Tandis que Leann expliquait les choses, Narcisse ne pouvait s'empêcher de conserver une légère attention en direction de son boursouflet. Il ne voulait pas qu'elle s'échappe pour aller agresser une énième inconnue, surtout que Narcisse, pour une raison inconnue, eut un léger frisson à la base de sa nuque. Il ne l'interpréta pas comme un avertissement de son instinct, et se gratta simplement cet endroit distraitement, les yeux dans le vide. Il hocha la tête tandis que son index et son pouce vinrent pincer l'arête de son nez, toujours dans sa quête honnête de vouloir comprendre son interlocutrice.

- Mhm... Mais... Qu'est-ce que ça change ? Enfin, j'veux dire, c'est si important qu'ça d'vouloir garder l'sang pur ? Et puis marier des enfants... T'es pas un peu triste de pas avoir eu ton mot à dire toi ?

Son inquiétude et sa sympathie étaient pour le moment réel. Il eut enfin l'impression de commencer à comprendre son interlocutrice, au moins un tant soit peu. Le titre de sang-pur semblait donc être comparable à un titre de noblesse, mais l'importance de ce titre lui échappait totalement. L'idée qu'on ait pu imposer un mari à une enfant faisait frissonner Narcisse. Lui qui avait toujours associé le mariage à quelque chose d'heureux et joyeux, synonyme d'amour et d'engagement jusqu'à la mort. L'idée que cela puisse être décidé simplement pour des considérations familiales le... dégoutait. Mais cela fit que renforcer l'empathie qu'il ressentait pour Leann, et même, au fond de son cœur, un peu de pitié commença à apparaître. Puis, il regarda Klee, et hocha la tête en souriant.

- Merci héhé, j'suis obligé d'la surveiller constamment, alors j'commence à prendre l'coup d'main.

En revanche, la question de Leann changea son sourire en moue de perplexité. La viande de boursouflet ? Il regarda Klee, qui continuait agressivement de lui mordiller les phalanges, n'arrivant pas à comprendre où elle voulait en venir.

- La viande de boursouflet compatible ?.. Euh... J'en ai aucune idée, j'ai Klee qu'depuis la fin des vacances d'hiver. Mais ce s'rait bizarre d'vouloir manger un boursouflet non ? C'est tout p'tit, et puis, culturellement, ce s'rait l'équivalent d'vouloir manger son chat non ?

Il rigola doucement en rougissant légèrement, un petit peu embarrassé de ne pas être capable de donner une réponse plus précise à Leann. Klee lui mordit plus violemment un doigt, comme si elle comprenait mieux que lui ce que Leann sous-entendait et qu'elle voulait le prévenir. Narcisse referma un peu plus fermement sa main, sans écraser Klee évidemment, mais il avait remarqué qu'elle aimait bien être pressée, tout doucement, ça la calmait. Un peu comme un massage, qu'il s'employa à faire pour tenter de la détendre.

Sa gorge se serra, comment une discussion avec un petit Sang-de-Bourbe faisant parti des jaunes avait-t-elle pu tourner ainsi ? Un peu triste de ne *pas avoir eu le choix* ?

- Non... écœurée, souffla-t-elle.

Remarquant qu'elle avait dit ça à haute voix, elle se reprit et plaça un léger sourire pour masquer l'aveu qu'elle venait de faire. Trouvait-elle cela véritablement triste ? Elle ne s'était jamais vraiment posé la question. Bien sûr, elle trouvait cela dommage de ne pas pouvoir rencontrer son mari naturellement, sans que la relation ait été forcée, mais avant d'entrer à Poudlard, elle était persuadée que tous les mariages se passaient de cette façon. Le choc dû à la preuve du contraire était passé, mais un ressentiment envers les menteurs qui lui servaient de proches subsistait.

L'expression de Narcisse se transforma en un rictus perplexe face à sa question. Aussitôt, ses lèvres se pincèrent pour éviter de rire. Nul doute quant au fait qu'elle serait capable de kidnapper son boursouflet dans le but de faire essayer la viande à Patolu, mais d'un autre côté, il avait déjà toute la viande qu'il voulait. Était-ce nécessaire de sacrifier l'animal du Poufsouffle ?
Trouvant qu'elle réfléchissait trop pour quelque chose d'aussi futile, elle haussa les épaules.

- Je n'en sais rien, mais je parlais de l'alimentation d'un chat, pas d'un humain. Quoiqu'il en soit... je suppose que tu as raison.

