Aujourd'hui est le jour de rentrée, mais étrangement je ne ressens rien. Ni stress, ni excitation, seulement un désintérêt total de l'évènement et un léger agacement lorsque j'entends les nouveaux premiers années s'agiter dans tous les sens. Etais-je comme eux? Je l'ignore. Sans doute que oui, il y a des chances, j'ai moi aussi un jour été comme les autres. Et je suis bien prétentieux de penser que ce n'est plus le cas. Cependant, avec du recul, je me rend compte que j'idéalisais profondément Poudlard. Je pensais trouver les réponses à toutes mes questions là-bas. Maintenant, je sais que ce n'est pas vrai, si mes réponses se trouvent quelque part ce n'est décidément pas à Poudlard. Au contraire, cette maudite école ne parvient qu'à renforcer les doutes dans mon esprit.

Le fait de partir de Godric's Hollow m'effraie un peu. J'ai peur que Papa parte en mon absence. J'ai en moi un espèce de sentiment de culpabilité lorsque je le visualise seul dans sa chambre d'hôpital. Enfin, dans les faits il ne sera pas seul, il y aura les médecins, Mère et la famille Blackbirds qui s'est aussi engagée à lui rendre visite pour rendre sa convalescence moins désagréable. Mais moi je ne serais pas là. En fixant le vide, je me met à serrer fort dans la paume de ma main le médaillon qui pend autour de mon cou. Si je considère le fait que Papa le portait en permanence pendant plus de vingt ans, voire peut-être trente, j'emporte en réalité avec moi à Poudlard une petite partie de lui. Ainsi qu'une partie de tous les héritiers Clifford qui m'ont précédés. J'ai déjà dialogué avec mon arrière-grand-père à travers un tableau, c'était assez bizarre. Il ressemble énormément à Mère. Mais je ne sais pas si je peux vraiment tirer des conclusions de ces rencontres dans la demeure de mes grands-parents. J'ai entendu que seule une partie de la personnalité des gens qui les occupent peut ressortir dans les portraits. Je ne sais pas si c'est vrai, mais j'espère. En réalité je cherche désespérément un ancêtre à moi qui me ressemblerait un peu, question d'être sûr que je suis vraiment à ma place dans cette famille, pas juste une erreur.

Lumah et moi avons convenu de discuter demain il me semble. Je ne sais pas trop où me situer par rapport à elle, j'ai trop peur de la décevoir encore une fois. Je sais que c'est idiot, elle m'a clairement montré que je pouvais lui faire confiance et qu'elle m'accepte comme je suis même si ça lui coûte parfois un peu. D'ailleurs, de toute manière il me serait bien compliqué de la décevoir davantage que ce que j'ai pu le faire dans le passé. D'un certain côté, je ne risque plus grand chose. Mais je ne peux m'empêcher de me dire que mon soleil mérite mieux qu'un parasite comme moi dans sa vie. Je veux qu'elle soit heureuse.

Cependant, en ce moment même, c'est une autre jolie blonde qui occupe toutes mes pensées. Je suis impatient de revoir Lexa. Si Lumah est mon soleil, Lexa est la seule capable de m'aider à garder mon équilibre. Avec elle je me sens moins perdu. Elle incarne pour moi à la fois l'ange et le diable sur mes épaules. Parfois m'aidant à me montrer plein de bonnes intentions, d'autres fois faisant ressortir mes pires côtés, sans jamais me juger. C'est ma meilleure amie, et personne ne serait capable de remplir ce rôle si bien qu'elle. Sans elle, je ne tiens plus debout. Pendant les vacances, je me suis rendu compte que l'an passé on avait bien moins communiqué que d'habitude, comme si des secrets pesaient entre nous. Je suis certain qu'elle ne me dit pas tout, je la soupçonne de dissimuler quelque chose. Mais elle n'est pas la seule, je ne lui ai pas parlé de mes apparitions et ne lui ai pas dit que je reparlais à Lumah. Alors aujourd'hui sera pour moi l'occasion de parler de tout ça, nous avons un long trajet à parcourir après tout ! Ainsi nous serons sûrs de reprendre l'année sur de bonnes bases. Mais pour l'instant je ne la voit pas. Elle pourrait se dépêcher un peu dites-donc. Je commence à un peu m'ennuyer.

