J'écoutais avec attention le jeune homme. J'aimais nos discussions, quand elles vaquaient d'un sujet à l'autre. C'était comme une grande dose de dopamine, j'étais si bien, si heureuse, si à l'aise avec lui. Je l'écoutais avec attention, oui, et cette, à la fois longue et courte, tirade qu'il a fait m'a encore plus émue de bonheur. J'ai répondu sur un ton calme, pausé, rassurant :

- C'est beau ce que tu dis.

Se protéger lui et ses proches, c'était totalement dans son style, ça ne m'étonnait plus à présent, il était tout bonnement le garçon le plus gentil que je n'eu jamais rencontré.

Le cadre était splendide, le moment parfait, je rêvais du plus profond de mon cœur de lui dire ce que je ressentais, mais alors que j'allais poser ma parole, quelqu'un vint remplir mon esprit.
Bella..
J'avais oublié pendant un instant que c'était elle qu'il aimait..
Et pas moi..
Le simple fait de revoir le visage du chou à la crème me fit grimacer. Elle semblait si parfaite, naïve, tendre, mielleuse, jalouse, impulsive, hypocrite.. Je ne pu m'empêcher de demander :

- Sinon.. Heu.. Tout se passe bien avec Bella ?

J'espérais du fond du cœur qu'il me dise non, qu'il me dise qu'il ne l'aimait plus..

- Est-ce que elle aussi tu voudrais la protéger ? Et moi ?

Je me tordis les doigts. Non. Mais quelle idiote..

- Non ! Oublies ce que je t'ai dit, c'était une bétise, je..

Une ombre, noire, froide, sombre. Une présence que j'ai fini par apprécier avec le temps, lui donnant ainsi une forme, un nom, une apparence, une voix, un pouvoir. L'imagination, était ma seule, et unique arme pour échapper à ce monde. Avait-elle disparue, cette arme ? Non.
"Sinon je serai plus là, n'est-ce pas ?"

Je l'écoutais, les mots ne sortant toujours pas, j'avais mal, je voulais craquer, mais je ne le pouvais guère. Fallait-il y croire ? Lui dire ? Lui faire comprendre ? Garder le silence ? La faire passer avant ? Elle ou Bella ? Bella avant, ou après elle ? Moi avant elles ? Elles avant moi ? J'avais fait une faute ? Une erreur ? Allaient-elles me détester pour ces choix ?
"Arrête de te poser ses questions complètement débiles comme toi, tu veux bien hein ?"

— Hum.. oui, ça se passe bien entre elle et moi un peu trop bien même..

Un doute, un soupçon, une amertume, un argument, une preuve, une scène, un crime, un regret, un orgueil. J'y pensais, j'y réfléchissais, ça, ça me torturais.
Pas un mot Cie.
"Okay, okay.."

Puis un sourire, un faible sourire, touché par ses mots.

— Je la protégerais elle, comme je te protègerai toi, Kim.

"On dirais que tu vas la perdre, j'aimerai bien d'ailleurs.."
Cie. Non. S'il te plaît.. Ne prévois rien..
"Tu vas faner. Toi, la rose noire."

Kim.
Ce mot resta longtemps au travers de ma gorge, car il ne m'avait jamais appelé comme cela.
En temps normal, il me nommait par mon nom, Harlez. J'aimais je n'avais entendu de sa bouche mon prénom, ne serait-ce que Kimberly, bien que personne ne m'appelait ainsi..
J'ai senti mon corps palpiter, et des fourmis dans mes mains. Je ne regardais que lui, il n'y avait que lui dans mon champs de vision, il hantait mon regard, et mes yeux étaient brillants.
Kim.
Ce mot était devenu le plus beau du monde à l'instant où il l'a prononcé.

Je suis rapidement revenue sur terre. Parce que je me suis souvenue de ses paroles concernant Bella. Je suis d'abord restée silencieuse avant de lancer :

- Tu ne l'aimes plus autant qu'avant.. J'ai raison ?

Sujet sensible, mais entre meilleurs amis, il me semblait normal d'en parler.

- Si tu veux pas m'en parler je comprends, mais..

Je pensais qu'être honnête avec lui était la bonne chose à faire.

- Je voulais juste dire, même si tu as déjà pu le remarquer, que je la sens vraiment pas cette fille.. Elle est très possessive, enfin c'est l'impression qu'elle me laisse..

J'ai lancé ensuite :

- En même temps j'y suis pas vraiment allée de main morte avec elle quand on s'est rencontrée, mais ses réactions ne m'ont vraiment pas plu. Après, je sais que tu ne dois pas penser la même chose puisqu'il s'agit tout de même de ta.. petite amie.. mais je te parle d'ami à ami. Ce n'est que mon avis après tout.

