La petite ne semble pas très sûre d'elle lorsqu'elle me répond. L'idée de travailler n'a vraiment pas l'air de l'emballer... Moi non plus, cela dit. Ce n'est pas tout à fait ce que j'avais imaginé lorsque Fitz m'avait parlé de babysitting... Même si j'aurais dû m'y attendre, connaissant mon ami.

La petite semble vraiment aimer les dragons, ou du moins s'y intéresser. En tant qu'amoureuse des animaux, je ne peux qu'être ravi face à ce que me dit la fillette.

- Si tu veux mon avis, ton père s'inquiète juste pour toi.

Veronica saisit son stylo dans l'optique de travailler, mais elle n'écrit rien et joue avec. Je l'observe en réfléchissant. Une idée commence à germer dans mon esprit, mais je suis interrompue par une question de la fillette.

- Je m'y connais un peu, oui, je travaille avec les animaux ! Ce sont des créatures très intéressante.

Je reprends mon idée là où je l'avais laissé. Veronica n'a clairement pas envie de travailler, et je n'ai pas spécialement envie de la faire travailler non plus. Surtout si elle n'en a pas envie. Fitz va me taper sur les doigts...

- Tu sais quoi ? Laisse tomber tout ça pour aujourd'hui. Ca te dit de sortir en ville ? J'ai encore quelques trucs à acheter pour mon emménagement, alors on pourrait faire les magasins ? Je m'occupe de gérer ton père quand il rentre, t'en fais pas pour ça.

Veronica arrêta de jouer avec son stylo en entendant la réponse de la sorcière, curieuse. Elle travaille avec des animaux ? Magiques ou connus des moldus ? Peut-être qu’elle est une magizoologiste… A-t-elle déjà vu de vrais dragons ? Le flux de question dans sa tête se stoppa net, à la suite des paroles de Layana. Ce n’était pas tant l’idée de passer outre les ordres de son père qui la surprit – la petite fille était loin d’être un modèle d’obéissance – mais le fait que ce soit Layana qui lui propose cela. Sortir alors qu’elle avait des devoirs…

Papa ne va pas aimer ça. Mais les conséquences lui importaient peu, l’adulte venait de lui offrir une porte de sortie. Elle aurait passer son après midi à errer dans la maison de toute façon… si seulement elle n’avait pas eu de baby-sitter.

« Ça marche » finit par répondre Veronica après un instant de réflexion, tout en se relevant pour rassembler ses affaires, « mais faudra pas oublier l’heure du gouter ! ». D’autant qu’elle savait déjà ce qu’il y aurait à diner. Du poisson… Eurk.

« Et… C’est quoi ton travail du coup exactement ? », ajouta-t-elle en faisant la récolte des crayons pour les mettre dans une trousse.

Elles rentreraient surement avant le retour de Fitz, mais il fallait donner l’impression qu’elle avait fini de travailler, au cas où. Et après avoir rapidement fini son tas, Veronica se dirigea vers l’entrée de la maison, pour se préparer.

La petite ne semble pas réticente à l'idée d'outrepasser les ordres de son père, ce qui ne m'étonne pas tant que ça étant donné le peu d'entrain dont elle faisait preuve devant ses devoirs. Par Merlin, Fitz ne vas pas du tout être content.

- Ne t'en fais pas pour le goûter, on trouvera bien quelque chose en ville. Vers quelle heure doit rentrer ton père, déjà ? Il vaudrait mieux éviter qu'il ne rentre avant nous.

J'observe Veronica ranger ses affaires et je prends ensuite la direction de l'entrée pour me préparer. Je fais la liste dans ma tête des différents endroits dans lesquels j'ai besoin d'aller pour finaliser mon emménagement, qui est plutôt récent malgré le fait que je sois de retour dans le coin depuis trois mois. Des étagères pour le salon, quelques éléments de déco à disposer par-ci par-là, et une table basse. La table basse, ça c'est urgent. D'un coup d’œil, je repère les clés sur la porte.

