Lundi 9 Septembre 2047 - Dans la matinée - @Diarmuid O'Belt

Bien que son emploi du temps lui offre l'opportunité de faire des grasses matinées tous les lundi matin de l'année, Jeffrey s'était réveillé très tôt en ce début de semaine. Enfin plus précisément il n'avait presque pas dormi, se trouvant dans un état entre la somnolence et l'épuisement. Depuis son retour à Poudlard Jeffrey dormait très mal, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Et l'adolescent avait beau en chercher la raison il peinait à la trouver. Le problème c'est qu'il sentait que cela commençait à jouer sur son humeur.

Sa première semaine de cours s'était plutôt bien déroulée hormis ce léger accroc - qui n'en était pas vraiment un d'ailleurs - avec Orla. Mieux, il y avait même eu cette soirée qu'il avait organisé dans les dortoirs avec l'accord de Mrs Priddy et qui avait été le point d'orgue de la semaine. Mais dès qu'il essayait de s'endormir le britannique n'y parvenait pas, sauf quand il finissait par sombrer d'épuisement.

Et comme une nouvelle semaine de cours commençait Jeffrey s'était dit qu'il ne pouvait pas continuer comme ça. En plus il commençait la semaine avec Mrs Valerion et le garçon avait envie de montrer à son enseignante qu'il avait repris le dessus sur ses soucis de fin d'année dernière. Et pour lui démontrer cela il devait être en pleine forme et reposé. Sans compter que samedi prochain sonnerait la reprise des courses de balais. Autant de raisons pour Jeffrey de pousser la porte de l'infirmerie malgré sa réticence à croiser le frère d'Ennis. Et bien évidemment plus on redoutait quelque chose, plus cela arrivait vite...

« Oh... Bonjour euh m'sieur... » bredouilla l'anglais en ne sachant pas comment s'adresser à son désormais ex beau-frère, si on pouvait dire. « Je... J'vais peut-être repasser en fait. » hésita l'anglais, très mal à l'aise.

« Désolé j'suis un peu à l'ouest ce matin. » dit l'anglais en commençant à se retourner pour saisir la poignée.

Contrairement à l'année passée où il avait pris une grosse partie du planning à sa charge pour soulager un maximum Ruby Lloyd, depuis la rentrée, tout était plus équilibré et chacun prenait cinquante pourcent des temps d'ouverture de l'infirmerie... qui n'était jamais fermée à proprement parlé en dehors des congés d'été.

Ce lundi matin dès la levée du couvre-feu, il avait donc laissé la place à sa collègue et avait été dormir un peu histoire de pouvoir affronter sa journée qui, même si elle était pour lui, ne signifiait pas qu'il n'était pas présent à Poudlard. Annaëlle travaillait elle aussi et s'était réorganisée à la librairie avec cet emploi du temps nouveau, mais il ne pouvait exiger d'elle de tout busculer. Aussi, avaient-ils prévu de se retrouver plus tard dans la journée, avant qu'il ne reprenne officiellement au contact des élèves vers dix-neuf heures. Pour autant, il travaillait quand même ce matin là. L'infirmerie avait été réorganisée et il vérifiait la pharmacie dans le but de passer des commandes pour les ingrédients qu'ils ne pouvaient pas se procurer dans les serres, les enclos de créatures ou la forêt interdite.

C'est pendant cette activité que la voix d'un jeune homme se fit entendre. Une voix qu'il avait peu entendue, mais qui était associée à un visage qu'il avait très facilement reconnu. Jeffrey. Mais pas le Jeffrey qu'il avait pu voir évolué de loin l'an passé, non, celui qui se tenait face à lui exhalait la fatigue, même pire que ça, il lui semblait... à bout? Mais à bout de quoi exactement? Parce qu'on était tôt dans l'année et on atteignait rarement un tel état au mois de septembre, pas sans bonne raison.

