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26 juin 2022, 10:00
Le besoin est une prison  PV 
Samedi 25 mars 2047 — peu avant le couvre-feu
Couloirs, devant le bureau de la directrice — Poudlard
6ème année



De longues minutes se sont déjà écoulées depuis que je me suis assise au bord du lit. Forme esseulée dans la nuit noire, j'attends. La respiration apaisée de Zikomo accompagne mes pensées fiévreuses. Mon regard fixe ne le quitte pas. Sur mes genoux, mes mains croisées sont moites. J'ai chaud, pourtant des frissons glacés parcourent ma peau. Je me demande combien de temps je vais encore attendre, combien de temps passé à résister à une envie pourtant bien présente dans mon corps ? Mes membres sont tendus. J'ai déjà manqué me lever trois fois ; à chaque fois, j'ai suspendu mon geste : j'hésite, je renâcle. Et si elle refuse de me voir ? Et si elle me congédie ? Et si elle me dit encore qu'elle ne souhaite pas s'entretenir avec moi ? Et si je trouve porte close ? Cela fait des semaines que je résiste. Des semaines que je me contente de ses notes éparses, que je me convaincs que ses petits présents me suffisent — ils l'ont fait un certain temps, après tout un accès à la Réserve, des livres précieux, cela suffit mon bonheur. Mais j'ai besoin de plus. Je veux la voir, lui parler. Discuter, échanger. Trouver dans son regard la preuve que tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois est bien vrai : ces rencontres hors de Poudlard, nos discussions, nos disputes pleines d'émotions. J'ai besoin d'une preuve que cela a existé et existe encore.

Soudain, je prends une décision : je me lève sans même y penser. Zikomo gigote dans son sommeil. Je retiens mon souffle, le regard braqué sur le frémissement de ses oreilles, mais tout va bien, il ne se réveille pas. J'échange mon pyjama contre des vêtements plus adaptés à mon excursion. J'ajoute une cape d'extérieur avant de sortir du dortoir, sans prendre en compte le fait que le couvre-feu sonne dans moins de vingt minutes.

La nuit m'entoure. Des torches renvoient sur les murs des couloirs que je traverse des ombres mouvantes qui me donnent des frissons. Je ne croise pas âme qui vive. Toute personne censée est déjà retournée dans son dortoir à cette heure tardive. Pour les autres... Je prends des couloirs moins fréquentés pour ne pas croiser les retardataires qui quittent en courant la bibliothèque, la salle d'études ou les recoins sombres pour rentrer avant de braver l'interdit. Errer dans les couloirs obscurs me donne une sensation de puissance grisante. Le château appartient à ceux qui le parcourent et actuellement, c'est comme si j'étais la seule à le faire. Je suis maîtresse de cet endroit... À défaut de l'être de mes envies.

Je me sens gamine à traverser ainsi le château pour aller rejoindre ma directrice, plus encore lorsque je me souviens avoir fait la même chose un an en arrière ; malgré le chemin parcouru, je suis sensiblement la même. C'est difficile à accepter, alors je n'y pense pas. On aurait pu croire que marcher de la sorte apaise les esprits mais ce n'est pas mon cas. Plus j'avance, plus je sens bouillir mes pensées. Elles débordent de partout et j'ai une conscience accrue de la douleur qui réside dans mon cœur. Comme un trou, si petit, si fin qu'on ne le voit pas, mais il s'enfonce très loin dans mon organe, jusqu'à son noyau dans lequel le vide se répand. En traversant les couloirs, j'ai espoir de remplir ce vide. Je le sais, je le sais bien, mais je ne veux pas m'en convaincre.

Je ralentis la cadence en arrivant près du bureau directorial. L'Oeil tient toujours sa place d'espion et de surveillant. Il flotte paisiblement au-dessus du sol et se braque vers moi dès que je m'approche. J'entame un combat de regards avec lui, pupille contre pupille, espérant secrètement qu'à travers ce globe oculaire mis à nu, ce soit les yeux bleus glaciaux de Kristen Loewy que j'affronte. Mais au bout de plusieurs minutes, je dois bien me rendre à l'évidence : elle ne me voit pas, elle n'est pas dans son bureau.

Je me détourne et entreprends de faire les cents pas, la gorge nouée par la frustration et la peine. Cela fait un mois que nous n'avons pas échangées, plus d'un mois que je n'ai pas reçu de note de sa part, une semaine depuis la dernière que je lui ai envoyé. Je me revois encore écrire des mots insolents inspirés par mon agacement de ne pas avoir de ses nouvelles. La connaissant, elle s'est vexée du ton que j'ai employé. Peut-être que comme une très grande enfant de cinquante ans, elle me fait la tête. Exactement comme je le ferais si elle m'avait écrit de telles choses.