- Prête ? Allons-y !

Je fais signe à Veronica de sortir et sors derrière elle, en prenant soin de fermer la porte à clé. Je quitte le petit terrain en fermant le portail derrière l'enfant et je traverse la rue avec elle jusqu'à ma voiture - enfin celle de ma mère.

- Où est-ce que tu as envie d'aller ? Il va falloir que je passe dans un magasin de déco et un de meubles pour m'acheter une table basse, mais à part ça je n'ai aucune autre obligation ! Je lui demande en déverrouillant le véhicule et en m'y installant.

« Il rentre vers dix-huit heures souvent, après être passé nous chercher chez la nourrice, enfin s’il n’est pas en retard… »

Veronica remarqua que l’adulte n’avait pas répondu à sa question, mais cela ne lui importait pas tant que ça. Au moins elle ne comptait pas lui faire zapper le goûter, ce qui était une très bonne nouvelle pour la petite fille. Après avoir fini de ranger ses affaires, elle n’avait pas perdu de temps à se préparer à l’entrée de la maison. Elle enfila une paire de bottine et son manteau, et sortit de la maison après avoir perçue le signe de Layana, qui s’occupa de fermer la porte de la maison.

Son père n’allait vraiment pas être content qu’elle n’ait pas fait son travail alors qu’elle en avait l’occasion… Mais elle mit cela de côté ; peut-être qu’il ne posera pas beaucoup de question quand il rentrera à la maison après tout.

Mouai.

Elle suivit silencieusement la sorcière jusqu’à l’autre côté de la rue. La blonde était venu en véhicule moldu ? Cela ne perturba pas tant que cela l’enfant, sa mère moldue ayant elle-même une voiture. Mais son père avait horreur de ce genre de transport.

« Je ne sais pas trop… On pourrait passer par des librairies peut-être ? », répondit-elle avant d’ouvrir la portière avant passager. Cela ne faisait que depuis quelques jours que sa mère lui avait donné l’autorisation de monter à l’avant, et elle espérait que l’adulte qui avait sa garde en ferait tout autant.

« Comment ça se fait que tu saches conduire alors que tu es une sorcière au faite ? », ne put s’empêcher d’ajouter la brunette.

Suivie de près par Veronica, qui s'installe à l'avant à mes côtés, je prends note de l'envie de la fillette d'aller à la librairie et hoche la tête pour lui répondre. Je met le contact après m'être assurée que Veronica est bien attachée. Si Fitz rentre pour dix-huit heures, il vaut mieux qu'on rentre un petit quart d'heure avant au cas où. Ça nous laisse quand même un peu de temps pour profiter de la ville.

- Je suis une sang-mêlé, ma mère est moldue, et elle voulait absolument que mes frères et moi apprenions à conduire au cas où. Comme j'habite plus loin dans le pays, j'ai emprunté la voiture de ma mère pour venir aujourd'hui. Elle ne peut plus conduire pour l'instant, alors ça permet à cette machine de prendre l'air ! J'explique en quittant la place de parking sur laquelle je me suis garée en arrivant.

Pendant les minutes suivantes, je roule dans les rues d'Inverness. Je finis par garer la voiture près d'une rue commerçante où on devrait pouvoir trouver facilement de quoi profiter de notre après-midi entre filles. Je coupe le contact et me détache avant de sortir du véhicule. Une fois que Veronica est elle aussi sortie de la voiture, je la verrouille et range les clefs dans mon sac.

- Bien, on va se balader et on verra bien si on trouve des endroits qui nous intéressent. N'hésite pas à me dire si tu veux rentrer quelque part ou aller voir quelque chose, on a un peu de temps devant nous avant de retourner à la maison. Normalement il y a une librairie, on ira y faire un tour quand on passera devant. Ça te va ?

