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05 mars 2014, 10:23
 05/2039  Une aide inespérée







Chapitre Neuf de l'Acte Final

“ Une Aide Inespérée ”





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Intervenants :


Arseni Stoyanov, directeur de Poudlard
Kristen Loewy, professeur de Défense contre les Forces du Mal

Dernière modification par Arseni Stoyanov le 02 sept. 2016, 14:44, modifié 4 fois.
05 mars 2014, 10:32
 05/2039  Une aide inespérée


L'endroit paressait presque surréaliste. Par la grande brèche dans le mur, les premiers rayons du jour naissant venaient caresser avec douceur les débris entassés là par l'effondrement du plancher supérieur. Une brise légère tourbillonnait à l'intérieur de la tour et faisait scintiller les quelques particules de poussière qu'elle réussissait à soulever dans les airs. Même l'atmosphère de la pièce circulaire dégageait un étrange sentiment de plénitude. Comme si tout avait toujours été ainsi et que l'univers n'y trouvait rien à redire.

Debout au centre de la pièce, emmitouflé dans une cape noire qu'il tenait fermement du poing droit, Arseni Stoyanov regardait le trou béant par lequel il avait précipité Harald McGee quelques heures plus tôt. Ses petits yeux noisette, plissés par la fatigue, brillaient pourtant d'une lueur singulière, mélange de calme et d’apaisement. Il ne souriait pas, mais ses lèvres en évoquaient l'empreinte lointaine, ce qui conférait à son visage une émotivité solennelle, aussi solennel que pouvait l'être le visage d'un général victorieux contemplant pour la dernière fois le champ de bataille où s'était joué son plus beau triomphe.


« Êtes-vous toujours décidé à faire ce que vous avez résolu de faire ? demanda Dumbledore, confortablement installé dans son portrait au sommet d'un montons de débris, en fixant ses yeux d'un bleu électrique sur Arseni. »

Ce dernier inspira profondément...

« Toujours Albus. »

Et soupira lentement, non pas à la façon d'un homme las mais au contraire libéré.

« Je n'essayerai pas de vous convaincre d'y renoncer ou de vous prier de songer à une autre solution. Vous avez toujours eu la tête dure, commenta Dumbledore d'un oeil malicieux. »

Arseni lui jeta un regard faussement surpris par dessus l'épaule puis sourit de la plus belle manière qui soit, comme seuls savent sourire les gens doués d'une douceur communicative.

Dumbledore se rembrunit, laissant presque transparaître le fond de sa tristesse.


« J'ai connu de grands hommes au cours de mon existence, mais aucun de votre acabit... vous nous manquerez Arseni. »

L'aveu du plus grand directeur que Poudlard ait jamais connu le toucha en plein coeur. De son sourire, Arseni ne conserva dès lors plus que les commissures de ses lèvres légèrement retroussées. Il se tourna complètement et baissa les yeux comme le font les gens à qui les sentiments sont si sacrés qu'ils peinent à les prononcer en soutenant le regard de leurs interlocuteurs.

« Vous aussi, Albus. »

Une étincelle brilla au fond de ses yeux lorsqu'il consentit finalement à les amener à croiser ceux de son illustre prédécesseur.

« Vous me manquerez tous infiniment. »


*



L'infirmerie baignait dans la lumière du matin lorsque Arseni tira pour lui une chaise pour s'asseoir au chevet de Kristen Loewy.

La jeune femme avait les yeux clos mais il était difficile de dire si elle dormait profondément ou bien si elle était seulement assoupie. Arseni observa son visage aussi blanc que le sien sans piper mot. Il serra un peu plus sa cape autour de lui, non sans grimacer de douleur en sentant son bras gauche mutilé crier sa désapprobation. Ludmila Pomfresh avait fait des miracles en une seule nuit. Mais pas assez pour escompter un meilleur résultat qu'un bras atrocement douloureux dès lors qu'on le remuait un peu.

En regardant Kristen Loewy dans la position qui était la sienne, Arseni se surprit à lui trouver une beauté pour le moins particulière quand on connaissait un peu le personnage.

