Hiver 2047~2048
Cours d'Astronomie
Un Rp en compagnie de @Lavinia W. Campbell

Malgré le vent frais qui frappait les hauteurs de la tour d'astronomie, une chaleur réconfortante y régnait à l'intérieur. Une douzaine de tables avait été placé en rond autour du bureau de l'enseignante et les télescopes s'étaient vus redressés vers les petits points scintillants du cosmos. Entre essoufflement et bonsoir en guise de politesse, les élèves de première année avaient alors peu à peu pris place sur leur tabouret respectif. Malgré l'heure tardive et la longue montée jusqu'à là tour, on pouvait sentir une excitation dans l'expression faciale de certains. En même temps, l'espace, ignorance même de l'humain ne pouvait qu'attiser curiosité pour les plus jeunes à l'imagination débordante.

Le cours débuta et après quelques commentaires sur le sillage blanchâtre que les enfants pouvaient apercevoir en levant la tête, les consignes furent données. Le bruit des pages de manuels se fit entendre et les exclamations de surprise retenues pour ceux qui collait leurs pupilles aux lentilles du télescope de même. Une succession de bruit qui suffit à cacher le long soupire du rouquin, qui avachit sur la table, n'avait guère dédaigné ouvrir son livre. Il avait le regard vide, comme un de ces détenus au bord l'échafaud et des cernes profondément ancrés. Sûrement se demandait-il se qu'il foutait là, lui dont la seule préoccupation fut de savoir de quel côté dormirait-il ce soir. Ou sûrement se questionner t'il sur les actuels agissements de sa voisine.

Il bailla, soulevant au passage quelques mèches de cheveux et s'adressa sans même détourner le yeux vers la cible de ses phonations.

- Humf... Bon tu regardes le télescope et je lis.

Oui, la paresse de Nowan ne se limitait pas à son corps, elle s'étendait jusqu'au ciel, où il touchait les étoiles par la force de ses rêves.

Lavinia s'était rendue en cours d'Astronomie en trainant les pieds. De tous les cours qu'elle avait déjà eu à Poudlard, c'était celui qui l'intéressait le moins. Contrairement à ce que lui avait répondu la professeur, elle ne comprenait pas en quoi cette matière était "magique", et donc avait sa place dans l'enseignement de Poudlard. Elle s'en désintéressait tellement que le fait de ne pas avoir eu un Optimal à son dernier devoir ne lui avait fait ni chaud ni froid... Peut-être aussi parce qu'elle savait que ce n'était pas sur une matière pareille que ses parents la jugeraient.

Entrant dans la salle de cours, Lavinia regretta d'avoir un peu abusé sur les couches. En plus de sa cape d'hiver, elle avait mis des collants chauds sous ses chaussettes et un pull à col roulé, agrémenté d'une écharpe et d'un bonnet. Mais il semblerait que la salle, bien qu'ouverte aux courants d'aires nocturnes, était un minimum chauffée magiquement. En s'installant à une place de libre, elle retira quelques-uns de ses accessoires devenus inutiles. Son regard s'attarda sur le télescope qui se tenait devant elle, avec un brin d'espoir. Est-ce qu'ils allaient pouvoir regarder le ciel, cette fois-ci ? Ce serait tout de même un minimum après avoir affronté le froid, la fatigue, et les marches d'escaliers pour venir à ce cours...

La jeune fille écouta cependant attentivement les explications du professeur, en mettant ses doutes de côté pour le moment. Elle grimaça cependant quand Mme Brennan se mit à parler de binômes. Lavinia jeta un coup d'oeil au camarade que le hasard lui avait choisi... Nowan James. Génial. Elle se retrouvait avec le plus amorphe des Serpentards de première année. Si on ajoutait à cela l'heure tardive, cela promettait... Alors qu'elle se demandait même si son binôme était encore réveillé, étant donné sa position avachie, un bougonnement émana de la chevelure rousse, qui ne prit même pas la peine de se retourner.

- Humf... Bon tu regardes le télescope et je lis.

