A l’extérieur, tout le monde s’agitait et pourtant, dans le couloir du wagon de tête, on pouvait voir entre deux compartiments, à côté d’une des portes, le drapeau de hel’s de Poufsouffle qui indiquait clairement que le compartiment en question était réservé et ce en supplément de la feuille scotchée sur la vite avec marqué HEL’S. Au moins c’était clair, c’était leur compartiment et vraiment s’ils le rataient c’était qu’ils étaient aveugles.

Aliénor était assise dans le compartiment, en tailleur sur la banquette en train d’écouter le récit de Gryffs sur ces vacances. Son carnet posé à côté d’elle, elle en aurait encore besoin, elle affichait un air détendu. Après tout ils allaient principalement passé un bon moment. Mais malgré tout c’était un peu étrange pour la jeune Delphillia. Sa première rentrée en tant que capitaine après avoir pris la suite quelque peu brusquement après le départ d’Eileen son amie. Amie qu’elle n’avait d’ailleurs pas encore aperçue. Elle la verrait très certainement à la gare de Pré-au-Lard, elle se débrouillait toujours pour prendre les calèches avec des connaissances et si possible ces amis.

Mais bon là, c’était tout autre chose. Ils avaient des choses à faire. Tisser des liens dans un premier temps, parce qu’une équipe soudée était toujours meilleure, puis discuter de l’équipe comment ils voyaient la suite et la compétition à venir, les entrainements, la place de chacun dans l’équipe… Bref il y avait du taff ! Pas mal de taff mais Aliénor était heureuse de commencer l’année par ça. Après tout c’était une grosse partie de sa vie, alors autant y consacrer autant de temps que possible.

-J’espère qu’ils vont trouver quand même !

Hey, elle avait accroché ce drapeau avec ces petites mains, elle s’était donnée donc oui ils avaient intérêt à le voir !

Edmund avait passé des vacances épuisantes. À Poudlard, il pouvait aisément fuir ses pensées, se réfugier dans les études ou dans les interactions qu'il avait avec ses amis ou encore dans le Quidditch — et il était drôle de penser que ce sport dangereux qu'il avait commencé à cause d'une lubie de Deryn deviendrait un jour une source de réconfort — mais chez lui il n'avait rien de tout ça. Il pouvait lire, bien sûr, et il pouvait prendre de l'avance sur l'année suivante en parcourant avec lassitude ses manuels scolaires. Et ce n'était pas exactement non plus comme s'il n'avait aucun ami à Loughborough : par un hasard incroyable, il était recroisé Mark, ce gentil garçon qu'il avait rencontré au collège moldu où il avait passé une année et qui avait été le seul élève à lui manifester de la sympathie. Mais ce n'était pas pareil. Ce n'était pas suffisant.

Ceci expliquait l'entrain, la rapidité de ses pas projetés en avant au rythme effréné de son besoin impérieux de retrouver Poudlard et son environnement saturé de stimuli et d'information au point qu'il en avait parfois l'impression que son cerveau allait exploser sous la pression. Il parcourait hâtivement le couloir du Poudlard Express, à la recherche d'une mine familière dont il aurait pu investir le compartiment. Monté dans le deuxième wagon après un au revoir hâtif adressé à son père, il remontait le train de son pas allant quand il aperçut plus loin un drapeau jaune et noir aux trais caractéristiques : le drapeau des Hel's. Que faisait-il là ?

Le garçon s'approcha du compartiment arborant le drapeau et ne manqua pas de remarquer le HEL'S placardé sur la vitre. Jetant un œil à l'intérieur il aperçut Gryffs et Miss Delphillia, assis face à face, qui discutaient. Ou plutôt Gryffs parlait tandis que la capitaine paraissait l'écouter passivement. Le temps d'une hésitation Edmund faillit passer son chemin, craignant que sa présence ne puisse être malvenue, avant de chasser cette idée comme un papillon de nuit trop amical. Il avait besoin de cette distraction. Et d'avoir plus confiance en lui. Il posa par terre le sac moitié aussi grand que lui qu'il portait à la main droite et toqua avec une résolution timide.

- Bonjour Miss Delphillia ! Bonjour Gryffs ! Je ne vous interromps pas j'espère ? Je peux venir m'installer avec vous ?

Le drapeau et la feuille postés au-dehors étaient on ne pouvait plus explicite mais demander confirmation demeurait plus fort que lui. Au moins parvint-il cette fois-ci à intégrer la cabine une fraction de seconde avant qu'on ne lui en donne l'autorisation, traînant derrière lui ses lourdes affaires. Il ne lui restait plus qu'à trouver un moyen de hisser dans les rangements au-dessus des sièges lesdites affaires, qu'il ne transportait déjà qu'à grand peine.