Il abaissa les yeux sur ses genoux et se demanda pour la dernière fois si tout ceci avait le moindre sens. Une voix réconfortante au fin fond de sa conscience lui susurra que oui.

Arseni releva la tête et sourit en croisant le regard azur du professeur de défense contre les forces du Mal.


« Bonjour Kristen. »

Son faux accent ne lui était plus d'aucune utilité désormais.

« Comment vous sentez-vous ? »
Dernière modification par Arseni Stoyanov le 19 mars 2014, 18:59, modifié 1 fois.
05 mars 2014, 18:32
 05/2039  Une aide inespérée
En se réveillant, Kristen Loewy ne put se résigner à ouvrir les yeux immédiatement. La vérité, c'était qu'elle ne voulait pas savoir à quel endroit elle se réveillerait. Tout ce qui s'était passé il n'y a vraisemblablement pas si longtemps que cela ne devait en aucun cas être réel. La salle de bal en feu, Shawn, l'Auror Felipe Sampedro et sa femme, le phénix du directeur, le loup . Si, à l'inverse des deux employés du ministère, Kristen s'en était sortie vivante, elle préférait tout de même se laisser imaginer que rien n'avait eu lieu. Après tout, si ces deux personnes étaient décédées ce jour-là, c'était sa faute. Elle avait jeté un sortilège qui avait sans aucun doute grandement aidé à tuer la première, et n'avait rien fait pour empêcher le suicide de la deuxième.

Concentrée sur le silence apaisant qui régnait autour d'elle et à l'affût du moindre indice pouvant la renseigner sur le lieu dans lequel elle se trouvait, le professeur Loewy entendit tout de suite que quelqu'un s'approchait. De toute évidence, si elle se faisait attaquer à nouveau maintenant, elle ne serait pas en position de force. De nature méfiante, lorsqu'elle sentit une présence bien trop proche d'elle, elle ouvrit précipitamment les yeux, et tant pis pour les chimères qu'elle détruisait par cet acte. Beaucoup trop de lumière d'un seul coup, il ne pouvait s'agir que de l'infirmerie. Dommage.
Ce fut à ce moment qu'il releva la tête, et sourit. Arseni Stoyanov, le directeur de l'école.


« Bonjour Kristen. Comment vous sentez-vous ? »

Peut-être se trompait-elle, mais il sembla à la jeune femme que sa réponse intéresserait véritablement son interlocuteur ; lequel avait mystérieusement perdu son accent de l'est en cours de route. Mais ce n'était qu'un détail sans importance, au fond. Peu importait l'accent ou la langue que parlaient les gens, seule la signification des mots était importante.

Ne se sentant capable que de bouger les yeux, le professeur de Défense contre les Forces du Mal – qui se sentait d'ailleurs à présent bien ridicule d'enseigner une telle matière – après avoir parcouru du regard la pièce dans laquelle elle se trouvait, posa son regard sur celui du directeur, qui semblait tristement épuisé lui aussi.


« J'ai connu meilleurs jours. déclara-t-elle d'une voix qui lui sembla étonnamment éraillée. »

L'euphémisme fit sourire la jeune femme, qui ne trouva en cet instant rien de mieux à faire. Atténuer la vérité et relativiser autant que faire se pouvait était de coutume lorsque les situations étaient dramatiquement déplaisantes. Cependant, ce sourire ne parvint pas à s'accrocher bien longtemps aux lèvres de Kristen.

« Je crois cependant que sans vous, je serais dans un bien pire état. »

