Vendredi 31 Mai 2047 - @Elian Kernac'h

Un soleil éclatant, une légère brise, un week-end enfin arrivé. Tous les voyants étaient au vert pour avoir le moral au beau fixe. D'ailleurs la plupart des résidents du château semblaient profiter de l'instant présent. Un peu partout dans le Parc des groupes plus ou moins étoffés riaient, couraient ou discutaient. Certains osaient même se baigner dans le lac. Malgré tout on trouvait ça et là quelques élèves isolés avec une posture nettement plus studieuse. Il s'agissait essentiellement d'élèves révisant activement leurs examens de BUSE et ASPIC. Non pas que les élèves des autres années n'étaient pas concernés par les révisions, mais certains d'entre eux semblaient s'accorder une pause en cette journée ensoleillée.

Jeffrey lui n'était pas dans ce cas de figure. L'importance des BUSE dans la vie d'un sorcier n'était plus à démontrer. Alors même si le rythme des cours s'était ralenti, ce n'était pas le moment de se la couler douce. Au contraire le Poufsouffle avait l'impression qu'il n'y aurait jamais assez de jours pour arriver à tout réviser avant le début des examens. L'anglais s'était donc assis à l'écart, à l'ombre d'un noisetier, pour se mettre au travail tout en profitant du beau temps. Pourtant il avait eu du mal à s'y mettre, son regard se perdant facilement au loin à observer des groupes d'élèves qui s'amusaient. Se plonger dans la lecture d'un de ses manuels aurait pu être une bonne parade pour éviter à son regard de vagabonder, mais Jeffrey n'en avait pas amené un seul. Il était trop préoccupé par autre chose pour s'intéresser à la théorie. Non, ce qui l'intéressait et l'inquiétait c'était bien l'utilisation de sa baguette magique.

Depuis qu'Ennis l'avait plaqué quelques jours auparavant, Jeffrey s'était rendu compte qu'il peinait à lancer plusieurs sorts qu'il maîtrisait d'ordinaire parfaitement. Passé le choc généré par ce constat, le britannique avait alors gardé ce secret honteusement en parvenant à éviter la plupart du temps de recourir à la magie. Mais les BUSE approchaient et il n'avait plus le temps d'être dans le déni. Il fallait qu'il trouve une solution.

Il ne savait plus d'où il avait entendu cela mais le Poufsouffle avait entendu dire que parfois, après un choc émotionnel, les sorciers pouvaient en voir leur magie affectée plus ou moins durablement. La panique n'avait donc pas tardé à s'emparer de lui à cause de la proximité des examens à venir. Il avait bien pensé passer voir Mrs Miller à son bureau mais sa pudeur, une once de fierté mal placée et la honte qu'il ressentait à pleurer sans arrêt depuis sa rupture l'en avait empêché jusqu'à présent. Il voulait trouver la solution seul et trouver la force de surmonter sa peine sans aucune aide.

Pour cela Jeffrey avait pour plan de s'entraîner. Il voulait utiliser le sortilège d'Apparition d'oiseaux pour faire céder son verrou mental. Pour lui, faire apparaître des animaux - bien qu'il s'agisse d'une illusion et pas de vrais oiseaux - pouvait l'aider car il s'agissait d'une de ses passions et leur présence serait sans doute réconfortante. Il avait alors bien révisé la théorie avant de venir s'installer dans le parc et cela faisait maintenant plus de vingt minutes qu'il s'exerçait en vain. Tout ce qu'il avait réussi à faire apparaître jusque là c'était quelques plumes noires et un seul oisillon rabougri qui s'était vite dissipé. Malgré tout le Poufsouffle ne se décourageait pas pour autant et essayait de ressentir l'émotion adéquate pour ce sort. A nouveau il se concentra et eut l'impression de tout faire comme il fallait pour pour réussir cette fois-ci. Il prononça alors encore une fois la formule.