L'amour est fade, sans vie, on répète juste une pièce de théâtre où on a appris les dialogues et les actions par coeur. Une faute, et on vous le reproche. Je n'y croyais plus. Je ne le voyais plus. Maintenant j'étais piégé. Dans cette relation à sens unique et sans espoir.
"Mais tu le laisses durer par peur de la briser elle."

— Oh si tu savais, j'ai l'impression de m'être fait avoir par mes démons. Mais oui, tu as raison.

Je ne le prononcerai pas à haute voix. C'étais comme avoir avouer une erreur que je n'avais pas commis et que j'allais être jugé sur ça toute ma vie. La réalité dans laquelle je vis, me rattrape trop vite dans son piège du chat et de la souris. Cie a raison, je vais faner.
"Commence maintenant tu veux ?"

— Qui a dit que tu devais y aller d'une main douce avec elle ? Sans doute moi, mais je n'ai pas tant de souvenirs que ça de ce jour-là. Une pétale manquante ou une pièce de puzzle perdu sous la plante verte de mamie dans la véranda.

Un souvenirs trop floue pour y replonger, s'y noyer de connaissance qui ne serviront certainement pas maintenant. Un blocage. Avais- je fait une crise de panique ce jour-là ? Que c'était-il vraiment passé quand la réalité ne voulait plus de moi ?
"Un argument de qualité"

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Ses mots profonds résonnaient en moi. Il me parlait de façon métaphorique, et ne répondait très vaguement, peut être comme si lui ne voulait pas se répondre..
Ses mots étaient choisis avec une subtilité sanglante, dans son être lui même on retrouvait cette singularité unique, dans chaque parole qu'il prononce et dès qu'il laisse sa voix parler. J'ai lancé d'un timbre doux :

- Tu voudrais pas faire compositeur ? Ou chanteur ? Enfin.. Tes pensées sont sublimes, ou seraient sublimes sur un texte.. Bref oublies-

Puis j'ai repris le fil de notre conversation initiale, il s'agissait là encore de sa petite amie, Bella. Je jugeais cette fille, oui, alors que moi même n'avait jamais eu de relation amoureuse. Deux fois, je suis tombée amoureuse, Arthur, puis Wayne. Chaque fois, rien n'a abouti.. Je me sentais idiote, parce que peut-être Bella ferait moins miss parfaite si elle n'était pas avec lui, peut-être aurions-nous pu être amies, peut-être étais-je simplement jalouse, puisqu'elle partageait tout de même le cœur de Chandler, la personne que j'aimais depuis notre première rencontre.

- Non vraiment je n'ai pas été sympa avec elle.. J'irais m'excuser.. Mais pas tout de suite, enfin, je vais laisser le temps lui faire un peu oublier, et je viendrais quand la tempête se sera presque calmée. C'est mieux de recevoir quelques gouttes plutôt qu'une grosse averse.

C'est dur d'oublier quelqu'un, et quand je ne veux plus le renier, voilà qu'il s'éloigne.. Les yeux piquent, les larmes coulent, mais il faut rester fort.
Tant qu'il reste le garçon le plus heureux, alors je suis heureuse.

Le vent tapait sur mon visage, le gelant au passage et à son contact. Le fixait l'horizon, et ça depuis un moment écoutant juste le doux bruit des vagues s'écrasant sur le sable boueux remplit de coquillage. Sa voix résonnait comme une douce mélodie qui, à mes oreilles sonnait juste comme faux. Je souriais au vent, laissant celui-ci s'en allait agréablement au gré des notes du vent sur la partition qui lui a été donné.
"Arrête. Tu crois qu'elle disait ça pour toi ? Elle le dit pour que tu puisse déshonorer ta famille."

— Si tu savais, elles sont loin d'être jolies ses pensées que tu idéalises.

Mon regards se perdait dans l'horizon, mon ton qui, avant cette unique phrase était si amicale avait complétement disparu laissant ainsi place à la glace de l'hivers, et qui, pour une fois, ne sonnait guère comme une arme tranchante pour attaquer les autres. Juste moi. Un regards vide, laissant ainsi un court instant mon esprit s'en aller lui aussi.

Aurais-tu le courage d'affronter ce monde dans lequel je me suis perdu Kim ? Te perdrais-tu toi aussi ? C'est un jeu sans fin, ni lois, qui, de l'extérieur personne n'en a conscience réellement. Un mensonge que j'ai si bien collé, monté, créé, dans le seul but de me protéger ? Harlez, arriverais-tu à survivre comme moi je le fais ?
"Quelle tente, que je rigole."

La douleur d'un souvenir manquant ne peu être si fort une fois retrouvé. Cependant, quand le temps vous le permet -ce qui, actuellement jouer contre moi comme une course contre la montre laissant ses tic tac dans le vide, résonnaient-, repensez à ses souvenirs perdus dans le temps.

