6 septembre 47

En se baladant vers le parc avec son carnet et son sac rempli de ses affaires habituelles, Lucia avait rencontré une jeune gryffone qui semblait plus que mal au point. Voulant l'aider, Lucia s'était arrêtée à ses côtés et avait voulu l'aider. Cependant, cela ne s'était pas passé comme prévu, la gryffone avait fini par arracher en mille morceaux un de ses dessins.
Lucia avait ramassé les restes de son dessins, avait rangé le plus délicatement possible, malgré les larmes qui commençaient à couler le long de son visage, toutes les affaires qu'elle avait sorties dans son sac et était partie. Les larmes lui brouillaient la vue, elle ne voyait pas vraiment devant elle. La rousse avait la tête baissée et ne faisait pas vraiment attention où elle allait. Les larmes ruisselaient sur son visage et son pull commençait à être mouillé. Au bout de plusieurs minutes, elle était arrivée dans un coin du parc. Elle aurait pu voir le lac au loin, si elle y avait fait attention, mais elle continua à avancer, sans vraiment regarder dans quelle direction elle se trouvait. Les différents chemins se croisaient parfois. Elle finit par arriver sur une étendue d'herbe où elle ne vit personne.
Elle s'assit et repartit dans ses pensées, elle frissonnait à cause du froid qui s'installait doucement. La gentillesse qu'elle tenait tant à avoir, envers tout le monde, peu importe ce qu'il se passait. Mais la méchanceté était elle toujours ce qu'il y avait en retour ?
Ses pensées la torturaient plus encore, et les larmes coulaient à flots. Lucia commençait à avoir du mal à respirer convenablement. Le monde se brouillait autour d'elle, elle n'entendait plus vraiment les bruits autour d'elle, comme si tout les bruits de sa tête, de son corps, étaient en train de prendre le dessus sur le monde autour. Elle voyait vraiment flou et sa tête commençait à lui faire mal. Elle se concentra doucement sur sa respiration, comme lui avait appris sa maman lorsqu'elle faisait des crises de larmes ainsi lorsqu'elle était encore à l'école primaire. Elle inspira lentement pendant 4 secondes, puis elle souffla profondément pendant 8 secondes. Elle continua ainsi jusqu'à ce que sa respiration fut plus calme.

Première semaine de rentrée et la fillette avait déjà envie de dormir.
Son chat, réclamant à chaque minute une petite promenade au parc, réussit à inciter Cheryl à y faire un tour, bien qu'à ce moment, elle aurait préféré rester dans son dortoir pour faire le tri dans les premiers cours. Alors, elle avait enfilé une petite veste rouge et sortit prendre l'air. Il faisait encore assez chaud, chose qui ne sera sûrement plus le cas dans quelques mois. La rouquine se mit à redouter les moments où Dami souhaiterait se promener dans le parc en hiver. L'horreur.

La promenade démarra et, à peine le nez sorti à l'extérieur, son chat se mit à courir à toute vitesse, sûrement heureuse de retrouver le parc de Poudlard. Pour passer le temps, Cheryl avait apporté avec elle son petit carnet qu'elle possédait depuis l'année dernière, dans lequel elle écrivait mille et une choses. Elle avançait, sans surveiller de près son animal de compagnie. Elle savait que cette dernière la retrouverait facilement avec son flair.

Alors qu'elle continuait d'avancer, elle tomba sur une élève de Poufsouffle aux cheveux roux qui était visiblement en larmes. De quoi bien débuter l'année, pensa ironiquement la Serpentard. Seulement, elle se rendit compte qu'elle connaissait cette élève.

- Lucia ?

Ce prénom sortit automatiquement de sa bouche. Les deux fillettes avaient fait connaissance l'an passé ; bien que leur dernière discussion avait un peu mal fini. La deuxième année s'approcha d'elle et lui demanda :

- Qu'est-ce qui se passe ?

