Le lundi 16 décembre 2047,
Avant le dîner,
5^ème année


Ce soir est un de ces grands soirs. C'est un de ces moments que l'on prépare depuis des mois, qui est sur toutes les bouches et dans tous les cœurs jusque dans le moindre pli de tissu. Un soir pour se faire beau, un soir pour se montrer sous son meilleur jour (ou sa meilleure lune). C'est ce soir qu'il faut faire bonne impression, je pense en descendant les escaliers presque marche par marche. Je suis tellement aspirée par toutes sortes de pensées futiles que je ne réalise pas à quel point c'est agaçant de circuler autour de moi, qui prend le temps d'observer les aspérités de chaque pierre qui passe sous mes pieds pour éviter de penser au gouffre qui se créé dans mes tripes et au saut dans le vide que je m'apprête à faire ce soir.

Je finis par lever la tête pour réaliser qu'il ne me reste qu'un escalier à descendre pour atteindre le rez-de-chaussée et la Grande Salle qui s'agite dans le coin de mon regard. Parmi les élèves qui se brusquent et se bousculent pour passer devant moi et plus bas tourner les premiers dans la Grande Salle, je remarque l'uniforme impeccable - presque brillant - surplombé de ce visage aussi noble que neutre que je connais bien. Il semble qu'il m'attend et cette seule pensée suffit à me rassurer.

Alors je dévale les escaliers plus vite, pour rejoindre Cinead Reid qui m'attend à son pied.

Les dernières marches font naître en moi un sentiment de malaise, quand je réalise qu'il ressemble à un cavalier de bal, et qu'il tourne la tête vers moi. Le sourire que je lui adresse est gêné, mais cela ne change pas de tous les sourires que je peux lui adresser depuis que l'on se connaît. Je ne peux pas m'empêcher de me sentir gênée auprès de lui, et pourtant je me surprends à chercher sa compagnie... Je pense en me postant à ses côtés - imaginant un moment lui attraper le bras, avant de me raviser. C'est un moment de répit bien mérité, même s'il ne nous permet d'échanger que des banalités, avant d'affronter ce qui se trame dans les murs du château.

« Allons y... »

Mes mots déclenchent la marche silencieuse qui s'engage jusque dans la Grande Salle. Côté à côté, nos deux uniformes impeccablement repassés, nos deux écussons de couleurs opposés, nous entrons dans la haute pièce qui résonne des conversations effrénées.

J'aimerais dire quelque chose, faire la conversation à ce garçon qui m'a attendu et qui m'accompagne fidèlement, mais je suis bien incapable de le faire. L'arrivée de mon correspondant me retourne le ventre, dès que j'ai un instant pour y songer, alors que je ne sais pas même à quoi est-ce qu'il ressemble. Je crains qu'il ne m'apprécie pas, ou pire que je ne l'apprécie pas.

Avec un deuxième sourire gêné, je quitte mon camarade et je rejoins la table aux couleurs de ma maison.

Bientôt, le discours de Miss Montmort résonne et les chuchotements se taisent, la pièce s'habille d'un autre genre d'ambiance et la porte fermée s'ouvre à nouveau pour laisser entrer un cortège. Tout se passe à la fois très vite et très lentement. Le temps s'étire alors que je guette les insignes d'Ilvermorny et à la fois il se tord pour m'empêcher de retenir les détails sur les sorciers qui défilent. Je remarque à peine la chevelure lunaire de Sangblanc, que je savais appartenir à ce cortège, trop occupée à scruter les vêtements qui passent sous mes yeux.

C'est à la fin du cortège que je le remarque. Mon cœur manque un battement quand mon regard bute sur son blason. Un Oiseau-tonnerre. Chase Markle ferme la marche dans son uniforme parfait, d'un bleu si profond que j'ai le sentiment de m'y perdre, de sa cape si rouge que ma propre cape rougirait. Je rencontre son visage fermé, braqué sur la table des professeurs, et profite pour regarder ses traits. Ce n'est pas ce que j'ai imaginé mais la froideur que j'ai ressenti est bien là, sur ses traits placides et ses cheveux polaires.