Je m'arrête au milieu du couloir, tête baissée sur mes pieds. Ça grandit à l'intérieur de moi. Une vague qui monte peu à peu et qui noie l'entièreté de mes pensées. Je ne sais plus ce que je veux ni ce que je fais ici, j'ai seulement envie que tout se passe comme je le désire, pour une fois. J'aimerais que tout soit simple. Mais rien ne l'est avec cette femme, ni nos échanges, ni nos recherches et moins encore la relation qui nous lie. Pourtant, aujourd'hui je n'ai pas envie de me morfondre dans mon coin. Je veux seulement pouvoir aller voir et discuter de vive voix avec elle de cette fiole qui m'attire si bien que parfois, je dois résister à l'envie de l'ouvrir et de faire glisser sur ma langue l'unique goutte qu'elle contient, juste pour voir ce que ça fait. Je veux seulement m'asseoir sur l'un des deux fauteuils, là-haut, et parler avec une âme qui me ressemble de ces idées que je sens parfois grandir en moi, celles qui me donnent des envies violentes et brusques. Juste envie de parler à une personne qui, bien qu'elle soit insupportable, caractérielle, épuisante et étouffante, agaçante, et tellement d'autres adjectifs négatifs et certains autres un peu vulgaires, une personne avec laquelle je peux parler sans craindre les regards froncés par le jugement, le mécontentement ou le mépris.

Alors oui, je suis là pour parler à Kristen Loewy et je patienterai le temps qu'il faudra — si tant est que ma frustration ne me mène pas à faire exploser le mur devant lequel je prends racine comme un foutu arbre.

Plume de @Sarah Priddy, la suite est pour toi !
Plume de @Kristen Loewy, pour information.

26 juin 2022, 16:10
Le besoin est une prison  PV 
Un samedi comme un autre ou plutôt un samedi banal ; pas de course en balai, pas de soirée avec son collègue, pas de cours clandestin, aujourd'hui, elle était simplement de garde pour la soirée ou plus exactement pour la nuit et allait donc devoir rester à Poudlard. Il allait d'ailleurs falloir qu'elle rediscute ses horaires. Entre les heures de cours, les heures de permanence, les heures de garde nocturnes et les heures de paperasse maintenant qu'elle était passée directrice de maison, elle n'allait pas s'en sortir.

Sarah, après un coup d'œil rapide sur sa montre, abandonna à regret le livre qu'elle venait d'emprunter à la bibliothèque au sujet des artefacts dans le monde antique et se leva. Au moins, elle aurait de quoi s'occuper entre ses rondes. Elle repoussa la chaise sous son bureau, alluma le feu dans la cheminée pour bénéficier d'un minimum de confort à son retour et enfila sa cape. Les courants d'air toujours présents dans ces fichus couloirs étaient traitres et elle n'avait nullement l'intention de tomber malade à quelques jours de son objectif de l'année, la course de Kopparberg. La sorcière quitta son bureau qu'elle prit soin de fermer à double sort et hésita un instant. Par où allait-elle commencer aujourd'hui ?

Il restait quelques minutes avant le couvre feu et la règle en vigueur était de faire un premier tour à cette heure-ci pour en refaire un à la fin de la ronde des préfets une heure plus tard. Ensuite, il fallait caler plusieurs rondes à des heures au hasard pour "surprendre" les élèves qui aimaient tout particulièrement se réfugier dans les toilettes ou encore au sommet de la tour d'astronomie. L'horaire la plus juteuse étant celle de minuit, les adolescents songeant stupidement qu'à cette horaire précise, tout Poudlard était endormis. Mais Poudlard ne dormait jamais totalement. Sarah elle, le savait bien.

Alors qu'elle marchait depuis quelques minutes, ses pas résonnants sur les dalles du château presque désert, elle aperçut une silhouette au détour d'un couloir. Les sourcils de la Galloise se froncèrent légèrement. Qui pouvait bien faire les cent pas devant le bureau de la directrice ? Elle jeta un coup d'œil à sa montre en s'approchant, sans accélérer l'allure pour autant. A quelques pas de la porte, Sarah reconnut la sorcière qui se trouvait là. Le visage du professeure s'adoucit légèrement. Au moins ce n'était pas un première année hystérique qui voulait faire je ne sais quelle blague stupide. Elle avait affaire à une personne capable de s'expliquer de façon claire et de comprendre les règles et leur logique. Sarah s'arrêta et lança un coup d'œil vers le fameux œil gardien avant de reporter son attention sur la Poufsouffle.

" Bonsoir Miss Bristyle. Vous attendez notre directrice pour un rendez-vous ? Vous savez je suppose que l'heure critique du couvre-feu approche. "

Dans le fond, si elle avait un rendez-vous, Sarah pourrait poursuivre son chemin mais si ce n'était pas le cas, elle devrait la raccompagner à sa salle commune.

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

27 juin 2022, 10:36
Le besoin est une prison  PV 
J’ai du mal à tenir en place. Je passe mon poids de ma jambe droite à ma jambe gauche puis de la gauche à la droite, pianote frénétiquement des doigts sur le revers de ma cape, grignote mes lèvres et l’intérieur de mes joues. Il s’en faudrait de peu pour que je m’arrache les cheveux, désespérée à l’idée que l’accès au bureau directorial ne s’ouvre pas pour moi ce soir. Je ne comprends pas pourquoi rien ne se passe. Il n’est pas si tard que ça, je mettrais ma main à couper qu'elle ne dort pas. Alors que peut-elle bien faire à cette heure-là ? Éplucher les journaux à la recherche de son fils ? Lire quelques grimoires obscurs choisis parmi ceux qu’elle cache précieusement dans son bureau ? Étudier l’Histoire pour que nous avancions sur l’Élixir ? Que fait-elle ? Puis je me souviens qu’elle est mariée, qu’elle n’est pas seule là-haut, et mes mâchoires se crispent à l’idée qu’elle partage une tasse de thé avec Luneau, ce qui expliquerait pourquoi elle ne voit pas que je poireaute devant l’entrée. Mon envie de faire du bruit pour attirer son attention s’accroît. La seule chose qui me retient, c’est bien ma conscience de la puérilité de cette action.