- "Bonjour," le salua Diarmuid qui avait perçu le malaise qui s'installait. Lui même hésitait sur la manière de procéder même s'il n'en montrait rien - éducation obligeait. C'était l'ex-petit-copain de sa benjamine, quitté par cette dernière très peu de temps avant les BUSE. Il y avait de quoi chercher le pied sur lequel danser. Mais il fit le choix de s'adresser à lui cmme à tous les autres étudiants - hors Ennis - en le vouvoyant. C'était de toute façon de notoriété publique que le jeune infirmier faisait ainsi, même avec les amis de sa petite sœur. "Je peux comprendre que la situation soit délicate pour vous. Mais Mister Hunter, je ne peux pas vous laisser repartir dans cet état de fatigue." Dit-il, sincèrement inquiet de le voir ainsi, en proie à une empathie réelle. Il se revoyait lui, dans ses moments de fuite de sommeil, au point de se mettre en danger, pire, de faire de même avec ses patients. "Je ne peux pas prendre le risque qu'il vous arrive quelque chose, vous comprenez? Je préférerai vraiment que vous veniez vous asseoir pour que je puisse vous aider." De l'inattention à l'accident de magie... Tout pouvait arriver quand on était à bout de force.

Jeffrey arrêta son geste, main sur la poignée. Visiblement Diarmuid avait parfaitement saisi ce qui pouvait gêner le Poufsouffle dans cette situation. Et s'il pensait lui aussi que la situation était délicate, c'était qu'elle l'était clairement. L'ancien joueur des Hel's hésitait. Il se doutait que l'infirmier et grand frère d'Ennis était tenu au secret mais il appréhendait quand même que certaines informations fuitent. Ou que la préfète de Gryffondor en déduise certaines choses.

Toutefois l'adulte ne lui laissait pas vraiment le choix, jugeant apparemment que son état de fatigue était trop important. Le sixième année n'avait pas l'impression que sa fatigue soit si visible que cela mais après tout il n'était peut-être pas si lucide. En tout cas il n'avait clairement pas envie d'entrer en contradiction avec Diarmuid. Et puis s'il pouvait lui donner une potion de sommeil sans rêve ou quelque chose de ce genre-là sa visite ici n'aurait pas été vaine.

Le garçon laissa donc retomber son bras et se retourna pour faire face à Diarmuid O'Belt. Il n'avait jamais trop fréquenté le frère d'Ennis même du temps où il sortait avec l'irlandaise. Mais il trouvait quand même étrange d'être appelé "Mister Hunter" par ce dernier. Cela mettait à son sens une distance non nécessaire. Cela devait se voir sur son visage mais Jeffrey fit en sorte de passer à autre chose, acceptant plutôt d'aller s'assoir en compagnie de l'infirmier.

« Très bien. Allons y alors. » dit Jeffrey en s'approchant des sièges. « Mais je vous assure que je ne comptais rien faire d'imprudent. Je dors juste très peu depuis quelques jours et je ne comprends pas pourquoi. » précisa-t-il avec sincérité.

L'adolescent avait la main sur la poignée et Diamruid espérait vraiment avoir trouvé de quoi le convaincre. Il avait déguisé ça en ordre mais Jeffrey pouvait tout aussi bien l'envoyer paître avec les Sombrals. Et puis il se retourna, le visage fermé. Difficile pour le médicomage d'en deviner la cause, même s'il avait quelques idées. Il ne connaissait le garçon que par la peinture de sa sœur, forcément biaisée par les sentiments forts qu'elle avait éprouvé et éprouvait toujours.

- "Depuis quelques jours?" Questionna limandais en faisant un geste de la main vers la table d'auscultation plutôt que les chaises vers lesquelles se dirigeait l'adolescent. Le fait était que la rentrée était il y a quelques jours à peine et même s'il était en sixième année et que les professeurs étaient généralement exigeant, en une semaine, on était rarement sous l'eau. Et comme les troubles du sommeils n'avaient que deux causes possibles à savoir une maladie ou un esprit trop chargé, il fallait voir avec le brun ce qu'il en était. Et vu ce qu'il savait de sa situation, son instinct poussait vers l'influence du psychique. Mais il se devait de vérifier et ce fut exactement ce qu'il exposa au jeune homme, sans s'apercevoir l'espace d'un instant qu'il n'allait pas garder la distance qu'il s'était promis de tenir en voulant le traiter comme tous les autres étudiants.

