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18 févr. 2023, 10:02
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Je sens son poids discret dans ma poche. Ma baguette. J'y pense alors même que mes yeux sont braqués sur le catalyseur que tient la professeure dans sa main et qui me met en garde mieux que ne le font ses paroles : laisse exploser ta rage, dit-il, et je t'immobilise, je te réduis au silence. Priddy n'a pas conscience de l'envie que j'ai de répondre à ce défi. Elle palpite tout au fond de moi et prend de plus en plus de place dans mon corps. Il y a ce poids qui m'appuie sur les yeux, ces frissons sur ma peau et les bonds que fait mon estomac. J'ai soif de destruction, de chaos, de voir la poussière voler dans la pièce, de devoir soutenir le regard horrifié de cette femme quand elle comprendra que j'en suis réellement capable. Je veux dépasser cette limite, la dépasser réellement, détruire quelque chose de précieux, comme ça elle ne pourra que m'en vouloir après. Elle me détestera, oh oui, et je pourrais lui dire : c'est plus d'actualité, hein, de venir vous voir si j'ai besoin ?

Moi ce dont j'ai besoin, c'est surtout d'apaiser les tremblements et les images d'explosion. C'est surtout de laisser sortir la pression qui m'étouffe, juste un peu, en frappant ou détruisant. Sans y penser, mes mains grimpent le long de mon visage et mes doigts s'entortillent dans mes cheveux. J'appuie mes paumes contre mes yeux, je me crispe.

Je ne peux pas, je ne peux pas faire ça, j'en ai déjà trop dit, je dois arrêter, ou partir. Mais je ne peux pas partir, impossible de bouger, de m'en aller. J'ai peur qu'en quittant la sécurité de son regard tous mes démons reviennent, j'ai peur qu'il n'y ait personne pour m'empêcher d'exploser. Pourtant je ne rêve rien de plus qu'être seule pour frapper dans un mur, pour sentir la douleur remonter le long de mon bras, jusqu'à ce qu'elle soit trop forte pour que je continue de bouger.

Comme je ne peux faire ni l'un ni l'autre, ni partir ni frapper, moins encore détruire quelque chose qui se trouve ici, je ne peux qu'appuyer sur mes yeux pour endiguer les larmes qui s'y accumulent déjà et tirer sur mes cheveux en expirant brutalement.

« Le vent ça fait pas assez mal, dégueulé-je dans un souffle. Moi je veux briser des choses. »

Puisque je ne peux pas physiquement agir, il ne me reste que la parole. Dire les choses crûment pour remplacer les coups.

« Me faire mal, vraiment. Frapper dans un mur. »

J'ai du mal à parler, mon souffle est entravé de larmes encore contenues, mon corps tremble. La représentation même d'une baudruche : bientôt elle va exploser, me réduire en lambeaux. J'ai beau inspirer et expirer profondément, ça ne change rien, c'est encore là, en moi. Alors j'arrache mes mains de mes yeux en essuyant au passage quelques larmes perdues. Mon regard se balade nerveusement dans toutes la pièce.

« J'ai déjà détruit des choses qui m'appartenaient pas, débité-je à toute vitesse à Priddy en rigolant fébrilement. La porte de chez Elowen et une commode chez mon frère. Détruits entièrement. Vous avez raison, hein, continué-je en me baladant à petits pas du bureau à la porte, de la porte au bureau histoire de résister encore un peu à l'envie de m'arrêter sur le chemin pour marteler le mur de coups de poing. Jamais ils pourront les restaurer. C'est plus que de la poussière maintenant. Je devrais sans doute m'en vouloir. »

Un nouveau petit rire m'échappe. J'essuie une nouvelle fois mes joues. J'ai à peine conscience des larmes qui coulent.

« C'est pas le cas. C'était juste trop... Super agréable, de faire ça. De détruire ces choses. Ça vous plait vous ? lui demandé-je brusquement en m'immobilisant. Quand le vent emporte tout, arrache des arbres ou des toitures ? Ça vous plait ? »

Il y a une légère trace de supplique, dans ma voix. J'ai envie... Non, besoin qu'elle me dise qu'elle aussi elle aime cette destruction brute, ce pouvoir qu'elle a sur son environnement. Qu'elle aime avoir le choix de détruire ou de ne pas le faire, et qu'elle aime plus encore choisir de le faire.

