La jeune fille se rendit compte un peu trop tard qu'elle avait hurlé alors que son camarade l'avait en fait accompagné pour se rassoir, et qu'il se trouvait juste à côté. Oups, elle avait été tellement prise dans la rédaction de ses observations qu'elle n'avait fait attention à rien d'autre qu'au bruit de la plume qui grattait le papier de son carnet. Elle attendit qu'il lise ce qu'elle avait noté pour écouter sa réponse et ses propositions.

Il se mit à expliciter ses plans, ma foi un peu fouilli. Susan l'observait avec attention, essayant de suivre ses explications pleines de mouvements de bras et de mots, plissant les yeux pour essayer de comprendre ce qu'il essayait de dire. Il perdait contenance dans ses phrases, et la jeune fille ne put s'empêcher de penser qu'il ressemblait un peu à l'image qu'elle se faisait du Calamar Géant lorsqu'il essayait d'attraper une proie. Elle n'écouta finalement pas vraiment les derniers mots qu'il énonçait, l'imaginant avec des tentacules et des ventouses, en fait, en calquant clairement le visage de Sunday sur la représentation imaginaire qu'elle avait de l'animal. Imaginaire, parce que finalement, est-ce que quelqu'un l'avait vraiment vu, ce Calamar ? Alors que son camarade arrêtait de parler, Susan lui sourit en hochant la tête, faisant mine d'avoir tout compris.

Son sourire s'effaça lorsqu'elle l'entendit écorcher violemment son nom, une petite grimace déformant ses traits. Docteur Clean ? Personne n'avait jamais prononcé son identité ainsi, mais bon. Pourquoi pas. Elle ne manqua pas de lever l'index en direction du Sunday, pour le corriger à voix basse, tandis qu'il s'emparait de sa plume.

- Kline, ça s'dit Kline. K-L-A-Ï-N-E ajouta-t-elle en insistant sur la phonétique, mais Sunday semblait déjà en train de penser à la suite.

Son ton semblait plus assuré tandis qu'elle avait l'impression qu'il lui reprochait d'avoir loupé une étape. Pourquoi elle faisait ses recherches ? Mmmh, alors ça c'était une bonne question. Les yeux ébahis et la bouche légèrement entrouverte, Susan semblait chercher quoi dire. C'était la première fois depuis le début de leur rencontre qu'elle semblait avoir perdu les mots. Fermant la bouche quelques instants, elle semblait réfléchir à toute vitesse, ses sourcils et ses lèvres étant un peu plus souvent secoués de tics.

L'idée d'étudier le Saule Cogneur lui était venue comme ça, une fois, alors qu'elle passait sur le chemin et qu'elle l'avait aperçu. Elle avait lu des choses sur lui, sur son histoire à Poudlard. Il était réputé pour être très dangereux, et après tout, même pour un sorcier c'est intriguant de côtoyer un arbre aussi... Vivant. En tous cas, pour elle, ça l'était. Alors elle avait voulu l'étudier, parce qu'elle trouvait ça intéressant... Finalement, il n'y avait pas vraiment de raison ! Mais elle ne pouvait pas dire ça à Sunday... Quelle image de scientifique aurait-elle auprès de son nouveau collègue si elle se lançait dans des recherches sans fondements ? Oh non, il fallait trouver une raison.

- Apparemment... Il y a un passage secret sous l'arbre !

Elle avait plissé légèrement les yeux, et s'était penché vers le jeune Serpentard à ses côtés, chuchotant comme si elle lui confiait un secret de la plus haute importance. Le ton de la conspiration.
Bon, à vrai dire, elle venait de trouver ça dans sa tête, il lui semblait avoir lu ça dans un livre. Mais elle savait aussi qu'il n'y avait plus aucun passage secret ouvert à ce jour dans l'école de Magie. Peut être qu'il ne le savait pas ? Et qu'elle paraîtrait avoir un objectif incroyable ?

- Faut bien le dompter, si on veut en savoir plus !

