Inscription
Connexion

09 sept. 2022, 10:10
Professeur Bristyle  privé 
La réponse d'Aelle fait hausser les sourcils et pincer les lèvres de la Serdaigle. Elle ne demande que ça, écouter, encore faudrait-il avoir quelque chose à écouter ! Un refus n'est pas une option, elle a trop à gagner - ou peut-être trop à perdre, elle ne sait pas trop - pour s'en aller sans résister. Ignorer une intention si clairement affichée n'est pas naturel pour la première année mais, peut-être pour la première fois de sa vie, qu'on l'apprécie n'entre pas en ligne de compte.

En attendant, la Poufsouffle est accoudée à la table, penchée en avant. C'est la première fois depuis le début de la conversation qu'elle fait un mouvement vers Elizabeth. Malgré ce qu'elle a dit, elle est toujours assise ici, elle ne lui a pas ordonné de partir, elle continue à parler.

J'ai été une moldue pendant plus de 10 ans, pensa-t-elle à la remarque suivante sans acrimonie aucune. C'est normal que je pense encore comme telle.

Elle aimerait pouvoir penser comme il faut, être normale. Mais elle le craint aussi. Serait-elle encore elle-même, si elle pensait différemment ? Doit-elle occulter une partie de sa vie, son monde, son identité pour réussir ? Elle n'est pas sûre de vouloir renoncer à son héritage moldu. N'est-ce pas aussi une partie d'elle-même ? Et on ne renonce pas à soi-même, n'est-ce pas ?

Aux prises avec ses questionnements, la Serdaigle entend tout juste la suite de la phrase d'Aelle.

- Comprendre ma baguette ? répète-t-elle, perplexe.

Par réflexe, sa main se porte sur la sacoche en cuir qui ne la quitte jamais, là où est rangé l'instrument de bois. Il y a tout un chapitre consacré aux baguettes dans son manuel de Sortilèges. L'anatomie d'une baguette, les différents fabricants, des consignes d'utilisation. Elle l'a déjà lu plusieurs fois, et l'a parfaitement compris. Mais ça ne peut pas être ce dont parle la sixième année, si ?

3ème année RP / #018e6b

11 sept. 2022, 12:48
Professeur Bristyle  privé 
Mon regard fouille les grands yeux bruns de l'enfant dans l'espoir de voir l'étincelle tant attendue y briller. Mais rien ne vient, absolument rien, si ce n'est une perdition plus grande encore. Cela ne fait qu'affirmer ma certitude que cette fille veut avancer beaucoup trop vite. Elle n'a même pas conscience de ne pas encore avoir le truc, le petit détail qui changera tout. Et elle ne l'aura pas maintenant, ça c'est clair. Elle n'est pas la première née-moldu que je vois galérer dans un monde qu'elle ne considère pas encore comme le sien.

Sa question me fait détourner les yeux de dépit. Sur tout ce que je lui ai dit, c'est la seule chose qu'elle retient ? Comprendre ma baguette ? me dit-elle comme si c'était absolument exceptionnel qu'on lui dise à elle, sorcière de son état, de comprendre sa baguette. Comme si elle atterrissait subitement : ah tiens, une baguette, ma baguette, et alors je dois en faire quelque chose, la comprendre ? Elle me rappelle à bien des égards Delphillia, sauf que Delphillia est une garce insupportable qui me donne envie de lui exploser le nez et que cette gamine n'est que cela, une gamine qui ne comprend rien. Et qui est d'ailleurs bien plus calme que la Poufsouffle même si elles ont toutes les deux le malheur de partager les mêmes origines moldues et donc la même difficulté à appréhender le lien avec leur baguette magique. Ils ont pourtant dû leur dire à la boutique de baguettes, n'est-ce pas ? Que c'était elle qui choisissait son sorcier. Cela signifie donc qu'il y a une relation, quelque chose à creuser. Non ? À voir le regard perdu que la gamine pose sur moi, cette toute petite gamine qui pose des questions sans savoir s'arrêter, non, tout cela ne semble pas si évident.

