* Elle travaille, * en entendant cela Mélissandre levait les yeux au ciel. Elle avait l'impression qu'Elizabeth essayait d'appuyer sur la corde sensible. Elle inspirait pour se calmer et lança :

- Je pense qu'il veut du lait, demande une coupelle à mes sœurs si tu veux.

Elle faisait des efforts pour ne pas être désagréable sinon la journée risquait d'être longue. De plus, s'en faire une amie assurerait probablement son silence.

Mélissandre serait bien partie en prendre une directement plutôt que d'envoyer son invitée mais, maintenant qu'elle était installée et que sa vache était prête, elle ne voulait pas lui faire perdre patience. Elle ajoutait :

- De toute manière j'en ai pour une heure de traite alors, tu ne ratera rien.

En disant cela elle commençait d'ailleurs la dite activité. Elle plaçait une main sur le haut d'un pie, fit ensuite une légère pression, redescendant sa main afin de sortir du lait. Chaque main était sur un pie différent, mais exécutait le même mouvement. C'était quelque chose de fastidieux, très long, une heure voir plus ainsi assise. Parfois, il lui arrivait d'imaginer être en présence d'une créature magique. Le lait était alors un liquide puissant, transformant les moldus en sorcier, ou accentuant la puissance de ceux étant déjà sorciers. Elle se devait d'en récolter le plus possible, le mettre en fiole et s'enrichir sur les routes. Rependant le mana sur le monde.

Elizabeth observait les mouvements de Melissandre sur les pis de la vache. Elle s'exécutait lestement, sans heurt, ses mains s'agitant en un rythme continu et faisant jaillir le lait en giclées puissantes. La première année tentait difficilement de comprendre les gestes, tâche compliquée par leur rapidité.
Melissandre proposa alors d'offrir du lait à Arsène, par l'intermédiaire de ses sœurs. Il est vrai que le chat, de nature très curieuse, devait être intrigué par la substance blanche qui s'écoulait en résonnant dans le seau. Lui en donner devrait le faire tenir tranquille pendant au moins quelques secondes, pensa Elizabeth. Melissandre la congédiait presque, alors la fillette s'éloigna, son chat dans les bras.

- Excusez-moi, lança-t-elle une fois arrivée à hauteur des jumelles. Euh… Melissandre a dit que vous pourriez peut-être me donner une coupelle de lait pour Arsène ?

En entendant son nom, le matou remua dans les bras de sa maîtresse. Semblant sentir sa timidité, il agita brièvement la queue et donna un coup de museau contre la pommette de la Serdaigle. Celle-ci se détendit légèrement et rajusta la position de ses bras pour ménager une place plus confortable pour l'animal.

Elle ne voulait pas avoir l'air de réclamer, mais puisque Melissandre l'avait suggéré, ça ne devrait pas poser de problème, si ? De plus, elle pensait qu'Arsène pourrait vraiment aimer le lait.

Les deux sorcières étaient également en train de s'occuper d'une vache. Toutes les vaches semblaient similaires mais, était en meme temps unique. Les taches étaient placés de manière différente pour chaques ruminants. Elizabeth relevait la tête en entendant la voix de la serdaigle, hochant celle-ci :

- C'est une bonne idée en effet, mais pas beaucoup, s'il a l'estomac fragile ou qu'il n'est pas habitué, il risquerait d'être un peu barbouillé.

La sorcière se levait quittant alors son tabouret, elle s'approchait de la fillette au chat roux. Lui faisant signe de la suivre. Elle se dirigeait vers une porte, suivit de près par l'aiglon timide, pendant que sa sœur Alix continuait sa besogne, sans un regard. Alors que Elizabeth ouvrait la porte de la pièce au fond de la grange, elle glissait :

- Il ne faut pas en vouloir a Mélissandre, d'être... après une courte hésitation elle concluait.

- Mélissandre, Derrière la porte, des petits tas de lait fermenté semblaient bouger, ils se retournaient tout seul, les un après les autres. Ils sautaient d'une face à l'autre dans leur moule, en rythme, lentement, tel une Ola dans des gradins de Quidditch. Ces petits tas mou étaient destinés a devenir de jolie fromage. Pour cela ils leur fallaient du temps, tout comme la jeune sorcière.

