Mercredi est un de mes jours préférés pour faire des recherches à la bibliothèque. Déjà, parce que ce jour est au beau milieu de la semaine, permettant ainsi de faire une coupure entre deux jours chargés de cours, et ensuite parce que l'après-midi est totalement libre, ce qui fait que je n'ai pas à me soucier de l'heure et peux me permettre de totalement me plonger dans mes travaux et la rédaction de mes devoirs. Et du travail, j'en ai un sacré paquet : depuis quelques jours je subis une continuelle remise en question sur mes capacités en potion, ayant échoué à préparer correctement des baumes de pâquerette pour l'infirmier. Au milieu de toute la honte qui m'accable et de la déception qu'a probablement ressenti Diarmuid à mon égard, il y a le fait que pour la toute première fois en six ans de scolarité, j'ai fait perdre des points à Serdaigle, et ceci m'est insupportable.

Par effet domino, en ayant travaillé en binôme ce jour-là mon incompétence a aussi mené à la perte de points pour Serpentard, ce qui m'est aussi difficile à vivre. Me revient alors depuis chaque nuit dans mes rêves le visage d'Orphéa Cooper, aussi belle qu'odieuse, jurant et pleurant sur mon échec, tandis que dans un brouillard plus lointain Diarmuid O'Belt s'éloigne de moi et me ferme l'accès pour toujours à l'infirmerie.

Je dois travailler. Ne pas rester sur un échec, m'améliorer toujours et encore. Devenir meilleur et ne jamais reproduire deux fois la même erreur. C'est pourquoi je me rends plus tôt qu'à l'accoutumée à la bibliothèque, ayant prévu d'y rester pendant plusieurs heures : aucune pause ne serait permise. Passé le hall d'entrée, je m'engage dans l'escalier menant au demi-étage où se trouve au fond la porte de la bibliothèque. Alors que je me rapproche de ma destination, la porte s'ouvre et laisse passer une petite silhouette aux couleurs de Serpentard. La démarche est assurée, les cheveux aussi sombres que les miens sont blonds : je reconnais aussitôt Orphéa Cooper.

Cette même Orphéa Cooper qui hante mes rêves chaque nuit. Que pense-t-elle de moi désormais, alors que je lui avais indiqué être plutôt bon en potions avant la préparation du baume de pâquerettes ? Me méprise-t-elle, alors que je suis arrivé premier à la course de balais de cette même journée ? Course que je n'avais aucune intention de gagner par ailleurs, souhaitant simplement me plier aux souhaits d'une petite-sœur qui voit beaucoup de choses en moi au-delà du simple rat de bibliothèque aussi grand que maigre. Cooper pense-t-elle que j'ai mis égoïstement toute mon énergie pour gagner une course qui ne m'importe aucunement -peut-être simplement pour contrarier mes adversaires, menant ensuite à l'échec de la préparation de nos potions ?
C'est sûr, elle me hait.

« Cooper ! » lancé-je à son approche, souhaitant en avoir le cœur net et surtout, me devant de présenter des excuses. « Orphéa Cooper. Pardonne-moi pour le dérangement... est-ce que je peux te parler une minute ? à propos de samedi. »

La bibliothèque n’était pas un endroit qu’Orphéa appréciait particulièrement. Trop silencieux. Trop sérieux. Elle était bien pratique pour emprunter toute sorte de livres, sur les potions, sur l’espagnol, ou encore sur la défense contre les forces du mal. Elle avait besoin de la bibliothèque, mais elle préférait ne pas s’y attarder. La jeune fille préférait lire dans la salle commune, dans le parc, dans son dortoir, ou même dans un couloir. Mais pas dans ce sacro-saint lieu silencieux, repaire des rats de bibliothèque et intello ennuyeux de Poudlard. Alors qu’elle en sortait à grand pas après y avoir déposé des livres emprunté quelques jours plus tôt, la Serpentard fut interpellé par un simple « Cooper » qui l’incita à se retourner. La petite brune fut surprise de reconnaître Coelestin. Un Serdaigle à qui elle n’avait jamais parlé, ou si peu qu’elle n’en gardait pas souvenir, avant la semaine précédente. Et c’était assez comique de constater qu’après quatre ans à se côtoyer, la totalité de leurs interactions s’étalaient sur quelques jours seulement. La course de balais, a laquelle il avait brillé, en début d’après-midi, et le service rendu a Mr. O’Belt plus tard dans la journée. Au cours duquel ils avaient moins brillé. Orphéa le regarda simplement en l’écoutant. Apparemment, il souhaitait simplement lui parler.

