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19 sept. 2022, 16:44
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Y a-t-il une raison expliquant l'agressivité soudaine de Bristyle ou est-elle simplement méchante comme à sa triste habitude ? Je tente d'interpréter au mieux chaque signe qu'elle me renvoie dans sa communication verbale et non-verbale mais n'en ressors qu'avec un vague tournis et des frissons d'effroi parcourant ma nuque. L'hypothèse d'une possessivité de sa part envers sa petite-amie n'est peut-être pas la bonne piste. C'est un fait qu'il y a eu altercation entre Livingtstone et moi et l'adolescente étant de ces personnes inutilement bavardes, Bristyle est certainement au courant. Peut-être même que Livingtstone me déteste finalement, et qu'elle a tout sauf envie de me parler. Le comportement de la Poufsouffle à mon égard serait donc parfaitement compréhensible et légitime : il est normal de vouloir tenir éloignée de sa petite-amie une personne qui l'a fait pleurer.

Maintenant, j'imagine toutes les horreurs que l'adolescente meurtrie aurait pu raconter à son amoureuse -comme quoi je l'ai insultée par mon analyse poussée sur sa personne et remis en cause son intelligence. Je l'ai attaquée sur son apparence physique, sur des sujets peut-être sensibles comme l'acné -et quand bien même le tout était enrobé d'une tentative de fraternisation, je comprends avec le recul le mal-être qui a pu en ressortir de son côté. Il est logique qu'elle me déteste, et qu'elle ait dit à Bristyle combien j'ai été odieux avec elle. J'ai eu tort de songer que je pouvais me racheter après tous ces mois -non, que j'étais légitime à ne serait-ce que lui adresser la parole. Et ça me rend triste, parce que je n'ai rien contre Livingtstone et je ne lui ai jamais souhaité du mal. Je ne veux pas blesser qui que ce soit d'ailleurs, même Bristyle et toutes ces méchancetés ne m'inspirent tantôt qu'empathie tantôt qu'indifférence.

« Compris. » Et c'est la seule réponse que je fournis à l'adolescente, avec comme une impression de déjà-vu. Je ne m'excuserai pas. Même si Livingstone me hait et que Bristyle partage son aversion envers moi, elle a été odieuse dans le choix de ses mots et son attitude. La seule personne envers qui je me sens désolée est la Serdaigle.

Le silence revient dans le compartiment. La tension quitte peu à peu mon corps et je parviens à me détendre légèrement. Drôle de voyage pour notre dernière rentrée scolaire. Je retourne à mon livre qui défait au fil des pages toutes mes pensées anxieuses et enfin, je commence à respirer un peu.

La porte du compartiment s'ouvre brusquement, laissant émerger une jolie tête curieuse cerclée de bouclettes blondes. Amelia Noestlinger est là, déjà vêtue de l'uniforme de Serpentard.

« Je t'ai cherché partout ! » se lamente-t-elle en tirant derrière elle sa lourde valise et la cage de Grimro. « Je me suis disputée avec mes copines, c'est trop nul, alors je m'installe avec toi. »

« Attends, Amelia... » interviens-je en jetant un regard paniqué en direction du dragon Poufsouffle.

Mais l'enfant est déjà en train de tirer laborieusement sur sa valise pour tenter de la passer au-dessus de sa tête et menace de la faire tomber. Je suis obligée d'intervenir pour qu'elle ne se blesse pas et l'aide à installer ses affaires. Elle s'affale ensuite avec un soupir de soulagement et un air ravi sur ma banquette.

« Coucou, moi c'est Amelia Noestlinger, je suis la petite-sœur adorée de Lest, haute magicienne de Serpentard, future grande sorcière de son temps. » s'exclame-t-elle avant de poser son regard noisette sur les deux compagnons de Bristyle. « Comment vous êtes grave beaux ! Trop beaux poils j'adore, et vous ces plumes ? » Elle s'extasie encore un peu, leur adressant tous les compliments qui lui passent par la tête puis à bout de souffle, elle finit par se taire et conclut les salutations en tendant une main amicale à la Poufsouffle.

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
Appelez-moi Ada ou Lest ! ♦

23 sept. 2022, 16:45
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Son « Compris » apaise légèrement mes tourments, mais si peu. Restent encore dans mon corps des débris de peine et de colère qui se mélangent pour former une troisième chose plus mauvaise, plus laide à laquelle je suis habituée depuis le début de l'été. Ce n'est pas de la rancœur, pas de la nostalgie. Peut-être est-ce simplement le goût du malheur et que chercher à lui donner un nom est inutile, cela n'apaisera en rien la douleur qui est la mienne. Ce n'est pas en nommant les choses que je trouverais le sommeil plus rapidement ou que je me lèverais le matin avec le sentiment unique de me sentir chanceuse de vivre ma propre vie. Je doute pouvoir sentir ça de nouveau un jour. Parfois, j'ai l'impression qu'elle a embarqué ma faculté à être heureuse avec elle lorsqu'elle est partie du château ; d'autres fois, je me dis que c'est Gaëlle Livingstone qui l'a gardée avec elle à Delnabo. D'autres fois encore je prends conscience que je n'avais jamais réellement songé à mon bonheur avant cela. Était-ce parce que je n'ai jamais été heureuse ou parce que je prends conscience seulement maintenant de ce que j'avais puisque je l'ai perdu ?

