L'idée d'essayer son balai avant le prochain cours semblait plaire à la Poufsouffle. Mais son enthousiasme fut de courte durée, et avant que Rafael n'ait pu lui demander la raison, elle la lui donna. Elle ne pouvait pas venir avant le début de leurs cours car elle serait avec Samuel pour les Soins aux Créatures Magiques. Mais elle lui proposa très vite une autre alternative, passer le mardi pour essayer son nouveau balai en toute sécurité. Le professeur de Vol prit le temps de réfléchir quelques instants avant de répondre:

« — Oui, ce serait possible mercredi, je reprends les cours avec les quatrième années à partir de 15h. Vous pourriez me retrouver sur le terrain à 14h, cela nous laissera le temps d'essayer ce balai. »

Cette idée semblait leur convenir à tous les deux et Rafael se le nota dans un coin de sa tête afin de ne pas oublier. De son côté, Deryn ne risquait pas d'oublier tellement elle semblait enthousiaste à l'idée de revenir essayer ce balai. Elle finit par remercier son professeur et s'en alla avec son balai remis à neuf. Rafael était heureux de voir ce sourire sur le visage de la jeune fille. Donner une seconde vie à ce balai semblait la ravir et c'était beau à voir. Il la laissa quitter son bureau en la saluant à son tour et retourna alors à ses occupations.

Merci Deryn, profitez de ce nouveau balai.

Toc toc toc. Je frappe trois petit coups déterminés contre le panneau de bois, puis je recule d'un pas en attendant un quelconque signe qui m'autoriserait à entrer. A en croire les horaires affichés sur la porte, moi qui suis passée spontanément par ici, ai la chance de tomber sur un moment où le professeur Mason est probablement présent. A voir si le parchemin dit vrai...

Ah, et bien de toute évidence oui : voilà le fameux signe. Sans attendre plus longtemps, j'abaisse la poignée et lance d'un ton léger :

"Bonjour Monsieur, c'est moi !"

Captain obvious bonjour, je doute qu'il doute que ce soit moi, maintenant que je suis entrée ! Mais bon. Sans pour autant me défaire de ma bonne humeur, je parcours la pièce d'un coup d'oeil curieux. Elle ne ressemble pas particulièrement à son bureau de directeur de Gryffondor chez nous, je trouve. En tournant la tête vers la droite, mon regard reste un moment scotché à l'immense étagère remplie de livres et je ne peux m'empêcher de m'exclamer :

"Oh ouah, quelle collection ! Ce sont tout des livres sur le vol ? Vous avez tout lu ?"

Je plisse les yeux en essayant de distinguer quelques titres. Est-ce vraiment moi qui suis en train de m'enthousiasmer devant un mur plein de livres ? Moi, qui suis vraiment tout sauf un rat de bibliothèque en temps normal (et même en temps anormal) ? Eh bien il faut croire que oui. Mais avant de me laisser totalement distraire, je me force à reporter mon attention sur le professeur.

"Enfin en fait, ce n'est pas pour ça que je suis venue. J'ai quelques questions concernant ISMI, le métier de joueur de Quidditch, mon orientation post-Poudlard de manière un peu plus générale... et j'espérais que vous pourriez y répondre."

Je marque un instant de pause avant de continuer. Déjà pour attendre la confirmation de la part du professeur que je peux y aller avec mes questions, et puis aussi parce qu'à vrai dire, j'ai tellement de questions à poser qu'il faut que je fasse un tri mental et que je me décide par où commencer. Peut-être que ça aurait été intelligent de le faire avant de débarquer ici... mais je n'y ai pas pensé. Et puis maintenant que je suis là... ben voilà.

Cela ne faisait que quelques jours que les cours avaient repris mais Rafael avait pas mal de travail à réaliser dans le week end. En tant que directeur de maison, il avait plusieurs tâches à réaliser en lien avec cela et il y avait aussi les entretiens de début d'année avec les sixièmes année. Tous n'avaient pas obtenus les notes nécessaires pour poursuivre sa matière et il avait donc du les recevoir dans son bureau. Pour l'heure, il avait décidé de ce concentrer sur les corrections des premiers devoirs de l'année qu'il avait reçus.