Je passe quelques secondes à la regarder de telle sorte qu'elle ne peut que deviner le désespoir dans mon regard, puisque celui-ci est écarquillé et un peu choqué par ce qu'il voit et ce que mes oreilles entendent. Bordel, mais que font les professeurs ? me demandé-je avant de me dire que le problème ne vient pas tant d'eux que d'elle.

« Oui, ta baguette, » finis-je par dire sur un ton ironique. J'attends un peu. Encore un peu. Mais rien ne vient. Je désigne ses affaires d'un geste fatigué de la main. « Elle est où ? insisté-je sur un ton un peu dur. Sors-la. Allez, sors-la. »

Je pousse un soupir gros comme une bourrasque. Malgré mon désespoir et tous les sentiments négatifs liés à cette intrusion dans ma tranquillité, je me sens bien à ma place toute drapée dans ma supériorité. J'en sais tellement plus qu'elle. Elle n'est pas idiote et elle a même des arguments à revendre, cette toute petite fille, mais elle n'a pas encore inventé le chaudron et cela me conforte dans une position que j'aime tenir. Une position dominante qui me fait me sentir vivante. Voilà pourquoi je ne pars pas encore. Je me fiche qu'elle quitte la Grande salle en ayant compris quelque chose qui lui permettra d'avancer sur le long chemin de la magie. Ce qui m'intéresse, c'est surtout de voir à quel point j'ai un train d'avance sur elle.

Et puis ce n'est pas désagréable. Ce n'est pas désagréable que l'on vienne me voir moi alors qu'il existe d'autres sixième année (certes pas aussi doués que moi mais pas mauvais non plus) et septième année qui auraient pu l'aider et le faire bien plus aimablement que moi. Comme quoi, pour certaines personnes je ne suis pas bonne à jeter dans un coin et à ignorer. Et ça, ça c'est également agréable.

11 sept. 2022, 18:03
Professeur Bristyle  privé 
La question d'Elizabeth ne doit pas être du goût de la sixième année, car elle l'a dévisage d'un air effaré, sans voix. Mal à l'aise sous le regard déçu, Elizabeth se tortille sur son banc et évite le regard de la Poufsouffle.
Quand enfin Aelle prend la parole, l'acidité de ses mots ébranle la Serdaigle. Mais peut-être est-ce le prix à payer pour recevoir l'enseignement d'Aelle Bristyle. Agacée d'avoir déçue la sixième année et de se laisser si facilement atteindre par sa réaction, elle serre les poings et les dents, mais ne laisse échapper aucun commentaire.

Docile, la première année plonge la main dans sa sacoche. Ses doigts effleurent la boucle de cuir qu'elle a prise à l'extrémité de la sangle bandoulière et cousue à la paroi intérieure, pour éviter que l'instrument de bois ne se perde parmi les autres objets que contient la musette. Elle attrape la poignée de bois et exhume l'objet. D'une propreté correcte, en aussi bon état qu'au premier jour, elle n'a pas changé d'un poil depuis qu'Elizabeth a posé les yeux sur elle depuis la dernière fois ; toujours aussi droite, toujours si grande, incongrue dans la main enfantine.

Après l'avoir contemplée pendant un court instant, elle la pose sur la table, entre les deux élèves.

- Bois de cenellier et crin de licorne, récite-t-elle.

Sa baguette doit sans doute révéler un certain nombre d'informations, pour qui sait les lire ; ce n'est pas le cas d'Elizabeth. Elle se demande ce qu'Aelle peut y voir. Sait-elle qu'elle réussit mieux en Sortilèges en Défense Contre les Forces du Mal, et mieux en Défense Contre les Forces du Mal qu'en Métamorphose ? Que Lumos est le sort qu'elle lance le plus souvent ? Qu'elle a terriblement peur de briser sa baguette par inadvertance ?

