La Poufsouffle était en troisième année, ce qui expliquait pourquoi elle ne la connaissait pas. Elle sembla se relâcher un peu lorsque Unna lui dit que l'état de la rose n'avait pas d'importance. Elle eut l'air plutôt contente de cette invitation et prit place à la table.

La Serdaigle regretta un peu d'avoir engagé la conversation sur la Saint Valentin. Elle devait maintenant répondre à une question plutôt personnelle. Depuis Steve, on pouvait dire que sa vie sentimentale était inexistante et elle ne cherchait pas à ce qu'il en soit autrement. À quoi bon s'attacher à quelqu'un pour qu'il s'évapore ensuite.
- Moi aussi j'aime bien cette ambiance de Saint Valentin, même si je suis seule. Je ne cherche pas à ce que ça change, mais si ça me tombe dessus, je crois que je ne dirais pas non, répondit-elle en riant. Et toi, tu es avec quelqu’un ?
Si elle ne cherchait pas spécialement de Valentin, elle aimait beaucoup écouter les histoires des autres.

Elle décida de changer de sujet et s'engagea sur une pente moins glissante. Elle n'était pas très à l'aise lorsqu'il s'agissait de parler de sa vie amoureuse.
- Je me concentre surtout sur les études. Je m'intéresse beaucoup à l'Histoire de la Magie et à la Divination. Et toi, tu as des matières préférées ? Tu as choisi quelle filière ?

@Kate Hunter

J'étais d'humeur joyeuse... très joyeuse, même !!! Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de ma meilleure amie, et j'étais heureuse que la surprise que je lui avais préparé, dès son réveil, lui ai plu.
J'avais passé quelques heures, le premier jour des vacances à réfléchir au cadeau que je voulais lui offrir. Depuis l'été dernier, j'avais progressivement appris à connaitre la brune et notamment que nous avions des centres d'intérêt en commun : l'astronomie, enfin, bien plus pour elle, même si j'aimais également cette matière, la botanique et les potions, qui étaient une tradition familiale de mon côté, et plus récemment, le dessin.
Le dessin, c'était mon petit plaisir personnel, comme la musique était le sien. Mais au fur et à mesure, Ellana m'avait initiée à la musique, ce qui m'avait aidée pour l'apprentissage du langage des centaures qui nous étudions ensemble. Et je me plaisais à penser que son intérêt récent pour le dessin était du à mon influence. D'où le cadeau que je lui avait offert.

C'est donc d'un pas guilleret que j'entre dans la grande salle pour le petit-déjeuner, en compagnie de la nouvellement âgée de 14 ans.
- J'suis vraiment contente que ça t'plaise, tu sais., lui dis-je en prenant place à table pour commencer à me servir de quoi prendre un bon repas.
Après tout, ce n'était que le début d'une journée qui allait être concentrée sur mon amie.
- Et tu sais c'que va faire Lyna ? , dis-je en beurrant un toast grillé. On pourrait aller dans l'parc toutes les trois avec Lojae ?, complétais-je en ajoutant une couche de confiture.

Levant la tête, je regarde en direction de la table des Poufsouffle pour y trouver la tête blonde de la petite sœur de ma camarade. C'est alors que je vois un hibou de l'école qui semble se diriger vers la troisième année.
- Oh ! R'garde ! T'as du courrier !, l'informais-je.

Réveillée depuis quelques minutes à peine, Ellana avait été accueillie à son lit par sa meilleure amie, qui lui avait offert quelques cadeaux : une boite d'aquarelle, un kit pour dessiner et un beau livre sur comment dessiner les plantes, de quoi la ravir dès le matin et lui donner envie de prendre des cours d'aquarelle. Il y a cinq ans, la jeune fille n'aurait jamais pensé qu'elle aimerait dessiner et qu'elle prendrait du plaisir à peindre, redoutant toujours les moments où elle devait s'armer de ses crayons pour tracer des formes. Mais depuis l'année dernière, elle semblait avoir entamé un nouveau tournant de sa vie, parvenant maintenant à s'amuser en traçant des courbes, des droites, des cercles, parfois abstraitement d'autres fois avec des allures plus concrètes.

Elle n'aurait pu être dans un meilleur état, et l'euphorie emplissait son corps : si elle avait été en vacances chez ses parents, elle n'aurait pas été gâtée par Erin à son lever, et elle était étrangement contente d'être à Poudlard. Au fil des années, elle s'y était faite, à cette séparation avec ses parents, et bien que ce soit toujours un peu douloureux à chaque fois, le temps finissait toujours par passer et elle retrouvait ceux qu'elle aimait. Il ne restait par ailleurs que quelques mois avant la fin de l'année, qui apportait avec elle révisions, examens mais surtout le début des vacances scolaires. Cependant, elle savait qu'elle quitterait Londres une bonne fois pour toutes cet été-là, et étrangement, cette pensée lui faisait un peu d'ombre sur son visage radieux.