- Elle finira par ne plus se préoccuper du jugement des autres sorciers.

Elizabeth s'était approchée de la fabrique magique de fromage et avait prit un petit récipient qui trainait sur un établi en inox. Tout était propre, quasiment ranger. Il y avait beaucoup de chose, il était difficile d'avoir un rangement parfait. Des marmites, des bassines blanches, des moules, pichets... et surtout des bouteilles de lait. Tout un stock, et tout une étagère de fromage plus ou moins affinés.

La sorcière servait du lait dans un petit récipient, puis elle tendait celui-ci a sa maitresse.

- Tu peux rester avec nous, si tu préfères mais, ce serait dommage, c'est une chouette fille quand elle veut. Elle affichait un sourire sincère à sa camarade bleue.

Elizabeth suivit l'une des deux sœurs dans la remise - Elizabeth ou Alix, elle ne pouvait pas les différencier. Mais d'après son inflexion douce lorsqu'elle prit la parole, ce devait être Elizabeth.

- C'est ça qui la gêne ? Que je la juge ? releva la Serdaigle. C'est pas mon genre.

Transférant le poids de son chat sur un seul bras, elle saisit la coupelle de l'autre avec un murmure de remerciement, puis s'éloigna de quelques pas avant de poser les deux un peu à l'écart. Puis elle revint vers Elizabeth 1 pendant qu'Arsène lapait le contenu du récipient.

- Il ne veut pas manger s'il y a quelqu'un a proximité, dit la première année pour expliquer son petit manège.

La grande soeur de Melissandre l'encouragea ensuite à passer du temps avec cette dernière, tout en lui offrant de rester avec elle si elle le souhaitait.

Maintenant qu'elle a dit ça, c'est évident que je vais rester avec Melissandre.

De quoi aurait-elle l'air si elle abandonnait sa camarade, après qu'on lui ait dit ces choses-là ? Elizabeth sut aussitôt qu'elle resterait avec Melissandre, sans même se demander ce qu'elle voulait réellement - sans même le savoir ; un mélange de sens du devoir et de politesse qui l'emportait toujours sur ses propres désirs, quelque soit la situation.

- Je vais rester avec Melissandre, dit-elle à voix haute, tandis que toutes ces réflexions ne faisaient qu'effleurer sa conscience, et que rien ne permettait de les deviner depuis l'extérieur.

Pardon pour le retard !

- Tu sais, si ce n'est pas toi ce sera quelqu'un d'autre, pour ça ! Dit elle en levant les bras désignant à peu près tout ce qui l'entourait.

- Ou pour autre chose, elle haussait ensuite les épaules. Une légère tristesse marquait son regard. Elle savait que sa petite sœur souffrait, elle aussi avait eût des doutes plus jeune. Finalement, vivre ici était une chance ! Le cadre était magnifique, reposant. Ils avaient tous étaient élevés dans la bienveillance, avec toutes les clefs pour réussir. L'école à la maison des débuts, mélangeant les matières sorcière et moldus. La ferme était aussi une source inépuisable de savoir. Les animaux moldus avaient tous leurs utilités, particularités. Mélissandre pouvait survivre quelques jours en forêt, grâce a ce qu'elle avait apprit sur les espèces moldu. Elle savait également pêcher, puisqu'elle était entre la campagne et la vie marine. Elle n'avait pas conscience de tout cela mais, un jour ... Elle finira par grandir et prendre conscience que ce monde est aussi le sien. Il n'y a qu'un monde et il faut apprendre à le partager.

Elizabeth observait le chat amusée, elle savait qu'il ne resterait pas seul longtemps si quelqu'un d'autre apercevait la gamelle. Ils y avaient pas mal de gourmand dans l'étable.

* Je vais rester avec Melissandre * La brune hochait la tête, lui précisant alors qu'elle pouvait revenir à tout moment. Elle était libre d'aller et venir comme elle le souhaitait.

La Serdaigle hochait la tête devant les propos de la sœur de Melissandre. Oui, les gens étaient prompts à juger. Elle était bien placée pour le savoir, elle qui était née-Moldue. Elle devait toujours faire ses preuves, bien plus que les élèves qui étaient nés-sorciers.