3ème année RP / #018e6b

12 sept. 2022, 10:56
Professeur Bristyle  privé 
Elle la pose au milieu de la table, juste entre nous, et je ne peux pas m’empêcher de me dire que ce choix en dit beaucoup sur elle : comme si elle partageait sa baguette avec moi ou me proposait de m’en saisir si jamais il m’en prenait l’envie. Je ne sais pas exactement si tout ce que fera désormais cette gamine sera passé au crible de mon jugement sévère ou si son comportement est véritablement rédhibitoire. Dans tous les cas, mes lèvres se pincent tandis que j’observe ladite baguette sans bouger d’une once et surtout sans m’en approcher. C’est une jolie baguette quoi que très banale. Un « mh » inintéressé sort de ma bouche lorsqu’elle m’énonce sa composition. Malgré moi, j’associe cenelier et crin de licorne a des faits connus de tous ceux qui s’intéressent un temps soit peu à la composition des baguettes mais je mets un point d’honneur à repousser toutes les connaissances qui me reviennent lorsque j’entends ces mots. Je ne m’intéresse pas à ce qui se trouve dans son catalyseur mais à ce qu’elle a dans le bide, elle. C’est la magie qui est intéressante, pas l’objet qui permet de la rassembler.

« Prends-la dans la main, » ordonné-je d’une voix qui n'acceptera aucune désobéissance.

Je me retiens de lui dire que j’aurais pu l'attraper là, en une seconde, et qu’elle n’aurait rien pu faire. Il va falloir qu’elle apprenne à toujours la garder sur elle, ne jamais laisser l’occasion à qui que ce soit de s’en saisir. Alors évidemment, tout sorcier respectueux ne l’aurait pas attrapé mais il en existe des irrespectueux et surtout, rappelons-le, il existe des Delphillia qui attrapent les baguettes des autres comme si c’était des bâtons de réglisse. Mes mâchoires se crispent à ce vilain souvenir. Déconcentrée, je fouille rapidement le réfectoire du regard, notamment la table des Poufsouffle. Je suis soulagée de ne point l’y trouver.

Je ramène mon attention sur la toute, toute petite fille qui, décidément, a une baguette très grande pour elle. Si le contraste est aujourd’hui étonnant dans quelques années elle lui ira comme un gant.

« Maintenant tu fermes les yeux et tu me dis ce que tu ressens. Au niveau des émotions et aussi de ta magie, » rajouté-je pour la forme parce qu’on ne sait jamais, avec cette fille : elle ne semble pas comprendre les choses les plus logiques pour un sorcier né dans le monde des sorciers.

De mon côté, j’attrape ma fourchette et mon couteau et j’entreprends de vider mon assiette rempli brioches et de lard. Un petit morceau de l’un, un petit morceau de l’autre et j’avale le tout que je fais passer avec une bonne rasade de thé. Je déglutis tout en observant l’enfant du coin de l’oeil. Mes yeux détaillent son petit nez, sa longue chevelure châtain, la forme de ses joues, se perd sur la surface de son front. Elle a du toupet, celle-là, pour être venue me trouver malgré toute la réputation que je me traîne. Je me souviens d’une autre gamine, dans un autre lieu, il y a plusieurs mois. Elle était venue me poser des questions aussi, des questions beaucoup plus personnelles. Je l’avais envoyer se faire foutre. Elle n’était pas la première ni la dernière. Mais cette fille-là… Comment s’appelle-t-elle, déjà ? Éléonore ? Éléonore Le Gall, donc, elle a eu l’intelligence de venir au bon moment et de trouver les bons mots. Même si cela ne m'empêche pas de la trouver trop enfantine, trop agaçante, trop petite, trop immature, trop naïve et trop née-moldue.