En effet, comment oublier l'intervention de Feuxnoyr, le phénix du directeur, lors du duel contre Felipe Sampedro ? Au moment où tout espoir semblait perdu, au moment précis où Kristen pensait qu'aucune aide ne leur serait apportée, le phénix avait déboulé dans la salle, déconcertant ainsi l'Auror et le faisant baisser sa garde. Sans lui, les deux professeurs ne s'en seraient sans doute pas sortis en un seul morceau. Il y avait aussi eu ce loup au pelage noir et aux yeux rouges, cet étrange animal semblant être venu des profondeurs du monde, ou du moins, des profondeurs de la magie noire. Ce loup n'avait pas été leur ennemi, et avait débarqué en même temps que le phénix du directeur. Cela ne pouvait être dû au hasard. Le professeur Loewy ne pouvait se défaire du regard de son supérieur, sans qui elle ne serait sans doute plus là pour se poser toutes sortes de questions plus futiles les unes que les autres. Car oui, cette histoire de loup était plus ou moins une futilité aux yeux de Kristen. Elle n'avait rien à dire sur ce sujet ; elle ne pouvait absolument pas se le permettre. Pas après ce qu'elle avait fait elle-même.

La jeune femme était décidément beaucoup trop émotive, lorsque le masque tombait. Alors que ses yeux bleus commençaient à devenir humides et qu'elle essayait vainement de se retenir de montrer toute sa faiblesse, – bien qu'un lit dans une infirmerie fût un lieu approprié pour ce genre de situations - elle plaça dans un mot toute la reconnaissance du monde :


« Merci, puis elle poursuivit, quelques secondes plus tard, et vous, comment vous sentez-vous ? »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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11 mars 2014, 16:06
 05/2039  Une aide inespérée
Arseni demeura un long moment silencieux, son regard fatigué mais bienveillant posé sur Kristen, cherchant à évaluer l'état de ses forces. Ludmila Pomfresh s'était montré très clair à ce sujet ; il était désormais hors de questions de l'exposer à une quelconque forme de stress. Kristen avait besoin de repos et de tranquillité pour prendre le recul nécessaire quant aux évènements qu'elle avait endurés la veille, d'une part, et d'autre part pour ne pas sombrer dans une profonde détresse psychologique dont elle pourrait très bien ne jamais se remettre. Arseni, qui avait à coeur de ne pas aller à l'encontre des recommandations de la meilleure infirmière de Grande-Bretagne, médita consciencieusement sa réponse. Il devait trouver un bon compromis entre la difficile réalité du moment et l'importance des faits qu'il se devait inévitablement d'évoquer avec sa collègue. Du mince équilibre qu'il pouvait trouver entre ces deux extrêmes dépendait beaucoup de choses. Pas seulement le bon rétablissement de Kristen.

L'entendre le remercier l'avait de surcroit déstabiliser, bien qu'il s'était contenté sur le coup de lui répondre par un simple hochement de tête et un sourire plus appuyé. Ce qui ne l'aidait en rien à résoudre le problème auquel il devait faire face. Il avait entendu si peu de remerciements au cours de sa vie que le moindre " merci " était perçu comme un électro-choc. Et à chaque fois sa réaction était la même. L'incertitude d'abord puis un hochement de tête et un sourire d’apparat ensuite. Approprié ou non, Arseni n'avait jamais réussi à définir une réponse équivoque au moindre remerciement. Il doutait même qu'une réponse adéquate existe quelque part. L’électro-choc passé, il opta finalement pour une approche détournée, susceptible de présenter les choses d'un point de vue nouveau. Pour en ajouter à son ton détaché, Arseni tourna la tête vers le fond de l'infirmerie afin d'observer les montagnes qui se détachaient nettement à l'horizon.


« Je me sens comme un homme qui vient d'en tuer un autre. A ceci près que je n'éprouve aucun regret. Je préfère croire que j'ai fait ce qu'il fallait en neutralisant Harald McGee... Je préfère croire que c'était lui ou moi. »

Il laissa volontairement s'installer quelques secondes de silence avant de reprendre sur le même ton.

« Felipe Sampedro n'était qu'un pion pour Harald McGee. Un moyen comme un autre de faire diversion et d'arracher quelques vies en bonus. Fort heureusement pour nous, vous et Shawn aviez décidé de vivre. Ce qui, je crois, était le choix le plus judicieux qui se présentait à vous. Ma contribution n'aura été que minime dans ce dénouement. Pour ne rien vous cacher, je ne dois ma présence ici devant vous qu'à l'intervention du professeur Grayce. Sans elle, Harald McGee n'aurait eu aucun mal à m'assassiner dans mon propre bureau. »

Une nuée d'hiboux fendit le panorama qu'Arseni observait avec peu d'intérêt. Il baissa finalement les yeux vers le sol carrelé.

