Depuis mes débuts à Poudlard, je n'avais qu'une idée en tête : être la meilleure dans toutes les matières, pour faire honneur à ma mère. Malheureusement, si au niveau théorique j'étais plutôt douée, la pratique me faisait clairement défaut. Le plus angoissant pour moi : devoir créer une potion. Les rares fois où mes parents m'avaient sollicitée pour cuisiner quelque chose, j'avais été extrêmement maladroite ! Verser un litre d'eau dans une casserole ? J'en mettais deux.
Cela faisait donc plusieurs vendredis que j'observais les élèves de ma classe en Potions pour faire un binôme avec le meilleur d'entre eux. En l'occurrence, j'avais remarqué une petite rousse qui m'avait semblé particulièrement emballée par cette matière. Il s'agissait d'une certaine Erin.

Ainsi, en ce jour du 2 novembre, je décidai de tenter de faire équipe avec elle lors de la réalisation de la potion de Pimentine.
Ma stratégie était simple mais coûteuse émotionnellement, moi qui suis du genre timide. Je l'attendis devant la porte dès 8h15, et à son arrivée, je lui sautai littéralement dessus.

- Coucou ! Moi c'est Elya, et toi... il me semble que tu es Erin, c'est ça ? J'ai remarqué que t'étais douée en potions, moi aussi mais seulement au niveau théorique disons... Tu serais d'accord qu'on fasse équipe pour la partie pratique ? Je propose que tu m'aides à éviter la catastrophe, et moi j'écrirai un très bon compte rendu, c'est promis !

Deux mois ! Déjà deux mois que j'étais arrivée à Poudlard, l'école de sorcellerie.
J'en avais tellement entendu parlé avec mes frères. Et à présent, c'était à mon tour d'y étudier, de m'y faire des amis.
Lors du trajet à bord du Poudlard Express, j'avais retrouvé Constance et fait la rencontre d'autres nouveaux élèves. Mais nous avions été répartis dans les maisons différentes : Constance à Poufsouffle, Steven, un garçon originaire de la même ville que moi, avait rejoint les Gryffondor et les deux autres filles étaient à Serpentard. Du coup, nous nous croisions surtout lors des cours. Et j'appréciais de passer du temps avec les deux premiers.
Et en parlant de cours, à part le vol et l'histoire de la magie, ça se passait plutôt bien. J'adorais particulièrement les sortilèges et bien sur, la botanique et les potions. En même temps avec un père botaniste et une mère potionniste, c'était presque dans le sang de notre famille.

Et justement, ce matin, c'est cours de potions ! Et comme à chaque fois, je rejoins le couloir des sous-sols en avance pour pouvoir entrer dans les premiers dans la salle et ainsi m'installer au premier rang.
Mais ce matin, à peine arrivée devant la porte, une fille de Serdaigle m'accoste. Je la connais de vue, on partage les même cours, le même dortoir, mais je ne

- euh... oui, c'est ça... J'suis Erin... Salut Elya..., commençais-je à répondre. euh... douée, j'sais pas... mais j'me débrouille oui..., poursuivis-je un peu gênée du compliment. Oui, pas d'souci... on peut s'installer ensemble... mais j'aime bien m'mettre devant, ça t'dérange pas, j'espère ?

Erin n'avait pas l'air très emballée par ma proposition, du moins c'était ce que j'avais ressenti en l'entendant bégayer et hésiter. J'avais tout d'un coup très peur de la déranger, mais en même temps je ne pouvais plus me défiler. Enfin... il y avait bien un moyen de le faire, j'aurais pu répondre que je n'aimais pas être dans les premiers rangs. D'ailleurs, c'était le cas ! Plutôt timide et n'aimant pas particulièrement me faire remarquer par les enseignants, je préférais les rangs du milieu. Derrière, c'était quand même trop loin, et je voulais suivre assidûment les cours.

Cela dit, je ne devais pas perdre pour autant mon objectif ! N'aimant pas mentir, même sur un sujet aussi futile, j'entrepris donc de lui avouer tout de même mes préférences tout en acceptant sa proposition.

- Je t'avoue que je ne suis pas trop fan des premiers rangs, mais pour toi je veux bien faire un effort !

Joignant le geste à la parole, je me dirigeai au premier rang où il restait bien évidemment des places libres. Je sortis tous les objets qu'on nous avait fait acheter au Chemin de Traverse et qui me paraissaient utiles pour ce cours : un chaudron, une balance en cuivre, et des fioles en verre. Il y avait d'autres ustensiles déjà présents, et je me sentais déjà perdue !