Tu voudrais que je t’invite prendre le thé une fois par semaine, c’est cela ?
Et bien oui, oui, c’est cela, et je ne comprends pas pourquoi elle n’en a pas envie, elle. Elle m’en a dit des choses, la dernière fois, mais six mois après ces paroles ne sont plus que des spectres, si bien qu’elles n’ont plus le moindre poids. Et que dire des souvenirs ? Peut-être l’ai-je rêvée accroupie près de moi, à pleurer, submergée par la peur de me perdre, moi. J’aimerais le lui rappeler pour chatouiller un peu sa fierté : vous avez pleuré pour moi, j’vous rappelle !

Un autre souvenir s’impose à moi, un peu plus vieux celui-ci. Il est si soudain que je m’immobilise dans le couloir. Je me souviens qu’elle m’a dit, dans ce bureau même dans lequel je souhaite pénétrer, qu’elle ne pleurait pas devant n’importe qui. À ce moment-là, je me suis persuadée que j’étais n’importe qui pour elle et qu’elle ne me montrerait jamais ses faiblesses. Mais elle l’a fait, devant moi, pour moi.
Le doute s’immisce, un doute sournois qui me force à me demander si j’ai bien raison d’être ici et de lui reprocher intérieurement toutes ces choses. Des peut-être auxquels je ne souhaite pas penser : peut-être que tout a bien existé et existe encore, peut-être est-elle seulement occupée, préoccupée, épuisée aussi ; n’a-t-elle pas perdu son fils, après tout, le fameux Owen sur lequel j’ai effectué tant de recherches ?

Une voix m’arrache si brutalement à mes pensées que je me retourne en sursautant, le coeur battant à tout rompre. Pendant un fol instant, je confonds la femme que je vois avec celle que j’attendais : l’espoir fait briller mon visage avant de s’éteindre tout à fait lorsque je reconnais ma professeure de sortilège. Un poids tombe au creux de mon estomac : je ne verrai pas Loewy ce soir et je vais également me faire réprimander comme l’enfant que je ne suis plus.

Je soupire et détourne le regard, incapable que je suis de soutenir les yeux de cette femme alors que je me sens si fragile et vulnérable. J’essaie de me protéger comme je peux. Sourcils froncés, masque froid sur le visage, mains cachées dans les poches. J'échange un regard accusateur avec l’Œil, comme s’il était coupable de ma déconfiture. À cet instant précis je le déteste, lui, gardien de sa maîtresse qui m’empêche d’aller la trouver quand je le désire.

Dans un monde parfait, le moindre de mes désirs se réaliserait. La vie serait bien plus simple. Je suis persuadée qu’ainsi débarrassée des déchets que son mes envies frustrées, j’aurais plus de place et de temps pour les choses importantes.

« Oui, l’heure critique approche, » finis-je par dire à mi-voix.

Je maudis Sarah Priddy de participer à la croissance de ma frustration ! Sans elle, je serai restée toute la nuit. À quel point puis-je mentir pour me donner un peu plus de temps ? Je croise le regard de la professeure et comprends instantanément que je ne peux tout simplement pas le faire. Pas avec elle qui, laborieusement et lentement, a réussi à s’attirer une petite étincelle de respect de ma part. C’est cette minuscule chose qui me retient. Je ne mens pas à ceux que j’estime, c’est comme ça.

« J’ai… J’ai pas rendez-vous mais… » Je ferme brièvement les yeux, inspire par le nez. Merlin, ce que je peux me sentir misérable. « J’espérais… La voir, » avoué-je du bout des lèvres en esquissant un geste vague en direction du bureau invisible.

Je regrette instantanément mes paroles. Tant qu’à faire, autant lui avouer tout ce qui grouille à l’intérieur de moi ! Lui dire que le creux que j’ai dans le coeur ne disparaîtra pas tant que je ne vois pas ma directrice, que la relation que j’ai avec elle va bien plus loin que ce qu’elle imagine. Tant qu’à faire, autant l’appeler par son prénom, pour qu’elle comprenne bien qu’il y a plus que ce qu’il devrait y avoir. Ou autant lui avouer directement que l’élève de sixième année que je suis brave le couvre-feu pour une femme qui se fiche bien de ce que je peux bien penser et désirer.

La gorge nouée, je me détourne carrément de Priddy et entoure mon corps de mes deux bras. Et, le menton haut, je regarde droit devant moi avec l’air de celle qui ne bougera pas d’ici tant qu’elle ne l’aura pas décidée.