Arsène finissait de laper sa gamelle. Il se rapprocha d'Elizabeth, la soucoupe entre les dents, et la laissa tomber à ses pieds en miaulant pour en réclamer d'autre. Amusée, la fillette se pencha et prit l'animal dans ses bras.

- Tu en auras d'autre, mais pas aujourd'hui, lui confia-t-elle. On va en ramener à la maison.

Elle remercia la fille Hyde d'un signe de tête, avant de s'éloigner.

- Viens, on va retourner voir les vaches, susurra-t-elle, autant pour son félin que pour elle. Et Melissandre. Tu crois qu'elle sera contente de nous voir ?

Elle traversa le pré en sens inverse, retournant à son point de départ.

- Salut, lança-t-elle une fois arrivée près de la deuxième année.

Elle était un peu mal à l'aise, ne sachant pas trop comment elle allait être reçue. Melissandre allait-elle se montrer polie et amicale, ou bien la renverrait-elle bouler ? La fillette n'arrivait pas à prévoir les agissements de sa camarade, et cela la déstabilisait.

- Euh… Arsène a aimé le lait, ajouta-t-elle, tentant maladroitement de meubler la conversation.

Pardon pour ce retard !

Une vingtaine de minutes c'étaient écoulées et voilà que la Serdaigle revenait au nid. Mélissandre n'avait pas bougée, toujours assises, tirant le lait de la même vache. Elle était concentrée et ne fit pas tout de suite attention à sa camarade. Elle essayait vraiment d'être plus productive qu'avant pour récupérer son retard mais c'était difficile. Elle arriverait peut-être à gagner deux minutes, pas plus. C'était peine perdue quand elle pensait à l'heure qu'il était. Sa camarade finit par la saluer, ce qui lui fît relever la tête brièvement. Elle lui indiquait alors que son chat avait apprécié sa coupe de lait. Mélissandre eût un petit sourire,

- Pas étonnant, ça n'a rien à voir avec le lait des magasins moldus. Tu verras !

L'aigle avait dit cela de manière un peu robotique, elle essayait de rester focus sur son activité mais, c'était plutôt difficile. Elle continuait quelques instants avant de lacher l'affaire !

- Bon laisse tomber , j'arriverais jamais à rattraper mon retard sans toi. Approche !

Son début de phrase n'était pas vraiment adressée à sa camarade. Par contre le dernier mot, avec une pointe d'autorité dans le ton, oui.

Sans penser à mal elle continuait :

- T'es à moitié moldu, je suis sur que tu t'en sortiras. Je vais te montrer, dit elle en posant son regard dans le sien. Sa voix c'était adoucie, pour poursuivre ! Elle essayait de faire abstraction de Poudlard, ses élèves et les racontards. Elle avait bien trop de responsabilités ici et maintenant. Ce n'était pas le moment de flancher.

- Met toi plus près, tu regarde bien ! Ensuite on le fait à deux, parce que c'est pas en regardant que tu vas comprendre le geste. et après tu le fera seule. Elle analysait sa camarade, essayant de comprendre si elle était prête. Avant de reprendre la traite de sa vache !

Melissandre semblait enfin se montrer plus aimable. Soucieuse de ne pas faire retomber cet élan, Elizabeth s'approcha, comme la deuxième année le lui demandait. En revanche, la phrase suivante la fit aussitôt déchanter.

- Je suis pas plus Moldue que toi, rétorqua la Serdaigle, sur la défensive. Mes parents n'ont pas de pouvoir, mais je suis autant une sorcière que n'importe qui à Poudlard.

Et puis, comme si tous les Moldus étaient des paysans… En quel honneur les nés-Moldus sauraient mieux traire que les autres ? C'est n'importe quoi.

Le regard de l'Irlandaise s'était de nouveau durci, mais elle ne fit pas d'autre commentaire et observa docilement les mouvements de Melissandre. Elle retrouva facilement le rythme qu'elle avait décelé tout à l'heure : une main après l'autre, encore et encore. Le rythme continu du lait jaillissant contre les parois du seau finit par l'apaiser, et la colère d'Elizabeth s'éteignit peu à peu.