Cela ne veut pas dire que je vais l’aider, parce que je me fous comme de mon premier chaudron de ses histoires. Mais son ignorance est comme une copie imparfaite que j’aurais envie de corriger.

Lorsque j’ai eu ma première baguette magique, je n’ai eu aucun mal à la comprendre ou à créer un lien, aucun. J’ai même l’impression qu’il s’est créé naturellement. Je n’ai jamais eu à forcer, à lutter pour atteindre la compréhension. Elle était là, elle était à moi, elle était moi, c’est tout. Ça a été comme cela jusqu’à ce que j’attrape la baguette que m’a envoyée Ururu. Jusque là, j’étais persuadée qu’il ne pourrait jamais y avoir un catalyseur plus parfait pour moi que celui que j’avais déjà. J’avais tort, évidemment, et c’est pour cela que j’ai un respect aussi grand pour la fabricante de baguettes japonaise : elle a su capter l’essence parfaite de ce que j’étais, de ce que je suis, pour me créer une baguette qui me convient mieux encore que celle qui m’a choisie lorsque j’avais onze ans.

Aelle rudoie tellement Elizabeth, la pauvre !

21 sept. 2022, 10:18
Professeur Bristyle  privé 
Suivant les directives de la Poufsouffle, Elizabeth saisit à nouveau sa baguette et la tient en l'air. Elle se sent un peu bête avec ça à la main, ne sait pas trop quoi faire de son bras. Essayant de chasser ce malaise, elle ferme les yeux et commence l'introspection.

- Je me sens un peu nerveuse, commence-t-elle, et c'est vrai. Le regard scrutateur qu'Aelle fait peser sur elle la trouble. Mais curieuse aussi.

En creusant un peu, elle pourrait ressentir un tas d'autres sentiments, plus ou moins intenses et liés à des évènements plus ou moins lointains, mais décide de s'arrêter là. Il serait trop long d'énumérer tout le reste.

- Je sens toujours ma magie, poursuit-elle en tapotant ce point chaud sous son sternum, pour appuyer son propos. Si je veux, je peux l'amener, ou l'étirer plutôt, à travers mon bras et ma main, jusqu'à ma baguette. Et aussi... une espèce de chaleur, ou de lumière ?

Au dessus de ses yeux toujours fermés, ses sourcils se froncent sous l'effet de la concentration. Ce n'est pas facile de traduire ça en mots. C'est la même impression qu'elle a ressenti lorsqu'elle a tenu sa baguette pour la première fois ; elle ne s'était pas aperçue qu'elle était toujours là, masquée par tout ce à quoi elle pense au moment de lancer un sort.

- C'est réconfortant, je crois ?

Une pensée soudaine lui fait rouvrir les yeux, tant elle lui paraît merveilleusement inédite.

- C'est ma baguette que je sens ?

3ème année RP / #018e6b

23 sept. 2022, 16:35
Professeur Bristyle  privé 
Je me stoppe au milieu d'une gorgée de thé pour observer les réactions de l'enfant. De son petit air concentré aux gestes qu'elle fait pour désigner sa poitrine, là où elle dit ressentir sa magie. J'analyse ses mouvements et ses mimiques avant d'avaler le reste de mon thé et de reposer ma tasse sur la table. Je profite outrageusement qu'elle ait les yeux fermés pour regarder tout ce qu'il y a à regarder, les petits détails que je n'aurais jamais vu si elle avait gardé les yeux ouverts parce que je déteste être confronté si directement aux yeux des autres. Les mots qu'elle emploie sont intéressants. Plus qu'intéressants, même : vrais et surtout ce qu'elle décrit est ressemblant (jusqu'à un certain point) à mes propres sensations lorsque je me concentre sur cette énergie qui coule en moi. Étirer sa magie, c'est tout à fait ça. Si déjà elle a conscience de ça, de ce qu'est sa magie, c'est que son cas n'est pas tout à fait perdu. Je ne comprends pas exactement ce qu'elle espère trouver ici. Elle a surtout besoin d'expérimenter sa propre magie, pas de trouver des réponses qu'elle a déjà. Je pense que ce qu'elle veut, c'est un assentiment. Pourquoi le mien, je n'en sais rien ; sans doute parce qu'en tant qu'élève plus âgée elle doit croire que je suis une sorte d'exemple ou quelque chose dans le même goût. Elle aurait tort évidemment. Tort également d'attendre de moi que je la félicite ou la rassure à propos de ses capacités. Cela se saurait si j'avais envie de perdre mon temps avec ce genre de choses.