Avant, je ne me torturais pas de la sorte et la vie était plus facile.
La seule chose à retenir c'est que maintenant est douloureux et désagréable, je n'ai pas envie de vivre ce que je vis maintenant. Je n'aime pas cela. Conclusion : l'avant m'apportait plus de plaisir et cela m'a été arraché parce que j'ai fait l'erreur de me lier à d'autres âmes que la mienne.

Je repars à ma fausse lecture de mon livre, comme le fait Noestlinger de son côté. Je n'insiste pas parce que pour l'avoir côtoyé toutes ces années je sais que je n'ai pas besoin de répéter les choses dix fois pour qu'il comprenne et intègre ce que je lui dis. C'est là peut-être sa seule qualité.

Les mots qui défilent sous mes yeux sont comme une ancre qui me maintient dans la réalité, pourtant cela ne m'apaise en rien. Mes muscles sont toujours crispés et mes sourcils froncés. Je doute parvenir à les défroisser tant que je serais en si mauvaise compagnie. Je suis mal à l'aise dans ma peau, inconfortable dans mon corps. J'aimerais pouvoir gratter ma gêne pour m'en débarrasser mais je ne sais pas par où commencer. Alors je ferme mon livre et m'affale contre la vitre pour m'oublier dans le paysage après avoir échangé un mot avec Zikomo qui voulait me faire part de sa hâte de retrouver ses lieux de chasse favoris.

« Tu f'niras par bouffer tous les rongeurs d'Écosse, » marmonné-je en fournisant si peu d'effort pour l'articulation que je doute que le Mngwi ait compris quoi que ce soit à ce que j'ai baragouiné.

La fatigue me tombe dessus comme une chape de plomb. S'il m'arrive de sommeiller, je me redresse en sursaut de peur que Noestlinger profite de mon état de faiblesse pour me faire une crasse. Je suis dans cet état de semi-conscience quand la porte du compartiment s'ouvre brusquement. Le bruit explose dans mes oreilles et mon coeur manque bien trois battements. Je regarde avec des yeux hallucinés une gamine aux boucles aussi blondes que celles de son frère entrer dans notre petit espace. Elle déverse toute sa vie dans ses paroles, elle le fait de toutes ses forces, si bien que le calme n'est plus qu'un souvenir qui me manque déjà.

Je remue inconfortablement sur mon siège en regardant l'échange entre la petite fratrie, une moue mécontente sur les lèvres. Je n'ai pas besoin de réfléchir beaucoup pour comprendre que gamine est du même genre que Krissel Grewger : surexcitée et bavarde, sans doute trop fière et qui se croit être le centre du monde. Une gamine qui a la joie comme moteur, une si grande joie qu'elle me parait mensongère. Comment Noestlinger et sa sœur peuvent-ils être si différents ? me demandé-je avant de me rappeler que je ne ressemble moi-même à aucun de mes frères.

Ce que je craignais finit par arriver : elle s'adresse à moi malgré la tentative avortée de son frère pour l'en dissuader. Je vois bien que cela déplaît audit Lest qui ne sait plus où se mettre — c'est bien la seule chose réconfortante dans cette situation. J'échange un regard avec Zikomo et Nyakane qui, fiers de se voir complimenter, sont bien moins mécontents que moi par le flot de paroles qui s'échappe de la fille. Le Mngwi se pâme, les oreilles très droites sur le haut de son crâne, la fierté brillant dans son regard doré.

« Quelle flatteuse ! » se pavane-t-il.

S'il avait un torse, il l'aurait certainement bombé.

Nyakane se lustre les plumes. Quant à moi, je suis bloquée sur cette main qui se tend si impérieusement devant moi en me demandant sérieusement si elle pense que je vais la lui serrer. Elle ne doit pas avoir plus de treize ans et je vois bien qu'elle n'a pas encore été refroidie par le phénomène Bristyle. *Dommage*, songé-je. Je vais devoir assister en avant première à ses désillusions. Son frère cherchera-t-il à la protéger si j'écrase sa bonheur excité de mes piques désagréables ?

Cet événement très ancré dans la réalité a au moins l'utilité de me faire oublier pendant un instant que mon corps m'est désagréable et que mon esprit est tout crasseux. Je dédaigne la main que j'ai sous le nez et m'affale en arrière, dos et crâne contre la banquette dans une attitude avachie qui va décidément très bien avec la lassitude que je ressens.

« Pourquoi est-ce que je serrerais la main d'une enfant qui croit pouvoir me voler le statut de grande sorcière de son temps ? » lui demandé-je très sérieusement.

27 sept. 2022, 21:29
Un dernier train pour Poudlard  PV 
J'ai l'impression de vivre un cauchemar. L'enfant qui ne sait se taire et parle sans jamais s'essouffler, dans le même compartiment qu'une Bristyle qui se froisse à chaque mot n'allant pas dans son sens. Quoi que sa contrariété ne naît pas que des mots : elle serait capable de vouloir étrangler quelqu'un pour le simple inconfort que lui vaut sa respiration. Ni le sourire enjôleur d'Ame ni les réactions flattées des deux compagnons de la Poufsouffle ne parviennent à apaiser mon cœur anxieux. Je n'ai pas envie que l'adolescente déverse sa haine acide sur ma petite-sœur, elle est trop pure et insouciante pour subir une agression verbale totalement injustifiée. Cette main tendue, j'ai envie de moi-même la saisir pour la ramener à sa propriétaire. Garder ses affaires avec moi, et l'escorter ailleurs, tout sauf la laisser en cette mauvaise compagnie.