C'est exactement ce moment de mes pensées qu'elle choisit pour me rejoindre dans le compartiment que je nous ai réservé. Aussitôt que je croise son regard, un grand sourire se peint sur mon visage. C'est presque la même qu'au départ des vacances, ce qui a un côté rassurant. Elle n'a pas beaucoup bronzé, ce qui n'est pas vraiment étonnant puisqu'elle a la même peau que moi. Lorsque mes yeux croisent les siens je me rend compte d'à quel point elle m'a manqué. Je me lève immédiatement de mon siège.

-Lexa!

Avant même qu'elle n'ait rien pu dire je la serre fort dans mes bras. Nous habitons dans la même ville et pourtant nous ne nous sommes pas vraiment vus cet été. Peut-être parce que je ne suis pas beaucoup sorti. Enfin bon, le peu que je l'ai fait m'a suffi à rencontrer Volts, je suppose que l'année prochaine je ne sortirais donc pas du tout, ça évitera les mauvaises rencontres. Je me recule pour la laisser respirer et me rassoit en l'invitant à faire de même. J'ai mis en évidence des pâtes de fruits, achetées pour elle hier après-midi. Je sais que ce sont ses friandises favorites alors j'ai pris de quoi nourrir tout Poudlard, nous ne mourrons pas de faim durant le trajet.

-Tu ne peux deviner à quel point tu m'as manqué! Quoi de neuf?

Je suis tout heureux, il n'y a qu'avec elle que je me sens comme un adolescent normal. Je l'adore. Je continue à parler avec un air cette fois malicieux.

-Moi, figure-toi que j'ai pleins de choses à te raconter, mais ça tombe bien on a du temps il me semble.

J'aimerais déjà lui parler de ma rencontre avec Maximilian, qui m'a laissée un arrière-goût désagréable. Ensemble nous nous moquerons de lui et de son amour inconditionnel pour les moldus. Ca va me faire du bien. Mais nous avons bien d'autres sujets à traiter, deux mois à rattraper. Bien sûr il y a d'autres sujets importants que j'aimerais eux éviter, comme l'état de mon père. Je sais qu'elle sait ce qu'il en est, plus ou moins. C'est moi qui l'en ai informée après tout. Mais j'aimerais que nous n'en parlions pas, ou très rapidement, j'ai besoin de me changer les idées. Mais je lui fais confiance, si il y a une personne qui me comprend dans cet univers, c'est bien Lexa.

1108 mots
J'espère que ça te plaira, quelques fautes se sont peut-être glissées par là avec la fatigue oups, je réclame ton indulgence.
Je n'ai malheureusement pas gardé le titre que tu avais proposé bien que je te l'accorde “le duo le plus gentil de poudlard revient à poudlard” ça sonnait magnifiquement bien.

Je n’ai pas cru longtemps aux âmes sœurs. Idiots et superstitieux, c’est ce que je pensais de ceux qui croyaient à cette légende. Je ne croyais pas l’être humain capable de se sentir connecté avec quelqu’un qui puisse les comprendre parfaitement, les compléter.

Jusqu’à ce que je rencontre Antonn.

J’imagine que je devrais penser à Louis, un peu plus, en cherchant mon âme sœur. Ou à Dawn. Depuis que je lui avais présenté Maiy, elle se comportait étonnement normalement. Elle jouait à la demie-soeur heureuse, hochait la tête sans écouter un mot de ce que je disais, et disparaissait dès que je la cherchait. Est-ce que c’était Maiy le problème, ou moi ? Est-ce que tout ça, ça la gênait ?

Et Maiy. Plus l’été passait, et plus j’étais confuse. N’importe quel aveugle verrait que cette relation ne mène a rien d’autre qu'à de la colère, à la fin. Et n’importe quel sourd entendrait les mensonges qu’on se raconte à répétition pour cacher nos différences.

