Précédemment : Le tableau du professeur Poufsouffle a été déplacé la veille dans les serres afin de dispenser un cours. La nuit tombée, Gryffs s'y introduit en jetant au préalable le sortilège Obscuro. Il plonge le tableau dans un sac de toile et le dissimule dans un placard à balais quelquonque du quatrième étage. Un lieu à sa connaissance particulièrement peu fréquenté. Au matin, il réagit comme le reste de sa maison à la disparition du tableau. Une fois son numéro de comédie joué, il retourne au placard afin de s'entretenir avec Helga.

Gryffs se faufila à l'intérieur du placard à balais après avoir vérifié que le couloir du quatrième étage était vide. Il fut rassurer de constater que le tableau n'avait pas bougé, toujours enfouie dans son sac de toile. Il se demanda si Helga serait dans son cadre ou s'il elle était partie faire un tour. Gryffs referma sans un bruit la porte derrière lui. Il sorti sa baguette et murmura à voix basse:
-"Lumos".
Le bout s'illumina progressivement, baignant la petite remise dans un lumière blafarde. Gryffs s'accroupit face au tableau. Posant son menton sur ses genoux, sa baguette brandit entre eux.

Helga devait probablement percevoir ce changement de luminosité au travers des fibres de la toile.
L'adolescent, réfléchit quelques instants. Se demandant comment il allait aborder la fureur de la fondatrice de sa maison. Il soupira brièvement et se racla la gorge avant d'entamer:
-"Tout d'abord professeur Poufsouffle je vous présente mes excuses pour la façon grossière dont j'ai imposé cet entretien."
Gryffs forçait sur sa voix, la rendant la plus grave et la plus méconnaissable possible. Dans l'hypothèse où il n'obtiendrait pas gain de cause, il était primordiale qu'elle ne puisse pas l'identifier une fois qu'il la ferait réapparaître.
Soucieux de ne pas froisser plus amplement le tableau. Gryffs se tut, redoutant la réponse à son mea culpa.

@Maddie Joy

Je fulmine et suis dans l'incompréhension totale. Ce n'est pas une manière de faire ! Pourquoi m'avoir arrachée à ma maison et m'avoir enfermée je ne sais où dans un sac sans la moindre explication ? C'est forcément un élève qui a fait ça. Quelle déception !

J'espère que mon tableau ne va pas être détérioré. C'est déjà arrivé à d'autres d'après les bruits de couloirs. Un de mes petits ne ferait pas ça tout de même. Je ne suis plus sûre de rien après ce qu'il s'est passé cette nuit. Hors de question que j'abandonne ma peinture en tout cas. Je ne le ferai que si on ne me sort pas d'ici. D'ailleurs, où m'a-t-on enfermé pour que personne ne m'entende appeler ? Ca grouille de monde dans ce château d'ordinaire.

Oh, de la lumière. Quelqu'un est là. Est-ce mon bourreau ou mon sauveur ?

Ah, des excuses. C'est déjà une bonne chose. On dirait que tout n'est pas perdu. J'ai envie de dire à ce garçon que ses manières sont intolérables, mais la mention d'un entretien capte mon attention et m'adoucit quelque peu.

"Bien que vos manières laissent à désirer, j'accepte vos excuses." dis-je en laissant tout de même percevoir mon mécontentement. Après tout, j'ai créé une maison basée, entre autres, sur la tolérance. " Qu'attendez-vous de moi ?" poursuivis-je. J'aimerais également savoir à qui je m'adresse, mais je me doute bien qu'il est inutile de poser la question. Ce garçon ne ferait pas usage d'une voix si peu naturelle si son intention était de se dévoiler.

Gryffs leva un sourcil circonspect, se demandant s'il ne venait pas d'halluciner. La première phrase du professeur Poufsouffle levant une partie des craintes qui pesait sur son cœur. Elle lui pardonnait son comportement indécent. C'était inattendu. Gryffs en fut quelque peu désarcenait, s'attendant à devoir se justifier et batailler pour obtenir l'attention de la fondatrice.
-Je...
L'adolescent avait oublié de modifier sa voix, il se racla la gorge avant de reprendre.
-Je requiers votre approbation, votre soutien je dirais même.
Le jeune homme marqua une pause. Il devait convaincre la vénérable Helga Poufsouffle de l'aider à enfreindre le règlement, règlement dont elle avait elle même participé à l'élaboration. L'entreprise était ardue mais Gryffs ne se laissait jamais décourager. C'était d'ailleurs, d'après lui, la raison pour laquelle il avait était envoyé dans la maison à l'emblème de Blaireau.