19 févr. 2023, 21:26
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Le discours de la jeune fille commençait à devenir inquiétant, voire très inquiétant. Elle avait clairement besoin d'aide et pas qu'un peu. Sarah, toujours sur le qui-vive, pesa ses mots un instant. Cette adolescente devait entendre certaines choses et accepter de les écouter ce dont Sarah doutait un peu à cet instant. Si, dès le départ, elle avait perçu la colère et la déception, elle ne se doutait pas au début de leur échange de l'état dans lequel se trouvait cette élève.

" Le vent est une force comme une autre et il peut faire des choses extraordinaires quand on sait le manier. Cependant, ce n'est pas à la portée de tout le monde et tout comme les émotions, il faut apprendre le gérer, à SE gérer. Sentir un soulagement quand on détruit quelque chose alors qu'on déborde de colère est, je pense, une réaction normale ou du moins compréhensible. Une façon d'expulser sa colère pour s'en débarrasser mais il convient cependant de ne pas se laisser aller à tout et n'importe quoi. Aujourd'hui, vous êtes capable de détruire un meuble et votre magie n'a pas fini de grandir. Dans quelques temps vous pourrez détruire un être humain d'un coup de baguette. Le ferez vous juste parce que vous êtes en colère ? Je ne veux nullement minimiser votre souffrance ou votre besoin de l'expulser mais il devient urgent pour vous de savoir prendre du recul sur ce qui vous ronge. Certes, détruire soulage sur le moment mais cet acte aura des conséquences non négligeables pour vous et pour les autres. Vous ne devez pas laisser la colère vous submerger au point d'en arriver à détruire la première chose qui apparait au bout de votre baguette sans quoi vous risquez d'avoir de très gros ennuis et je ne vous le souhaite pas, vous méritez mieux que ça. Allez prendre l'air. Soufflez un bon coup. Hurlez votre colère mais ne la laissez pas gagner. Dans tous les cas, n'hésitez pas à revenir discuter si vous le souhaitez ou faire tout autre chose d'ailleurs, les échanges avec les élèves passionnés sont toujours intéressants. Vous connaissez le chemin qui mène à mon bureau, vous y serez la bienvenue. "

Dans quelle direction partait donc cette jeune sorcière ? Si la destruction devenait une chose banale dans son esprit elle risquait fort de faire des bêtises bien plus grosses qu'elle dans les années à venir. Des choses qu'elle viendrait sûrement à regretter un jour ou l'autre à moins qu'elle ne soit même plus capable de les regretter à ce moment là. Sarah frémit intérieurement. Il fallait de toute urgence trouver un moyen de communiquer avec cette adolescente. Sarah lui adressait un regard droit mais bienveillant. La Poufsouffle pouvait encore se reprendre et passer ce moment difficile, elle en avait les moyens. Restait à savoir si elle en avait envie. Sarah guettait les réactions de la jeune fille depuis le début, les yeux de l'enseignante analysait les traits du visage de l'adolescente et guettaient tout mouvement vers le catalyseur.

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

21 févr. 2023, 20:42
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
J'ai l'impression que ses paroles m'emprisonnent. Elle dit plein de choses, plein de choses vraies, d'autres qui m'agacent, d'autres encore qui m'atteignent profondément, dans cet endroit du coeur où les mots puissants ont tendance à s'inscrire pour toujours. Mais plus elle parle, plus mon impatience s'affirme. Elle parle, elle parle, et moi je... Elle me donne autant envie de résister que d'exploser. Mon corps raconte mieux que moi toutes ces choses. Je n'ai aucun contrôle sur mon visage, mes membres, mes tremblements, aucune conscience d'eux. Mes sourcils se dressent, je pousse des soupirs ou des petits ricanements quand les mots me déplaisent (« il faut apprendre à SE gérer »), je détourne les yeux quand je ne supporte pas la voir énoncer que je serais bien capable un jour de faire exploser quelqu'un, mes mains tremblent le long de mon corps, elles bougent tantôt vers mon visage pour me torcher le nez, tantôt vers ma poche qu'elles trifouillent nerveusement sans jamais plonger à l'intérieur. Mon regard passe par tous les coins du bureau pour toujours finir par atterrir sur le centre névralgique du lieu qui me parle si bien qu'elle me donne à la fois envie de pleurer et de crier.