- "Il y a deux grandes causes possibles à ce que tu traverses en ce moment, Jeffrey, la plus facile à détecter étant une maladie magique. On va donc commencer par ça." Exposa le soignant en regardant son patient avant de se rendre compte après une poignée de seconde de la manière dont il lui avait parlé. L'adolescent risquait de ne pas saisir le pourquoi du changement de traitement et lui même hésitait sur la conduite à tenir... Jouer franc jeu? "Pardon, je suis sensé garder une distance avec tous les élèves. Comment préfères-tu que je t'appelle?" A mi-chemin entre le franc jeu parfait et la difficulté de mettre sur le tapis sa relation terminée avec Ennis et le fait de savoir ce que c'était de souffrir dans sa tête.

Jeffrey opina de la tête quand Diarmuid le questionna.

« Oui, depuis la rentrée en gros. Pourtant on peut pas dire que les cours me stressent. Je suis même content de reprendre. » répondit le britannique en haussant les épaules, moins sur la défensive.

L'ancien poursuiveur des Hel's alla donc s'assoir alors que l'infirmier et grand frère d'Ennis semblait commencer à vouloir établir un diagnostic. Jeffrey ressentit une pointe d'appréhension lorsque Diarmuid évoqua la possibilité d'une maladie. C'était possible bien sûr mais à la base le Poufsouffle était venu ici en pensant juste obtenir une prescription de potion de sommeil sans rêve pour repartir aussi vite qu'il était venu. Mais ça ne semblait pas en prendre le chemin pour l'instant.

Il fut cependant surpris d'entendre Diarmuid s'excuser mais il devait reconnaître qu'il y avait quelque chose de très étrange à se faire appeler "Mr Hunter" par le grand frère de son ex petite amie Ennis, avec qui il avait été pendant deux ans. Certes, il n'avait jamais spécialement passé du temps avec Diarmuid mais il trouvait en effet bizarre de s'entendre appeler ainsi et avait du mal avec ce ton formel qui ne favorisait pas la confidence. Le sixième année décida donc d'apporter une réponse honnête.

« Je préfère par mon prénom si ça vous dérange pas. » précisa Jeffrey en luttant pour ne pas tutoyer Diarmuid, ce que son instinct lui dictait de faire. « Ca fait bizarre sinon. J'ai l'impression de passer mes BUSE ou d'être en cours. Je sais qu'on s'est jamais trop parlé mais bon j'ai quand même passé beaucoup de temps avec votre petite sœur. »

L'anglais avait fini par parler du sujet taboo mais comme pour se protéger il avait fait attention à ne pas évoquer le prénom d'Ennis. Il préféra alors rebondir rapidement sur un autre sujet.

« Vous allez chercher quoi comme maladie magique ? »

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En gros? Il n'y avait pas à dire ça manquait de précision. Mais si le jeune homme ne se sentait pas spécialement stressé par la rentrée, quel pouvait être le déclencheur à ses troubles du sommeil. Des pathologies, il en existait, mais qui couvent ainsi avec ce seul symptôme... C'était parce qu'il réfléchissait à ce point, sans écarter la cause psychologique qu'il avait appelé le Poufsouffle par son prénom et l'avait tutoyé alors qu'il ne l'avait jamais fait jusqu'à présent avec les élèves de Poudlard. En hôpital c'était différent. Les touts petits et les enfants, on ne pouvaient pas les vouvoyer et les nommer par leur nom. En ce qui concernait les adolescents c'était un peu plus délicat. Quand on les voyait tous les jours pour des soins ou ponctuellement pour une consultations unique c'était bien différent. A Poudlard i avait donc opté pour l'utilisation de leurs noms et le vouvoiement puisqu'il était infirmier mais aussi part entière du personnel encadrant. Et puis, pour lui, ça ne signifiait pas mettre de la distance et de la froideur. Peut-être devrait-il revoir son avis sur la question à la lumière de ce que venait de lui dire le jeune homme.