Ayant pratiquement oublié à qui elle s'adressait, Leann avait donné raison à un né-moldu. Que diraient ses parents, si ils la voyaient ? Ou pire, James, qui venait de rallier son camp. Que penserait-il si il l'a voyait discuter sans pression avec Narcisse?

Le coeur de Narcisse se serra en entendant la réponse de Leann. Mais il se rendit compte qu'il ne savait que faire pour espérer au moins pouvoir la conforter. Il n'avait aucune idée de la situation qu'elle vivait, et il n'avait certainement pas assez d'expérience pour avoir le recul nécessaire pour pouvoir trouver le juste conseil. Ni même l'âge requis pour ne serait-ce qu'espérer que ses conseils soient pris au sérieux. Et puis, des conseils, il n'en avait pas. Enfin, si, il en avait. Mais même à ses yeux crédules et naïfs, ils sonnaient ridicules. Klee continuait, pendant ce temps, de se déchaîner contre les doigts de son humain de compagnie, couinant toujours plus fort. Narcisse fronça alors les sourcils, avant de la ramener au niveau de son visage, l'air sévère.

- J'ai dit ça suffit ! T'es punie !

Il l'inséra alors dans la capuche de sa robe de sorcier, qu'il entreprit de fermer hermétiquement, ne laissant, sur les côtés que deux petits trous, pour laisser filtrer la lumière et l'air. Il avait remarqué que l'obscurité la calmait, quand la technique du massage ne fonctionnait pas. Elle entreprit alors de frapper le tissu dans tous les sens, créant des bosses à intervalles réguliers. Il regarda ensuite Leann.

- J'suis désolé d'apprendre ça. Euh...

Il baissa les yeux une infime seconde, avant de les relever juste après.

- Ce s'rait totalement inenvisageable pour toi de juste... dire non ? Tu penses pas qu't'as ton mot à dire ?

Il lui rendit le petit sourire qu'elle eut, sans se douter de pourquoi elle l'avait eu. Puis, il leva les yeux en ciel, en croisant les bras, pour réfléchir.

- Oh oui, pardon j'avais oublié qu'tu parlais d'un chat... Hum. Mais bon, mon père dit qu'un chat, c'est un félin, et qu'un félin, c'est un prédateur. Donc j'suppose qu'un chat pourrait vouloir tenter d'manger un boursouflet oui. La chaîne alimentaire tout ça...

Il gloussa doucement en haussant les épaules, espérant que son boursouflet ne serait jamais prise en chasse par un chat. Même s'il s'inquiétait autant pour Klee que pour le chat qui aurait le malheur de la prendre pour cible.

Les paroles du Poufsouffle placèrent une nouvelle fois un sourire triste sur le visage de la blonde qui, cette fois, était parfaitement consciente de l'image qu'elle renvoyait. Une anti née-moldue, non... une extrémiste pro-conseil, avec une expression qui traduisait toute la détresse qu'elle avait voulu effacer. Quelle sotte faisait-elle, se donner ainsi en spectacle. C'était pitoyable. *Tu deviens tellement faible...*, seulement, elle ne resta pas muette bien longtemps et répondit à la question de Narcisse par une seconde question :

- Penses-tu que tu pourrais refuser, si les membres de ta famille t'effrayaient à un point tel que rien que le fait de parler d'eux te donne envie de vomir tout ce que tu as mangé cette semaine ? Si tu savais que la seule considération qu'ils ont pour toi est due au fait que tu t'es fiancée en leur nom ?

Akiko hantait ses pensées, jour et nuit. De cette soirée de novembre, à cette affreuse après-midi de janvier. Se dévoiler comme cela n'était... jamais arrivé. Si le petit jugeait bon de répéter tout cela à d'autres, ils serait en capacité de la détruire mentalement. Nélya, Tiffanie... était-ce leur objectif ? La pousser à bout ? La blonde ne faisait que se débattre, rendant les coups aussi fort qu'elle le pouvait. Ce soir, elle le savait : elle allait passer ses humeurs sur un mannequin en tissu qui n'attendait que la brutalité de ses coups. Depuis peu, elle avait échangé ses coups minutieux appris avec son professeur de judo, à la simple violence. Une violence pure, qui avait fait peur à James à de nombreuses reprises. Il ne lui avait jamais dit, mais elle le voyait, dans son regard, la peur la plus pure qu'il lui ait été donné de voir jusqu'à présent.

Ses yeux devenus vides reprirent vie en entendant narcisse parler de chat. La chaîne alimentaire, oh, oui.

