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23 janv. 2023, 10:27
 Brighton  La tête pleine  Solo   Eté 2047   ++ 
Lundi 05 août 2047
Maison de Granny et Grand-Père (F.Moore)
Campagne de Brighton

Il fait bon, il fait chaud. Mais pas chaud étouffant, non, chaud agréable.
Je suis allongée par terre dans l'herbe, dans le jardin.
Le bruit de la brise qui souffle tranquillement dans les arbres alentours, quelques oiseaux, une mouche qui volète pas loin... à moins que ce soit une abeille ? Une sorte de silence qui n'en est pas vraiment un. C'est quelque peu berçant. J'ai les yeux fermés même si je ne dors pas. Je ressens juste le moment présent. Ma respiration calme et régulière pourrait tromper qui que ce soit de loin mais pas Peggy qui arrive d'une démarche souple et silencieuse. Je ne l'entend pas arriver mais je la sens. Brutalement.
- Aaaah ! Non, non non non non non ! Noooon !
Peggy semble prendre cela comme un encouragement car je reçois deux autres baisers humides près de mes oreilles et dans le cou tandis que je rabats mes bras sur mon visage pour me protéger de l'assaut.
J'ouvre les yeux en éclatant de rire pour apercevoir la silhouette élancée au-dessus de moi. Enfin, sa tête. Lorsque nos regards se croisent, elle s'assoit, bien que sa queue bat en rythme de joie.
- Franchement t'exagères ! fis-je mine de m'écrier, un sourire amusé mine de rien sur les lèvres.
Je m'essuie le cou d'un revers de main tout en m'asseyant, les cheveux quelques peu enchevêtrés.
La superbe chienne croisée Berger-border collie me regarde avec enthousiasme même si l'on pourrait jurer à sa tête qu'elle est très satisfaite de m'avoir surprise ainsi.
Je souris alors attendrie et sans prévenir, d'un bond, me propulse vers l'avant, vers elle, l'attrapant à bras le corps. "Vengeaaaaaance !!"Je la serre contre moi et l'embrasse. Ah qu'elle est douce, qu'elle sent bon ! Quelle odeur ? Je ne sais pas, une odeur de chien sûrement mais pas une odeur désagréable. Comme une odeur de foin peut être, ou de poussière. Peut importe !
Je m'écarte légèrement d'elle pour plonger mon regard dans le sien et elle en profite pour...
- Hey ! m'écriais-je en m'écartant encore plus et en riant de plus belle.
Alors que je m'essuie le nez, elle en profite pour se libérer de mon étreinte et commence à sautiller dans tous les sens, dans un véritable appel au jeu en bonne et due forme.

