Hochant la tête face au programme énoncé, tu changeas de position pour t'allonger tandis que l'infirmier fermait les rideaux qui entouraient ton lit. Enfin seule. Le lieu n'était pas idéal, bien sûr, mais le calme soudain te fit un bien fou. Mais le sommeil ne venait pas. Alors tu restais là, allongée, les yeux fixés au plafond et les doigts croisés entre eux sur ton ventre. Tu commençais à être inquiète. Est-ce que c'était une si bonne idée que tu avais eue ? Il allait falloir que tu parles maintenant, tu n'avais plus le choix, et même si c'était la raison pour laquelle tu avais fait cette requête à l'infirmier, tu avais des inquiétudes. Et si ce n'était pas si grave que ce qu'il paraissait ? Et si c'était juste moi et mon corps qui réagissaient de manière excessive ?

Le calme de l'infirmerie fut coupé par des bruits de pas précipités. Qu'est-ce qui se passe ? Il y a eu un accident dans l'école ? Tu te rassis sur ton lit, en tailleur, en tentant d'entendre des voix qui expliqueraient cette précipitation : mais rien. A nouveau, des bruits de pas. Mais cette fois, ils s'approchaient de ton espace. Toi ? La voix de l'infirmier résonna. Elle est déjà là ?

- Euh... Oui... Oui...

Après une présentation, l'homme s'adressa à la psychomage pour lui faire un résumé. Ce compte-rendu ne te laissa pas de marbre : quelqu'un d'autre que toi s'en mêlait maintenant, la donne n'était plus la même. Tu baissas la tête sans même t'en rendre compte, de nouveau perdue dans tes pensées. Tu ne remarquas même pas le départ de l'infirmier. Tu triturais tes doigts distraitement. Depuis janvier... Oui, c'était à peu près ça. A vrai dire, tu ne savais même pas quand tout cela avait commencé exactement. Quand est-ce que ton état avait dérivé ainsi ? Réellement ? Tu n'en savais pas grand-chose... Ton estomac se tordit à l'idée de devoir parler de tout ce qui se passait. Et merde ! Quelle idée de demander de l'aide, franchement !

Diarmuid était comme toujours d'une extrême bienveillance. Il me présenta donc à une certaine Clarke Kane, jeune fille qui ne devait pas avoir plus de 13 ans. Il m'expliqua ce qu'il savait et je compris assez vite pourquoi mon aide était requise. D'après lui, depuis Janvier la jeune fille à eu une diminution de l'appétit et a multiplier ses séances de sports, comportement qui l'aurait entrainé vers un mal à l'aise. Elle n'a pas dû voir les nombreux signaux que lui donnait son corps pour en arrivé au malaise. En tout cas ce manque de nutrition est extrêmement dangereux et j'ai bien fait de venir au plus vite. J'ai acquiescé devant mon collègue.

"Je vois... Bien sûre je te tiendrais au courant des avancées avec ce que Clarke acceptera que je te transmette mais on en reparlera tout à l'heure oui."

Clarke ne semblait pas du tout à l'aise. Cela devait être déjà assez dur d'en avoir parlé avec Diarmuid et maintenant je m'étais rajoutée et elle se retrouvait seule avec moi, une parfaite inconnue.
"Tu t'en doutes probablement mais juste me parler maintenant ne suffira pas, tu auras besoin de plusieurs séances en plus de l’accompagnement de mon collègue. Je suis à ton entière disposition, tout ce que tu me diras restera entre nous sauf si tu veux que je transmettes des informations à Mr O'Belt par exemple mais je ne dirais rien sans ton accord. Je ne sais pas si tu souhaite me parler maintenant ou plus tard ?"

Lorsque la psychomage s'adressa à toi, tu sursautas. Tu étais complètement ailleurs, perdue dans tes pensées desquelles cette femme venait de te sortir.