Alors qu'il lisait un paragraphe sur l'histoire de Quidditch, il entendit que l'on frappait à la porte. Avant qu'il ne puisse l'ouvrir à l'aide de sa baguette, une élève poussa la porte et Rafael reconnut Leo Ginger, la capitaine de l'équipe de Quidditch de Poudlard. L'enseignant l'accueillit avec un sourire et répondit à ses première interrogations.

« — Bonjour Leo, je suis content de vous voir, vous avez passé un bon été?Il fit une pause avant d'ajouter: Non, je n'ai pas encore eu le temps de tout lire. Ces livres ne sont pas à moi mais ceux que j'ai lu sont très intéressants, je suis certain qu'ils vous plairaient. Ils ont tous un lien avec le Vol, en effet.

Rafael se doutait que la jeune fille n'était pas venue dans son bureau pour lui parler de la collection de livres qu'il avait. Alors qu'elle reprenait la parole, l'anglais lui fit signe de s'installer sur l'un des fauteuils en face de son bureau. Rafael lui sourit de nouveau avant de lui répondre:

— Je me demandais à quel moment vous vous décideriez à venir m'en parler. Je me doutais que vous auriez des questions à ce sujet. Je vous en prie, nous pouvons en parler. »

"Globalement oui, merci. Même si je dois dire que voler sur mon Comète, ça m'a manqué."

Je souris doucement, tandis que mon regard balaye à nouveau les étagères emplies de livres lorsque Monsieur Mason les évoque.

Je m’installe dans le fauteuil désigné et mon attention quitte les livres pour se porter sur le professeur de vol. Oh, alors il s’attendait à ce que vienne lui parler au sujet du Quidditch professionnel ? Hum… en vue de la ferveur avec laquelle je me suis enfoncée dans cette idée au cours des dernières années, cela doit probablement être assez prévisible. Je me racle la gorge avant de commencer.

« Oui, alors du coup le Quidditch professionnel m’intéresse. Mais je sais pas à quel point c’est… réaliste. Fin je veux dire qu’à Poudlard on s’entraîne entre nous, y a pas de coach. J’imagine que c’est pour ça qu’il faut passer par l’ISMI. Enfin est-ce que c’est obligatoire de passer par l’ISMI ? Parce qu’on trouve des joueurs jeunes, genre de 18 ans, dans les équipes professionnelles, ils peuvent pas y avoir été très longtemps… Et même en allant à l’ISMI, quelles sont les chances d’être pris dans une équipe après ? Une équipe professionnelle, je veux dire. »

Je m’interromps un moment, je crois que j’ai dans un premier temps balancé assez de questions. Je crois avoir résumé les grandes lignes des interrogations qui me trottent dans la tête.

La réponse de Leo sur ses vacances fit sourire Rafael. Il était évident qu'elle adorer le Quidditch et voler sur son balai, il n'avait aucun mal à s'identifier à cette jeune fille. Il aurait eu le même genre de réponse si son professeur de Vol de l'époque lui avait posé la question. Alors qu'elle s'asseyait en face de lui, il eut l'impression qu'elle ait étonné de sa réponse mais ne sembla pas s'en formaliser. Elle répondit aux questions posées.

Ainsi, c'était le Quidditch professionnel qui l'intéressait. Était-ce vraiment étonnant? Rafael n'était pas encore arrivé à Poudlard à ce moment là mais il connaissait le parcours de Leo dans l'équipe de Quidditch. Elle avait intégré l'équipe quelques mois à peine après son arrivée alors qu'elle était en première année. L'année suivante, elle avait joué un match en tant que capitaine remplaçante et à seulement treize ans, elle était devenue la capitaine officielle de l'équipe de Gryffondor. Depuis cette nomination, Gryffondor n'avait perdu qu'un seul match et avait gagné les deux dernières coupes. Il fallait être aveugle pour ne pas remarquer le don de cette sportive. Elle n'avait certes pas gagné ces matchs seuls mais Rafael savait qu'un bon capitaine était indispensable pour remporter des matchs. Rafael attendit qu'elle termine ses questions pour répondre:

« — Devenir joueur ou joueuse de Quidditch professionnel n'est pas évident en effet. Il faut avoir un très bon niveau en Vol tout au long de son cursus et s'être fait remarqué pendant des matchs.