« À propos de samedi ». Voilà, elle en était sûre. Il la tenait pour responsable de leur échec dans la réalisation du baume de pâquerette. La potion qu’ils avaient préparée s’était avérée inutilisable, et l’ego de la Serpentard en avait prit un coup. Elle, qui avait une moyenne de O depuis sa première année, était incapable de réaliser un simple baume de pâquerette. La jeune fille ne savait pas si le Serdaigle avait rigolé de sa pitoyable performance, ou s’il était en colère contre elle. Dans tous les cas, cela s’avérait gênant pour elle. La petite brune n’avait qu’une seule envie : tourner les talons et faire mine de ne pas l’avoir vu. Malheureusement, il était un peu tard pour cela. Ses yeux étaient plantés dans ceux du garçon, et elle ne pouvait plus prétendre qu’elle ne l’avait pas entendu. La petite brune devait donc affronter courageusement son destin. Après tout, la jeune fille allait simplement se faire remonter les bretelles par un élève plus âgé, elle allait se contenter de hocher la tête, de s’excuser, puis elle ferait demi-tour, meurtrie dans son ego, et elle s’arrangerait pour ne plus croiser son chemin. Un an, ce n’était pas grand-chose après tout. Orphéa avait réussi à ne pas lui parler pendant quatre ans, une petite année, c’était une simple formalité en comparaison.

« Ha salut, lança la Serpentard, un peu intimidée. Heu oui, la potion... c’est un peu gênant... pourtant je n’ai que des O en potions d'habitude »

« c’est un peu gênant... pourtant je n’ai que des O en potions d'habitude » Voilà, j'en étais sûr. Elle me tient pour responsable de notre échec pour la réalisation du baume de pâquerette, et elle a parfaitement raison. Je le vois à sa gêne évidente, tandis que son regard reste malgré tout planté dans le mien. Cet échange de regard mutuel est pesant et je suis le premier à m'en échapper, baissant les yeux vers mes pieds et me balançant d'une jambe sur l'autre, les joues rouges de confusion. Pour moi qui ai toujours eu une moyenne optimale en potions, il m'est difficile de me remettre de cet incident -et que Cooper me confirme être habituellement aussi bonne que moi va en faveur de la théorie que tout est de ma faute. Déjà initialement très gêné par la situation et plein de remords qui ne font que s'amplifier au fil des jours, je peine à trouver mes mots pour évoquer ce précédent malheureux samedi. Surtout que même si j'avais effectivement prévu de présenter mes excuses à Cooper, je ne m'attendais pas non plus spécialement à la croiser aujourd'hui, alors que ma tête est encore remplie de chaudrons, d'ouvrages et de parchemins.

Je n'ai même pas réussi à me réjouir pour ma première place à la course de balais. Il n'était pas prévu pour moi de la gagner, alors autant dire que je n'avais absolument aucune attente. D'ailleurs, j'ai encore du mal à réaliser : j'attends à tout moment qu'on vienne me voir pour me dire que j'ai commis une erreur, emprunté un raccourci interdit sans faire exprès ou franchi un obstacle de la mauvaise façon et que ma participation et donc mon podium sont invalidés. Vraiment de cette journée ne ressort qu'une nuée d'angoisse qui ne tarit pas, semblant même croître chaque jour. Trop d'imprévus, d'éléments inhabituels et rien qui n'était dans mes plans.

Même Cooper qui se trouve face à moi actuellement, c'était dans mes plans mais pas tout de suite. Je n'ai aucun discours prêt et n'ai que mon embarras à montrer, certainement fort palpable puisque je n'ose même plus la regarder dans les yeux.