- Ah je me disais bien que j'avais entendu du bruit...
Je me retourne et le soleil qui m'éblouit me fait cligner des yeux. Rabattant une main en pare-soleil, j'aperçois Granny qui arrive avec un plateau comportant une carafe et deux verres.
Je souris alors qu'elle s'approche.
- Coucou, tu ramènes quoi ?
- De la limonade maison. Il faut s'hydrater par un tel temps.
Elle commence à s'agenouiller, pose le plateau dans l'herbe et s'assoie en gardant ses jambes repliées contre elle par terre.
- Attends, je vais t'aider.
J'entreprends alors de nous verser de la limonade et lui tends son verre avant de prendre le mien.
- Merci Granny.
Elle sourit et me fais un clin d'oeil.
Pendant ce temps, Peggy qui semble avoir compris que le jeu, c'est pas pour maintenant, s'assoit puis s'allonge près de nous, son museau contre le genou de Granny, sa queue vers moi.
Un silence doux s'installe alors que je vide mon verre et le repose sur le plateau.
Ah, rien de mieux que de la limonade maison bien fraîche par un temps ensoleillé l'été.
- Ca fait combien de temps qu'ils sont partis ? demandais-je histoire de faire la conversation, en parlant de Papa et Maman qui s'étaient motivés pour une randonnée.
Bien que j'aime marcher, cette fois-ci j'avais passé mon tour. On était arrivé hier soir et j'avais plus envie de rester tranquille pour la première journée ici.
- Mmmh... une heure et demie ? deux heures ? Granny hausse les épaules avant de fermer les yeux comme pour profiter au maximum de la caresse du soleil.
Je hoche la tête et reste silencieuse.
Le silence pourrait demeurer ainsi même s'il n'était jamais très long avec Granny. J'avais hérité de son côté un peu bavard de sorte que les silences entre nous n'étaient jamais ni très longs ni étranges ou malaisant.
J'étais contente d'être là, assise à ses côtés, dans le jardin de sa maison. J'adorais ma Granny. Depuis que j'étais toute petite, nous avions développé une relation assez proche et je savais que je pouvais avoir une confiance tout à fait aveugle envers elle. Elle était le genre de grand-mère patiente qui ne s'agaçait pas ni ne s'exaspérait de mes questions, quand j'étais petite, et qui s'était employé depuis aussi loin que je m'en souvienne à me transmettre avec joie sa passion pour la nature. Elle était sûrement la raison pour laquelle j'étais aussi mordue de tout ce qui touchait à la faune. C'était aussi sûrement grâce à elle que je n'avais pas peur des abeilles ou des araignées. Après tout, elle avait été apicultrice et bien qu'elle avait pris officiellement sa retraite il y a deux ans, elle avait encore deux-trois ruches au fond du jardin. "Quand on aime autant quelque chose, on ne s'arrête jamais vraiment" m'avait-elle dit un jour.
Je pousse un petit soupir de satisfaction alors que je laisse errer mon regard autour de nous.
Je sens du coin de l'oeil que Granny me regarde, alors je reporte mon attention sur elle.
Elle me regarde avec un air mi-interrogateur mi-attendri.
Je décide de l'imiter mais en exagérant, pour la taquiner, et penche la tête de côté tout en fermant un oeil tout en la regardant avec un sourire en coin.
Notre bataille de regard dure à peine trois secondes car j'éclate de rire.
- Alors alors... qu'est ce que tu racontes de beau, mmmh ?
Je hausse les épaules.
- Bah rien de particulier, j't'ai dis, je passe en deuxième année à la rentrée, euh... on est rentré l'autre jour de Paris et c'était super chouette... euhh... la semaine prochaine je vois Michael et Johann... même si je les ai déjà bien évidemment vu en juillet. Mais on se voit jamais assez, tu le sais bien, et pis... autant en profiter au maximum avant... tu vois.
Je me pince la lèvre sans m'en rendre compte, la regarde, lui souris, détourne le regard.
Granny rebondit sur le sujet de Johann et Michael et on discute quelques minutes à leur propos, comment ils vont, leur collège, l'équitation...
- Ah voui, j'ai prévu d'aller au club le week-end prochain, enfin, pas celui-là mais celui d'après tu vois ? avec Johann... dis-je en guise d'explication en hochant la tête.
J'avais hâte d'y aller, de remonter à cheval. On avait prévu de participer au stage du vendredi et d'aller à une balade organisée par le club le samedi. Ca allait être génial !! Bon, Johann avait continué à monter l'an dernier mais elle m'avait rassurer sur ce point : c'est comme le vélo, ça s'oublie pas !
Oui... m'enfin... on sait très bien, elle comme moi, que je manquerais sûrement d'assurance, une fois montée, au début vu le temps qui s'est passé depuis la dernière fois ! Mais bon, le principal, c'est de s'amuser et revoir les chevaux, les poneys, retrouver le club... je sais que ça va me faire un bien de fou.
Granny s'enthousiasma du fait que j'allais y retourner et tâche de se souvenir des noms des équidés dont je lui parlais avant ou de ceux que je lui montrais en photo.
Puis le sujet s'achève comme il a commencé et un nouveau silence semble s'installer.
Mais Granny ne souhaite apparemment pas le laisser faire car, tout en caressant Peggy, elle me dit :
- Ma chérie, j'ai la sensation que tu ne me dis pas tout.
Je la regarde, un peu interloquée sur le moment et saisis ensuite ce qu'elle sous-entend. Enfin, je crois qu'on pense à la même chose.
- Tu parles de quoi ?
Elle me regarde d'un air "Me la fais pas à moi" et je pousse un petit soupir en laissant mes doigts jouer négligemment avec les brins d'herbe. Il y avait bien un sujet qui restait dans un coin de ma tête, dans un coin de mon coeur. Des questions qui commençaient à trotter là. Le truc, c'est que naturellement, j'en aurais parlé avec Maman ou avec Papa ; mais ce-dernier n'en savait, je ne crois pas plus que moi, et Maman... Maman, je sens que c'est un sujet... délicat. Alors, l'idée d'en parler à Granny... m'avait plus d'une fois, je l'avoue, traversé l'esprit.
- Je... commençais-je hésitante, la regardant par en-dessous furtivement avant de reporter mon attention sur l'herbe. Je voudrais en savoir plus sur... ma tante.
Ca y est je l'ai dit ! Je l'ai dit ! Et pourtant, je ne me sens pas plus soulagée que ça. Et si la situation devient étrange avec Granny ? Et si ce sujet la peine ? Je ne veux pas la blesser. Granny est importante pour moi. Toutefois, ces questions se chevauchent dans ma tête. Je les avais repoussé une bonne partie de l'année précédente alors que mon esprit était tourné vers Johann et Michael. Mais maintenant que cette situation est "réglée"... celle de cette tante inconnue occupe de plus en plus mes pensées.

