redevable après le service que m'ait rendu Lest, et je prend donc un petit temps pour réfléchir à ses mots. Il aurait été comme n'importe qui d'autre, je me serais contenté de dire "oui", et à la première occasion d'enfreindre l'interdiction, mais... Voilà, cela peut paraître étrange... Ce Lest, complètement borné au niveau blague, qui mène la discussion au rythme qu'il entend et sans se soucier de mes interrogations, pourrait simplement m'agacer, oui. Et pourtant, ce n'est pas le cas, enfin pas vraiment. Il s'est au final intéressé à mes motivations, et a même amélioré mon masque, ce que j'apprécie grandement. Je ne me sentirais donc pas la conscience entièrement tranquille si je lui causais du tort. Pour cela, je me retrouve donc à hocher la tête, un peu confus alors que je me demande si je viens réellement d'accepter l'interdiction de quelqu'un.

– D'accoo...

Je ne parviens même pas à finir la prononciation de ma phrase, le mot s'enlisant dans ma bouche, comme si même lui se trouvait doué de conscience et m'avertissait. Je n'en reviens pas que je sois en train d'accepter cela... Enfin, après tout, ce que me demande le garçon ne doit pas être un gros effort. Je n'aurais qu'à prononcer le nom de quelqu'un d'autre, à la place de celui de Lest Noest...linger. Oui, cela me paraît faisable.

Finalement, le Serdaigle clôt la discussion en me souhaitant une bonne journée, et aussitôt, mes épaules se relâchent alors que je l'observe s'en aller. Je ne m'en rends compte qu'à présent, mais cet échange m'a plutôt mis sous tension, entre ces questions étrange et mon envie de... Enfin, pas que j'ai d'envie particulière, à vrai dire. Mais comme d'habitude, quoi. Je n'aime pas rester passif lors d'un échange, c'est tout.

– Bonne journée !

Je peux à présent moi aussi vaquer à mes occupations. Mais avant de me rendre dans la grande salle pour déjeuner, je préfère repasser par ma salle commune, j'y déposerais ainsi mon précieux masque.