27 juin 2022, 23:44
Le besoin est une prison  PV 
Poings fermés, regard fermé, visage fermé, la petite Bristyle semblait en colère. En colère contre elle ? Contre la directrice ? Les adolescents n'étaient-ils pas toujours en colère contre la terre entière ? Elle espérait la voir... Sarah soupira intérieurement. N'était ce pas le cas de beaucoup de monde ? La Galloise avait le sentiment que la directrice n'était plus vraiment directrice de l'établissement. Elle n'était pas prête d'oublier le regard condescendant et la remarque moqueuse sous couvert de politesse lors de son dernier passage dans le bureau de sa supérieure. Pour Sarah, c'était évident que la sorcière était loin des préoccupations du quotidien à Poudlard. Les élèves, les professeurs lui importaient peu. Elle avait d'autres chats à fouetter et ne s'en cachait pas ou plus. Cependant, tout cela, elle ne le dirait pas à la Poufsouffle qui se trouvait devant elle. Le respect était une chose qu'elle avait appris il y a longtemps maintenant.

Une élève plus jeune, une élève autre, Sarah l'aurait raccompagnée à sa salle commune sans chercher plus loin. Aelle Bristyle, si elle n'était pas encore une adulte, n'était plus complètement une gamine et avait sûrement de bonne raison de poireauter ainsi devant l'œil magique dans un couloir sombre. Seulement voilà, le règlement était le règlement et Sarah n'aimait pas déroger aux règles d'une façon générale.

Sarah n'avait pas la moindre idée de ce que la jeune fille voulait à la directrice et dans le fond, elle s'en moquait bien. Cela ne la regardait nullement. Le seul problème était de trouver une solution acceptable pour tous les parties afin de ne pas commencer la soirée avec des tensions inutiles.

" Hum... je vois. Je ne peux malheureusement pas vous laisser attendre ici toute la nuit, il y a un règlement. J'ai presque fini ma première ronde et j'en ferai une autre dans une heure. Venez prendre un thé en ma compagnie et nous repasserons par ici ensemble. Si Kristen Loewy n'est pas de retour pour alors, vous pourrez repasser demain. "

Les nuits de veille était toujours longues, discuter pendant une heure avec la Poufsouffle ne pouvait pas être une mauvaise chose. Si ça se trouve elle pourrait même lui proposer une partie de Senet.

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
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28 juin 2022, 12:32
Le besoin est une prison  PV 
Je m'attendais à de l'agacement. Les adultes s'agacent toujours si fort. Ou peut-être à un long et profond soupir, preuve de la lassitude que je lui inspire. Mais rien de tout cela ne s'échappe de Priddy. Il faut croire qu'elle est vouée à m'étonner, même si le règlement dont elle parle m'inspire un lever de sourcils. N'est-ce pas la directrice de l'école elle-même qui m'a un jour dit que nous pourrions nous rencontrer au détour d'un couloir, après le couvre-feu, « si tu ne te fais pas attraper en chemin » ? J'aimerais bien savoir ce qui arriverait si j'insistais et renâclais auprès de Priddy au point qu'elle m'amène devant Loewy. Quelle tête ferait la femme si elle me voyait débouler dans son bureau accompagnée de l'une de ses professeures ? Sans doute qu'elle froncerait les sourcils et qu'elle dresserait le menton comme elle sait si bien le faire. Et dans son regard, je comprendrais que je l'ai déçue. Je ferais comme si cela ne me touchait pas alors que ce serait tout le contraire.

Je glisse un regard vers la professeure de Sortilèges. Présentement, c'est elle que je n'ai pas envie d'agacer. En plus, elle a l'audace de me proposer de prendre le thé en sa compagnie : mon cœur sursaute si fort que cela doit se voir dans mes yeux écarquillés. Je peine à retenir le petit rire ironique et nerveux qui me secoue les épaules. Une tasse de thé, vraiment ? Discuter une heure avec elle, dans son bureau ?! Bordel, mais à quel moment ce foutu monde s'est-il inversé ? J'ai d'une professeure que j'estime, ou du moins que je respecte, l'invitation à boire un thé, et de ma directrice avec laquelle j'ai déjà tellement partagé... Je n'ai rien du tout. Je pourrais peut-être venir trouver Sarah Priddy la prochaine fois au lieu de faire le pied de grue devant le bureau de Madame la Directrice et de son emploi du temps surchargé.

Je ne ressens aucun plaisir à cette situation, juste un profond sentiment d'injustice. Je voudrais que Loewy puisse voir cette scène et qu'elle regrette de me voir partir avec une au— À peine la pensée esquissée que je l'efface brutalement. Je ressens déjà bien trop de choses compromettantes dans cette histoire pour rajouter l'envie de voir éclore chez ma directrice un quelconque sentiment de jalousie.

Depuis quand ma détermination s'est-elle changée en rancœur ?
Merlin, j'ai honte de moi.

« Elle le s'ra pas non plus, » marmonné-je entre mes dents.

Demain, après-demain... Kristen Loewy n'a pas de temps pour moi.

Et encore ce regret de ne pas savoir fermer ma grande bouche. Les mots sortent trop facilement, ce soir. Je devrais aller retrouver mon lit, me blottir contre Zikomo et oublier combien je suis loin de ressembler à la Aelle diurne, si fière et compétente, alors que celle de la nuit n'est qu'un gros amas d'émotions pas très jolies à voir.