« C'est de ma faute, Cooper, je suis vraiment désolé. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé... je crois que j'ai été un peu secoué par la course, j'avais les mains qui tremblaient et j'ai clairement fait n'importe quoi avec les ingrédients, c'est pas du tout dans mes habitudes. »

Attends, est-ce qu'elle va croire que je me cherche des excuses, pour me déresponsabiliser ? Ce n'est pas du tout le but ! Je suis en tort et le sais, mon erreur est totalement inexcusable et ayant fait perdre par la même occasion des points à une maison qui n'est pas la mienne : impardonnable.

« Pardonne-moi, je ne dis pas ça pour me justifier, je sais que je suis totalement en tort. Je voulais juste te présenter proprement mes excuses pour ça. »

« C’est de ma faute »

Hun ? Comment ça ? Avait-elle mal compris ? Vu la suite de sa phrase, il était clair que non. La jeune fille regarda Coelestin avec de grands yeux, avant de souffler de soulagement. C’était une surprise. Elle qui s’attendait à se faire remonter les bretelles par le sixième année, elle ne put s’empêcher de sourire, embarrassée par sa propre crédulité.

« Hoof, je pensais que tu m’en voulais ! dit Orphéa en rigolant nerveusement. Je suis soulagée, tu ne peux pas savoir »

Plus que soulagée. La Serpentard avait beau s’être persuadée qu’elle pourrait éviter le Serdaigle, en réalité cela se serait avéré compliqué. Il n’y avait pas tant d’élèves que cela dans l’école, et il était tellement grand qu’il était impossible de repas le remarquer. De plus, maintenant qu’elle avait pris l’habitude de traîner avec Bad et Elowen, elle se retrouvait parfois à manger à la table des Serdaigle, ou à déambuler dans la tour Ouest. Par chance, le garçon semblait passer du temps à la bibliothèque, ce qui n’était pas son cas. Mais de toute façon, cela importait peu. Il ne lui en voulait pas. Ne souhaitant pas le laisser dans la situation dans laquelle elle se trouvait quelques instants auparavant, la petite brune s’empressa de poursuivre.

« Ce n’est pas ta faute, dit-elle en se voulant rassurante. C’est de notre faute. On était deux à préparer ce baume, il ne peut pas s’agir que de toi. Et puis si ça se trouve, ces pâquerettes n’étaient pas de la dernière fraîcheur, c’est peut-être pour ça qu’on a raté la préparation »

Non bien sûr ce n’était pas cela. L’infirmier ne leur aurait certainement pas donné de vielles fleurs pour réaliser un baume dont il avait besoin pour ses patients. La réalité était que, comme l’avait précisé Coelestin, la course de balai avait été intense, et qu’ils étaient arrivés en salle de potions peu concentrés. La jeune fille avait pourtant eu le temps de se doucher et de redescendre à la clairière pour assister à la deuxième course de l’après-midi. C’étaient peut-être ces aller-retour entre le château et le parc qui l’avait fatigué plus qu’elle ne le pensais. Ou alors l’agacement de ne pas avoir terminé sur le podium. En même temps, elle avait concouru contre un gars de 17 ans et des joueuses de Quidditch, ce qui n’était pas très équitable. Puis elle se rappela qu’elle avait également couru contre des pom-pom girls de première année. Non vraiment, cette course n’était pas très équitable. Mais tant pis, Orphéa ferait mieux la prochaine fois. Et elle s’arrangerait pour ne pas se porter volontaire pour aider un professeur ou n’importe quel adulte dans le besoin juste après.

Maintenant que l'erreur est avouée et les excuses partiellement faites, je n'ai plus qu'à attendre le jugement impitoyable mais justifié de ma binôme d'un jour. Le rire me surprend et me fait sursauter ; je relève doucement le regard vers son visage à la recherche d'une expression ou un signe qui m'aurait échappé. Elle est soulagée ? Et elle réagit plutôt bien, je crois. Pourquoi lui en aurais-je voulu alors que je suis clairement en tort ? J'imagine que son soulagement est aussi parce que je me suis enfin excusé : ce que j'aurais du faire dès ce samedi au lieu de retourner directement dans ma salle commune sans prendre le temps de discuter avec elle. Il est vrai que depuis ce jour, même s'il était prévu que je la rencontre pour m'expliquer avec elle, j'avais tout de même veillé à ne pas croiser son chemin le temps d'élaborer mon discours. Mais aujourd'hui, elle était difficilement évitable.

