Tu frottes tes mains l'une contre l'autre. Tes mitaines neuves empêchent le froid d'atteindre tes paumes, mais pour ce qui est des dernières phalanges... Ce sont des mitaines, quoi.
Tu regardes l'écharpe de ta Maison, sur laquelle ton appareil photo cogne régulièrement. Un beau joujou, comme dit Gaël. Tu l'attendais depuis quelques mois mais ta sœur n'avait pas pu t'en offrir pour ton anniversaire en mai.

Le climat est certes un peu frais -on est encore au début de l'année- mais le temps te semble assez clair pour t'entraîner avec ton beau joujou.
Tu arbores un air que tu veux professionnel, posture droite comme à ton habitude, visage concentré. *J'inspire tellement le respect, j'suis sûre.* Tu prends l'argentique sorcier entre tes mains et le montes à ton visage. Tu règles l'objectif, te concentres sur l'arbre en face de toi... et appuies. Tchic. Le bruit est très satisfaisant, tu laisses un sourire satisfait se créer.
Tu t'appliques mais tu sais bien que tes photos n'auront pas une qualité exceptionnelle: elles seront floues et le monochrome rendra sûrement difficile l'observation des détails, mais qu'importe. Il faut que tu t'entraînes encore et encore pour que tes photos ressemblent à celles de ta sœur. Tu as déjà un peu pratiqué, mais bon. Tu repenses à l'élève de Serpentard avec qui tu as discuté il y a quelques mois, Diane. Tu te demandes si elle s'est améliorée, tu pourras peut-être lui demander quand tu la verras dans un couloir. Tu pourras te pavaner et dire que tu l'as, ton beau joujou.

Ton cœur rate un battement lorsque tu trébuches. Par Merlin, Tami, regarde où tu marches... Tes yeux s'arrêtent sur une élève, à quelques mètres devant toi. Tu souris espièglement. Et si... ?
Tu fais le moins de bruit possible en t'approchant de l'inconnue. Elle a l'air un peu musclée quand même... pas que tu te la mettes trop à dos, quoi.
Même de profil, tu ne la reconnais pas. Tant mieux. Tu répètes tes gestes, inlassable. Tu prends l'argentique, tu le montes à ton visage, tu fais la mise au point et...

Tchic !

Oh. Par Merlin, tu as complètement oublié que le bruit était si fort. Bon, si l'élève brune que tu viens de prendre en photo se tourne vers toi, ça va être chaud patate. Soit tu cours, soit tu... soit quoi, d'ailleurs ? Tu ne vas pas courir longtemps, de toute façon. Il n'y a pas d'issue. *Faut espérer qu'elle l'ait confondue avec... avec, j'sais pas, moi, un oiseau ?*
Si elle ne s'en rend pas compte, tu recommenceras. Pour le frisson de peur. Pour jouer.

L'air frais m'assaille dès lors que j'ai posé un pied dehors. Loin de là l'idée de me décourager, je n'ai qu'une envie, aller faire mon footing matinal. J'aurais peut-être dû prendre un manteau en plus de mon jogging et de mon sweat, mais je crois que ça m'aurait encombrée, et puis de toute manière, je vais me réchauffer en courant ! Sur ce, je prends une grande inspiration froide, et je me met à courir. Je ne vais tout d'abord pas très vite, puisque ce n'est pas le but, et que je préfère garder le sprint pour la fin, mais je rejette tout de même des volutes de vapeur d'eau.

Ma course me mène près du lac, un de mes endroits favoris. Comme prévu, j'ai moins froid à présent, et je décide de faire une petit pause. Gelé, le lac est très différent de d'habitude, mais ce n'est pas pour me déplaire. Et puis, il y a peu de monde, je peux donc écouter les bruits de la nature sans être dérangée. Un chant d'oiseau s'élève, étrange, qu'il n'ai pas migré comme ses camarades. Les bois enneigés apportent leur touche magique à ce décor de rêve. Finirais-je un jour par me sentir sentir bien ici, dans ce château où règne insécurité, joies et peines, quêtes et nouveautés.

Alors que je suis perdue dans ma contemplation, un bruit inopiné attire mon attention. *On dirait...* Un appareil photo. *Qui vient troubler la tranquilité de si bon matin...* Je tourne la tête vivement, et j'aperçois Tami. *Purée elle fait quoi là celle-là...* Je marche d'un pas décidé, je vais simplement m'assurer qu'elle n'a pris que ce paysage, et non pas ma face, et lui proposer d'aller ailleurs... Arrivée devant elle, je me plante bien droit et m'adresse à elle.

- Puis-je savoir ce que tu faisais MacCartey ?

Je la fixe bien droit dans les yeux, prête à déceler la moindre tentative de mensonge...

Elle a entendu ton appareil photo. Ça craint, ça craint, ça craint...
Elle se retourne et tu la reconnais, elle est de ta promo. C'est une Vert et Argent, Erza Mc-quelque-chose ? Pas de ta filière, et tu ne la croises pas souvent en dehors des cours, sauf peut-être au parc ?
Peu importe, ce qui t'embête, c'est plus sa réaction... Elle n'est sûrement pas d'accord pour être prise en photo sans autorisation et tu la comprends, mais bon... L'excitation et tout ? Ton esprit retrouve un peu de lucidité et tu te dis que c'était un peu stupide, après tout.

Erza vient droit sur toi. Argh, c'est pour ton appareil, plus de doutes. Ou alors pour demander un conseil sur les cours ? Mpfh, bof, vu sa tête.
La Vert et Argent t'appelle par ton nom. ...Pourquoi ? C'est un truc d'adulte, de personne importante, ça. Pas d'élève. Personne n'appelle ses camarades par leur nom de famille, si ? En plus, Erza et toi avez le même âge ou presque !
Après tout, Erza a bien fait une inversion sujet-verbe au début de sa question... donc ça doit être normal pour elle d'appeler les gens par leur nom ? Mais ça veut dire qu'elle connaît autant les noms de vos camarades que tu connais leurs prénoms ? Vous vous complétez, en quelques sortes.
Si ça se trouve, elle a juste zappé ton prénom.
Ça reste étrange à tes yeux.

Hésitation quant à ta réponse, qui tarde à venir. Toujours à divaguer mentalement, ne pas prêter attention aux autres... Tu ne sais pas si tu dois jouer la carte de la sincérité ou du mensonge.

Dire la vérité serait t'attirer la colère d'Erza... Lui mentir également, si elle apprenait la vérité. Tu pèses rapidement les différents arguments.


Mensonge: pas de conflit, on passe à autre chose, bonne journée à toi.


Mensonge: si tu n'es pas assez convaincante, c'en est fini de toi...


Mensonge: et si elle te volait ton beau joujou ?

Tu optes pour ne pas répondre directement à Erza. Enfin si, mais de manière détournée. Pas dire "je te prenais (ou pas) en photo", plus...

- Bonjour Erza. Je... je m'entraînais à prendre des photographies dans le Parc.

Tu prends une voix respectueuse pour la saluer, sans aller dans l'excès non plus. Pas qu'elle croit que tu te moques d'elle, ça te mettrait dans une affaire encore plus compliquée. Tu te forces à ne pas reculer, mettant une main sur ton appareil photo pour souligner tes propos. Tu ne laisses pas un grand blanc, t'empressant de retourner la question - même si Erza ne va sûrement pas vouloir changer de sujet aussi facilement, tu t'en doutes, malheureusement.

- Et toi, que faisais-tu là ? Du... du sport ?