- J'ai trop envie d'essayer ! répondit-elle joyeusement. Elle ne s'était rarement sentie aussi bien, et elle avait l'impression de flotter sur son petit nuage, loin de toute la misère, la peur et la colère que le monde pouvait porter.

S'asseyant avec son amie, la jeune fille se servit deux œufs sur le plat qu'elle découpa vivement, le jaune se répandant un peu partout dans son assiette. Elle en prenait souvent, préférant ça aux tartines que se faisait la rousse, mais ce n'était qu'une question de goût et d'habitude : à force de manger salé le matin, il lui était devenu étrange de manger du pain au beurre et à la confiture. Mettant sa fourchette à la bouche, un bout de blanc coincé au bout et ayant trempé dans le jaune, elle savoura sa première bouchée avant de répondre.

- Non, j'sais pas, elle m'a rien dit dessus.. J'suppose qu'elle me dira tout en temps et en heure, commença-t-elle, avant de reposer sa fourchette dans son assiette. "Oui on peut aller au parc si t'as un peu d'temps..." Ellana ne savait pas où se trouvait sa sœur, mais, bien que le château était grand, elle pouvait se douter qu'elle dormait encore, profitant de son samedi matin pour rattraper ses heures de sommeil perdues. Et quand Lyna serait réveillée, ce serait plutôt elle qui réussirait à trouver les deux jeunes filles, la brune en était persuadée.

Le regard dans le vide au-dessus de son assiette, la jeune adolescente fut toutefois rappelée à la réalité par la voix de son amie, qui l'informait de l'arrivée d'un hibou : qui pouvait lui en avoir envoyé un ? Elle avait déjà fêté son anniversaire avec ses parents la semaine précédente, et même s'ils auraient pu lui envoyer une carte, le paquet que portait le hibou semblait bien plus lourd qu'un simple bout de papier décoré et griffonné de quelques mots.
- Merci, dit-elle, sans vraiment savoir si elle s'adressait au hibou ou à la rousse. Attrapant le paquet de forme rectangulaire, elle commença à en déchirer le papier pour découvrir son contenu : c'était un livre à la couverture vert pastel et aux nombreux motifs floraux avec comme titre Influence du Cosmos sur les plantes. Qui pouvait bien lui avoir envoyé un tel ouvrage ? C'était gentil de la part de la personne, et Ellana aurait bien aimé savoir qui remercier... Mais elle n'en savait rien, le livre n'étant accompagnée d'aucune carte.
- Tu sais qui peut m'avoir offert ça ? demanda-t-elle finalement à la rousse, intriguée de son nouveau livre.

Elle avait complètement délaissé ses œufs pour le cadeau qui lui était arrivé entre les mains.

Mon cadeau d'anniversaire ayant eu le succès espéré : cette journée s'annonçait donc géniale. Surtout que j'avais toute ma journée de libre pour la passer avec Ellana.
Il restait juste à savoir si Lyna, sa petite sœur qui était en première année à Poufsouffle, serait également disponible. Mais, pour le moment, l'ainée des sœurs ne savait pas ce que la blonde avait prévu. On aurait bien l'occasion de le découvrir plus tard.
Je commençais à connaitre Lyna de mieux en mieux. Même si on était dans des maisons et des années différentes, j'appréciais le caractère pétillant de la blonde, qui par moment, me ressemblait. Ellana semblait tellement calme à côté d'elle.
- Ma journée est entièrement pour toi ! Et si tu veux, on peut s'essayer à l'aquarelle ? On trouv'ra bien quelques fleurs à dessiner et mettre en couleur dans l'parc !, lui répondis-je en lui souriant.

Puis, j'observe la troisième année récupérer le paquet délivré par l'un des hiboux de l'école. Et le temps qu'elle l'ouvre, j'en profite pour finir ma tartine et me servir d'un bol de lait chocolaté.
- Non... aucune idée..., commençais-je à dire tout en regardant le petit livre qu'elle venait de déballer. Une chose est sure... C'est quelqu'un qui t'connais bien. La botanique et l'astronomie, c'est bien tes matières préférées, non ?, poursuivis-je avant de reprendre après un petit moment de réflexion. C'est p'être Lyna ? Non, elle te l'aurait donné en main propre, non ? hmm... p'être un ou une camarade de classe ?, proposais-je.

