Très tôt ce matin, Dawn et sa famille avaient pris l'avion en direction de Miami où ils allaient séjourner durant dix jours. Après neuf heures et demi de vol, les Wolfs avaient rapidement déposé leur bagages dans leurs chambres d'hôtel, s'étaient rafraîchis et avaient décidé de se détendre un peu sur la plage avant le dîner. Tara et Ezra bronzaient sur un transat tandis que Dawn et son frère profitaient de la bonne température de l'eau pour nager. Ils jouaient à s'éclabousser ce qui les aidait à se rafraîchir, n'ayant pas l'habitude de la chaleur estivale de la côte Est des États-Unis.

Alors que la jeune fille sortait de l'eau pour rejoindre ses parents, elle remarqua une tâche rouge au niveau du sol mais n'y prêta pas plus attention que ça. Ce n'est que quand elle entendit Tommy crier de douleur qu'elle se retourna et regarda le crabe qui fuyait. Son cadet avait malencontreusement marché sur l'animal qui s'était défendu à l'aide de ses pinces. L'ado de quatorze ans était assis dans le sable, les orteils du pied gauche serrés entre ses mains. Dawn et ses parents s'approchèrent et tous trois étaient partagés entre le comique de la situation et la douleur que devait ressentir le garçon. Il le remarqua et bouda jusqu'au lendemain matin. Cela n'a pourtant pas empêché la famille d'aider Tommy à rentrer à l'hôtel.

Les Wolfs avaient décidé de profiter des services de l’hôtel aujourd’hui après plusieurs jours de balade dans la ville et ses environs et de randonnée dans les Everglades. Au programme: grasse matinée, repas copieux et jeux. Il était à peu près seize heures trente quand Dawn s’est posée au bord de la piscine. Elle lisait un bouquin qu’elle avait trouvé dans une librairie du Miami sorcier. Ce roman historique racontait la vie d’Isolt Sayre, l’une des fondatrices d’Ilvermorny.

L’histoire était passionnante et la gryffone se demandait comment autant de choses pouvaient se passer en une seule vie, même si celle-ci dure plus de 100 ans. Face à tant d'événements, elle avait l’impression de n’avoir rien vécu dans sa vie, insignifiante.

Au fil des pages, jeune fille ne pouvait s’empêcher de faire des parallèles avec Rowena Serdaigle. Elles ont toutes les deux créé une école et ont pris la tête de la maison des érudits. Toutes deux anglaises, elles se ressemblent aussi par leur destin contrarié. À la seule différence que l’une a fait de ses malheurs une force mais pas l’autre.

Dawn termina le bouquin au bout de trois heures de lecture sans pause, juste au moment où sa mère vint la chercher pour le dîner. Elle aurait aimé avoir le courage d’Isolt, de pouvoir affronter ses tourments comme la fondatrice avait affronté sa tante et pris sa vie en main. Sayre était devenu une sorte de modèle pour Dawn qui en parla matin, midi et soir durant les semaines qui ont suivi sa lecture.

La Floride est très connue pour ses différents parcs chez les moldus. Mais certains endroits sont aussi connus des sorciers. C’est le cas du lac Okeechobee, par exemple.

Ce jour-là, la famille au complet s’était rendue aux abords du lac. Ils avaient profité de la vue des environs à bord de leur kayak durant la matinée. Ils avaient effectué une activité moldue afin que Tara puisse participer. Mais l’après-midi fut consacrée à une tout autre chose. Les parents de Dawn connaissaient la passion de la jeune fille pour les animaux magiques ou non. C’est pour cette raison qu’Ezra fit la surprise à ses deux enfants de les emmener visiter la réserve de sirène qu’abrite le lac floridien. La mère ne pouvait malheureusement pas les accompagner à cause des sortilèges repousse-moldus.

La réserve était incroyable. Lorsque les visiteurs avançaient vers le lac, l’eau se fendait en deux tel Moïse face à la Mer Rouge, et se refermait juste derrière eux, formant un cercle d’environ trois mètres de diamètre les entourant. De cette façon, ils pouvaient observer les créatures nageant tout autour d’eux. C’est des étoiles plein les yeux que l’adolescente découvrit l’objet de leur visite. Elle ne pouvait détacher le regard des créatures et observait le moindre détail: leur silhouette, leur façon de nager, etc. Elle inscrivait le tout dans son esprit afin d’en garder un maximum de souvenir. Et lorsqu’ils arrivèrent à la fin de la visite, Dawn ne voulait plus partir.