« Avis ! »

Mais une nouvelle fois rien n'en sorti à part quelques plumes qui s'évaporèrent rapidement. C'en était trop pour Jeffrey qui sentit ses nerfs le lâcher. A cause du stress des examens, de la perte de ses capacités magiques et surtout d'Ennis. Ennis qui lui avait complètement oppressé le cœur depuis qu'elle l'avait quitté. Toutes ces douleurs et inquiétudes firent rouler des larmes sur les joues de l'anglais. L'adolescent s'y abandonna quelques minutes puis il reprit contenance en voyant du coin de l'oeil quelqu'un approcher. Il essuya ses larmes, la colère et la révolte reprenant momentanément le dessus.

« Non, j'vais y arriver ! Y a pas moyen. » se dit il à lui-même.

L'ainé des Hunter pouvait se montrer très têtu. C'était parfois une qualité qui se muait en détermination aux yeux des autres. Mais c'était aussi parfois un défaut qui lui coûtait cher. Ca lui avait déjà coûté sa relation avec Ennis. Hors de question que cela lui coûte maintenant ses BUSE.

Depuis un moment maintenant, Elian assistait à un drôle de spectacle qui commençait doucement à l'effrayer. Il avait été interpellé par le boucan produit par les essais ratés de son camarade Jeffrey depuis les fourrés où il s'attelait à faire on-ne-savait-quoi. Ecartant deux buissons pour laisser dépasser son visage perplexe, il avait alors surpris cette performance contemporaine assez curieuse de la part du garçon. On se serait cru dans un poulailler sans poules avec ces quelques plumes qui virevoltaient sans aucune trace de l'animal qu'elles étaient censées recouvrir. Elian avait bien tenté une fois de faire remarquer sa présence mais, au moment où il avait ouvert la bouche, l'une des plumes qui voltigeaient sous l'arbre y avait vu l'occasion de s'y engouffrer et il n'avait pas réitéré l'expérience.

Les "Avis" s'enchaînaient dans l'ombre du noisetier et Elian commençait à se poser des questions : est-ce que le grand Jeffrey Hunter était en réalité une "fraude", comme le répétait souvent Calum McKinnon ? Comme pour répondre à son propre questionnement, il secoua la tête, laissant tomber quelques brindilles de ses cheveux hirsutes. Une telle chose était tout simplement impossible parce que Jeffrey demeurait probablement dans le classement des dix des étudiants les plus appréciés et admirés de l'école, et ce depuis leur première année d'étude. En plissant un peu les yeux, Elian saisit pourtant quelque chose auquel il n'aurait jamais pu imaginer être témoin un jour : Jeffrey Hunter pleurait.

Passé le choc de cette information, son cerveau sembla fuser en l'espace de quelques secondes. Sans réfléchir, Elian se dépatouilla pour s'extraire de ses friches après avoir fait disparaitre cuillère, loupe grossissante et baguette magique dans son sac rapiécé. Peut-être qu'il se montra un peu bruyant sur le chemin jusqu'à l'arbre pour prévenir le sorcier qu'il arrivait droit sur lui ou bien était-il réellement naturellement bruyant avec tout son bazar sur le dos. « Tu es en colère parce que tes oiseaux sont moches ? » essaya-t-il de diagnostiquer en s'arrêtant tout près de lui. Il comprenait ce sentiment de frustration face à la magie puisque la sienne n'était jamais brillante malgré les grands efforts qu'il fournissait. Sur le ton de la confidence, il se pencha comme s'ils étaient écoutés :
« Regarde où tu es Jeffrey : c'est connu que les anciens cimetières indiens nous empêchent de faire de la bonne magie. » La seule chose qu'il voyait pour expliquer les échecs en séries de son camarade, c'était qu'ils se trouvaient sur un ancien cimetière indien les empêchant de pratiquer leur magie. Il avait probablement lu quelque chose de cet acabit dans un vieux journal conspirationniste parce qu'il semblait croire dur comme fer cette information. En quoi les indiens avaient un quelconque lien avec les capacités magiques, c'était un réel mystère qu'Elian n'aurait pas su développer si on lui avait demandé d'étayer ses connaissances à ce sujet : il savait simplement que quelqu'un était enterré dans le domaine de Poudlard mais n'avait jamais pour autant été vérifier cette information par lui-même. Peut-être que c'était moins exotique et grandiloquent qu'un cimetière indien sous les terres du domaine de Poudlard.

