La sentence tombait, lourde et froide. Il faut dire qu'elle l'avait cherché en n'obtempérant pas immédiatement. Mais peut-être qu'un peu de clémence pour deux enfants encore en mal de repères n'était pas trop demandé. Tamsin était bredouille, et incapable de lever ses yeux de ses pieds en entendant ce qui les attendait dès demain matin. Elle ne distinguait donc pas l'état émotionnel de sa camarade, n'entendant que les remontrances du concierge. Un long discours, sans fin, de plus en plus dur à encaisser. Il allait d'abord tout dire à Miss Valerion. Oh le rapporteur, fut quand même l'une des pensées qui traversa l'esprit de la petite élève rebelle. Ensuite faire une rédaction sur l'Astronomie. Certes c'était l'une de ses matières favorites, mais de là à s'éclater toute la nuit sur une dissertation, gloups. Et enfin porter main forte à leur professeure pour l'aider à ranger sa salle de classe. Et récupérer ma lettre, si elle y est encore par miracle. La seule perspective positive dans sa malchance, c'était que toutes ses tâches elle allait les faire avec Nyx. Au moins, elle ne serait pas seule face à l'adversité. Si Nyx ne m'en veut pas à mort après ça ... songea-t-elle au comble du désespoir.

La dernière phrase du concierge résonna comme une question, sans vraiment que s'en soit une, dans le couloir froid et sombre. La gamine ne mouftait plus. Après tout, la situation ne lui semblait pas si différente des fois où son père leur avait fait des remontrances à ses frères et elle. Dans ces cas là, elle savait que le meilleur moyen c'était de faire profil bas, et dans le meilleur des cas, peut-être, présenter de plates excuses. Mais là elle trouvait la punition exagérée et profondément injuste au vu de la peine qu'elle ressentait pour sa lettre égarée. Plus rien ne franchit ses lèvres muettes, essayant tant bien que mal de ravaler sa fierté après s'être fait remettre à sa place de la sorte. La frayeur que lui avait fait le concierge avait au moins eu comme effet de lui faire oublier sa lettre le temps de quelques instants.

Suileabhan avait exprimé aux deux enfants tout ce qu'il avait à dire au sujet de leur incartade. Et s'il n'était pas dupe qu'elles n'étaient en rien satisfaites de ce dénouement, il reconnaissait qu'elles avaient au moins la décence nécessaire pour se taire, à présent. Aussi, le nouveau concierge commença à conduire la mauvaise troupe à travers les couloirs qu'elles avaient précédemment traversé, en direction de la salle commune de Serpentard.

Le silence était pesant, mais ce n'était pas la préoccupation de l'irlandais. Il avait donné une chance aux jeunes filles de s'en sortir avec une punition plus légère, et elles avaient écarté cette solution par leurs élucubrations. Il leur fallait désormais assumer leurs erreurs.

Le petit groupe était presque arrivé au sous-sol lorsqu'une des Serpentard se retourna d'un coup pour se planter devant Suileabhan, un peu tremblante :

- En fait... On l'appelle la météore car la lettre que j'ai perdue vient du ciel grâce aux hiboux et qu'elle a probablement du atterrir dans la Tour d'Astronomie. Un peu comme une météore quoi !

Le concierge ne s'était pas attendu à une longue tirade de la part d'une des deux enfants, mais elle avait au moins le mérite d'expliquer certaines choses. Mieux valait tard que jamais, après tout. La réponse tardive de la jeune fille faisait également étrangement écho à son propre passé. Après quelques secondes d'hésitation, il sut ce qu'il allait faire :

- Accio lettre perdue !

La tour était déjà bien derrière eux, aussi l'irlandais dû attendre un petit moment avant que la fameuse météore n'atterrisse dans sa main. Après l'avoir légèrement examinée, il la tendit vers la jeune fille concernée :

- Tenez, Miss. Je compte sur vous pour respecter le personnel du château et le règlement à l'avenir. Sinon...

Suileabhan laissa sa phrase en suspens. Par égard envers une réponse certes tardive, mais honnête, il consentit à leur laisser une dernière chance pour leur première infraction :

- On va passer un accord, vous et moi. Les punitions tiennent toujours. Par contre, vous me donnez vos noms, et j'oublie pour cette fois d'en parler avec Miss Valerion. Ensuite, et bien, bonne nuit, Misses.





