Dernier jour de la semaine, dernier cours. J'avais survécu à ces jours interminables, et maintenant voilà qu'arrivait le weekend. Deux jours où je ne pourrais pas m'enfermer dans ma chambre, puisque je n'en avais pas. Deux jours où j'allais devoir parler aux autres garçons de mon dortoir, puisque je n'avais pas le choix. De plus, la fête de bienvenue préparée pour le samedi effaçait toutes mes chances de rester caché.

Après mon cours d'astronomie, je m'étais faufilé vers d'autres couloirs, fuyant discrètement mon peloton d'élèves qui se dirigeait vers ma salle commune. Je n'avais pas envie de rentrer tout de suite. Du moins, pas avant que je sache.

Direction la volière. J'avais attendu anxieusement toute la semaine une réponse à ma lettre envoyée en début de semaine. Il fallait que j'y aille pour vérifier qu'une réponse n'était pas restée coincée entre les mailles des cages à hiboux. Peut-être que la lettre de mon père s'était perdue. Peut-être qu'un hiboux l'avait mangée, me protégeant ainsi d'une lettre incendiaire. Peut-être que mes parents ne m'avaient tout simplement pas écrit. Je ne pouvais pas leur en vouloir, alors je blâmais les hiboux. Je m'étais promis que je rentrerais directement dans mon dortoir si je ne trouvais rien. Et je n'avais rien trouvé.

L'agacement, la peur et l'angoisse m'emmenèrent vers la tour d'astronomie. Je parcourais le château comme un voleur, fuyant dans une autre direction aux moindres pas que j'entendais. Je ne voulais pas jouer au plus malin, j'aurais voulu rentrer et dormir jusqu'au lundi, mais je me fis la remarque que peut-être, en restant éveillé la nuit, le weekend n'arriverait pas tout de suite. Je gagnerais quelques minutes, quelques heures.

Le dernier cours d'astronomie s'était terminé. Etonné du temps passé à la volière, je me détendais, n'ayant plus à chercher d'excuse de ma présence si je croisais un autre élève.
Observer les étoiles était toujours fascinant, mais ce soir elles me semblaient toutes bien loin. Je me laissais tomber le long du mur et m'assis en tailleur sur la pierre froide. Je relevai la tête et observai ce ciel encore bien éclairé pour un mois de septembre.

J'étais là dans ce monde de sorciers à penser à mon monde de moldus. J'avais été si heureux de recevoir ma lettre d'admission, je m'étais imaginé devenir un grand sorcier, comme beaucoup. Mais quelque chose me retenait. Du moins quelqu'un. Je ne pouvais pas me résoudre à me plaire ici tant que je revoyais sa déception en comprenant que je m'en allais. Ce château m'en éloignait. Plus je passais de jours ici, plus j'apprenais de sorts, plus je sentais notre ressemblance devenir un contraste irrémédiable.
J'observais la vue sur ce monde extérieur, une vue sur les moldus, une vue sur quelque chose que je ne suis pas.

Je saisis ma baguette de ma main gauche, l'observai en repensant au jour où je l'avais achetée chez Ollivanders. Peut-être que la solution était de m'en débarrasser. Peut-être que je pouvais juste la lancer à travers ces murs de pierre, qu'elle finirait perdue engloutie par je ne sais quels montres de la forêt, et ainsi, je ne pourrais plus rien apprendre. Peut-être que je pourrais tout simplement aller voir la directrice de l'école et dire que j'avais fait le choix de rentrer. Après tout, je pouvais peut-être décider de mon plein gré de vivre parmi les moldus et retourner apprendre auprès d'eux. La directrice pourrait comprendre, elle n'allait tout de même m'enfermer dans les cachots pour que je reste ici. Puis, l'idée de suivre à nouveau des cours de musique m'effraya.

Je saisis ma baguette et fis à voix haute en m'y adressant :

- Si tu t'allumes quand je lancerai mon sort, alors j'irai voir la directrice pour lui dire que je m'en vais.