« D'aucuns vous diraient qu'utiliser un sortilège impardonnable n'est pas judicieux ou pire, d'une cruauté sans nom... mais, s'il vous plaît, n'attachez aucune importance à ce genre de propos. Les personnes les plus promptes à juger les agissements des autres sont toujours celles qui, paralysées par la peur, n'agissent précisément jamais. Felipe était un brave homme, mais il avait choisi de suivre une voie très éloignée de la vôtre. Ni vous ni personne n'était en mesure de l'en détourner. Vous avez fait la seule chose qu'il restait à faire. Le libérer. »

Arseni détendit sa main droite et se frotta le front du bout des doigts, très lentement. Un tic qui le prenait à chaque fois que quelque chose le préoccupait réellement. Ce mouvement avait par ailleurs contribué à écarter, l'un de l'autre, les deux pans de sa cape au point de laisser entrevoir son bras gauche recroquevillé sous une très épaisse couche de bandages. Arseni n'attacha que peu d'importance à cette faiblesse étalée au grand jour. Il y avait plus important dans l'immédiat ; une dernière chose à accomplir.

« Malheureusement, nous savons tous les deux que le ministère ne l'entendra pas de cette oreille. Il est même certain que des agents seront bientôt là pour vous emmener. Légitime défense ou pas, l'usage du sortilège Doloris vous vaudra une condamnation exemplaire à Azkaban... »

Azkaban... Quel bien triste sort attendait cette femme pour avoir seulement défendu chèrement sa vie et celle de son collègue du désespoir d'un homme. Arseni ne préféra pas songer à ce qu'aurait été l'existence de Kristen dans cette prison réputée infernale. Il avait d'autres plans pour elle, des plans qui privilégiaient une vie autrement plus saine et autrement plus stable.


« ... Enfin, ça, c'est ce qu'ils pensent. »

Arseni tourna un regard un brin pétillant, malicieux, vers sa collègue.
14 mars 2014, 23:28
 05/2039  Une aide inespérée
Occupée à retrouver son calme et à exercer ses yeux à la lumière vive de la pièce, les reposant bien trop fréquemment en les maintenant longuement fermés, Kristen prenait le temps de ranger ses pensées par ordre alphabétique. Ce rigoureux travail mental était un moyen comme un autre d'attendre la réponse du directeur de manière efficace. Cependant, lorsqu'elle se fit entendre, cette réponse ne manqua pas de surprendre le professeur de Défense contre les Forces du Mal, et de déranger complètement ce qu'elle avait soigneusement classé dans les tiroirs de sa tête.

« Je me sens comme un homme qui vient d'en tuer un autre. A ceci près que je n'éprouve aucun regret. Je préfère croire que j'ai fait ce qu'il fallait en neutralisant Harald McGee... Je préfère croire que c'était lui ou moi. »

Malgré l'agressivité de la lumière, la jeune femme put poser ses yeux troublés sur Arseni. Il n'éprouvait aucun regret, vraiment ? Quel genre d'homme pouvait-il bien être ? Peut-être était-ce ce qu'on appelle couramment de la légitime défense, une question de vie ou de mort, mais mettre fin à la vie d'un autre être humain restait tout de même quelque chose d'atroce. Elle qui n'osait pas réaliser ce qu'il s'était passé et de quelle manière cela s'était fait, qui préférait simplement sauter les étapes et ne retenir que la fin heureuse pour le héros, quels que fussent les moyens employés, se retrouvait face à quelqu'un qui n'avait aucun regret à avoir mis fin à la vie d'un homme. Pourtant bien placée pour tenter de comprendre ce que voulait dire son supérieur, ayant elle-même du employer les pires moyens pour sauver sa peau et celle d'autres à Poudlard, elle ne pouvait avec le recul se résigner à approuver ces dires. C'était plus ou moins une forme d'hypocrisie morale de la part de Kristen, mais peu importait.