- Erin... est-ce que tu pourrais me rappeler à quoi tout ça va servir ?

J'avais à peine atteint la porte de la salle de cours qu'une camarade de Serdaigle, qui devait guetter mon arrivée, m'avait accostée pour me demander de se mettre en binôme avec moi.
En effet, aujourd'hui, nous allions passer à la pratique et enfin réaliser de la pimentine.

Je connaissais bien cette potion, maman en vendait souvent à la boutique, surtout à partir de l'automne où le temps se refroidissait. Il m'était arrivée plus d'une fois de devoir en prendre, lorsque je restais trop longtemps dehors l'hiver : mes oreilles avaient fumé à quelques occasions d'ailleurs.

J'avais donc accepter la proposition d'Elya, à condition de s'installer devant, ce qui était ma place préférée en cours, enfin, sauf en histoire de la magie où je me cachais au fond de la salle.
- Ben, c'est surtout plus calme devant... y'a souvent un peu d'barvardage au fond... et mieux vaut être au calme pour pas d'faire d'bêtises lorsqu'on prépare une potion..., expliquais-je à ma partenaire du jour.

Une fois installée à l'une des tables de travail de la salle de potions, la Serdaigle me questionne sur le matériel déjà installée sur le plan de travail.
- euh... alors, ça c'est un mortier... ça sert à écraser certains ingrédients pour en faire d'la poudre, à l'aide du pilon..., commençais-je à indiquer en montrant les deux objets cités. ...et là, t'as une éprouvette, ça sert à mesurer avec précision la quantité d' liquide à ajouter..., poursuivis-je en désignant un tube en verre.

- On a plus qu'a attendre les consignes de Miss Xarinez et on pourra commencer. J'te guiderais, si tu veux., dis-je en lui adressant un sourire d'encouragement.

Erin m'expliqua pourquoi elle aimait bien les premiers rangs. Certes, c'était sans doute plus calme, mais tout de même : on était pile devant les yeux de la professeure ! Si on faisait une bêtise, cela se voyait tout de suite. Je n'osai toutefois pas la contredire...

Puis elle m'expliqua le matériel. Tout me semblait plutôt logique, et je repris un peu confiance en moi.
Et puis, Erin semblait très assurée et prête à m'aider. C'était exactement ce dont j'avais besoin ! Je lui répondis :

- Merci pour tout, t'es vraiment trop gentille ! Je sens qu'on va faire une potion parfaite !

La professeure nous demanda d'ouvrir notre livre à la page dix-neuf. Heureusement, j'avais pris avec moi mon Grand livre des potions et m'exécutai. On pouvait y lire la recette de la potion. Je posai l'ouvrage entre Erin et moi pour que nous puissions suivre ensemble.

La première étape semblait très simple : remplir le chaudron à moitié d'eau. Je pris l'initiative, en me disant que je laisserais le plus compliqué à ma camarade plus tard. Or, l'eau que je versai dans le chaudron coulait bien trop vite... et je ne réussis pas à m'arrêter à la moitié.

Je regardai la rousse l'air l'horrifié.

- Oops... J'ai déjà fait une petite bêtise. Qu'est-ce qu'on fait du coup ? C'est grave si on a trop d'eau ?

@Erin Fergusson

L'art des potions, cela nécessité concentration et précision. Maman me l'avait souvent expliqué. C'est pour cela que, petite, je pouvais l'observer travailler sur certaines potions mais pas d'autres. Pour celles qui demandaient une longue préparation et une grande attention, maman répondait toujours la même chose "Il te faut d'abord de bonnes bases avant de t'intéresser aux potions plus complexes". Et maman avait toujours raison. Par contre, elle me donnait de nombreux conseils pour m'aider à préparer les potions. Et depuis mon arrivée à Poudlard, j'essayais de les appliquer depuis les premiers cours de potions avec le professeur Xarinez.
Parmi ces conseils, il y avait lire attentivement la recette, vérifier que l'on a tout le matériel, ingrédients compris, pour réaliser la recette et d'organiser son plan de travail.