Je pris une grande inspiration, fis pivoter mon poignet et énonçai ma formule : Lumos!
La pointe de la baguette s'illumina, fière de suivre mon plan à la lettre et de m'y encourager. L'idée m'angoissa et je décidai de réitérer ma requête. Choisir la directrice était un peu fort. Il fallait que je choisisse quelqu'un de moins intimidant. Je pris une grande inspiration en réfléchissant à mon prochain pari.

- Bon, si tu t'allumes encore une fois, je rentre dans mon dortoir et je fais ma valise.

Là, c'était moins direct. Je gagnerais au moins quelques jours avant de partir. Je réitérai le geste, prêt à faire échouer mon sort. Ou le faire réussir.

- Lumos!

La baguette s'illumina à nouveau, me narguant davantage face à mes envies indécises et confuses. Je soupirai. Je n'avais pas envie de rentrer, et pourtant, je ne voyais que cette issue. Enervé, je jetai ma baguette qui refusait de coopérer. Je fermai les yeux en continuant de faire fumer mon cerveau afin de trouver une solution. Je n'allais clairement pas trouver de solutions ce soir. Il fallait que je rentre. Et puis demain, je retournerais à la volière pour écrire une autre lettre à mon père.

Adnae venait d'achever son dernier cours de la journée, et n'avait qu'une envie : d'aller dormir. Toutefois, elle comptait d'abord faire un petit tour rapide de l'établissement pour que ses collègues ne la prennent pas pour une inutile qui n'aidait jamais pendant les tours de rondes. Mais avant tout, elle entreprit de ranger lentement ses affaires et le matériel utilisé avec ses quatrièmes années.

Une fois cela finit, l'enseignante sortit de sa salle de cours en soupirant, puis elle se dirigea vers le haut de la tour d'astronomie. Une fois arrivée en haut, elle alluma sa baguette d'un sortilège bien lancé. Le garçon qui se trouvait là ne lui échappa alors pas une seule seconde. Miss Brennan prit une grande inspiration, mit tout en œuvre pour ne pas s'énerver une seule seconde, puis lança sur un ton calme, mais sévère et plutôt sec.

« Mister Sharp, nous nous sommes vus un seul cours et je vous vois déjà filouter. Auriez-vous l'obligeance de m'expliquer deux minutes ce que vous faisiez ici ? S'il-vous-plaît. ». Adnae regarda l'enfant avec des yeux assez perçants, avant de les détourner, ne voulant pas traumatiser l'enfant non plus. Elle détestait faire la police. C'était fatiguant. Et elle était déjà fatiguée. Alors elle espérait franchement que cet élève allait vite s'excuser ou trouver une raison valable - ce qui était moins probable - et qu'il se laisserait faire ramener en salle commune sans protester avant qu'elle aille dormir. Pour les points de maison, elle verrait le nombre retiré demain, lorsqu'elle aurait les idées un peu plus claires... Car pour l'instant, c'était le néant total.
267 mots.

Je n'avais aucune idée de l'heure. Est-ce qu'on pouvait lire l'heure dans les étoiles ? Avant même que j'aie le temps de trouver une réponse, j'entendis des pas claquer sur le sol de pierre froide. J'en avais presque oublié que je devais être dans mon dortoir. La panique me prit d'un coup. A qui pouvaient appartenir ces pieds qui arrivaient ? Est-ce que j'avais encore le temps de m'enfuir ?

- Mister Sharp..

Non. Visiblement, je n'avais plus le temps..
Je me relevai d'un coup, essuyant mes mains moites sur mon pull. Je n'arrivais pas encore à distinguer la personne que j'avais en face de moi, mais son ton sec réduisait toutefois les possibilités.

- ...nous nous sommes vus un seul cours et je vous vois déjà filouter. Auriez-vous l'obligeance de m'expliquer deux minutes ce que vous faisiez ici ? S'il-vous-plaît.