Satisfaite de son histoire, elle observa Sunday un instant pour voir si elle s'était montrée convaincante. Elle ne pouvait déjà ternir sa réputation de femme de science ! Il semblait absorbé dans son observation du Saule Cogneur, ce qui permit à Susan de reprendre un peu contenance en feuilletant son carnet. Elle avait un peu menti et détestait ça, mais finalement... Tout était vrai dans ce qu'elle avait dit, elle avait juste omis de dire que ce passage n'existait plus, et surtout que ce n'était pas vraiment la raison de son étude. Elle voulait juste l'étudier, sans raison particulière. Et elle aimait la démarche scientifique en général... Peut être que ça viendrait dans la suite de la conversation ? Et que finalement, elle ne ressentirait plus ce sentiment de malaise vis à vis de son tout petit mensonge ?

Bien entendu, Sunday avait entendu sa camarade corriger son nom mais il n’avait pas réagi. Le Serpentard avait pour habitude de passer toutes ses erreurs sous le tapis, espérant que personne ne regarderait en dessous et s’il était loin d’être susceptible, il ne souhaitait se remettre en question devant quiconque. Quand il était seul, peut-être, mais une fois que les mots traversaient la barrière de ses lèvres, alors il n’avait plus envie de revenir dessus. C’était un défaut dont il n’avait pas conscience, et il manquait cruellement de recul sur lui-même pour s’en apercevoir. Son erreur passée sous silence, il observa Susan alors que celle-ci semblait prise dans une réflexion à son tour. Suspendu à ses lèvres, le Serpentard glissa machinalement ses doigts sur le carnet de la brune pour plier et déplier le coin de la page dans un mouvement nerveux, traduisant son impatience et son incapacité à rester en place plus de quelques secondes. La jeune fille semblait connaître des difficultés à exprimer les raisons de ses recherches autour du Saule Cogneur, ce qui teinta ses expériences d’une aura énigmatique. Le mystère titilla la curiosité de Sunday, et tandis que sa camarade semblait peser le pour et le contre quant à l’idée de dévoiler ce qu’elle dissimulait, le Serpentard s’imaginait déjà le gardien d’un grand secret.
Enfin, Susan décida que Sunday était de confiance et lui révéla l’existence d’un passage secret. La bouche du garçon s’arrondit en un « o » expressif tandis que son regard se glissa jusqu’aux racines de l’arbre, les détaillant comme s’il s’attendait à trouver une poignée de porte ou le contour d’une trappe quelque part, mais rien n’apparaissait d’autre que de l’écorce. Légèrement penché sur le côté pour accueillir les murmures de sa partenaire scientifique, Sunday plissa le nez en une moue pensive. Dompter le Saule Cogneur ? C’était bon pour un masochiste ! Lui ne l’était pas… Et pourtant, il planta ses dents dans sa lèvre inférieure alors que, à son tour, il pesait le pour et le contre. La réponse qu’il préparait envers la Gryffondor oscillait entre le « c’est de la folie ! » et « mais il faut à tout prix qu’on le fasse ! » mais cette dernière réaction peindrait Sunday d’un courage qu’il ne possédait pas. Le dilemme lui fit froncer les sourcils et il plongea sa main dans une de ses poches à la recherche d’un paquet de vers frétillants qu’on lui avait offert sur le Chemin de Traverse et qu’il n’avait pas osé ouvrir depuis. Il posa le paquet sur le carnet entre Susan et lui brusquement, et garda sa main dessus quelques secondes avant de la retirer lentement comme s’il présentait là quelque chose d’illégal et qu’il faudrait à Susan du temps pour réaliser ce qu’elle regardait.
— Tu crois qu’il aime ça ? questionna-t-il à demi-mots, le regard perdu dans le vague comme si son cerveau était déjà trop occupé à s’interroger sur les prochaines étapes à suivre, et qu’il n’avait plus assez de capacité pour prendre en compte le monde physique qui l’entourait. Si on veut le dompter, il faut d’abord l’amadouer, mais ça mange quoi un Saule Cogneur ?
La botanique, ni moldue ni sorcière, n’étant pas son fort le garçon ne réalisa pas que l’arbre ne se nourrirait pas de ce que Sunday mangerait habituellement. Dans l’étroitesse de sa réflexion, il oublia que tout le monde n’aimait pas les sucreries comme lui, encore moins un arbre. Tout en attendant la réaction de son acolyte scientifique, Sunday se perdit à nouveau dans la contemplation des racines du Saule Cogneur. La présence d’un passage secret paraissait farfelu, mais encore une fois, tout ce qu’il découvrait depuis son arrivée à Poudlard lui paraissait impossible. Ses doigts nerveux se mirent à arracher de l’herbe au compte-goutte, tandis qu’il s’interrogeait sur la nécessité d’un passage secret sous un arbre qui donnait des coups — il s’agissait sûrement de quelque chose de grandiose que l’on voulait cacher ! Mais lui n’était qu’une graine de sorcier médiocre, pas même une graine de bon sorcier, et il doutait parvenir à découvrir ce qui se cachait sous l’arbre. Néanmoins, pour faire plaisir à Susan qui lui avait fait bonne impression et parce qu’il venait de passer un bon moment, il décida de l’accompagner dans ses tentatives de dompter l’arbre, aussi dangereuses qu’elles lui paraissaient.