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3ème Année RP ~ 14 ans ~ 81186a ~ Responsable des Nouveaux Arrivants Pouffy ~Fiche PR~ Marrainage~ Club 46 for ever
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13 févr. 2023, 12:51
 Brighton  La tête pleine  Solo   Eté 2047   ++ 
J'ai la sensation que les secondes durent une éternité, alors que je sens ma poitrine se comprimer. Je n'ose plus la regarder. Au moment où ces mots avaient franchis mes lèvres, j'étais ravie d'avoir osé. Mais maintenant, je commence à regretter. Et si ce sujet était tout aussi délicat pour elle que pour Maman ? Après tout, on parle de sa fille disparue.
Je fini par relever les yeux vers ce visage que j'ai tant observé depuis que je suis petite. Elle me regarde d'un air songeur et lorsque nos regards se croisent, elle esquisse un très léger sourire avant de baisser les yeux. Ses doigts continuaient de caresser les doux poils mi-longs de Peggy.
- Que veux tu savoir ?
Je sens ma respiration ralentir et je me prends à mordiller ma lèvre.
- Je... est ce que tu peux me parler d'elle ? Comment était-elle ?
Je me rends compte brusquement que je viens d'employer le passé en parlant de cette femme que je n'ai jamais connu. On ne sait même pas ce qu'elle est devenu, certes, mais on ne sait pas non plus si elle est encore... vivante.
- J'veux dire, quand elle était jeune ? Elle a dû te raconter pleins de choses, tu vois avec l'école...

J'avais envie de savoir ce qui avait pu se passer les dernières années. Avant qu'elle ne disparaisse.
Une partie de moi espérait qu'elle soit encore en vie, espérait même si c'était étrange et perturbant qu'elle revienne, qu'on se rencontre.
Sa particularité d'être une sorcière... c'est un point commun qu'on a toutes les deux. Y en a-t-il d'autres ?
Comment avait-elle vécu sa découverte du monde magique ? Dans quelle maison est-elle allée ? Aimait-elle les potions ? la botanique ? la métamorphose ? les créatures magiques ? Quelle filière a-t-elle choisie ? Pis, quelle jeune femme est-elle devenue ?
Maman m'a raconté au final peu de choses ce matin-là où j'ai reçu ma lettre l'an dernier.
Tout ce que je sais c'est que cette tante s'appelle Judith, qu'elle a découvert sa double-identité un peu dans les mêmes conditions que moi mais que contrairement à moi, elle n'avait pas de tante sorcière inconnue. Elle nous a expliqué ce matin-là, à Papa et moi, que peu après avoir obtenu son diplôme, Judith était partie. Pour son travail. En Europe de l'Est. Et qu'elle n'était pas revenue et n'avait plus donné de nouvelles. Voilà. C'est tout. Sa mine peinée, son attitude qui se fermait... je n'avais pas osé aller plus loin. Bien trop bouleversée, moi-même, pour satisfaire ma curiosité. Pis, il faut se dire que la découverte de son existence n'était pas ce qui était le plus bouleversant. La découverte de tout un monde qui coexistait avec le mien sans que je le sache... ça... c'était une autre paire de manches.

Granny semble elle aussi dans ses pensées, l'espace d'un instant. Et lorsque je la regarde, c'est comme si le monde se fige autour de nous. Je n'entend plus les grillons ou les abeilles. Je ne sens que vaguement la légère brise sur mes joues ou dans mes cheveux. Toute ma concentration se porte sur Granny. Je suis littéralement pendue à ses lèvres. Que va-t-elle dire ? Que va-t-elle me révéler ?
A moins qu'elle ne m'envoie paître ? Non, cela ne lui ressemble pas.
Plus les secondes s'égrènent et plus je me rends compte que tout mon corps est dans l'attente. Granny, s'il-te-plaît, dis quelque chose.