L'angoisse retombe d'un coup lorsque je comprends qu'elle ne me considère pas comme fautif. Bien que ma culpabilité à mes yeux reste intact, je dois admettre qu'elle a raison sur un point : nous étions effectivement deux et il est donc probable qu'elle ait elle aussi commis une ou deux erreurs pour justifier l'échec de notre potion. La remarque sur la fraîcheur des ingrédients est en revanche plus surprenante : déjà parce que Diarmuid n'aurait jamais fourni des plantes abîmées, mais aussi parce que j'ai moi-même préparé les ingrédients pour la potion donc je sais ce que j'ai vu. Ils étaient tous dans un état absolument impeccable -correspondant parfaitement à ce que j'aurais moi aussi sélectionné si j'avais été chargé de leur choix.

« Les pâquerettes étaient vraiment en excellent état. Parfaites. » signalé-je toutefois, ne pouvant laisser cette supposition inexacte flotter plus longtemps dans la conversation. « Mais tu as raison, nous sommes peut-être tous deux fautifs. Je tenais tout de même à m'excuser, parce que ta maison a aussi perdu des points en partie à cause de moi. »

Soulagé, j'ai l'impression d'avoir un poids en moins sur les épaules. Je n'ai pas l'impression qu'il soit très utile d'en dire plus -les excuses sont faites, il ne servirait à rien d'établir des hypothèses sur les raisons véritables de l'échec de la potion. Quoi que.

« Dommage que nous n'ayons pas une pensine pour pouvoir revisualiser l'ensemble de notre préparation. Trouver l'erreur, et ne jamais la répéter, » remarqué-je avec regret. J'espère par ailleurs que cet échec en préparation de potions ne remontera pas jusqu'aux oreilles de la professeure Xarinez, je n'aurais certainement pas envie de descendre dans son estime.

Lest sembla se détendre presque instantanément. Visiblement, il avait bien fait de venir lui parler de la situation, cela éviterait des tensions stupides pour des non-dits. C’est à ce genre de comportement qu’Orphéa pouvait affirmer que les Serdaigle étaient réellement plus sages. Elle, se serait contenté de fuir la situation, de faire l’autruche, et de prétendre qu’il ne s’était rien passé. Il y avait sûrement une bonne raison à ce qu’elle n’ait pas été envoyée chez les aigles comme sa mère, et elle venait certainement de mettre le doigt dessus.

« C’est gentil, mais ne t’en fait pas, répondit la petite brune compatissante. On a tous les deux participé à la course juste avant, on n'était pas au meilleur de notre forme, j’imagine »

C’était vrai dans son cas. Même si la jeune fille avait eu le temps de remonter au château pour se doucher, et de redescendre pour assister à la course de dix-sept heures, sa performance l’avait épuisé. Elle lui avait demandé un énorme effort, et le fait de n’avoir ni chuté, ni terminé dernière relevait presque du miracle. Se porter volontaire pour rendre service à l’infirmier par la suite n’était peut-être pas l’idée du siècle. Ce n’était pas de la faute des pâquerettes, mais bien de la leur. Quand Lest parla d’une pensine qui permettrait de revoir la préparation, la Serpentard fut plus qu’emballée par l’idée, bien qu'il soit certainement un peu irréaliste de penser qu’il pourrait trouver un tel objet aussi facilement.

