Elle était là, complètement paniquée parce qu'elle ne trouvait pas son frère, donc elle était certaine d'être en retard. Et sans sa baguette, elle se sentait vraiment démunie, elle n'avait pas oublié d'ailleurs de lancer un regard plein de mépris à l'agent qui lui avait confisqué sa baguette.

- Fais chier, il est où celui-là ? Pesta-t-elle en cherchant son frère et l'autre Sang-de-Bourbe qui lui sert de copine à travers la masse.

Elle aperçut le train, ce qui la rassura un petit peu quand même, de savoir qu'elle n'allait pas devoir attendre ici tout de seule, une solution pour rentrer à Londres.
Elle pénétra à l'intérieur, les compartiments étaient encore vides, enfin presque. Alors elle n'eut aucun mal à en trouver un vers le bout du train, bien loin de toute l'agitation et du chahut.

Elle s'assit donc sur le banc, rangea ses affaires où elle le pouvait pour avoir de la place, et là...

- MERDE ! S'écria-t-elle en sortant de son compartiment, elle avait oublié d'acheter des sucreries quand le chariot était encore plein.

Alors elle le chercha, partout, ce chariot sucré, pour pouvoir le dévaliser avant ces goinfres de blaireaux. (pardon, je vous aime les Poufsouffles !)
Un gallion suffira pour tout ce qu'elle voulait ? Moui, surement. Sa collection de chocogrenouilles étant presque pleine, elle n'en achèterait pas.

Kim se prit (encore, encore et toujours !) le chou avec une fille, une Troisième Année à priori. Rien à faire. C'est une pouffe, une peste, une conne, une p... Hum hum. C'est bon, on ne veut pas en savoir plus.
C'est donc en se faisant insulter de l'autre bout du vagon et en grognant que la jeune Serdaigle pénétra dans un compartiment. Déjà qu'elle était de mauvais poil à cause de, je cite "L'autre espèce d'imbécile qui m'a piqué ma baguette", alors là, c'était le pompon. Bien qu'elle ne s'en serve près pas, Kim accordait de l'importance à l'objet. C'était une partie d'elle, mais qu'elle n'arrivait pas à s'approprier.
D'un coup de pied rageur, elle envoya sa malle valser dans un coin sans vraiment regarder où. *BAM* La valise percuta un tas d'affaires, mais Kim n'y prêta aucunement attention et s'assit sur la banquette de gauche.
Un, deux, trois. Inspiration. Un, deux, trois. Expiration. Calme toi. Il faut te calmer.
Les poings serrés, Kim répéta le petit exercice plusieurs fois. Peu à peu, ses mains revinrent à plat sur ses genoux. Elle rouvrit les yeux qu'elle avait fermés et battit des cils quelques fois pour se réhabituer à la lumière. La brune finit par s'affaisser dans le moelleux de la banquette en soupirant.
Elle allait revoir Lino. Elle avait hâte, et en même temps, elle redoutait ce moment.

Raaah... Pourquoi moi ?!, pensa-t-elle en posant les paumes de ses mains sur ses yeux.

@Leann Jacky

C'est donc avec les mains pleines de sucreries que Leann retourna dans son wagon, guettant toujours la possible arrivée de son frère, et de l'autre idiote qui lui servait de copine. Peu importe, elle n'aimait aucun des deux ! Donc, contente de ne pas les voir, elle ouvrit la porte, tout sourire, pour découvrir ses affaires éparpillées sur le sol, et Kim qui semblait en bien piètre état...

La Serpentard soupira donc, posa tout ses bonbons sur la table, et entreprit de ramasser ce que Kim - elle supposait - avait fait tomber. Elle ne lui adressa pas la parole, la laissant se morfondre toute seule.
Au bout d'une demi douzaine de minutes dans le silence - elle n'avait pas Kim dans son chap de vision, alors elle ignorait si elle était toujours dans sa tristesse absolue, ou sa colère, elle n'en savait rien, ou bien si elle l'ignorait, ou bien encore si elle lui avait volé des sucreries - la blonde prit la parole :

- P'tain, je sais pas ç'que t'as, mais t'aurais pu faire gaffe à mes affaires avant d'balancer les tiennes.