En constatant que la personne qui arrivait n'était nulle autre que son pote de dortoir Elian, Jeffrey ne sut pas quoi ressentir. D'un côté c'était rassurant car le Poufsouffle était des personnes les plus bienveillantes et agréables qu'il connaissait. Mais d'un autre côté il n'avait pas envie qu'un ami le voit dans cet état. Le britannique fit donc l'effort d'essayer de se redonner une contenance mais ce fut la première phrase d'Elian qui fit le reste. Son pote avait l'art de faire des entrées en matière inattendues et hautes en couleurs, un peu comme pouvait le faire Elowen.

« Salut Elian. C'est vrai que le seul que j'ai réussi à faire apparaître était une insulte à Dame Nature... » dit Jeffrey avec franchise et soulagement. Elian n'avait peut-être pas vu qu'il avait pleuré puisqu'il pensait qu'il était juste en colère. Néanmoins il se doutait que son ami ne tarderait pas à voir ses yeux rougis.

Mais dans la foulée son camarade de chambrée sortit une nouvelle théorie dont il avait le secret et qui prit totalement Jeffrey de court. Surpris il regarda incrédule sol.

« Quoi ? Un cimetière indien tu dis ? Tu crois que des indiens ont mis un jour les pieds en Ecosse ? » répondit l'anglais à la fois amusée et sceptique. « J'ai pas l'impression que ça vienne de ça. Pour rien t'cacher ça me le fait partout dans le château depuis quelques jours... Donc à moins que tout Poudlard soit une gigantesque cimetière maudit, j'dirai que le problème vient plus de moi. »

Le garçon fit la moue mais préféra changer de sujet pour savoir comment son pote était arrivé ici.

« Et sinon, qu'est ce que tu fais ici ? Toi aussi tu révisais tes BUSE ? »

Elian comprenait pourquoi Jeffrey ne semblait pas vraiment croire au cimetière indien, il était sûrement de ces personnes qui ne croyaient que ce qu'elles voyaient. Comme les os étaient souvent enterrés profondément dans le sol, il n'y avait pas moyen de lui démontrer la véracité d'une telle accusation à part s'il se mettait à creuser un peu partout autour d'eux. Elian regrettait de n'avoir qu'une seule cuillère dans son sac, néanmoins même à deux il aurait sûrement été hasardeux de tomber sur un seul reste humain dans tout le domaine.

Dans la tête d'Elian, le pauvre Jeffrey resterait donc persuadé qu'il était seulement un très mauvais magicien. Jeffrey Hunter n'avait pas de problèmes et n'en était sûrement pas un. C'était inconcevable pour lui. Jeffrey Hunter était heureux, drôle et savait faire tout pleins de choses que lui ne pouvait pas faire comme collectionner des balais volants ou des amoureuses, faire des blagues que les autres garçons comprenaient, avoir deux parents normaux et ressembler à un rêve sur pattes de façon générale. Alors si Jeffrey Hunter se pensait être un problème en portant quelque chose en lui qui amaigrissait sa magie, Elian devait repenser complètement le monde autour de lui, un effort bien trop colossal pour son cerveau déjà bien débordant d'incongruités.