« Oui, ça pourrait être super pratique ! Dit la jeune fille enthousiaste à cette idée. Même pour réviser, tu imagines comment ça serait cool. Tu pourrais revoir encore et encore le cours, jusqu’à le connaître par cœur. Tu crois qu’on pourrait en trouver une ? »

Miss Loewy en avait certainement une. Mais bon, elle ne se voyait pas aller toquer à son bureau pour lui demander de lui emprunter. La salle sur demande pouvait peut-être leur en fournir une s'ils lui demandaient. Peut-être qu’en imaginant une pièce idéale pour réviser et apprendre ses cours, il y en aurait une. Ou alors en imaginant une pièce contenant les objets magiques les plus puissants du monde. Ou bien les plus rares ? Cela serait tellement chouette. Orphéa n’avait pas l’habitude de s’y rendre fréquemment, mais cette salle avait un grand potentiel, c’était certain. Il faudrait peut-être qu’elle s’y intéresse davantage. Mais quand elle aurait fini son apprentissage avec Miss Valérion, qu’elle aurait creusé le sujet des runes, sans parler de la musique. À moins que justement la salle puisse l’aider dans ses recherches ?

Désolé pour cet énorme retard J’ai eu un peu de mal avec les 440 mots pour ce post ci !

J'ai passé ces derniers jours à me torturer l'esprit pour cette histoire de potion ratée, ressassant en boucle sa préparation et ce qui avait pu échouer en culpabilisant, le tout en imaginant une haine viscérale désormais ressentie par l'adolescente à mon égard. Dire que je suis soulagé face à toute la compassion et la gentillesse qu'elle montre est un euphémisme : je me sens enfin revivre et j'ai l'impression de pouvoir passer à autre chose.

Presque.

Parce que cette idée de Pensine n'est pas si mauvaise que ça : si je l'ai posée comme une simple suggestion, un "et si" qui ne méritait pas vraiment d'être développé à cause de la difficulté d'une mise en pratique, le fait qu'elle intéresse la sorcière me fait remettre en question cette possibilité.

« Je doute qu'on nous laisse accéder à une Pensine pour simplement revoir nos cours : nous sommes censés travailler sur notre mémoire et prendre un maximum de notes, sans avoir besoin de ce genre d'aide. Mais pour une potion à priori simple que nous avons raté alors que nous sommes tous les deux doués dans ce domaine, peut-être. »

Le plus simple serait de demander à Diarmuid son hypothèse sur la question : il est même probable qu'il sache nous indiquer exactement où était notre erreur. Mais depuis cet échec, je me sens trop honteux pour lui faire face. J'ai le sentiment de l'avoir déçu et d'être désormais tombé bien bas dans son estime, et c'est une peur qui me déchire encore plus que le simple échec d'une potion. Je dois déjà me rattraper à ses yeux avant de songer à lui demander en quoi Orphéa et moi avons échoué à préparer notre baume de pâquerette : pour le moment, il m'est simplement impensable de lui faire face. Je ne saurais affronter un regard chargé de déception à mon égard ou pire, d'un simple désintérêt envers ma personne.

Finalement, même la recherche d'une Pensine me semble plus abordable qu'une franche discussion avec Diarmuid O'Belt. Actuellement, même la Directrice me fait moins peur que lui, s'il faut en arriver à là.

« Dis-moi Cooper, tu sais accéder à la Salle sur Demande ? Si on cherche une Pensine, ça me semble être le premier endroit le plus logique où chercher. » J'hésite, puis ajoute : « Je crois que j'ai vraiment besoin de savoir pourquoi nous avons raté cette potion.» Déjà parce qu'il s'agit d'un domaine quand lequel j'excelle depuis toujours et que je ne m'autorise pas ce genre d'échec, surtout pour un simple baume de pâquerettes : j'envisage d'intégrer l'Institut de Médicomagie et de Sciences Magiques alors je dois me montrer excellent sur ce type de préparation. Mais aussi et surtout... pour la faible chance que je ne sois pas fautif -et de même pour Orphéa, pour que nous puissions nous rattraper aux yeux de l'infirmier. Qu'il m'apprécie à nouveau, et que je retrouve une bonne relation avec lui.