En général, les très jeunes joueurs que l'on remarquait dans les équipes de Quidditch étaient remarqué grâce à une personne qui connaissait des joueurs. Le bouche à oreille était très présent dans ce sport. Rafael reprit:

— Pour être honnête, cela fonctionne beaucoup au bouche à oreille pour les joueurs qui ne passent pas par l'ISMI mais c'est assez rare. L'autre manière de se faire connaître est, en effet, de passer par cet institut. Régulièrement les sélectionneurs des équipes se rendent à l'institut pour dénicher des jeunes pepites.

Rafael fit une nouvelle pause. Il ne voulait pas donner de faux espoirs à la Gryffondor mais une idée traversa son esprit et après quelques secondes il ajouta:

— En l'occurrence, je connais les sélectionneurs de l'équipe de Quidditch d'Écosse et celui des Harpies de Holyhead. J'ai travaillé au sein de la première équipe et ma petite soeur est très amies avec une joueuse de l'équipe des Harpies. Je ne dis pas que je vous offrirai un poste dans l'une de ces deux équipes mais si vous le souhaitez, je pourrais peut-être essayer de leur en toucher deux, trois mots. Il est déjà arrivé que des personnes extérieures à Poudlard viennent voir des match dans le château. »

Rafael savait que la jeune fille était suffisamment mature pour comprendre qu'il pouvait parler de son cas mais il n'était en aucun cas décisionnaire des recrutements de l'équipe. Il souhaitait seulement l'aider du mieux qu'il le pouvait. Il avait remarqué le talent de la jeune fille sur un balai et serait heureux de la présenter aux sélectionneurs en question.

Je hoche la tête. Deux, trois fois même, tout en réfléchissant à ce que Monsieur Mason est en train de dire. Oui, j'imagine bien qu'un bon niveau de vol soit nécessaire.

"Ce sont avant tout des sorciers britanniques à l'ISMI ? Fin d'anciens élèves de Poudlard, du coup ? Ou est-ce qu'il y a aussi des étudiants internationaux ?"

Après tout, ça change. Si dans trois ans, mon dossier sera parmi ceux des autres actuels cinquième année de Poudlard - entre Quidditch, courses et cours de vol, je crois que je dois déjà avoir vu la grande majorité d'entre eux sur un balai -, ce n'est pas la même chose que s'il se retrouve parmi ceux de joueurs de Quidditch de tous les pays du monde...

"Vous savez à peu près quel pourcentage d'étudiants pris à l'ISMI avec l'objectif de devenir joueur de Quidditch est pris dans une équipe professionnelle ?"

Enfin peu importe le pourcentage en réalité. Si je parviens à mettre les pieds - ou plutôt le balai -dans l'Institut des sports magiques d'Irlande, je me ferai en sorte d'en ressorti avec mes objectifs en poche, parole de Gryffondor.

Quand j'entends Monsieur Mason évoquer le recruteur de l'équipe d'Ecosse et des Harpies de Hollyhead, je ne retiens qu'avec peine un grand wow admiratif. Quelle chance ! Même si en y réfléchissant, ce n'est peut-être pas si étonnant que Monsieur Mason ait des contact dans le domaine, après tout il est professeur de vol. J'allais lui demander quelle genre de travail il faisait dans l'équipe d'Ecosse, quand vient la suite de sa phrase Et pour le coup, quitte à avoir la bouche à demi ouverte, j'aurai adoré que ce soit pour quelque chose de pertinent. Au lieu de ça, je ne peux que regarder Monsieur Mason avec un mélange d'étonnement et d'émerveillement devant me donner l'air bien idiot.

"Sé-... sérieusement ?"

Pas que je crois qu'il s'agisse d'une blague, mais j'ai besoin d'assimiler sa proposition. Enfin, je sais bien que Monsieur Mason n'est pas recruteur et que "toucher deux, trois mots" ne veut pas dire que cela donnera quoi que ce soit. Mais si le fait de connaitre les recruteurs c'était wow, ça, ça doit être quelque chose comme wouuaaaaaaahyeaahyahh !!! Cette fois, j'ai carrément envie de bondir de ma chaise pour prendre Monsieur Mason dans les bras. Il vient de proposer de toucher deux, trois mots sur moi au recruteur de l'équipe d'Ecosse et celui des Harpies de Holyhead !