Seulement une poignée de secondes s'estt écoulée, bien que j'ai l'impression qu'elles sont devenues des minutes.
Granny reprend alors la parole, et bien que sa voix me semble chargée d'émotion au début, elle prend un rythme plus normal au fur et à mesure.

- Par où commencer ? Judith était une enfant pleine de vie. Un peu comme toi, d'ailleurs. Elle... elle était curieuse, un peu casse-cou peut-être (sourire) et comme toi, elle s'est passionnée rapidement de la faune et de la flore. Oui, en quelque sorte, vous avez sûrement plus de points commun que tu ne peux le penser. Elle était bonne élève, je me souviens. Elle était fière de nous ramener ses notes à la maison, les premières années. La plupart des O - pour Optimal, c'est ça ? - et sinon des E - là, je ne me souviens plus à quoi cela correspond mais je crois que c'est une bonne note n'est-ce pas ? - Passons. Elle aimait nous raconter ses histoires au début. Comment le château était immense et pleins de surprises. Le Parc aussi, très très grand. Mais au fur et à mesure, eh bien (haussement d'épaules) elle a commencé à être plus discrète sur ce qui lui arrivait. Mais bon, comme ta mère. En grandissant, vous les jeunes devenez de plus en plus secret.

Attentive, je sourie en réponse de ce qu'elle m'apprend tout en hochant la tête concernant le système de notation des profs.
Judith et moi, on se ressemblait ?
Le portrait qu'elle dessine de la jeune fille qui m'avait précédé à l'école est attractif et je n'ai qu'une envie, continuer d'en apprendre davantage sur son compte.

- Elle... elle ressemble à quoi ?
- Un peu comme toi, me répond -t-elle en passant une main bienveillante sur mes cheveux, repoussant une mèche derrière mon oreille, mais plus brune encore avec des traits du visage qui se sont affinés en grandissant. Elle était plutôt grande, de mon dernier souvenir d'elle. Aussi grande que ton grand-père en fait !
Son sourire est attendri, comme si cette plongée dans le passé recouvrait son esprit d'une multitude de souvenirs. Ce qui est sûrement le cas d'ailleurs.
A sa remarque, je lui rend son sourire et appuie ma joue contre sa main.
Je lui suis tellement reconnaissante de me parler d'elle, de ne pas m'envoyer paître... d'accepter de lever le voile sur cette jeune femme qui représentait un réel mystère.

Bien sûr, j'ai encore pleins de questions mais je ne sais pas jusqu'où je peux aller. Pour le moment, Granny semble attendrie par ce récit, mettant en scène une petite fille qu'elle n'a plus, une enfant qu'elle n'a pas revu depuis des années et à ce que j'ai compris, pas reçu de nouvelles non plus.
Mais qu'était-elle devenue ?
Du haut de mes 12 ans, il m'est difficile de me mettre à la place de Granny. Cette plongée nostalgique était peut être aussi agréable qu'attristante. Granny n'étais pas juste ma Granny, elle était aussi une mère.

Soudain, une idée me vient.
- Tu as... tu as des photos peut-être ?
- Oui. Oui, bien sûr. Tu voudrais les voir ?
Quelle question ?! Bien sûr pardi !!
Devant mon air enthousiaste, elle ne peut réfréner un léger rire.
Peggy relève la tête vers sa maitresse tandis que sa queue bat la cadence contre mes pieds.

- Très bien, je pense qu'on pourrait trouver un moment pour aller voir ça. C'est au grenier, précise-t-elle d'un air secret.
Je hoche la tête, les yeux brillants. Je n'ai plus qu'une envie. Me lever et courir jusqu'à la maison et avaler les quelques marches qui mènent au grenier. Partir en exploration de ce passé qui n'est pas si lointain.

Granny semble deviner mes pensées car elle pose une main sur mon genou.
- Pas maintenant, Constance. Tes parents vont sûrement pas tarder.
La mention de Maman, notamment, me ramène à la réalité.
- Il s'est passé quelque chose entre elles, hein ?

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06 mars 2023, 12:47
 Brighton  La tête pleine  Solo   Eté 2047   ++ 
Granny se fige et retire sa main de mon genou, aiguisant davantage ma curiosité. Non, ce n'était pas de la curiosité. C'était un besoin. Un besoin irrépressible de savoir.

