* Mention de dépression et de consommation d'alcool déraisonnable.

On était fin juin, un soir où Diarmuid avait pris la décision de sortir. Pour être tout à fait franc, il sortait presque tous les soirs s'il ne travaillait pas de nuit. C'était juste que quand il travaillait le lendemain matin, il s'éclipsait dans la nuit pour retrouver son appartement et mieux dormir, dormir plus, dormir tout simplement. Car ces nuits là étaient généralement... disons mouvementées.

Ce soir là, il avait choisi de venir passer un moment à Cardiff, côté moldu pour éviter de se retrouver à nouveau dans une situation où un sorcier pourrait le surprendre ou pire, le reconnaître. Il n'était pas encore très tard, minuit n'était pas passé, et pourtant, l'irlandais était debout accoudé au comptoir d'un bar dansant, observant la piste où plusieurs couples de danseurs ou danseuses évoluaient sur un air de salsa. Tous ne dansaient pas parfaitement les pas, mais pour tout avouer, ce n'était pas la technique des danseuses qu'il regardait. Non, il essayait de voir s'il allait inviter l'une d'entre elles à danser avec lui. A moins que ça soit l'une d'elle qui ne vienne, ombreuses étaient celles qui étaient à l'initiative d'une danse. Toute ne souhaitaient pas forcément plus, quelques gestes et mots échangés suffisaient généralement à être fixé sur les intentions potentielles de ses partenaires de quelques minutes.

Mais pour le moment, une bière blonde à la main, toute crainte de perdre totalement le contrôle à cause de l'alcool grâce à une potion à base de poudre de corne de Hodag prise en prévention, le châtain était observateur et ses yeux marrons venaient de repérer une jeune femme brune dont l'allure était tout à fait à son goût. Elle était là, à moins de trois mètres, assise à une table et tournée de trois-quarts par rapport à lui. Il n'hésita pas bien longtemps à s'avancer dans sa direction, verre à la main pour engager la conversation. "Salut, je peux m'asseoir?" Lui demanda-t-il en arrivant à sa hauteur.


@Arden Rosenwald nous voilà partis avec un Diarmuid qui n'a pas reconnu Arden (pas pour l'instant). N'hésite pas à me dire s'il y a besoin de quelques modifications.

Elle avait besoin de vacances, de souffler un bon coup et de prendre l'air. Pas forcément très loin, mais juste de sortir de ce quotidien harassant, de ce boulot trop facilement acquis et qui n'avait petit à petit plus vraiment de sens à ses yeux. Gérer les autorisations de créations de Portoloin, voir les autres disparaître pour d'autres contrées, d'autres voyages.

Voir les autres disparaître comme Morgan, l'avait fait.
Oui on pouvait le dire.
Sa sœur était un Portoloin.
Un objet acquis du quotidien, dont elle seule connaissait la vrai valeur, et qui d'un seul touché s'était envolée. Disparue.

Trier de la paperasse, signer, contrôler, approuver. L'âme d'aventurière de la jeune sorcière s'était également éteinte quand elle avait accepté de rentrer dans le rang. Il était bien loin le temps où elle quittait la demeure familiale en catimini, où elle planifiait ses futures escales de grande joueuse de Quidditch.

Ces rêves là étaient partis en fumée.
Il n'en restait plus que des cendres et de la poussière.

C'est pourquoi elle avait décidé de prendre quelques congés, de revenir passer du temps chez son père et sa belle-mère. Un séjour court mais nécessaire dans les limbes de ses souvenirs familiaux. Une halte dans le Cardiff de son enfance. À la manière d'une adolescente, Arden s'était maquillé les yeux, y déposant un fard sombre et lourd qui appuyait son regard, ne laissant ressortir que sa pupille bleue. Glaciale. Elle avait également décidé de laisser sa canne dans sa chambre, se forçant ainsi à claudiquer à chaque pas. Elle réprimait quelques grimaces, mais à quoi lui servirait cet appui de fortune ce soir, alors qu'elle serait assise à ne lever que le petit doigt pour boire un verre.

Habitée par une certaine curiosité, elle avait également décidée — pour sortir de sa zone de confort — de se rendre dans un Cardiff qu'elle connaissait mal. Celui des Moldus et de leur drôle de monde. Il ne lui restait que quelques bribes de souvenirs concernant ses cours, alors peut-être que cette soirée lui rafraîchirait la mémoire.