Inévitablement, Bristyle rejette l'invitation de ma cadette. C'était terriblement prévisible. L'enfant garde la main tendue une poignée de secondes supplémentaires, mais son sourire s'estompe peu à peu pour laisser place à une expression déconfite.

« Pourquoi t'es méchante ? » répond-elle avec le même sérieux que Bristyle, ses petits sourcils froncés avec une incompréhension totale.
« Elle n'aime pas les mains tendues. » commenté-je avec un soupçon d'ironie teintée de peine.

Je ne relâche pas ma vigilance mais suis pour l'instant un peu soulagé par la réaction de Bristyle, qui est totalement fidèle à elle-même mais pas excessivement mauvaise par rapport à ce que j'avais en tête. Quant à ma petite-sœur, Amelia semble prise au beau milieu d'une réflexion intense, enfoncée dans son siège avec une expression de contrariété figée. Je vois presque d'ici les engrenages de son cerveau qui s'activent, tandis qu'elle marmonne à voix basse quelques « méchante, des compagnons qui parlent, méchante... ? » parce qu'elle est bien incapable de contenir en elle toutes ses pensées qui débordent. Puis soudain, son regard s'illumine. Avec une vivacité enfantine, elle pose ses mains sur la table séparant les deux banquettes et se penche sur celle-ci, cherchant à accrocher le regard de la Poufsouffle.

« J'ai compris pourquoi t'étais comme ça ! C'est toi la célèbre Aelle Bristyle ! » On pourrait croire qu'elle se ferait plus discrète suite à cette révélation soudaine, mais que nenni. Elle a retrouvé tout son aplomb et paraît toute excitée de faire face au dragon. « C'est pour ça que tu dis que t'es la plus grande sorcière de ton temps, c'est qu'c'est vrai ! La vache, t'es super trop belle en plus, Blaze n'a pas menti. Il m'a grave parlé de toi, 'paraît que vous étiez super potes. Eh, Lest ! » Elle se tourne vers moi, et j'ai peur de la bêtise qu'elle pourrait ajouter. « Je ne savais pas que tu traînais avec des gens cools ! » Il y a une telle innocence dans ses propos que je ne pourrais presque pas lui en vouloir, même si elle semble expédier directement Sybil en dehors de la catégorie des personnes dites cools ce qui me contrarie un peu. « Non, on ne traîne pas ensemble. C'est juste un mauvais hasard. »

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02 oct. 2022, 11:46
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Comme je m’y attendais, la jeune fille trouve place assise, emmenant avec elle sa mine déconfite et ses sourcils froncés ; je l’observe tandis qu’elle marmonne dans sa barbe des morceaux de phrases que je ne saisis pas. C’est dommage, j’aurais bien aimé avoir une réponse à ma question, moi. Mais si elle s’est contentée d’un « pourquoi t’es méchante ? » au lieu de me fournir une explication précise et détaillée, c’est seulement parce que ses mots sont du vent et qu’elle ne se croit pas bonne sorcière — elle bluffe pour qu’on la regarde, certainement. Encore une enfant en manque d’attention. Et connaissant son frère, à qui j’adresse un regard froid, ce n’est pas lui qui la lui donnera, cette attention.

Je suis loin d’être apaisée et décrispée, mais je ne sursaute pas quand la gamine se dresse comme un ressort, ni quand elle plaque ses mains sur la table qui nous sépare. Elle se penche, se penche et si je me penchais aussi, je pourrais aisément lui mettre un coup de tête. Je n’en fais rien, j’attends, j’observe, je plonge dans ses deux billes étonnamment brillantes et lui trouve bien trois traits qu’elle a en commun avec son frère. Cela me dérange et je pince les lèvres, d’autant plus que la proximité de l’enfant me déplaît. Je me fais la promesse que si elle s’approche davantage, je la repousserai brutalement.

Puis les révélations tombent et je sais que je ne la repousserai pas. La bouche légèrement entrouverte, je ne fais rien d’autre qu’écouter son flot de paroles se déverser dans le compartiment avec la force d’une cascade. Elle connaît Aelle Bristyle ? Elle pense réellement que je suis la plus grande sorcière de mon temps ? À ces mots, je me redresse un peu, le visage toujours aussi froid mais le coeur dégelé par une étrange chaleur qui me rappelle que oui, cet organe est encore en fonctionnement. *Trop belle* ? Cette fois-ci, je détourne vaguement le regard vers Noestlinger avant de revenir à elle, les joues un peu plus rouges que précédemment à mon plus grand malaise. Rares sont les personnages m’ayant qualifié de belle et moi-même ne me suis jamais réellement demandé si je l’étais même si j’ai plus ou moins conscience de ne pas être trop désagréable à regarder — mais au fond qu’est-ce que je connais des critères de beauté des sorcières et sorciers des années 40 ?

Blaze.
Elle m’achève avec un mot, un seul. Blaze Rosenberg. Je me racle la gorge et me redresse totalement jusqu’à être très droite contre mon dossier. Très droite comme pour résister à l’afflux des émotions. Cela fait très longtemps que je n’ai pas discuté avec Rosenberg mais je me rappelle encore de sa joie débordante pour la vie et le monde en général et aussi de ce petit côté sale et enfantin qui le caractérisait et qui n’est pas sans me rappeler celui de Kernac’h. Mon regard trouve encore celui de Noestlinger et me revient à l’esprit la vieille conversation que l’on avait eu à propos du petit Serdaigle, conversation dans laquelle il m’avait fait comprendre qu’il ne le portait pas dans son coeur. Sa sœur, elle, semble avoir de meilleurs rapports avec lui — elle doit sans doute être dans la même maison qu’eux.