Il se planta devant lui et posa ses deux mains sur ses épaules, coupant presque la parole de son ami, comme indifférent à la question qu'il venait de lui poser et qui aurait pourtant bien mérité une réponse. C'était vrai, ça, que faisait-il juste avant d'arriver droit sur lui comme une drôle de bête fouineuse ? « Respire Jeffrey Hunter, ne laisse surtout pas ce maléfice s'insinuer complètement en toi. » L'expression de son visage semblait exprimer une détermination certaine, comme s'il savait ce qu'il faisait bien qu'il agissait tout de même assez étrangement : de l'extérieur, on aurait dit qu'il cherchait à hypnotiser le sorcier. « Il faut te purifier. C'est le seul moyen pour que tu redeviennes le sorcier que tu étais avant ! » Elian démontrait un sérieux assez déconcertant. Il retira ses mains des épaules de Jeffrey et ôta les anses de son sac pour le laisser tomber à ses pieds et y tirer sa propre baguette magique. Il ne pouvait supporter plus longuement de savoir que son sortilège d'Apparition d'oiseaux était plus qualitatif que celui de son ami, ce n'était pas dans l'ordre des choses, c'était tout simplement une aberration ! « Tergeo ! » s'écria-t-il en réalisant une sorte de spirale avec le poignet qui tenait sa baguette magique. A défaut de réellement purifier Jeffrey de son mal-être, Elian venait lui offrir un nettoyage complet, ce qui demeurait dans sa tête le meilleur moyen de purifier quelqu'un d'un puissant maléfice. S'il avait été un peu plus au courant des racontars qui vivaient à travers Poudlard, il aurait su que son ami traversait quelque chose d'un peu plus concret qu'une malédiction. Mais Elian n'était hélas jamais mis au fait de ces choses-là ou alors toujours en dernier - et pour cause, il n'écoutait souvent réellement que les rumeurs les plus ubuesques et très peu celles qui avaient une certaine consistance.

Comme souvent avec Elian, certaines choses passaient à l'as. Dans son monde et dans sa logique, le Poufsouffle n'avait pas répondu une seconde sur les raisons de sa présence ici. Jeffrey ne savait d'ailleurs même pas si ce qu'il avait dit avait été entendu. Mais depuis cinq ans il ne s'étonnait même plus de ce trait de caractère : il était comme ça c'est tout, et ça faisait partie de son charme. A la place son ami lui posa une main sur chaque épaule et le regarda avec intensité, l'appelant par son nom complet. Elian avait cette faculté à rendre à la fois relax et mal à l'aise de par sa façon de faire...

Un maléfice ? L'anglais était sûr qu'il n'en avait pas été la cible mais il resserra machinalement sa main sur son talisman en Œil d'Horus qu'il considérait comme protecteur. A moins que l'on puisse considérer une peine de cœur en tant que tel, ce qui n'était pas si idiot. Parfois la façon de raisonner et de s'exprimer qu'avait Elian pouvait s'apparenter à un discours confus qui masquait en fait un certain génie. Oui, cette rupture avec Ennis agissait comme un maléfice qui phagocytait les pouvoirs magiques du britannique. Son pote semblait s'être rendu compte qu'il n'était plus que l'ombre de lui même depuis quelques jours et que cela allait bien au delà de son Avis mal exécuté.

Malgré son scepticisme Jeffrey laissa donc son ami pointer sa baguette sur lui et lui lancer un Tergeo. Il n'était pas spécialement sale avant cela mais le sortilège ne lui fit aucun mal ou bienfait apparemment notable. Mais Elian semblait satisfait de lui et le britannique se dit qu'il pouvait bien essayer de relancer son sortilège après ça.

« Merci Elian, on va voir si ça marche. » dit Jeff en tentant un faible sourire peu convaincant. A nouveau il essaya de se concentrer sur l'émotion nécessaire au sortilège et visualisa les oiseaux voleter gaiement autour du duo de Poufsouffle. Puis il prononça à nouveau la formule.