Aller hurler un coup, mais bien sûr ! Hurler dans son coussin, disait l'autre, au lieu de dire des mots de grands et d'arguer que je ne connais rien de la noirceur ou des grands sentiments qui bouleversent. Hurler dans son coussin, ça devrait bien être suffisant pour faire passer ça, hein ?

Ses dernières paroles tombent à côté. Elles ne résonnent pas suffisamment. Je n'ai pas suffisamment confiance en elle pour croire que l'accès à son bureau m'est offert. Pas assez confiance pour croire que je suis de celle que l'on accueille avec plaisir et à qui on donne beaucoup. Moi, je ne vaux rien d'autre que des notes envoyées quand on y pense, je ne vaux rien d'autre qu'une lettre en guise d'adieu.

Une nouvelle salve de larmes débordent de mon corps agité. Je les efface rapidement en me détournant rapidement, toujours aussi nerveuse, toujours aussi déchiré entre mon envie d'apprendre à contrôler ça, comme elle dit, et le besoin quasi obsessionnel de me laisser aller. Ne comprend-elle donc pas que j'en ai assez de lutter ? Hein ?

« J'ai ai marre de devoir contrôler, lui dis-je tout à coup en lui lançant un regard accusateur. J'ai pas envie de prendre du recul, je ve... Je suis... »

L'air me manque. J'inspire brusquement une goulée d'air tremblante en levant la tête vers le plafond.

« J'en peux plus de... »

J'en peux plus de lutter, j'en peux plus de contrôler, que ce soit ma colère ou mes larmes. J'en ai assez. Ça fait des mois, vous comprenez ? Des mois que je m'empêche de trébucher de peur de ne plus pouvoir me relever après. Des mois que je serre les mâchoires quand je sens les larmes venir, des mois que je plonge dans le travail quand je la douleur s'installe, des mois que je sors des méchancetés à mes proches quand je sens arriver la colère que j'éprouve pour elle. Des mois que je retiens tout cela en moi. Et vous vous me dites de contrôler, de prendre du recul. Mais j'ai envie d'exploser ! Laissez-moi faire ! songé-je en même temps que je la supplie du regard de m'en empêcher, quoi qu'il arrive.

« Vous comprenez rien ! gémis-je en reprenant ma marche fiévreuse entre le bureau et la porte. J'ai pas envie de penser aux conséquences, pas envie de me... De me... Vous comprenez pas ! tonné-je une nouvelle fois. Même vous, vous êtes en train de... Et moi, ça me... Rah ! »

Ma propre frustration m'envoie comme une décharge. Je balance mon pied en avant, mue par l'envie de frapper quelque chose, n'importe quoi. En l’occurrence rien qu'une porte qui claque fortement sous l'assaut de ma bottine. C'est la porte ouverte à toutes ces choses que je retiens tant bien que mal. Soudainement mes sanglots m'échappent et mes épaules tressautent sous leur assaut violent. Je me cache derrière mon coude mais rien ne peut endiguer la brusque montée d'émotions qui me coupe du monde. Alors, parce que je suis incapable de contrôler la tristesse qui me vrille le corps mais que je peux moins encore encore l'accepter, je frappe une nouvelle fois dans la porte. Et tandis que les coups pleuvent sur le pauvre battant, ma main plonge dans la poche où se cache ma baguette.

Ce serait mentir que d'affirmer que je ne sais pas ce qui va m'arriver en choisissant de dégainer mon arme.

22 févr. 2023, 00:07
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Cette petite discussion partait clairement complètement en vrille. La gamine qui venait la voir en ronchonnant s'avérait être dans un état que Sarah ne parvenait pas à comprendre. Pourquoi diable le départ de Kristen Loewy lui faisait un tel effet. Avait-elle été maltraitée ? Abusée ? Depuis quand souffrait-elle de la sorte ? Toutes ces questions tournaient dans la tête de l'enseignante qui suivait malgré tout chaque mouvement de la Poufsouffle.

