À voter, l’opération « retrouver les chaussettes de Kelly » est lancée. Il s’agit d’un plan particulièrement stupide qui compte sur la gentillesse et l’honnêteté d’une voleuse de chaussettes qui n’a aucun intérêt à se démasquer. Les paris sont ouverts, qui pense que Cooper va rendre ses chaussettes à Kelly parce qu’on le lui demande gentiment ? Tout le monde ? Et bien moi, je dis que non parce qu’il faut bien que quelqu’un soit contre et prévoit le naufrage de l’expédition. Mais comme ça serait dommage de retrouver les adorables chaussettes cœurs offertes par Kelly, je vais me taire pour ne pas contrarier tout ce petit monde naïf. Personne n’a pourtant besoin de savoir lire dans une boule de cristal pour deviner ce que tout cela va donner ; soit Yesenia n’a pas les chaussettes, soit elle les a et elle ment. Cela me déçoit de Kelly, si elle croit tant que ça à son histoire, il faut des preuves tangibles ! Tout le monde sait que les témoignages ne sont vraiment pas fiables quand on traite de vols.

J’ai envie de partir. La situation devient épineuse, personne n’est d’accord avec moi et je dois faire semblant de valider le plan pour ne pas froisser la prof et salir ma réputation. Pourquoi fallait-il toujours que mes idées se terminent en queue d’aiglefin au profit de plans foireux, je ne le sais. La seule idée qui me vient, c’est de leur proposer d’aller manger, mais je n’ai pas envie de bavarder avec eux pendant le trajet ni plus longtemps si avec Elena on va à la table des rouges. C’est pas qu’elle à l’air méchante hein, mais bon… Les filles du genre « mais non, tout le monde il est gentil et il dit la vérité quand on lui pose des questions délicates » c’est pas trop mon truc. Je me trompe peut-être sur son compte, mais ce qu’elle m’a montré me donne plus envie de rire noir que de faire d’elle ma pote. Quoique, elle pourrait dire a tout le monde que je suis une adorable personne, on ne sait jamais.

M’enfin, passons. Leo qui n’a elle non plus pas envie de rester dans cet environnement hostile s’en va. Je lui rends un petit sourire, acquiesce et prends la suite :

— Je pense que j’vais y aller aussi, j’ai un devoir qui m’attend alors je file. Bon app’ si vous allez direct ménager en tout cas, et à plus !

Je clos le tout par un joli sourire très convaincant, et tourne les talons. Je n’ai bien évidemment pas de devoirs à finir, mais on ne sait jamais, je vais tout de même à la salle d’études. Je doute que quiconque me suive.