Poussant porte d'un de ces bars aux néons colorés, elle serpenta parmi la foule, essayant de faire taire ce lambris de corps humain qui lui faisait mal. Elle serrait les dents, regrettant presque de ne pas avoir pris son attirail de vieille sorcière. Trouvant rapidement une place libre, elle s'empressa de s'y asseoir afin de faire cesser la douleur. Elle se maudit pour son manque de jugeote, mais oublia rapidement sa douleur quand un premier cocktail étonnant du nom de Margarita atterrit sur sa table. Le nom chantant lui faisait penser au Mexique et à tous ces pays qu'elle n'avait pas eu la chance de visiter, faute de vacances. Portant la mixture inconnue à ses lèvres, elle observait la salle par dessus son verre. Elle qui s'était attendu à ce que les Moldus soient bien différent d'elle, quelle ne fut pas sa surprise en observant ces humains. Elle n'aurait su dire parmi la foule, s'il s'y cachait un sorcier.

Le son d'une voix qui couvrit la musique la fit tressaillir. Elle qui pensait passer inaperçue dans cette foule et ce bruit, voilà qu'une jeune homme venait de s'avancer vers elle et requérait sa compagnie. Était-elle venue pour ça, elle dont la sociabilité lui faisait désormais défaut. Pourquoi pas après tout. Reposant son verre — dont elle avait déjà bien entamé le cocktail — elle désigna la chaise libre qui jouxtait la sienne.

— Salut, tenta-t-elle de répondre avec la même nonchalance. (On l'avait habituée à de bien meilleurs manières qu'une simple salutation, mais elle souhaitait se fondre dans la masse et essayer de faire un peu plus moldue.)

— Tout dépend de si vous vous asseyez avec moi pour cinq minutes, ou pour une bonne heure, rétorqua-t-elle avec un demi-sourire.

Elle ne put s'empêcher de ses pincer les lèvres. Avait-elle bien fait de le vouvoyer ? Ou passait-elle pour une bourgeoise un peu coincée, incapable de faire la fête et de se détendre à la première discussion. Elle eut soudain envie de prendre ses jambes à son cou et de filer à l'anglaise. Manque de bol, elle n'avait plus sa troisième patte, et elle aurait bien du mal à courir avec sa jambe défectueuse.

Maintenant qu'il s'était approchée de la jolie brune repérée depuis le bar et que celle-ci venait de tourner son visage vers lui qui attendait une réponse, il put distinguer plus d'elle. Le visage plutôt fin aux angles saillant, des yeux d'un bleu profond, froid qui contrastait avec la chaleur des siens, marrons tirant noisette. Mais pourtant un sourire et l'accord d'un geste pour s'asseoir à ses côtés. Alors l'irlandais prit place et, alors qu'elle prenait la parole, eut cette impression étrange de la connaître. Était-ce son allure? sa voix? ou cette façon de parler? Des personnes qui vouvoyaient les autres à pas trente ans, il n'en connaissait pas tant... Et il en faisait parti.

- "Je ne saurais vous dire." Répondit-il d'abord très sincèrement de cet accent qu'il n'avait pas besoin de forcer et qu'il ne souhaitait pas voir disparaître. Un sourire se dessina sur le visage du châtain et ses yeux détaillèrent le visage de la brune, yeux, pommettes, coins des lèvres, angle des mâchoires, retour sur les yeux. "J'espère toujours que les rencontres que je peux faire durent plus de quelques minutes. Une heure ou plus..." Continua-t-il en laissant sa phrase en suspens. Il avait opté pour poursuivre avec le vouvoiement quand bien même c'était la première fois qu'une moldue le faisait avec lui. Pas que ca soit désagréable, au contraire.

Ses vêtements allaient-ils lui donner des indices? Pas vraiment, peut-être un peu plus élégant que la majorité des femmes présentes mais pas complètement désaccordé avec l'endroit. Un peu comme lui qui ne portaient pas de jeans ni de tee-shirt mais des pantalons de costumes et des chemises, quoiqu'il avait opté pour le lin en ce mois de juin. Et puis elle avait cette aura que beaucoup n'avait pas. Ça lui plaisait. Beaucoup.

Et puis il capta quelque chose, un mal-être peut-être. Est-ce que le fait de dire qu'il espérait plus que de rester à échanger trois mots venait de saboter l'idée d'essayer de la charmer? "Dans tous les cas ça sera à votre convenance." Parcheva-t-il pour la rassurer. "Vous venez souvent ici?" Tentative de commencer la discussion en embrassant la salle du regard avec de reprendre le contact visuel avec cet air qui semblait plaire à bon nombre, même certains hommes.

