Il aura fallu cinq ans pour qu’Erwan retourne voir ses grands parents en France. Non pas que cela lui aurait déplu d’y retourner plus tôt, mais la vie en avait décidé autrement. C’était sa seule famille sorcière et il n’avait appris leur condition magique que très tard dans sa vie. Maintenant qu’il avait grandit, il était soulagé de pouvoir compter sur eux. Il lui semblait intenable de passer l’été à Bristol en compagnie d’un père qui avait du mal à supporter sa présence. Même si leurs rapports prenaient doucement la pente de l’indifférence, leurs conflits étaient encore bien trop animal pour qu’Erwan veuille s’infliger un pareil été. Il avait donc écrit à ses grands-parents pour savoir si ils étaient prêts à le recevoir pendant l’été pour une durée... indéterminée. Leurs retrouvailles furent plus que chaleureuses ! Comme si cette longue période n’avait été qu’un clin d’œil. Durant sa première semaine en Bretagne, Erwan fut assailli des visites de tous ses oncles, cousins et cousines. Il reprît difficilement son apprentissage express du français sans vraiment parvenir à maîtriser la langue, fort heureusement la plupart des membres de sa famille parlait un bon anglais. C’est au huitième jour sur place que ses vacances prirent une direction inattendue !

Erwan avait été visité le stade des Tape-Souafle de Quiberon avec son oncle Jean. Le frère de son père lui en avait déjà parlé à plusieurs reprises, mais Erwan fut surpris de découvrir un stade bien plus petit que ce qu’il avait imaginé. Le stade de Poudlard était presque plus grand ! Selon Jean, il était bien plus facile de dissimuler un stade et un château dans les Highlands écossais que n’importe quel petit édifice dans la campagne française. Et si le Poufsouffle fut d’abord déçu de sa découverte, l’échange auquel il assista entre son oncle, commentateur du club, et le président des Tape-Souafle, mît des étoiles dans les yeux de l’ancien gardien des Hel’s. Le club avait des places pour plusieurs match de la Coupe du Monde de Quidditch aux Philippines... Sa mâchoire était déjà bien trop bas pour descendre plus, mais elle l’aurait fait si elle avait pu quand Jean ajouta qu’il avait déjà prévu d’amener son neveu voir quelques matchs. Ainsi donc il assisterait pour de vrai de vrai à des matchs de la célèbre et tant attendue coupe du monde de Quidditch ! Il n’en revenait pas ! Une fois rentré au domicile des grands-parents, il emprunta un hibou pour écrire à Jeff, à Cal, à Ali, bref à tout le monde qui le liait de près ou de loin à ce sport.

Ainsi, la veille du match d’ouverture, la petite tribu constituée d’Erwan, Jean son oncle, Maëlle sa cousine et Théo son cousin, se mit en route au petit matin pour rejoindre le portoloin le plus proche. Deux autres petits groupes attendaient le départ. Un long club de golf tordu et rouillé semblait faire office de transport. C’était la première fois qu’Erwan se déplaçait ainsi et, une fois sur le sol Philippin, il n’était pas sûr d’avoir envie de réitérer l’expérience. Quand son regard se posa tout autour de lui, il était le seul debout de la tribu voilà pourquoi. Tout semblait merveilleux ! Son oncle s’occupa des formalités administratives pendant que le Triskell des cousins trépignait d’impatience pour s’aventurer sur l’île. On leur indiqua leur emplacement de camping, à l’est de l’île Salamangka, puis après leur avoir donné le plan de l’île, les quatre membres de la famille Martin se permirent une petite explosion de joie pour savourer l’instant.

Une fois sur l’emplacement où il allait passer plusieurs semaines, Erwan pu constater qu’il était proche à la fois du stade et du stand de jeux. D’après le plan, la cuisine et le stand de maquillage se trouvaient un peu plus loin au nord et à l’ouest. Si il lui tardait d’aller découvrir l’île, Jean avait d’abord demander que lui et ses cousins aident pour installer leur campement. À quatre baguettes, il ne fallut qu’une grosse dizaine de minutes pour ériger la tente qui leur servirait de logement ces prochaines semaines. Ce n’est qu’une fois la tente montée qu’Erwan se demanda comment cela allait se passer pour dormir ; la tente était certes d’une belle taille, surtout en hauteur, mais elle n’avait pas l’air d’offrir beaucoup d’espace pour que les quatre Martin puissent s’y côtoyer confortablement... D’extérieur, la tente était un étrange hybride entre une tente carré et une maison bretonne, elle avait un toit en ardoise et des pierres semblaient lier la toile qui servait de mur, il y avait même une cheminée ! À l’intérieur, Erwan connu une énième fois dans sa vie la petite gêne d’avoir pensé comme un moldu... C’était une grande maison ! Étrangement similaire au domicile de son oncle. Ce dernier leur indiqua où étaient leurs chambres avant de déposer ses bagages dans la sienne.

Cinq minutes après avoir pris possession de ses quartiers, Erwan et ses cousins étaient de mission pour ramener à manger ce midi là. Ils devaient traverser l’île dans sa largeur pour rejoindre la cuisine. Tout ce que le garçon voyait était sujet à l’émerveillement ! Les différentes habitations qui venaient de partout sur la planète, la mosaïque de couleurs que formaient les fanions, les drapeaux et différentes décorations des supporters de tous les continents... Si Erwan se sentait heureux à Poudlard grâce à ce sentiment réconfortant de faire partie d’un groupe, d’un tout ; c’était multiplié par dix ici ! Voir de ses yeux ce grouillement de vie sorcière lui emplissait le cœur de joie, il faisait partie d’un tout bien plus grand que Poudlard ! Sa cousine et son cousin, sûrement bien plus habitués que lui à ce constat, étaient partis vers la cuisine sans l’attendre. Il les retrouva devant le stand surmonté d’un panneau où était écrit « Ang Kusina ». La cuisine était en elle-même une version miniature de l’île où l’on pouvait voir des sorcières et sorciers venus de toute la planète, il s’y côtoyait de nombreux accoutrements, de nombreux accents et différentes langues étrangères aux oreilles du Poufsouffle. C’est Maëlle qui interpella son cousin : « Erwan ! T’étais où ? On a pris trois plats français mais on savait pas ce que tu voulais alors on t’a commandé le plat écossais, on s’est dit que ça t’irait forcément... ». Si un fish and chips lui convenait parfaitement, Erwan ne put s’empêcher de penser que leur réaction était typiquement française ! La carte, qu’il consultait désormais, offrait la possibilité de goûter des plats du monde entier, mais Maëlle et Théo avaient fait le choix d’aller vers ce qu’ils connaissaient déjà... « Vous pouviez goûter à toutes ces choses, mais vous avez été vers les plats qu’on connaît déjà ? Vous manquez de curiosité culinaires mes chers cousins ! Ce soir, c’est moi qui choisis pour tout le monde ! ». L’attente fut courte malgré la quantité de personnes qui attendait de recevoir leurs plats. Une fois de retour à la tente avec la pitance, les représentants de la famille Martin s’installèrent sur la table à l’intérieur. Le soleil qui frappait dehors était un petit peu trop violent pour que Bretons et britannique puissent y apprécier leur repas !