Plus aucune retenue quant au langage employé, c'était une élève, une gamine tout comme les autres, alors bon, dorénavant elle s'en fichait.
Alors achevant de fermer sa valise, elle se releva et s'assit en croisant les jambes, sur la banquette en face de celle de Kim, et commença à feuilleter un livre qu'elle avait eu pour consigne de lire avant de rentrer. Tant pis, elle arriverait à le finir avant d'arriver à Londres.

Kim écarquilla ses doigts quand elle entendit des pas à l'entrée de compartiment. Une fille, visiblement. Blonde. Aux yeux verts. Leann Jacky. Encore elle, toujours elle. La Serdaigle reposa ses mains sur ses genoux et jetta un coup d'œil aux affaires éparpillées sur le sol. Et merde.

Kim esquissa des mouvements, sans jamais engager la conversation. Elle ne voulait pas s'excuser, mais elle ne voulait pas non plus sortir un "Salut, ça va ?". Donc elle restait là, les yeux dans le vide, à crisper et décrisper ses mains, regardant Leann ramasser ses affaires sans rien dire. Quand la blonde brisa enfin le silence, Kim expira en fermant les yeux. Ferme la.

- Bonjour, Leann. Moi aussi, j'suis ravie d'te revoir.

Elle rouvrit les yeux et cacha son visage dans une main, esquissant un geste profondément las de l'autre.

- Ouais, et, heu... Désolée pour ta valise.

Elle qui ne voulait pas présenter ses excuses, c'était raté. Mais son état n'était pas celui de d'habitude, et sa conscience semblait s'être enfuie et ne plus jamais vouloir revenir. Tout s'entrechoquait dans son esprit : des idées contradictoires aux images effrayantes, des souvenirs malheureux aux paroles réconfortantes. C'était un bric-à-brac bordélique qui lui servait de pensées.

La Maison... J'veux rentrer à la Maison... Les voir... Les aider...

Les yeux fermés, ses sourcils se fronçaient et se défronçaient, tandis qu'une énorme migraine semblait faire son apparition.

@Leann Jacky, excuse-moi ce retard !

Toujours les yeux plongés dans son livre, elle les releva pour hausser un sourcil face aux excuses de Kim. *Étonnant, tient.* La jeune fille fronça un peu les sourcils en remarquant l'étrange comportement de la Serdaigle en face, mais ne voulant pas s'en mêler plus que ça, elle se reconcentra sur les pages de son livre. En répondant quand même un :

- Pas de soucis.

Elle avait la boule au ventre, ne voulant pas rentrer. Cette atmosphère lourde qui régnait à la Résidence quand elle y était était terriblement oppressante... Elle mit alors inconsciemment un de ses bras autour de son abdomen en tenant le livre dans une main. Elle ne lisait plus, trop occupée à penser à ce qui allait se passer là-bas quand elle allait rentrer. James n'était pas dans le même wagon qu'elle, il n'allait pas être avec elle là-bas, il n'allait rien pouvoir faire pour elle cette fois-ci quand sa grand-mère lui fera passer 6h d'affiler devant son piano, ou quand elle lui ordonnera de danser jusqu'à épuisement... Des vacances, tu parles.

Cela devait faire 10 minutes qu'elle n'avait pas regardé Kim, et qu'elle restait bloqué sur le même mot. Un mot parfaitement anodin, mais elle n'arrivait pas à lire autre chose. Chandelier. Puis un instant plus tard, elle releva les yeux et décida d'engager la conversation :

- Contente de quitter Poudlard ?

