Yesenia bouillonnait. Depuis la réception de son devoir, au début de l'heure de cours, Yesenia n'avait pas prononcé un seul mot. Elle avait fusillé Miss Valerion du regard durant tout le cours, sans jamais ouvrir la bouche une seule fois. Elle l'avait maudite, sur plusieurs générations, avec toute la mauvaise foi du monde, parce qu'après tout, c'était vraiment un professeur stupide qui ne comprenait rien à rien.

Si Yesenia était entrée en classe avec son plus beau sourire, heureuse de voir son professeur de défense contre les forces du mal, il n'en était plus rien désormais. Miss Valerion était devenue sa pire ennemie.

Ce devoir, elle y avait mit toute son âme, et Miss Valerion ne comprenait rien. Toute façon, comment aurait-elle pu comprendre, elle n'était que professeur, après tout ! Ce devoir, sur les sortilèges impardonnables, lui avait prit un temps fou. Ce temps, elle l'avait passé à la bibliothèque, cherchant un bon nombre d'informations sur chacun des sortilèges, et pourtant... Miss Valerion avait côté ce devoir de la pire des manières.

Tout en haut de sa rédaction, Miss Valerion avait écrit « Désolant… tout est dit. » et Yesenia avait beau retourné le commentaire dans tous les sens, elle ne comprenait pas. Miss Valerion n'avait rien compris à sa rédaction, c'était certain.

Enfin, lorsque les élèves quittèrent la salle et qu'il ne resta plus que la professeur, la Serpentard s'approcha, les sourcils froncés, et tendit la rédaction à la sorcière.

- Je ne comprends pas du tout cette note, Miss, je pense que vous vous êtes trompées. dit-elle simplement, certaine d'avoir bien traité le sujet.

Cet après-midi là, Sixtine avait donné un cours aux élèves de quatrième année. Ils avaient étudié la partie théorique du cours concernant Expedimenta. Ce sort bien pratique permettait de soulever quelqu'un ou quelque chose de terre. Et bien sur, plus l'objet était lourd plus il était difficile de le soulever de terre.

Ils avaient donc étudié l'étymologie, l'origine du sort, son effet, la façon de s'en servir, pourquoi s'en servir et comment s'en servir en toute sécurité. Un sort aussi intéressant que celui ci aurait du intéresser tous les élèves et pourtant, une nouvelle semblait ne pas s'intéresser au cours ou du moins, elle ne semblait s'intéresser qu'à la professeure et semblant attendre qu'elle brule par l'opération de Merlin.

A la fin du cours, alors que tous les élèves avait quitté rapidement la salle de classe, l'élève qui n'avait pas cessé de jeter des regards noirs à l'ancienne auror s'était approché de la professeure en fronçant les sourcils et tendant son devoir. Il s'agissait d'un devoir sur les sortilèges impardonnables et l'élève avait eu un Désolant à ce devoir.

- Je me souviens très bien de votre devoir et je vous assure que ce n'est pas une erreur. Dans l'intégralité de votre devoir vous assurez que les sortilèges impardonnables devraient être enseigné à l'école hors ce n'était pas le sujet de ce devoir et deuxièmement ce n'est pas possible de vouloir en tel enseignement.

De sa baguette, Sixtine fit venir jusqu'à elle une chaise pour que l'adolescente puisse y prendre place. Pendant ce temps là, Sixtine passa de l'autre côté de son bureau et s'installa sur sa chaise. Le thème du devoir était d'expliquer les effets physiques et psychologiques des sortilèges impardonnables.

Yesenia s'assit lentement sur la chaise proposée, les sourcils toujours froncés, tout en calant quelques unes de ses mèches de cheveux derrière ses oreilles. Au moins, Miss Valerion semblait disposée à discuter de l'impardonnable mauvaise note. La grande horloge de la cour avait sonné la fin des cours, et même si le ventre d'Yesenia criait famine - à près tout, il était déjà dix-neuf heures -, il était hors de question pour elle de sortir de la salle de classe sans un changement de note.

Yesenia sourit, d'un sourire acide, et secoua doucement la tête. C'était certain, Miss Valerion n'avait absolument pas compris ce qu'elle voulait exprimer dans son devoir.

- Je pense que vous n'avez pas saisi le fond de ma pensée dans ce devoir. dit-elle, en déposant le parchemin en évidence sur le bureau de son professeur. Les sortilèges impardonnables sont, pour moi, essentiels et doivent être appris pour que nous puissions nous en protéger...

Elle réfléchit un instant. N'avait-elle pas vécu les pires horreurs à Poudlard au cours des trois dernières années ? Il y avait eu toute sorte d'évènements, tous plus terribles les uns que les autres. Le bal de Noel, l'elfe blessé... La vie à Poudlard n'était pas un long fleuve tranquille. Et apprendre les sortilèges impardonnables lui garantirait sans doute la survie.