Shit. Miss Brennan. J'aurais dû m'en douter, c'était un peu son quartier. Et dire que j'avais espéré faire bonne impression en cours. Anéanti en une seconde. J'étais d'ailleurs assez impressionné qu'elle ait retenu mon nom après un seul cours. Et alors que j'étais en train de la classer dans la catégorie des gentils pour s'être souvenue de mon nom, j'en oubliais que j'étais en train de me faire détester de son côté.

Lui expliquer ce que je faisais là ? Est-ce que je pouvais vraiment ? Non, évidemment que non, c'était complètement aberrant de dire la vérité. Et puis, l'histoire était bien trop longue. Est-ce que sa question était rhétorique ? Est-ce que je devais vraiment tout raconter ? Peut-être que je pouvais mentir, dire que je me passionnais d'étoiles et que je voulais profiter d'être seul pour les observer ?

Je prenais conscience que j'étais en train de réfléchir depuis bien trop longtemps, qu'elle allait sûrement s'impatienter, et j'avais l'impression qu'une liste de mensonges fusaient dans ma tête. Il fallait être convaincant et mentir. Mentir. Mentir. Mentir.

- Hmm.. pardon, Miss. Je... Je sais pas trop en fait.., fis-je timidement.

Une liste entière et aucun mensonge ne sortait. Je jetai un coup d'œil à ma baguette encore abandonnée, espérant trouver la réponse adéquate. Puis je retournai à son regard qui semblait ne pas me lâcher.

- Vous allez me renvoyer, Miss ?, osai-je demander en déglutissant accompagné de yeux suppliants qu'elle ne devait sûrement pas voir.

Soudain, je pensai à ma directrice de maison. Elle qui ne m'aimait déjà pas beaucoup après que j'ai éclaté un de ses cartons dans le couloir.. Je m'imaginais finir dans un de ses cartons encore intacts, prêt à être expédié jusqu'à la case Maison.

Adnae ne savait pas trop quoi faire face à ce garçon, seul. Elle pensait que la confrontation entre une enseignante et un élève nouvellement arrivé serait plus difficile, mais, si le jeune Sharp semblait un peu intimidé, il n'avait pas l'air d'avoir peur. Du moins, il ne le montrait pas. C'était tout du moins déroutant, et miss Brennan ne savait pas trop quoi faire. Elle ne s'était pas du tout attendue à une telle réaction, et à de telles paroles venant d'un première année.

Toutefois, l'enseignante se promit de ne pas être dure avec ses élèves, qui avait sûrement ses raisons pour être ici. De plus, il n'avait pas fait mauvaise impression en cours, et son moral ne semblait actuellement pas être au plus haut. Alors il valait mieux lui parler d'une manière pas trop agressive. Seulement suffisamment pour qu'il comprenne que ce qu'il faisait dépassait les limites. Enfin, après, il y avait pire, comme dépassement des limites, certes. Mais tout de même ; quoiqu'il en soit, c'était interdit et punissable.

Finalement, Adnae, après plusieurs secondes de réflexion, et après avoir écouté les dires du jeune Lukas, répondit sur un ton plus doux, calme, sur un ton modéré : « J'ai du mal à comprendre ? Vous êtes venus ici par hasard ? Ou bien êtes-vous là depuis la fin de mon cours ? » L'enseignante respira lentement, en profitant pour chercher ses mots, puis elle ajouta, regardant dans les yeux l'élève qui lui faisait face : « Non, vous ne serez pas renvoyé pour une telle bêtise. Vous ne méritez pas cela, tout d'abord car la sanction est beaucoup trop forte, ensuite parce que vous avez montré en cours tout à l'heure que vous n'étiez pas un élève perturbateur. »

Adnae hésita avant de continuer à parler. Finalement, après une demi-seconde de silence, elle abandonna ce qu'elle pensait dire, et ajouta seulement à ses dires précédentes : « Pour l'instant, tout ce que vous risquez est un retrait de points pour Poufsouffle, et potentiellement une retenue. Mais je vous avoue que les deux me semblent beaucoup. Et si vous vous expliquiez, avant que je ne prononce de sanction ? »

- J'ai du mal à comprendre ? Vous êtes venus ici par hasard ? Ou bien êtes-vous là depuis la fin de mon cours ?

