Eileen venait de finir ses devoirs dans la salle commune de Serdaigle. En rangeant ses livres, elle avait jeté un œil par la fenêtre de l'alcôve : un grand soleil dardait ses rayons lumineux. Souvent, dès qu'elle le pouvait, Eileen aimait faire une balade dans le parc. Elle se réjouissait d'avance à cette perspective.

Après avoir descendu les 6 étages la menant au rez-de-chaussée, la jeune fille avait décidé de faire un grand tour du parc.

Pour cette raison, elle sortit par la cour de la tour de l'horloge pour rejoindre le cloitre de Poudlard menant à l'extérieur du château. Elle atteignit ensuite le pont couvert d'aspect gothique. Elle aimait bien ce pont en bois, un peu de guingois. Elle s'arrêta quelques instants humant l'air printanier et profitant de la vue sur la verdure et plus loin sur le lac. Le soleil réchauffait son visage et un léger vent faisant voler ses cheveux détachés en tout sens.

Après quelques minutes de contemplation, Eileen se décida à reprendre son chemin vers le cromlech. Le cercle de pierres semblables à de grands menhirs était souvent emplis de jeunes adolescents, et ce dimanche ne faisait pas exception. La jeune irlandaise salua quelques têtes connues puis, cherchant la quiétude, elle poursuivit son chemin.

Elle s'orienta alors vers l'est pour y trouver un de ses endroits favoris : le parterre de l'amitié. L'immense parterre de fleurs multicolores resplendissait en ce mois de mai. Les fleurs épanouies s'ouvraient en laissant toutes sortes de petits animaux venir à elles. Eileen repéra quelques abeilles et plusieurs coccinelles. Humant l'air, elle s'emplit à plein poumons de l'odeur florale.

Perdue dans la contemplation de l'étendue végétale, elle était ainsi comme dans une méditation qui l'apaisait et lui rappelait son jardin familial où elle adorait passer du temps.

Ce tour du parc avait détendu ses épaules nouées à force d'être penchées sur ses parchemins. Eileen profitait simplement du moment présent et du lieu où elle se trouvait.

Le printemps battait son plein, il faisait doux à l’ombre mais devint vite désagréable quand ne serait-ce qu’une brise se levait, alors qu’au soleil, cette même brise était salvatrice.
J’avais fini ce que je voulais faire et le beau temps m’encouragea à sortir un tôt que d’habitude, en trois ans, je n’avais pas perdu mon habitudes de ballade, j’avais failli la perdre mais je m’étais obligée à continuer même quand je n’en avais pas plus que ça envie, connaissant le parc par coeur à force de l'arpenter. Je l’avais dessiné encore et encore, pris en photo encore et encore et pourtant me voilà devant la grande porte d’entrée de l’école, ma fidèle sacoche avec moi, et mon appareil photo sorcier autour du cou.

Je me ballais, prenant en photo des fleurs, les arbres, Poudlard sous plusieurs angles, mais ce qui manquait à mes photos, je le savais, c’était la vie ! Comme pour mon jeu en piano, mes dessins et mes photos, tout manquait de vie, tout était figé, même les portraits !

Alors, j’avais pris la décision d’améliorer mon jeu et mes arts, pour les deux derniers, je voulais tenter de prendre des êtres vivants autres que des plantes et des oiseaux qui volaient devant mon objectif lors de la photo. Pour autant, je ne me voyais pas prendre en photos des gens sans leur demander, ni arriver devant un groupe pour leur demander, même si je m’affirmais plus, je restais timide.

Je flânais et mes pas m’avaient menée vers le parterre de l’amitié, les fleurs étaient magnifiques et toutes écloses, une tâche de couleur vive dans cette verdure. Il y avait beaucoup de gens, en majorité des petits groupes mais il y avait quelques personnes seules. Je repérais de loin, une fille, assez grande, rousse, j’arrivais de son côté gauche, alors je ne voyais que son profil. Il était harmonieux.

Je pris mon courage à deux mains et lui demandais :

- Hey, excuse-moi de te déranger, j’aimerais savoir si je pouvais te prendre en photo, je cherche des modèles

@Eileen O’Brien

Eileen sortit peu à peu de l'état de déconnexion dans lequel elle était entrée en entendant que l'on s'adressait à elle. Lorsqu'elle leva les yeux vers son interlocutrice, elle découvrit une jeune Serpentard aux cheveux noirs légèrement bouclés, avec des yeux gris-clairs et une peau tout aussi pâle que la sienne.