Adaline et Cinead entrent ensemble, puis elle s'assied à la table de Gryffondor. Elle guette l'arrivée de son correspondant en silence.

Faustine était assise à la table de sa maison. Elle arborait fièrement les couleurs de sa maison, inspectant une dernière fois sa tenue. Elle avait refait son nœud de cravate une dizaine de fois tout comme sa queue-de-cheval basse pour atteindre la perfection. La jeune fille avait conscience que c'était un événement phénoménal d'accueillir des élèves sorciers des quatre coins du monde. Tout le monde semblait fébrile dans l'attente que les portes massifs s'ouvre. Faustine scrutait ces portes ne pouvant s'en détacher. Et soudain, voilà qu'elles s'ouvrirent !

Les correspondants affluaient petit à petit dans ce qui semblait être leur uniforme. Il venait donc réellement des quatre coins du monde : ils avaient tous des tenues différents, qui se référait à leur pays. Faustine entendit des chuchotements quand les deux élèves de Beauxbâtons, vêtus d'un uniforme bleu pâle, passèrent devant les tables. Elle les regarda, mais ne comprit pas ce qui pouvait bien déclencher ses murmures. Ces jeunes filles étaient si élégantes, elles marchaient d'un pas souple et élégant : tout respirait en elle la grâce ! Faustine reporta son attention sur les autres correspondants : la file se prolongeait encore, ils étaient nombreux !

Une fois que les correspondants avaient fini leur entrée en arrivant devant la table des professeurs, Faustine entendit les conversations fusaient de nouveau. Légèrement anxieuse, la petite resta muette, se contentant de triturer la longue manche de sa cape de sorcier. Les Poufsouffle allaient bientôt faire la présentation de leur maison, elle avait peur de ne pas en être à la hauteur. Pourquoi s'était-elle donc inscrite pour chanter dans les chœurs ? Petite, on l'avait complimenté sur sa voix quand elle chantait et étant donné qu'Anna avait elle aussi un rôle, elle s'était empressé de rejoindre les chœurs. Mais si elle faisait une fausse note, tombait, ou se trompait ? En plus de se donner en spectacle devant tous les élèves de Poudlard et les professeurs, il y avait également les correspondants du monde entier !

Faustine regarde arriver les correspondants, admirative, sans oser dire un mot. Elle commence à devenir anxieuse en vue de la présentation de sa maison.

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N'hésiter pas à venir parler à Faustine !

Bien que les jeunes sorciers de Poudlard avaient été briefés sur l'importance de leur apparence ce soir-là, Elian n'avait pas eu le temps de réellement se rafraichir après le cours de Défense Contre les Forces du Mal qui venait tout juste de s'achever pour les Sixième année de la filière Auror. Il débarqua dans la Grande Salle en essayant de réajuster son uniforme à la va-vite de tous les côtés, oubliant même son habituelle contemplation des jolis sapins décorés de houx, de guirlandes ou de casse-noisettes miniatures.

Pour la première fois depuis la rentrée, les tables étaient de nouveau combles et il fallait consacrer un certain temps à la recherche de ses amis. Lorsque la chevelure blonde d'Herminie fut repérée, Elian s'inséra sans sommation entre elle et l'élève qui se trouvait à ses côtés sur le banc, un peu comme un chewing-gum dans les fils d'un appareil dentaire. Il observa Gryffs qui était installé juste en face d'Herminie, impeccable lui, essayant de les écouter pour s'inclure dans leur discussion. Ils sentaient bons et parlaient des correspondants s'il avait bien saisi, ce qui était plutôt logique étant donné qu'ils les attendaient avec une impatience peu contrôlée : depuis le réveil, Elian se collait contre les fenêtres du château dans l'espoir d'apercevoir l'arrivée de tous ces sorciers étrangers tel un enfant qui patientait jusqu'à apercevoir le traineau du Père Noël tiré par ses rennes. Comme la journée du lundi demeurait toujours très serrée dans les horaires de cours, il n'avait rien pu glaner et ne restait par conséquent que la surprise de la découverte.