Lavinia était sûre qu'il ne savait même pas à qui il parlait. Elle allait lui rétorquer que ce n'était pas lui qui donnait les ordres, avant de se raviser. Elle ne gagnerait rien à se disputer au milieu d'un cours. Et puis, elle ne le connaissait pas vraiment. Peut-être pouvait-il se montrer utile, quand il était réveillé. Si jamais cela lui arrivait, bien sûr. Agacée, la petite Campbell fit claquer sa langue contre son palais dans un geste de dédain et se tourna vers le télescope en soupirant.

- Articule au moins, sinon je vais rien entendre.

La jeune fille se pencha sur la lentille, mais ne voyait rien de bien fameux.

- On est censé voir quoi, d'ailleurs ?... Là, c'est tout flou...

Peut-être fallait-il faire jouer les lentilles et la netteté, comme la professeure leur avait expliqué... Lavinia s'y essaya, mais mit du temps avant de tomber sur une image nette, qui semblait fuir ses différentes tentatives. Elle pesta intérieurement. Si ce télescope était magique, pourquoi était-ce si compliqué à utiliser ? Un bon coup de baguettes magiques, et on en parlerait plus...

- Ah, je crois que j'ai un truc. Un amas blanc. C'est ça, tu penses ?

L'enfant à la crinière rougeoyante décida de faire la sourde oreille face à l'agacement audible de la jeune fille et, de ses frêles bras, il s’affaissa à trouver une position confortable pour dormir. Lorsqu'après avoir retourné son livre dans le sens la longueur et posé sa joue droite dessus, il répondit, pupille oscillant entre ténèbres et lumière, à la question de sa camarade, si on put la prénommée ainsi, de classe.

- La Voie Lacté.

Murmura-t-il à demi endormi sans se préoccuper de la pertinence de sa réponse. Et ce fut sur ses trois mots qu'il arrêta de donner le moindre signe vie. Seul le haussement régulier de ses épaules témoignait encore de son activité de mortel. Mais alors que le paresseux, regagnait peu à peu les bras de Morphée, une nouvelle interrogation fusa les airs pour l'en arracher in extremis.

Ses yeux s'ouvrirent. Il soupira. Puis non sans bâiller, il se redressa. Bien que le coin de sa bouche fut habité par un mince filet de bave, il semblait enfin réveiller. Cachées sous ses franges rousses, ses noisettes se posèrent sur la silhouette de celle qui avait interrompu son voyage inconscient. Une posture droite, un visage froid encadré par des cheveux d'un blond polaire, elle donnait le sentiment d'être inaccessible. Mais à la fois si fragile jugea-t-il en détaillant le profil squelettique de la fille. Quittant momentanément son siège pour coller son œil contre l'oculaire, il finit par lâcher dans un soupir :

- C'est franchement mal réglé.

Ses doigts jouèrent quelques secondes avec le bouton du zoom puis celui de la mise au point avant qu'il ne fasse un mouvement de la main, signe à sa binôme de se rapprocher.

- Tu avais trop zoomé, du coup on ne voyait pas tout.

Il décala un peu sa tête, pour laisser sa voisine constater le résultat d'elle même. Leur joue se touchant presque, il décrivit dans un bâillement :

- La bande blanche que tu vois... C'est la voie lactée.

Son regard endormi se posa une nouvelle fois sur le visage de la jeune fille.

- Tu ne serais pas dans ma maison à tout hasard ? , demanda t-il dubitatif après un instant de réflexion.



@Lavinia W. Campbell

Lavinia ne releva pas la première réponse du rouquin endormi. Bien sûr qu'elle savait qu'ils étaient censés voir la Voie Lactée, dans leur télescope. Mais à quoi devait-elle ressembler, agrandie par ce drôle d'outil ? Devant la piètre performance de la jeune fille, ou mu par l'agacement de l'entendre poser de multiples questions, Nowan daigna enfin se lever et s'intéresser un peu à ce que fabriquait sa binôme. Toujours aussi avare de mots, le garçon prit en main l'outil d'observation alors que Lavinia lui laissait temporairement la place, et commença à manier les différentes roues pour préciser l'image voulue. La jeune fille le regarda faire, un peu dubitative.

- C'est franchement mal réglé, soupira-t-il. Tu avais trop zoomé, du coup on ne voyait pas tout.