Tout au long de la promenade, l’adolescente avait fait preuve d’un grand respect envers ces Êtres qu’elle avait l’impression de déranger dans leur milieu naturel. Elle se sentait parfois un peu mal à l’aise de les traiter comme des bêtes de foire en les observant. Cependant, cela ne l’empêcha pas de profiter de chaque seconde. Elle n’oublia pas de remercier ses parents pour ce moment magique qu’elle venait de vivre.

Le lendemain était le jour du départ. Alors pour profiter une dernière fois de tout ce que l'état ensoleillé avait à offrir, la tribu s'est rendue à Orlando pour une activité typiquement moldue: la visite du parc Walt Disney World. La journée était chaude, comme ça avait été le cas depuis leur arrivée. Elle portait donc une tenue légère. Grâce à ce climat, la peau de Dawn était légèrement plus foncée qu'à l'accoutumée.

Tous s'amusaient dans les différentes attractions, pour les petits comme pour les grands. Ils passaient tous les quatres un bon moment. Mais Dawn ne put s'empêcher de remarquer quelque chose. De temps en temps, dans les allées ou sur les fondations des attractions, elle voyait des Runes gravées, principalement des symboles de protection. La première fois, elle n'y prêta pas attention, se disant qu'il s'agissait sûrement d'une farce de visiteurs sorciers ou d’amateurs de Runes. Mais, au fil de sa visite, la jeune fille se rendait compte que les symboles runiques étaient bien intégrés dans les décors du parc. Cela la faisait s'interroger sur la vraie nature de Walt Disney. Peut-être était-il lui aussi un sorcier ? Ce qui expliquerait peut-être pourquoi la plupart des histoires qu’il raconte évoquent la magie.

Cette idée tourna dans l’esprit de Dawn jusqu’à la fin de la journée, émettant des théories plus farfelues les unes que les autres. Bien sûr, entourée de moldus, elle garda ses idées pour elle jusqu’au retour de la famille à leur chambre d'hôtel. Et même si la théorie de l’adolescente tenait la route, les Wolfs ont beaucoup rit ce soir-là en s’amusant à chercher le moindre petit indice sur les pouvoirs de M. Disney.

Qui dit départ, dit refaire les valises qui sont généralement plus chargées au retour qu’à l'aller, la faute aux souvenirs rapportés. Surtout quand le patriarche craque et achète un objet pour le moins volumineux et lourd. Donc, après un nouvel agencement de leurs affaires dans les différents bagages afin que tout rentre et qui demanda une organisation en béton, la famille se mit en route pour l'aéroport traînant le lourd bagage avec eux.

Évidemment, l’histoire ne s’arrête pas là… Au vu du chiffre exorbitant qu’affichait la balance lorsque Ezra pesa sa valise, l’agent lui demanda de l’ouvrir. Dawn rit encore en repensant à la tête de l’homme lorsqu'il aperçut l’immense chaudron en fer qui trônait seul dans la valise. Allez expliquer à un moldu ce que vous faites avec ce genre d’objets dans vos valises… Heureusement, les moldus, ou non-maj' pour les américains, n'ont aucune idée du monde qui se cache autour d'eux. Après quelques explications douteuses, Ezra finit par s’en sortir en racontant qu’ils comptaient organiser une soirée sur le thème du Moyen-âge et qu’ils souhaitaient faire de la soupe dedans. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'agent a gobé l'histoire et la famille a pu prendre l'avion en ne payant qu'un supplément bagage. Et heureusement car Tara n'ayant pas de pouvoir, c'est son seul moyen pour rentrer à la maison.

La journée était ensoleillée et la température extérieure avoisinait les vingt-cinq degrés. Dawn n'avait pas envie de rester enfermée à l'intérieur alors que le temps était magnifique dehors. Elle décida donc de sortir se promener dans les rues de Doncaster. Elle arriva près d'un parc et s'y balada avant de se poser sur un banc non loin d'une aire de jeux. Là, elle lut et utilisa son téléphone comme la parfaite demi-moldue qu'elle est.