L'adolescente s'enfonçait sous ses yeux dans une crise de larmes, pleine d'une colère mêlée d'un désespoir palpable. Quelles données Sarah n'avait elle pas ? Il fallait qu'elle discute de tout ça avec Elina. Quand la jeune fille commença à s'attaquer à la porte, Sarah pointa discrètement sa baguette sur elle même, se lança un sort silencieux de protection par mesure de sécurité et décida de faire une chose qui l'étonnait elle même.

Elle s'approcha d'un pas décidé de la jeune fille et sans prévenir, posa sa main gauche sur l'avant bras de l'adolescente, serrant ses doigts doucement.

" Laissez votre baguette. Laissez cette porte tranquille. Approchez. "

La sorcière invita dans un geste de la main droite son élève à une accolade si elle le souhaitait. Dans son état, à part la rassurer et lui proposer un soutien, Sarah ne voyait pas franchement quoi faire de plus. Elle chercha des yeux ceux de la Poufsouffle.

" Regardez moi. Calmez vous. On finit toujours par se relever, sachez le. C'est parfois long. Trop long. Mais on y arrive. Vous y arriverez mais il faut que ce qui vous ronge sorte Aelle. Si vous ne me faites pas confiance à moi, expliquez tout ça à quelqu'un qui vous convient. Un adulte, une amie, votre compagnon bleu... Mettez des mots sur tout ça. Passez par l'écrit si ça vous aide. Ne gardez pas tout pour vous. "

Sa propre baguette toujours en main, Sarah guettait la réaction de la visiteuse.

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DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

22 févr. 2023, 17:33
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Je m'attendais à sentir un sortilège me percuter. Je pensais paniquer en sentant s'enrouler autour de moi une dizaine de cordes solides qui m'auraient facilement entravée. Ou suffoquer de colère en étant figée par le maléfice Petrificus Totalus : elle m'aurait regardé droit dans les yeux en affirmant qu'elle me libérerait une fois ma colère passée, une vingtaine de minutes se seraient écoulées, elle en train de siroter son thé d'après repas et moi en train de ravaler ma triste rage, puis elle m'aurait libéré me demander des comptes. Je pensais que ma colère serait contenue, j'avais confiance en elle pour m'arrêter et le faire comme il fallait : instantanément et rapidement. Je pensais pouvoir passer ma rage sur elle. Je l'aurais haïe, haïe avec tant de force que j'en aurais oublié mon spectre noir. Il n'y aurait eu plus que Sarah Priddy dans ma ligne de mire, celle qui a osé m'entraver et m'humilier en me figeant.

Ce n'est pas un sortilège qui m'arrête en plein mouvement, c'est une main. Lorsqu'elle se pose sur mon avant-bras, je baisse automatiquement celui-ci, laissant libre à toute observation mon visage constellé de larmes et tordu dans un sanglot bruyant. Il ne se passe qu'une seconde entre le moment où je tourne la tête pour la regarder et celui où j'arrache brutalement mon bras de son étreinte. Une seconde pendant laquelle je m'imagine fermer le poing et frapper de toutes mes forces ce joli visage qui ne semble jamais vouloir me dire de m'en aller, de la laisser tranquille, à moins que je n'ai quelque chose de palpitant à lui confier. C'est une envie qui s'impose et qui repart aussi rapidement qu'elle est arrivée : le besoin âpre de lui faire payer d'être encore là et de m'écouter, de ne pas me condamner comme j'y suis pourtant habituée.

Puis son bras s'ouvre et l'invitation est trop évidente pour que je ne la comprenne pas : il suffirait que je fasse un petit pas, que je me penche en avant pour... Je n'ai même pas le courage d'y penser, une immense honte recouvre ma colère et m'empêche de frapper, que ce soit du pied contre la porte ou du poing sur son visage. Elle n'a pas l'âge d'être comparé à elle, pourtant j'invoque naturellement les traits de maman que je superpose sur ceux de ma professeure de sortilèges. Maman qui a naturellement cessé de nous serrer dans ses bras lorsque nous n'avons plus eu l'âge de lui réclamer des étreintes ; ou qui, si nous insistions, acceptait parfois de passer un bras autour de nos épaules — le contact durait quelques secondes avant qu'elle ne s'écarte avec une grimace accablée.