- Non, rien de grave ma chérie, je ne vois pas pourquoi tu dis ça, me répond Granny bien qu'elle détourne le regard vers la maison.
Me ferais-je des idées ? Est ce qu'il s'est passé quelque chose entre Maman et Judith ou bien suis-je en train de me faire un film ? Suis-je en train de sur-analyser la situation ?

- Ah bon ? Bah parce que le sujet semble... tabou ? hésitais-je en prononçant le dernier mot.

Ma voix est mal assurée, j'ai l'impression d'être sur une pente glissante et que mes pieds sont lisses, que je commence à ne plus contrôler la situation...Mais qu'est ce que j'étais en train de faire ? Je mettais mal à l'aise Granny. Je sentais bien qu'elle avait quitté son air nostalgique pour prendre un air plus secret. Ma question l'embarrasse... Une partie de moi me pousse à m'arrêter.
Tandis qu'une autre est comme assoiffée de savoir. J'ai mis les pieds dans le plat. Je ne peux que continuer, n'est ce pas ?

Granny tourne la tête vers moi brusquement.
- Que veux tu dire ? Ta mère et Judith s'entendaient bien. Mais la... disparition de sa soeur a été difficile à... encaisser. Je ne vois pas pourquoi tu parles de "tabou". Se rendant compte de ses propres paroles qui pourraient être perçues comme plus sèches que d'habitude, Granny repose sa main sur mon genou. C'est juste un sujet... délicat. (pause) On a fait en sorte d'avancer, de continuer à vivre.

Les paroles que je m'apprête à prononcer me brûlent les lèvres. Tout au fond de moi, j'ai l'impression que je vais commettre une erreur.
- De continuer à vivre sans savoir ce qu'elle est devenue ? Granny, tu n'as vraiment reçu aucun courrier ? Je... (mon coeur s'emballe et je me passe une main sur la figure et soupire) je suis désolée Granny mais je ne comprends pas : on ne sait pas ce qu'elle est devenue alors que ça fait... quoi ? une bonne dizaine d'années qu'elle n'est pas réapparue ! Il lui est peut être arrivé quelque chose ?

Le visage tant aimé se ferme à mes paroles et elle retire de nouveau sa main. Mon coeur se serre alors, tandis que ma bouche se referme. J'ai fait une erreur. J'aurais dû me taire et garder tout ça pour moi.

- Cela va bientôt faire 16 ans.
Granny a une voix que je ne lui jamais entendu. Une voix blanche, triste où perce sa tristesse.
Je m'en veux. Mais qu'est ce qui m'a pris ?!
Je n'ai pas le temps de répondre, de toute façon les mots se mélange dans ma bouche, que ma grand-mère reprend la parole.
- Ne crois-tu pas que je ne me suis pas posé toutes ces questions ? Ne crois tu pas que j'en ai souffert ? Que je n'en souffre plus ? Judith est ma première née. Ma fille, que j'ai tant aimé et que j'aime toujours. Bien sûr que... que j'ai songé à la rechercher, la retrouver. Mais comment faire ? Elle était partie en Roumanie, à des milliers de kilomètres d'ici.

C'est comme si Granny parlait autant à elle-même qu'à moi et alors qu'une vague de honte menace de ma submerger tant la voir si triste, si peinée, par ma faute, me culpabilise.
- Et c'est une sorcière alors... que pouvais-je dire aux autorités ? Je ne pouvais révéler son secret et je n'ai pas de relation dans cette communauté. Nous avons tenté de la joindre par courrier, à l'adresse qu'elle nous avait communiqué, nous avons tenté aussi de joindre ton école pour savoir s'ils avaient des nouvelles mais eux non plus n'en avaient pas plus que cela. Il a été soulevé que Judith était bien trop prise par son travail. Que...
S'arrêtant, Granny, plus pâle que d'habitude, pose une main soudainement sur sa bouche, les yeux dans le vide.

Mortifiée, je me penche d'un bond vers elle et lui étreint les épaules puis l'enlace.
- Pardon Granny, pardon, pardon, pardon... lui chuchotais-je, une honte brûlante étreignant mon petit coeur tandis qu'une vague de tristesse me submerge.
Une main de Granny se pose machinalement entre mes omoplates et accepte mon étreinte, son nez dans mes cheveux.