La seule chose qui me retient ici, si ce n'est cet Œil sur lequel je reporte tous mes espoirs, c'est bien la proposition de la femme. Allez discuter autour d'une tasse de thé... Après tout, n'est-ce pas dans ce but-là que je suis sortie du dortoir ? Pour aller partager une tasse de thé avec une femme qui n'a rien d'une camarade ou d'une amie ? J'observe silencieusement le visage sérieux de la femme et arrive à la conclusion qu'elle non plus n'est ni une camarade ni une amie, et qu'elle peut bien faire l'affaire pour ce soir. Même si ce n'est pas avec elle que je discuterais de la rage qui me grignote si bien l'intérieur du corps que j'ai parfois l'impression qu'elle me dévorera tout entière sans que cela ne me dérange — au contraire.

« Je vous remercie, prononcé-je solennellement en dressant bien haut le menton. Ce serait avec plaisir, oui. »

Je crois que c'est la première fois, exempté cette Directrice qui ne veut pas quitter ma tête, que l'on me parle comme si j'étais une adulte dans ce château. C'est grisant.

Je m'approche donc dans la femme dans l'intention de la suivre, peu importe où elle veut me mener. Je coule malgré tout un dernier regard oscillant entre désespoir et colère en direction de l'entrée du bureau de la directrice en me demandant déjà quelle sera ma stratégie pour ces prochaines semaines : l'ignorer purement et simplement ? lui envoyer quelques notes salées sous couvert de lui partager mes recherches ? ou essayer, encore et encore, de la voir jusqu'à ce qu'elle daigne réapparaître ?

29 juin 2022, 17:54
Le besoin est une prison  PV 
Les mots pourtant à peine murmurés laissèrent une puissante amertume se répandre autour de la jeune fille. Sarah s'attendait désormais à une annonce de retour rapide en salle commune cependant, il n'en était rien et la Poufsouffle accepta au contraire l'invitation de sa professeure. Après un sourire et un hochement de tête, cette dernière reprit donc sa route, réglant son pas sur celui de l'adolescente qui l'accompagnait désormais. Dans le fond, ce n'était peut-être pas stupide comme idée. Les élèves les plus âgés seraient peut-être contents de partager les premières rondes avec les enseignants et de profiter ainsi d'échanges plus personnels. Sarah songea que ce fonctionnement pourrait être intéressant. Elle, élève, aurait adorer ça.

Les pas résonnaient dans les couloirs et le silence s'installa un cours instant. Le silence ne gênait pas Sarah. Il ne l'avait jamais gêné et elle n'allait pas se forcer à prendre la parole pour le faire taire. Cependant, elle était l'adulte et il sentait qu'il était nécessaire qu'elle échange au sujet de cette rancœur sentit un peu plus tôt si tant est que c'était bien cela qu'exprimait la jeune Bristyle. Il allait falloir défendre cette brave directrice. Un sourire ironique traversa un instant le visage de la Galloise.

" Je ne sais pas ce que vous aviez à faire avec Kristen et je suppose que, si vous alliez la voir elle en particulier, c'est que tout ceci ne me regarde pas ou peut-être qu'elle est tout simplement la seule à même de pouvoir vous aider ou de vous répondre. "

Les deux sorcières continuaient leur marche à travers les couloirs déserts, descendant un dernier escalier avant l'objectif final.

" Je comprends votre frustration de vous trouver face à cette porte close si vous avez besoin d'elle mais elle finira bien par s'ouvrir. Cela peut paraître étrange mais souvent, les personnes qui détiennent le plus de pouvoir sont aussi celles qui sont les moins disponibles ou les moins libres. Le pouvoir ne se garde pas sans effort et il exige une rigueur bien plus grande qu'on ne l'imagine. Kristen Loewy fait partie des sorcières de ce monde qui détiennent un grand pouvoir, magique mais aussi politique. Elle ne décide pas forcément toujours de quand elle est disponible mais nul doute qu'elle vous répondra si cela est nécessaire pour vous. "

C'est du moins ce que son statut de directrice exigeait. En vérité, Sarah ne croyait pas spécialement en la bonne volonté de sa supérieure mais elle n'allait pas en parler avec une élève. D'ailleurs, elle ne savait rien des raisons de la présence de Bristyle ni même de la relation qu'entretenait la directrice avec certains éléments de Poudlard. Après tout, elle était probablement comme tout le monde et devait avoir ses têtes. Si Sarah ne lui revenait pas particulièrement peut-être que d'autres avaient des liens plus sincères ou cordiaux avec elle.

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30 juin 2022, 11:50
Le besoin est une prison  PV 
Me voilà désormais à marcher aux cotés de Sarah Priddy. Ainsi, il n'est pas bien difficile de remarquer que nous faisons quasiment la même taille. Je pourrais presque croire qu'elle est l'une de mes camarades... Sauf que son âge ne me permet pas de me leurrer et c'est exactement pour cela que je la suis : parce qu'elle n'a pas mon âge et qu'elle n'est pas l'une de mes camarades.

Le son de nos pas résonne dans le couloir et nous suit où que nous allons. Plus que me bercer, il me rappelle que je suis en train de m'éloigner de mon objectif et que j'ai du mal à l'accepter. La boule dans ma gorge ne veut pas s'en aller, pas plus que l'amertume qui me consume de l'intérieur.