Radieuse, rien n'aurait pu ternir cette journée formidable, et Ellana voulait en profiter au maximum. La matinée n'était pas entamée depuis très longtemps : il n'était certes pas six heures du matin, car à cette heure-là, la jeune sorcière dormait paisiblement dans son dortoir, mais il n'était pas non plus midi, et elle ne voulait pas faire ses devoirs ce jour-là, donc elle aurait plein de temps.
- Merci beaucoup, répondit-elle à son amie, mais tu sais, si t'as pas envie d'rester toute la journée avec moi, c'est pas grave, dit-elle en rougissant. Elle ne voulait pas qu'Erin se sente obligée de lui tenir compagnie tout le temps car même si elle, ça lui plaisait, sa meilleure amie avait peut-être des choses à faire. "Oui, on pourra aller essayer ! On pourrait tenter d'illustrer notre herbier ?"

Cependant, la brune était bien intriguée par le paquet qui lui avait été envoyé. Elle ne voyait pas qui pouvait lui avoir fait une telle surprise, et surtout, pourquoi ne pas être venu lui donner en mains propres. Etait-ce justement pour l'étonner ?
- Oui, c'est mes matières préférées, dit-elle pensive. Ca m'étonnerait que ce soit Lyna, elle m'offre rarement des livres... Et à part mes camarades de classe, j'sais pas qui peut m'connaître assez bien, continua-t-elle de réfléchir.

Ce n'était pas possible que ce soit quelqu'un d'inconnu (ou un presque inconnu) qui lui ait offert un tel cadeau, reflétant si bien ses goûts. Ou alors, cette personne l'espionnait pour savoir ce qu'elle aimait mais cette pensée ne la rassurait pas vraiment : elle n'avait aucune envie d'être épiée à longueur de journée par un admirateur secret ! Ses camarades de promotion devaient, pour la plupart, connaître son attrait pour la botanique et pour l'astronomie, ayant des étoiles scintillant dans ses yeux quand elle allait à ces cours s'ils étaient un peu observateurs, mais elle ne voyait vraiment pas qui pouvait s'intéresser à elle au point de lui offrir un bel ouvrage. Miles, ce n'était pas possible, il l'avait aimé quelques mois mais ils avaient rompus juste après, la brune ne supportant pas son impatience... Elle aimait bien Canelle, mais les deux jeunes filles ne se parlaient que rarement et elle n'imaginait pas les autres filles de son dortoir lui offrir ce livre.
En fait, plus elle retournait le problème dans sa tête, plus elle se mettait des murs, bloquaient certaines solutions... Etait-elle passée à côté de la bonne personne ?

- J'vois pas qui dans ma promotion pourrait m'avoir offert ça... Je les connais, mais sans plus pour la plupart, dit-elle à son amie.

Samedi, c'était journée libre, pas de cours. Et comme aujourd'hui c'était l'anniversaire d'Ellana, j'avais prévu... rien ! J'étais disponible, entièrement, pour Ellana. Le travail scolaire attendrait bien le lendemain.
- Oh, ben, si tu veux pas d'moi... pas grave, j'irais voir Rosalia et Lapinou, tiens !, dis-je d'un ton un peu déçu avant de me tourner légèrement dans l'autre sens pour lui monter mon dos, style "puisque c'est comme ça, je bonde". Mais je me retourne vers elle au dernier moment, en lui tirant la langue. Pffff... franch'ment, tu penses vraiment que j'vais t'laisser passer TA journée toute seule ?, dis-je en insistant sur le "ta". J'serais une bien mauvaise amie... La seule chose qui pourrait m'empêcher d'être avec toi, c'est si j'étais en retenue ou malade à l'infirmerie... Et y'a peu d'chance qu'la première arrive, terminais-je en riant.
Puis, attrapant une nouvelle tartine, je commence à la beurrer puis la couvrir de confiture.
- Donc, tu t'débarrasseras pas d'moi ! On finit d'manger, on va chercher d'quoi dessiner et direction l'parc ! Et si on croise Lyna, on l'embarque !
Voici, le programme de la journée était fixé !

C'était sans compter sur le cadeau surprise. Le livre qu'Ellana avait reçu était un vrai mystère...
- Si c'est pas Lyna, c'est quelqu'un d'ta classe... Qui est au courant qu'c'est ton anniversaire aujourd'hui ?