Je jette un coup d’œil aux alentours. Il y a pas mal de monde, ce qui n'est pas si étonnant vu la période. J'ai intérêt de garder un œil sur Veronica, parce que si je la perds dans cette foule, je signe définitivement mon arrêt de mort. Et je n'ai pas prévu de finir enterrée tout de suite.

- Bon... Tu restes près de moi, d'accord ? Je tiens à vivre encore un peu, j'ai quelques projets à mener avant de finir sous terre.

Veronica avait le regard fixé à la fenêtre de la voiture, observant les mouvements et les changements du paysage. Layana était donc comme elle, avec une mère moldue et un père sorcier. Cela voudrait dire qu’elle aussi apprendrait à conduire une voiture plus tard ? L’idée de voler sur un balai la tentait davantage, surement car il s’agissait d’une sorte de mystère pour elle. Son père avait horreur de voler, et le seul balai qu’ils possédaient était un vieux Comète, enfermé dans le grenier. Et elle n’avait même pas le droit d’y toucher…

Le trajet se déroula en silence, avec pour seul bruit de fond ceux venant de l’extérieur. Malgré son absence de son, l’enfant était contente d’être sortie de chez elle. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas quitté sa maison, hormis pour aller à l’école. Le voyage ne dura pas longtemps, et l’adulte ne tarda pas à se stationner. Veronica suivit les mouvements de Layana, et sortit du véhicule, avant de la rejoindre de son côté.

On fait quoi maintenant ?

La jeune Blackburn écouta les paroles de son accompagnatrice. Celle-ci avait bien pris en compte son envie de passer par une librairie, et Veronica hocha la tête.

« Oui, ça me va », répondit-elle, avant de sourire à sa dernière phrase. Elle avait peur de la réaction de son père si elle était perdue ? « Si jamais je me perds, je reviendrais à la voiture… Maman nous donne toujours un point de rendez-vous si jamais ça arrive. »

Tout en se mettant à marcher, elle ajouta : « Quoi comme projet ? »

Un point de rendez-vous. Oui, voilà, c'est pas mal ça. Je jette un coup d'œil à la voiture avant d'hocher la tête.

- Très bien, on fait comme ça. Si tu me perds de vue, tu retournes à la voiture et tu m'attends.

Nous nous mettons ensuite en route, la fillette à mes côtés et une question au bord des lèvres. A vrai dire, j'ai énormément de projets en tête. Mais avec l'état de santé fragile de ma mère, difficile de mettre quoique ce soit en œuvre pour l'instant. Alors ces projets continuent de fleurir dans mon esprit, attendant de voir le jour.

- Eh bien, il y en a plusieurs. Les deux principaux sont d'avoir mon propre établissement et d'avoir un enfant, même si le terme de "projet" n'est pas très adapté dans ce cas-là.

Même si quelques années auparavant j'avais résolument mis de côté l'idée d'avoir un enfant après mon retour à Berlin, la naissance de ma nièce à remis cette décision en cause. Les mois suivants, j'avais beaucoup songé à la façon d'élever un enfant seule, à si j'étais capable de le faire, et j'en étais arrivée à la conclusion qu'avec une situation stable et un bon job, ça le ferait. Mais voilà que quatre ans plus tard, je n'ai toujours aucun enfant. Ma situation devenait stable, mais il a fallu que je rentre pour ma mère.

- Qu'est-ce que tu aimerais voir à la librairie ?

Elles étaient arrivées à destination et s’étaient mises à marcher dans une des rues commerçantes de Inverness. Veronica suivait le rythme de Layana sans problème, attentive à ce que lui disait la sorcière. Ce n’était pas la première fois qu’elles se rencontraient, mais Veronica avait grandi depuis, et son rapport avec les adultes en général avaient changé petit à petit. Elle ne les appréciait pas, moldus comme sorciers. Il y avait des exceptions, sa famille notamment. Et en y repensant, elle n’aimait pas non plus les enfants de son âge, enfin ceux qu’elle avait déjà rencontré.