Lavinia prit la mouche, et afficha un air pincé que le rouquin ne sembla pas voir. Elle n'avait jamais utilisé de télescope de sa vie, bien sûr que c'était mal réglé ! Il n'était pas censé lire le manuel pour l'aider à l'utiliser correctement ? Ou bien Madame Brennan pensait-elle que n'importe quel enfant sorcier avait déjà fait joue-joue avec un instrument pareil ?... Agacée, Lavinia se pencha de nouveau sur l'objectif, en se disant que si Nowan se moquait d'elle, elle allait lui rentrer dans le lard... Avant de se raviser.

La lentille affichait un véritable tableau. Des paillettes blanches constellaient un ciel noir profond qui tendait pourtant vers des couleurs bleutées et rosacées. Lavinia se redressa pour comparer, effarée, la différence qui s'affichait entre la trainée blanche qu'elle voyait au loin et l'image sublimée par la lentille astronomique. Elle s'y replongea avec un plaisir insoupçonné, ignorant la proximité de la joue de son voisin. C'était magnifique. Un véritable collier féérique et nuageux d'étoiles scintillantes.

- La bande blanche que tu vois... C'est la voie lactée.

- C'est bien plus qu'une bande blanche... murmure la blonde, admirative.

Finalement, Lavinia changea drastiquement la vision qu'elle avait du rouquin. Un rouquin endormi et amorphe, certes, mais qui semblait plus doué qu'il n'en avait l'air. Avant qu'elle eut le temps de lui demander comment il avait appris à se servir d'un télescope, Nowan la devança.

- Tu ne serais pas dans ma maison à tout hasard ? demanda-t-il, avec son éternel regard endormi.

Lavinia papillonna des yeux, surprise. Il était sérieux ?... Il avait dormi depuis septembre ?... Mais en effet, cette discussion devait être la première qu'ils échangeaient depuis tout ce temps. Lavinia gloussa, amusée.

- Oh, bien joué. C'est la robe à doublure verte qui t'a mis sur la piste ?...

Elle rit un peu, avant de redevenir sérieuse, mais en gardant un petit sourire sur son visage. Elle ne voulait pas le vexer. S'il était doué en astronomie, il ferait un excellent binôme. Et puis, s'il était aussi doué qu'amusant, ça promettait... Elle lui tendit la main.

- Lavinia Wilhelmina Campbell, Serpentard. Et en première année, comme toi, précisa-t-elle, au cas où. Merci pour ton aide, je vais essayer de me débrouiller...

La jeune fille remit l'œil sur l'objectif pour plonger de nouveau dans cette image onirique. Maintenant que Nowan avait trouvé l'image souhaitée par la professeur, Lavinia se mit à tourner légèrement les manivelles, comme elle l'avait vu faire, pour comprendre chacune de leurs utilités et retomber à chaque fois sur une voie lactée nette.

- Je t'écoute. Que dit le manuel ?... Ou tu préfère qu'on échange tout de suite ?...

Ses pupilles se déposèrent sur la robe de la jeune fille puis un sourire traversa la bouille endormie du rouquin. La pénombre dans laquelle baignée la pièce avait eu don de lui faire omettre certains détails essentiels qui auraient pu répondre à sa question avant qu'il ne la pose. Sa main remonta derrière son crâne pour le gratter pensivement.

- Non plutôt ta langue de vipère, finit-il par rétorquer dans un petit rire.

Et il accompagna sa réponse d'un haussement de sourcil à la vue de cette paume de main que lui tendait la prénommée Lavinia . Elle dont le comportement lui avait paru aussi froid qu'un glaçon, voilà qu'elle sembler mettre son ton hautain de côté pour faire sympathie. Avec amusement, il la regarda pendre un instant dans le vide avant de la serrer mollement, ses noisettes plongées dans ses émeraudes.

- Lavinia suffira.

Il afficha un dernier sourire avant de rejoindre sa chaise et de s'y affaler dedans avec soupire. Il avait omis de se présenter, mais cela n'avait guère d'importance. Il devait bien être le seul de cette classe à ne pas connaître les noms de chacun après plusieurs mois en leur compagnie.

Alors qu'il s'apprêtait à remettre un pied dans le domaine de l'inconscience, laissant les boutons du télescope à la merci des doigts de la Serpentard, une énième question lui fit lâcher un pouffement de rire.