Au cours de sa marche, elle eut l'occasion de croiser beaucoup de ces êtres dénués de magie. Elle les observa utiliser toutes sortes d'appareils électriques qui leur facilitaient la vie, monter dans des voitures, grimper sur des structures fixes. Ce qui l'amena à s'interroger sur une vie sans celle-ci. Bien sûr, elle côtoyait suffisamment la vie moldue pour en avoir un petit aperçu. Mais la magie faisait partie intégrante de son quotidien et elle ne s'imaginait pas s'en détacher définitivement. Les moldus avaient eu besoin d'inventer de plus en plus d'objets alors qu'une simple baguette suffisait à un sorcier. La jeune fille n'avait même pas réussi à se détacher complètement de la magie, lorsqu'elle avait passé l'été dans sa famille moldue, n'utilisant ces objets magiques qu'en les cachant à ses grands-parents. Après son introspection, la gryffone en était arrivée à la conclusion qu'elle ne pourrait jamais vivre une vie cent pourcent moldue.

Le téléphone de Dawn sonna. C'était sa mère qui la prévenait que le dîner allait être prêt. La fille aux yeux vairons ne s'était pas rendue compte de l'heure qu'il était. Elle n'a pas vu le temps passer.

Dawn se trouvait au grenier avec sa maman, occupées à fouiller les cartons et à déterrer de vieux trésors. La famille allait participer à une brocante le week-end suivant et les deux filles étaient en train de rassembler des objets dont personne dans la maison n'avait l'utilité. Mais chaque chose était liée à un souvenir et les anecdotes fusaient. Au fond de la pièce, la jeune fille remarqua une robe blanche sur un mannequin qu'elle n'avait pas vue jusqu'ici.

- C'est ta robe de mariée ? Demanda Dawn en approchant.

- Oui, c'est elle. Répondit Tara, les yeux emplis de nostalgie.

Dawn glissa le tissu entre ses doigts. La robe trapèze était faite de tulle agrémentée de dentelle florale sur le col en cœur et le haut de la jupe. Le tissu transparent recouvrait également le décolleté qui formait deux bretelles.

- Ça, ce n’est pas à vendre. J’espère te voir dedans un jour. L’émotion prenait peu à peu le pas sur la raison.

- Elle est magnifique.

Dawn se voyait bien dans cette robe. Elle aimait beaucoup ce genre de tradition. Mais elle n’était pas prête à se marier. La mère de Dawn lui désigna un autre objet qui lui rappela d’autres moments du passé.

- Oh regarde! c’est ton berceau de naissance. Ce sont mes parents qui l’ont confectionné. Ton frère en a profité lui aussi.

Les deux observaient un panier en osier blanc. Le tour du lit était fait de coton beige à motif et un baldaquin en toile retombait sur le panier. Le tout était monté sur un portant à roulettes.

Dawn continuait à écouter sa mère lui raconter toutes les histoires trop vieilles pour qu’elle s’en rappelle. Parfois, les anecdotes étaient plus récentes et elles pouvaient toutes deux échanger sur le sujet. Cela faisait longtemps que Dawn n’avait pas passé un aussi bon moment avec sa maman. Il lui arrivait parfois de s’en vouloir pour l’enfer qu’elle lui avait fait subir l’année dernière.

La rentrée approchait à grand pas. Il restait moins de deux semaines avant que Tommy et Dawn ne retournent à Poudlard et la famille n’avait pas encore fait les courses pour la rentrée et ils avaient besoin de quelques fournitures. C’est à la suite d'une remarque de la jeune fille durant le dîner de la veille qu'Ezra s'en est rendu compte. Ils ont donc décidé de s'y rendre tous les trois, Tara ne pouvant malheureusement pas y accéder.

Les enfants ont chacun attrapé un bras de leur père et le petit groupe a transplané vers le chemin de traverse, caché au cœur de la ville de Londres. Comme à chacune de leur visite, le premier arrêt fut Gringott’s où ils récupèrent de quoi payer leurs futurs achats. La jeune fille n’avait jamais aimé y pénétrer car elle n’aime pas le regard des gobelins sur les sorciers. Elle a toujours cette impression qu’il la sonde. Heureusement pour elle, ils ne s’attardaient jamais ici. Peut-être n’était-elle pas la seule à ressentir cela.