- Euh... je suis vraiment désolé, mais ça vous gênerait de m'aider à ranger ma valise et mon sac ?

Les rails se situant presque deux têtes plus haut que son crâne, il paraissait évident qu'il ne pourrait y parvenir lui-même.

Après quinze jours passés chez son frère aîné et sa belle sœur - Merlin que ce terme était étrange - Deryn reprenait avec plaisir le chemin de Poudlard. En y réfléchissant, la transition était bienvenue. L'an dernier, elle avait eu un sacré choc en retrouvant Poudlard, ses règles et ses interdictions après presque trois mois de liberté totale chez son grand-père. Cette année, Donovan lui avait bien rappelé qu'elle n'avait que quatorze ans. Que, que... presque quinze d'abord !

Elle avait proposé à Tamara de la laisser à la gare. Maintenant, elle se rendait compte que les deux sorcières se ressemblaient et Deryn n'avait pas spécialement envie de s'afficher comme faisant partie de la belle famille du professeure Priddy. Bon, il y avait pire mais quand même. En y réfléchissant, elle aurait préféré que Donovan se case avec une petite sœur du professeur Lynch. Est ce qu'il avait des petites sœurs ? Ou des petites cousines ? Peut être que Audran qui traînait à Galway avait une chance ? Perdue dans ses pensées, elle atteignit le train en saluant les camarades qu'elle croisait. Elle ne vit pourtant pas ces acolytes de bêtises favoris. Tant pis. Elle les verrait à l'arrivée ou pendant le trajet.

L'irlandaise grimpa dans le train avec une petite appréhension, serrant dans sa main un peu plus que de raison ses balais. En effet, elle n'avait pas su lequel choisir et revenait donc avec sa panoplie complète : son brossdur 7, le feuaupoudre de Tamara et le comète 260 de grand-mère.

Alors qu'elle longeait les couloirs, décidant d'éviter le premier wagon, la Poufsouffle s'arrêta soudain devant un logo qu'elle connaissait bien, au niveau d'un compartiment qu'elle connaissait trop bien. Le message était clair mais Deryn hésitait devant la porte.

Sentant que quelque chose clochait, Tim le botruc sortit de la poche de la jeune sorcière en craquetant.

"Oui, je sais, c'est stupide. Tout ce passera bien et ce n'est sûrement pas réellement le même wagon ni le même compartiment. Rappelons-nous qu'il a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres après avoir été foudroyé. Tout va bien."

Après une profondeur inspiration, elle poussa la porte et observa l'intérieur du compartiment, plaquant un sourire sur son visage.

"Salut tout le monde ! On a un compartiment VIP. Il est prévu un lâcher de vif pendant le trajet ? J'ai les balais !"

L'humour n'était-il pas la meilleure des armes ? Après les avoir brandit, elle glissa ses balais sous un des sièges et cala sa valise sur les étagères prévues à cet effet avant de s'assoir près de Gryffs. Elle se rendit alors compte qu'Edmund ne bougeait pas.

"Tour ça bien 'Mund ?"

Aurait-elle déjà loupé un truc ? Tim grimpa sur son épaule pour regarder par la fenêtre toute proche.

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Gryffs aida Alienor à accrocher sa banderole aux couleurs des Hels, ça en jetait un max! A peine s'étaient ils assis à nouveau que Edmund débarqua dans le compartiment encombrait de se lourd bagages. La porte se referma et il demanda la permission de s'installer avec eux, comme si la pancarte n'était pas assez explicite! Gryffs pouffa et lui répondit:
-"Pas de soucis."
Puis lorsque son camarade demanda un coup de main, l'adolescent se leva et souleva les effets de Edmund jusque dans les filets prévu pour. A ce moment Deryn ouvrit la porte et après les avoir tous salué, elle prit une place sur la banquette. Gryffs termina de déposer le dernier bagage de Edmund puis se laissa tomber sur le dossier molletonné.

-"Allez poses toi Ed! Vous devinerez jamais ce qui m'est arrivé cet été."
Gryffs s'enfonça un peu plus dans son siège, complètement décontracté et prêt à faire le récit de ces aventures estivales. L'équipe n'était pas encore entièrement arrivée mais déjà le chef de gare sifflet le départ et la lourde locomotive s'activa. Lentement le train s'ébroua et commença son périple. Gryffs était plus proche de la fin que du début, à chaque nouveau trajet la nostalgie était plus dure à repousser. Le Poufsouffle ne se laissa pas abattre et résuma rapidement le début de l'histoire qu'il avait déjà compté à Alienor.