Ma main abandonne l'idée de plonger dans la poche de ma cape lorsque Priddy ouvre la bouche. Je m'écarte alors de quelques centimètres, sans pour autant refuser franchement son invitation. C'est comme une mise en garde : n'insistez pas ou je pourrais bien vous laisser me serrer et j'en aurai si honte que je serai incapable de revenir en cours la semaine prochaine.

Ma frénésie destructrice s'est apaisée mais elle n'a pas disparu ; j'accepte de ne plus fracasser cette porte mais je me sens encore tiraillée d'envies contraires. Je prends ses ordres comme des mains tendues : elle me dit de la regarder, je la regarde. Je la regarde si bien que j'en oublie ce qui m'entoure. Je me rattache à cet éclat dans son regard, celui que je ne comprends pas mais qui me rappelle pourquoi c'est elle que je suis venue trouver alors que nous ne nous connaissons pas tant que cela.

C'est douloureux de rencontrer le regard d'une autre personne dans ces moments-là. Elle me renvoie mon propre reflet mieux qu'aucun miroir ne pourrait le faire. Je me vois telle qu'elle me voit : comme une jeune femme pitoyable qui sanglote comme une enfant qu'elle n'est censément plus depuis plusieurs années. Le fait que ce regard-là appartienne à une personne que j'estime et dans laquelle je place tant t'attentes (je peux bien le reconnaître, désormais) parvient mieux que les mots ou les gestes à me faire remballer ma peine.

C'est comme si je m'extirpais d'un lac profond. Je crache la surface à l'aide d'une inspiration tremblante et larmoyante pour reprendre mes vieux instincts : il me faut me contrôler, repousser les larmes, les cris, les suppliques et les espoirs. Je me redresse, fais un pas en arrière pour m'éloigner de la femme et tourne la tête pour pouvoir frotter mes joues humides dans un semblant d'intimité.

« Oui, balbutié-je enfin, oui, oui... »

Réponse automatique pour combler un silence qui laisse trop de place à l'embarras. Oui, quoi ? Vais-je réellement prendre plume et parchemin pour rédiger l'histoire de ma peine ? Plutôt crever que d'en arriver là. Ou raconter à Zikomo toute l'étendue de mes sentiments, pour qu'au final ça ne change rien puisqu'il ne fait pas partie du problème ? Non, je ne peux pas, cela ne changerait absolument rien. Personne ne peut comprendre ma peine, personne ne souffre comme je souffre, personne n'a suffisamment d'empathie pour entendre ce que j'ai besoin de dire, pas même la principale concernée. Surtout pas la principale concernée.

Je m'essuie le nez du plat de la main. Je tremble de la tête au pied sans savoir si je frissonne de froid, d'épuisement, de rage ou d'autre chose. Je plaque mes mains sur mes yeux pour me soustraire au monde mais à ma plus grande horreur, une nouvelle vague me renverse. Mes sanglots s'affirment, mes épaules tressautent. Si je n'ai jamais su trouver l'interrupteur pour m'aider à parler des émotions qui me traversent, je ne connais pas non plus celui qui permet d'arrêter ça. Habituellement j'arrête tout ça en hurlant, frappant, maniant la magie mais là...

Je n'ai jamais craqué de la sorte devant quelqu'un, excepté devant celle qui est aujourd'hui à l'origine de mes larmes. Je ne me suis jamais autant ridiculisée et j'en éprouve un sentiment d'humiliation si grand que c'est à peine si j'arrive à aligner deux pensées cohérente. Je m'imagine alors partir sans un mot, foncer hors du bureau, traverser la salle de classe et disparaître comme je sais si bien le faire. J'attraperais mon sac et je...

Mes yeux fouillent frénétiquement le sol, à travers larmes et sanglots.

« Mon sac... »

Abandonné je ne sais où. Mais je dois bien en avoir un puisque j'ai eu cours tout à l'heure, non ? Cela semble remonter à une éternité. Je me sens épuisée, vide et complètement déphasée. Ce sac devient le centre de mes préoccupations. Où est-il donc passé ? Mieux vaut se concentrer sur lui qu'affronter le regard de la femme devant laquelle je viens de craquer et qui est en première loge pour observer ma déchéance.