Coelestin répondit franchement, ce qui coupa net l’entrain de la jeune fille. En même temps il n’avait pas tort. Ils ne pouvaient pas juste demander un pensine et l’obtenir comme ça, aussi facilement. Cela serait bien trop facile. Premièrement, car si des peines avaient été à dispositions des élèves sur simple demande, ils l’auraient forcément su. Deuxièmement, parce qu’il s’agissait d’un objet si rare qu’il n’y en avait certainement pas dans le château à part dans le bureau de la directrice certainement. Pourtant, il continua, et sa question rajouta de l’eau au moulin de la Serpentard. La sixième année avait également pensé à la salle sur demande. Si deux personnes avaient un même raisonnement, c’est qu’il y a avaient de bonnes raisons de penser qu’une pensine pouvait s’y trouver. Mais rien n’était certain.

« Oui je sais ! Tu penses qu’elle nous en donnerait une . Je crois que la salle est soumise à la loi de Gamp, donc elle ne peut ni créer la connaissance ni..., commença la jeune fille avant de s’interrompre quelques secondes pour réfléchir. En fait je crois que la salle ne peut pas créer de pensine, et qu’il faudrait que quelqu’un en ait déposé une dans la salle pour qu’elle puisse nous en donner une. Mais ça vaut peut-être le coup d’essayer. Tu veux qu’on aille vérifier maintenant ? »

Orphéa jeta un petit coup d’œil à sa montre pour vérifier qu’elle avait un peu de temps devant elle, en espérant que cela serait également le cas du Serdaigle. De toute façon, rien ne les obligeait à commencer leur observation des à présent. Ils pouvaient simplement s’assurer de la présence d’une pensine dans la salle sur demande, et y retourner dans les jours prochains, pour pouvoir travailler davantage. Et s’il s’avérait qu’il n’y avait pas de pensine dans la salle, leur aventure s’arrêterait là. Et après tout, ce n’était peut-être pas si grave. À défaut de découvrir ce qui leur avait valu de rater leur potion, ils pourraient au moins en apprendre plus sur le fonctionnement de la salle sur demande. Ce qui en soit une belle découverte. Déterminé, la petite brune engagea sa marche, lentement afin que Lest puisse le suivre. Depuis un petit moment maintenant, Orphéa s’était promis d’être plus tolérante et de laisser certains de ces a priori de côté, mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander comment un boiteux avait pu gagner une course de balais. Elle n’y avait jamais vraiment fait attention avant ses derniers jours, mais cela l’intriguait. Bien sûr, la jeune fille ne posa aucune question, elle était trop bien éduquée pour cela. Et puis, de toute façon ce n’était pas le sujet du jour. Les deux élèves devaient se contenter de trouver une pensine, pas de parler de leurs accidents de vie respective.

J’ai ENFIN trouvé l’inspiration

Ainsi donc, l'adolescente sait où trouver cette célèbre salle -la même que j'ai parfois guettée par curiosité sans jamais réussir à trouver une entrée. Si ma réputation auprès de Diarmuid n'avait pas été en jeu, j'aurais presque été davantage intéressé par l'accès à ce lieu insolite que par la résolution du mystère de notre potion ratée. Je l'écoute avec sérieux, hochant la tête en réponse à ses propos. Même sans avoir déjà mis les pieds dans la salle sur demande, j'avais déjà lu plusieurs informations à son sujet ainsi elle ne m'apprend rien sur l'incapacité du lieu magique à créer de nouvelles choses. Mais justement ça ne me paraîtrait pas aberrant que la salle soit choisie pour cacher ce genre d'objet. Je meurs d'envie d'aller voir et quand j'entends la question fatidique et la vois partir mon cœur s'emballe mais mes pieds restent totalement figés dans le sol.

La salle sur demande n'est pas dans mes plans du jour. Cejourd'hui, j'ai prévu d'étudier à la bibliothèque où beaucoup de travail m'attend. Le mercredi est jour des recherches : c'est mon petit moment à moi où je m'amuse à remplir plusieurs parchemins de tout ce que j'apprends, compilant les informations sur des thématiques qui m'intéressent à un moment donné, le tout ponctué d'agréables pauses où j'avance sur mes devoirs. Il en est ainsi tous les mercredi depuis le début de l'année et Merlin sait combien j'ai horreur de bouleverser mes plans.