« Avis ! »

Mais une nouvelle fois rien ne se passa hormis quelques plumes qui sortirent et voletèrent faiblement, comme pour narguer le cinquième année. La proximité des BUSE finit d'angoisser l'anglais qui craqua à nouveau devant Elian, lâchant quelques larmes et des confessions dont il n'était pas coutumier devant ses amis.

« J... Je vais pas y arriver. Les BUSE c'est bientôt. J'vais faire quoi ? Ennis a eu raison d'me plaquer, j'suis bon à rien... » dit l'anglais à bout de nerfs et en larmes après plusieurs nuits d'insomnies et de questionnements permanents.

Il n'y a avait pas qu'Ennis et sa magie qui avaient quitté l'anglais. A présent c'était sa confiance en lui qui semblait vouloir prendre ses distances.

A présent que Jeffrey était libéré de la malédiction du cimetière indien, c'était certain que son ami allait enfin pouvoir réussir son lancer de sort. Très fier, Elian plaça ses mains sur ses hanches et sourit pour l'encourager. Un sourire qui s'évanouit devant cette nouvelle apparition de plumes sans oiseaux. Le garçon déglutit : mauvais diagnostique. Ses gros yeux aussi inquisiteurs qu'inquiets se posèrent sur Jeffrey qui semblait aller encore plus mal qu'avant son intervention d'urgence. Il commençait à comprendre quelque chose, à présent qu'il repartait dans une tristesse infinie. Elian s'approcha et plaça sa main sur son dos, le cherchant du regard avec douceur. Ennis O'Belt avait plaqué Jeffrey ? Très étonné par la violence de l'information, il resta silencieux mais très présent physiquement.

« C'est pas une raison de plaquer les gens au sol, d'être nul en magie », lui dit-il en l'incitant à le suivre pour s'assoir près de l'arbre.

Assis en tailleur, son cerveau commença à faire une connexion : Jeffrey et Ennis étaient amoureux... Le terme "plaquer" pouvait avoir une autre signification...

« Elle ne veut plus t'aimer ? » demanda-t-il avec étonnement.

C'était si étrange, de ne plus vouloir aimer Jeffrey seulement parce qu'il n'arrivait pas à lancer des sortilèges correctement... Mais Ennis était une si bonne élève qu'il était bien possible que ce soit très important pour elle. En regardant Jeffrey aussi dépité devant cette situation, un vieux souvenir remonta à la surface.

« Jeffrey... Toi tu l'aimes encore beaucoup, c'est ça ? »

Son regard fixé dans le vide était en réalité rempli d'une légère amertume. Son cœur avait été brisé en mille morceaux, laissé longtemps sans aucun espoir de réparation. Il ne s'était jamais montré aussi studieux que Jeffrey, alors les répercussions sur sa magie n'avaient pas vraiment été visibles. C'était évident, à présent. Elian emprisonna l'un des bras du garçon, un peu honteux d'avoir mis autant de temps à comprendre ce qu'il se passait.

« Tu veux mon mouchoir en tissu ? Tu sais, moi j'ai survécu à la plus grosse rupture du monde alors toi aussi tu peux survivre. C'était il y a longtemps mais je m'en souviens toujours... Oh, c'est bizarre d'en parler hé hé ! »

Il se mit à rire légèrement dans sa main. C'était réellement étrange d'en parler. Il avait toujours mis un point d'honneur à éloigner ses amis de ce qu'il s'était passé : ils se seraient inquiétés de trop. Son père avait eu le dernier mot, comme toujours, et il aurait aussi mis fin définitivement à ses amitiés. Mais à présent que Jeffrey vivait cette chose horrible qu'était la séparation, Elian comprenait peut-être l'importance de se confier... Les yeux humides, il s'accrocha un peu plus au bras de son ami.