Eteint mais impatient, Elian s'élevait un peu au-dessus des têtes pour guetter la porte de la Grande Salle. Il n'était pas le seul à vivre le moment. La préfète Megan Arrington et Deryn O'Connors semblaient tout aussi impliquées à ses côtés.

« J'espère qu'ils sont arrivés avec des cadeaux », sourit-il en direction de Charlotte, la remarquant depuis sa hauteur.

Il imaginait surtout des présents impossibles à transporter jusqu'en Ecosse, à vrai dire, que ce soit par transplanage, par la voie des airs ou bien par le réseau des cheminées. C'était peut-être l'ambiance festive de ce mois de décembre qui le rendait soudain si matérialiste, ou bien s'exprimait son envie de découvrir des choses qu'il n'avait encore jamais vues... Le jeune sorcier se rassit toutefois correctement quand les discussions s'évanouirent pour laisser place à la voix de la directrice. Sans transition à son introduction, les portes s'ouvraient sur une première silhouette. Peu intimidé, Elian commença à applaudir avec enthousiasme. Alors que les trois sorciers étrangers s'étaient bien avancés dans l'allée, deux autres sorcières apparurent derrière eux. Elian réitéra ses applaudissements, visiblement très heureux, avant de pointer du doigt la jeune Alice Sangblanc qu'il avait reconnu un peu tardivement dans une expression hébétée. Aucun d'entre eux ne portait de hotte par-dessus l'épaule, pourtant le garçon semblait tout de même ravi.

Les invités se succédaient et, à chaque fois, Elian leur offrait des applaudissements en les fixant de ses yeux visiblement incapables de cligner, aussi fixes que ceux d'un bonhomme de pain d'épices. Tous se dirigeaient vers l'estrade des professeurs. La correspondante qui venait de Mahoutokoro, celle d'Herminie, semblait bien plus timide que tout le monde alors Elian força un peu plus sur l'applause à son passage. C'était d'une logique assez douteuse.

« Mayako, Mayako, Mayako ! » encouragea-t-il d'une voix très étouffée.

Elian s'insère sur le banc à côté d'Herminie, il applaudit à chaque passage d'un correspondant dans l'allée avec un sourire bête et applaudit encore plus au passage de Mayako Komori malgré la timidité visible de cette dernière.

Deryn bouillait d'impatience depuis plusieurs jours maintenant. A croire que c'était elle qui attendait l'arrivée d'un correspondant alors qu'il n'en était rien. Elle attendait simplement la première lettre de Parvaneh. Elle ne connaissait rien d'elle pour le moment mais elle n'avait pas raté une occasion d'en apprendre un peu sur cette école par le biais de Chems qui, lui, attendait son correspondant. Le jour J, papotant avec Charlotte et Megan, elle s'était glissée parmi les grands comme souvent pour ne pas manquer une miette de ce grand évènement.

Assise entre Herminie et Chems, les yeux brillants, elle observait avec attention les visiteurs qui entraient un à un dans la grande salle, ignorant tout ou presque de ce qui se passait autour d'elle. Comme ils avaient fière allure ! La Poufsouffle tentait de deviner qui venait d'où mais ses connaissances étaient encore trop juste pour y parvenir. Bientôt songea t-elle. Bientôt elle en saurait plus.

Alors que tout le monde avait atteint la table des professeurs, un léger murmure parcourut la salle, les élèves profitant de l'instant de flottement pour échanger un peu. Deryn en profita pour répondre à Charlotte, en se penchant légèrement par dessus la table afin de ne pas hausser la voix.

"Tu te rends compte qu'on est les premiers sorciers de Poudlard à assister à un tel évènement. C'est complètement fou. C'est vraiment magique."

Pour ne pas perturber qui que ce soit, elle se tut ensuite, se concentrant sur ce qui allait suivre.

Dans l'ordre de la table en partant des profs côté allée @Elian Kernac'h, @Herminie Peers, @Chems Daley, @Maddie Joy, @Jeffrey Hunter et en face @Aelle Bristyle, @Gryffs Sorrow, @Charlotte Dwight et @Megan Arrington

Roxane s'installe à côté de Laurence puis assiste à l'arrivée des différents élèves, des étoiles plein les yeux.