Belle, cool, plus grande sorcière de ton temps, célèbre… Ces mots suffisent à me faire oublier que j’étais en colère, même si je n’oublie pas que l’existence même de Coelestin Noestlinger me débecte, parce qu’ils me font un bien fou — et plutôt crever que de l’avouer à qui que ce soit. Ils sont suffisants pour que je n’accorde plus qu’une maigre attention aux quelques interventions du Serdaigle qui ne l’ouvre que pour déverser sa mauvaise humeur.

« T’as de la chance qu’au milieu de toutes les conneries que peut raconter Rosenberg, il ait dit deux trois vérités, » rétorqué-je d’une voix tout à fait calme mais agrémentée d’une nouvelle particularité : un petit sourire en coin qui n’avait pas vu la surface depuis un très, très long moment.

C’est un menteur, avait dit Noestlinger de Rosenberg lorsque nous nous étions parlé à la bibliothèque il y a de cela une éternité. Nul doute qu’il dirait la même chose de lui aujourd’hui, surtout s’il devait commenter les propos de sa sœur me concernant.

« Il t’a vraiment beaucoup parlé de moi, on dirait, pour que tu sois capable de me reconnaître après une minute en ma compagnie. »

C’est flatteur, c’est vrai. Je n’en ai même plus honte, je crois. Je sais que de nombreuses rumeurs circulent sur mon comptes et sur Zikomo et Nyakane, ce qui revient au même. Depuis ma première année, ces bruits de couloir circulent. D’abord enfantins (« Elle si désagréable ! »), ils sont devenues moins agréables après ma deuxième année et l’épisode Chu-Jung (« Traîtresse, Honte de Poudlard ! C’est une idiote frustrée ») pour retrouver un ton un peu moins dur au fil des années, lorsque mes déboires passés ont été quelque peu oubliés au profit de mes quelques réussites : mon niveau excellent en cours et en magie, et la compagnie des deux Messagers des rêves, entre autre. Il y a toujours d’autres rumeurs qui courent, celles qui parlent de ma méchanceté, de ma violence… Que de vérités, pour la plupart, qui ont pour but de me préserver de la connerie de ceux qui y croient. C’est rassurant et flatteur de savoir qu’il existe quelques jeunes âmes pour être sensibles aux on-dit et pour y croire avec une telle force qu’elles m’admirent forcément. Blaze, euh, Rosenberg aussi m’admirait beaucoup. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que je ne le détestais pas.

Une pique acide me vient comme mes yeux traversent le compartiment pour se poser sur le garçon qui, un instant plus tôt, me donnait envie de lui exploser le crâne contre la vitre.

« C’est une chance que le mauvais hasard soit assez futé pour te faire traîner, qu’tu le veuilles ou non, avec des gens cool, hein Noestlinger ? »

Et je lui adresse le plus simplement du monde un sourire moqueur qu’il ne pourra pas manquer tant celui-ci manque de subtilité.

04 oct. 2022, 21:31
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Je me tiens prête pour la contre-attaque. Les arguments commencent déjà à fuser dans mon cerveau, je trie chaque remarque pertinente qui me vient à l'esprit, dressant toute une liste de répliques potentielles et toutes plus incisives les unes que les autres au cas où je devrais défendre Ame par les mots. La gamine ne se doute de rien, elle se noie tant dans son bonheur que dans le regard de Bristyle. Peut-être aperçoit-elle son reflet dans ces deux billes sombres et se flatte d'être vue par une élève de septième année -je ne le sais, ses pensées ont toujours été un mystère pour moi. Elle est tellement spontanée que je ne serais pas étonné qu'elle le soit aussi pour elle-même.

Pardon ?

Si je ne suis pas bien douée pour interpréter la communication non-verbale, je constate bien que le corps de Bristyle renvoie des signaux tout autres par rapport à quelques minutes plus tôt. Est-ce un sourire que j'aperçois et qui tire ses lèvres dans un drôle de rictus que je ne lui connais pas ? Diantre... l'évidence me frappe : la conversation ne déplaît pas à Bristyle. Du moins, c'est l'impression que j'en ai. Alors que je me fais des nœuds au cerveau à essayer de comprendre ce qui rend possible pareil phénomène, je me souviens de la drôle d'affection que Blaze prétendait recevoir de la part de la Poufsouffle. Le lien se fait avec Elowen Livingstone et toute la candeur et l'innocence qu'elle dégage. Naît alors dans mon esprit perturbé une étrange théorie : Aelle Bristyle aime les gosses. Du moins, les gens insouciants peut-être. Ou vais-je trop loin dans mes pensées farfelues, et simplement la compagnie de n'importe quel être humain sur Terre est préférable à la mienne, d'où l'agressivité qui semble légèrement dissipée ?

Pris au milieu de ces intenses réflexions, je ne suis pas assez rapide pour dégainer mes mots acerbes. La spontanéité d'Amelia m'a devancé.

« Oh ben oui on se dit tout, c'est pas mon cousin préféré pour rien ! Et d'ailleurs c'est vrai que vous vous êtes aussi fait un bisou sur la bouche ou ça c'est une connerie comme tu dis ? » Son regard noisette se pose sur moi, et sa bouche vient former un « o » embarrassé. « une bêtise ! » se corrige-t-elle aussitôt avant de me sourire.

