L'adolescente était essoufflé. Ça devait faire quoi, une heure qu'elle parcourrait le château à la recherche des autres élèves dans son cours de sortilège. Tout ça avait commencé le matin alors qu'elle souhaitait se mettre au devoir qu'elle avait reçu le lundi après-midi. Après la bataille de coussins, la brunette s'était dépêché de quitter les lieux pour aller manger avec sa meilleure amie et n'avait pas particulièrement fait attention à ce qu'elle prenait, ou laissait. Et donc, elle n'avait pas remarqué l'absence de son manuel dans son sac. Elle devait l'avoir laissé à côté et sans plus y penser, la serdaigle l'avait laisser dans le cours. Sauf que lorsqu'elle y était retourné le matin même, il n'y était pas. Certaine de ne pas l'avoir avec elle, l'irlandaise avait donc demandé si certaines personnes de sa promo ne l'aurait pas vu, mais rien. Aucun signe du cahier dans la tour des aigles.

Il n'y avait donc plus quarante mille probabilités, quelqu'un devait être parti avec son ouvrage. Restait plus qu'à trouver qui. Et comme l'heure du midi allait bientôt sonner, la quatrième année se doutait que la plupart des étudiants se trouveraient dans la grande salle. Cherchant des visages familiers du regard, elle tomba sur une chevelure blonde. *Noooon* Elle n'avait pas envie d'aller lui parler, mais il ne lui restait plus énormément de possibilité. Ayant déjà posé la question à plusieurs personnes du cours cette dernière heure, Nolan avait des grandes chances d'avoir son manuel. Soupirant, l'adolescente avança entre les grandes tables pour se rendre là où le gryffondor était installé.

-T'aurais vu mon manuel de sortilège, j'le trouve plus depuis lundi. Plus vite elle posait la question, rapidement elle serait débarrassé du garçon.

Je jette mon sac à dos d'un geste désinvolte à côté de moi, alors que je me saisis d'une assiette à ma portée. Au menu : tarte à la citrouille et viande dont je ne connais pas l'appellation. Je m'estime assez satisfait. Enfin, depuis quelques jours les réflexions de la prof de Sortilège me taraudent, et je ne sais pas quoi faire. Je ne pensais pas qu'il fallait être doué pour continuer les sortilèges après les buses, moi ! Et puis vu comment je me suis fait bien enguirlandé par mes parents suite à mon bulletin de notes... Je n'ose imaginer leur réaction s'ils étaient au courant.

Songeur, je m'empare alors d'une cuillère... Pour stopper mon geste. Je préfère attendre Renn un peu, ça sera toujours plus sympa de discuter avec elle. Enfin bref, j'avais pas prévu de rater autant les sortilèges moi. Dire que j'ai obtenu un meilleur résultat en botanique... ! C'est insensé, je déteste ce vieux, ainsi que tout ce qui touche à sa matière !

– T'aurais vu mon manuel de sortilège, j'le trouve plus depuis lundi.

Je manque de sursauter. Non mais ça va pas derrière le crâne ?! Il lui manque deux neurones en trop, ou qu'est-ce qui lui prend ? Enfin, il ne peut pas lui manquer deux neurones en trop parce que s'ils lui manquent ils ne peuvent justement pas être en trop... Mais bref. Depuis quand on aborde les gens de cette manière ?

Derrière cette voix, je ne peux néanmoins que reconnaître une camarade que j'apprécie spécialement. Tout spécialement. Autant l'ignorer, non ?

*Pfff* Il n'allait quand même pas l'ignorer, non ? Elle n'avait autant pas envie de lui parler que lui, alors pourquoi rendre ça encore plus déplaisant que ce ne l'était déjà. Soupirant derrière le garçon, elle roula des yeux avant de croiser les bras sur sa poitrine.

-Dewey, c'est à toi que j'parle là, ajouta-t-elle simplement. Il n'avait qu'à vérifier que c'était bien son manuel qu'il avait récupéré à la fin du cours et non le siens. Après tout, ils les avaient tous déposé à peu près au même endroit lors du cours de Miss Priddy, c'était très probable que quelqu'un soit parti avec. *Allez Nolan, fait juste me répondre et tu m'verras plus, promis* Elle tapota du pied au sol, impatiente d'en finir avec le garçon de sa promotion. Il pouvait être tellement insupportable parfois. Impatiente d'en finir, elle décida de s'installer à côté de Nolan sur le banc des gryffondor.

-J'ai pas envie d'être là non plus, tu peux m'croire. Mais j'veux mon manuel, alors fait juste me répondre et on en aura fini. Et c'était vrai. Plus vite il répondait, plus vite ils seraient tout deux heureux. Il devait seulement coopérer et répondre à sa question. Cette pensée lui rappela la première fois qu'ils s'étaient réellement parler. C'était le blond qui avait commencé à lui poser une tonne de question, mais cette fois, c'était à son tour de mener l'interrogatoire, et elle ne partirait pas sans une réponse.

Je jette un regard en coin à ma camarade. Parce qu'elle pense sincèrement qu'en me parlant de la sorte, elle obtiendra quelque chose ? Déjà, elle ose m'appeler par mon nom de famille, ce qui me met évidemment dans de mauvaises dispositions. Que les professeurs le fassent, je peux le concevoir — et encore... — mais elle, une simple élève ? Laissez-moi rire ! De plus, la voilà qui me prend pour un demeuré, tout simplement parce que j’ai fait le choix de ne pas lui parler. Non mais je rêve… Et après, c’est moi qui devrais me remettre en question.

Et puis la voilà qui tapote du pied et s’assoit à mes côtés. Par Merlin, elle parvient à devenir encore plus agaçante que Jeremy ! Et ce n’est pas une affirmation légère !

« J'ai pas envie d'être là non plus, tu peux m'croire. »

Je me retiens de justesse de lever les yeux au ciel. Et bien, si tu tiens tant que ça à ne pas me parler, ne le fais pas. Serait-ce trop demander ? Je soupire.

Oups. Je suis censé ne pas réagir à sa présence. Encore, jusqu’à présent elle pouvait me croire atteint d’une surdité passagère… Mais maintenant, ça commence à devenir délicat. Néanmoins, je ne vais tout de même pas m’abaisser à lui parler, alors qu’elle me traite comme son animal de compagnie ?! Et encore, je suis certain que même son chat reçoit plus d’estime de sa part que moi ! Enfin bref, me voilà à tenter de trouver une sortie à cette impasse, lorsqu’une idée me vient en tête, et un sourire malicieux prend place sur mon visage. Elle tient tant que ça à ce que je lui parle ? Soit.

– Tu disais ?