- "D'accord pour le prénom, et je te tutoie, ou tu préfères autrement?" Tant qu'à faire, il préférait tout mettre au clair avec le brun pour qu'il soit à l'aise. Celui-ci répondit et Diarmuid pu continuer sa consultation sans commettre d'impair, de ce point de vue là du moins. "Si tu es plus à l'aise à utiliser mon prénom libre à toi tant que nous sommes dans des situations de soins ou seuls." Proposa le châtain en retour quand le sujet d'Ennis fut rapidement évoqué. Un sujet sur lequel il choisit de ne pas rebondir, préférant celui plus concret des troubles qui touchaient l'anglais.

- "Tes problèmes de sommeil sont tes seuls symptômes d'après ce que tu me dis, je vais commencer par chercher si tu as des constantes anormales, cœur, poumons, flux magique. Selon les résultats je vais certainement devoir analyser un peu de ton sang pour vérifier que tout est bon aussi de ce côté là. Avec toutes ces informations je verrais si quelque chose ressort." Expliqua le médicomage avant de proposer à l'étudiant de s'installer sur la table d'auscultation en enlevant sa chemise et dégrafant seulement son pantalon avant de demander quelques précisions. "Aucune douleur nul part? Pas de poussée de croissance dernièrement? Toute chose qui diffère de l'ordinaire pourra permettre de m'aiguiller." Diarmuid avait attendu qu'il soit installé pour poser ses questions et demanda finalement l'accord du jeune homme pour faire ses premiers examens.

Jeffrey trouvait étrange que le grand frère d'Ennis en fasse à ce point une histoire concernant le tutoiement et le vouvoiement. Lui semblait préférer un certain formalisme en présence d'autres personnes. L'anglais acquiesça tout en se disant que sa récente rupture avec Ennis y était peut-être un peu pour quelque chose.

« Aucun problème pour me tutoyer. » se contenta donc de dire d'un ton neutre le Poufsouffle, qui attendait surtout d'entrer dans le vif du sujet concernant son diagnostic.

L'ainé des Hunter écouta avec attention les explications distillées par Diarmuid O'Belt. Il sentit une pointe d'appréhension quand il lui parla d'une chose en particulier. Ce n'était pas forcément les problèmes de cœur ou la prise de sang qui le firent stresser, ce qui aurait d'ailleurs été plus logique. Non, ce qui le fit tiquer fut quand l'infirmier évoqua les problèmes de flux magiques. A partir du mois d'avril dernier, sentant la rupture avec Ennis approcher inexorablement, Jeffrey avait ressenti des perturbations dans sa capacité à jeter des sortilèges. Phénomène qui s'était amplifié et aggravé fin mai avec la séparation. Seules les interventions de Mrs Valerion en marge du club Prodigium et d'Elian avaient permis de régler ce problème juste avant que l'adolescent ne passe ses BUSE.

Ainsi l'anglais hésitait à en parler à l'infirmier car personne d'autre que ceux qui l'avaient aidé n'étaient au courant de ces déboires avec ses capacités magiques. Pas même ses meilleurs amis Chems et Maddie. Et depuis tout était rentré dans l'ordre. Mais en même temps ce choc émotionnel avait fait du dégât, Jeffrey n'était pas dupe. C'était juste qu'il était difficile d'en parler à celui qui était désormais son ex "beau-frère".

« Je grandis en continu. J'ai l'impression d'être sous sortilège de gavage. » plaisanta d'abord le sixième année avant de redevenir plus sérieux. « Pas de chute ou de blessure particulière sinon. Ni de problèmes familiaux. Je pense pas stresser pour la rentrée non plus. La sixième année est moins stressante que celle des BUSE et je vais avoir beaucoup de temps libre cette année. » ajouta le britannique afin d'être le plus exhaustif possible et en suivant les instructions de l'infirmier.

