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04 mai 2023, 10:51
Au royaume des ronces, où fleurissent les roses  M.R. 
mai 2025,
demeure familiale des Rosenwald
sept ans.


Elles avançaient à pas de louves, leurs pieds nus râpés par le vieux parquet de bois, des échardes pleins les talons. Mais elles étaient prêtes à souffrir — le martyr s'il le fallait — car tel était le prix à payer pour échapper à La Mort. Elles n'étaient plus trois frères, armés des objets les plus puissants de l'univers, mais bien deux sœurs, jumelles de surcroit, capables de défier les plus infâmes démons qui se terraient dans les recoins de la grande demeure. Leur courage suffisait bien et pouvait — selon leur dires — défier n'importe quel type de magie.

Arden serrait fermement la main de Morgan, ses doigts broyant les siens, pas par peur non, plutôt dans une sorte de protection, un lien qui les unissait et qui jamais ne pourrait les séparer. Aucune d'elles n'avait encore brisé de serments ; pas même celui des Pouvoirs. Ce serment là, s'il pouvait être inviolable, le serrait pour sûr. Les deux enfants s'étaient jurées — croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer — qu'elles découvriraient leur magie ensemble afin qu'aucune d'elles ne reste sur le carreau. Si malencontreusement Arden ou Morgan venait à découvrir qu'elle était douée de magie, elle devrait taire cette affreuse découverte à l'autre, et attendre sagement que la seconde développe ses pouvoirs.

Alors bien évidemment, si par la magie elles étaient liées, par d'autres nombreux secrets elles l'étaient également. Et aujourd'hui ne dérogeait pas à la règle. Elles avaient revêtus leur accoutrement le plus solennel et le plus sombre pour parcourir les étages et les recoins de leur maison familiale, aussi discrètement que possible. Que cherchaient-elles ? Croyez bien que je ne vais pas vous le révéler. Car s'il y a bien quelque chose que les sœurs Rosenwald savent faire, c'est garder leurs mystères pour elles. Elles les partagent à deux bien sûr, mais ils restent d'autant mieux gardés et sont bien plus difficiles à leur extorquer.

Trainant leurs longues capes noires sur le plancher, elles avancent à tâtons vers une pièce, qui malgré leurs nombreuses excursions, ne leur est pas encore très familière. Il s'agit de la chambre de Madame. Une pièce qui regorge probablement de preuves irréfutables. C'est cela qu'elles cherchent et qu'elles collectent dans le but de prouver sa culpabilité et de la faire quitter les lieux. Elles approchent de leur but, elles sont plus discrètes que des Botrucs et ont choisi avec précision ce moment de la journée, celui où Elle accueille pour prendre le thé l'une de ses prétendues amies. Les deux gamines ne sont pas dupes, et restent persuadées qu'une femme comme elle ne peut avoir d'amis dans ce bas monde. Alors même si des échos de voix leur parviennent depuis le petit salon, elles mettent ça sur le compte d'une hypocrisie sociale de la part de l'Autre. Elle est douée pour jouer les faux-semblants et sait amadouer son entourage. Ce n'est donc pas de l'amitié.

Discrètement elles parviennent devant la porte qui mène à la chambre de la Vipère. Arden lâche enfin Morgan, ses doigts engourdis d'avoir trop serré la paume de main de sa sœur. Elles se regardent sans un mot, attendant que l'une ou l'autre se décide à ouvrir la porte de son Antre. Le cœur de l'enfant s'emballe. Est-ce la peur de se faire prendre ou bien l'adrénaline d'une découverte qui pourrait renverser la despote de leur Royaume.

#685e7d

20 mai 2023, 15:55
Au royaume des ronces, où fleurissent les roses  M.R. 
Il était une fois, dans un Monde isolé du Monde, deux sœurs liées par un lien particulier et indescriptible. Dans ce Monde à elles, seul existait le Toi et le Moi, le Moi et le Toi. Elles étaient les chevalières, les guerrières, les reines, les sorcières, les pirates… elles étaient tout. Mais elles ne pouvaient pas y rester longtemps, avant d’être ramenées dans l’Autre Monde. Celui de la réalité.

Aussi loin que Morgan pouvait se rappeler, il y avait Arden à ses côtés, dans un monde comme dans l’autre. Les autres visages n’étaient que des figures floues, changeantes, lointaines. Elle était habituée à cela, préférant faire fuir les gens avec plus d’un stratagème d’enfant. Combien de nourrices avaient-elles réussi à pousser à bout avec Arden ? Elle ne comptait plus, mais cela devenait de plus en plus facile au fil du temps. Jusqu’à l’arrivée de l’Usurpatrice. L’incompréhension n’avait été que de courte durée, avant d’être suivie par la colère. Son père n’était pas le plus affectueux ni le plus présent, mais comment pouvait-il laisser la Vipère vivre chez eux, à l’endroit même où leur mère avait vécu ?

Alors que l’Autre était distraite dans le petit salon, les deux enfants avaient revêtu leurs capes d’expédition, retiré leurs chaussures et s’étaient lancées dans leur aventure. Main dans la main, côte à côte, elles étaient indifférenciables. Morgan avait guidé le chemin à travers la maison, jusqu’à la Tanière. Arden lâcha sa main, et elles se regardèrent. Leur expédition allait commencer, et bien que Morgan ne soit pas de nature hésitante dans ses plans, elle marquait un temps de pause silencieux. Arden allait-elle changer d’avis ? L’ainée de quelques minutes lui laissait toujours l’opportunité de le faire.

Toi et Moi, Ardy, chuchota-t-elle, affichant un sourire rassurant et un regard plein de malice, avant d’ouvrir la porte, que la Chasse continue.

C’était une pièce spacieuse, mais assez sombre à cause des rideaux presque entièrement fermés. Elles y étaient déjà rentrées par le passé, mais elles devaient faire attention à ne pas laisser de trace dans leur fouille. Morgan pénétra dans la chambre en première, et s’approcha immédiatement de la commode à proximité du lit. Peut-être que cette fois-ci, elles allaient enfin trouver la Preuve.

Employée à Barjow & Beurk. Préfère les botrucs aux mochtrucs.
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