Si la proximité d'Elian lui fit étrangement retrouver son calme, son commentaire laissa Jeffrey plus perplexe. Le fait qu'il ne comprenne pas le terme plaqué faillit lui faire échapper un rire qui fut bien vite mort-né lorsqu'il fut défini par son ami comme nul en magie. Bien qu'il estime grandement son ami pour ses nombreuses qualités, son discernement et surtout son niveau en magie n'étaient pas forcément ses premiers atouts. Alors si même lui le trouvait nul en magie, c'était que la situation était devenue alarmante à l'approche des BUSE.

Tout en se laissant aller à ces pensées peu réconfortantes Jeffrey suivit machinalement Elian pour s'assoir sous l'arbre en sa compagnie. Ses larmes s'étaient taries mais son ami menaça de les faire couler à nouveau. L'amour était quelque chose qui ne se décidait pas justement et c'était peut-être bien là le problème. Ennis avait été amoureuse de lui en tout cas et elle lui avait dit "Je t'aime" à quelques reprises, chose dont Jeffrey avait été bien incapable en retour. A chaque fois qu'il avait voulu lui répondre la même chose l'anglais n'avait pas réussi à sortir ces fameux trois mots, car à chaque fois la même scène lui revenait en tête et l'avait empêché de répondre quoi que ce soit.

Une fois encore le Poufsouffle se replongea dans cette nuit-là et sur ces mots qu'il n'avait pas eu le courage de dire. Bien souvent il se rejouait cette scène dans la tête et à chaque fois il trouvait le courage de dire que lui aussi il l'aimait, quitte à la rattraper en courant pour le lui dire. Mais non... Il était bien resté immobile à ne rien faire. Reproduisait il ce schéma avec Ennis, par peur de se livrer et d'en souffrir ensuite. Ou se punissait-il de ne pas avoir su avouer ses sentiments à Maddie ? Quoi qu'il en soit il était troublant de constater qu'à chaque fois qu'une déclaration d'amour était à l'ordre du jour il pensait d'abord à sa rupture avec Maddie Joy...

Revenant à l'instant présent Jeffrey regarda son ami d'un air incertain, séchant ses larmes d'un revers de manche. Pour la première fois depuis un moment Elian venait donc de lui poser une colle en lui demandant s'il était encore amoureux d'Ennis. Il avait des sentiments forts pour elle, ça c'était une évidence sinon il n'aurait pas été dans cet état. Le garçon avait passé deux années en couple avec l'irlandaise et avait partagé beaucoup de choses avec elle, dont sa première fois. Forcément qu'Ennis aurait toujours une place dans son cœur mais pourtant là encore il était incapable de dire qu'il l'aimait, même à une autre personne qu'elle.

« Je... Je sais pas. Mais ça fait mal. » finit par répondre le britannique, chamboulé par cette introspection.

Son ami resserra son étreinte et Jeffrey sourit en imaginant Elian lui faire une clef de bras par inadvertance. L'ainé des Hunter avait grandi dans une famille aimante, qui n'avait pas peur de parler de sentiments ou de se laisser aller à des démonstrations d'affection. Pourtant avec ses potes de dortoir il avait toujours eut une certaine pudeur à ce sujet, fierté masculine mal placée oblige. A l'adolescence la plupart des garçons faisaient mine d'être forts et plus virils qu'ils ne l'étaient réellement. Elian lui semblait ne pas rentrer dans ce moule et cela touchait l'anglais, heureux de trouver en cette heure une oreille attentive et une sensibilité encore plus grande que la sienne.

« Euh non, merci Elian ça ira pour le mouchoir. » déclina prudemment Jeffrey en soupçonnant qu'il avait sans doute déjà servi. Il préféra reporter son attention sur son ami qui se livrait à son tour. Alerté par sa confidence, le garçon eut envie de creuser le sujet.

« Ah oui ? (...) Comment t'as fait pour aller mieux ? » questionna l'anglais avec empathie pour celui qui avait pourtant presque toujours le sourire.

Elian est tellement pipou