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08 mars 2023, 21:10
 Portree, Écosse  Aussi borné que son fils  OS 


Mardi 24 décembre 2047
23 heures
Entre chambre et escaliers


Les yeux fermés, mon corps bien emmitouflé dans ma grosse couette, j’avais pourtant été réveillé par un bruit sourd. Le silence qui s’était imposé par la suite rendait impossible toute compréhension d’un tel réveil. Je ne savais donc pas quelle en était la source. Me frottant les yeux à l’aide de mon poing gauche, je tentai de me rendormir, en vain. Ce n’était pas tant le manque de sommeil qui m’y empêchait, mais les chuchotements qui parvenaient jusqu’à ma chambre. De plus, pour que les voix montent jusqu’à mes oreilles, c’était que les décibels devaient davantage correspondre à des voix élevées. Je levai les yeux vers le plafond pour y voir l’heure qui était diffusée par mon réveil, et fus surpris de noter qu’il était déjà vingt-trois heures. D’un geste franc et habile, je tirai la couette pour m’extirper de mon lit et découvrir ce qu’il se passait. Ma main droite sur la poignée de la porte de ma chambre, je tirai doucement dessus pour ne pas qu’elle grince et ne pas attirer le potentiel voleur qui pourrait se trouver en bas. Je passai ma tête dans l’embrasure et épiai le couloir qui semblait bien vide. J’allais retourner dans mon lit, croyant à une fausse alerte jusqu’à ce que j’entende à nouveau les voix perçues plus tôt. Ce n’était pas les voix de quelconques voleurs, mais bien celles de mes parents. Ce n’était pas les décibels d’une discussion, mais bien d’une dispute.

Sur la pointe des pieds, tâchant d’être le plus discret possible, et bien trop curieux pour retourner à mon lit comme si de rien n’était, j’avançai jusqu’aux escaliers et m’y asseyais. Les jambes recroquevillées vers mon torse, je posai mon menton sur mes genoux et me concentrais pour comprendre chaque mot. Je reconnaissais d’abord la voix de ma mère.

« - … croyais quoi ? Je te comprends pas.

- Je sais pas, Mary ! Peut-être que ça arriverait plus tard… Ou jamais.

Je sentais que mon père était celui dont la voix cherchait à s’élever le plus. Il se contrôlait, mais la fluctuation de son ton le trahissait. Il était en colère.

- Je t’avais dit que c’était une possibilité, on en avait parlé. Pourquoi tu n’as rien dit avant ?

- Mais qu’est-ce que tu voulais que je dise ? La lettre est arrivée comme le Messie. Il allait forcément y aller dans cette école.

A l’énonciation du mot « école », je comprenais aussitôt. C’était de Poudlard que l’on parlait, et moi que l’on accusait. Je descendis d’une marche, souhaitant encore mieux tout entendre. Je n’étais plus du tout fatigué.

- Tu te rends compte que tu rejettes ton fils en disant cela ?

- Mais non, je ne reje…

- Si ! Le ton était lui aussi monté, avant qu’elle ne se reprenne. Si, tu le rejettes en rejetant sa magie et..

- Mais quelle mag…

- Laisse-moi finir ! John… Les faits sont là, je ne peux rien changer. Et même si ta réaction me fait du mal parce que j’ai l’impression que c’est aussi moi que tu rejettes, c’est à Lukas que tu en feras le plus.

- Mais toi, j’ai bien compris et j’ai accepté.

- Mais alors pourquoi tu ne peux pas faire la même chose avec lui ? Tu crois qu’il ne voit pas que ton comportement a changé ?

J’entendais les sanglots de ma mère jusqu’ici. Les reniflements suivaient et elle se battait avec elle-même pour ne pas réveiller le Lukas qui dormait. Je l’entendais poursuivre.

- Il refuse même de me parler des sorts qu’il a appris. Il refuse de me parler de quoi que ce soit, si ce n’est de ses amis.

Il y eut un silence. Un silence qui dura tellement longtemps que je me demandais ce que mes parents pouvaient être en train de faire. Je n’avais pas remarqué que ma vision s’était troublée et que les premières larmes venaient de tomber sur mon pyjama. D’un revers de main, je séchais mes larmes et attendais la suite. Mon père avait sûrement dû prendre ma mère dans ses bras, car les deux tons étaient plus bas, se voulant plus apaisés, mais plus difficiles à entendre.

- … juste peur qu’il …

- Je sais, mais …. de t’é…. et ….-lui parce que je… qu’il ….. de ton …..

- Promis. »

La promesse, je l’avais entendue sans la comprendre. J’entendais leurs pas se retourner et je craignais d’être repéré. Je me relevai donc et retournai en silence dans mon lit. Je retrouvai ma couette que je regrettais d’avoir quittée. Beaucoup de mots entendus étaient encore confus. Les émotions m’avaient fatigué. Je regardais l’heure toujours affichée sur le plafond : 23 heures 30. Mes paupières se fermaient sans que je ne puisse les en empêcher, et je m’endormais.

Fiche PR - 2e année RP - Obscurial en devenir