Non, il n'y a définitivement rien qui va là-dedans. Déjà, d'où sort-elle une information aussi perturbante ? J'ai envie de vomir rien qu'en imaginant les lèvres gercées de cette crapule de Blaze sur celles un peu trop roses de Bristyle. Et puis mince au milieu de tout ça, moi je rate mon opportunité de rebondir sur la pique inutilement mauvaise de la Poufsouffle. Vite, un trait d'esprit Lest, trouve quelque chose d'intelligent pour retourner cette situation à ton avantage !

Mais rien ne me vient, hormis un « Ew... » de pur dégoût que je ne peux cacher, parce qu'il m'était simplement impossible d'anticiper une situation aussi absurde.

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
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10 oct. 2022, 10:36
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Ledit Lest ne répond pas à ma pique, malheureusement, et cela me frustre : j’avais envie de voir son visage se tordre de colère. J’en ai très envie depuis quelques temps, depuis qu’il est entré dans mon compartiment à vrai dire. Mais il ne réagit pas et en même temps je le comprends. Sa sœur prend tellement de place avec sa joie toute enfantine qu’elle ne le laisse pas s’exprimer — cela peut expliquer son calme et son côté taiseux, tiens : avec une sœur pareille, il doit être habitué à se taire. Il ne l'ouvre donc pas et moi non plus puisqu’elle la petite fille — comment s’appelle-t-elle, déjà ? — parle et que ce qu’elle dit m’assomme tellement que j’en reste sans voix, choquée, totalement éberluée. L’horreur prend forme sur mon visage quelques secondes à peine après que la grimace écœurée ne froisse celui de mon camarade Serdaigle et c’est à ce moment précis, quand je vois le dégoût sur ses traits, que les mots de sa petite sœur parviennent réellement à franchir la brume qui recouvre mon esprit pour atteindre ma conscience.

L’étonnement, d’abord : quoi, son cousin, sérieusement ? Très vite balayée par le choc des informations qui viennent à la suite : un bisou ? Un bis… Je ne peux même pas y penser mais c’est plus fort que moi, mon esprit est trop vif. Il invoque Blaze Rosenberg et le visage de ce dernier se dessine dans ma tête. Sa tête enfantine, ses yeux qui brillent, ses lèvres trop mouillées, de la terre dans les cheveux, de la boue sur le visage, ses joues rondes, sa voix qui est plus criarde que dans mes souvenirs. Mon esprit est incapable de s’arrêter, entraîné par ma curiosité malsaine, et il invoque également une fausse Aelle, toute proche du faux Rosenberg. Les deux créations de mon esprit malade se penchent l’une vers l’autre et sans même que je ne puisse faire quoi que ce soit elles s'échangent non pas un simple bisou mais l’un de ces vrais baisers que j’ai pu avoir avec Elowen — exactement le même !

La réaction est immédiate :

« Ah ! » m’exclamé-je en secouant la tête, totalement dégoûtée.

Ma réaction naturelle (depuis quand n’ai-je pas agit avec une si grande désinvolture en compagnie d’inconnus ?) fait réagir Zikomo qui se redresse sur le fauteuil, désormais bien réveillé, et qui, je le vois à l’angle que prennent ses oreilles, se retient tant bien que mal de rire. Je lui lance un regard plus que noir. Mais j’ai trop conscience de mes joues rouges et de ma gêne qui me tétanise et lui aussi en a conscience, c’est pour ça qu’un grand rire s’échappe de sa gueule. Le genre qui n’arrive que très rarement. Et je dois bien avouer que son rire a quelque chose de réconfortant.

C'est étrange de voir un Mngwi qui ressemble à un tout petit renard avoir un fou-rire. La gueule levée vers le ciel comme s’il était un loup, il rit à gorge déployée. C’est bref puisqu’il se contrôle aussitôt, non sans échanger avec moi et Nyakane un regard moqueur. L’oiseau serpentaire ne dit rien mais je vois bien que ses yeux sont un peu plus brillant et qu’il se retient de me lancer une vanne brutale comme il a l’habitude de le faire.

« Rigole encore et je te lance un sortilège, Zik ! aboyé-je au Mngwi amusé.
Blaze Rosenberg ! s’exclame ce dernier en secouant le museau. C’est un sacré garnement, celui-ci ! Peut-être que…
Peut-être que rien, l’interromps-je. J’vais l’tuer… »

Je me renfonce contre le dossier, mécontente de la tournure que prend la discussion et surtout agacée que le petit Serdaigle se permette de raconter des conneries aussi grosses que lui. Mon regard revient se déposer sur la fille — sa cousine ! — tout en prenant soin d’éviter son frère.

« C’est lui qui t’a dit ça ? Quand ? Il le crie réellement sur tous les toits ?! »

Le rire de Zikomo me déconcentre de nouveau. Je me tourne vers lui. Pourquoi tu te marres, toi ? disent mes yeux. Et les siens me font prendre conscience que mes mots peuvent être compromettants.

« Oh non, non, je veux dire… C’est pas ça du tout ! Y’a jamais eu de... De bisou, ok ? C’est clair ? » À mon tour de me pencher par dessus la table pour que la jeune fille comprenne que je suis sérieuse. « Jamais j’embrasserai ce gars-là... ! »

Oh, Merlin. Qu’est-ce qu’il a bien pu raconter d’autre ?

« ... votre cousin ? »

Mon regard va de Noestlinger à sa sœur puis de sa sœur à lui.