Ensuite, les vraies courses commencèrent. La famille fit le plein d’ingrédients pour potion chez Apothic’herbes afin d’être paré jusqu’aux vacances de Noël. Ils allèrent ensuite acheter les nouveaux manuels scolaires chez Fleury et Bott. Dawn en profita pour flâner entre les rayons à la recherche de nouveaux romans pour occuper son temps libre à l’école. La gryffone aimait beaucoup cet endroit, c’était d’ailleurs son préféré sur le Chemin de Traverse. Elle aimait l’odeur de papier qui s’en dégageait. Enfin, ils firent halte chez Madame Guipure où ils se procurèrent de nouvelles robes de sorcier. Les enfants grandissent à une vitesse affolante, à tel point qu’ils doivent se rhabiller tous les ans. C’était surtout le cas pour Tommy qui dépassait déjà Dawn d’une tête. Ils traînaient parfois devant l’une ou l’autre vitrine, admirant les objets exposés.

Lorsque tous les objets de la liste furent achetés, les Wolf s’arrêtèrent aux Glaces Florian Fortarôme, comme la tradition familiale l’exigeait. Ils dégustèrent un cornet avant de rentrer tranquillement à la maison.

Cette journée-là était l'une de celle où Dawn n'avait rien à faire. Il n'y avait aucun programme prédéfinis pour combler sa journée. Les parents Wolfs étaient tous les deux au travail. La jeune fille et son petit frère avaient la maison pour eux seuls comme cela arrivait souvent depuis qu'ils étaient en âge de se gérer. À quatorze et seize ans, Tara et Ezra estimaient pouvoir leur faire confiance. D'autant plus qu'ils ne pouvaient pas utiliser la magie.

Les deux enfants avaient profité de leur temps libre pour faire la grasse matinée. Dawn se leva et pris un petit déjeuner aussi gras que sa "matinée". Lorsqu'elle fut suffisamment réveillée, elle s'installa derrière le piano et joua quelques morceaux qu'elle aimait.

Dans l'après-midi, Tommy, qui s'ennuyait un peu, proposa à sa sœur de jouer à un jeu. Celle-ci accepta et Tommy traça un cercle au milieu de la cuisine afin de jouer aux bavboules. La partie se déroulait sans encombre si ce n'est que Dawn n'était pas très douée pour ce jeu. À force d'être éclaboussée, la jeune fille sentait très mauvais. Si bien que, lorsqu'elle perdit un énième point, elle se recula pour éviter le liquide qui se répandit sur la première chose sur son chemin, c'est-à-dire les yeux d'Aslan, le chien de la famille. Celui-ci hurla à la mort et courut dans tous les sens, aveuglé par la substance pestilentielle. Dans sa course désespérée, il bouscula quelques meubles, ce qui fit tomber quelques bibelots avant que Tommy puisse immobiliser le labrador.

Lorsqu'ils furent rentrés, Ezra et Tara constatèrent la casse. Peut-être devaient-ils reconsidérer la confiance qu'il leur témoignait. Heureusement, les objets étaient remplaçables et l'anecdote les a beaucoup amusés.

Les vacances sans pouvoir pratiquer la magie commençaient à paraître longues aux yeux de Dawn. Sans sa baguette pendant deux mois, elle se sentait comme nue, alors qu’à l’école, elle l’avait constamment avec elle. D’autant plus qu’elle aimait s'entraîner aux sortilèges étudiés au cours de l’année afin de ne pas trop perdre la main. Elle ne le faisait que lorsque son père était à la maison pour éviter d’être repérée par la trace, une révision ne peut pas faire de mal. Mais, depuis l’année dernière, elle n’avait pas d’autres choix que de faire sans.

Elle eut alors une idée. Ridicule, c’est vrai, mais mieux valait cela que rien. La jeune fille se rendit dans le jardin où elle se mit à observer le sol. Au bout de quelques minutes, elle se baissa et ramassa une brindille un peu biscornue. Elle avait en tête de s'entraîner avec ce semblant de baguette magique. Elle lança un Assurdiato à gauche, un Waddiwasi à droite, prenant toujours soin de bien prononcer la formule et d’effectuer la bonne gestuelle. Bien sûr, ses “sortilèges” n’avaient aucun effet. Elle put au moins constater que la matière scolaire n’avait pas disparu de son esprit.

La gryffone continua de cette façon jusqu’à entendre un rire derrière elle. Tommy l’avait rejointe sans qu’elle le remarque et Dawn ignorait depuis combien de temps il était là.

- Quand les parents sauront ça. Dit-il quand il put se reprendre.

Le petit frère se dirigea alors vers la maison. Dawn courut pour le rattraper mais ses jambes étaient beaucoup trop courtes par rapport à celle de son cadet. Elle ne put le rattraper à temps et, honteuse, elle resta dans le fond du jardin.