— Tu sais, elle ne doit pas tant te détester pour ça. Au contraire, elle en parle si peu que je ne sais même pas si elle serait prête à t'écouter à nouveau. C'est flou dans le livre de mes souvenirs..

"Wayne ! J'ai trouvé des coquillages ! Dit ! Je peux les ramener à la maison !?"
Un faible sourire apparu dans le vide de ce monde, remplit d'épine de tout genre prête à vous enlacer de leurs plus belles senteurs. Oui, tu pouvais Cie, mais n'abuse guère.

— Et si on rentrait ? Les autres doivent nous attendre. Tu viens Harlez ? Sinon je te jette à l'eau, elle doit être si froide !

Avais- je dit sur la rigolade, la mascarade de nouveau de retour. Un moment si bien travaillé, si bien calculé, quelle même ne le verrai pas ses larmes aux coins de ses verres de vues. Un peu de temps, avant de me faire prendre dans cette cage.

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Ce moment ensemble prenait fin. J'adorais passer du temps avec lui, c'était comme si mon monde se dorait d'une parure d'or, qui scintillait, et qui donnait à mon souffle ce nouveau que je ne trouvait avec aucun autre garçon, hormis peut-être l'ancien lui.

- Je suis sûre qu'elle plairait à bien des gens, ces pensées que j'idéalise.

L'heure de rentrer sonnait, et si nous ne voulions pas attraper l'engelure, il fallait vite se mettre au chaud. Pour la énième fois, mes cheveux se coinçaient dans ma bouche. Je lançai d'un juron :

- Tss.. La prochaine fois je prendrais un élastique, ou même, je me couperais totalement les cheveux.

Je l'écoutais parler de sa copine, une pointe de jalousie dans le regard. Alors elle était si parfaite à ses yeux et aux yeux du monde, cette Bella ? Assez parfaite pour n'en vouloir à personne..?

- Je serrais contente de renouer avec elle, alors. Mais après l'été prochain, j'aimerais me laisser du temps..

Au cas où les deux cassaient.
J'entendais peu Wayne plaisanter, ou alors quand nous profitions de nos moments ensembles, de meilleur ami à meilleure amie. Je retrouvais en lui une certaine innocence que je lui jalousais. Enfin, il avait été confronté maintes fois aux lâchetés de la vie, comme moi au fond. Si sensibilisé qu'il en avait développé cette amie imaginaire qu'il supportait dans sa tête.

- Comment ça tu me mettra à l'eau ?! Non ! Parce que je le ferais avant !

Le rire aux lèvres je l'arrosai avec l'eau très fraiche de Chine. J'aimais ces moments, quand nous étions nous, et pas les enfants que nous devions être.
Quand je me repris enfin, nous rentrâmes pour entamer un nouveau cycle dans notre relation.
Un cycle décisif et meurtrier.

C'est une fin de RP pour moi, merci !

Dans un moment de réflexion, je me disais juste qu'elle avait mal compris ma phrase. Idéaliser une personne, des personnes, ou même encore juste une phrase, des mots, une syllabe, pourquoi allez-vous idéaliser toutes ces choses ? Une incompréhension, et c'était mieux ainsi je pense.
"Ca te dit un p'tit voyage dans la mer ?"

Me croirais-tu si je te disais que cela aller être risqué de te couper entièrement les cheveux ?
La perfection n'existe pas. Le mensonge et la destruction, oui. Un chaos qui nous force à être ce que nos parents n'ont pu guère être. Des efforts, des vœux, des souhaits qui se transforment en ordre. Est-ce ça que tu souhaites Adrien ? Ô si tu savais à quel point je souhaitais être aussi parfait que tu aimerais que je sois.
"Sois la seule imperfection que ta famille puisse connaître."

— Laisse-toi du temps alors, mais à mon avis ça sera à elle, de lui laisser du temps. Avais- je dis sur un ton aussi froid que le vent et l'eau qui étaient présent.

Puis un sourire, un rire qui s'échappa et dans un élan j'oubliais complètement la mascarade en souriant de l'innocence que nous faisions preuve à cet instant. Un autre morceaux que nous composions à travers cette valse dans ce miroir où sont stockés ces souvenirs que je chéris tant. Qui penserais que je casserai celui-ci dans notre prochain chapitre ?
"Elle m'aidera, c'était pas prévu mais ok pourquoi pas je la remercierai un jour."

— J'avais clairement raison ! Elle est gelée l'eau ! Si j'attrape froid c'est ta responsabilité Harlez !

Le dernier son venait de sonner. L'horloge a signé la fin. Un souvenir maintenant gardé comme un secret. On était à la fin du chapitre. C'était le dernier acte que j'avais nommé : Chaotique douceur. Un acte sanglant, pour un nouvel acte de ma vie que je redoutais tant.
"C'est la fin, je prends le contrôle. C'est ce qu'on nous avions convenu."