"Par Merlin, les Harpies de Holyhead !!"

Whoups. La pensée a dû être tellement forte qu'elle m'a échappée à voir haute. Je me sens rougir tandis que je tente de rattraper mon coup :

"Enfin je veux dire, ce serait vraiment super super suuuper génial de votre part, j'adorerais ! "

Un grand sourire barre mon visage. Oh et au fond, pourquoi pas lui expliquer l'étende de mon enthousiasme.

"Vous savez, jouer pour les Harpies c'est mon grand rêve depuis des années."

Eh oui, la capitaine de Gryffondor aimerait un jour brandir la batte en portant une robe verte !

Leo semblait très attentive à ce que lui disait son directeur de maison. Elle acquiesçait au fur et à mesure qu'il parlait et se permit de poser des questions pertinentes. L'ISMI était une école très réputée et n'accueillait pas seulement des élèves de Grande-Bretagne. Beaucoup de sorciers de l'ouest de l'Europe envoyait leur candidature pour cette école et il n'y était pas forcément aisé d'y entrer, mais Rafael avait bon espoir en Leo. En revanche, pour la seconde question, Rafael n'avait aucune idée de ce pourcentage, il pouvait en revanche avoir une idée en comparant avec l'année où lui avait été étudiant dans cet école.

Il avait réfléchi à tout cela au fur et à mesure qu'il parlait des sélectionneurs des deux équipes mais n'eut pas l'opportunité d'y répondre aussitôt. Le visage de Leo laissait transparaitre toutes les émotions qu'elle ressentait en entendant les paroles du professeur de Vol. Sa bouche était entrouverte depuis quelques secondes maintenant et il avait l'impression que ses yeux pétillaient d'excitation. Elle n'en croyait pas ses oreilles et du demander à Rafael s'il était sérieux. Ce-dernier ne put s'empêcher de laisser échapper un sourire devant sa réaction. Elle répéta le noms de l'équipe de Quidditch et une petite teinte rosée colora son visage. Aucun doute, la Gryffondor était totalement pour cette proposition. Elle le formula à voix haute avant de révéler à Rafael que jouer avec les Harpies de Holyhead était son rêve depuis quelques années.

Rafael n'était pas très étonnée de cette révélation. Cette équipe était inspirante pour les jeunes sorcières de Grande-Bretagne. Elle n'avait toujours compter dans son équipe que des femmes et était reconnue pour ses talents. Le directeur de Gryffondor n'avait aucun mal à imaginer Leo armée de sa batte, vêtue avec leur robe. Un nouveau sourire apparu sur son visage en visualisant cette scène. Il attendit que le émotions redescendent un petit peu avant de répondre:

« — Alors ... Reprenons dans l'ordre. Concernant l'ISMI, elle n'accueille pas seulement des sorciers de Grande Bretagne. Elle est assez reconnue dans le monde sorcier et attire beaucoup d'élèves d'Europe de l'Ouest. Néanmoins, il y a une majorité d'élève de Grande-Bretagne oui. Pour ce qui est des projets professionnels des élèves, je ne peux pas trop vous dire avec précision, cela change d'une année à l'autre. Lorsque j'y étais, je dirais qu'un bon tiers voulait être joueur professionnel, mais cela reste fluctuant bien entendu.

Rafael fit une petite pause pour laisser le temps à Leo de se faire à l'idée. Elle avait toutes ses chances mais devenir joueur de Quidditch professionnel n'était pas facile et cela demandait de la rigueur et beaucoup de volonté. Il reprit ensuite:

— Oui, j'étais bien sérieux. J'imagine que je devrais en parler à la direction de Poudlard avant mais ils n'auraient aucune raison de refuser. Et ... vu votre enthousiasme, j'ai bien compris que vous ne vous y opposeriez pas non plus.