A la demande de ma camarade de maison, je me retrouvais à faire binôme avec elle. Elya avait préciser que je devais l'aider à éviter la catastrophe... Et même si la brune semblait plein d'entrain à l'idée de faire équipe avec moi pour la réalisation de la potion d'aujourd'hui, le fait d'avoir du expliquer l'utilisation de certains ustensiles commençait à me faire douter sur l'issue de la potion obtenu. Peut-être suis-je trop exigeante. Tout le monde n'a pas un parent réalisant lui-même des potions...

A la demande de l'enseignante, Elya ouvrit son livre à la page demandée. Puis, elle s'occupe de remplir le chaudron de la quantité d'eau nécessaire.
Pendant ce temps, commence à organiser ingrédients et matériel en suivant l'ordre indiqué dans la recette.

- Euh... oui... ça risque de modifier la potion..., répondis-je à ma camarade lorsqu'elle m'annonça qu'elle avait mis trop d'eau. Tu peux essayer d'en enlever... lui demandais-je avant d'ajouter ...pour avoir le bon volume.

Si déjà remplir le chaudron était problématique, qu'est-ce que ça aller donner pour les 10 gouttes d'huile essentielle ou pour trouiller le contenu du chaudron...
Soupirant légèrement, j'attrape la boite d'allumettes pour aller le feu.

Ma camarade m'expliqua qu'il fallait que j'enlève un peu d'eau du chaudron. Hum, certes, mais comment ? J'avais l'impression que si je versais le contenu du chaudron, j'en enlèverais trop... Je réfléchis rapidement, et pris finalement une grande louche. J'ôtai ainsi progressivement l'eau. Périodiquement, je jetai des coup d’œil à Erin pour savoir s'il fallait que je continue ou pas. Quand finalement j'eus l'impression d'être arrivée à la moitié du chaudron, je regardai la suite de la recette. Il fallait faire bouillir l'eau. Erin avait déjà pris en main la boîte d'allumettes et je décidai de la laisser faire. Je risquai de ne pas y arriver... J'avais honte de cette histoire mais je me souvenais d'un jour où avec mon père, qui était très religieux, nous avions dû allumer un cierge dans une église et prier pour que ma grand-mère guérisse de sa maladie... Eh bien, je n'avais même pas réussi à frotter l’allumette contre la boîte. C'était il y a quelques années mais ça m'avait marquée et je n'osai dès lors plus vraiment m'y essayer.

J'avais même très peur du feu, surtout que les ustensiles qu'on avait à disposition étaient plutôt vétustes.

En attendant qu'Erin le fasse donc elle-même, je me demandai si l'on pouvait consommer l'huile d'eucalyptus qu'on avait à disposition. Cela avait l'air délicieux... contrairement au sang de salamandre qui figurait à côté.
Je n'osai toutefois pas tenter l'expérience, au risque de voir un champignon pousser sur ma langue... Mon petit frère m'avait raconté une expérience similaire mais je me demandai toutefois s'il ne s'était pas moqué de moi.

J'entendis ma voix s'élever :

- Dis Erin, c'est bien juste que si on avale de l'huile d'eucalyptus, on risque d'avoir des champignons sur la langue ?

@Erin Fergusson, désolée j'ai fait ce que j'ai pu avec mes mots de la cabane de cristal

Armée de la boite d'allumettes, je l'ouvre pour sortir l'une des tiges en bois et frotte l'extrémité rouge contre le côté de la boite pour l'enflammer. Je savais pour avoir vu ma mère le faire à de multiples occasions que l'on pouvait allumer le feu sous le chaudron à l'aide de sa baguette.
J'avais hâte d'apprendre ce sort même si je me doutais qu'il faudrait être attentif lors de son utilisation.

Elya est de retour avec, après un discret coup d'œil, le chaudron correctement remplit. Et alors que je m'apprêtais à le mettre en place, celle-ci me demande quelque chose qui faillit me faire lâcher le chaudron.
- Euh...? T'es sérieuse ?, dis-je en regardant ma binôme pour savoir si elle plaisantait ou pas. J'veux dire, même les moldus utilisent de l'huile essentielle d'eucalyptus. Ca s'saurait si ça f'sait un truc pareil...

Je commençais à me demander si c'était une si bonne idée d'avoir accepté de me mettre en binôme avec elle.
Le temps que l'eau se mette à bouillir, j'ai regarde à nouveau la recette et les différentes étapes. Qu'est-ce que j'aillais pouvoir lui laisser faire sans qu'on risque de rater la préparation en sachant de le remplissage du chaudron avait déjà posé problème. Compter 10 gouttes, non, j'avais trop peur qu'elle en verse une ou plusieurs en plus... Mélanger le contenu, et si elle se mettait à remuer dans le mauvais sens...
Soupirant, je décide de lui confier la mesure du sang de salamandre, tout en me disant que je vérifierais le niveau de l'éprouvette.