« Ce gamin est un idiot fini, je vais aller lui faire regretter de dire des conneries, » marmonné-je pour moi-même. Puis, à destination de la fille : « Des conneries, oui. Ce sont des conneries ! »

11 oct. 2022, 17:26
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Je m'attendais à ce que la Poufsouffle démente aussitôt, voire menace en réponse ma sœur évoquant d'éventuelles représailles si la rumeur se propageait -oui j'étais prêt malgré tout mon étonnement pour ce revirement de situation et le dégoût qui chatouille et me distrait, prêt à rétorquer et protéger Amelia si le besoin s'en faisait ressentir.

Mais depuis quand la cadette Noestlinger a-t-elle besoin d'une quelconque protection ? Depuis toujours, c'est elle qui a veillé sur moi. Elle est celle qui prend les devants, expérimente toujours la première et protège. Elle est celle qui vient m'aider à me relever de chaque échec et m'encourage quand j'en ai besoin. Elle est solaire et terriblement optimiste et indépendante, là où je tends à me morfondre dans ma solitude et chercher malgré moi la validation des autres. Ce n'est pas elle qui a besoin de protection, c'est moi et depuis son arrivée dans ce compartiment partagé avec Bristyle, l'ambiance est un peu moins pesante, le regard de la Poufsouffle moins assassin. Amelia par la simple magie de sa présence détend l'atmosphère, et ce malgré toutes les absurdités qu'elle peut débiter.

Le rire du Mngwi est une pause bienvenue dans ce silence qui a suivi les mots de l'enfant Serpentard. Le son est doux et réconfortant et me fait réaliser que je n'ai pas proprement porté attention aux deux compagnons de Bristyle mais maintenant que je les vois, je comprends le charme qu'Amelia leur trouve. Je n'ai jamais connu la Poufsouffle aussi bavarde, aussi détendue malgré tout l'agacement que je perçois. Elle paraît en colère -évidemment elle ne sait vivre autrement, mais d'une façon plus douce et naturelle si bien que je me détends un peu malgré moi et laisse aussi échapper un petit rire sans aucune moquerie, juste et simplement sincèrement amusée par cette situation.

« Tu te justifies beaucoup pour de prétendues bêtises, Bristyle. » remarqué-je avec un petit sourire contrastant avec le visage sérieux et fermé que j'affiche habituellement. « Mais ne t'en fais pas, il y a pire qu'un baiser avec Blaze Rosenberg. Tu aurais pu embrasser un troll des montagnes ! »

Amelia qui jusque-là imitait bruyamment des bruits de baisers, lâchant des smouack diaboliquement exagérés mais heureusement lancés dans le vent, s'interrompt. Ses yeux noisettes se plantent dans les miens.

« C'est méchant ça quand même, pour Blaze et la jolie Aelle ! Dis pardon. »
Elle a son regard autoritaire et je sens qu'aucun de mes arguments ne pourrait la convaincre, alors je cède -comme toujours même si je ne la comprends pas.
« Pardon, Bristyle. »
Désormais satisfaite, Amelia pose son regard brillant sur la Poufsouffle.
« Toi aussi Aelle, tu dois dire pardon. Blaze n'est pas un idiot fini, il est juste incompris. Et puisque vous semblez tous les deux bouder l'autre, faites la paix pendant que vous y êtes ! Je vous jure quand je suis arrivée , on aurait dit que vous vous apprêtiez à lancer la troisième guerre sorcière ici. »
Quid des autres questions de Bristyle ? Apparemment, elles attendront. Connaissant Amelia, sa langue se déliera peut-être si la Poufsouffle se montre coopérative.

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14 oct. 2022, 16:05
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Évidemment lorsque Noestlinger retrouve la parole, c'est pour se moquer de moi — et que vois-je sur ses lèvres ? Merlin, un sourire ? Je ne savais même pas que ce garçon était capable d'une grimace pareille. Cela lui donnerait presque l'air gentil. Mais moi je sais qu'il ne l'est pas réellement, qu'il cache derrière son joli visage un sale caractère et une sincérité qu'il devrait apprendre à museler. Je lui lance un regard noir, sincèrement outrée par sa blague qui ne me parait être que pure moquerie ; c'est une étincelle qui ravive le feu de ma colère qui faisait semblant de s'être apaisée jusque-là. Mais elle est encore bien présente et prête à exploser au visage du garçon à la moindre erreur. En cela, Noestlinger n'est certainement pas aidé par sa sœur dont les mimes grossiers commencent à me taper sur le système. Je reconnais chez elle l'innocence de l'enfance et pour cela j'aurais été prête à l'excuser de dépasser les limites si seulement elle s'était contenté d'un seul faux baiser en lieu d'en enchaîner plusieurs à la suite. Je me redresse, le visage tout froissé d'agacement, prête à leur faire vertement la leçon — entendre par là que j'allais allègrement leur dire d'aller se faire voir ailleurs si j'y étais. Mais la petite fille prend les devants.

Je me retrouve à assister à un bien étrange spectacle qui contribue à m'apaiser légèrement. Je me renfonce dans mon siège, amusé par l'autorité que semble détenir la petite blonde sur son frère pourtant âgé de plusieurs années de plus qu'elle. D'un mot (plusieurs, en fait, dont un était "jolie" et m'était destiné), elle le fait taire. Je ravale mon sourire amusé et mes sourcils se dressent sur mon front lorsque Noestlinger se tourne vers moi et me présente ses excuses comme s'il avait fait ça toute ça vie. Cela m'étonne : comment peut-il s'excuser aussi facilement alors qu'il ne peut pas me supporter ? Qu'importe, je profite outrageusement de la situation jusqu'à ce que sa sœur s'adresse à moi.