Lorsque son camarade semblait fouiller sa poche à la recherche de quelque chose, Susan fût intriguée. Qu'est ce qu'il allait proposer pour avancer l'expérimentation ? Il pose brusquement... Un paquet de bonbons sur le carnet qui était à présent entre les deux scientifiques. Un haussement de sourcil secoua le visage de la jeune fille, qui se pencha un peu pour observer le paquet tandis que Sunday retirait sa main. Des vers frétillants... Mmmmh. Elle prit le paquet et l'ouvrit sans vergogne, le redéposant à sa place initale. Est-ce que le Saule mangeait des bonbons ? Cela serait surprenant, mais une chose était sûre... Elle oui. La gryffonne piocha dans le paquet, et porta en porta un à sa bouche. Elle adorait les bonbons ! Observant son camarade en mâchouillant sa sucrerie, la jeune fille afficha un grand sourire.

- J'sais pas s'il mange ça, mais moi j'adore ! Il faut des forces pour continuer à réfléchir.

Amadouer le Saule Cogneur... Mmh. Son petit mensonge sur le passage secret s'avérait avoir plutôt bien pris, mais comment faire pour gérer un arbre dont le seul but est de frapper ? Après tout, un arbre, ça mange ce qu'il y a dans la terre... Mais pourquoi pas ? Peut être que si quelques bonbons atterrissaient près de lui, il serait ralenti parce qu'il n'a pas l'habitude de manger du sucre ?

- J'crois pas qu'il mange vraiment. Plutôt il boit c'qu'il y a dans la terre comme les autres arbres. Mais p'têtre que si on envoie des bonbons à ses pieds, il va manger tout l'sucre, et qu'il s'ra fatigué ! Moi si je mange trop de sucre j'ai envie de dormir.

Elle parlait en mâchant toujours son ver, ce qui provoquait une intonation et une phonétique parfois approximative mais tout de même compréhensible. En pleine réflexion sur la suite du plan, Susan se dit que c'était peut être une bonne idée. Pour voir ce qui se passerait ! Elle tendit le paquet à Sunday, pour qu'il mange lui aussi une sucrerie. Il allait falloir répéter l'expérience de tout à l'heure, c'est ce qui avait le mieux fonctionné pour atteindre les racines de l'arbre. Lancer en même temps plusieurs bonbons. Mais est-ce que ça volait bien un ver frétillant ?

Clignant des yeux plusieurs fois de suite en déglutissant pour avaler sa pitance sucrée, la jeune fille prit le carnet et sa plume en main pour écrire la suite des évènements.

Essai n°7 : Essayer de droguer le Saule Cogneur avec le sucre des bonbons
Réaction :

Elle laissa la suite de sa note en suspend, attendant de voir les résultats et pouvoir les interpréter. C'était une bonne idée qu'avait eu Sunday, après tout, est ce que les gens qui avaient planté cet arbre avait pensé à le protéger de ce genre de subterfuge ? Peut être qu'il avait très faim et qu'il serait occupé à absorber tout le sucre ce qui leur permettraient de voir de plus près cette entrée de passage secret. Bon, il était fermé, mais peut être qu'on voyait toujours la porte, ou le passage, ou peut importe à quoi cela ressemblait ?