- Je ne sais pas, malheureusement, il ne parle pas.

Le rouquin se redressa un peu plus de son dossier, s'étira et ajouta d'un clin d’œil taquin :

- Échangeons les rôles, je suis sûr qu'il sera plus bavard avec toi.

Et rejoignant pour la deuxième fois du cours la grosse lunette, il déposa son œil dans l'oculaire pour admirer la trace blanche scintillante du ciel. Quelques minutes passèrent dans le silence avant qu'il n'énonça à voix haute ses interrogations, la pupille droite toujours accrochée à la lunette :

- Dis... Lavinia, tu penses que là-haut, il y a des gens ?

Dans un murmure il ajouta presque inaudiblement, d'une voix éteinte :

- Un monde où les sorciers n'ont pas à se cacher ?


@Lavinia W. Campbell

Pendant un bref instant, Lavinia crût qu'il n'allait pas lui rendre sa poignée de main. Finalement, elle mit la lenteur de sa réaction sur le compte de son endormissement imminent, et se détendit un petit peu. Les petites piques qu'il lui envoya la fit même sourire. D'autant plus que c'était la seconde fois qu'on lui disait qu'elle avait une langue de vipère... Elle allait finir par en être fière, si elle l'entendait encore une fois. C'était tout elle, ça. Si elle était sur ses gardes, méfiante ou inquiète, la moindre critique la faisait monter au plafond, alors que lorsqu'elle avait décidé qu'elle serait bien lunée, elle prenait cela comme un jeu, et même un signe d'affection.

Suite à la proposition de Nowan, Lavinia échangea de place pour commencer à lire le manuel, avec un petit pincement au cœur, cependant. Elle n'allait sans doute rien apprendre si elle restait accrochée au télescope à admirer la voie lactée, mais c'était tellement beau, à travers le verre magique. La jeune fille tourna les pages pour trouver le sujet du jour, et fût satisfaite de voir qu'elle troquait la vue réelle d'une partie de la galaxie par une très belle représentation complète, peinte et animée magiquement. Elle commença à lire.

- Alors... La Voie lactée, aussi nommée la Galaxie, avec une majuscule, précise-t-elle pour son auditeur, est une galaxie spirale barrée qui comprend entre 200 et 400 milliards d'étoiles, et sans doute plus de 100 milliards de planètes. Elle abrite notre système solaire et donc la Terre. Son diamètre est estimé à 100 000 à 200 000 années-lumière. Le système solaire se situe à environ 27 000 années-lumière du centre de la Voie lactée, lequel est constitué d'un trou noir supermassif. ¹

Lavinia plissa les yeux, dubitative. Elle n'avait jamais eu de cours d'astronomie avec ses percepteurs. Ou en tout cas, le strict minimum. Elle savait que la terre était ronde, par exemple, qu'elle tournait autour du soleil, elle pouvait même citer toutes les planètes du système solaire, dans l'ordre, et les associer aux dieux grecs et latins. Mais pour le reste... Rien. Autant dire qu'elle n'avait pas bien compris ce qu'elle venait de lire. Elle jeta un petit coup d’œil à la professeure, mais n'osait pas poser de question et avouer son ignorance. Comme un trou noir pouvait être si lumineux, sur l'illustration ? Et ça faisait quelle taille, une année lumière ? Un hectare, ça faisait cent kilomètres de longueur. Donc une année-lumière, c'était ce qu'il y avait au-dessus ? Cent hectares ? Ou peut-être que ça valait une seconde-lumière, avant... Et pourquoi parlait-on de temps pour donner une distance ?...

Alors que Lavinia contemplait cette drôle d'unité de mesure qui l'avait coupé dans sa lecture, elle entendit Nowan s'interroger sur tout autre chose.

- Dis... Lavinia, tu penses que là-haut, il y a des gens ?

Puis il marmonna quelques choses encore plus bas à propos des sorciers, que Lavinia n'entendit pas. Elle allait lui demander de répéter et de faire l'effort d'articuler, mais se retient. Elle avait décidé qu'elle se montrerait sympathique avec Nowan. Et cela n'allait certainement pas dans ce sens, de le forcer à dire tout haut ce qu'il pensait tout bas. Elle ne souligna donc pas la dernière phrase, se disant qu'au pire, il répéterait de lui-même, et réfléchit un peu à sa question.