@Laurence Solomon je me suis permise de me joindre toi, j'espère que ça ne t'embête pas !
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Mélissandre était assise à la table des bleues, comme a son habitude, pourtant, l'ambiance complète était différente. Une espèce d'euphorie, contenue, les élèves étaient entres deux chaises. Suspendus au discours de la directrice mais tout de même dissipé, dans l'attente d'autre chose. Quelque chose de plus épatant encore.

La sorcière arrêtait pas de remettre en place son uniforme, sa cravate plus précisément. Elle lissait ses cheveux du bout des doigts nerveuse. L'uniforme de poudlard ne brillait pas, n'avait pas ce côté classe, ni même n'imposer le respect. C'était un uniforme basique, une chemise, une jupe d'écolieres et une cape traditionnelle noire, de sorciers. Pour avoir vu des photos de sa mère lors de ses études, Mélissandre savait que l'uniforme de Beauxbatons avait meilleur allure. Son uniforme n'était généralement pas un problème vu que tout le monde avait le même. Aujourd'hui cependant, c'était différent, elle n'était pas à l'aise. Elle savait que d'autres élèves allaient visiter le château et donc, découvrir poudlard et ses élèves.

Qu'allait il penser ? Elle essayait de se concentrer sur autres choses mais, l'apparition du premier étranger fût comme une confirmation. Ce bâton n'était sûrement pas là pour décorer, il s'agissait d'un bâton de mage ! Le deuxième était moins impressionnant mais, sa tenue était originale, Mélissandre n'avait jamais vu cela avant et elle aimait beaucoup. S'en suivi une sorcière tatouée, ça c'était la classe, pensait-elle. Beauxbatons, que Mélissandre n'eût aucun mal a reconnaître, un défilé haut en couleurs, riche en perles... Tout cela rendait la serdaigle envieuse, rêveuse.

Elle se devait d'être fabuleuse dans les prochains jours.

Cela faisait plusieurs jours que tout le monde ne parlait que de ça: l’arrivée des élèves étrangers. Pour Eileen, née-moldue, le fait que autant d’écoles de magie puisse exister était complètement fou. Elle ce remettait à peine de l’existence de Poudlard, et on lui disait que plusieurs centaines d’autres élèves étaient dispersés partout dans le monde. Chose logique, mais déroutante pour elle.

Assise à la table de Serdaigle, Eileen entendit la voix de miss Montmort s'élever, et écouta sagement son discourt. Puis les portes s´ouvrirent. Et le défilé commença. La jeune fille admira ainsi de nombreux étudiants, en bleu, en rouge, en noir... chacun différent du précédent, portant avec lui ça culture, sa magie propre.

Le premier passa, son bâton claquant le sol, sûr, impressionnant, menant la danse.
Puis, quelques élèves passèrent, et l’une d’elle, au cheveux presque blancs, retînt l’attention d’Eileen. Elle semblait provoquer à son passage, des murmures et des chuchotements.

Doucement, la jeune fille ce tourna vers sa voisine, et demanda timidement, en chuchotant:
« Tu sais qui c’est, toi, la blonde en uniforme bleu?

Elle attendit la réponse en suivant des yeux le cortège, observant ainsi quelques élèves vêtus de tenues brillantes et multicolores, puis, un duo plus sobre. Des élèves portant diverses accessoires passèrent, provoquant, par leurs mouvements, divers bruits étranges.
Un autre duo, tout en rouge, passa, suivi par d’autres élèves, dont une en kimono, que Eileen reconnu comme sûrement japonaise.
Enfin, le dernier duo passa, clôturant ce défilé d’élèves que Eileen ne connaîtrai sûrement jamais, à son plus grand regret.

Impressionnée de voir autant de sorciers du monde entier, Eileen suivit des yeux jusqu'au dernier moment le cortège, voulant à tous prix garder un souvenir le plusieurs précis possible de tout ce qu’elle venait d’observer.

Eileen écoute le discours, pose une question à Erin et observe les élèves des échanges.