Il lui offrit son plus beau sourire avant de reprendre:

— Je ne suis pas vraiment surpris que les Harpies de Holyhead soit l'une de vos équipes préférées. C'est une très bonne équipe. »

A nouveau, j'acquiesce, tandis que j'assimile les informations fournies par le professeur de vol. Peut-être que cela fait plus de concurrence pour entrer à l'ISMI, mais j'imagine que c'est une bonne chose, que l'école accueille des étudiants d'un peu partout. Je suppose que cela doit être enrichissant à double-sens : autant, l'internationalité est un point positif que l'école peut exposer, autant c'est attirant pour les étudiants, qui peuvent compléter leur apprentissage en se confrontant à des influences d'ailleurs.

Non, c'est clair : ce n'est pas moi qui vais m'opposer à la proposition de Monsieur Mason - ce que je confirme en affichant un sourire encore plus large (pour autant que cela soit seulement possible).

"Vraiment, merci !"

Puis je rebondis sur le sujet des Harpies :

"Oh oui, elles sont géniales ! A vrai dire, c'est pas juste parce qu'elles sont douées que je les apprécie autant. C'est aussi parce qu'elles dégagent quelque chose de... je sais pas, quelque chose qui casse un tas de vieux clichés idiots qui n'ont plus rien à faire en 2047, mais qu'on rencontre pourtant encore… Et le fait qu'elles ramènent de bons résultats dans la Ligue, ça rend que le tout encore plus beau."

Même si mon vis-à-vis est non seulement mon professeur, mais également mon directeur de maison et que par conséquent, ce n'est peut-être pas le sujet de discussion le plus classique dans ce rapport-là, je sens que je pourrais m'étaler encore bien plus en parlant de Quidditch et des équipes de Grande-Bretagne comme je pourrais le faire avec n'importe quel élève du château. Ou presque. Mais je me retiens et préfère me focaliser à nouveau sur l'objet de ma venue. Parce que si la proposition de Monsieur Mason a fait prendre un tour positivement inattendu à la visite, il y a encore un point qui me préoccupe.

"Monsieur, j'ai encore une dernière question. J'ai mon Comète 260 depuis cinq ans maintenant. A Poudlard ça convient tout à fait, mais à l'ISMI... fin disons que ça reste un balai amateur, quoi..."

Et pourtant, les bons balais sont rapidement tellement chers !

"Est-ce que vous avez des astuces pour se trouver un p'tit job ? Comme on peut pas quitter Poudlard ça doit être pendant les vacances, j'imagine... mais j'ai pas tellement d'expérience. Et vois mal comment me présenter à en potentiel entretien alors qu'on doit rester au château tous les jours."

Ce qui voudrait dire que tout doit se faire à la dernière minute, au début des vacances ? Ou qu'il n'y a pas forcément d'entretiens ? Je ne sais pas tellement comment ça marche, à vrai dire. Ce que je sais, en revanche, c'est que pour des petits boulots dans le monde moldu, c'est assez mort. Impossible de passer des appels ou d'écrire des mails, depuis le château...

Il ne faut aucun doute que Leo est très emballée par l'idée proposée par son directeur de maison. En même temps, quel élève aurait dit non à cette proposition? Rafael eut à peine le temps de terminer sa phrase sur les Harpies que Leo rebondissait sur ce sujet. Elle montrait une fois de plus à Rafael qu'elle était d'une maturité étonnante pour son âge et cela confortait l'enseignant dans son idée de contacter les recruteurs qu'il connaissait. Elle avait tout à fait raison. Cette équipe, composée seulement de femmes depuis des décennies cassaient des dizaines de clichés et donnait, sans nul doute, confiance aux jeunes filles qui voulaient s'engager dans ce sport.

Bien qu'elle semblait débordante d'impressions sur cette équipe, Leo se concentra sur leur conversation et se reporta sur l'école dans laquelle elle espérait trouver une place. Elle s'inquiétait de savoir si le fait d'avoir un balai moins rapide que les derniers balais de sports avait une importance. Puis elle continua dans la même lancée et Rafael devina que l'argent semblait être un problème pour la jeune fille. Elle avait raison de penser à tout ça. Le directeur de Gryffondor prit le temps de réfléchir avant de répondre:

« — Vous avez raison de vous poser toutes ces questions. Pour ce qui est de votre balai, je comprends vos inquiétudes et, en effet, il sera peut-être un petit peu plus dur de vous faire un nom avec votre balai mais dites vous que j'ai réussit à entrer dans cet école et à décrocher un diplôme avec mon vieux Brossdur. Rien est impossible, il faudra juste prouver à tout ceux qui en doute que vous avez votre place dans cette institut.