Je ne sais même pas si je suis toujours amoureuse d’elle. Nous ne nous disputons pas, parce qu’on évite de se dire les choses qui dérangent. On joue seulement aux amoureuses encore gamines, pressées de comprendre ce qu’est véritablement la vie, la haine et l’amour. Parce que nous ne nous conduisons plus comme des amoureuses, des ennemies. Juste des filles qui ne savent pas suivre la vie, qui ne savent même pas ce que c’est.

Mais l’amour nous quitte toujours. Les parents, les frères et sœurs. Il n’y a qu’Antonn qui restera toujours là. Depuis le premier jour, c’était nous deux contre elle reste du monde. Rien ne m’arrêtait quand j’étais avec lui. J’oubliais Godric’s Hollow et son luxe aveuglant, Maiy et Dawn, même Louis n’avait plus aucunes places dans ma tête. J’étais obnubilée par notre amitié, par les émotions qui me traversaient quand j’étais avec lui.

Je me sentais vivante.

C’est en le croisant, dans le Poudlard Express, que je me suis senti le mieux, en deux mois. Vivre dans la même ville, à quelques maisons d’écart ne nous aidait pas à nous voir plus souvent. Comme tous les ans, j’ai passé l’été en Allemagne, et ne suis revenue à la maison - si je réussissais à considérer cet endroit comme ma maison - qu’à la mi-août. De ce jour-là jusqu’à aujourd’hui, je suis restée enfermée dans ma chambre, comme une moins que rien.

C’est dans ses bras que je me sens bien, à ma place. Maintenant. Quand il me lâche, je respire enfin. Ironique, puisque je ne me sens respirer qu’avec lui. Sur la banquette, il y avait plusieurs boîtes et sachets de pâtes de fruits. Antonn sait que je pourrais en manger des tonnes sans que jamais ça ne m’écœure.

- Des pâtes de fruits, je t’adore.

Je souffle en montant ma valise sur le portant, au-dessus de nos têtes, et garde sur la banquette mon sac, toujours rempli de choses étonnantes dont je ne comprends toujours pas leur place dans ce sac après plusieurs années.

- Tu m’as manqué aussi. J’ai passé des vacances de merde sans toi. Et toi ?

Elle est là, et grâce à elle d'un coup la lumière dans mon coeur se rallume. Je ne saurais décrire le sentiment que je ressens lorsque je suis à ses côtés. Il a un petit quelque chose de rassurant, de chaleureux. Finalement Lexa, c'est comme mon chez moi.

Le fait de la voir heureuse me rend heureux. Et je sais que l'inverse est vrai. Quand nous sommes ensemble, j'ai l'impression que nous n'avons pas changé, depuis la première fois. Je la connais tellement par coeur que je suis blessé rien qu'à l'idée de savoir qu'un jour nous pourrions avoir de vrais secrets l'un envers l'autre. Lexa est d'avantage une soeur pour moi que ne le sera plus jamais Elisabeth.

Des vacances de merde. Je pense que ça suffit à décrire les miennes aussi. Cet été n'a pas brillé par son lot d'amusement et de détente, loin de là. Bien sûr, il s'est aussi passé de bonnes choses. Je crois. Je grimace en lui répondant.

-Les miennes non plus n'étaient pas terribles. J'ai eu du mal. Mais maintenant que tu es là je me sens mieux.

J'ai envie de tout lui raconter, mais je ne veux pas l'assaillir d'informations. En plus, je sais qu'elle a ses problèmes elle aussi. Malgré l'image que nous voulons en donner aux autres, nos vies sont loin d'être parfaites. Même si nous en parlons assez rarement, je pense que comme moi parfois il lui arrive de mal vivre les attentes de sa famille. Les Clifford et les Queen se ressemblent sous bien des angles: richesse, pureté et prestige sont leurs mots-clés. J'ai par moment la sensation d'avoir été enfermé dans une cage en or à ma naissance, avec tout ce qu'il faut à l'intérieur mais sans espoir d'en sortir. Nous nous y sommes faits, ou en tout cas nous essayons. C'est pour ça qu'elle est ma bouée dans ce tsunami, elle est la seule qui comprends si bien ce que je ressens.

J'hésite un peu avant de poursuivre, mais j'ai besoin de me confier.

-Tu sais mon père? Je t'avais dit qu'il était très malade l'année dernière non? Les médecins pensent qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre, il est hospitalisé.