Était-ce sa canne qui lui faisait tant manquer d’assurance ? Pourtant assise ainsi elle passait pour la plus normale des femmes, ses ongles vernis tenant d’une main son verre, l’autre posée sur la table en bois. Plus besoin de se maintenir sur cette troisième jambe bancale, plus besoin de boiter d’un bout à l’autre de la salle ou de se faire offrir une place sur un banc. Les yeux du jeune homme ne la dévisageait pas comme un vieux corps puisant dans ses dernières réserves de jeunesse pour se maintenir debout.

Il possédait en tout cas l’allure de ceux qui aiment faire la fête, le bagou des moins intimidés et les manières des gentlemans. Un contraste qui plu immédiatement à Arden. Une pointe d’accent refit surface quand il lui répondit. Un irlandais, c’était d’autant plus exotique. Loin de s’offusquer de ses manières un tantinet bourgeoises, il semblait au contraire se prêter au jeu. C’est donc par un « vous » qu’il lui répondit également. La conversation sembla prendre une tournure un peu plus adaptée aux habitudes d’Arden. Décidément les Moldus pouvaient être surprenants. Et étonnamment, il dégageait une aura qui lui semblait plutôt familière, mais elle n’aurait su dire pourquoi. Ses attentions restaient polies et nulle ombre au tableau ne venait noircir les premiers mots qu’ils échangèrent. Aussi la jeune sorcière se détendit-elle finalement, portant de nouveau à ses lèvres le verre qu’elle s’était commandé. Il semblait par ailleurs assez sûr de lui et de ce qu’il cherchait ce soir. Rien qui ne fit reculer Arden Rosenwald. Un sourire éclaira le coin de sa bouche alors qu’elle lui répondait à son tour :

— Nous verrons alors, jusqu’où vont mes convenances.

Une ampoule vacillante accrochée à une guirlande attira son attention, mais elle se refusa à succomber à son envie maladive de réparer tout cela d’un coup de baguette magique. Surtout pas ce soir. Reportant posément son attention sur le jeune homme, elle prit le temps de répondre à sa question, s’offrant une nouvelle gorgée de cet amer cocktail.

— Pour être tout à fait honnête, non. Mais je me plais à découvrir cet endroit ce soir.

Impossible de lui révéler les véritables endroits où elle frayait. Elle ajouta, ses yeux d’un clair obscur semblable à une marée montante :

— Ainsi que ses habitués.

Si cela résonnait comme une affirmation, il n’en demeurait pas moins qu’elle pouvait également lui poser la question. Et diable, comment se départir de ce sentiment de déjà-vu. Qui était-il ? Peut-être son nom lui dirait vaguement quelque chose.

La réponse de la brune lui tira un sourire à mi-chemin entre la séduction et la malice. La jeune femme était définitivement bien plus intrigante et donc désirable à ses yeux. Ce n'était pas forcément ce qu'il recherchait lorsqu'il sortait, mais il mentirait en disant que c'était désagréable de pouvoir discuter plutôt que de laisser les corps parler directement. Loin de lui l'idée d'épiloguer sur les confidences, mais il sentait qu'elle valait ces moments d'attention.

Il suivit son regard des yeux, elle venait de le poser sur une guirlande dont une lumière ne semblait plus fonctionner correctement, elle avait un clignotement désagréable aussi, il détourna le regard et prit une gorgée de sa boisson, une valeur sûre comparée à tous ces cocktails dont les noms et les mélanges lui parlaient parfois assez peu. Les alcools les plus bruts lui convenait bien plus, quoique ce soir, il jouait pour le moment la carte de la sobriété. Si tant était que de se contenter de bières signifiait être sobre.

- "Pour être honnête, je ne suis pas un habitué des lieux. Je ne suis que de passage dans la ville. Même si j'arpente volontiers des bars de ce type," dansants, "à Dublin." Avoua-t-il en replongeant son regard marron dans les yeux clairs et envoûtants de sa compagne de discussion - pour le moment. "Ou Londres." Précisa-t-il en ressentant de nouveau cette sensation étrange de déjà-vu. Il rejeta l'idée de la connaître, vraiment la connaître. Elle devait ressembler, par certains aspects à une fille avec qui il avait déjà passé un moment agréable, voilà tout. "Et si je peux me permettre, je ne regrette pas mon escapade en pays gallois." Et c'était vrai, il ne pensait pas trouver quelque chose de bien différent de ses expériences précédentes en zone moldue, car il évitait les lieux sorciers pour des raisons de discrétion.