La pression et l'angoisse étaient montés petit à petir alors que je ne quittais pas des yeux ma professeure. Je sentais les larmes arriver et troubler ma vision, que je tentais de récupérer d'un revers de manche. La tâche était de plus en plus difficile, j'avais envie de m'écrouler, revenir en arrière et ne plus monter sur cette tour. Ne plus venir ici du tout. Elle avait pris un ton calme en me posant ces questions, sans que je m'y attende. J'aurais préféré qu'elle s'énerve, qu'elle me renvoie, qu'elle me dise que je ne ferai jamais honneur au monde des sorciers en étant irrespectueux dès la première semaine, qu'elle me confisque ma baguette et qu'ils m'oublient tous. Mais non, elle m'avait posé tout un tas de questions.

Alors que mes yeux embués m'empêchaient de prendre la parole, Miss Brennan continuait d'ajouter tout un tas de trucs que je n'entendais même plus. Quelques mots passaient toutefois dans mes oreilles, comme "retrait", "poufsouffle", "sanction". Je me rappelai soudain que mon égoisme allait peut-être faire coúter des points à ma maison. Et avant même que je puisse défendre notre sablier, elle ajouta :

- Et si vous vous expliquiez, avant que je ne prononce de sanction ?

Elle m'avait donné une chance de m'expliquer. J'étais là à faire n'importe quoi et elle m'écoutait. J'éclatai en sanglots, je haussai les épaules face à l'incompréhension des idées qui me venaient en tête.

- Mes parents me manquent je sais pas pourquoi je suis là je suis venu sur cette tour parce que c'est l'endroit le plus loin des autres élèves et que je voulais un peu d'air frais je sais pas Miss et je sais que j'ai pas le droit d'être ici je suis désolé lançai-je à un débit bien trop rapide,je crois que vous vous êtes trompés quand vous m'avez envoyé ma lettre parce que je réussis des sorts que quand je suis énervé et les autres ils y arrivent même en étant calmes. Je crois qu'il faut me renvoyer Miss Brennan, je crois que j'apporterai rien aux sorciers.

De mes deux mains, j'essuyai mes larmes, pris quelques temps pour respirer et reprendre plus calmement. Je n'osais pas la regarder en face, préférant regarder la baguette qu'elle tenait dans sa main.

- Je crois que mon père n'aime pas que je sois là, alors moins j'en apprendrai ici, plus je resterai dans son monde, vous comprenez ?

Je continuais de fixer sa baguette magique, comme si je lui parlais, comme si en fait, je me parlais à moi-même.

@Adnae Brennan Pardon, j'sais pas comment tu vas te sortir de ça x)

Adnae était décidément très fatiguée. Tout ce dont elle avait était de retrouver son lit bien chaud, et non de se geler en haut de la tour d'astronomie à une heure du matin et de crier sur des première années en burn-out dès la première semaine. Et pourtant, ce semblait être le cas du jeune garçon qui se trouvait devant elle. Lorsque l'enseignante eut fini de parler, il éclata soudainement en sanglots, et commença à s'expliquer. Était-ce une technique d'intimidation ou bien véridique, c'était ce qu'Adnae cherchait à déterminer, au-delà des explications assez originales, exotiques, de ce jeune élève.

Finalement, lorsque le jeune Sharp eut fini de parler, miss Brennan, étonnée, s'entendit répondre, sans réfléchir : « Oui, je comprends. Mais pensez-vous vraiment que les autres élèves réussissent toujours leurs sorts ? Pensez-vous sincèrement que, comme vous, certains ne sont pas frustrés, même des Nés-Sorciers, d'avoir abandonné leur première maison jusqu'aux vacances au profit de la deuxième ? »

L'enseignante déglutit, et en profita pour faire un rapide tri de ce qu'elle pouvait dire, avant d'ajouter : « Je ne pense pas qu'il faille vous renvoyer. Vous êtes un sorcier. Tout est nouveau ici, et oui, c'est très certainement dur. Mais au fil du temps, votre potentiel va se révéler, à vous comme aux autres. Et les autres, justement, sont comme vous, et dans la même situation. Vous ne devriez pas hésiter à aller leur parler. »