Visiblement, son amie semblait vexée qu'Ellana lui ait dit que ce n'était pas grave si elle ne pouvait pas passer sa journée entière avec elle. Embêtée, la brune ne savait plus quoi dire suite à la remarque d'Erin sur Rosalia et Lapinou, et elle la prenait peut-être un peu trop au sérieux. Elle n'aimait pas beaucoup les farces et les blagues, trouvant la plupart qu'on lui faisait pas drôles et voyait là-dedans un manque de sérieux... Or, elle ne pouvait s'empêcher d'être un peu trop sérieuse et de prendre tout au premier degré, ce qui ne l'aidait pas forcément à sociabiliser davantage. Elle sentait le rouge lui monter aux joues et ne savait pas comment rattraper ses paroles qui avaient fait bouder sa meilleure amie le jour de son anniversaire. S'apprêtant à dire quelque chose, elle fut interrompue par Erin qui se retourna vers elle en lui tirant la langue.

Ah. C'était une blague. Rassurée qu'elle ne le pense pas vraiment, la jeune préfète sourit, le rouge de ses joues s'estompant tout aussi rapidement qu'il lui était monté. Elle était contente de ne pas se disputer le jour de son anniversaire, ça lui aurait vraiment mis un coup dans le moral, et elle se serait rabattue tristement vers Lojae ou Lapinou, des larmes manquant de défigurer son visage... Larmes qui ressortiraient sans nul doute la nuit, l'empêchant de dormir tranquillement et creusant d'affreuses cernes sur son visage.

- Tu m'as fait peur, dit-elle tout bas, un peu honteuse d'être tombée dans le panneau. "Mais j'suis contente qu'on puisse passer la journée ensemble, ça va être trop bien !"

Qui, dans sa promotion, pouvait être au courant que c'était son anniversaire ? Miles sûrement, Stella aussi mais ça faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas parlé, peut-être Canelle mais elles ne se croisaient pas souvent. Ca ne faisait pas beaucoup, peut-être Lyam aussi, il devait connaître ses goûts non ? Elle se rendait compte du peu d'amis qu'elle avait, de véritables amis, pas simplement des connaissances.

- C'est peut-être Lyam aussi ? 'Fin ça m'étonnerait qu'il ne m'ait rien écrit dans le paquet... Et à part Miles avec qui j'me suis disputée, Stella mais on s'est un peu éloignées, je vois pas...

Attrapant sa fourchette pour continuer son repas, elle prit une petite bouchée d'œuf, mais était toujours aussi perplexe face à ce hibou et son contenu si bien qu'elle mâchait lentement... Très lentement.

*oups...*
La troisième année avait pris ma tentative "puisque tu veux pas, c'est pas grave" plus au sérieux que je le voulais
- Désolée... c'était pas l'but... enfin, si... mais... enfin, j'voulais pas t'faire peur..., dis-je en poussant un soupire, j'étais en train de s'enliser comme dans un sable mouvant. Anniversaire ou pas, on passe déjà beaucoup de temps ensemble. Alors, bien sur que j'vais passer cette journée avec toi. Et pas parce c'est ton annif, mais parc'que c'est l'annif d'MA meilleure amie ! Pardonne moi pour ma blague... j'voulais vraiment pas t'blesser..., complétais-je en ayant un court moment d'hésitation avant de finalement serrer la brune dans mes bras. j't'aime trop, chuchotais-je à son oreille avant de m'écarter. Oui ! ça va être trop bien !

Resté que le mystérieux expéditeur du livre... Sa sœur ayant été écartée, il pouvait s'agir d'un ou une élève qui connait les goûts de la troisième année. Mais en cherchant, Ellana ne semble pas trouver qui ça peut-être.
- hmmm... T'as p'être un admirateur secret ? Trop timide pour laisser un message, mais qui t'connait bien... Lyam va être jaloux, tu crois ?, dis-je en lui adressant un clin d'œil taquin.

Puis, je poursuis mon petit déjeuner. C'est que j'allais avoir besoin d'énergie pour cette journée.
Après avoir mangé mes tartines de confiture, je remplis une assiette avec de l'omelette et du bacon grillé à point. Allez savoir pourquoi, il m'arrivais fréquemment de commence avec du sucré le matin.