Le garçon marqua un temps d'hésitation avant de poursuivre. Il se devait d'être honnête malgré la gêne de se confier ainsi au frère d'Ennis, à moitié déshabillé. Sinon ses insomnies risquaient de continuer et cette démarche de venir ici serait alors une totale perte de temps.

« Je me demande si c'est pas lié à ce que vous savez... J'veux dire, revoir Ennis tout ça... Pourtant je pense que c'est digéré maintenant. » dit l'anglais avec sincérité en haussant les épaules.

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Mots en gras pour "Au fil des Mots"

Le trait d'humour fit sourire Diarmuid parce que c'était exactement ce que pouvait dire son frère - mais surtout pas devant leurs parents - alors que sa croissance n'en finissait plus de lui faire prendre de la hauteur, jusqu'à récemment encore. Cependant, c'était une première piste, surtout que pour le reste, Jeffrey n'évoqua rien de très particulier. L'irlandais avait un pressentiment, mais il ne pouvait pas forcer le jeune homme à se confier, surtout à lui. Tout ce qu'il pouvait à ce stade était de vérifier s'il y avait une cause physique à ses problèmes.

Comme l'anglais s'était tu, Diarmuid sortit sa baguette pour commencer les premiers sorts d'analyse mais s'interrompit très vite quand il comprit que d'autres paroles allaient venir. Le regard du plus vieux se posa sur le plus jeune, délaissant l'artefact rangé dans une poche de sa blouse. Il hocha doucement la tête. Son pressentiment n'était pas tant à côté de la plaque. "Ce qu'on va faire, c'est que je procède aux examens et ensuite on fait le point entre les résultats et ce que tu viens de me dire." Expliqua l'infirmier en sortant effectivement sa baguette magique en bois de cerisier. "Je commence par les sorts, je ferais aussi un examen avec mes mains après. Et s'il faut, je récupère un peu de sang sur un de tes doigts." L'avantage des sorciers sur les moldus, c'était que quelques gouttes suffisaient, pas besoin d'en prendre plusieurs millilitres.

Sitôt dit et l'accord obtenu pour y aller, Diarmuid lanca plusieurs sort qui le renseignèrent sur la taille, le poids et les constantes usuelles du Poufsouffle. Jusque là, tout semblait normal et il en informa le brun: " Rien d'inquiétant pour le moment. Pour évaluer ton flux magique je vais avoir besoin de toi. Je dois poser mes mains sur ton épaule et tes abdominaux, et toi tu dois fermer les yeux, respirer profondément et te concentrer comme si tu voulais lancer un sort, Lumos par exemple. Le reste je m'en charge. Est ce que c'est bon pour toi?" Expliqua puis demanda l'aîné des O'Belt à son patient.

Se ravisant et rangeant sa baguette, Diarmuid avait pris le temps d'écouter Jeffrey jusqu'au bout avant de procéder à son examen. Le Poufsouffle avait apprécié mais il constata tout de même que l'irlandais faisait finalement ce qu'il semblait avoir décidé auparavant. Soit il avait déjà la réponse et avait trouvé l'origine du problème, soit il faisait cet examen par pure conscience professionnelle un peu comme si c'était machinal. Au moins le trait d'humour de Jeffrey avait eu pour effet de dérider un peu l'infirmier bien que cela ne soit qu'éphémère. Merlin que les O'Belt pouvaient être sérieux tout de même !

Le Poufsouffle acquiesça face aux explications du frère d'Ennis et se montra docile pour que l'adulte puisse mener son examen rapidement. Les premières observations étaient rassurantes bien que le sixième année ne soit pas très inquiet. Il avait juste besoin de dormir un peu lui semblait-il mais ce n'était pas lui le spécialiste. Si Diarmuid cherchait quelque chose c'était probablement car il avait déjà eu des précédents. Le garçon écouta attentivement les consignes et donna son accord pour continuer.

« D'accord. On peut y aller. » dit alors l'anglais avant de fermer les yeux et de prendre une profonde inspiration.