J'ai tout lâché d'une traite. J'ai du mal à le dire à haute voix, ça rend la chose trop réelle. Mais il ne me sert à rien de me mentir à moi-même, c'est réel. Que je l'accepte ou non n'y changera rien. Malgré ma tristesse à cette idée, je peins un nouveau sourire sur mon visage, ce n'est pas le moment de déprimer.

-Cependant, j'ai quand même une bonne nouvelle, regarde ce qu'il m'a offert!

Je montre fièrement le médaillon accroché à mon cou. Je sais que Lexa reconnaîtra aussitôt l'objet car nous en avons déjà parlé ensemble. Je sais aussi qu'elle connaît sa valeur, sur le plan matériel comme sentimental. Grâce à ce bijou je suis enfin un vrai Clifford. Il est la preuve que j'ai été reconnu digne de faire parti de la famille. C'est un immense honneur que de pouvoir en hériter. Je me demande si les Queen ont un truc du genre, peut-être en avons nous déjà parlé, je ne suis pas sûr de moi.

Je me demande si je dois lui parler des Ombres. L'année dernière j'ai menti, en disant que je ne les voyais plus. Mais comme elles sont de plus en plus présentes je ne sais pas ce que je dois faire. En réalité même si je ne lui dis pas, elle finira par le deviner au cours de l'année. Je décide pourtant que j'ai assez parlé de moi pour l'instant, nous réglerons ça plus tard. Pour l'instant c'est elle que je veux entendre, deux mois sans sa voix c'est bien trop. Je veux tout savoir, tout ce qu'il s'est passé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus. Mais je veux qu'elle m'en parle spontanément, ne pas lui forcer la main. Alors je lui laisse l'occasion de le faire, à voir si elle la saisira.

-J'angoisse un peu pour la rentrée, même si je suppose que ça ne pourra pas être pire que les deux dernières années.

En réalité ça pourrait être encore bien pire, mais je préfère ne pas y penser. Tant que nous sommes tout les deux, je jure que rien ne pourra nous arriver. Ensemble nous sommes invulnérables. Je prends une pâte de fruit, ouvrant ainsi officiellement la séance grignotage.

744 mots
C'est vraiment pas terrible mais si je ne poste pas maintenant je ne le ferais jamais, alors promis je me rattraperais sur ma prochaine réponse.

Je hausse les sourcils, pas certaine de savoir comment réagir à ça. La compassion et l’aide, ça à jamais été mon truc. Il le sait, et l’a toujours su. Mais nous sommes pareils, au fond. Nés pour suivre les ordres, pas pour aider les autres. Son père, malade ? Je le savais déjà. Antonn me l’avait dit, et maman aussi. J’ai rencontré le père Clifford, quelques fois. C’est un homme chaleureux, plutôt souriant. En tout cas, il l’était avec moi. Surement parce qu’avoir quelqu’un de mon statut aux côtés de son fils le rassurait. Il était bien moins présent que sa femme. Toujours occupé au travail. Papa aussi était comme ça. Il a préféré nous abandonner plutôt que de tomber malade.

- Wow, vraiment ? Merde, je pensais pas. Maman m’a dit qu’il avait l’air d’aller bien la dernière fois. M’enfin, ça remonte à il y a bien plusieurs mois, maintenant...

À mon tour de chercher comment aborder le sujet. J’imagine qu’il en a entendu parlé, ou lu dans les journaux cet été. Peut-être qu’il n’en a rien a faire de mon statut. Ou peut-être qu’il joue le jeu, pour mieux me détruire plus tard. Tu lis trop de livres, Lexa, ça ne peut pas arriver. C’est Antonn.

- C’est incroyable, Antonn, je suis tellement contente pour toi ! je m’exclame, réellement ravie.

Cependant, je prends soin de cacher sous ma chemise mon collier, à moi. Je pensais qu’il ferait ma force, mais maintenant, j’en ai honte. Je ne crois même pas en avoir parlé à Antonn, l’année dernière. J’ai préféré le cacher dans une malle, à Godric's Hollow, et l’enterrer. Je pensais en être fière, maintenant. Il semblerait que non.