Il fallait désormais aborder le sujet apparemment très sensible du père. Qu'importe, Adnae l'enjamba sans transition : « Pour ce qui est de votre père, c'est normal qu'il s'inquiète. Qui ne s'inquièterai pas en voyant son fils s'éloigner et rejoindre un monde qu'on ne connaît pas ? C'est normal qu'il s'inquiète pour vous. Mais c'est tout aussi normal que vous choisissiez le monde où vous voulez vivre. Pas moi, pas votre père. Vous. Et avant tout, il faut abandonner votre avis tranché sur un monde ou l'autre. Car de mon point de vue, et je serai sincère avec vous, il n'y a pas deux, mais un seul monde, qui a bien des inconvénients, et des humains en son sein, quelle que soit leur nature. » L'outro n'était peut-être pas des meilleures, mais tant pis, il était trop tard pour faire marche arrière, désormais.
380 mots
Adnae va essayer de s'en sortir, mais à sa manière haha ! Toujours est-il que ta réponse m'a bien inspiré !

J'avais écouté Miss Brennan patiemment, tentant de faire sens à tout ce qu'elle me disait. En vain. Ses mots s'ajoutaient encore et encore dans ma tête et je sentais qu'ils se répercutaient tous les uns contre les autres, sans n'avoir aucune porte de sortie vers où aller. J'entendais une explication d'adulte qui se voulait raisonnée mais qui ne pouvait pas fonctionner. J'étais comparé aux autres. Bien sûr que d'autres souffraient d'être ici, mais ils le voulaient, moi pas. Puis, le mot qu'elle employa pour parler de ma magie me fit serrer les poings. Je ne voulais plus entendre parler de potentiel, de sorts, de magie, de moldus ou de sorciers. Je voulais qu'ils arrêtent. Je sentais en moi la colère que j'avais emmagasinée toute la journée sortir après les larmes. Je passais de la tristesse à la colère et je ne savais pas comment contrôler tout ce flot.

- Vous dites que je peux choisir mon monde, mais c'est faux ! On m'a jamais laissé le choix ! Et s'il y a un choix à faire, alors je le fais maintenant. , lâchai-je dans un ton désespéré et en colère.

Je respirais après ces phrases lancées de manière complètement inconsciente, et je me retournai pour me diriger vers ma baguette, jetée plus tôt. Je m'accroupis, la ramassai d'un coup de poignet franc et revins en direction de ma professeure.

- Si j'ai le choix comme vous dites, alors prenez-là !

Ma main était tendue, la paume ouverte et ma baguette en plein milieu. Ma respiration était saccadée, la mention de mon père résonnait dans ma tête, et le ton de ma voix ne baissait pas. Je n'arrivais pas à prendre du recul, je n'arrivais pas à réaliser que ma réaction était déplacée.


@Adnae Brennan Pardooooon pour ce retard ! (et pour cet élève indiscipliné)

Adnae commençait à se sentir assez mal. Elle était certaine de ne pas avoir bien pesé ses mots ; ce garçon pouvait reprendre chacune de ses phrases et les décortiquer pour les réutiliser contre elle. Ou, à son niveau de désarroi, il pouvait prendre chacune d'entre elles pour lui, et très mal réagir. Bref, miss Brennan se sentait très mal à l'aise. Elle avait du mal à s'interposer, et ne savait pas du tout comment réagir à cet instant. Elle écoutait le première année désemparé s'énerver, sans rien dire.