- Tu sais que même les Moldus qui élèvent des vaches ne les traient plus ? reprit-elle, sans animosité aucune, simplement pour faire la conversation. Ils ont des machines qui le font à leur place, pour la plupart.

Elizabeth posa son chat à terre et le poussa légèrement vers l'extérieur, de façon à ce qu'il s'écarte du bovin. Si elle devait traire, il lui faudrait avoir les mains libres, mais elle ne tenait pas à ce qu'Arsène aille s'aventurer aussi près des sabots du ruminant.

Mélissandre se contentait de lever un sourcil, un peu en mode Oui oui mais, bien sûr et le niffleur il met l'or dans le nid d'Occamy. Elle n'avait eût connaissance de ses pouvoirs qu'à onze ans. Mélissandre avait pu apprendre avec sa famille depuis le début de son enfance. Il n'y avait pas photo, c'était un énorme retard, qu'il était difficile à rattraper. Mélissandre ne savait pas quoi penser, cette notion de sang, pur, dilué !? Elle ne voyait pas les moldus comme des êtres inférieures mais, il y avait forcément une différence. Et comme elle avait pu l'évoquer au château avec d'autres, le problème avec les né-moldu c'était simplement qu'il constituait une faille dans la protection magique. Vivre ici était problématique, il y avait tellement d'insécurité autour de l'aigle ! Elle espérait grandir rapidement et réparer tout cela. Se mettre à l'abri, dans une ville sorcière, avec des amis sorciers. Elle écoutait sa camarade d'une oreille, toujours concentré sur sa gestuelle. Elle laissait un léger blanc, avant de répondre.

- Je sais, je connais a peu près votre monde, j'y vis. La ferme est petite ... les machines coûtent cher et ce n'est pas rentable d'en acheter pour à peine 5 vaches.

Mélissandre lâchait alors les pies de sa vache, se tournant vers le chat moelleux. Elle trouvait étonnant qu'il reste collé à sa maîtresse, il y avait tant d'animaux à chasser ici ou a observer. Mélissandre n'avait pas encore d'animal de compagnie, l'idée était plaisante. Une partie d'elle le voulait, alors qu'une autre était contre.

- prête à tester ? Dit-elle, en redoutant un peu le moment. Les deux sorcières n'étaient pas partie du bon pied, alors une activité, en étant si proche était un peu étrange.

L’attitude dubitative de Mélissandre agaçait la première année, mais elle ne se défendit pas. Même à ses propres oreilles, son discours sonnait faux. Peut-être qu’ils avaient raison. Peut-être que son statut de née-moldue l’handicapait. Peut-être qu’elle ne serait jamais aussi douée que les autres sorciers. Elle aurait voulu prouver, à elle et aux autres, qu’elle était aussi douée que n’importe qui, mais elle n’était pas sûre d’en être capable. Cette sensation d’impuissance lui donnait envie de hurler. Elle serra les poings, imprimant des marques douloureuses en forme de croissant dans ses paumes.
La conversation se tourna ensuite vers la ferme et les machines de traites.

- La ferme est petite, disait Mélissandre, et les machines coûtent cher.

L’Irlandaise hocha la tête. Elle ne connaissait pas le prix des machines, mais elle pouvait facilement concevoir que l’investissement ne valait pas le coup pour si peu de vaches.
La deuxième année lui proposa ensuite d’essayer de traire à son tour. Elizabeth acquiesça et tendit les mains. Elle avait bien observé Mélissandre et se sentait relativement confiante.
Avant de concentrer son attention sur la vache, elle vérifia où était son chat. Il s’était un peu éloigné, et semblait ne plus vraiment s’intéresser au bétail. Rassurée, la fillette prit la place de Mélissandre.
L’imposant ruminant ne semblait pas dérangé par les petites mains inexpertes qui venaient de lui agripper les pis. Elizabeth prit le temps de s’habituer au contact de la chair chaude sous ses doigts avant de commencer à presser en imitant les mouvements de Mélissandre. Un faible filet de lait, beaucoup moins important que celui qu’avait produit Mélissandre auparavant, coula des mamelles. La première année tenta de raffermir légèrement sa poigne, sans grand succès.

- J’ai peur de lui faire mal, confia-t-elle.

Désolée d'avoir disparu comme ça