La jeune fille semblait plus âgée qu'elle, ce que confirmait le fait qu'elle ne se souvenait pas l'avoir aperçu dans un de ses cours de première année. C'était la magie de Poudlard, les élèves de tout âge pouvaient se parler, sans forcément être de la même année, de la même origine, de la même maison. C'était une des choses qu'Eileen appréciait à l'école de sorciers, elle ne savait jamais quand elle se ferait de nouveaux amis.

Revenant à la Serpentard face à elle, elle vit que celle-ci arborait un appareil photo sorcier autour du cou et semblait timide voire prudente dans son approche de la jeune irlandaise.

Or, la rousse était d'un naturel amical, elle rassura donc gentiment la photographe :
- "Bonjour ! Tu ne me déranges pas. J'étais perdue dans mes pensées."

Se grattant le nez, signe de perplexité chez elle, elle continua sur sa lancée :
-"Pour répondre à ta question, je ne sais pas si je serai un bon modèle... C'est la première fois qu'on me demande de faire ça."

Après une pause, elle inclina la tête sur le côté et poursuivit :
-"Ca consiste en quoi être ton modèle ?" et voulant s'assurer de ce qui serait fait de son image, la photo prise "Tu fais des photos pour toi ? "

Jetant un regard sur la vaste étendue de fleurs face à elle et la désignant d'un geste du bras, Eileen enchaina avec un certain manque de confiance en elle :
-"Une photo de l'endroit ne serait-elle pas mieux sans moi ? Je ne sais pas si j'apporterai beaucoup comme sujet d'une photo..."

@Diane Ashwood

Je souris et la rassurais directement, je ne voulais pas qu’elle fuit car elle ne semblait pas bien sûre d’elle.

- non non, ne t’en fais pas, je cherche à prendre des gens en photos, en réalité, j’aimerais amener de la vie sur mes photos. Quant à ce que je veux faire des photos, rien en réalité, c’est juste pour moi et bien évidemment je te donnerai les photographies sur lesquelles t'apparaît. Je fis une pause et je repris : soit naturelle ou prend la pose comme tu veux, je n’ai pas d'attente, je veux capturer des moments de vie, alors non, les photos ne seraient pas mieux sans toi, au contraire, elles perdraient leur intérêt, j’ai déjà pris énormément de fois le parc et le château sous tous les angles et en toute saison.

Je ne savais pas trop quoi ajouter, si elle refusait, je trouverais quelqu’un d’autre soit aujourd’hui soit un autre jour. Alors que j’attendais sa réponse, je me fis la réflexion que je ne m'étais jamais prise en photos ou même dessinée, certes cela pourrait être narcissique que de le faire mais peu de gens le faisait pour moi et plus je grandissais moins il y avait de gens pour le faire. Le nombre d'albums photos le confirmait, bien plus nombreux quand j’étais bambin…

Je secouais légèrement la tête pour me concentrer avant de la regarder de nouveau et de demander doucement :

- alors tu veux bien ?

@Eileen O’Brien
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Eileen écouta avec attention la réponse de son interlocutrice. Cela ne la dérangeait pas, même si elle n'avait jamais aimé être prise en photo, elle pouvait se prendre au jeu de l'exercice.

Elle proposa un échange gagnant :
"Que dirais-tu de toi aussi apparaitre sur les photos ? Je ne dis pas que j'en prendrais d'aussi bonnes que toi... Je n'y connais rien... mais au moins tu auras un autre sujet sur tes photos... Et je ne sais pas si tu as un retardateur mais on pourrait aussi faire des photos toutes les deux... Qu'en dis-tu ? et peut-être que tu pourrais m'apprendre un ou deux trucs en même temps !"

Après sa tirade, elle se rendit compte qu'elle ne s'était même pas présentée :
- "Au fait je m'appelle Eileen ! Et toi ?"

Après une court instant, elle enchaîna :
- "Où veux-tu que je me mette ? Je pense qu'une pause naturelle serait plus sympa... J'avoue que je ne sais jamais quoi faire de mes bras quand on me prend en photo... Je fais quoi ? Je les laisse ballants ? Je les croise ? Veux-tu que je regarde l'objectif ?"

Soudain, la jeune irlandaise se prenait pour une actrice qui attendait les directives de son metteur en scène. C'était arrivé sans prévenir... Elle devait avoir ça en elle... mais avant tout, elle voulait surtout bien faire pour que son interlocutrice obtienne le résultat qu'elle attendait sur ses photos...