Le temps semble suspendu, je ne sais combien de secondes s'écoulent ainsi.
Finalement, je me recule un peu afin de voir son visage peiné. Les yeux brillants, un air affligé sur mes traits, je tiens à lui exprimer toute ma honte de l'avoir mise dans un tel état :
- Excuse-moi Granny, s'il-te-plaît. Je ne voulais pas te faire souffrir. Je... je... je comprends que c'est un sujet difficile. Je n'aurais pas dû... j'ai tellement honte... pardon Granny.
- Chut chut chut... tapote-t-elle du doigt ma joue, à la commissure de mes lèvres. Je sais bien que toi aussi, cela doit être compliqué à vivre. Tu dois te poser tant de questions. Mais sache qu'avec ton grand-père et ta mère, nous avons fait en sorte de vivre avec tout ça. Cela ne veut pas dire que l'on oublie Judith, ni qu'on ne l'aime plus. Bien sûr qu'elle fait partie de nos pensées au quotidien. Plus particulièrement lors de certains moments comme Noël ou les anniversaires. Au fil du temps, elle caresse distraitement ma joue du pouce, on apprend à vivre avec. Je préfère penser qu'elle est en vie et en bonne santé, quelque part à vivre sa vie et son rêve plutôt que d'imaginer un instant qu'il lui soit arrivé quelque chose. C'est vrai, cela fera bientôt 16 ans. Cela fait beaucoup. Et pourtant, c'est comme si toutes ces années pouvaient être contenues dans un mouchoir de poche.

Elle marque une pause et repousse mes cheveux derrière mes oreilles, je l'écoute sans un mot, mes yeux observant chaque détail de son visage tandis que ces paroles, sa voix, entrent en moi.

- Je ne t'en veux pas, Constance, c'est juste que ta réaction a réveillé en moi certaines... émotions et oui, de la peine. Je te mentirais si je te disais que cette idée - qu'il lui soit arrivé quelque chose - ne m'a jamais traversé l'esprit. Je suis une mère, et une mère s'inquiète pour ses enfants. Mais, Dieu est bon. Je prie pour qu'il veille sur elle comme il a veillé jusqu'ici sur ta mère et sur toi. Au fond de moi, je sais qu'un jour nous aurons des réponses à nos questions. Il faut juste... et ce n'est pas la partie la plus facile, être patient et espérer qu'elle va bien.

Sans réfléchir, j'opine du chef et esquisse un sourire contrit.
- Alors, tu ne m'en veux vraiment pas ?

Un air attendri passe sur ses traits et elle me regarde sans un mot, caressant d'une main mes cheveux.
Sa main si douce...
- Non ma chérie, je ne t'en veux pas. Mais je pense qu'il est judicieux que tu... fasses attention à ce sujet avec ta mère. Elle a été très affectée par le départ de Judith. Il faut que tu comprennes qu'avant son départ à Poudlard, elles étaient proches, les années passant, leurs liens ont connu l'épreuve de la distance et du fait que... (soupir) Judith faisait désormais partie d'un autre... d'un autre monde.

Cette remarque fit tilt dans ma tête et j'ouvris alors la bouche pour rétorquer :
- Mais ces deux... mondes, ces deux communautés, elles peuvent vivre ensemble. J'ose le croire. Il suffit de la volonté des deux côtés.
Granny sourit tendrement et répond doucement :
- Oui, peut être. Sûrement. C'est ce qu'il faut espérer, viser. Jusque là, on ne s'en est pas trop mal tirés, je pense.

Un bruit de fond au loin et Peggy qui se lève soudain. La magie du moment éclate et nous revoilà dans la "réalité".
Granny semble aussi percevoir ce changement car elle s'écarte et s'agenouillant, récupère le plateau avant de se lever.
- Granny ? (elle s'arrête et me regarde attentivement) Est ce que... est ce que tu serais d'accord pour qu'on en reparle de nouveau à l'avenir ?
Mon coeur bat de nouveau un peu fort, espérant vivement qu'elle accepte.
Hochant la tête, elle me sourit doucement et s'éloigne dans la même direction que Peggy, vers la maison. Mes parents étaient rentrés.

Fin

1405

3ème Année RP ~ 14 ans ~ 81186a ~ Responsable des Nouveaux Arrivants Pouffy ~Fiche PR~ Marrainage~ Club 46 for ever
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