Sans le savoir, la professeure n'arrange en rien cela. Elle prononce si facilement le prénom de ma directrice que cette fois-ci, c'est chez moi que le sentiment de jalousie éclot : est-elle proche de Loewy ? va-t-elle boire le thé chez elle ? Après tout, elles sont collègues... Malgré tout, je n'imagine pas Kristen Loewy faire amie-amie avec ses subalternes. Elle est bien trop revêche et insupportable pour cela. Non, je crois que ce qui me dérange autant c'est que ce prénom que j'entends dans la bouche d'une autre me rappelle à quel point j'ai encore du mal à le prononcer à voix haute. C'est une preuve bien trop évidente que ma relation avec Loewy peine à avancer. Elle peine depuis le tout début et sans doute peinera-t-elle toujours.

Je plante les dents dans ma lèvre pour ne pas répondre vertement à Priddy et cache mes points serrés tout au fond de mes poches. Non, Kristen Loewy ne peut pas m'aider, ni me répondre. Elle ne le peut pas parce qu'elle ne le désire pas, c'est amusant, non ? Je ne pensais pas que le désir avait un tel poids dans ce que l'on est ou non capable de faire. La directrice ne désire rien de moi alors sa porte ne s'ouvrira pas, je le sais. Je le sais si bien que je me demande enfin ce que je fais ici : pourquoi suis-je sortie de mon dortoir si je savais trouver porte close ? À quel moment ai-je cru possible de pouvoir imposer ma volonté à cette femme ? C'est cela qui me fait aussi mal et qui me frustre tellement. Je n'arrive pas à lui imposer quoi que ce soit, ça me donne des envies violentes, des envies de tout détruire autour de moi. Je déteste me sentir aussi faible, aussi peu importante. Aussi impalpable. C'est comme ça, souvent. Je crie, mais personne ne m'écoute.

Tout cela me rappelle brutalement que Loewy est Directrice. Cette instance supérieure qui décide et ordonne, qui dirige et règne sur le château. Elle combat des forces qui me dépassent, et je ne parle pas de ses propres démons mais bien des Lignées, des responsables de l'enlèvement d'Owen et tant d'autres choses auxquelles doivent sans doute être confrontées les directrices et directeurs de l'école depuis des décennies. Cela me déplait de me rappeler qu'elle a ce statut, moi qui ai tant essayé de l'oublier, cette casquette de Directrice, pour ne voir que la femme.

« Ce n'est pas comme ça que je conçois le pouvoir, dis-je d'une voix sans timbre. Il doit apporter force et liberté. Pas entraver une femme dans un bureau duquel elle ne sort jamais. Être directrice ne lui donne pas de pouvoir, ça l'enchaîne juste. »

Je sais que Priddy raconte cela pour me réconforter... Malheureusement, ça ne fait que m'enfoncer dans mes miasmes de mauvaise humeur et de rancœur. Je n'accepte pas ce qu'elle me dit et moins encore qu'elle me trouve vulnérable au moins de vouloir me rassurer. Pas elle. Elle est celle devant qui j'ai toujours été forte et puissante ; en cours, en réussissant les exercices avec brio et en rendant des devoirs quasiment parfaits ; en transplanage, pour mon sérieux et ma réussite ; dans nos quelques très rares discussions qui m'ont fait comprendre qu'elle avait un caractère et un tempérament qui me plaisaient. Alors je refuse qu'elle me trouve faible.

La boule dans ma gorge prend un peu plus de place. Je déglutis difficilement sans pour autant réussir à la faire diminuer de taille. Je prends une grande inspiration pour calmer la tornade d'émotions qui se lève malgré moi dans mon cœur. Je ne peux pas déverser toute ma colère et ma rage sur Priddy, je ne peux pas lui reprocher l'indisponibilité d'une femme qui n'a rien à voir avec elle. Quand à ma frustration... Que puis-je y faire ? La seule solution qui me vient, c'est d'exploser quelque chose violemment. Ce n'est pas une idée sensationnelle.

« J'avais pas besoin d'aide, rajouté-je après un court silence. Juste... » Juste quoi ? Je secoue vaguement la main devant moi. « Discuter. » *Pitoyable*. « Discuter de quelque chose. »

Je ralentis en devinant notre objectif tout proche et me tourne vers la professeure.

« Et vous ? demandé-je dans un souffle. Comment vous vous comporteriez si vous aviez tant de pouvoir à portée de main ? »

La question est inutile mais la réponse m'intéresse. Je sais pourtant qu'elle ne m'apportera rien. Ce n'est pas parce qu'elle porte difficilement tout le poids du pouvoir de sa condition de Directrice de l'une des plus grande écoles de magie du monde que Loewy est indisponible. C'est parce que c'est une femme ambitieuse, bornée et néfaste. Une ordure égoïste, selon ses propres mots. Qui est toute coincée à l'intérieur d'elle-même. Et c'est sans doute pour cela que j'en suis là aujourd'hui. Parce que si elle était douce, tendre et gentille, attentionnée et aimable, à faire attention au moindre de ses mots pour ne pas me blesser, je la mépriserais et ne la considèrerais pas tant elle me paraîtrait inintéressante.