@Erin Fergusson, chère voisine, comme convenu.

J’ai beaucoup entendu parler de l'arrivée des élèves d’autres écoles. Pour l’occasion tout le monde c’est bien apprêter. La joie et l’excitation se ressentent depuis déjà plusieurs jours au sein du château. En-tout-cas toute cette énergie est communicative, je suis assez pressée de voir à quoi ces élèves peuvent bien ressembler. C’est peut paraître bête, mais j’appréhende un peu.

Je me suis moi aussi apprêtée : j’ai coiffé ma frange et j’ai attaché mes cheveux avec des barrettes aux couleurs de Serdaigle. J’ai également fait quelques recherches sur ces élèves car même si ça peut sembler logique, je n’avais pas vraiment pensé au fait que d’autres écoles de magie existent dans le monde.

La directrice se lève de sa place, me coupant dans mes réflexions :

« Votre attention, s’il vous plaît. Nous allons recevoir des invités très spéciaux. Les autres écoles de magies reconnues nous font l’honneur de nous confier certains des leurs pour deux semaines. Je vous encourage à les accueillir comme il se doit et à mettre ces deux semaines à profit pour en apprendre plus sur vos homologues sorciers venus du monde entier. »

Oui, effectivement, j’ai hâte d’en savoir plus sur ces élèves. Quels genres de cours ont-ils ? Ont-ils le même système scolaire que nous ? À quoi est-ce qu’ils ressemblent ? …
Les questions inondent mes pensées et j’ai hâte d’en avoir les réponses.


La porte de la grande salle s’ouvrit.


Je sens une bouffée d’énergie traversée mon corps : « Ça y est, c’est parti » pensai-je.

Un jeune homme entre dans la salle suivie de deux autres personnes. Je suis assise dos à l’aller central et je me retourne entièrement pour être face au spectacle. J’étais fascinée et surtout très impressionnée par cette arrivée.
Derrière eux, un groupe de deux jeunes filles d’une élégance remarquable font leurs entrées. Certains élèves semblent agités par cette entrée. Est-ce leurs beautés qui créent tous ces émois?
Des sorcières et sorciers continuèrent à passer la porte, plus intrigants les uns que les autres.
Je ne pensais pas qu’il y aurait autant d’écoles différentes, il y en a quelques-unes que je ne suis même pas capable d’identifier.

Bon… Je suis beaucoup plus impressionnée que ce que je pensais, j’ai le souffle coupé depuis qu’ils ont passé cette porte. Je me demande si je trouverais le courage de leur adresser la parole…

J’inspire un grand coup et me reconcentre sur ce qu’il se passe devant mes yeux, curieuse de savoir comme cela va évoluer.

J'avais oublié l'attente. Elle vous ronge et vous soulève. Vous ne tenez qu'à un fil, qu'à un geste, qu'à un mot, mais vous êtes plein de tout ; c'est un univers entier d'émotions diverses qui s'est réfugié dans ma poitrine. Je suis la terre, celle qui tremble, qui glisse, qui s'écroule, qui jaillit, qui contient la vie, qui côtoie les cieux. Je suis un ensemble de couleurs aveuglantes et exotiques, des bleu de rêves, des vert d'espoir, des roses de renouveau, des rouge d'emportement, des jaune d'excitation, des violet de douceur, des oranges d'impatience. Je suis tant, et en même temps si peu, que j'ai la sensation de contenir sous ma peau et entre mes os un univers entier de sensations, d'émotions et de couleurs plus vives et plus les vivantes les unes que les autres. Je suis pleine, mais d'une manière agréable, comme l'est le pot de fleurs auquel on vient d'ajouter de l'eau, ou les sous-bois d'une forêt primaire. Je suis contrastes ; réjouissance et impatience se bousculent contre mes organes, peur et bonheur me mordent le corps, timidité et confiance écartèlent mon cœur, doutes et assurance se battent dans mes poumons. Je suis la terre, si vivante que mon intérieur est éblouissant de couleurs et de lumières, si active que je me sens aussi bouillonnante que refroidie et aussi dynamique que pétrifiée. Je suis la terre et le bateau de mes pensées navigue dans des rapides. Mais je n'ai pas peur, au contraire.
Doux Merlin, j'avais oublié l'attente.