Toujours assise sur la banquette, elle se redressa en voyant la porte s’ouvrir. Elle sourit à Edmund et ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel en l’entendant l’appeler par son nom de famille. Elle savait qu’il avait du mal à lâcher cette habitude mais quand même !

-Salut Edmund, on t’attendait en fait !

C’était pas assez clair que ce compartiment était réservé pour toute l’équipe ? Pourtant entre le drapeau, le papier, ça paraissait assez clair. Mais bon, elle ne s’en formalisa pas. Quand le garçon demanda de l’aide, elle observa simplement Gryffs aider le garçon avec sa valise alors que Deryn entrait à son tour. Aliénor la salua sans plus de cérémonie et se décala un peu vers la vitre pour laisser à chacun la place qu’il méritait.

-Pas de lâcher de vif, mais on peut faire un lâché de mini chouettes par contre !

Elle accorda un clin d’œil à sa cadette avant de se concentrer sur Gryffs qui prenait la parole. Il était visiblement bien parti pour re-raconter ces vacances ce qui amusa la jeune fille. Elle croisa le bras sur sa poitrine en laissant son dos s’appuyer pleinement sur le dossier.

-Ouais les vacances où t’as compris que Bristol c’était la meilleure des villes.

Un peu de chauvinisme ne pouvait pas faire de mal non ? Elle sourit de toutes ces dents avant de tourner ces yeux vers Edmund.

-Mais d’abord, une bonne fois pour toutes Mund, appelle-moi Ali. Ou Aliénor si vraiment t’y arrive pas. Même capitaine j’accepte mais Miss… J’ai l’impression d’avoir l’âge de Featherstone quand tu dis ça !

Un rire franc passa la barrière de ces lèvres alors que le train prenait doucement de la vitesse. Elle regarda ces coéquipiers notant l’absence de l’une d’entre eux. Aliénor fit une petite moue avant de regarder la porte espérant voir la blonde arriver.

-Argentella s’est perdue ?

Visiblement c’était assez facile de trouver… Mais bon, si elle était arrivée un peu en retard et qu’elle était montée à la hâte elle n’avait pas dû le voir. Ou peut-être qu’elle était en train de remontrer les wagons un par un pour se joindre à eux ? Peu importe, ce n’était pas très grave. Aliénor espérait la voir arriver mais elle ne pouvait pas la forcer à venir non plus. Elle haussa les épaules en se reconcentrant sur ceux qui étaient présents. Elle était contente de réunir l’équipe en dehors d’un entrainement de quidditch ou qu’un débriefe. Ils avaient besoin de créer de vrais liens entre eux s’ils voulaient vraiment avancer et progresser pour aller chercher la coupe cette année. Et c’était bien le but !

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Argentella se tenait sur le quai, se mordant la lèvre, regardant sa cousine partir vers les wagons à l’avant du train. Elle lui avait assuré qu’elle pouvait y aller, que tout irait bien, mais à présent elle n’en était plus aussi sûre. Elle jeta un regard vers l’horloge et réalisa qu’il serait onze heures dans moins d’une minute. Combien de temps avait-elle passé à contempler le quai de la sorte ? Elle se dépêcha de grimper dans un wagon avait que le sifflement ne retentisse dans la gare, mais à peine entrée dans le train, elle sentit sa respiration s’accélérer.

Ce n’était qu’un couloir, rien à voir avec le wagon des professeurs. Mais les images ressurgirent dans sa mémoire avec une netteté implacable. Les silhouettes noires. L’oiseau-professeur Montmort. Le professeur Loewy lançait un sort. Le vomissement de Kelly. Elle se souvenait de tout. Trop.

Paniquée, elle recula contre le mur. Cette fois-ci, il ne s’effaça pas dans son dos. Elle s’attendait presque à sentir une main contre sa bouche, ou la nausée du transplanage. Mais non, juste un mur solide derrière elle. Elle ferma les yeux et tenta de reprendre son calme, avec un succès modéré, avant de s’avancer dans le train d’un pas incertain, autant à cause de la vitesse que prenait le véhicule qu’à cause des réminiscences qui l’assaillaient.

Son cœur battait toujours trop vite, et elle voyait un peu flou, mais elle réussit à revenir lentement à elle. Elle fut aidée par un détail jaune dans son champ de vision, qui dénotait avec le décor en camaïeu de brun du train. Elle se focalisa dessus, et une fois calmée, s’aperçu qu’il s’agissait du drapeau des Hel’s. Quelque chose de familier.