Susan avait pensé à utiliser des sortilèges, mais deux arguments l'avaient convaincu d'abandonner l'idée. Une ; le Saule devait être protégé par des sortilèges de défense, sinon probablement ne serait-il pas planté au milieu du parc d'une école. Deux ; elle n'était qu'en première année, et les sortilèges pour arrêter un arbre hyper violent n'étaient pas enseignés en première année. D'ailleurs probablement pas enseigné tout court. Mais elle se sentait limitée dans les possibilités avec un Lumos, un Windardium Leviosa ou un Récurvite...

- T'es prêt ? Chacun lance deux bonbons en visant les racines. Faut essayer d'les faire arriver d'endroits différents. Va t'mettre là-bas !

Posant ses affaires de prise de note sur le sol, mais prenant deux vers frétillants dans sa main, Susan se leva. Tout en parlant, elle montra à son acolyte un coin un peu plus loin, à environ cinq ou six mètres, où il pourrait se placer tout en restant en sécurité. Elle s'écarta un petit peu de l'endroit où ils étaient assis, et se mit en position de lancer. Un bonbon dans chaque main. Le regard tourné vers Sunday, qui annoncerait le lancer comme leur essai précédent. Mais cette fois, elle s'était préparée et serait moins surprise par sa rapidité.

L'air hagard comme à son habitude, Sunday observa avec attention sa camarade attraper un vers frétillant pour l'amener à sa bouche. Elle n'eut aucune réaction particulière, le mâchouilla comme tout autre bonbon.
Sunday n'était pas très doué en botanique, il aimait voir les plantes, aimait les toucher et imaginer ce qu'elles pensaient lorsqu'elles prenaient le soleil ou quand on les arrosait, mais les technicités ne le passionnaient pas plus que ça. Aussi, les explications de Susan lui parurent tout à fait convaincantes. Hochant la tête pour confirmer sa participation, il tendit la main lorsque sa camarade lui présenta le paquet de bonbons. Décidant qu'il ne risquait pas une mauvaise surprise, le garçon attrapa un vers pour le glisser entre ses lèvres, testant la texture de l'aliment entre celles-ci avant de finalement le pousser jusqu'à ses molaires. L'analyse complétée, le Serpentard jugea qu'il s'agissait de bonbons comme les autres avec une texture amusante et ses doigts s'empressèrent de subtiliser une autre friandise dans un geste machinal dont Sunday n'eut même pas conscience.

— Moi, ça me fait juste plaisir quand je mange des bonbons, expliqua-t-il avant de se pencher vers les écrits de sa partenaire scientifique. Chaque fois qu'elle consignait leurs recherches dans le carnet, Sunday se sentait mandaté d'une mission importante ce qui attisait les braises de sa volonté de bien faire.
Suivant docilement les commandes de sa camarade, le Serpentard trottina jusqu'à l'endroit indiqué dans une démarche ridicule, pas totalement accroupi mais les jambes bien pliées.

— Après, si ça marche pas on devrait enterrer les vers dans la terre, en espérant que les racines viennent jusqu'ici ! C'est comme ça que ça marche, t'as dit, non ? Faut peut-être qu'il mange les vers quand ils sont dans la terre et il sera méga fatigué et hop, grosse sieste ! Mais il faudra peut-être revenir plus tard, le temps qu'il mange.
Tout en articulant son plan, les bras de Sunday bougeaient à nouveau dans tous les sens tel le Calmar géant du lac de Poudlard, avant de finalement les replier contre son torse, triturant le duo de vers entre les doigts de ses deux mains alors qu'il réfléchissait à la meilleure manière de les lancer. Après avoir tenté de visualiser le geste, il laissa planer un silence relativement long, déconcentré par un oiseau qui passait par là — il le fixa du regard en espérant le faire fuir, l'intimant en silence de ne pas s'approcher du Saule Cogneur.