30 juin 2022, 13:28
Le besoin est une prison  PV 
Sarah, dans la pénombre de plus en plus grande, sourit à la réponse de l'adolescente et la laissa développer un instant sa pensée. La porte du bureau de Sortilèges apparut dans leur champ de vision et la professeure sortit sa baguette. Sans prononcer un mot, du moins en apparence, elle déverrouilla et ouvrit sa porte. Main sur la poignée, elle répondit à la première remarque.

" Je vous rejoins sur ce point. Le pouvoir devrait, dans l'idéal, apporter force et liberté mais de ce que j'ai pu voir c'est rarement le cas. Pour moi, c'est le savoir qui permet réellement d'être libre. Libre de ses choix et à même de les faire en toute conscience. "

En poussant la porte, elle pensa aux personnes de pouvoir qu'elle avait pu rencontrer au cours de son existence et les images furtives qui se succédèrent ne purent que confirmer sa pensée. Elle poussa la porte et sourit en sentant la douce chaleur de la pièce. Elle avait bien fait d'allumer un feu avant de partir. D'ailleurs, vu la quantité de bûches encore présente dans l'âtre, Pop, l'elfe qui s'occupait de la salle de Sortilèges avait du passer par là.

Sarah ôta sa cape et la suspendit à la patère derrière la porte avant de suggérer à la visiteuse de faire de même. Sa baguette s'agita à nouveau et un instant plus tard une théière et des biscuits traversèrent la pièce, poursuivis par une paire de tasse et de soucoupe. La théière fit son travail avant de se poser sur le manteau de la cheminée. Les tasses remplies et les soucoupes garnies de quelques sablés aux amandes se posèrent délicatement sur les larges accoudoirs en bois des fauteuils côté salon.

La sorcière s'approcha et s'installa dans un des fauteuils en soupirant.

" Si j'avais le pouvoir à portée de mains... Installez vous. "

Elle désigna le deuxième fauteuil disponible face aux flammes.

" Il y a quelques temps, j'aurais tout simplement fuit. Ça peut paraître lâche mais je pense que ça aurait surtout été un acte égoïste. Je n'ai que faire du pouvoir. C'est le savoir qui m'intéresse et la liberté de partir apprendre ce qui m'intéresse quand et où je le veux. Aujourd'hui, je ne sais pas pour la simple et bonne raison que je me plaît ici et que je n'ai plus envie de partir. "

Non. Elle n'avait plus envie de fuir. Fuir des responsabilités ou des démons. Sarah aimait décider et elle avait décider de rester là où elle se trouvait. Maintenant, si on lui offrait le pouvoir, qu'en ferait-elle ?

" Je suppose donc que pour pouvoir rester telle que je suis actuellement, je l'utiliserai de façon à... garder un équilibre. Difficile à dire... Et vous Miss, qu'en feriez-vous ? "

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

01 juil. 2022, 10:07
Le besoin est une prison  PV 
Les pensées en désordre, je pénètre dans le bureau de la professeure. Je suis troublée parce que j'entre ici, lieu qui me montre un morceau de vie de la femme qui m'accompagne, mais également car ses paroles ont trouvé un reflet particulièrement net dans mon esprit. C'est le savoir qui permet réellement d'être libre. Un puissant reflet qui me perturbe au point de me faire perdre le cours de mes pensées... Non, pas perdre le cours, disons plutôt qu'une masse vertigineuses de pensées m'assaille soudainement, des dizaines de pensées pour approuver ces propos et les renforcer, les approfondir avec verve et passion. Parce que ce qu'elle dit, c'est exactement ce que je pense. Le savoir rend libre. Le regard que je pose sur Sarah Priddy se fait un peu moins froncé, plus apaisé : je ne m'étais pas trompée. Cette chose que j'ai cru desceller lors de nos quelques discussions, cette graine que j'ai aperçue dans son regard en l'écoutant donner cours, c'était celle de la passion et de l'amour du savoir. Mon cœur rate un battement : elle me ressemble.

Et en rate encore un autre, plus douloureux celui-ci : Loewy me ressemble aussi. Ou c'est moi qui lui ressemble, je ne sais plus. Si semblable que parfois, j'en viens à l'en détester avec la même force qu'il m'arrive de me détester moi — une force unique qui n'apparaît qu'en de très rares occasions. Loewy pense également que le savoir rend libre, je le sais. Et je sais également qu'elle n'aime pas être entravée par des tâches aussi peu exaltantes que s'occuper d'enfants, gérer des parents en colère, des Lignées assoiffées de destruction ou un fils en perdition. Elle préférerait se concentrer sur le savoir, le savoir et les recherches, voilà tout. C'est là où ça coince entre elle et moi : elle s'est laissée emprisonner alors que cela ne m'arrivera jamais.

Je fais quelques pas dans le bureau et ose enfin ôter les mains de mes poches. Je les essuie discrètement sur un revers de ma cape : elles sont moites de tout ce que j'ai ressenti ces derniers instants. Puis j'envoie le vêtement s'accrocher à la porte et garde ma baguette dans la main.

Un sourire énigmatique me vient lorsque je m'approche des fauteuils. À la place de ceux-ci, j'en vois d'autres ; dans un autre lieu, en présence d'une autre femme. Je ravale ma grimace, désespérée à l'idée de ne jamais pouvoir chasser cette femme de mon esprit. Je me laisse tomber dans un siège en dédaignant la tasse de thé et les biscuits qui reposent près de moi, pas encore prête à accepter que je suis réellement en train de partager ce moment avec une personne trop ouverte pour mon propre bien. Je crois que j'avais oublié qu'il existait en ce monde des gens polis qui ne s'enferment pas dans leur vie.