Il préféra d'abord s'intéresser à l'avis du professeur avant même d'attaquer le sujet principal.
-Dites moi professeur. Que pensez-vous des temps actuels? Je veux dire, vous semble t'il particulièrement pénibles ?
L'adolescent laissa son regard se perdre dans la lumière captivante de sa baguette. Il baissait la garde quelques instants laissant monter en lui les sentiments les plus désagréables qu'il avait enfoui en lui et qui le torturaient. Gryffs s'apprêtait à faire quelques choses qu'il n'avait pas fait depuis quelques longues années, se confier.

J'arque un sourcil lorsque j'entends la réponse de mon kidnapper. Il voudrait mon approbation et mon soutien ? Il aurait eu bien plus de chance de les obtenir en discutant tranquillement avec moi un soir. Après tout, certains le font et, de mémoire, je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà un jour refusé d'écouter quelqu'un. Pourquoi ce tel besoin d'isolement ? Pourquoi m'avoir fait languir toute une nuit pour une simple conversation ? Je ne réponds rien, cependant. Je préfère attendre de savoir à quel sujet il souhaite que je l'appuie et l'encourage.

Il parle de nouveau, mais ne répond pas à mes attentes et puis que répondre à cela ? Je ne suis plus qu'un tableau désormais. Je ne vagabonde pas dans le monde extérieur à ces murs. C'est difficile pour moi d'avoir une idée éclairée des temps actuels. Je ne sais que ce que j'entends et ce que l'on veut bien me confier.

"Jeune homme, mon savoir est bien en deçà de ce que je souhaiterais, malheureusement. Je vous aurais sûrement apporté une bien meilleure réponse de mon vivant, mais, ce dont je suis certaine, c'est que le monde d'aujourd'hui n'est pas celui que j'espérais pour vous."

Je soupire. Ces dernières années sont vraiment alarmantes. C'est très frustrant de ne pas connaître tous les détails et de ne plus pouvoir agir pour défendre ses convictions. Cependant, ce n'est pas moi qui ai le besoin de me livrer pour l'heure. Et puis, de par mon expérience au-travers des siècles, je sais que les choses finissent généralement par passer. Le monde est cyclique. Cela n'ôte rien à mon inquiétude pour ces jeunes. Cela permet simplement de garder à l'esprit qu'à un moment la lumière renaît.

J'aimerais désormais savoir ce que ce garçon a sur le cœur.

"Pourquoi cette question ?" Ce n'est plus vraiment ma curiosité qui parle en cet instant, mais davantage mon inquiétude. Il ne souhaite pas se mettre en danger tout de même ?

-"Eh bien, je suis sur mes dernières années à Poudlard maintenant. Et depuis mon entrée à l'école j'ai constaté du changement sur les visages. Une forme de joie a disparu, peu à peu elle a été remplacé par le sérieux qu'on apportait toutes ces questions de politiques et de pureté du sang. J'en ai moi-même était victime et j'ai perdu mes amis." Avoua à demi-mot le Poufsouffle en prenant garde de ne pas laissait trop d'indice à son interlocutrice.
-"Je me suis réveillé maintenant et j'ai besoin de m'amuser. On en a tous besoin. J'ai rencontré beaucoup d'autres élèves qui sont d'accord avec mon constat. Tout ça pour vous expliquer que nous avons décidé d'enfreindre le règlement que vous avez établi à l'époque. Nous allons organiser une grande fête, bien après le couvre-feu." Annonça alors le Poufsouffle sans plus de fioriture. Inutile de tourner autour du Pot, si Helga était contre, ce n'est pas en embellissant la vérité qu'il parviendrait à la faire changer d'avis.

-"Je ne vous dis pas ça pour vous faire un pied de nez, ni pour m'excuser car avec ou sans votre accord je réaliserais mon plan. Cependant je souhaitais vous sensibiliser à notre mal-être et éventuellement obtenir votre aider car de nombreux obstacles se dresseront contre nous et notamment les portraits accrochés dans l'ensemble des couloirs du château. Conclue Gryffs.

