Si Aliosus pensait que Mélissandre semblait égarée et perdue dans son comportement, il se trompait, ce n'était rien face à la tête qu'elle tira lorsqu'il eut fini sa tirade. L'incompréhension totale dans laquelle se noyait son regard était criante et une désagréable sensation de picotement vint déranger Aliosus dans le creux de sa nuque lui signalant qu'il avait des chances de s'être fourvoyé de long en large, et peut être même de travers si la chance ne lui avait pas sourit.

La Serdaigle balaya tous les présupposés du jeune homme, réitérant la sincérité de sa démarche. Au fur et à mesure qu'elle le faisait, elle se rapprochait de lui portée par une assurance qui commença à perturber Aliosus. Elle était maintenant si près qu'il pouvait discerner avec détails les pupilles brunes de ses yeux délicatement en amande, ses mèches de cheveux glissées derrière ses oreilles, sa subtile odeur de... Une seconde, venait elle de lui dire frontalement qu'elle voulait passer du temps avec lui ?

«Passer du temps avec moi ? Écoute Mélissandre, cette lettre là, ce matin, ces mots et ce titre, ils ne disent pas "Aliosus Nerrah, j'aimerait bien apprendre à te connaître", non, ils disent des choses bien plus importante et tu en as tout à fait consciente, tu es loin d'être idiote.» Ce n'était pas tant un compliment que son avis sincère, il ne l'avait pas beaucoup fréquenté mais il avait trouvé son audace ce soir là assez révélatrice d'un esprit qui sait ce qu'il veut. Et puis son poème n'était pas catastrophique non plus et il savait apprécié un bel effort de poésie.

Son regard s'illuminait, il ne la trouvait pas idiote, par Merlin était-il bien le seul ? Elle qui pensait avoir complètement ratée sa première impression, elle ne s'en sortait pas si mal. D'ailleurs que faisaient-ils, elle voulait des réponses, pas subir un interrogatoire sur la véracité de ses sentiments. Pourquoi creuser de ce côté là ? Il installait un léger doute dans le cœur de l'aigle. Pourquoi voulait elle passer du temps auprès de lui ? Elle ne le connaissait que très peu mais, ses sensations étaient bien réel. Est-ce-qu'elle allait trop vite ? Elle secouait la tête.

- Je sais ce que j'ai écris, pas sur de savoir le dire dans ta langue mais, même si c'était le cas il est plus difficile que ce qu'on pense de le formuler. Ce n'est pas pour vérifier que j'ai besoin de ton temps mais, pour vivre ces mots.

Mélissandre avait été prise de cours lors du début de la conversation et cela l'avait aidée. À présent, elle prenait conscience qu'elle était en train de se livrer. Elle inspirait avant de poursuivre, lissant toujours les bords de sa veste avec ses petits doigts. Une partie d'elle était sûre, l'autre trahissait une légère nervosité.

- Est-ce que tu as besoin de temps toi ? Pour vérifier... Ils avaient suffisamment décortiqués le cœur de la fillette. À présent c'était à lui d'ouvrir son carnet et d'en sortir les grandes lignes. Mélissandre lissait une dernière fois le bas de sa robe, plaçant ses mains derrière son dos. Elle regardait l'adolescent, penchant légèrement sa tête sur le côté.

Pour vivre ces mots ? Dans quel monde la Serdaigle pouvait-elle bien penser évoluer ? Ils n'étaient pas les personnages d'un conte de fée où au premier regard deux personnes se reconnaissaient comme âmes soeurs, surmontaient toutes les épreuves envoyées par le destin ou une vilaine belle mère pour enfin se retrouver et vivre leur amour pour l'éternité. Ils étaient deux élèves de Poudlard, dans le monde bien réel, rugueux et cruel, où les désirs et les fantasmes ubuesques des jeunes filles en fleurs s'écrasaient bien souvent contre frontispice en marbre noir de la réalité.

«D'où vient ma famille ? Ai-je des frères et soeurs ? Quels sont mes goûts, mes loisirs, mes matières préférées ? Connais-tu la moindre chose de concrète sur moi en dehors de mon nom, de ma Maison et de mon titre de préfet en chef ? Tu n'es pas amoureuse de moi Mélissandre, tu es amoureuse d'une... idée, d'une image que tu t'es faite de moi, et c'est très différent. Le seul fait que tu ais pu penser que je pouvais, ici et maintenant, te déclarer mes sentiments réciproques montre bien ça. Je suis sincèrement navré que tu te soit faite de telles idées, mais je n'y suis pour rien. Je ne veux pas que tu souffres d'un espoir impossible d'accord ?»

Ça n'était vraiment pas agréable de passer par de telles paroles mais Mélissandre avait besoin de les entendre et qui sait, un jour elle le remercierait sans doute.