C'est ma respiration cette fois qui se fait plus rapide alors que la panique me gagne quand la silhouette de Cooper s'éloigne -heureusement à allure réduite pour me laisser davantage de temps pour réfléchir... ou pour prolonger mon supplice. Et j'ai déjà perdu tant de temps à cause de cette conversation, même si elle était nécessaire : oui ce n'est que quatre minutes, mais c'est suffisant pour sélectionner deux livres, étaler un parchemin et sortir encrier et plume.

Mais la salle sur demande ? L'occasion est trop belle pour la laisser échapper, quand bien même ça bouscule ma journée bien rangée. Je jette un dernier regard hésitant à la porte de la bibliothèque si proche et soudainement si peu accessible.

« Coo... coo... Cooper ! » m'écrié-je tout paniqué en boitillant vers elle aussi vite que possible. Ce n'est que quelques mètres parcourus, mais je suis un peu essoufflé quand j'arrive enfin à son niveau. « Trente-et-une minutes. J'aimerais bien être de retour à la bibliothèque dans trente-et-une minutes, j'espère que ce sera suffisant pour initier quelques recherches. » J'ignore vers où aller, alors je me contente de suivre l'adolescente en essayant de tenir son rythme. Les escaliers m'épuisent et je commence à regretter mon impulsion en réalisant que j'aurais déjà pu être assis sur une chaise en train de travailler sur un sujet passionnant. J'espère que le jeu en vaudra la chandelle !

« Ok, trente-et-une minutes, ça devrait le faire. Il faut qu’on aille au cinquième étage, mais cela ne devrait pas nous prendre trop de temps, précisa la jeune fille en pensant que même avec un boiteux, le trajet ne devrait prendre que quelques minutes. De toute façon, rien ne nous empêchera d’y retourner chacun de notre côté si on ne trouve rien aujourd’hui »

La brune poursuivit son chemin, en parlant de tout et de n’importe quoi, mais voyant que Lest avait du mal à suivre, elle ralentit légèrement le pas, et poursuivit dans le silence. Il avait peut-être besoin de respirer, plutôt que de parler. Après plusieurs minutes d’escalade, ils arrivèrent finalement devant la célèbre salle magique, et y pénétrèrent grâce aux connaissances d’Orphéa. La salle dans laquelle ils débouchèrent, bien qu’impressionnantes ne leur offrit que peu de résultats. Elle était d’une telle immensité qu’elle paraissait s’étendre à l’infini, et le temps filait trop vite pour qu’ils puissent l’explorer en entier. La Serpentard se dit même, que d’ici à ce qu’ils trouvent ce qu’ils cherchaient, le souvenir de la réalisation de cette potion serait certainement complètement effacé de leur mémoire. Quand le blond estima qu’il était temps pour lui de faire demi-tour, Orphéa le raccompagna jusqu’à la bibliothèque. Elle avait cours de potion, et devait donc se rendre dans les cachots pour l’occasion. Et même si cela n’avait pas été le cas, elle ne serait probablement pas restée seule dans cette immense pièce. Il faudrait peut-être qu’elle envisage de trouver un système pour être sûre de ne pas s’y perdre la prochaine fois qu’elle s’y rendrait. En fait, la jeune fille se demandait s’il était possible de s’y perdre. La pièce était magique, il était donc possible qu’elle puisse trouver une porte de sortie n’importe où. La quatrième année se demanda également si la pièce serait exactement la même d’une fois sur l’autre. Ou bien si les objets auraient changé de place la prochaine fois qu’elle y mettrait les pieds. Si c’était le cas, leur exploration pourrait prendre plus longtemps que prévu. Il y avait tant de questions auxquelles elle n’aurait probablement jamais de réponse concernant cette salle mystérieuse. La brune salua poliment le Serdaigle avant de jeter un coup d’œil à sa montre. Elle avait le temps de rejoindre les sous-sols, mais elle devait tout de même se presser, si elle ne voulait pas être en retard. Elle était contente de cette petite escapade et surtout d’avoir pu mettre les choses au clair avec Lest. Au moins, elle avait la certitude qu’il ne le tenait pas pour responsable de l’échec de la potion, et elle pourrait dormir tranquille, sans aucun remord ou culpabilité.

Fin pour moi. Merci beaucoup !