Il tacha de se concentrer sur le sentiment d'espoir qui était nécessaire pour lancer un Lumos. Il espérait être en bonne santé et vite retrouver le sommeil. Il se visualisa sous sa grosse couette bien douillette, reposé. Et le garçon se détendit donc assez rapidement tandis que l'adulte posait ses mains sur ses abdominaux et son épaule. Il serait vite fixé à priori.

Le temps de l'examen du flux magique de l'adolescent - ou plutôt du jeune homme - Diarmuid ferma les yeux, cherchant juste à sentir le déplacement d'énergie. D'où il venait, comment il répondait au jeune sorcier, comment il se comportait. Il cherchait à en apprécier la fluidité, la force, la précision, son rythme, ses amplitudes... Tout un tas de critères qu'il était généralement bien difficile d'expliquer aux personnes non initiées. Si son mentor français avait pris sur lui de le lui enseigné, c'était parce que de leurs discussion étaient ressorti le sentiment que Diarmuid serait réceptif. Il le lui avait avoué avant son départ. Pour Jeffrey, le processus n'était absolument pas douloureux, si d'aventure il faisait des méditations visant à contacter sa magie, peut-être qu'il sentirait qu'il y avait une deuxième énergie qui suivait la sienne. Mais la plupart du temps les patients décrivait juste des sensations semblables à ce qu'ils pouvaient ressenti en lançant un sort, juste en un peu plus décuplé.

Son examen terminé, il rouvrit les yeux et rompit le contact physique avec le Poufsouffle. Il se recula légèrement avant d'indiquer. "Tu peux remettre tes vêtements. Viens t'asseoir au bureau, je t'explique tout." Il prit ensuite sa baguette magique pour faire venir à lui une fiole de potion de sommeil sans rêve. Quand le brun fut installé, il prit le temps d'expliquer ce qu'il avait trouvé. "Comme je te le disais, les examens de santé sont normaux. Pour ta magie, elle est un peu erratique dans ses mouvements. Elle répond bien quand tu l'appelles mais elle a du mal à trouver son chemin. Pour un jeune homme qui continue de grandir comme tu le dis ce n'est pas inquiétant; on y passe tous par cette période, pendant un pic de croissance le corps ne peut pas tout faire." C'était le jeu des hormones qui perturbaient le tout. C'était même pire pour les filles qui devaient s'habituer à des changements constants. Mais cela passait toujours. "Par contre, elle s'essouffle vite. C'est la fatigue en grande partie. Et il y a peut-être aussi le contre-coup de ce qui se passe avec Ennis. Je peux t'aider pour la première raison. Pour la deuxième..." Diarmuid hésita un instant sur la suite de sa phrase, cherchant comment lui dire ce qu'il pensait raisonnable de faire... "c'est toi qui sais ce dont tu as besoin."

Il n'irait pas plus loin. Si le jeune homme voulait parler, il savait qu'il avait ses amis ou un parrain dont il était proche - il l'avait compris par Ennis et lors de son premier tatouage, fin août, Diarmuid n'avait pas trop voulu s'étendre sur le sujet de sa sœur, par gêne - et en cas de besoin plus important, il y avait Angie. Le médicomage s'empara de la fiole de potion et la posa devant lui, inscrivant sur un parchemin les informations qu'il s'apprêtait à donner à Jeffrey. "Pour t'aider à dormir, on commence par cinq jours de cette potion de sommeil. Il faut que tu la prennes de manière à pouvoir dormir au moins neuf heures consécutives, dès que tu es dans ton lit tu prends une gorgée. Pas plus. Tu devrais t'endormir très rapidement et d'un sommeil assez lourd. Au bout des cinq jours, tu essaies de passer deux nuits sans. Si ça va, on laisse ton cycle de sommeil travailler tout seul. Si ça ne va pas tu reviens mon voir et on adaptera." Il tendit à Jeffrey potion et parchemin avant de demander s'il souhaitait se reposer un peu ce matin là, s'il était là, c'était qu'il n'avait pas court et de souvenir il n'en aurait que cet après-midi. Si oui, il lui donnerait juste une dose d'une potion beaucoup plus légère pour qu'il aille s'allonger deux heures dans son dortoir.