@Diane Ashwood

Je souris, j'avais l'impression qu'elle avait lu dans les pensées :

- je me disais la même chose, je ne me suis jamais prise en photo. Par contre, je n'ai pas de retardateur, c'est un modèle sorcier, je ne sais pas même pas si cela existe. Mais je pense qu'on peut tenter de prendre des photos à deux en dézoomant à fond, il a un grand angle. Je fis une pause et je repris, je ne suis pas une grande photographe mais peut-être que j'aurais quelque choses à t’apprendre, pose moi des questions si tu veux.

Je n'avais vraiment pas d'attente pour les photos, elle pouvait vraiment faire ce qu'elle veut,

- Oh, c'est vrai pardon, je ne me suis pas présentée, je m'appelle Diane Ashwood, enchantée de faire ta connaissance ! Tu peux faire ce que tu veux, mais je peux pour le début te guider un peu, je pense que très vite tu te prendras au jeu. Alors pour commencer, tu peux te mettre dos au château, pour tes bras, tu peux les lever au niveau que tu veux et pour les doigts, tu peux faire le V de victoire, des cœurs ou rien. Et le plus important : Souris ! Je n'ai vraiment pas d'attente, je t'assure.

Une fois qu'elle fut placée, je levais mon argentique, et cadrais : on voyait les fleurs écloses ainsi que le château :

- 3...3...1...Cheese ! J'appuyais sur le déclencheur. J'en prend une deuxième, si tu veux bouger, vas-y

Une fois fait, je me baissais pour faire une photo en contre-plongée. On voyait le ciel et le château mais bien moins les fleurs.

- 3...3...1...Cheese !

Puis je me relevais et baissais mon appareil photo.

- Que dis-tu d'en prendre une ou deux assise avec les fleurs ?

@Eileen O'Brien

Les choses avec Diane semblaient naturelles et la photographe ne semblait avoir d'autres attentes que celle d'avoir Eileen sur ces photos.

En se laissant aller et en ne réfléchissant pas, la pause que la jeune irlandaise prenait venait naturellement. En voyant Diane bouger, elle se rendit compte qu'elle jouait avec le cadre et les angles. La rouquine lorsqu'elle prenait les photos se contenter de viser et d'appuyer pour prendre en photo ce qu'elle voyait. Généralement cela n'avait rien de mémorable et elle commençait à comprendre pourquoi.

Sur la suggestion de la photographe, et entre chaque "cheese" et prise de photo, Eileen posa des questions :
- "Qu'est-ce qui pour toi fait une bonne photo ? Qu'est-ce qu'il faut prendre en compte ? Comment as-tu choisi ton appareil photo ? Pourquoi les modèles sorciers n'ont pas de retardateur ?"

Elle écouta l'artiste lorsque celle-ci lui demanda si elle pouvait prendre des photos dans les fleurs. Eileen s'assit. Elle changea alors ses pauses, en tailleur et en fixant l'objectif puis les jambes allongées en regardant le ciel, le regard fuyant l'objectif vers le côté... Elle espérait que tout cela convenait à la Serpentard... En arrière plan, dans sa tête, elle commençait à se demander combien de photos étaient emmagasinées dans l'appareil !

- "Veux-tu que je prenne une autre pause ou que je mette à un autre endroit ? Ou on essaie des photos toutes les deux ?"

Nous venions de finir de prendre les photos assises avec les fleurs, et je baissais mon argentique pour mieux réfléchir à ses questions, honnêtement, je ne m'étais jamais posée la question, tout comme je ne m'étais jamais posée de questions quand je dessinais, je le faisais c'est tout. La tête légèrement sur le côté et la bouche un peu boudeuse, je répondis en même tant que je réfléchissais :

- humm, je ne sais pas trop, je le fais c'est tout, mais...avec un peu de réflexion, je dirai qu'une bonne photo c'est une photo dont le sujet est évidement et ce même s'il n'est pas au premier plan car il attire l'oeil par sa simple présence. Je refis une pause puis j'ajoutais quand je prends une photo, je ne centre jamais le sujet comme en dessin, si tu traces les diagonales, tu verras que le sujet n'est jamais totalement au centre, il est toujours un peu décalé. Pour mon appareil photo, j'ai eu un goût pour le vintage l'année dernière, alors j'ai récupéré chez moi en farfouillant un peu, un vieil argentique du temps de mes grands-parents voir arrières-grands-parents, puis en faisant du shopping dans le monde sorcier, j'en ai trouvé un et j'ai voulu le comparer avec le mien qui est moldu. Et mis à part, le fait qu'avec une potion, les photos prises avec un argentique sorcier peuvent bouger un peu, c'est la même chose qu'un argentique moldu. Les sorciers ne sont pas trop modernes comparé aux moldus, le monde sorcier semble figé dans le temps donc les retardateurs c'est pas pour demain. J'ai aussi un appareil photo numérique, mais il ne ferait pas bon ménage avec la magie et au vu de son prix, il va rester sagement chez moi.