Je ne peux m'empêcher de lisser ma jupe. Un sourire me dévore le visage, mais paraît crispé. *Merlin Merlin Merlin, nous n'avons jamais été aussi proches !* Je me sens enfermée et libérée, nouée de partout mais détendue. Je ne sais plus comment me tenir, comment contenir ce que je ressens, comment agir dans cette pièce si pleine de monde ; mon esprit et mon corps sont devenus trop indistincts, ils sont perdus au milieu de mes sensations. Mes mains se crispent sur ma tenue, mon regard rebondit partout il atterrit et je crois que je tremble. Je suis un ruisseau, je coule de partout, je prends tant de directions à la fois, aussi bien dans mes pensées qu'avec mes sens, que je me perds toute seule ; je glisse sur tout ; je ne suis pas complète, rassemblée, entière, je suis dispersée, disloquée, fragmentée. Je ne perçois que des bouts du monde, une odeur de lavande, ou peut-être de fruits – du citron ? –, des regards (je suis entourée de regards qui me transpercent), des yeux impatients, étonnés, curieux, amusés – et les miens, de quoi ont-ils l'air ? –, un bras qui frôle le mien, un corps qui me percute le dos, mais je ne bouge pas – serai-je immobile ? –, des bruits de pas, des paroles qui flottent dans l'air, qui me heurtent et me bousculent – que dit-on ? me parle-t-on ? –, et l'impatience qui croît dans mon corps, envahissant mes poumons, teintant mes joues de rouges, faisant pétiller mon regard. Nous n'avons jamais été aussi proches !

Cela me fait replonger des années auparavant, quand la délégation de Zhuangyán était venue à Poudlard. Il y avait ce même empressement dans l'air, cette même impatience. Tout me paraissait être étranger, même Anaë était différente, le ton de sa voix avait pris une certaine passion qu'il a perdu depuis. À l'époque, je ne comprenais pas pourquoi le château me semblait aussi changé, pourquoi tous les yeux brillaient inhabituellement. Aujourd'hui, je comprends. Aujourd'hui, je peux dire que je suis parmi ces personnes dont les pensées ne tournent qu'autour d'un seul évènement.

J'écoute la directrice d'une oreille. L'impatience est toujours là, mais je la sens retomber petit à petit. Il n'y a plus que ces nœuds dans mon ventre, ces grandes fougères qui me transpercent la poitrine de part en part. Je crois que je commence à avoir peur. Mais peur de quoi ? D'être déçue ? De décevoir ? Je ne sais pas vraiment. J'ai la sensation que toute impatience amène avec elle un peu de peur, comme si l'attente faisait bouillir les pensées hésitantes. Terrible Circé, que la peur est douloureuse ! Je porte mes ongles à ma bouche, incapable d'arracher les fougères qui grossissent dans mon ventre.

Et puis Miss Montmort s'arrête de parler et les porte s'ouvrent.

Mon coeur bondit – ce fou ! *Ils sont là !* Elle est là, quelque part, et elle arrive.

Je scrute les visages, la bouche entrouverte, drapée de silence, recouverte d'une hâte beaucoup trop visible. Le premier est un garçon ; *pas elle*. Je ne le remarque qu'à peine. Pourtant, quelque chose chez lui attire irrésistiblement mon attention : son pas est accompagné par le rythme d'un bâton. *Jadugara !* Mais ce n'est pas lui qui m'intéresse, n'est-ce pas ? Mon regard s'arrache à ce premier élève pour se poser sur ceux qui le suivent. Une fille et un garçon. Ils ont des tatouages. Ils sont d'Uagadou. Mes yeux s'enfuient vers le duo suivant pour découvrir avec surprise un visage connu. *Alice Sangblanc !* Ses cheveux pâles comme la Lune sont reconnaissables entre tous. Que fait-elle là ? Qu'importe, ce n'est pas elle que je cherche, ni celle qui l'accompagne, qui doit aussi être à Beauxbâtons. Alors mon regard se détourne.