Son sourire restait crispé, et elle serrait le côté de la couverture encore dans sa main libre si fort que ses phalanges étaient blanches. Alors elle décida de fermer l'ouvrage avant de déchirer la page et de le poser sur le côté gauche du siège sur lequel elle était assise. Peut-être que discuter lui fera oublier ce pourquoi elle est si nerveuse.

Kim émit un grognement. Comme d'habitude, me direz-vous. Mais celui-ci était presque aigu, et faisait plus penser à une sorte de gémissement désespéré.
Contente de quitter Poudlard ? Je... Ouais. Non. OUI. Nan. Que dal. O... J'en sais rien, putain, j'en sais rien...
Elle n'était pas contente. Elle avait peur. Peur de ce qu'elle allait trouver à Manchester, de comment elle réagirait... Peur que ça recommence. Kim ne supporterait pas une nouvelle perte, une nouvelle... Mort.

C'était la première fois en deux ans qu'elle rentrait pour les vacances de deux semaines. Pourquoi ? Allez comprendre. Cet enfant est étrange. L'appriori se faisait sentir, tandis que la respiration de la brune s'accélérait. Les acouphènes se mêlaient à la migraine et bientôt ses mains se mirent à trembler.

- Je-je sais pas, L-Leann...

Il y avait des voix. Celle de Lino, d'abord. "Kim ! Où es-tu ?" Puis celle de son père. "Tu n'as rien de mieux à faire ?" Mary ne tarda pas à arriver. "Chérie, qu'as-tu voyons ?" Il y avait Leann aussi. "Contente de quitter Poudlard ?" Ses professeurs se mêlaient aussi aux bruits, aux voix, aux cris.
C'est la dernière qui l'étonna. "Kim ! Viens voir Opa !" Une voix rauque, à l'accent discret et aux mots simples. Depuis combien de temps n'avait elle entendue son grand-père ? Au mois cinq ans, sûrement. Les tremblements s'intensifiaient. Ses yeux étaient toujours fermés, mais des larmes commençaient à en couler. Des larmes rondes, brillantes.

Kim rouvrit les yeux. Elle pleurait en silence, elle tremblait. La Serdaigle au cœur de pierre craquait encore une fois.

@Leann Jacky, excuse moi du retard !

La jeune fille haussa les sourcils, puis les fronça, puis les releva à nouveau. Décidément, beaucoup tenaient à la mettre dans des situations plus que délicates, auxquelles elle ne savait pas du tout comment réagir. La prise de parole de la Serdaigle la fit se figer, enlevant dans l’instante cette boule de nervosité dans son ventre. Elle soupira et se mouva plus confortablement dans son siège, en silence.

Avant de prendre la parole, elle regarda à nouveau Kim qui pleurait. Si on lui avait dit qu'elle verrait Kim Diary pleurer... Elle ne l'aurait pas cru.

- Hum... D'accord. Tu veux... en parler ? Demanda-t-elle, perplexe.

C'était pitoyable, elle lui accordait. Mais elle ne savait pas comment réconforter les gens. Et si elle pleurait, c'était son problème après tout ! La jeune fille souffla, exaspérée par son manque de vivacité et de jugement, et reporta finalement son attention sur sa camarade de promo.
Bon, le trajet risquait d'être long si elle devait supporter les reniflements de la Serdaigle, alors elle lui tendit un mouchoir en soie brodé d'un grand H doré, sentant la vanille. C'était le seul qu'elle avait sur elle, qu'elle ne lui reproche pas.

Ne sachant pas comment se poser sur son siège, elle se redressa et resta bien droite. Elle semblait en bien meilleur état que Kim, mais le silence s'étant abattu sur le wagon n'aidait pas Leann à oublier son appréhension. Et pourquoi pas... ne pas rentrer ? Elle secoua la tête pour elle-même, chassant ces idées tordues de sa tête, et reposa son regard sur la jeune fille en pleurs devant elle.