- Pourquoi il y en aurait ?...

Sa question, certes brutale, était pourtant sincère. Pourquoi y aurait-il des gens dans le ciel ?... Les connaissances de Lavinia du monde spatiale était vraiment limitée. Alors, certes, elle pouvait faire l'effort de s'imaginer qu'il existait d'autres planètes. Mais que d'autres personnes, comme elle et lui, y vivaient, peut-être même des sorciers, lui semblait étrange. Elle n'avait pas conscience de l'immensité de l'univers, et avait déjà du mal à imaginer des sorciers sur d'autres continents, alors sur d'autres planètes...

Elle lève pourtant le regard vers le ciel, comme pour chercher la réponse à la question de Nowan.

- On le saurait, je pense, s'il y avait d'autres planètes habités, depuis le temps... Mmh... Tu crois qu'on peut transplaner d'une planète à l'autre ?... Si c'était le cas, on aurait eu la visite de sorciers extra-terrestres depuis longtemps, je pense... En tout cas...

Lavinia feuillette son manuel et fait l'aller-retour entre le sommaire et les chapitres concernées rapidement.

- ... Le manuel en parle pas... Tu y crois, toi ?...

1 - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Voie_lact%C3%A9e

La jeune Serpentard paraissait bien plus sceptique quant à la question d'une possible vie ailleurs. Le rouquin décrocha sa pupille de l'oculaire, abandonnant le tableau de points blancs, pour faire face aux interrogations de sa voisine. Elle qui avait traduit son esprit terre à terre d'une réponse brutale levait maintenant ses émeraudes vers le ciel que Nowan venait de quitter.

- Comme on ne peut pas transplaner dans un endroit où on n'a jamais été, j'imagine que non, haussa-t-il des épaules.

Il s'attarda un moment sur la bouille de Lavinia un moment, la pensée que la fille devait être une née moldue pour ne pas avoir connaissance de cela, puis rejoignit son télescope, laissant celle au visage de princesse feuilleter son manuel. Cela ne dura pas longtemps avant que cette dernière, faute de réponse, ne lui en retourne la question.

- Et bien... Tu as dit qu'il y avait plus de... Il prit un instant pour se remémorer du chiffre puis reprit, 100 milliards de planètes dans la Galaxie, alors je me dis... pourquoi pas ?

Il se tut et reporta son attention sur la mer de coquillages blancs qui s'élevait au-dessus de lui. Malgré qu'il eût la tête dans les étoiles la plupart de son temps, ses yeux laissaient transparaître une certaine délectation de ce paysage et lorsque, après quelques minutes de contemplation dans le silence, la professeure indiqua de nouvelles directives, une petite pointe de déception lui piqua le cœur.

- Vénus... Hum... , sa main rejoignit l'arrière de son crâne pour le gratter, tu viens chercher avec moi ?

Il se redressa, atténua les douleurs qu'avait provoquées le prolongement de sa position par un étirement et fit un pas de côté pour laisser place à la petite princesse.

- Normalement, c'est celle qui brille le plus... , il pointa nonchalamment son doigt vers le ciel, peut-être regarder de ce côté-là-bas ?

Laissant Lavinia à son exploration et ses recherches, le rouquin se permit, les noisettes contemplant l'immensité de l'espace, de lâcher quelques élucubrations.

- J'aimerais bien avoir ma propre planète... Une planète remplie d'oreillers et de doudous où je peux dormir quand je veux sans qu'on vienne me déranger, pas toi ?


@Lavinia W. Campbell

Duo de vipères : 753 Mots

- Comme on ne peut pas transplaner dans un endroit où on n'a jamais été, j'imagine que non.

Lavinia leva un sourcil, dubitative devant le ton utilisé par le rouquin et le regard qu'il posa ensuite sur elle. Il la prenait pour une imbécile ? Bien sûr qu'elle savait cela. Mais il y avait bien eu des hommes qui avaient marché sur la lune, et les moldus envoyaient même des fusées dans l'espace ! Et il allait lui faire croire qu'aucun sorcier n'était jamais allé visiter les planètes voisines, n'avait jamais déposé un seul portoloin ?... Cela lui semblait peu probablement. Et si c'était le cas, quel échec pour la communauté sorcière, de s'être ainsi laissé doublée par de simples moldus ! Ou bien, au contraire, cela prouvait qu'il n'y avait rien d'intéressant à y faire.