Je pousse mon assiette, pose mes coudes sur la table et mon menton dans la paume de ma main.

« Arrête de dire je crois, soufflé-je lorsque ses paupières s'ouvrent. Sois sûre des choses ou garde les pour toi. »

Je doute qu'elle ait conscience que ses paroles en dévoilent tant sur elle. Son simple je crois est une vérité à lui tout seul : Éléonore Le Gall manque de confiance en elle et pire encore, elle n'a pas conscience de ça. C'est une porte ouverte à tout un tas de mauvaises choses, cette transparence dans les mots. Quiconque voudrait la manipuler pourrait le faire plutôt aisément ; je pourrais le faire aisément mais que ferais-je d'une si petite enfant qui n'a pas grand chose pour la distinguer des autres gamines de son âge ?

« Ce que tu sens c'est ta magie. C'est elle qui te permet de... Mh, rentrer en résonance avec ça. »

Ça étant sa baguette magique, notamment son coeur, qu'elle tient fermement entre ses petits doigts.

« Il faut que ces sensations deviennent naturelles. Tu le saurais si tu avais grandi baignée par la magie, ajouté-je du bout des lèvres parce que c'est vrai. Apprends à ressentir ce lien entre ta magie et ta baguette. C'est pas un jouet, c'est une prolongation de ton corps. »

Prononcer ces mots me donne envie de me plonger dans ma propre magie et les sensations qui l'accompagnent. J'ai envie de me couper du monde et de baigner dans ce grand fleuve tumultueux, celui qui a bien failli m'emporter en septembre dernier. J'ai envie de ressentir son immensité, d'être écrasée par elle, me sentir à la fois toute petite et très grande. D'un seul mot, plier le monde à ma volonté. Créer ou détruire. Agir.

Machinalement, mes doigts se glissent dans ma poche et se referment sur ma moitié. Une chaleur familière et quasiment indiscernable tant j'y suis accoutumée naît au creux de ma poitrine. Il ne suffirait que d'une impulsion de ma part pour soulever le sol au-dessous de nos pied pour donner vie à un golem de pierre certes ridiculement petit mais un golem de pierre tout de même, création pure de ma magie et mon intention mêlées.

24 sept. 2022, 22:00
Professeur Bristyle  privé 
Lorsque les yeux d'Elizabeth s'ouvrent, ils voient Aelle Bristyle qui les regarde bien en face. Et qui leur parle.

... entrer en résonnance avec ça.

La petite Serdaigle baisse les yeux sur le catalyseur de bois qu'elle tient toujours. Elle ne croit pas être déjà entrée en résonnance avec un objet, et surtout pas celui-ci, qu'elle côtoie depuis si peu de temps. Pourtant, d'après la sixième année, ça paraît évident.
La Poufsouffle continue de parler tandis qu'Elizabeth étudie sa baguette. Elle parcourt des yeux sa longueur, la retourne entre ses mains, laisse sa paume épouser la forme de la poignée. Même la remarque sur sa naissance glisse sur elle comme sur les plumes d'un canard. Elle tend sa conscience vers l'objet, en même temps que sa magie.
Soudain le voile se déchire. La Serdaigle perçoit plus clairement que jamais cette lumière qu'elle a décrite tout à l'heure. Ça chatoie, ça vibre, ça chantonne. Un millier de filins dorés s'étendent à travers sa main et s'arriment à cette boule de magie sous son sternum.
Elle brûle de faire quelque chose, n'importe quoi. Juste agir. Éprouver sa magie qu'elle redécouvre.