Restant silencieuse durant quelques secondes après que le garçon ait terminé son petit spectacle, l'enseignante réagit finalement, alors même qu'elle ne savait toujours pas quoi dire. Sans lui prendre la baguette des mains de l'élève, elle lui répondit sans réfléchir, disant ce qui lui passait par la tête : « Vous ne semblez pas avoir compris que vous avez un don. Souhaitez-vous vraiment le réduire en fumée, alors que vous pourriez en user pour, plus tard, accomplir vos rêves ? »

Qu'est-ce que c'était que ces conneries, encore... La professeur d'astronomie commençait vraiment à dire n'importe quoi. Elle préféra se taire au lieu de continuer à dire des bêtises. Utiliser de son don pour accomplir ses rêves, c'est débile. Non ? Quoique... Oh, et puis mince, c'était dit, c'était dit. De toute manière, il fallait que cet élève se calme et aille dormir. Car, en effet, Adnae l'avait oublié, mais il était tard, elle était fatiguée, et cet élève devait être puni, quoiqu'il se soit passé. A moins que...
258 mots

Lancé dans mon excès de colère, la remarque de Miss Brennan me fit l'effet d'une bombe. D'une énième. Je n'avais pas pensé à cet angle de vue. Mais dès que j'essayais, c'était comme une spirale infernale, un cercle vicieux qui m'empêchait d'être heureux ici. J'oscillais entre : Me plaire ici. Penser à mon père. Arrêter la magie. Et tout recommencer, inlassablement.

Je reprenais mon souffle, respirant peu à peu à un rythme normal, fixant ma baguette toujours posée dans ma main. Elle ne l'avait pas saisie. J'avais l'air ridicule à me croire si malin. A croire qu'elle allait la prendre et me souhaiter un bon retour chez moi. Evidemment qu'elle était plus intelligente que cela. Evidemment que sa question était pertinente. Je fixais son regard que je ne pouvais malheureusement pas analyser avec toute cette obscurité. Mais son ton en disait long.

Je n'arrivais plus à répondre. J'étais épuisé par ma semaine, par ma fatigue, mes larmes et ma colère. Sorti de mes émotions noires qui redescendaient peu à peu, après un long moment de silence, je ressentais à nouveau le froid de la nuit qui me fit frissonner.

Je refermai le poing sur ma baguette, la plaçai dans ma poche et baissai les yeux de honte. Je ne savais plus quoi répondre, et si même je devais répondre. Je préférais attendre qu'elle achève cette conversation pour retourner à mon dortoir. Je me frottai les yeux qui commençaient à me piquer. J'avais subitement envie de dormir.

Adnae commençait vraiment à fatiguer de plus en plus ; elle espérait que ce jeune homme avait compris la leçon, car elle n'avait envie que d'une chose : en finir avec lui pour pouvoir retrouver son lit douillet. Ainsi, lorsqu'elle vit qu'il ne savait plus répondre, puis qu'il rangeait sa baguette, l'enseignante manque d'hurler de joie. Elle avait finalement choisit les bons mots ! Elle avait touché le première année, il avait enfin compris ce qu'elle essayait de lui dire. Bien, il s'agissait désormais de le ramener définitivement à la raison... mais on verrait ça plus tard, pour l'instant, le ramener dans son dortoir serait une bonne étape intermédiaire.

Ainsi, Adnae reprit la parole avec douceur, expliquant : « Il est tard, mister Sharp. Je suis contrainte de vous ramener en salle commune. » Elle se tut quelques secondes, puis prit une décision beaucoup trop bienveillante, qui ne lui ressemblait pas, mais qui, au vu de la situation, valait mieux : « Je ne vais pas vous punir. Au vu de la situation, je passe l'éponge. En revanche, sachez que je ne pourrai pas faire ça à chaque fois. »

Puis, après une seconde supplémentaire, miss Brennan ajouta, clôturant la discussion : « Et n'oubliez pas, également, que la porte de ma salle de cours vous sera toujours ouverte si vous souhaitez parler, de même que celle du bureau de notre psychomage. Je sais que votre situation est difficile ; alors n'oubliez pas que nous serons toujours là pour parler avec vous, et essayez de vous aider. D'accord ? » Enfin, Adnae, tout en regardant l'élève qui se trouvait face à elle, duquel elle espérait recevoir une réponse affirmative, commença à faire quelques pas en arrière, prête à accompagner l'élève en salle commune.
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