Quelques minutes passèrent avant qu'une personne commence à s'approcher. Cette nouvelle ne réjouit pas forcément Lucia, le parc était grand, pourquoi il fallait toujours que les gens se mettent juste à côté d'elle. Déjà en temps normal, elle n'appréciait pas ça, mais alors lorsqu'elle était en larmes, c'était la dernière chose qu'elle voulait. Elle préférait passer inaperçu mais c'était raté.
Elle entendit son prénom être prononcé. Déjà qu'elle était repéré, en plus, cette personne la connaissait. Lucia reconnaissait la voix mais elle était incapable de dire qui c'était. Enfin, la voix était féminine, cela éliminait déjà pas mal de possibilités, elle n'avait pas eu beaucoup de contacts avec des garçons, mais cela les éliminait tout de même.
La fille s'approcha encore plus près d'elle et lui demanda ce qu'il se passait. Lucia tourna alors la tête et reconnu Cheryl. Cette nouvelle la partagea beaucoup. Cheryl lui était connue pour être assez méprisante et désagréable, beaucoup de choses que Lucia n'appréciait absolument pas. Mais cette fois-ci, elle ne semblait pas être là pour de mauvaises intentions, mais bien pour aider. Cette conclusion surprit Lucia, qui n'était pas sûre que les larmes qui coulaient sur son visage soient une bonne idée en présence de la jeune rousse, mais elle n'avait pas vraiment le choix.
Cependant, la poufsouffle savait que, juste dire tout ce qu'il s'était passé, n'allait que donner des couteaux à Cheryl pour la blesser plus encore. Elle décida donc de simplement lui répondre
- Rien, ne t'inquiètes pas, ça va passer.
Il n'y avait pas de méchanceté, et encore moins de rejet dans la voix, assez douce même si elle était un peu cassée par les larmes. En effet, les larmes n'avaient fait que s'aggraver en parlant, la combinaison des deux n'était pas une bonne chose pour Lucia.

La rouquine sourit en entendant la réponse de sa camarade. Ça a vachement l'air d'aller. Elle ne souriait pas parce que Lucia pleurait, loin de là. Elle souriait parce que cette dernière voulait sûrement se montrer forte devant la Serpentard, ne pas se montrer vulnérable, ce qui était compréhensible, d'un côté. Comme quoi, même les plus gentils ne voulaient pas qu'on les surprenne en situation de faiblesse. Surtout que Cheryl aurait sûrement été la première à enfoncer le couteau dans la plaie. Mais lorsqu'il s'agissait de l'une de ses amies, c'était différent. Enfin, elle ne savait pas si elle considérait Lucia comme son amie, mais elle du moins, ce n'était pas une inconnue.

- Tu sais faire des choses mais s'il y a bien une chose que tu sais pas faire, c'est mentir.

La deuxième année s'assit à côté de la Poufsouffle, tandis que son chat se mit à jouer dans l'herbe ; elle avait sûrement trouvé un truc qui bougeait, un insecte ou allez savoir.

- Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? redemanda-t-elle. Et pas de mensonge cette fois-ci.

La fillette regardait le visage de Lucia avec attention, prête à écouter ce qu'elle allait lui dire ; enfin, si elle acceptait de tout lui raconter. De toute façon, Cheryl était décidée à savoir ce qui s'était passé, et quand Cheryl voulait quelque chose, elle l'avait.

Lorsque Cheryl lui répondit qu'il y avait une chose qu'elle ne savait pas faire c'était mentir, un sourire apparu sur le visage plein de larmes de Lucia. Elle le savait, ce n'était pas une découverte, mentir n'était pas son fort, quoi que.. Parfois, il lui arrivait d'être très crédible, mais ce n'était pas souvent le cas, et c'est sûr qu'étant actuellement en larmes, sans affaires sorties ni rien, cela ne pouvait être crédible. La jeune serpentard lui demanda ensuite ce qu'il s'était passé, et ajouta "pas de mensonges cette fois-ci".
Lucia ne sut pas par quoi commencer. Dans tous les cas, il était sûr qu'elle aller devoir lui dire la vérité, puisque Cheryl n'en démoderai pas de si tôt. Mais quoi lui dire ? Les larmes lui brûlaient les joues et sa respiration, même si elle retrouvait un calme relativement normal, restait parfois difficile. Elle avait été trop gentille et ça s'était retourné contre elle ? La rousse serait morte de rire avant même que Lucia ait fini sa phrase. Mais, elle ne pouvait pas non plus, lui décrire toute l'histoire. Cela serait bien trop long et ne fera que remuer le couteau dans sa plaie. C'était bête de se faire mal toute seule, encore plus en sachant que la personne à côté d'elle pouvait prendre le plaisir de le faire autant qu'elle le voulait.
- Je pense qu'il faut que j'arrête d'être gentille.
La phrase était sortie comme ça, sans qu'elle puisse y réfléchir vraiment. Mais quelle bêtise avait elle dit ? Oui, ce serait la solution la plus simple pour ne plus trop souffrir, quoi que, elle perdrait toutes ses amitiés acquises et ne pourrait sûrement plus faire confiance aux quelques amies, qu'elle se ferait peut-être. Mais ce n'était pas elle, la gentillesse était ce qui la définissait, le premier mot qu'elle voulait que les gens ait à l'esprit en pensant à elle, et sa qualité la plus cher aux yeux des autres. C'était pour ça que Lucia vivait, respirait, souriait. Parce que c'était ça, ce qu'elle était, gentille, juste ça. Mais c'était déjà tellement énorme à ses yeux. Même si elle n'avait pas vraiment pu l'utiliser dans le bon sens depuis qu'elle était arrivée à Poudlard.
Le doute de sa place ici vint la reprendre, et les larmes reprirent de plus belles. C'était la chose dont elle avait enfin fini par être sûre cet été, et voilà que tout repartait en vrille à cause de son cerveau et de ses pensées bien trop intrusives.