J'écoute son discours et je dois bien avouer que j'ai moi aussi pu constater que ces enfants n'avaient plus l'innocence et la frivolité de la génération précédente. On se croirait presque revenu aux sombres époques passées...

Je suis réellement navrée pour lui que les tourments actuels aient eu raison de certaines de ses amitiés, mais il lui reste encore des personnes sur qui il peut compter. L'essentiel est là.

Je tique sur la suite de son monologue. Enfreindre le règlement ? Quelle drôle d'idée ! Voilà qui les mettraient dans le pétrin. Pourquoi rendre encore plus difficile une situation qui l'est déjà ? Je lui réponds sur un ton protecteur, comme une mère parlerait à son enfant, avec inflexibilité et douceur :

"J'entends bien vos raisons et les comprends, je vous l'assure, mais je ne saurais être d'accord avec vos méthodes. Le règlement est là pour assurer votre sécurité, mon enfant. Vous faites le constat de la période pénible que nous traversons et voudriez aggraver la situation ? Allons, soyez raisonnable. Ne mettez pas vos amis en danger et ne vous attirez pas d'ennuis pour quelques heures de fête. Je suis certaine que vous pourriez trouver un autre moyen de parvenir à vous détendre et cela, dans un cadre sécuritaire. Ne vous amuseriez-vous pas mieux sans une épée de Damoclès au-dessus de votre tête ? Je vous encourage à vous confier à Miss Field. Elle saura vous écouter et pourra sans doute trouver des solutions avec vous."

J'espère lui faire entendre raison. Mon but n'est pas de lui faire peur, mais de le mettre face aux responsabilités qui pèseront sur lui en tant qu'organisateur d'une soirée clandestine. La sécurité de tous ses camarades lui incombera et je ne parle pas uniquement des risques extérieurs ou bien des possibles conséquences d'un non respect du règlement.

Gryffs s'était attendu à cette réponse. Ça valait tout de même le coup d'essayer. Tentait il de se convaincre mais une déception attendue lui empoigna la poitrine. Ce n'était pas cette fois encore que les choses seraient faciles. Maintenant il fallait s'attendre à ce qu'elle répète sa mésaventure aux professeurs. Ils allaient être sur leurs gardes. Bien heureusement la soirée n'était pas prévu avant le soir du banquet de fin d'année. Cet incident aura été oublié bien avant.
Il inspira profondément pour ne laisser de trace d'amertume et mentit:
-"Vous avez raison, je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Je vous remercie de m'avoir raisonné. Je vais m'assurer que l'on vous découvre rapidement. Mais je n'en parlerais pas à Miss Field, il ne sert à rien de laccabler de problème pour lesquels elle n'aura aucune solution."
Gryffs se leva, il s'étira de tout son long laissant ses vertèbres se délier dans un petit craquement sec. L'adolescent contempla le sac en jute, ce demandant quel moyen le plus efficace pour restituer Helga sans se faire prendre. Il pourrait écrire avec un Flambios qu'elle se trouve dans la remise mais une inspection général des baguettes pourrait le trahir. Il pouvait laissé le portrait au milieu du couloir, bien que peut passant elle serait vite retrouvée mais Gryffs avait des scrupules à abandonnée la fondatrice comme ça. Il valait mieux braver de nouveau le couvre-feu. Il commençait à être habitué à éviter les patrouilles des professeurs et préfet.

Les adolescents sont des créatures fichtrement complexes. Ils ont un besoin viscéral d'imposer leurs idées avec pour objectif de faire leurs preuves, sauf qu'ils n'ont pas toujours la maturité nécessaire pour faire les choses de façon raisonnée. C'est pour cette raison que je les apprécie tout particulièrement et que j'aime à être présente au milieu de la salle commune de ma maison afin de leur apporter un peu de mon expérience et les observer évoluer. C'est vraiment passionnant.

Dans le cas de mon kidnappeur, j'ai peu d'espoir de l'avoir fait changer d'avis. Il me semble faire parti des plus coriaces. Son besoin de s'amuser semble presque vital et, bien qu'à moi cela me semble être un fait totalement étrange et contradictoire, on dirait qu'enfreindre le règlement, fasse pour lui partie intégrante de cet amusement recherché.