— En avant partenaire, lâchez les bêtes !! s'exclama-t-il, la voix déraillant à la fin de sa phrase alors qu'il lança ses deux bras en arrière pour propulser ses deux munitions. ( ) L'un des deux vers atterrit à proximité d'une des racines du Saule, un peu trop loin mais assez proche pour que le garçon naïf pense que leur plan ne tombait pas totalement à l'eau. L'autre vers fut malheureusement balayé par une des branches, finissant sa course contre l'écorce d'un autre arbre avec une telle vitesse que Sunday perdit la trace du bonbon pendant sa trajectoire aérienne. Puis, il se tourna du côté de Susan avec l'expression d'un perdant interrogateur qui espérait que sa partenaire ait mieux réussi leur expérience.

La jeune élève ria légèrement lorsque son camarade affirma que pour lui, manger des bonbons, ce n'était que du pur plaisir. Vu comme il piochait dans les vers frétillants, elle s'en serait doutée ! Mais il avait une façon tellement candide d'amener cela, que la gryffonne en était amusée. Un nouveau rire franchit ses lèvres en le voyant s'avancer dans sa démarche mi-crabe mi-calamar. Décidément, il avait le don de faire rire Susan ! Tant dans ses mimiques que dans ses paroles !

Pour jouer le jeu, elle se mit accroupie également et fit même une mini roulade pour s'éloigner un peu plus, prenant le rôle d'un agent secret en pleine infiltration, tellement furtive que le Saule Cogneur ne l’apercevrait probablement pas ! S'il avait bien des yeux, évidemment...

- Oh mais ça mettrait trop d'temps d'atteeeeendre ! Répondit-elle d'un air désespéré. J'espère qu'ça va marcher notre idée !

Les deux vers en train de fondre un peu dans la chaleur de ses petites mains d'enfant, elle attendait impatiemment le feu vert de son nouvel ami, et quand il annonça le top départ, la Lionne se mit à courir un peu pour prendre de l'élan, quittant sa posture discrète comme pour surprendre l'arbre cogneur, et lança avec force ses petits bonbons ( ).

Trop prise par l'élan, Susan se prit les pieds dans sa robe de sorcière, et lança comme elle le put. Elle qui avait imaginé une réussite critique, les petits vers sucrés s'envolant avec grâce et volupté en direction de l'arbre, esquivant toute attaque des branches folles et atterrissant parfaitement là où elle avait visé, se vu tout à fait déçue. Son corps s'étala de tout son long sur l'herbe, ayant dépassé de la limite réglementaire instaurée pour éviter les coups de l'arbre à cause de sa course. Elle avait lâché les bonbons en espérant quand même réussir à faire quelque chose. L'un d'eux tomba à peine à deux ou trois mètres d'elle, s'échouant lamentablement dans l'herbe fraîche. L'autre était parti un peu plus loin, mais pas du tout près du Saule Cogneur, pas du tout comme dans ses plans.

Jetant un œil contrarié par son échec à Sunday pour voir s'il avait réussi à faire mieux, elle se rendit compte à son air interrogateur que le résultat n'était pas franchement meilleur. Soupirant longuement, elle reporta son attention sur l'arbre qui gesticulait dans tous les sens pour essayer de renvoyer les intrus à leur point de départ ou ailleurs. Un des vers lancés par le Serpentard volait dans le ciel, éjecté avec force par l'une des branches. C'est en observant la trajectoire prise par les bras souples du Saule que Susan se rendit compte qu'elle était partie beaucoup trop loin dans son entrain. Une, puis deux branches se dirigeaient avec rapidité dans sa direction, ce qui lui fit lâcher un cri de terreur suraigu.

- Hiiiii !!!

Ses yeux ronds comme des billes sous l'effet de surprise, elle resta au sol en rampant pour se retourner et prendre la direction de ses affaires. Ses membres, gesticulant de manière désordonnée dans l'espoir de gagner en vitesse, essayaient de prendre appui sur le sol pour partir en trombe et éviter de se faire fracasser par les bras tueurs. Au moment où une liane sifflait à côté d'elle et fouettait l'herbe sur le sol, elle réussit à se redresser et se mit à courir comme une furie vers son ami. Des touffes d'herbes avaient volé, arrachées par la force de l'arbre, à à peine un mètre d'elle. Elle ne s'était pas rendue compte immédiatement qu'elle avait pris tant d'élan.