01 mars 2023, 14:47
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
La Poufsouffle semblait reprendre son souffle et ses esprits. Vaguement du moins. Elle s'éloigna un instant de sa professeure et même si l'adolescente acquiesçait aux paroles de Sarah, la Galloise doutait franchement que les mots soient sincères. Cette petite était totalement perdue et visiblement pas franchement prête à abaisser les remparts qu'elle avait érigé, à tort ou à raison, autour d'elle. À la demande de la visiteuse, Sarah agita sa baguette en prononçant la formule adéquate. Un instant plus tard, le sac, abandonné à l'entrée de la pièce arriva dans les mains de la sorcière pour être redirigé vers celles de sa propriétaire.

" Tenez, votre sac. "

Sarah ne le lâcha pas immédiatement cependant, gardant un instant son élève près d'elle.

" Souvenez vous que vous n'êtes obligée de tout gérer tout le temps Miss Bristyle. Vous êtes majeure et brillante, pas irréprochable et toute puissante. Donnez vous le droit de souffler et d'avoir de l'aide. N'importe qui, même les adultes en ont besoin, régulièrement. Seule on va vite mais il faut être plusieurs pour aller loin. Kristen Loewy est partie et ne reviendra probablement pas ou du moins pas avant un moment. Ne l'attendez pas inutilement, vous avez bien d'autres choses à faire. "

Sarah avait ouvert la porte qui menait vers le couloir afin de laisser l'opportunité à la jeune fille désormais en possession de ses affaires de sortir. Elle lâcha le sac pour permettre le départ de la Poufsouffle.

" Et notez bien une chose, je ne suis pas Kristen Loewy. Je ne sais pas quel lien vous entreteniez avec notre ancienne directrice mais je ne fonctionne pas comme elle car je suis moi et non elle. Vous avez le droit de venir simplement parler si vous en avez envie ou besoin mais ne vous attendez pas à ce que je réponde pour elle à vos questions. Je ne la connaissais pas et mes réponses ne peuvent être autre chose que les miennes. "

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01 mars 2023, 19:01
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Mon sac. Je tourne la tête à droite et à gauche, je me baisse pour observer sous la table, tout plutôt que de la regarder elle. Je suis prête à fouiller le bureau de fond en comble, tout renverser pour le retrouver, ce sac qui est désormais victime de toute mon attention. Me concentrer sur lui m'empêche de fondre en larmes, encore. Pourtant, je sens que c'est pas loin. Je me retiens tant bien que mal et je renifle à intervalle régulier. Je me sens fragile. De cette fragilité qui n'a rien de physique. Comme si j'étais tout en haut d'un bâtiment et que celui-ci menaçait de s'effondrer. Je ne sais pas ce qui se passe. J'ai le vertige dans mon propre corps, alors que j'ai les pieds vissés au sol. Quand est-ce que ça va s'arrêter ? Je préfère quand je suis hermétique à tout, que tout est sous contrôle. Là, je sens le monde se disloquer autour de moi. Ce n'est pas du tout ce que j'avais prévu en venant ici.

Sarah Priddy est bien plus efficace que moi dans la recherche de mon sac. Elle l'appelle d'un sortilège et je me souviens alors que l'objet n'avait aucune raison d'être ici, sous la table ou dans un coin, puisque je ne l'ai jamais apporté dans le petit bureau. Je me redresse et m'approche d'un pas de la femme, la main tendue, les yeux brûlant et l'air égaré. Elle dit « tenez, votre sac », comme elle a dit « Regardez-moi, calmez-vous », alors j'obéis et j'attrape la chose. Si elle m'avait dit de m'asseoir je me serais assisse. Si elle m'avait dit de pleurer, je crois que j'aurais fondu en larmes et jamais je n'aurais pu m'arrêter.

Quelque chose ne va pas. Elle ne lâche pas le sac. Je suis bien forcée de la regarder en face pour comprendre ce qui arrive et de supporter son regard qui me regarde réellement. Pas de sourcil qui se dresse, pas de lèvre qui se pince. Un simple visage avenant qui appartient à une femme qui, en gardant bien serré dans sa main un morceau de mon sac, m'empêche de faire un pas en arrière et de partir sans un mot comme j'en avais pourtant l'intention — ou du moins, c'est ce que je crois.