- Wingardium Leviosa, lance-t-elle, et son verre s'élève devant ses yeux.

C'est si facile. La magie jaillit d'elle comme un torrent. Elle a à peine besoin d'y réfléchir, c'est instinctif. Un large sourire étire son visage sans même qu'elle s'en aperçoive.
Puis sans crier gare, le brouillard retombe, le lien vacille. Le verre flottant en l'air retombe brutalement de plusieurs centimètres. Elizabeth tente de le retenir, mais l'aisance d'il y a une seconde s'est évaporée. Ses sourcils se froncent de concentration. Elle finit par le ramener sur la table, un peu trop brutalement puisque le choc du verre contre le bois produit un bruit sourd lors du heurt.
La furtivité de ce qu'a ressenti Elizabeth n'a en rien entamé sa joie. Elle lève sur la jaune des yeux remplis d'étoiles.

- C'était... commence-t-elle.

Merveilleux. Incroyable. Indescriptible.

Aucun des mots qu'elle connaît n'est assez fort pour ça.

- Nom d'une citrouille ! lâche-t-elle.

Cet éclat la soulage quelque peu. Reprenant sa respiration, elle abaisse sa baguette et la pose sur ses genoux, sans la lâcher. Le sourire ne l'a pas quittée.

3ème année RP / #018e6b

30 sept. 2022, 16:12
Professeur Bristyle  privé 
C'est là, il se passe quelque chose. C'est très discret, presque indiscernable. Mais c'est là, devant moi. Derrière les yeux brillants de l'enfant, derrière son expression de surprise mêlée de joie, derrière cette peau pâle. Comme un léger bourdonnement, si léger que je ne le perçois qu'à peine et seulement parce que je fournis l'effort nécessaire. Il suffirait que ma concentration flanche pour qu'il disparaisse totalement. Mais je m'attarde, j'écoute, je ressens, je ressens plus que j'écoute et je comprends instantanément ce qu'il se passe pour l'avoir vécu un bon millier de fois avant ce jour : on ne peut pas vivre aux milieu de sorciers sans savoir ce que cela fait de capter le rayonnement magique de l'un d'eux. Un vieux souvenir remonte à la surface : ce jour dans la salle de bains, une enfant à la chevelure sombre et à la peau très pâle, presque maladive, sa magie, douce, nouvelle, attrayante ; est-ce à ce moment précis que sont nés en moi les tendres sentiments que j'éprouvais alors pour Thalia, lorsqu'elle m'a présenté sa magie ?

Le souvenir passe comme un coup de vent alors que mes yeux suivent le verre qui s'élève entre nous, malmené par la magie encore toute sauvage mais pas moins belle de Le Gall. Elle sourit et je souris aussi parce que la chaleur qui irradie doucement dans mon ventre ne peut venir que de la magie, la sienne en l’occurrence, et que je l'accueille comme une vieille amie. Ce qu'elle fait n'a absolument rien d'exceptionnel, si ce n'est que je remarque aisément que le naturel avec lequel a réussi son sortilège est tout nouveau pour elle. Elle ne fait que lancer un banal sortilège de lévitation que je maîtrise depuis une éternité. Je ne suis pas impressionnée, pas même soufflée et moins encore passionnée par ce que je vois. Appelons cela de la tendresse, tendresse face à la magie qui s'exprime comme si c'était la seule chose au monde qui avait réellement de l'importance. La Magie universelle qui me coupe le souffle, comme à chaque fois que je prends conscience de son éternelle beauté.