La jeune fille serra son balais et sa malle dans sa main, et poussa la porte du compartiment en évitant de regarder autour d’elle, se contentant de fixer son regard sur Alienor. Elle aurait l’air bizarre, mais tant pis.

« Désolée… »

Elle ne savait pas exactement pourquoi elle s’excusait, mais une partie d’elle trouvait cela approprié.

Gryffs proposa son aide immédiatement et se saisit de ses affaires à l'instant où arrivait derrière Edmund une nouvelle membre des Hell's : Deryn. Qu'elle lui avait manqué ! Après ses longues — si longues — vacances, retrouver la Poufsouffle et son attitude aussi sympathique qu'imprévisible était un courant de fraîcheur qui lui faisait le plus grand bien. Le sourire aux lèvres, il l'accueillit d'un franc sourire et d'une exclamation chaleureuse : « Deryn ! »

Il dut se faire violence afin de ne pas l'assaillir immédiatement de questions, de commentaires, d'exclamations et de francs sourires — bien qu'un de ces derniers lui échappa néanmoins alors que Gryffs s'installait et les invitait à faire de même — et laisser aux autres la possibilité de la saluer convenablement. Ils auraient, après tout, la totalité du voyage en Poudlard Express et encore quelques petits mois de cours après cela afin de discuter, plaisanter et se chamailler un peu. Rien ne pressait. Pour l'heure, il se contenterait d'afficher un air guilleret comme il n'en avait connu que rarement sous la brûlure du soleil estival et la froid glaçant des yeux bleus de son père. Air qui se teinta de confusion et d'une pointe d'embarras à la remarque de sa capitaine d'équipe.

- Mais, tu es la capitaine — et tu es tellement plus âgée ! — et tu t'en sors tellement bien au Quidditch ! Je... je ne peux pas t'appeler... Ali, prononça-t-il avec une moue dépréciative. Il se mordilla alors la lèvre, pleinement concentré sur la résolution du problème tenace qui lui faisait face et se désintéressa tout à fait du reste du compartiment. Simplement capitaine lui paraissait trop peu, et bien que Miss Alienor lui aurait fort plu il doutait que ce soit le cas de la septième année. Quant à Delphillia, le nom de famille énoncé sans aucun terme honorifique était d'un mauvais goût frôlant le vulgaire.

Enfin, son regard s'illumina et, tel un écolier de primaire incapable de retenir sa langue dont la voix coupe court au cours sans aucune sommation, se redressa, l'index levé, et s'exclama avec un engouement palpable en écrasant la voix de la pauvre Argentella qui débarquait tout juste :

- Désolée…

- Capitaine Delphillia !

Il ne fallut guère de temps au petit adolescent pour s'apercevoir qu'une nouvelle personne avait pénétré dans le compartiment, qu'il la connaissait — oh, Argentella, ça faisait longtemps ! — puis, enfin, qu'il avait fait preuve d'un manque de courtoisie plus qu'inadapté en parlant ainsi en même temps qu'elle.

-Oh, désolé Argentella, je, euh... je ne t'avais pas vue... ahem... bonjour...

Le visage écarlate de honte, Edmund hasarda un regard confus en direction de Deryn puis entama une contemplation passionnée et assidue de ses mains — que de lignes avaient-elles ! réellement fascinant ! — en attendant que tout le monde passe à autre chose et oublie son éclat de voix malvenu.

Le sourire d'Edmund était communicatif et Deryn le lui rendit. Ah... le problème était la valise... C'est vrai que Ed refusait à priori toujours de grandir et les filets ne descendaient pas ni manuellement, ni avec le temps. Gryffs commençait une histoire mais Ali n'avait visiblement pas dit son dernier mot.

"Rhoooo, entrainement mini chouette, ce serait si drôle. Je sais faire apparaître des vivets plutôt pas trop mal, on pourrait faire une reconstitution historique un jour. Vivement qu'on nous rendent nos baguettes."

Alors, qu'elle partait dans ses habituels petits délires, une conversation des plus étranges eut lieu. Capitaine Delphillia... les yeux de l'irlandaise s'ouvrirent de surprise un court instant avant qu'elle n'éclate de rire. Non de non, elle avait oublié comme ses amis étaient absurdes et géniaux. Et voilà qu'Argentella faisait son apparition. Un vrai sketch se déroulait dans ce compartiment entre les deux Poufsouffle plantés au milieu du passage.

"Assieds-toi donc caporal Long ! lança la quatrième année, en tirant Edmund par la manche, le coinçant d'office entre elle et Gryffs. Comme ça, Argentella passe et toi, tu ne prends pas racine. Ça aurait plu à Tim, j'en suis sûre mais c'est pas pratique pour voler."