- Pas pire que les dernières ? je pouffe. C’est Poudlard, il se passera toujours pire. Tu as appris pour ma famille ? je demande.

La chance. Le mauvais œil, il ne me touchera pas avec ce collier. Et Antonn est mon meilleur ami. Mon frère. On a passé les trois dernières années à se cacher des petits trucs, pourtant insignifiants, et à mettre en péril notre amitié, involontairement. Je me suis promis de lui parler de Maiy pendant le trajet, mais je dois aussi lui dire ça, non ?

Bien sûr que oui, tu dois lui dire.

- Je crois que maman n’a pas trop voulu en parler... et encore moins à ta mère. Les Queen ont perdu le statut de Sang-Pur. Papa à batifoler avec une sans-statut il y a des années, et la progéniture qui en est née nous enlève notre statut...

J’attrape une mèche de cheveux qui dépasse de mon oreille, et commence à tirer doucement dessus. Ça me détend. Et même si je sais bien que ça n’a aucuns effets sur mon moral, et qu’Antonn ne réagira pas mal, je me sens mieux si j’ai quelque chose à accuser si les choses tournent mal.

Un air de dégoût se peint aussitôt sur mon visage lorsque Lexa me dit que les Queen ont perdu leur statut. Non pas du dégoût envers elle, elle n'a pas changé. Mais plutôt envers son père, lorsqu'on est le patriarche d'une famille puissante et prestigieuse, on se doit de la respecter, on porte sur nos épaules la responsabilité de tout ce qu'il pourrait lui arriver. Je le sais bien, en tant qu'héritier du nom des Clifford, on m'y prépare depuis ma naissance. Préserver l'honneur d'un nom est une tâche complexe, mais on dirait bien que lui n'a même pas essayé.

Je pense que la nouvelle n'est en effet pas arrivée aux oreilles de ma mère, pour l'instant, sans quoi elle aurait sans doute trouvé une excuse pour m'éloigner de cette famille déchue. Ce que je devrais sans doute faire, d'ailleurs, puisque maintenant je sais. Mais j'en suis incapable. Lexa est ma meilleure amie depuis maintenant quatre ans, elle a été plus une soeur pour moi que ne l'a jamais été Elisabeth. Si je la laissais tomber en apprenant cette nouvelle, je ne pourrais plus jamais être moi. Je réfléchis à toute vitesse, n'y a-t-il aucune solution pour que les Queen puissent récupérer leur statut indépendamment du père de famille?

- Alors comme ça ton père est un traître à son sang? Et il a eu le culot de se ranger du côté du Conseil et de se prétendre de sang pur après ça? Ça craint.

Je serre les dents. Je ne peux qu'imaginer la honte que ressent sa famille. Tout ça encore une fois à cause de ces maudits sans-statuts qui ne savent pas rester à leur place. Nous ne sommes pas censés nous mélanger, c'est la règle d'or pour maintenir l'équilibre. Celle que Mère m'a toujours apprise. Un instant, je me demande si, dans le cas où la fameuse progéniture disparaissait, les Queen pourraient reprendre leur statut. Il n'y aurait ainsi plus aucune preuve des erreurs du Père n'est-ce pas?

-J'espère au moins que cette sale sang-de-bourbe qui s'est ajoutée à ton arbre généalogique n'espère pas de faire partie de la famille. Ce serait terriblement embarrassant qu'elle tente de créer des liens avec vous. Les sans-statuts n'arrivent pas à comprendre qu'ils n'ont aucune chance d'appartenir à notre monde.

Un certain mépris passe dans ma voix. Je ne peux supporter l'idée que Lexa souffre de cette situation alors qu'elle n'en est nullement responsable. Elle dont la pureté de sang a toujours été une valeur essentielle se retrouve privée de la pureté de son sang pour devenir... De venir quoi d'ailleurs?

-Attends, ça veut dire que tu es reconnue comme une sang-mêlée? Ou pire, une sans-statut? C'est complètement injuste. Ton sang est resté le même, ton père devrait être le seul à subir cette rétrogradation!