Mes yeux deviennent soudainement ronds et mon souffle court. De longs cheveux d'ébène et une tenue aux couleurs chatoyantes, comme si la lumière de l'Astre du jour était contenue dans ces bouts de tissus multicolores. Elles ont les couleurs des rêves et des plus belles fleurs existantes, vives et diverses, éclatantes, laissant cette étrange sensation que le reste du monde est terne et gris. Je ne peux plus rien dire, plus rien faire, mon cœur bat très vite et un sourire stupide éclot sur mes lèvres. C'est elle, doux Merlin ! C'est elle, j'en suis convaincue ! Elle est aussi belle que les premières fleurs du printemps. Elle était à l'autre bout du monde, au-delà des frontières et des océans, des collines et des montagnes, mais aujourd'hui elle est juste là, à quelques mètres de moi, et elle ne me voit pas encore. J'ai la sensation d'être brusquement en dehors de tout ce qui arrive, de regarder cette scène sans vraiment la vivre, spectatrice immobile. *Estefânia...* C'est avec elle que je vais passer ces deux premières semaines.
Douce Circé, je crois que je suis terrifiée.

Orla passait machinalement sa main dans ses cheveux, lissant encore et encore une mèche qu'elle avait coincée derrière son oreille. C'était le grand soir, les correspondants allaient arriver d'une minute à l'autre. Elle avait hâte d'enfin les voir et de leur présenter ce que sa maison avait préparé pour l'occasion. Elle louchait de temps à autre sur le parchemin que Constance avait amené pour réviser à la dernière minute – Orla n'avait pas prévu d'apporter le sien –, alors que son regard allait et venait, passant de la table des professeurs aux portes de la Grande Salle. Maintenant ? Non… Et là ? Toujours pas…

Elle sursauta lorsque Miss Montmort prit la parole. Ça y était. Orla sentit un sourire poindre sur ses lèvres alors qu'elle se tournait une énième fois vers les portes, qui s'ouvrirent sitôt le discours de la directrice terminé. Orla hésita un moment, puis appuya ses mains sur la table pour se surélever et mieux voir les correspondants.

La première chose qu'elle remarqua, ce fut leurs habits. Ils étaient tous plus flamboyants les uns que les autres, certains semblaient être sortis de contes de fées, comme la robe aux motifs crèmes d'une fille qui arborait fièrement de mystérieux tatouages. Son regard s'attarda sur les bracelets aux sonorités que portait une jeune fille aux cheveux blancs, et elle chuchota pour elle-même :

« Oh, on dirait les bracelets de Miss Priddy… ! »

Une autre sorcière n'était pas en reste, du point de vue des accessoires : la tête couverte d'un foulard, de petits objets agrémentaient son uniforme et tintaient au rythme de ses pas. Orla sentit son rythme cardiaque s'accélérer lorsqu'elle se rappela la discussion qu'elle avait eue avec Herminie au salon de l'orientation, et de la brochure sur le campus Magifac qu'elle avait eu l'occasion de lire en long, en large, et en travers. Créer des objets magiques était devenu sa nouvelle obsession, et elle mourrait d'envie d'apostropher cette sorcière pour lui demander à quoi servaient ses accessoires et de quoi ils étaient faits. Peut-être qu'avec un peu de chances, cette sorcière serait la correspondante d'un des grands de Poufsouffle ? Elle semblait affable puisqu'elle saluait tous les élèves assis. Orla lui rendit son salut avec un grand sourire. Elle lui plaisait, celle-là !

Constance se tourna vers Amy, Sandra, Mary et elle, et Orla acquiesça à sa remarque :

« Oui ! Il faudra voir avec les grands, peut-être que certains partageront notre salle commune ? »

Elle se pencha ensuite sur Elijah qui était à sa droite et le poussa gentiment du coude avec un sourire en coin :

« Alors, maestro, prêt pour le show ? »


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Merci pour ce RP contexte !
@Constance Nelson @Amy Stenford @Sandra Miller @Elijah Coyle