- Encore une fois, oui tu as raison. Ton père aussi.

*Ton père est un moldu*, aussi. Elle avait omis de le dire, ne voulant pas créer un malaise avec la personne à qui elle venait de dévoiler une partie de sa vie privée. Quelle idiote elle faisait, elle ne faisait pas confiance à la psychomage que ses parents avaient engagé pour Leann, en revanche, elle déballait le fond de ses pensées à un première année sans aucun problème.

Cherchant désormais à orienter la discussion vers quelque chose de moins angoissant que les fiançailles avec Cole, elle reprit :

- Et sinon, Tiffanie. Que t'a-t-elle dit d'autre à propos des grands méchants Sang-Pur ?

De dégoût et de révolte, Narcisse passa par l'horreur et l'effroi. Les poils de sa nuque se dressèrent, tandis que ses poings se crispèrent. Les pupilles de ses yeux s'étrécirent, laissant apparaître, dans leur fond, les flammes blanches dansantes de sa colère. Il prit une grande inspiration pour la tuer. Sa colère se dirigeait contre des personnes qu'il ne connaissait pas, qu'il ne pouvait pas se représenter. Se mettre en colère contre un concept abstrait, c'était dangereux. Mais il ne put ignorer le sentiment de révolte qui faisait rage au fond de son cœur, et dans un élan d'empathie brut, il eut simplement envie de prendre Leann dans ses bras, pour lui dire que tout irait bien, qu'ils trouveraient une solution, et qu'elle allait s'en sortir. Elle disparut aussi vite qu'elle était venue. Il avait oublié qu'à la base, elle n'avait pas l'air de porter les né-moldus dans son cœur, et il ne la voyait plus que comme une camarade comme les autres, avec des problèmes vraiment très grave. Et une histoire très triste. Il baissa les yeux, croisant et entrecroisant ses doigts sur la table, l'air embarrassé et honteux.

- Je... J'sais pas. J'peux pas me mettre à ta place, j'arrive pas à imaginer comment c'est. J'peux pas t'dire que j'comprends, mais, je peux juste te dire que j'suis de tout cœur avec toi.

Et à ce instant, il put relever les yeux pour la regarder à nouveau, les flammes blanches désormais de retour au fond de ses pupilles couleur obsidienne.

- Et je trouve ça sincèrement... dégueulasse.

Il avait prononcé sa dernière phrase sans son tic de langage habituel, et avec un timbre de voix légèrement plus grave, à cause de sa gorge qui s'était légèrement resserrée. Il avait prononcé le dernier mot avec le tranchant d'une lame de rasoir. Puis, il adoucit ensuite son visage, et laissa apparaître un petit sourire doux sur ses lèvres.

- Tu sais... si jamais t'as b'soin... J'suis sûr qu'ma famille pourrait t'héberger. J'le pense vraiment. C'est super grave c'que tu vis.

Il pensait sincèrement son offre. Il n'y avait pas réfléchi, il n'avait pas pesé ses mots, la proposition était sortie d'elle-même. Une main tendue sans réfléchir, et il ne pensait même pas qu'elle envisagerait une seule seconde accepter. Mais il voulait qu'elle sache qu'elle n'était pas toute seule, et qu'elle pouvait s'en sortir. Quand elle changea le sujet, il regarda immédiatement le plafond en croisant les bras, une moue pensive aux lèvres, en pleine réflexion. Il n'était pas doué pour retenir les mots exacts de ses conversations. Ils avaient tendance à rentrer par une oreille et sortir par l'autre, et il se sentait très coupable de ça. Il ne voulait pas donner l'impression aux autres qu'il ne les écoutaient pas, c'était faux, mais son hyperactivité l'empêchait de bien mémoriser ce genre de chose.

- Oh, mmh... Attends qu'j'me rappelle... Euh, elle a dit que quand ils t'ont dans l'viseur, ils t'lâchent plus, euh, et...

Il se frotta distraitement la nuque, avant de baisser les yeux pour regarder Leann à nouveau.

- Elle m'avait dit qu'mon stylo pourrait m'attirer des ennuis.

Il rigola doucement, savourant l'ironie de la situation. Il voulait passer toutes les méchancetés gratuites qu'elle avait pu dire sur les sang-purs.

- Elle m'a dit d'les éviter, euh, oh et, elle disait qu'ils avaient tués pleins de nés-non-sorciers, y'a des années, mais ça, j'ai pas tout compris.