Lucia sourit à la réflexion de la rouquine, c'était déjà un bon début. Au moins, c'était pas peine perdue. Et après plusieurs secondes, la Poufsouffle prononça une phrase.

Cheryl ne s'attendait pas à entendre cette phrase venant de son amie mais honnêtement, elle en fut ravie. Il était temps qu'elle réalise qu'être gentille a ses limites. De toute façon, dans la tête de la Serpentard, être gentil ne servait qu'à manipuler les autres. Tu souhaites quelque chose ? Sois gentil avec quelqu'un et tu auras plus de chance de l'avoir.

- J'ai jamais entendu une phrase aussi vraie, réagit la deuxième année en souriant. J'le dis souvent en plus. Etre gentil, c'est cool mais pas avec tout le monde ; et pas tout le temps aussi.

Lucia lui rappelait cette élève de Gryffondor, Alice, qui était tout aussi gentille. Mais sa gentillesse devenait agaçante. Et la preuve, elle avait fini par la croiser dans les couloirs, en pleurs, sûrement quelqu'un qui avait abusé de sa gentillesse.

- Mais il s'est passé quoi exactement ? Qui a fait cette chose qui te fait pleurer ?

En réalité, la Serpentard avait cette envie d'aller voir cette fameuse personne et de lui faire un petit croche-pied, pour le plaisir. Mais avant ça, elle voulait savoir ce qui s'était passé. Lucia avait beau être son amie, elle n'allait pas pour autant la lâcher tant qu'elle ne crache pas le morceau.

En entendant la première réaction de la serpentard, Lucia se referma un peu plus. Elle s'attendait à sa réaction venant de la rouquine, mais ce n'était pas ce qu'elle voulait entendre. En effet, c'était bien d'être gentil, mais pour Lucia, tout le monde avait un part de bien, de souffrances, de douleurs, ou de faiblesse ou lui, et il fallait toujours chercher cette part, soit pour l'aider, soit pour faire ressortir le bien. Mais Cheryl voyait souvent les choses différemment, pour elle, c'était la fierté qu'il fallait montrer avant tout, et la gentillesse, seulement avec les personnes qui comptent un peu pour elle. D'ailleurs, cela était étrange que Cheryl soit venu la voir, et soit gentille avec elle, apprécierait elle Lucia ?
Lorsqu'elle demanda ce qu'il s'était passé et la personne, la jeune poufsouffle se douta que ce n'était pas que pour s'intéressait à elle, mais elle ne voulait pas que Cheryl ne fasse de mal à cette fille, dont elle ne savait même pas le prénom de toute façon.
- Une gryffone, elle était mal en point, j'ai voulu l'aider, rien de plus.
Lucia se doutait que la serpentard n'en démordrait pas si facilement, même si, au fond d'elle, elle l'espérait peut être un peu. Parler de son dessin la faisait un peu souffrir, même si elle savait qu'avec le temps, ça allait diminuer progressivement. Peut être même qu'elle arriverait à lui pardonner.

On aurait dit que Lucia ne voulait pas raconter ce qu'il s'était passé. Avait-elle honte ? Ou bien, n'avait-elle tout simplement pas envie de tout raconter à Cheryl, de peur d'être jugée ? Une chose était sûre, la Serpentard allait donner son avis, d'une manière ou d'une autre. Alors tout ce qu'elle avait comme information, c'était que cette personne était à Gryffondor, information qui fit souffler du nez la deuxième année.

- On dit que les Gryffondor sont courageux mais c'est des faiblards aussi, fit-elle d'un ton détendu.

La rouquine avait des amis Serdaigle et Poufsouffle mais concernant les Gryffondor, elle n'en connaissait pas tant que ça. Peut-être parce qu'elle les trouvait trop... parfaits ? Trop courageux, trop aimables, à croire qu'ils n'avaient aucun défauts. Alors qu'ils en avaient très clairement. La preuve, l'une d'entre elle s'est trouvée mal et a fait du mal à Lucia.

- Qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle t'a insulté ? continua-t-elle à interroger.