Lancée dans sa course de panique, elle percuta Sunday de plein fouet tandis qu'elle regardait derrière elle pour voir si les lianes folles la suivaient toujours, son cœur battant à tout rompre. Les deux petits corps s'entrechoquèrent et tombèrent sur le sol, celui de Susan sentant une deuxième fois le contact de l'herbe en si peu de temps.

- Oh... Pardon !

Essoufflée à la fois par sa course, mais aussi beaucoup par le stress causé par la situation, Susan lança un regard plein d'excuses à son camarade. Ouf, elle avait eu chaud cette fois... Reprenant ses esprits, assise sur le sol, elle ne pensait même plus à son expérience, juste au fait qu'elle avait échappée belle à un écrabouillage de compétition.

Le cri de terreur de Susan percuta ses oreilles, l'emplissant d'une terreur qu'il ne lui semblait pas avoir déjà éprouvé auparavant. Les yeux ronds et la bouche grande ouverte, il se rendit compte à l'instant même de son impuissance : il n'avait aucune idée de comment aider sa camarade et même s'il attrapa sa baguette avec vivacité, il lui était impossible de savoir quel sortilège lancer. Tout ce qu'il pouvait faire à présent, c'était rester planté comme un plant de tomates fixé à son tuteur, incapable de s'étendre ni d'un côté ni de l'autre.

Livide à la vue des touffes d'herbes qui venaient de s'envoler comme une pluie de confettis autour d'une branche mécontente, Sunday étira ses bras vers sa camarade en espérant pouvoir l'attraper à un moment ou à un autre et la tirer hors de cette zone dangereuse. La Gryffondor semblait n'avoir aucun espoir de recevoir de l'aide de son camarade — ce qui montrait une certaine perspicacité de sa part, bien qu'elle était dans l'incapacité de connaître le manque affolant de talent de Sunday. L'inconscient de la jeune fille, peut-être, la poussa vraisemblablement à courir dans la direction du Serpentard avant de le percuter de plein fouet. Laissant échapper un hoquet de surprise, le garçon tomba en arrière et manqua de se cogner la tête contre le sol. Les mains posées sur la terre, il s'empressa de redresser le haut de son corps — un caillou lui rentrait dans le bas du dos — mais la chute n'avait pas été si douloureuse que ça et il reporta son attention sur sa camarade.

Interdit, Sunday l'observa en silence un moment comme s'il voulait être certain qu'elle était bien devant lui, et qu'il n'était pas en train de détailler du regard son fantôme. Elle lui parut pourtant bien portante et bien moins transparente que les fantômes du château, ce qui le rassura.
Un petit instant de réflexion et il se mit à rire, un rire soufflé qui témoignait de sa nervosité et qui laissait sous-entendre que Sunday n'avait pas trouvé la scène très marrante. Son cerveau connaissait encore quelques difficultés à fonctionner normalement et les pensées s'entrechoquaient, s'emmêlaient dans des nœuds d'incohérence que le garçon ne parvenait pas à dénouer. Pas certain de l'attitude à adopter dans ce genre de situations désastreuses, Sunday claqua brusquement ses mains sur ses cuisses avant de se lever d'un air décidé.
— Partenaire Kline, voici ma conclusion après tout ça : la violence, c'est mal !! déclara-t-il, avant d'attraper le paquet de vers frétillant entre ses mains et de le secouer doucement, provoquant un joli bruissement qui était très appétissant. Par contre, les bonbons, c'est bien !

Une main passée dans ses cheveux fébrilement, il se tourna de droite à gauche puis de gauche à droite, avant de regarder en direction du château, l'air de dire qu'il était temps que leurs recherches prennent fin — c'était bien assez d'émotions pour le trouillard qu'il était ! Sunday ne voulait plus que le confort de sa salle commune, à présent.