Contre toute attente, le garçon semble me donner raison. Je fronce du regard d'étonnement. Sa motivation était-elle finalement si peu profonde ? J'ai vraiment du mal à le croire. Cependant, comme pour tous mes petits, je préfère lui accorder ma confiance. Il en fera ce qu'il veut.

"Je suis rassurée de vous avoir fait entendre raison, jeune homme. Je vous accorde ma confiance pour ne rien faire d'irréfléchi. J'espère ne pas être déçue." dis-je en ayant la prétention que mes mots auront de l'importance à ses yeux. "Je pense, néanmoins, que vous devriez tout de même réfléchir au fait de discuter avec votre directrice. Vous pourriez aussi envisager d'aller parler avec la psychomage. Cela serait peut-être plus facile pour vous. J'ai bien ressenti votre besoin et ne le sous-estime pas. Si vous vous fermez, vous ne pourrez qu'aller vers un chemin qui vous attirerait des ennuis. Ouvrez-vous aux adultes du château, donnez-leur la possibilité de vous montrer qu'ils sont là pour vous aider dans vos difficultés. Une solution existe." dis-je en faisant fi du passage où il parle déjà du fait qu'on me retrouve, car je ne pense pas que notre conversation doive en rester là.

Helga semblait être tombé dans le panneau. Il écoute sans plus rien dire les derniers conseils de sa fondatrice. Il est clair qu'il n'en obtiendra rien, ce qu'il craint maintenant c'est que son projet fuite. Tant de risques de pris pour ce résultat, et la moitié du personnel du Château devait probablement chercher le tableau. Gryffs entrouvrit la porte du placard et jeta un Œil dans le couloir. Personne.
-"Nox!" Formules l'adolescent rompant ainsi le silence qui s'était installé suite au monologue de sa fondatrice.
La lumière au bout de sa baguette s'éteignit, il rangea sa baguette dans l'étui de sa manche et souleva le sac en toile de jute, c'était dangereux de parcourir le château avec, chaque tableau, armures et fantômes étaient susceptibles de le repérer. Et c'était sans compter sur les élèves et les professeurs. Gryffs décida de l'abandonner au milieu du couloir. Il jeta un sortilège de lévitation sur le sac qui flottait désormais à hauteur d'homme.
-"Professeur, on se revoit bientôt. Vous devriez retrouver votre place dans la journée."
Le plan du jeune homme était établi. Il allait retourner en salle commune et utiliser le sortilège de transfert. Ainsi Helga retrouverait son emplacement sans tarder, en cas d'échec, elle serait rapidement découverte par des badauds. Même s'il n'était pas très fréquenté il y aurait bien quelqu'un pour passer par se couloir dans la journée. Gryffs rabattit le capuchon de sa cape sur sa tête et fila sans demander son reste.

Pour toute réponse, je n'entendis que la formule mettant fin au sortilège de lumière. Que ce garçon semble têtu ! Alors que l'obscurité s'abat, je soupire. Je crains de ne pas être parvenue à le convaincre d'aller se livrer au personnel qualifié, me doutant bien que le garçon signait là, la fin de notre échange. C'est vraiment frustrant. J'aimerais faire plus, mais sans connaître son identité, cela me semble difficile. Je ne pourrais qu'au mieux prévenir Miss Field de la fragilité d'un élève de notre maison, mais ils sont si nombreux... Je vais essayer de me raccrocher à cette voix et tenter de retrouver à qui elle appartient. Je bénéficie tout de même de deux indices relativement importants. Sa voix, bien enregistrée dans ma mémoire ainsi que sa confession où il avait dit être dans ses dernières années d'études.

Voilà qu'il me déplace encore. Ralala que la sensation est horrible, mais cela fut bref. Bien trop bref pour qu'il m'ait ramené dans la Salle commune. "Jeune homme, où sommes-nous ?" demandé-je, toujours la vue voilée par un sac. Si mon tableau est désormais statique, j'entends des bruits de pas s'éloigner. Il m'abandonne là. Je soupire une nouvelle fois. Franchement, ce garçon manque cruellement de savoir vivre. M'abandonner là, au sol... Je ne pense pas mériter cela. Combien de temps vais-je attendre ici ? Je ne crois pas à ce qu'il m'arrive.

Fin pour Helga également. Si elle te retrouve, gare à toi