Elle enchaîne bêtise sur bêtise, la plus grosse étant de dire que Blaze est un incompris, talonnée de près par sa proposition (son ordre) de faire la paix avec le Serdaigle. C'est sûrement une très grosse blague. Ou peut-être pas. Dans tous les cas, elle me fait rire alors je ricane en secouant la tête de droite à gauche.

« M'excuser ? répliqué-je. Je crois pas, non. J'ai rien dit de faux ou de méchant, juste la vérité : Rosenberg est un idiot pour avoir menti, c'est tout. Puis il est pas incompris, il est juste lui-même ; ça pose peut-être problème à des gens mais pas à moi. »

C'est la vérité. J'ai beau trouver le gamin agaçant, trop bavard, insupportablement innocent et excité, cela ne change pas que j'ai pu apprécier certains moments que nous avons passé ensemble par le passé. Ce n'est certes pas avec lui que j'aurais de grandes et longues conversations passionnantes, c'est certain, mais disons qu'à ses heures perdues il est rafraîchissant. Mais guère longtemps. Une demi-heure, pas plus. Après, il devient insupportable.

« La troisième guerre sorcière contemporaine pourrait tout à fait avoir lieu ici ouais, ça a failli être le cas avant qu't'arrives mais il semblerait que t'ait un effet bénéfique sur ton frère... »

J'offre audit frère un sourire aussi carnassier que moqueur.

« T'as aussi cet effet-là sur ton cousin ? Parce que ce serait bien que tu passes un peu de temps avec lui histoire qu'il arrête de répandre des rumeurs immatures. »

Je pourrais aller le voir moi-même pour le lui dire, cela dit, mais je sais comment tout cela se terminera : je lui ordonnerai de cesser ses inepties et il partira dans un long et ennuyeux discours excité dans lequel il me racontera toute sa vie tout en se trouvant une excuse mémorable pour excuser le fait qu'il ait dit à tout le monde des choses qui ne sont réelles que dans sa tête. L'idée même qu'il puisse le vouloir secrètement est suffisamment choquant pour stopper mon imagination : aimerait-il réellement ce genre de relation avec moi ? Merlin, mais il n'a que... Quel âge a-t-il ? Pour moi, il n'a jamais grandit et je l'imagine toujours comme un gamin sans âge. Je préfère continuer de croire qu'il invente ces rumeurs seulement pour se faire mousser et non pas parce que c'est un souhait intérieur, cela vaut mieux.

17 oct. 2022, 14:50
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Alors que je suis déjà en pleine incompréhension de la raison qui m'a poussé à dresser des excuses à Bristyle, Amelia enchaîne avec une requête surprenante. Faire la paix, comment, pourquoi ? Même si le comment prime sur le pourquoi tant l'acte semble impossible -d'ailleurs, je n'en ai même pas envie. Je ne déteste pas Aelle Bristyle, mais je ne la porte pas non plus dans mon cœur et n'ai strictement aucune intention de me montrer amical avec elle. Je n'ai guère l'impression que nous ressemblons à deux amis fâchés. Sans égard pour la requête d'une paix qui n'a jamais été possible entre elle et moi, Bristyle repousse sèchement la question des potentielles excuses. Le reste de ses mots me laisse perplexe -non pas pour l'affection évidente pour Rosenberg qui transparaît dans sa voix, mais parce que pour la première fois depuis longtemps j'ai l'impression de ne pas être en total désaccord avec tout ce qu'elle dit. Comme si un terrain d'entente pouvait être possible entre nous. Seul me fait tiquer le commentaire sur le bénéfice de la présence de ma sœur auprès de moi : si c'est effectivement vrai et que je tends même à être bien plus sociable et ouvert aux autres depuis sa première année, à l'instant présent je constate surtout une Aelle Bristyle un tantinet moins effrayante qu'à l'accoutumée même si en soit, l'apaisement de cette colère et les sourires moqueurs lui donnent un air profondément sournois et inquiétant.

Amelia aussi semble perplexe. Elle réfléchit encore un instant avant de répondre, un peu moins sûre d'elle :

« Tu as raison. Si c'est un mensonge et que vous ne vous êtes jamais fait de bisou sur la bouche, alors Blaze est idiot de me l'avoir fait croire, parce que les mensonges c'est pas joli et ça sert à rien. »

A-t-on réellement une conversation sur les amourettes de Bristyle quelques minutes seulement après nos échanges tendus ? Oui. Est-ce drôle ? Un peu. La compagnie de la Poufsouffle me semble un tantinet moins désagréable que d'ordinaire, même si encore une fois je me passerais bien de sa présence.

« Il ne l'a dit à personne, si ça peut te rassurer ! Enfin je crois. » Elle semble soudainement en proie à un vilain doute. « Si je suis au courant, alors... » Elle compte minutieusement sur ses doigts, le visage froissé par une réflexion intense. « Ça veut dire qu'au total, moins de cinq personnes ont l'information ! » À la bonne heure. Il ne faudrait tout de même pas salir la belle réputation de blanche colombe de la célèbre Aelle Bristyle avec la rumeur d'un baiser. La situation pourrait me faire rire si j'avais un peu moins peur du dragon Poufsouffle : je vois bien les regards qu'elle me jette quand je me montre un peu taquin -si cette taquinerie vire à la moquerie aussi innocente soit-elle, je ne donne pas cher de ma peau.