Il fallait être honnête, les débuts n'avaient pas été facile mais à force de prouver ses capacités à ses camarades, Rafael avait réussit à mettre derrière lui toutes les moqueries concernant son balai. Il reprit ensuite:

— Ce n'est finalement pas si difficile de trouver un petit job. Comme vous, je ne pouvais pas compter sur mes parents pour financer ma scolarité. Ce n'est pas qu'ils ne le voulaient pas mais les temps étaient un peu durs à cette époque et j'ai du me débrouiller. Sachez que les boutiques, les librairies, les bars et tout types de commerces près des écoles sont friands des CV étudiants donc n'hésitez pas à les contacter. Pour les entretiens, j'avais demandé à mon directeur de maison de l'époque si je pouvais emprunter sa cheminée pour faire mes entretiens grâce au réseau de cheminées. Certains employeurs ont refusés mais la plupart comprend que vous n'avez pas le choix. Et j'étais ensuite allé en personne, dés le début de l'été dans le bar qui m'a embauché. Je suis sur que nous pourrons trouver des solutions au moment voulu. »

Faire l’ISMI avec un vieux balai amateur pour montrer à tout le monde que j’ai ma place dans l’institut… dit comme ça, cela peut peut-être sonner comme la voie de la combattante et peut-être que ça donne une image de déterminée, de celle qui ne se laisse pas abattre, et que si je réussis, ce sera avec une note particulière de gloire. Ouais, dit comme ça, cela peut peut-être sonner bien. Mais j’avoue que cette perspective ne m’emballe pas tant que ça. Enfin je le ferai sans hésiter si c’est nécessaire - et même si je n’avais qu’un de ces balais-jouets pour gamins, je ne me laisserais pas prendre ce rêve. Mais la perspective déclenche en moi surtout une espèce de lassitude, celle de quelqu’un qui a l’habitude de ne jamais faire partie des favorisés, qui n’a jamais le matériel de pointe, qui n’évolue jamais dans les meilleures conditions… au contraire.

D’ailleurs Monsieur Mason a dit qu’il a fait l’ISMI sur un vieux Brossdur. Sauf qu’à ma connaissance, il n’a jamais été joueur professionnel. Et je ne doute bien évidement pas de ses capacités, mais je ne compte pas tellement devenir prof de vol à Poudlard. Pour moi, c’est le Quidditch de haut niveau, ou rien. Avoir sa place et d’écorcher un diplôme dans l’institut, c’est une chose. Avoir sa place dans le monde du Quidditch professionnel, c’en est encore une autre. Je me contente de hocher la tête mais ne réponds rien, ne voulant pas risquer de froisser mon professeur de vol avec une remarque potentiellement maladroite de ma part, et parce qu’au fond, elle n’apporterait rien d’intéressant.

Bon. Au moins, c’est un début de bonne nouvelle pour le job - de quoi remonter un peu le moral. Travailler dans un bar me dirait particulièrement bien à vrai dire : non seulement, j’ai déjà un peu d’expérience puisque j’aide de temps en temps dans le pub de mes grands-parents, mais en plus, il y a le bonus du pourboire. Encore une fois, je hoche la tête. Monsieur Mason a évoqué la cheminée de son DDM… et comme pour le coup, c’est lui mon propre directeur de maison, peut-être qu’il y a moyen de faire quelque chose de similaire.

« Je vais faire ça alors, merci ! Vous seriez peut-être d’accord de jeter un coup d’œil à mon CV en temps voulu ? J’en ai jamais fait avant… »

Je l’aime bien, Monsieur Mason. Enfin ça, je le savais déjà. Mais je ne m’étais pas doutée que lui aussi a rencontré certaines des difficultés que je rencontre aujourd’hui. Et quelque part, à côté du fait que ça me confirme qu’il ne s’agit pas d’un obstacle impossible à surmonter, ça me donne l’impression de ne pas être seule dans la position. Ce qui n’est pas toujours le cas au milieu de mes camarades de Poudlard.