Elle fit une petite pause, observant tout ce petit monde tandis que le botruc levait vers elle des yeux curieux, certain d'avoir entendu son prénom.

"Vous savez quoi. Vous m'avez manqué."

Sur ces belles paroles, elle se tourna vers Gryffs. Auraient-ils droit à la fin de l'histoire. Déjà qu'elle n'était pas sûre d'avoir compris le début, si en plus, il n'y avait pas de fin.

A peine parla-t-elle d’Agentella que celle-ci fit son apparition. La petite blonde tirant une lourde valise et promenant son balai avec autant de praticité que possible, c’est à dire peu. On aurait un peu dit un marcha itinérant avec trop de matériel qui avait perdu sa mule en cours de route. Tout le monde étant déjà debout dans le compartiment, Aliénor resta assise tout en écoutant les commentaires de Deryn. Sur son idée quelque peu saugrenue. Des vivets ? En voilà une idée. Aliénor la nota mentalement alors que son regard était attiré par le garçon toujours debout au milieu du compartiment.

-Capitaine Delphillia ?

Répéta-t-elle alors qu’Edmund était déjà occupé à autre chose, c’est à dire s’excuser auprès de la plus jeune de l’équipe. La batteuse elle, restait, les yeux ronds, assise sur sa banquette, les épaules tombantes à répéter en chuchotant « Capitaine Delphillia ». Il avait trouvé encore plus pompeux que Miss. Il avait trouvé encore plus pompeux ! Mais ce garçon était incroyable !

Aliénor releva la tête en clignant des yeux quand le rire de Deryn s’éleva dans l’habitacle. Elle avait raison, de toute façon Aliénor ne pourrait pas changer le garçon alors autant en rire. La capitaine secoua donc la tête de gauche à droite en riant doucement.

-Oh oui Gryffs fini donc ton histoire si bien partie ! Nous sommes tout ouie.

Lâcha-t-elle en arquant un sourcil. Son regard dévia vers Argentella qui était toujours là avec sa valise au milieu du compartiment.

-Et aide Ella en passant, t’as besoin de prendre du muscle.

Elle offrit un sourire innocent au garçon avant de reporter son attention sur Deryn. Oui ça faisait du bien de se retrouver et de voir que tout allait bien entre eux. Après tout ils étaient une équipe et l’équilibre d’une telle équipe pouvait être fragile. Elle ferait tout pour que cette équipe soit soudée et que tout ce passe bien entre eux. Mais elle avait de la chance, chacun d’entre eux était simple à vivre alors elle ne risquait trop rien. Même si avec son équipe actuelle, elle n’irait pas bien loin. Ils allaient devoir faire attention aux recrutements.

Les conversations allaient bon train dans le wagon, chacun y allant de ses petites anecdotes entre deux éclats de rire. De toute évidence, les vacances des uns et des autres avaient connu leurs lots de surprises bonnes ou mauvaises. Le train filait à toute allure comme à son habitude, traversant les campagnes anglaises, les approchant inexorablement de leur but final, Poudlard.

Quand le temps commença à se faire long, les coéquipiers se décidèrent à enchanter des rochers chocolatés et des ballongommes pour s'entraîner à la capture du vif d'or. C'était le point faible de l'équipe, mieux valait en rire qu'en pleurer et s'en amuser. Chacun leur tour, ils faisaient donc léviter une sucrerie, tentant d'échapper le plus longtemps possible aux mains gourmandes qui jaillissaient de droite et de gauche. Ce fut l'irruption d'un groupe d'élèves du compartiment voisin, inquiet de voir les parois vibrer dangereusement qui mit fin à cette partie de chocolat d'or, ou de vif au chocolat selon les versions, à la plus grande déception de l'irlandaise, faire de la magie, s'amuser et manger du chocolat, c'était le bonheur absolu non ? Les joueurs de quidditch tentèrent bien de motiver les visiteurs à participer, un premier match hors stade, mais leurs regards ahuris en disaient long sur leur motivation et les râleurs disparurent aussi vite qu'ils étaient venus, menaçant d'aller prévenir les préfets ou un professeur si les murs continuaient de bouger de la sorte.

Le train finit par ralentir en arrivant en gare de Pré-au-Lard, évitant à certains de peu une potentielle crise de foie pour excès de vif en chocolat. En tirant valises et sacs, les Hel's prirent sagement -du moins en apparence- le chemin des barques pour rejoindre l'école. Une nouvelle année pleine de promesse commençait.