J'ai bien envie de croire que ses paroles ne me concernent pas. J'ai jamais dit que je devais tout gérer, d'abord ! Je sais bien que je suis pas irréprochable ! Mais mon esprit en a décidé autrement puisqu'il accepte ses paroles en me murmurant un enfin, que je comprends à peine. Pourtant ma gorge se noue, preuve irrémédiable que les mots résonnent quelque part à l'intérieur de moi, dans un endroit que je n'ai aucune envie de visiter. Je hausse vaguement les épaules mais ce geste ne duperait personne puisque mon regard se détourne et que mes lèvres se pincent.

Je n'ai pas la force de lutter ou même de renâcler. Pas envie de dire qu'en étant seule, on se protège au moins des abandons intempestifs ou des trahissons. Je n'ai pas envie de me battre, là. Juste envie de murmurer que j'aimerais mieux ne pas être moi, ne pas me méfier, avoir confiance en tout et tout le monde. Je voudrais ne pas prendre les trahisons pour des trahisons. Juste les accepter avec un sourire, dire : « elle ne voulait pas me faire du mal, elle avait juste besoin de partir un peu », et continuer d'avancer sans être blessée et abîmée par la moindre fluctuation.

Je récupère mon sac quand elle le lâche et le serre contre moi en me tournant à moitié vers la porte ouverte, mais ma gorge contient encore des larmes brûlantes et moi j'ai encore envie de lui dire plein de choses. Lui dire que j'ai pas envie de partir retrouver ma vie, pas envie de me plonger dans le travail pour oublier, pas envie de sentir mes larmes me brûler. J'ai envie qu'elle me garde ici jusqu'à ce que la douleur dans ma gorge disparaisse. Je veux qu'elle continue de me dire que je n'ai pas besoin d'être irréprochable et toute puissante, que ce n'est pas grave si je ne gère pas tout. Une fois sortie de ce bureau, je vais recommencer, vous savez. Dans une minute, deux maximum, je vais prendre une grande inspiration et me convaincre que tout cela n'est pas arrivé. Alors gardez-moi ici.

Je ne veux pas partir.

« Notez bien une chose... »

Et je note le coeur serré ce qu'elle me dit, sans arriver franchement à y croire mais en ressentant un soulagement que je ne comprends pas. « Je suis moi et non elle ». Je papillonne des paupières en l'observant silencieusement, une observation sans doute un peu trop longue. Je me répète : elle n'est pas elle, elle n'est pas elle. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que ça veut dire que ce qu'elle m'a donné aujourd'hui, elle ne va pas le reprendre, ou du moins me refuser d'en avoir plus ? Est-ce que c'est ce que cela signifie ? Parce que je suis habituée, vous savez, pourrais-je lui dire, je suis habituée, je sais comment ça marche : on n'en parlera plus, on ne parlera d'ailleurs simplement plus, excepté pour les affaires habituelles entre élève et professeure, et quand je voudrais venir vous trouver dans votre bureau, celui-ci sera fermé. Impossible d'y pénétrer. Impossible de vous trouver. Inaccessible. Inatteignable. C'est bon, je suis habituée, ça va pas me faire mal de toute façon.

« Je sais. »

Le mensonge est murmuré faiblement, d'une voix rauque pleine de larmes contenues. J'agrémente de quelques hochements de tête qui ont la même saveur que mon "oui, oui" prononcé un instant plus tôt. Je sais que vous ne répondrez pas à sa place aux questions que je veux lui poser. Ça au moins, ce n'est pas un mensonge. Le reste... Je le garde bien caché dans mon coeur.

Mes bras se serrent un peu plus fort autour de mon sac. Ça me fait du bien d'avoir quelque chose à serrer, quelque chose entre moi et le reste du monde. Ça me permet de franchir la porte sans trop trembler et de faire quelques pas maladroits dans la salle de classe. Je m'arrête cependant très vite pour me retourner vers elle, ma professeure de Sortilèges, j'ouvre le bouche et... Rien. Je ne peux pas.