Il s'inclina sur sa chaise, en croisant les bras, tout sourire avait disparu.

- Mais j'aime pas les généralités qu'elle a fait. Toi t'es sympa, par exemple. Même si j'ai l'impression qu'elle aussi a beaucoup souffert à cause d'ça.

Il haussa les épaules.

- J'imagine que ça explique ses vues... un peu extrêmes.

Non... La pitié était quelque chose qu'elle ne voulait pas, de la part de personne. Surtout pas de la part de quelqu'un comme Narcisse, un être qui semblait être admirablement gentil. Même si son visage était redevenu complètement neutre, elle ne pouvait pas se résoudre à la garder ainsi lorsque le Poufsouffle qualifia les agissements des Hartley de dégueulasses. La blonde était mille fois d'accord avec lui, mais elle ne pouvait pas accepter le fait de mêler un première année qui n'avait rien demandé à sa vie. Après une courte réflexion, elle aurait dû réfléchir à deux fois. Parler de cela à un gamin de onze ans, lorsqu'elle-même était incapable d'y voir clair était quelque chose de profondément égoïste. Ses problèmes, elle devait les garder pour elle, ça la regardait.

Elle souffla du nez, tristement amusée, lorsque le plus jeune proposa de l'héberger. Ses parents étaient des moldus, il était inconcevable qu'elle accepte cela. Même si tout ce qu'il avait dit était juste, et qu'elle n'était pas certaine de pouvoir supporter sa famille jusqu'à sa majorité. Comment avait-elle fait, Yoshiko, pour ne pas fuir avec une mère pareille? Akiko était pourtant la personnification de la cruauté sur terre. Finalement, pour ne froisser personne, elle répondit :

- Merci, j'y penserai.

C'était faux, elle ne pouvait se permettre d'y penser. Demain, elle oublierait cette journée et cette discussion, et irait peut-être chez Tiffanie pour lui rappeler à quel point elle fut immonde en tentant d'écrire une lettre à son grand-père pour interrompre la grossesse de Dianne, ou peut-être irait-elle chez James afin de lui apprendre une bonne fois pour toute le japonais, puisqu'il ne parvenait pas à tenir une véritable discussion avec sa sœur. Elle enverrait une lettre à sa mère pour lui dire qu'elle ne rentrerait sans doute pas aux prochaines vacances, mais se rétracterait au dernier moment. C'était cela, elle allait reprendre sa petite vie tranquille de Sang-Pur.

Narcisse répondit soudain, et la blonde releva la tête. Le stylo apporterait des ennuis... Elle lâcha un petit rire, laissant derrière elle les pensées sombres qui obscurcissaient son esprit. Tué des non-nés-sorciers? Son regard s'assombrit, mais elle ne dit rien et se contenta d'écouter la suite. Soudain, il lui dit qu'elle était "sympa". *Sympa?* Ses sourcils se haussèrent, un né-moldu qui la qualifiait de sympathique, c'était une première.

- Tiffanie nous hait, ce n'est un secret pour personne, déclara-t-elle en haussant les épaules. Et c'est bien de ne pas faire de généralités par rapport aux Sang-Pur, certains m'en voudraient de créer des clichés, seulement, je ne suis pas sympa, il n'est pas nécessaire d'essayer de t'en persuader, termina-t-elle secouant la tête, un sourire aux lèvres.

Narcisse observait patiemment Leann, le regard empli de bienveillance et d'empathie, et lâcha un immense sourire à sa réponse. Il n'avait bien évidemment pas perçu les émotions sous-jacentes qui tendaient ces mots, il avait juste l'impression qu'elle venait de prendre la main qu'il lui avait tendu, et il en ressentait une joie indicible.

- En plus, si jamais les choses devaient dev'nir dangereuses pour toi, ma mère pourra t'protéger. C'est une tueuse ma mère.

Il croisa les bras en bombant le torse, rougissant légèrement des joues et du nez sous la fierté de parler ainsi de sa mère. Puis il rigola avec elle quand elle ria, même s'il n'avait pas l'impression d'avoir dit quelque chose de particulièrement drôle, il était trop vulnérable au rire contagieux. Puis son regard s'assombrit et il baissa légèrement les yeux quand elle déclara que Tiffanie les haïssait. Il avait l'impression que ce n'était pas vrai. Ou plus exactement, il se refusait à imaginer que cela puisse être vrai. En revanche, il arqua un sourcil en inclinant légèrement la tête sur le côté aux dernières paroles de la serpentard, le regard empli de perplexité.