« Maintenant que tu sais que c'est un mensonge, Amelia, » interviens-je avec douceur, « tu feras attention à ne pas le répéter à nouveau, surtout que Bristyle a déjà une petite-amie. » Et aussi désagréable que soit la Poufsouffle, il serait dommage qu'un Noestlinger vienne malencontreusement empiéter sur leur relation, n'est-ce pas ?

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
Appelez-moi Ada ou Lest ! ♦

26 oct. 2022, 07:23
Un dernier train pour Poudlard  PV 
Je hoche la tête en direction de la gamine, la mine un peu moqueuse. Oui, oui, c'est ça, tu as compris, ton cousin est un idiot. Je suis rassurée qu'elle en arrive à la même conclusion que moi et de ne pas avoir besoin de lui expliquer par A plus B que Rosenberg raconte des bêtises aussi grosses que lui. Elle m'amuse, cette sœur Noestlinger, à dire que les mensonges ce n'est pas jolis. On croirait qu'elle raconte une leçon apprise par coeur, ce qui est certainement le cas. À son âge, ce n'est pas rare que l'on érige les paroles de ses parents en grands principes. Je l'ai sans doute fait également mais en étant plus jeune, avant d'arriver à Poudlard. J'étais persuadée que papa avant raison quand il disait : « il faut dire la vérité ! » et je le répétais à qui voulait bien l'entendre, c'est à dire peu de monde puisque déjà à cette époque j'avais compris que les Autres n'avaient guère d'intérêt. Aujourd'hui, papa ne m'a pas sorti ses grands principes, il a bafouillé et s'est éloigné sans me serrer dans ses bras alors qu'il le fait toujours quand je pars pour Poudlard, même quand je grimace et cherche à lui échapper.

Je me secoue et parviens à m'extirper de mes souvenirs vivaces en observant la jeune sœur de Noestlinger compter sur ses doigts, ce qui me fait soupirer, et lorsqu'elle annonce enfin le chiffre des personnes au courant... Non, pas au courant, des personnes connaissant le mensonge de Rosenberg, je m'exclame : « Quoi ! ». Cinq, c'est énorme ! Moi-aussi je me mets à compter mentalement : un pour la sœur, deux pour le frère et après, qui sont les trois autres ? Vais-je devoir les traquer ou puis-je faire confiance aux Noestlinger pour rétablir la vérité ? Faire confiance au Serdaigle ? Mon regard glisse sur lui et mon nez se fronce. Jamais. Mais il y a quelque chose à faire avec la sœur, c'est certain.

L'intervention de Noestlinger, une fois n'est pas coutume, m'achève. Je ravale la phrase que j'allais dire à sa sœur et me rencogne dans mon fauteuil, complètement déstabilisée par le mot qu'il a employé pour parler d'Elowen. Il a dit petite-amie. Le mot efface toutes mes pensées et surtout, m'arrache tout mon souffle. J'ai l'impression de tomber dans un gouffre très profond dans lequel n'existe aucun fond. Je suis en train de tomber, tomber et dans ma chute je percute tous mes souvenirs, les anciens et surtout les plus récents, que je partage avec Elowen. Je me revois chez elle, en pleine conversation explosive avec sa mère, et dans ma tête tourne en boucle cette pensée : *c'est plus ma petite-amie c'est plus ma petite-amie c'est plus ma petite-amie*. C'est vrai qu'elle ne l'est plus et ça me fait un mal de dragon, comme si une bête féroce était en train de me lacérer le coeur.

Je sens le regard de Zikomo sur moi. Le petit être bleu est assis sur la banquette, les oreilles bien droite et la queue rangée autour de ses pattes. Il observe toute la scène de son regard intelligent et je sais qu'il comprend bien plus de chose que les trois humains réunit ici. Je glisse un regard en direction de Nyakane mais l'oiseau s'est enroulé sur lui-même. Je le connais suffisamment pour savoir qu'il ne dort pas : c'est une façon de dire que ce qu'il se passe ici ne le concerne pas et qu'il ne compte pas intervenir.

Je soupire indistinctement en ramenant mes yeux sur les deux autres qui doivent attendre une réponse et se dire, en voyant les secondes s'enfuir, qu'il se trame quelque chose de pas net. Ce qui n'est pas net, c'est Coelestin Noestlinger et sa fichue tendance à parler de ce qui ne le concerne pas. Je repousse la bête qui me déchire le coeur, je la repousse très très loin en m'aidant de la phrase que je prononce d'une voix claire qui ne tremble pas :

« Ouais, j'ai une petite-amie. »

Je me répète cette phrase en boucle dans l'espoir d'arriver à y croire. Cela ne marche évidemment pas mais le mensonge apaise légèrement ma douleur. Je me demande ce que dirait la gamine si elle savait qu'un mensonge pas joli et qui sert à rien venait de sortir de ma bouche.

« Alors ce serait bien que ces conneries arrêtent d'être répandue. D'ailleurs..., commencé-je en me tournant vers l'enfant, tu vas aller voir les personnes auxquelles a déjà parlé Rosenberg pour rétablir la vérité, hein ? Ce serait dommage qu'un mensonge circule. »

Oh oui, ce serait dommage qu'un mensonge circule.
Le regard de Zikomo me perfore. Je tourne la tête vers lui, l'air de dire : quoi, il y a un problème ? Le Messager secoue les oreilles. Non, aucun problème. Il me laisse gérer mes conneries toute seule et je lui en suis très reconnaissante.