La sorcière le regardait détruire ses attentes, brique après brique. Elle n'était pas d'accord avec lui,

- Je ne sais pas., trouvait elle à répondre. Elle aurait pu se défendre et lui dire qu'il ne suffisait pas d'être deux à déjeuner de la tarte aux pommes pour s'aimer. Que l'amour ne se résumait pas à avoir des centres d'intérêts communs. Elle ne voulait pas devenir Aliosus, ni faire comme lui. Et elle ne contrôlait pas non plus ce qu'elle ressentait ! Si tout cela n'était qu'une idée, alors pourquoi n'arrivait elle pas à en changer. Il y avait des centaines d'autres garçons. D'autres préfets, ou bien d'autres membres du club prodigium.

Pourquoi lui ? C'était, aux yeux de l'aigle, un lien comme celui qui lie une baguette à son maitre. Un lien qu'on devait entretenir pour le voir se renforcer.

- Bien, si tu penses que c'est impossible alors, je devrais retourner à mes occupations.

Elle était triste, il en était conscient mais, tout cela aurait pu être bien pire. Elle se tournait vers le feu de cheminée, la mine basse. Essayant de chasser l'instant de sa mémoire pour ne pas craquer. Elle croisait ses bras sur son ventre, imaginant ce fil magique entres eux, il s'était grandement fragilisé aujourd'hui, survivrait-il ? Il faudrait encore plus de temps à présent pour le rendre fort.

- Désolée Aliosus, je ne t'écrirais plus de lettre comme celle là. J'espère que tu ne vas pas m'éviter à cause de tout ça.

Mélissandre s'excusait, tout en se rassurant sur l'avenir de leur relation.

Bon, ce n'était pas les effusions de larmes, les cris, la négation de ce qu'il venait de dire, personne ne s'accrochait à son uniforme à deux en l'assurant que si l'amour était sincère et profond et que s'il se donnait la peine d'essayer il verrait bien que blablabla. Non, Mélissandre restait digne, quoi qu'abattue, Aliosus le voyait bien. Il éprouvait une peine d'autant plus sincère pour elle qu'il ne s'était vraiment pas attendu à ce que sa déclaration le soit vraiment, sincère. Il la regardait se détourner de lui, croiser ses bras sur son ventre comme si les paroles du Serpentard l'avaient frappé sous les côtes.

Que répondre ? Il ne voulait pas lui dire qu'un jour ce serait possible, il ne voulait pas s'engager, d'autant qu'il avait beaucoup de peine à s'imaginer changer d'avis. Bien que. L'image d'une autre jeune brune à frange s'imposa à son esprit, l'air de dire "tu ne sais jamais à l'avance à quel moment une relation peut évoluer." Il chassa cette pensée en se concentrant sur le moment présent. Posant la main sur l'épaule de Mélissandre, il se voulu rassurant.

«Tu sais, je suis très flatté que tu m'ai écrite cette lettre, je ne te le reproche pas, mais c'est beaucoup trop tôt, même pour toi. Tu risques de beaucoup souffrir si tu t'engages aussi vite dans ces sentiments. Tu... veux venir à ma table finir de déjeuner ? Ou parler d'autre chose pour te changer les idées ?»

Une main se posait sur son épaule, la sorcière tournait la tête vers l'adolescent. Son visage était sec, elle avait réussit à se canalyser. Il faut dire que les deux années précédentes avaient été éprouvante pour elle et que cela constituait un bon entraînement. Si son visage n'avait pas déjà subit les effets de son émois elle aurait probablement rougit devant sa peau ivoire et son regard océan. Les premiers mots que prononçait le préfet en chef lui réchauffait le cœur. Elle était contente d'avoir visée juste pour la lettre, même si ce serait probablement la dernière.

- Ce n'est pas comme ci Poudlard avait déjà été agréable. Laissait elle entendre tout doucement, avant de hocher la tête. Elle n'avait pas dit cela de manière forte mais, les mots étaient bien destinés au Serpentard qui se tenait près d'elle.

- Je te suis, je n'ai pas eût le temps d'avaler quoi que ce soit, j'étais... un peu stressée. Elle tentait un petit sourire timide, se plaçant en direction de la marche, positionnant son bras en crochet du côté de l'adolescent. Même s'il avait été très claire avec elle, Mélissandre continuait de voir ce lien doré entres eux.

- Est-ce qu'on va s'asseoir avec la fille aux cheveux blanc ? Demandait-elle, un peu inquiète. Les deux sorcières étaient très différentes et Mélissandre voyait bien qu'ils étaient proches. Elle n'avait pas vraiment envie de confirmer ses soupçons. Elle avait eût sa dose pour la journée.

Selon la réponse de Aliosus, si Alice veut nous rejoindre je n'ai aucun problème avec ça.