Mince : maintenant, Erin s'en voulait de lui avoir fait cette blague. Décidément, la jeune fille n'était pas douée avec les mots et avec les personnes. Est-ce que ça existait, des cours pour apprendre à bien parler sans dire des choses de travers ? Ellana n'avait pas voulu que sa meilleure amie se sente mal à cause du fait qu'elle ait mis un petit temps avant de comprendre que c'était une blague et que ce n'était pas vrai... Les joues rouges, gênée, elle se laissa prendre par la rousse dans ses bras, hésitant un court instant avant de resserrer les siens autour d'elle.
- C'est pas grave... Désolée d'avoir pas compris, murmura-t-elle à son amie, inaudible pour toutes les autres personnes en train de petit-déjeuner.

Indifférente au fait que d'autres élèves aient pu les observer serrées l'une contre l'autre, la brune ne prêtait d'importance qu'à sa meilleure amie à côté d'elle. Ce n'était pas de l'amour qui les liait, elles étaient simplement proches, bien plus proches que la troisième année ne l'avait jamais été avec quelqu'un : pourtant, elles n'avaient même pas le même âge et ne partageaient que peu de traits de caractère ! La botanique était toutefois leur centre d'intérêt commun et c'était ça qui les avait fait s'entendre au commencement de leur relation, à la fin de l'année précédente. Le temps avait eu le temps de passer, et c'était ce même temps qui forgeait les relations.

- Euh.. pas très rassurant de se dire que quelqu'un m'observe et m'connait alors que je lui parle pas, répondit-elle. "T'fais pas d'idées sur ma relation avec Lyam" lui murmura-t-elle. Pourquoi serait-il jaloux qu'elle ait un admirateur secret ? Il n'y avait pas de raisons... si ? Elle lui avait peut-être écrit un petit mot à l'occasion de la Saint-Valentin, mais rien de plus ne s'était passé entre eux... Enfin, si elle ne se trompait pas.

Un peu perturbée par tout ça, la jeune fille finit par terminer de manger ses œufs au plat, qui avaient un peu refroidis dans son assiette. Se servant ensuite des haricots à la sauce tomate pour conclure son petit-déjeuner, elle les dégusta, pressée d'avoir fini pour aller découvrir son nouveau matériel de dessin dans le parc.

LE JOUR OÙ L'AUGUREY A CHANTÉ (SUITE)
Samedi 7 novembre 2048
À l'heure du déjeuner
@Eileen O'Brien & Ernest Stevens

La conversation qu’il avait eu avec le professeur Charleston avait-elle éclairé la lanterne de notre adolescent timide et discret ? Probablement pas. Dans la tête d’Ernest, les questions continuaient de s’enchevêtrer sans trouver de bonnes réponses. Mais les sentiments, les émotions, ce n’était pas comme les maths ou les potions. Peut-être qu’il n’y avait pas de recette à suivre. En tout cas, il n’y avait pas de manuel. Il avait cherché. La bibliothèque de Poudlard, si grande et fantastique soit-elle en était dépourvu.

Pourtant, lorsqu’il entendit le chant plaintif et langoureux de l’augurey de Mr Dawson, quelques rouages se mirent en action dans son cerveau. Il pensa à la pluie et à cet instant en cours de sortilèges. Ces quelques secondes passées sous un parapluie transparent. Avec elle. S’il n’était pas capable de mettre des mots sur ce qu’il ressentait, de définir clairement la nature de ses sentiments, il savait au moins une chose. Il ne voulait pas que ça s’arrête.

Était-ce les bons mots du professeur de botanique ou la plainte lancinante du phénix maigrelet et lugubre qui lui avait donné un élan de courage ? Quoi qu’il en soit, le chant de l’augurey annonçait la pluie. Et le petit brun se trouvait à présent debout près de la table des Serdaigle, ses doigts longs et fins tripotant nerveusement la tirette de son sweet, sous un plafond de ciel gris et orageux.

Il n’aimait pas le monde, il évitait généralement l’heure d’affluence dans la grande salle et déjeunait après les autres. Mais il n’avait pas voulu la louper. Et louper l’opportunité. Qui sait quand il pourrait à nouveau rencontrer ce genre de courage ? Se trouvant dans le dos de la rouquine, il se racla la gorge.

“Euh… Salut, Eileen… “

Les mots coincés dans sa gorge n'étaient pas en mesure de couvrir le brouhaha de la Grande Salle.

“Salut… Eileen…”

C’est qu’ils en faisaient tous du bruit pendant qu’ils mangeaient.

“SALUT EILEEN…”

Peut-être un peu trop fort cette fois-ci. Plusieurs têtes se retournèrent, plusieurs conversations se turent. Ses joues virèrent au rubicond et son regard gêné plongea sur la pointe de ses chaussures. C’est qu’il avait une fascination pour les pointes de chaussures. Surtout les siennes.