- Bah, pour l'instant t'es sympa. Enfin, as été gentille, patiente et drôle avec moi, donc là, d'mon point de vue, t'es une bonne personne, point barre.

Il secoua doucement la tête à son tour, un sourire malicieux aux lèvres, non pas persuadé, mains convaincu de ce qu'il disait. S'il devait être totalement franc, il trouvait Leann plus sympathique que Tiffanie pour le moment, cette dernière était trop extrême dans ses propos et manquait de gentillesse, tout en ayant tendance à faire trop d'amalgames à son goût.

Une nouvelle fois, Leann perdit son sourire. Si la situation devenait dangereuse? La blonde n'avait qu'une vision abstraite de ce qu'était le danger, elle n'avait pas été conditionnée pour en saisir les enjeux et les conséquences, généralement. Encore un bordel hérité de l'esprit difforme de sa mère.
Une tueuse? Elle se retint de répondre quelque chose qu'elle regretterait certainement, si cela devait remonter aux oreilles de sa génitrice. Une moldue ne pouvait rien faire contre une sorcière, encore moins contre une famille entière. Yoshiko était une professionnelle en arts martiaux, elle magnait les coups avec tant de maîtrise que beaucoup refusait d'appeler cela de la violence. Mais ce beaucoup ne l'avait jamais vu en colère, dans une colère telle que seule cette violence comptait. Cela aussi, elle l'avait légué à Leann. Mais ce trait, cette dernière le cachait moins, l'expérimentant par moment sur d'autres personnes que des mannequins.

- Je me débrouille depuis treize ans là-bas, n'indispose pas ta mère pour des choses aussi futiles, répondit-elle avec un autre sourire.

La blonde pouffa de rire lorsque Narcisse répondit à son affirmation précédente. Elle était *sympa*, une première. *La dernière.*

- Eh bien, merci beaucoup, ne dis surtout pas cela à Tiffanie, elle risquerait de vriller.

Un regard vers les autres élèves présents dans la salle lui rappela son livre, ses parchemins et sa plume posés sur la table, à côté d'elle. Soupirant, elle se releva lentement, ennuyée, et déclara :

- J'aurais adoré continuer cette charmante conversation en ta compagnie, mais le temps presse, et je n'ai guère l'envie ni la motivation de terminer mon développement une autre fois. Et...ne parle à personne de notre discussion, je perdrais la face.

Puis elle quitta la table pour s'installer autre part, dans le calme, et sortit une bouteille en verre contenant son habituel thé vert au jasmin.

Narcisse continuait de sourire à Leann, l'accompagnant dans son rire après sa première phrase. Il savait que sa mère n'aurait pas été indisposée. Elle se montrait toujours très protectrice envers Narcisse, et par extension, envers les gens qu'il appréciait. Il était loin de se douter que cette surprotection envers les gens qui l'entourait cachait en réalité une méfiance chronique et une certaine paranoïa. Il ne doutait également pas du fait que Leann savait se débrouiller. Il avait remarqué chez elle une certaine forme physique caractéristiques des gens qui pratiquait des arts martiaux, peut-être même qu'ils pourraient s'entraîner ensembles un de ces quatre ? Voilà une idée qui plut beaucoup à Narcisse, et son sourire s'agrandit sensiblement. Il n'eut toutefois pas l'occasion de lui proposer cette idée, puisqu'elle enchaîna directement sur Tiffanie, il pouffa de rire.

- Haha d'accord, ça marche !

Il s'étira ensuite, grognant doucement sous l'effort, laissant sa colonne vertébrale se remettre en forme tranquillement. Il salua Leann de la tête quand elle se leva, un sourire innocent aux lèvres.

- Pas d'souci, si tu veux j't'en fais la promesse. J'espère qu'on pourra s'reparler, à la revoyure Leann !

Il lui fit un petit signe de la main, les yeux brillants, rayonnant de bonheur tandis que Klee revint sur sa tête, satisfaite que l'intruse se soit éloignée. Puis il se concentra à nouveau sur ses révisions, après tout, il était là pour ça à la base. Quand il empoigna son stylo, il eut un sourire narquois, tournant son regard vers Leann. Au final, ce petit accrochage lui avait permis de gagner une amie, et malgré tout ce que Tiffanie avait pu dire, il n'était pas d'accord avec elle, et s'estimait heureux de ne pas l'avoir écouté.

C'était vraiment un super RP ! Très inattendu, j'ai adoré !