Même si elle n'avait pas le prénom de cette fille, elle voulait savoir ce qui s'était passé. L'avait-elle insulté ? Lui avait-elle lancé un sortilège ? Si quelqu'un s'en était pris à la verte et argent, un Glacius dans la figure et on n'en parlait plus. Enfin, il fallait attendre encore deux ans pour pouvoir le maîtriser. Alors un Rictusempra ferait bien l'affaire. Simple et efficace.

Les larmes de la jeune poufsouffle étaient toujours présentes, mais elle était désormais capable de respirer convenablement, de parler de façon presque normale et d'être parfaitement consciente de ce qu'il se passait autour d'elle. La jeune serpentard était toujours à ses côtés et cherchait à obtenir de plus en plus d'informations.
Autant, la présence de la serpentard ne semblait pas être seulement une mauvaise chose, elle ne semblait pas se moquer de Lucia plus que ça, malgré ses larmes, et puis, les deux filles de la même promo commençaient à se connaître de plus en plus. Mais la curiosité de Cheryl commençait à énerver la jaune de plus en plus. Certains de ses sous-entendus déplaisaient beaucoup à Lucia. Elle se savait pas vraiment ou se mettre, ni quoi faire. Elle ne pouvait pas être complétement méchante avec Cheryl, pour deux raison. Tout d'abord, en terme de méchanceté, une poufsouffle contre une serpy, elle n'avait aucune chance. De plus, cela ne ferait que rendre Cheryl plus méchante envers les autres si elle voyait que Lucia devenait méchante, elle n'aurait que plus raison. Ou alors, la dernière solution possible, c'était que cette rencontre se termine comme toutes les autres, par l'une ou l'autre qui s'énerve, ou qui s'éloigne et une séparation de leurs chemins, pour un temps inconnu.
Et puis, elle ne serait pas très crédible si elle commençait à s'énerver avec les larmes qui coulaient.
- Non elle ne m'a pas insulté, elle m'a demandé de partir, je suis restée et j'ai dessiné les paysages qui étaient autour, et quelque chose l'a dérangé dans un de mes dessins, elle l'a pris et l'a arraché.
Lucia venait de lui envoyer tout ce qu'il s'était passé, sans filtre, sans rien. Elle ne savait pas vraiment pourquoi mais elle l'avait fait et ne pouvait pas revenir en arrière.
- Mais, même si cela pourrait faire mal à nouveau, tu sais aussi bien que moi que je ne peut pas être autre chose que gentille. Cette fille en avait besoin et je ne regrette pas ce que j'ai fait. Oui, ça me fait vraiment mal de voir mon dessin ainsi, mais je pourrais sûrement le refaire si cela e paraît important à un moment. C'est la première fois que ça m'arrive et je ne sais pas du tout comment réagir, dans quelle posture me mettre, est-ce que je vais lui pardonner ou pas, tout ça, je n'en sais rien, je suis complétement perdue. Mais une chose est sûre, je ne veux ni vengeance, ni quoi qu'il puisse lui ressembler.

En écoutant les explications de son amie, la Serpentard soupira. Décidément, elles étaient bien différentes. Pas de vengeance ? Mais la vengeance était le meilleur remède aux yeux de la rouquine. Cette dernière s'apprêtait à s'exclamer et l'inciter à se venger mais la connaissant, Lucia n'allait clairement pas envisager une quelconque vengeance.

- Si ça te dérange pas qu'elle ait bousillé ton dessin, tant mieux pour elle. Mais si c'était mon dessin, elle s'en sortirait pas comme ça, fit Cheryl en haussant les épaules.

C'était sa dernière tentative d'incitation à la vengeance. Si sa camarade était vraiment obstinée à rester toute gentille jusqu'au bout, Cheryl ne pouvait plus rien y faire. D'ailleurs, Lucia disait que le fait que cette fille ait déchiré son dessin ne la dérangeait pas forcément. M'ouais, enfin, elle pleurait quand même pour quelque chose qui ne la sois-disant "dérangeait pas".

La fillette se demandait si elle devait lui faire la remarque. C'était peut-être pas la peine de remuer le couteau dans la plaie. Et puis, la Poufsouffle avait l'air de s'être calmée après tout.

Alors, Cheryl saisit les mains de son amie et se leva, l'encourageant à se lever à son tour.

- Viens, t'en feras d'autres des dessins. Et puis, si cette morue a déchiré ton dessin, c'est juste qu'elle était jalouse, finit-elle en souriant.

A ce même instant, Dami, qui était partie se rouler dans l'herbe, revint de sa promenade, prête à rentrer au dortoir.