Action et réplique vue avec la concernée
Et voilà, désolé pour ce petit retard les filles, c'est la fin pour moi
@Veronica Blackburn, @Tamsin Gillies

Le trajet vers leur Salle Commune se passait dans le silence complet, et Veronica l’avait au travers de la gorge. Comment avait-il fait pour savoir qu’elles venaient de Serpentard ? Il fallait vraiment qu’elle soit plus vigilante à l’avenir… Du maquillage ? Un uniforme d’une autre maison ? Ou bien elle trouvait peut-être un sort de camouflage… Mais elle ne sortira pas de nuit de ci-tôt. Elle s’en était doutée de toute façon, le risque était bien trop grand en ce début d’année. Cependant, c’était important pour la blonde, et elle s’était dit, pourquoi pas ? Une grave erreur de jugement…

Veronica fit les grands yeux quand elle vit Tamsin se planter devant le sorcier, et lui déballer des informations. Que faisait-elle bon sang ! N’avait-elle pas compris qu’il ne fallait rien dire ? Elle était persuadée que la lettre de Tamsin se confisquait. Elle peut dire adieu au Météore maintenant…

Quand il donna la missive à sa camarade, elle se rendu compte qu’elle s’était trompée. La brunette refusa de se l’avouer, mais sa frustration liée à leur échec fut apaisée par cette acte. Au moins leur mission n’avait pas été vaine, même si elles étaient punies.

Malgré tout, son acte de gentillesse ne changeait rien dans l’esprit de la jeune Blackburn. Il savait peut-être qu’elles étaient de Serpentard, mais elle refusait de lui faciliter la tâche quant à leur identité précise. Alors elle se tut lorsqu’il leur demanda à nouveau leurs noms. Et elle jeta un regard insistant et lourd de sens à Tamsin. Ne. Dis. Rien.

Jusqu’à son franchissement de la porte de la Salle Commune, elle se décida à ne pas dire un mot, s’autorisant uniquement un éventuel « bonne nuit Monsieur ».

Fini pour moi aussi

Tout se passa très vite. Dans la tête de la gamine il fallait récupérer la lettre, pour qu'au moins cette mission n'ait pas été vaine. Pour elle. Elle délia sa langue au moment où elle entrevoyait l'entrée de leur Salle Commune. Peu sûre d'elle, et la voix légèrement tremblante, elle confessa au concierge ce qu'était la météore, faisant fi de l'œil noir que lui jetait Nyx. Elle l'avait aidé, certes, mais elle ne pouvait pas comprendre l'importance que requérait cette lettre à ses yeux d'enfant. Peut-être que cette fois, le gardien de la nuit serait sensible à son argumentaire. Elle devait au moins le tenter pour sauver sa lettre.

Il sortit sa baguette et d'un sortilège dont elle ne maîtrisait pas encore la puissance, il fit apparaître sa lettre dans le creux de sa main. Les yeux écarquillés, Tamsin lui aurait bien sauté au cou, si la distance et la politesse ne l'en avait pas empêché. On ne remercie pas son bourreau après tout. La punition qui les attendait lui revint en tête et malgré le frétillement de son petit cœur, elle conserva un calme apparent. Le concierge reprit la parole, et la petite blonde était prête à obtempérer, donner son nom s'il le fallait pour éviter que cette histoire revienne aux oreilles de Miss Valerion. Mais le regard que lui jeta Nyx et sa désinvolture à entrer dans la Salle Commune, avec un simple Bonne nuit Monsieur lui conjura que pour conserver son amitié il fallait suivre. Tamsin baissa subrepticement la tête en un signe de remerciement à l'attention du concierge. « Bonne nuit Monsieur » chuchota-t-elle. Elle garda ses lèvres cousues sur son nom avant d'emboiter le pas à l'agent Nox. Elle savait ce que ce refus d'obtempérer signifiait et elle tentait tant bien que mal de l'assumer avec courage. La mission avait floppé ou était-elle partiellement réussie ? Elle ne savait dire.

On court, n'est-ce pas ? Elle soupira. Bien entendu qu'elle n'avait pas eu le cran de fuir. Elle avait probablement échoué dans sa loyauté et perdu l'estime de Veronica. Au fond, c'était probablement ça qui lui faisait le plus mal au cœur quand elle partit se coucher.



THE END également.
@Suileabhan Kohler @Veronica Blackburn