L'écouter parler me détourne un peu de moi.

Priddy parle de fuite, moi j'aurais plutôt dit courage. Parce qu'il en faut du courage pour détourner le dos au pouvoir et suivre ses envies et ses passions. Il en faut pour refuser une chose qui peut tant nous apporter. C'est étrange de me reconnaître dans son discours. Lorsque je la regarde je vois une femme, la même que je regarde depuis plusieurs mois en cours. Une femme qui cache une puissance certaine en elle, et un caractère qui peut aisément se deviner dans ses paroles et son comportement, mais j'ai du mal à intercaler sur cette image celle qu'elle me donne aujourd'hui à voir. Une femme qui parle du savoir comme s'il s'agissait du cœur de son existence. D'autres auraient opposé l'amour au pouvoir... Leur famille... Leurs responsabilités... Pas elle. C'est difficile de décrire ce que je ressens présentement, peut-être parce que c'est tout brouillon à l'intérieur de moi.

La professeure de Sortilèges n'est clairement une personne bouffée par l'ambition. C'est du moins ce qu'elle laisse paraître. Elle a la tête sur les épaules, elle sait où elle va. Je me demande jusqu'où sa passion porte, elle. A-t-elle une limite ? Laquelle ? Il est encore bien trop tôt pour poser de telles questions. Je ne dois pas oublier devant qui je me tiens — et surtout devant qui je ne me tiens pas.

Le regard plongé dans l'âtre de la cheminée, j'impose quelques secondes de silence que je mets à profit pour réfléchir à ce qu'elle m'a dit et ce que je vais lui répondre. Le bout de ma bottine tressaute dans le vide dans un rythme irrégulier, signe de mon agitation intérieure.

« Le savoir va de paire avec le pouvoir. Enfin... On peut avoir du pouvoir et être un abruti, répliqué-je en fronçant les sourcils, mais celui qui sait a beaucoup plus de pouvoir que celui qui ne sait pas. »

C'est une affirmation et une croyance.

« Encore faut-il savoir se servir de ce qu'on sait. Mais vous avez pas l'air d'avoir de difficulté avec ça, dis-je en haussant les épaules. Et la fuite est la meilleure solution, surtout si on vient vous proposer un jour un poste de directrice d'école, ironisé-je dans un sourire sans joie. Fuyez, ça vaut mieux. »

« Moi, je laisserai jamais la vie me bousiller au point que j’en vienne à croire que ma passion est autre chose qu’une passion. » J'aurais pu dire, ce jour-là, que jamais je ne laisserai le pouvoir, cette chose que nous recherchons toutes deux, me bousiller au point que j'en vienne à croire que ma passion est autre chose qu'une passion.

« Ce que je ferai du pouvoir..., » réfléchis-je à haute voix.

Nul besoin de réfléchir. J'ai déjà maintes fois eu l'occasion de réfléchir à cette question. Je ramène mon regard dans celui de la professeure. Un sourire apparaît sur mes lèvres lorsque je dis :

« Ça dépend de quel type de pouvoir on parle. »

07 juil. 2022, 11:44
Le besoin est une prison  PV 
Sarah ne put retenir son sourire face à la réplique de l'adolescente. Elle semblait partager son amour pour la gestion des autres et surtout pour la gestion des ennuis des autres ou des ennuis tout court. Cette gamine lui ressemblait au même âge. Un côté solitaire, passionné et fier que Sarah ne pouvait que comprendre. L'idée qu'on puisse lui proposer le poste de Directrice de Serpentard l'avait déjà terriblement surprise et le fait qu'elle l'ait accepté aussi. Sa sœur n'en revenait toujours pas d'ailleurs. Peut-être qu'elle grandissait dans le fond ou alors cela tenait simplement au fait qu'elle ne voulait plus fuir. Elle était bien là, à Poudlard avec ses livres et ses étudiants, avec Rafael et ses courses en balais, avec Tamara et même son beau-frère moldu lui semblait sympathique désormais.

" Il est vrai qu'il y a pouvoir et pouvoir. Il est difficile d'imaginer comment on agirait face à un danger ou avec un pouvoir magique puissant ou encore un pouvoir de décision entre les mains. Certains, pourtant très logiques et honnêtes se perdent totalement. D'autres, ne changent pas. Peut-être ne savent-ils même pas qu'ils détiennent un pouvoir immense. C'est peut-être ce qui les sauve. "

Sarah avala une gorgée de thé noir tandis que ses pensées vagabondaient de souvenirs en souvenirs à la recherche de gens puissants, les yeux perdus dans les flammes de l'âtre. Tous étaient différents dans le fond.

" Comment se passe votre année scolaire Miss ? Les cours vous intéressent ? Je me souviens que j'avais énormément apprécié mes dernières années ici. Une fois les BUSEs passées, les cours me semblaient plus intéressants, plus poussés. "

Et surtout, certains élèves qui se trouvaient très malins et ressentaient un besoin continuel de le faire remarquer avaient disparus de certains cours. Un bonheur...

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
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