Sunday avait rit, après leur choc, mais pas un rire comme on en lâche un après une bonne blague ou une situation cocasse, non c'était plutôt un rire nerveux. Un peu soufflé, un peu jaune. La Lionne le rejoignit, quelques petits éclats de rire froids, témoignant du stress qu'elle venait de vivre. Son camarade se leva en annonçant que la violence c'était mal, et les bonbons l'inverse, ce qui fit sourire quand même Susan. Son visage pâle et couvert d'une fine pellicule de sueur, dûe à la course folle qu'elle venait de faire mais aussi de l'angoisse qui retombait doucement maintenant qu'elle était en sécurité. Mais cette fois, elle ne répondit pas, et poussa juste un soupir. Un long soupir dans lequel étaient mêlés lassitude, soulagement et trop plein d'émotions. Elle se rallongea sur le sol, à l'endroit même où elle était tombée, fermant ses yeux noisettes un instant.

- Il bouge encore ?

Elle attendit un moment que le Serpentard lui réponde. Pourquoi elle avait demandé ça ? Elle ne savait pas vraiment, puisqu'après tout elle n'en avait plus rien à faire de cet arbre de malheur ! Elle était vexée d'avoir raté sa dernière expérience, et son petit corps vidé de toute son adrénaline. La jeune fille avait seulement relancé la discussion, le temps de retrouver quelques forces et de décider quoi faire.

- J'crois que ça suffit pour aujourd'hui, les expériences avec le Saule Cogneur. On a assez de données.

Se redressant à nouveau pour pouvoir se relever, il lui semblait que son corps pesait une tonne. Elle sourit tout de même à son camarade de recherches, puis montra d'un mouvement de menton ses affaires qui étaient restées à leur place, un peu plus loin au pied d'un arbre. Elle avait remarqué le regard qu'il lançait au château, et était plutôt d'accord pour dire qu'il était temps de rentrer.

- J'vais les chercher, et on rentre au château ? J'noterai les résultats... Plus tard.

Susan n'attendit pas réellement la réponse de son ami, et se dirigea d'un pas lent vers son sac à dos. Elle remit son carnet, sa plume, son encre et ses morceaux de parchemin dans son sac plutôt soigneusement, laissant les cailloux et les brindilles qu'elle avait amené ce matin. Elle n'en avait plus l'utilité maintenant qu'elle avait fais ses tests, et puis surtout, elle n'avait aucune envie d'alourdir son sac. Elle avait quand même échappé belle, cette fois. Bon, comme d'habitude, on va dire, puisqu'elle avait une fâcheuse tendance à se fourrer dans des situations improbables et dangereuses, mais elle s'en sortait toujours plutôt indemne. Il ne faudrait pas parler de cet épisode à sa mère, elle allait encore devenir dingue et lui dire d'arrêter ses bêtises. Non, elle garderait ça en mémoire pour ne le dire qu'à son frère, Elliot, qui trouverait sûrement ça follement amusant.

A cette pensée, la Gryffonne sourit. Penser à son frère la rendait nostalgique de leur enfance à Inverness, mais heureuse en même temps. Perdue dans ses pensées, elle passa les bretelles de son sac à dos autour de ses bras et rejoignit Sunday, pour qu'ils fassent le chemin ensemble. Elle profita des quelques mètres qui les séparaient pour le regarder, lui qui semblait à la fois impliqué et perdu dans son monde. Elle l'aimait bien, même si ça n'avait pas très bien commencé puisqu'il l'avait suivi en douce !

- J'suis prête ! J'vous suis, docteur Vandemire !

Affichant un sourire un peu plus sincère et agréable que le précédent qui était surtout plein de fatigue, elle leva son bras en direction de la porte principale de Poudlard, ouvrant la voie à son nouvel ami. Elle était tout de même heureuse de sa matinée ; son compte rendu d'étude était presque terminé, elle s'était beaucoup amusée, et en prime elle avait trouvé un partenaire pour ses futures aventures, un autre élève qui lui inspirait déjà beaucoup d'affection, et dont elle appréciait la compagnie. Que leur réserverait le futur au sein du château ? L'avenir nous le dira.

Fin pour moi, merci Sundy pour ce joli RP qui m'a beaucoup amusé !
@Sunday Vandermeer