Alors je reprends ma marche et rien ne m'arrête jusqu'à ce que je sorte dans le couloir où la vie du château me frappe de plein fouet. Le couloir est vide, les élèves ont pris le chemin du réfectoire ou de leur Salle commune. Mais j'entends des rumeurs au loin. Des bavardages, des cris et des rires. Je m'adosse au mur, incapable d'aller plus loin pour le moment et baisse doucement les bras pour rendre sa liberté à mon sac dont je passe la lanière à mon épaule. Je plaque mes mains sur mes yeux dans un geste bien trop familiers.

C'est le moment de l'inspiration. Ça va aller.
« Kristen Loewy est partie et ne reviendra probablement pas ».
Tout ira bien. J'inspire et j'expire.
« Je suis moi et non elle ».
À chaque inspiration, je force l'une de ces phrases qui me hantent à disparaître. Ça ne marche pas correctement mais me concentrer sur ma respiration m'empêche de répondre à l'envie encore bien présente de fondre en larmes, envie qui a pris le pas sur le besoin de frapper quelque chose. Les choses sont sans dessus dessous. Il faut que je les remette à leur place, et tout ira mieux. Alors je respire, j'expire, encore et encore.

Malgré tout, le vertige persiste en arrière plan. Il ne suffirait que d'un mot pour que tout s'effondre.

Merci !
Ce RP m'a tordu comme un chiffon qu'on voudrait essorer, vraiment, du début à la fin.

11 mars 2023, 11:58
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Avait-elle seulement entendu ce qu'on lui avait dit ? Entendu oui, puisqu'elle avait répondu mais écouté ça, c'était une autre affaire. Sarah laissa la gamine s'éloigner la suivant du regard dans le couloir. Soucieuse, après un instant d'hésitation à fixer le fond du corridor désormais désert, l'enseignante nettoya la table et le petit bazar laissé par la tornade jaune d'un coup de baguette et se dirigea d'un pas décidé vers le bureau de la directrice de l'établissement. Elle ne pouvait pas garder cette information pour elle ; Aelle Bristyle était clairement dans une mauvaise passe et souffrait d'une... d'une quoi d'ailleurs ? En tout cas, il y avait un problème évident avec l'ancienne directrice. Quels rapports entretenait donc Kristen Loewy avec ses élèves ? Tout ceci semblait bien étrange. Dans tous les cas, la Poufsouffle avait besoin d'aide et il était peu probable, qu'elle se tourne de nouveau vers sa directrice de maison : quelque chose dans son comportement le soufflait à Sarah. Cela dit, les adolescents étaient parfois tellement étranges. Elina serait probablement de bons conseils.

@Elina Montmort pour la mention.

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Début Novembre, la jeune Poufsouffle eut probablement la surprise de voir un hibou portant à sa patte un petit paquet se poser devant elle un dimanche matin. Un simple petit mot se trouve dans une enveloppe sans fioriture était glissé à l'intérieur.

Certaines lectures peuvent paraître enfantines et pourtant, elles en disent long sur certains rêves vieux de tout temps. La magie n'est malheureusement pas toujours la meilleure des solutions. N'oubliez pas que nos émotions, toutes dérangeantes soient elles à nos yeux par moment, sont à la base de la magie et de nous même.

Bonne lecture.
Sarah Priddy


À l'intérieur se trouve un ouvrage fin à la couverture de cuir et aux pages usées témoignant de son grand âge. La page de garde révèlait au lecteur le titre de l'ouvrage, le sorcier au cœur velu, Beedle le barde, texte original. Sarah avait mis du temps à dénicher cet ouvrage chez un bouquiniste. La Galloise espérait que la jeune Brisytle arriverait à lire au delà de cette histoire d'amour à l'eau de rose ou plutôt à l'eau de snargalouf vu la conclusion pour comprendre le message que lui envoyait l'enseignante. Vouloir détruire les émotions étaient probablement une des pires idées possibles mais, connaissant les esprits têtus, Sarah sentait que son élève était capable de se lancer tête baissée, un jour ou l'autre, dans une quête stupide et dangereuse.


Fin pour moi. Merci pour ce RP éprouvant :wise:

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049