Tout disparaît aussi vite que c'est apparu. Le verre retrouve sa place sans souffrir de son atterrissage pourtant brutal et la baguette se baisse, disparaît sous la table. Mon regard la quitte pour croiser celui de sa propriétaire ; son sourire trouve un reflet dans mon coeur, à la différence que chez moi, il ne se discerne pas, sauf peut-être dans mes yeux un peu plus brillants qu'il y a quelques minutes. L'excitation retombe. Elle parle, je prends de nouveau conscience du bruit quotidien de la Grande Salle : les couverts qui s'entrechoquent, les discussions, les rires, et sa voix à elle. C'était, oui. Il faudra bosser pour que le c'était se transforme en c'est. Peut-être que dans plusieurs années elle sera capable de faire des choses plus impressionnantes qu'un sortilège de lévitation. Peut-être mais je n'en suis pas certaine. Après tout, ce n'est qu'une gamine qui fait ses premiers pas à Poudlard et qui s'extasie pour une chose toute simple.

Je m'arrache à ma contemplation et me secoue pour redescendre sur terre, la main toujours accrochée à ma propre baguette.

« Ouais, fais-je d'une voix basse pour ne pas perturber... Perturber quoi ? Les souvenirs, peut-être. « C'était quelque chose, au moins. Il y a eu un truc. »

Je récupère ma fourchette de ma mauvaise main, j'observe mon assiette ; je n'ai plus très faim. Je me sens comme au sortir d'une longue plage de concentration à la bibliothèque : j'ai la tête ailleurs, je suis embrouillée.

« Et voilà, reprends-je sur un ton un peu plus ironique en lui lançant un regard acéré en coin : tu fais de la magie ! »

Hourra ! bravo ! Une sorcière qui fait de la magie. Réjouissons-nous. Derrière ma moquerie, une partie de moi se réjouit effectivement. Comment rester de marbre face à un événement aussi merveilleux qu'une manifestation de magie, aussi peu impressionnante soit-elle ? Je prends conscience de cela au même moment que je me fais la réflexion que c'est moi qui l'ai menée à ce résultat alors même que je lui ai dit que je n'avais pas envie de l'aider ; alors même que je ressens encore cette réticence à l'idée de l'avoir aidée. Un soupir traverse mes lèvres. Foutue gamine. Je suis agacée de m'être fait avoir de cette façon.

« T'as eu ce que tu voulais ? » lui demandé-je abruptement.

05 oct. 2022, 09:00
Professeur Bristyle  privé 
Elizabeth croit discerner un écho de la joie qu'elle ressent dans les yeux d'Aelle. Elle n'en est pas sûre, mais la certitude n'est pas nécessaire. Elle y croit, c'est suffisant.
La Poufsouffle la regarde longuement, puis finit par prendre la parole d'une voix basse. Elizabeth a l'impression de partager un secret avec la sixième année. Elle doit en avoir, des secrets, vu comme elle est mystérieuse. Pas comme Elizabeth qui est incapable d'empêcher la moindre de ses pensées de s'écrire en gros sur son visage.
La révérence dans la voix d'Aelle disparaît bien vite au profit de l'ironie ; mais cette ironie n'atteint pas la Serdaigle. Elle est encore trop enrobée dans les souvenirs de son exploit de tout à l'heure pour se laisser perturber. Le trait de la jaune ne fait qu'élargir le sourire d'Elizabeth.

Oui, je fais de la magie. Finalement, je suis à ma place.

Elle embrasse d'un regard attendri la pièce entière, les élèves qui bavardent dans un bruit de couverts, les bougies qui flottent contre le plafond bleu pâle.

Tout ça, c'est moi. J'y ai droit, j'en suis légitime.

- T'as eu ce que tu voulais ? demande la sixième année.

- Oui, répond la bleue, toujours avec son indéboulonnable sourire.

Comment pourrait-elle affirmer le contraire ? Elle est encore si joyeuse qu'on croirait qu'elle va se mettre à luire d'un instant à l'autre. Personne ne pourrait se dire insatisfait dans cet état-là.