Je passe la main dans mes cheveux, agacé par la situation. Peut-être que finalement je devrais en parler à Mère, qu'il y a quelque chose à faire? Je me sens tellement impuissant. Lexa aussi doit être dépassée par la situation. Et si on l'adoptait, qu'elle devenait une Clifford, son sang redeviendrait-il pur? Non, je pars trop loin, de toute manière même si c'était possible je doute que mes parents acceptent. Je soupire.

-Les Moldus ne nous causent décidemment que du souci. Et si seulement ton père avait su se tenir... Comment vous tenez le coup? Avec ta mère?

J'attends qu'elle finisse de parler, puisque je l'ai assaillie de questions, puis je m'approche d'elle et la serre dans mes bras. Ce simple geste est pour moi compliqué en général, mais pas avec Lexa. Je suis heureux de lui montrer mon soutien, de lui montrer que sang pur ou pas rien n'a changé pour moi. Que envers et contre tout, je tiendrais ma promesse, que je serais présent pour elle, pour toujours et à jamais.

Ma réponse me semble un peu redondante, j'en suis navré. J'espère que tu prendras tout de même du plaisir à me lire et à y répondre!

Même si nous avions commencé à se parler grâce à nos avis sur ses Moldus, notre relation avait vite évoluée vers une vraie amitié, pure. Est-ce que si l’un de nous était un sans-statut, les choses auraient été pareilles ? Non, sûrement pas. C’est l’une des raisons qui me rend si fière de défendre mes idées, parce que sans ça, jamais je n’aurais eu d’Antonn dans ma vie. Mais peut-on retirer les fondations d’une relation en espérant que les murs ne s’effondrent pas ? Avec la magie, oui. Je tente de me rassurer, comme ça. Si nous avions appris que j’étais fille de deux Moldus, rien n’aurait plus jamais été pareil. Je l’aurais compris, sûrement accepté, même. Bien qu’il soit la personne la plus précieuse que j’aie, j’aurais respecté ces valeurs. Le dégout qui repeint le visage de mon meilleur ami commence à m’inquiéter, mais il me rassure rapidement en rejetant la faute sur mon stupide geniteur.

- Mmh, j’ai perdu espoir y’a longtemps, déjà, je maugrée. Quel con...

Maman n’a pas osé sortir de tout l’été, par sa faute. Et Louis, trop jeune pour comprendre, à passé son mois d'août, dont son anniversaire, à essayer de comprendre ce qu’il avait fait de mal. Ça fait des années qu’il joue au même jeu, seul dans la partie. Pourtant, voilà qu’il joue mal, et c’est à nous de vivre avec les répercussions.

- Avant de ruiner notre famille, elle a bien essayée... Tu te souviens de Dawn ? J’arrive pas à croire qu’elle ait profité de ma famille et de nos privilèges, et que pour nous remercier, elle nous enlève tout ça. Elle peut nous abandonner, maintenant.

Elle avait même assisté à une réunion de la LAM, mais elle réussit à détruire ce qui donnait un peu d’espoir à sa sœur. Elle avait osé me promettre de m’aimer et me soutenir, de ne jamais se mettre en travers de son chemin. Pourtant, en naissant, elle a tué mes rêves dans le cocon. *Peut-on retirer les fondations d’une relation en espérant que les murs ne s’effondrent pas ?*

- Je suis née-sorcière, maintenant. Il y a pire que ça, encore heureux, mais... née-sorcière, c’est pour les loosers.

Quand maman a appris, elle a fermé à clé chacune des portes de nos maisons, et nous a ordonné de nous taire dès que quelqu’un toquait. Quand ma tante est passée, elle n’a pas dérogée la règle. Et quand ces amis, et proches ont voulu lui apporter son soutien, elle nous a coincé un torchon entre les dents pour qu’on ne fasse pas de bruit. Les volets étaient fermés, l’électricité disparue, et seules les bougies nous donnaient lumière et confort. Alors est-ce que je peux vraiment dire qu’elle a bien pris la nouvelle ?

- Ma mère s'est coffrée dans sa chambre, et à pris le premier Portoloin vers l’Allemagne qu’elle a trouvée, elle est chez mes grands-parents. Je sais même pas si elle veut que Louis et moi on la rejoigne pour Noël.

@Antonn Clifford