- Comment pouvons-nous apprendre à nous défendre contre eux, si nous connaissons aussi mal ces sorts ? finit-elle par dire.

Sa question était sincère, et elle en oublia un instant la raison de sa visite. Miss Valerion n'avait-elle donc jamais voulu se protéger de la manière la plus radicale possible ?

- Je me vois mal éviter un sortilège de la Mort et ne pas répliquer de la même manière. Comment peut-on contrôler sa colère ou sa peur dans des moments pareils ?

La professeure prêta une oreille attentive à son élève. Si attentive qu'elle entendit son estomac grogner... L'adolescente expliqua à sa professeure qu'elle n'avait pas su saisir le fond de sa pensée, que les sortilèges impardonnables étaient indispensables. Sixtine soupirait intérieurement à l'idée de devoir expliquer la vie à une adolescente un peu perchée et finalement, elle continua son explication et cette petite question éclaira l'esprit de la professeure.

- Miss Cooper, je comprends ce que vous dites. Mais comprenez bien qu'à Poudlard, je ne peux pas vous enseigner la magie noire. Et puis surtout, il y a d'autres moyens de se défendre fasse à une personne qui vous lance un sortilège impardonnable, je vous assure.

Finalement, le problème n'était pas la note de cette jeune fille mais plutôt la peur qu'elle avait du mal à contenir. Elle ne pouvait que comprendre qu'elle veuille apprendre à se défendre mais elle devait lui montrer des chemins plus doux et plus lisses.

- Le seul moyen de contrôler sa peur c'est l'expérience. Lorsque j'étais jeune Auror j'ai eu des moments ou la peur prenait le dessus mais, j'ai fait mon possible pour passer au dessus de tout ça. Vous devez apprendre à faire pareil et à réagir de façon réfléchi sans vous laissez guider par la peur.

L'ancienne Auror observa ensuite le devoir de la jeune fille et décida de le prendre et de le relire. Elle avait effectivement fait un hors sujet complet et cette petite méritait peut être une deuxième chance.

- Souhaitez vous refaire le devoir ?

Miss Valerion semblait comprendre ce qu'Yesenia voulait lui dire. Après tout, ne disait-on pas qu'il fallait combattre le mal par le mal ? Yesenia appliquait tout simplement cette vieille expression que sa grand-mère lui disait lorsqu'elle était enfant. L'adolescente souhaitait en connaître suffisamment sur la magie noire, non pas pour la pratiquer au quotidien, mais bel et bien pour s'en protéger et comprendre l'entièreté de sa propre magie. La Serpentard se représentait la magie sous forme d'un iceberg, et, arrivée à l'âge de quinze ans, il était normal qu'elle veuille creuser dans les profondeurs, pour en connaître toutes les subtilités.

Cependant, Miss Valerion avait choisi des mots particuliers, et cela retint l'attention de la quatrième année. A Poudlard, Miss Valerion ne pouvait lui enseigner la magie noire. Ces mots raisonnaient dans son esprit, mais elle n'y répondit pas.

- Je vois ce que vous voulez dire, et je vous remercie de tenter de comprendre mon point de vue.

En ce qui concernait son devoir, la professeure fit une rapide relecture, et proposa qu'Yesenia puisse refaire son devoir. L'adolescente leva un sourcil, interloquée, et reprit son parchemin, tout en rougissant.

- Je pense que j'ai appris quelque chose avec ce devoir, et ce serait injuste pour les autres. Mais si cela ne vous pose pas de problème, j'aimerais rédiger un paragraphe sur ce que vous venez de m'apprendre à l'instant.

Yesenia savait très bien quelle conclusion elle tirerait face à son devoir. La magie noire se nourrissait des émotions négatives, comme la peur, la colère, ou le pouvoir. Toutes ces émotions étaient indispensables chez un sorcier, tant qu'elles ne prenaient pas le dessus. Ainsi, Yesenia se promit de rédiger combien il était important de se nourrir d'espoir lorsqu'elle lançait des sorts, peu importe quel type de magie était lancé face à elle, parce qu'elle avait la chance de ne pas être guidée par des émotions négatives.

- Connaissez-vous encore la peur, par moment, Miss ? demanda-t-elle.

Elle avait hésité, prête à partir, puis avait dansé d'un pied à l'autre, cherchant comment poser cette question qui lui brûlait les lèvres. Yesenia avait du mal à croire qu'une adulte, sorcière et professeur de défense contre les forces du mal puisse avoir eu peur un jour. Miss Valerion était sans aucun doute le symbole du courage, de la force et de la mesure. Yesenia respectait tout à fait cela.