Oui, tu savais qu'il allait falloir plusieurs séances. Il y avait... Beaucoup à dire. Et de toute façon, tu ne te sentais pas capable de tout dire d'une traite. La dernière fois que tu t'étais confiée... Eurk, ça c'était atrocement mal terminé. C'est pas pour rien que tu ne parlais à personne de tout ça. C'est ce que tu avais toujours fait, finalement. Ava était arrivée, tu étais mal, tu as baissé ta garde et tu l'as regretté. Et même si ça c'était arrangé entre vous depuis, tu n'étais plus capable de te confier à elle. Une fois avait suffi, une fois de trop. Elle a essayé pourtant. Après ce qu'il s'est passé avec l'autre fou d'Isaac... Mais tu t'étais défilée.

Tes mains commençaient à trembler, tu luttais pour ne pas craquer. Tu étais à bout. La bienveillance de Miss Miller eu raison de tes dernières barrières : les larmes roulèrent le long de tes joues. Tu explosais, c'était devenu trop pour toi et la bienveillance des deux adultes avaient fait tomber toutes tes barrières. Tu n'en pouvais plus, de tout.

- C'est... C'est...

Les sanglots t'empêchaient de parler de façon claire. Ils t'empêchaient de parler tout court. Le stress, la peur, les tensions, les cachotteries, l'éloignement : tout ressortait d'un coup.

- Mon père... Et...

Tu t'arrêtas. Ça ne servait à rien de parler, les mots ne pouvaient pas sortir.

J'étais attentive au moindre détail, au moindre mouvement que je pourrais interpréter pour en savoir plus sur Clarke, sur ce qu'elle ressent. Le langage corporel ne ment jamais et en dit souvent bien plus sur notre interlocuteur que ses paroles elles mêmes. C'est ainsi que je remarquais que les mains de la jeune fille commençaient à trembler juste avant qu'elle se mette à pleurer. Ce n'était pas le bon moment, la journée avait dû être éprouvante pour elle et elle n'était actuellement pas en état de pouvoir se confier sur quoi que ce soit. Les seuls mots qui sortirent de sa bouche furent par rapport à son père. J'avais mal au coeur de la voire dans cet état. Je pris donc la décision de la laisser se reposer pour le moment. Elle pourrait tout à fait revenir plus tard.

"Respire, ça va aller d'accord ? Je vais te laisser pour que tu puisse te reposer. Si tu as besoin de parler, tu sais où me trouver. Il faudrait que tu viennes assez rapidement vu ton état actuel, comme ça avec Mr O'Belt on pourra plus rapidement t'aider. Je te souhaites une bonne journée Clarke."

J'avais poser ma main sur le bras de la fillette pour essayer de la calmer. Je l'ai ensuite laissé et je suis retournée voir Diarmuid pour l'informer de ce qu'il s'était passé. Je la savais entre de bonnes mains ici alors je suis ensuite repartie vers mon bureau.

Diarmuid était retourné dans son bureau qui n'était autre que la salle de consultation et avait réfléchi un moment sur la suite du suivi de la petite Serpentard avant de s'installer au bureau de manière à consigner ce qu'il avait pu constater de l'état de santé de Clarke Kane dans son dossier médical. Il y indiqua le malaise, ce qu'il avait constaté par ses sorts diagnostiques mais aussi ce que lui avait dit la jeune fille. Quand Angie vint le trouver après son entretien avec la petite, ils discutèrent quelques instants avant de la remercier puis de la saluer. A ce qui était déjà écrit à l'encre noire, il y a ajouta qu'un suivi allait s'opérer avec son amie, qu'il semblait y avoir des soucis familiaux. L'ancienne Serpentard n'avait pas forcément tout dit mais il en savait suffisamment.

L'enfant se trouvant actuellement en proie aux larmes d'après sa collègue, Diarmuid prit de quoi l'aider à s'apaiser dans la pharmacie et la rejoignit, lui indiquant qu'il ne s'agissait que d'une potion qui l'aiderait à calmer son état d'anxiété et donc lui permettre de reprendre une respiration plus apaisée. En ce qui concernait ce qui la tourmentait, malheureusement, il n'avait pas grand chose à lui proposer pour le moment. L'infirmier lui indiqua qu'il restait non loin de là, soit dans la salle de soin soit en consultation, et qu'elle pourrait l'appeler à tout moment si elle en avait besoin. Il la laissa ensuite tranquille, retournant à d'autres occupations.


Merci pour ce RP