Je fis une pause plus longue puis je repris,

- On peut essayer d'en faire une à deux, si je dézoome au maximum et que je le tiens à bout de bras et si on est proche, alors ça pourrait fonctionner, j'en sais trop rien...d'ailleurs je me faisais la réflexion, que je ne m'étais jamais prise en photo, moi-même. Alors on essaie ? Puis on peut changer d'endroit, il y a un grand arbre seul plus loin, j'aime bien les reflets qu'il fait quand le soleil filtre à travers les branches.

@Eileen O'Brien , sens toi libre d'avancer dans le temps, avec la photo à deux et le changement de lieu, enfin comme tu veux, hein !

Tout en prenant les poses, la rouquine s'était prise au jeu. Elle écouta avec attention les réponses de la Serpentard. C'était étonnant de se dire qu'elle appréhendait le sujet de son œuvre différemment que ce soit dans le dessin ou la photographie. L'irlandaise aurait plutôt cru que l'œil de l'artiste devait être le même quelque sort l'art sur lequel il se penchait. A croire que l'outil utilisé changeait les perspectives...

En tout cas, elle était heureuse que la photographe prenne enfin des photos d'elle-même. Elle se souvenait que plus petite, c'était toujours sa mère qui prenait les photos et que de ce fait, elle était rarement sur les photos. En regardant les albums, elle le regrettait un peu. Elle aimait retracer son histoire et les bons moments ne faisaient pas souvent apparaitre celle à qui elle devait beaucoup et qu'elle aimait profondément. Heureusement, qu'elle était encore là pour le lui dire et rattraper cette erreur. A présent, lors de chaque évènement, la jeune fille faisait attention à ce que sa mère apparaisse bien sur les photos. Parfois, elle-même s'emparait de l'appareil pour s'assurer d'avoir au moins une photo de chaque membre de sa famille. Elle chérissait chaque instant qu'elle vivait avec eux. Et pour en revenir à l'instant présent, il fallait pour chérir les autres prendre soin de soi et s'apprécier... Ca c'était son père qui le lui avait appris. Ce n'était pas les autres avant et soi après mais soi avant pour pouvoir aider les autres... Il était donc important que la jeune photographe pense aussi à être le sujet de ses photographies. Elle lui expliqua alors cette anecdote concernant sa mère et la conclusion qu'elle venait d'avoir.

Lorsqu'elles prirent le chemin de l'arbre, Eileen s'interrogea sur la passion qu'elle sentait poindre dans chaque parole de l'artiste :
- "Qu'est-ce qui te plait dans la photo ?"

Nous nous avancions dans la direction de l'arbre en question, tout en discutant de tout est de rien, Alors elle me posa une colle : qu'est-ce qui me plaît dans la photo ? Je ne savais pas trop, elle aurait parfaitement pu me poser la question sur le dessin ou le piano que la réponse aurait été tout aussi difficile à fournir. Je ne sais pas au final pourquoi d'un coup j'ai eu envie de me mettre à la photo et pourquoi je continuais toujours. Mais je ne pouvais pas lui répondre ça n'est-ce-pas ? Devrai-je alors mentir et inventer une jolie histoire, lui disant que c'était en me renseignant sur mes grands-parents que j'avais retrouvé leur argentique et que je voulais voir ce que cela faisait de prendre une photo comme eux le faisaient de leur temps...C'était une jolie histoire non ? Le genre de raison qui quelque part justifie une passion et le fait qu'on y consacre du temps alors que ce n'est pas utile.

Je n'allais pas lui dire ça, je pourrais, elle ne saurait pas que ce n'est que du vent mais je ne me voyais pas lui mentir sur un sujet aussi trivial, alors en haussant les épaules, la regardant, je lui répondis :

- Je suis curieuse, voilà tout. Je fis une pause et je repris, assez parlé de moi, qu'est-ce que tu aimes ? ou tes passions dans la vie ?

Nous arrivions à l'arbre, on entendait le bruissement de ses feuilles, c'était un lieu agréable.