- Merci, Aelle Bristyle.

C'est un tout petit mot, merci, pour y mettre tout ce qu'elle pense. Alors Elizabeth laisse transparaître dans sa voix toute la chaleur dont elle est capable. Il y a un fossé, un océan même, entre le merci pour celui qui vous passe la salière et ce merci-là.

3ème année RP / #018e6b

06 oct. 2022, 20:32
Professeur Bristyle  privé 
Une part de moi avait envie qu'elle se vexe du ton que j'ai employé pour la congédier à demi-mot. Cela explique pourquoi je me sens si agressée par la chaleur que je discerne dans sa voix et par son sourire dont elle ne se départi décidément pas. Dans son remerciement banal, j'entends plus de choses qu'elle n'en dit et cela me dérange. Comme si elle ressentait sincèrement ce remerciement, qu'elle le ressentait à l'intérieur. Mais pourquoi ? Je n'ai fait que la mettre sur la voie d'un chemin évident à arpenter qu'elle devrait même déjà connaître. Et elle agit comme si elle m'était désormais redevable et que je lui avais apporté quelque chose d'important. Je me demande à quand remonte la dernière fois que l'on m'a remercié de cette façon. La plupart des gens me quittent avec une moue mécontente sur le visage, les poings serrés par la colère et, j'imagine, un brin de rancœur qu'ils finissent par me cracher au visage — ou pas. Mon comportement les froisse. Je suis trop directe, pas assez attentionnée. Je le sais bien, on me le répète souvent. Je n'ai pas de tact, je suis violente dans mes propos et mon ton donne l'impression aux autres qu'ils sont des cons — est-ce de ma faute s'ils le sont effectivement ? C'est Zikomo qui m'a dit tout cela et qui me le répète de temps en temps dans l'espoir que cela me fasse prendre conscience de l'effet que je fais aux gens. Cela dit, il le fait moins souvent ces derniers temps. Je prends cela pour de l'acceptation de sa part : il a compris que je suis ce que je suis.

En attendant il va bien falloir que je fasse quelque chose des mots que m'a offert Le Gall. Et si me viens l'envie de lui rétorquer : « tu n'aurais pas à me remercier si tu avais le niveau magique normal d'une enfant de onze ans », c'est pourtant une réponse toute autre et contenant bien moins de mots que je lui fais. Je lui jette un bref regard, le genre qu'elle pourrait prendre pour un : *pourquoi elle répète encore mon identité complète celle-là ?* et je hausse les épaules. Tout simplement. Fausse modestie ? Certainement pas. Plutôt un je m'en foutisme assumé. Je m'en tape de sa reconnaissance. Même si elle ne me débecte pas.
Même si elle me surprend agréablement.
Même si je me fais la réflexion que recevoir plus régulièrement des merci de ce genre pourrait être une bonne chose.

Que vaut-il mieux avoir ? De la reconnaissance ou de la haine ? Je n'ai pas de préférence. Parfois, j'aimerais ne rien inspirer aux autres. D'autres fois, je souhaiterais qu'ils me haïssent. Plus rarement qu'ils m'aiment. Le sentiment le moins encombrant est celui de la haine. Les gens qui me détestent ne viennent pas me voir, ils me laissent tranquille ; et loin de moi, ils n'existent plus.

Je dépose ma fourchette près de mon assiette, repousse cette dernière et me lève sans ménagement. Je passe la lanière de mon sac sur mon épaule ; il est l'heure de commencer ma journée et surtout de faire quelque chose de plus concret que de bavasser.

« Sans plaisir, Éléonore Le Gall, » me moqué-je sur un ton joyeux si feint qu'elle le pourra ignorer que je m'amuse à la fois de sa façon de parler et de son comportement.

Qui plus est, il s'agit d'un mensonge. Ce moment n'a pas été totalement exempt de plaisir. Un instant magique ne saurait été déplaisant.