Malgré ses doutes, la blondinette, songeuse, regarda Nowan qui fixait le ciel nocturne de son visage rêveur, à la recherche d'une planète habitée par d'autres sorciers. La pragmatique Lavinia le trouvait vraiment bizarre... Et en même temps, elle ne pouvait pas s'empêcher de l'envier un tout petit peu. Apprendre à rêver n'avait certainement pas fait parti de son éducation, et même si cela semblait être idiot, cela avait au moins le mérite de se faire poser des questions qu'on ne se serait jamais posé auparavant...

L'intervention de la professeur vient sortir les deux enfants de leurs contemplations respectives, Nowan de la mystérieuse Voie Lactée, et Lavinia de cet étrange enfant rêveur. Suivant la proposition de son camarade, les deux élèves échangèrent leur place devant le télescope. Lavinia se concentra cette fois-ci. Nowan lui avait montré comment gérer la netteté et le zoom de la lentille, elle s'appliqua donc à trouver l'étoile demandée en montrant qu'elle avait bien compris le fonctionnement de l'engin. Concentrée sur les aspects techniques, elle en oublia presque de savourer encore un peu la beauté de la nébuleuse.

- Normalement, c'est celle qui brille le plus... Peut-être regarder de ce côté-là-bas ?

Lavinia leva le regard du télescope pour suivre le doigt du Serpentard. Effectivement, il pointait bien vers une étoile qui brillait avec bien plus de force que les précédentes.

- Oh, mais je la connais ! C'est l'étoile du berger !

La jeune fille papillonna des yeux, surprise. L'étoile du berger était une planète ?... Elle et Vénus ne faisaient qu'une ?... Hé bien... Elle n'était pas sûre de savoir si cette information était vraiment utile, mais c'était toujours bon à prendre. Replongeant son attention à travers le télescope, elle le tourna doucement dans la direction de l'étoile. Jouant sur le zoom, elle trouva l'étoile et l'agrandit tout en ajustant la netteté pour obtenir une belle vue sur l'astre en question.

- C'est bon, je l'ai.

Alors qu'elle allait lever la main pour informer leur professeur, comme elle leur avait demandé, Nowan repartit dans ses questions étranges issues de ses rêveries sorties de nulle part.

- J'aimerais bien avoir ma propre planète... Une planète remplie d'oreillers et de doudous où je peux dormir quand je veux sans qu'on vienne me déranger, pas toi ?

Lavinia pouffa, amusée par cette question encore plus farfelue que les autres, mais décida de jouer le jeu. Elle ferma les yeux et imagina la planète décrite par Nowan. C'était chaleureux, confortable et agréable. Mais ça manquait un peu de piment.

- Ah ah, ça serait chouette ! Avec des baldaquins à rideaux géants pour se cacher des visiteurs... Ou de la famille. Ou du soleil, mieux ! Parce qu'il n'y aurait pas de visiteurs qui s'inviteraient sans qu'on les ait invité ! Des montagnes de coussins avec des tunnels de traversins à explorer... Des peluches de toutes les couleurs, et de toutes les tailles ! Mais pas de poupées, c'est nulles, les poupées.

Les seules poupées que Lavinia connaissait étaient celles de collections de sa mère et de ses grands-mères. Des poupées en porcelaine portant des robes sur mesures créées par des stylistes pour des prix exorbitants, enfermées dans des vitrines de verre qu'elle n'avait pas le droit d'ouvrir. Des poupées de décoration tristes, fragiles, isolées. Et dont les regards la terrifiaient sitôt la nuit tombée.

- Et les mers, ça serait des matelas gonflables, qui tanguent doucement, comme si ils nous berçaient, mais pas en plastique, en vrai tissus tout doux...

Lavinia ouvrit les yeux et rougit un peu, réalisant les bêtises qu'elle racontait. Voilà qu'elle se mettait à dire des choses parfaitement ridicules, elle aussi... Et ce, en plein cour d'astronomie... Si ses parents l'entendaient...