PENSINE : A PROPOS DU SLEUK Les feuilles musicales : Ce sont des instruments ancestraux, il suffit de ramasser au sol des végétaux et de tester plusieurs techniques pour trouver celle qui les fera chanter ! Le Slek (ou Sleuk) : C'est un instrument (une feuille musicale) utilisé au Cambodge d'une façon récréationnelle. Une fois passée la surprise du cri aigu qu'il produit, le son peut se montrer tout à fait charmant dans un ensemble d'instruments. Les autres "flutins" : C'est un peuple de "musiciens oubliés depuis trop longtemps". Je n'ai pas eu la chance de tous les rencontrer, mais il est facile de croiser leur route si l'on prête un peu attention aux endroits où l'on met les pieds ! Le sorcier Arnaud Pellerin en a fait un inventaire dans Le guide magique des instruments de la nature.

Elian déboula dans les cuisines ensoleillées de la vieille chapelle, encore à moitié en pyjama. « Papa, papa ! » Le grand sorcier se retourna avec une fausse expression de surprise sur le visage : « Elian, Elian !
— Tu n'aurais pas vu Sleuk ? » Evelyn mentirait s'il disait que ce genre de mots inventés ne l'avait pas manqué : Elian avait un don, c'était de tout rendre fascinant et notamment lorsqu'il employait son propre jargon. « Ton "Sleuk" ? Qu'est-ce que c'est que ça ? » Evelyn avait cet air narquois de celui qui était préparé à toutes les bêtises de son fils. « Il ressemble à une feuille d'acacia. Un peu arrondi, long et on dirait qu'on l'a plié en deux ! » Une feuille d'acacia... Peut-être l'avait-il prise pour une feuille de thé. Il vérifia immédiatement au creux de sa tasse. Ce n'était pas un truc qui ressemblait à une feuille d'acacia, mais bel et bien une feuille d'acacia tout court ! « Si tu l'avais posé sur la table, je crois que Sleuk est en train d'infuser dans ma tasse. » Elian s'approcha très vite pour vérifier ses dires, se penchant au-dessus de la tasse qu'il tenait entre ses deux mains.
« Oh non !
— Adieu Sleuk, et merci d'avoir libéré tes aromes dans mon thé.
— T'es méchant ! Tu as tué Sleuk ! » Elian paraissait réellement offensé. « Il n'est pas mort, il... Il a pris son bain ! Quelle bonne idée... » De retour du château de Poudlard, son fils s'était endormi juste après son arrivée dans la chapelle de Lavernock et ne s'était plus jamais réveillé. A présent, le voilà qui semblait plus réveillé que jamais, mais aussi très sale.
« Allez, oust, tu sens le blaireau ! Va prendre ton bain ! » Toujours très offensé, Elian disparut à travers l'encadrement de la porte.

Le grand barbu ne pouvait être plus heureux de retrouver son garçon. Celui-ci avait certes laissé des plumes dans son école cette année, mais il avait tout de même réussi à passer ses BUSE dans cet horrible contexte - quelque chose que le grand sorcier aurait difficilement cru possible. Même si Elian n'avait que des notes très moyennes, Evelyn se sentait très fier de lui - peut-être plus que lorsque sa fille aînée lui avait ramené, elle, de très bons résultats. Grâce à son ancienneté dans la chaudronnerie où il s'occupait de la trésorerie, il était plus facile pour Evelyn Kernac'h de choisir ses congés, alors il avait pu s'accorder pour une fois deux semaines de vacances en même temps qu'Elian. Ils avaient tant de choses à se raconter, agréables ou moins agréables - et puis il voulait s'assurer, comme d'habitude, que ses petits camarades ne lui avaient pas retourné complètement le cerveau.

Lorsque son fils ne réapparut pas à dix heures passées, Evelyn s'inquiéta et descendit dans les chambres. La chapelle était en partie une auberge pour les sorciers en visite, mais les Kernac'h y avaient élu domicile depuis deux ans. La main du sorcier toqua à la porte de la petite chambre d'Elian qui avait un air de cellule bien qu'elle restait très colorée et chaleureuse. Il avait appris à frapper avant d'entrer lors d'un stage pour "sorciers voulant conserver de bons liens avec leurs enfants". Sans réponse de sa part, il entra, constatant qu'Elian ne se trouvait pas là. Il traversa alors dans la pièce, dépassant le vivarium du crapaud posé sur sa table de chevet et toqua sur la porte qui donnait sur leur salle de bain commune. « Elian ? » essaya-t-il à travers la cloison. Pas de réponse. Il tenta la poignée, sans plus de succès. S'emparant de sa baguette magique, le sorcier déverrouilla la porte et tomba sur son fils encore endormi dans son bain - un peu plus et il se noyait. Evelyn referma la porte en la claquant pour le réveiller.
« Comment ça se fait que tu es aussi fatigué ? demanda-t-il dès qu'Elian fut de nouveau complètement vivant. Tu as pris tes potions à Poudlard ? » Evelyn se concentra pour essayer de déceler un mensonge. Ce n'était pas si compliqué avec son fils, il demeurait un livre ouvert. Celui-ci se frotta les yeux en acquiesçant et... en baillant encore une fois. « Tu vas prendre l'air avec moi, fais bien attention en sortant de la baignoire ! » A contrecœur, Evelyn le quitta pour regagner les cuisines. Il avait un mauvais pressentiment qu'il avait appris à écouter naturellement, c'était son instinct de père. Peut-être qu'Elian en avait trop fait ce dernier semestre à cause de sa stupide lubie... S'il repoussait ainsi ses limites à l'extrême, c'était pour obtenir les résultats suffisants à une entrée en école supérieure de magie. C'était quelque chose qu'Evelyn avait redouté jusqu'à présent silencieusement, mais qui se rapprochait de plus en plus rapidement à présent. La mère d'Elian n'avait cessé de l'encourager, à distance, dans cette voie, sans savoir qu'elle le nourrissait de rêves inatteignables. Evelyn allait devoir se montrer plus ferme sur ces questions-là mais, pour le moment, il voulait surtout que son garçon reprenne une meilleure santé. Pour cela, il connaissait un moyen imparable pour lui : la balade à travers le sentier de la côte ! C'était l'un des seuls aspects que son garçon appréciait de ce hameau perdu et vieillissant. Le chemin dérobé sur la falaise était verdoyant autant que vivifiant grâce au canal de Bristol couché en contre-bas.