- hmm... tu peux d'occuper de mesurer 20 cL de sang de salamandre ?, lui dis-je en posant devant elle la fiole remplie de liquide rouge. Puis, je me saisis de l'éprouvette et je repère le niveau à atteindre. Il faut remplir jusque là, en lui désignant la graduation correspondante. Ca ira ?

Puis, je me prends le flacon doseur d'huile d'essentielle et des feuilles de menthe poivrée que je compte ajouter lorsque l'eau sera à ébullition.
*Pourvu que tout se passe bien...*, pensais-je en surveillant le chaudron.

Erin me regardait comme si j'étais aussi stupide qu'un poisson. Cela m'irritait un peu. Mais la suite fut encore pire : elle m'expliqua comment mesurer 20 cL de sang de salamandre, en me demandant "si ça irait"... Elle m'indiqua même sur l'éprouvette où on pouvait voir la graduation ! Mais pour qui me prenait-elle ? Avais-je donc l'air d'un polichinelle ???

Je n'arrivai pas à m'empêcher de m'esclaffer :
- Erin, quand même ! J'ai les yeux en face des trous, je suis capable de lire sur l'éprouvette !

Non mais vraiment, quelle abominable petite créature cette Erin. Le terme était peut-être un peu fort, mais j'étais très vexée.

Je ramassai ainsi ostensiblement l'éprouvette des mains de ma camarade, et la posai sur un socle pour qu'elle soit bien droite. Je pris ensuite le flacon de salamandre et je versai très lentement le liquide dans l'éprouvette. Je pris moult précautions : je ne voulais surtout pas lui donner raison !

J'en étais à 18 cL quand... oops. Un tout petit peu trop. Le liquide rouge dépassa légèrement la limite.

- Voilà ! ajoutai-je, tout de même fière de moi. On est à 21 cL mais ce n'est pas trop grave, n'est-ce pas ? Que puis-je faire donc maintenant ?

Il fallait sans doute que je verse le sang de salamandre dans le chaudron. Je jetai un coup d’œil à la recette : c'était tout à fait ça. Il était noté "Rajouter le sang de salamandre". Sans faire attention à ce qu'était en train de faire Erin, je m'emparai de l'éprouvette, et m'approcha de notre chaudron...

Mots soulignés pour la cabane de cristal.

J'avais expliqué à ma binôme du jour ce qu'elle devait faire : verser 20 cL de sang de salamandre dans l'éprouvette.
Une fois la tâche donnée, je ne m'occupe plus d'elle, car la préparation de la potion va bientôt débuter.
Je surveille le chaudron dont l'eau a été mise à chauffer depuis quelques minutes. Le flacon contenant l'huile essentielle d'eucalyptus en main, je guette l'apparition des bulles indiquant que la température s'approche des 100°C.
Hop ! Elles sont là ! Je vérifie avec le thermomètre : c'est bon.
J'ouvre le flacon, remplis le compte-goutte et c'est parti : une... deux... trois... ...neuf et dix !
Je prends la cuillère, jetant rapidement un coup d'œil sur la recette pour être sure du nombre de tours et du sens de rotation à effectuer, et je la plonge dans le chaudron pour mélanger le contenu : une fois... deux fois... et enfin le troisième tour, le tout dans le sens horaire.
Je pose la cuillère sur son support et me saisis des feuilles de menthe poivrée.

C'est à ce moment qu'Elya se manifeste pour indiquer qu'elle a bien mesuré les 21 cL...
*HEIN ! Qu'est-ce qu'elle vient de dire ?* Mais dans quoi je ne suis lançais en acceptant de me mettre en binôme. Je soupire de désespoir...
Alors que j'allais lui répondre qu'il y avait un problème, je la vois qui s'apprête à verser le contenu de l'éprouvette dans le chaudron.
- Non !, dis-je pour la stopper. J'ai pas encore mis la menthe poivrée... En plus, c'est indiqué 20 cL dans la recette... Faut respecter les indications, sinon la potion sera pas correcte., poursuivis-je en soupirant.
Je récupère l'éprouvette des mains de ma camarade de maison. On peut encore éviter la catastrophe...

- Tu peux t'occuper de broyer les deux piments ?