« Une animalerie ? Ou bien un de ces endroits avec un docteur pour les animaux ? Je me rappelle plus le mot… Ah si, euh, vétérinaire ? »

Layana avait dit qu’elle travaillait avec des animaux après tout. La deuxième partie la fit grimacer. Ses camarades d’école aimaient jouer à ‘papa maman’, ce qu’elle trouvait ridicule. Alors vouloir des enfants ?

« Les animaux c’est mieux que les enfants. »

Veronica préférait largement la compagnie de son chien Whisky, à n’importe quel autre personne. La seule exception était le hibou de son père – Napoléon – qui aimait particulièrement bien la mordre. Il était pire que les humains celui-là.

« Je ne sais pas trop, juste des livres… J’avais déjà vu des livres sur les dragons, mais… Ils sont nuls, ils disent n’importe quoi. Un livre sur les clefs et les coffres j’aimerais bien. »

- Eh bien je suis vétérinomage, alors avoir mon propre établissement pour continuer d'exercer ce métier est une possibilité. Mais dans l'idéal, j'aimerais plutôt avoir une animalerie. Voir le sourire des gens lorsqu'ils adoptent un nouveau compagnon et m'occuper d'animaux toute la journée.

Techniquement, je m'occupe déjà d'animaux toute la journée en tant que vétérinomage. Mais je les soigne ou leur sauve la vie - ou parfois des scénarios plus tristes. C'est différent. Et c'est exactement le mot qui correspond à ce que dit Veronica ensuite en réponse à mon désir d'avoir un enfant.

- Je dirais plutôt que c'est différent. Je réponds en riant.

Dans un cas comme dans l'autre, il faut s'attendre à des bêtises, du bruit, de l'amour, ou encore du temps. En revanche, les animaux peuvent être doués d'une très grande capacité d'écoute et il est clair qu'ils ont des effets bénéfiques sur notre mental. Rien de mieux qu'un moment de complicité entre son animal et soi. Mais avoir un enfant... C'est transmettre ce que l'on sait, sur la vie en général ou sur des sujets plus précis, c'est... Je ne saurais pas comment réellement l'expliquer, mais c'est quelque chose dont j'ai vraiment envie.

Je sors de mes pensées pour revenir sur la fillette qui me répond.

- Ce sont des livres moldus, pas sorciers, donc les informations ne sont pas forcément exacts, c'est vrai. Ton père t'as déjà emmené dans une librairie sorcière ?

« Mouai »

L’enfant n’était pas convaincu qu’il y avait réellement une différence, mais elle n’allait pas insister. Si Layana souhaitait avoir des enfants, c’était son choix, même si cela faisait grimacer Veronica. Elle, elle ne voulait jamais en avoir – rien que l’idée de jouer avec des poupées la dégoutait déjà, alors des choses humaines et vivantes ? Eurk. Les animaux étaient beaucoup plus intelligents et supportables.

« Oui ! Je suis même déjà allée au Chemin de Traverse une fois, papa voulait absolument un livre sur je sais plus quoi. J’ai le droit à un livre à chaque fois. Mais on va pas trouver de librairie sorcière ici, enfin je crois pas. »

Hormis pour l’école, le parc, et la maison de sa grand-mère, Veronica n’avait pas vraiment d’occasion de sortir du domaine familiale. Ses deux parents avaient leurs travails respectifs, et son éducation sorcière se faisait à domicile.

« Et tu voudrais vendre quoi comme animaux ? Des hiboux, des serpents, des fléreurs, ce genre de chose ? Ou bien des chats et des chiens comme les moldus ? »

Toujours autant curieuse, elle relança le sujet sur les projets de la sorcière, avant d’apercevoir une devanture à quelques mètres d’elles.

« C’est un magasin de meuble je crois là-bas, non ? »

Son doigt pointa dans une direction, accompagnant ses paroles.

@Layana Greenwell Milles excuses pour le retard