Le directeur de Poudlard expliqua par la suite le rôle de Felipe Sampedro dans cette histoire, ce qui eut pour effet d'accentuer le sentiment de culpabilité du professeur Loewy. Si elle avait déjà compris le gros de l'histoire lorsque la femme de l'Auror auquel elle avait fait face avait débarqué dans la salle de bal, ce que venait de dire Arseni lui rappela franchement qu'elle n'avait tué qu'un pion, un pauvre gars qui n'avait pas choisi de faire tout le mal qu'il avait fait. Le directeur, au moins, avait eu le mérite de tuer un vrai méchant. Après avoir admis que le professeur Grayce lui avait sauvé la vie en empêchant Harald McGee de l'assassiner dans son propre bureau, Arseni dit :


« D'aucuns vous diraient qu'utiliser un sortilège impardonnable n'est pas judicieux ou pire, d'une cruauté sans nom... mais, s'il vous plaît, n'attachez aucune importance à ce genre de propos. Les personnes les plus promptes à juger les agissements des autres sont toujours celles qui, paralysées par la peur, n'agissent précisément jamais. Felipe était un brave homme, mais il avait choisi de suivre une voie très éloignée de la vôtre. Ni vous ni personne n'était en mesure de l'en détourner. Vous avez fait la seule chose qu'il restait à faire. Le libérer. »

Par un mouvement du directeur, Kristen put brièvement entrevoir que ce dernier avait également été blessé. Se souciant quelques secondes de la douleur que cette blessure pouvait provoquer, elle se concentra à nouveau bien vite sur ce qu'Arseni disait.

« Malheureusement, nous savons tous les deux que le ministère ne l'entendra pas de cette oreille. Il est même certain que des agents seront bientôt là pour vous emmener. Légitime défense ou pas, l'usage du sortilège Doloris vous vaudra une condamnation exemplaire à Azkaban... Enfin, ça, c'est ce qu'ils pensent. »

Alors que le directeur se décidait enfin à cesser de faire balader son regard à travers la pièce et regarder Kristen, celle-ci fronçait franchement les sourcils, se demandant pour quelle sombre raison tout devait toujours être si compliqué. Puisqu'Arseni n'éprouvait aucun regret à avoir tué un homme, il ne pouvait certainement pas comprendre les motivations de sa collègue à ne pas dévier, à opter pour une façade de personne sage, bien élevée et décidément trop obsédée par la morale. Qu'elle était intimement convaincue que sa vie valait mieux que celle que l'homme qu'elle avait tué, elle ne l'avouerait jamais, ni à elle, ni à personne. Lorsqu'on fait une connerie, on doit en assumer les conséquences, et si on agit guidé par son devoir, il faut le faire jusqu'au bout, pas uniquement lorsque cela nous arrange. Adressant un sourire triste à son collègue, Kristen répondit :


« Je suis la première à penser que ce que j'ai fait était d'une cruauté sans nom. Si j'avais su la vérité à ce moment-là, j'aurais pu le libérer autrement qu'en le tuant, et j'aurais sincèrement voulu le faire. Tuer quelqu'un est inhumain, quel qu'en soit le motif. »

Détournant le regard et fermant finalement ses yeux qui ne tenaient plus, la lumière faisant battre sa tête comme si son cœur s'y trouvait directement, elle souffla :

« Je ne sais pas ce que vous comptez faire, et je ne m'en mêlerai pas... Mais si je dois aller à Azkaban... »

Elle avait essayé d'énoncer cette fatalité naturellement, dans la suite de sa phrase, mais elle mit malheureusement trop de temps à venir, dévoilant l'évident manque de conviction dont Kristen faisait preuve. Azkaban, la prison terrible au milieu de la mer, où étaient enfermés tous les sorciers ayant commis les pires meurtres... Certainement pas un endroit pour quelqu'un comme elle. Elle déglutit, son cœur battait bien trop vite dans le bout de ses doigts et dans son crâne, tandis que sa respiration s'accélérait. Elle ouvrit à nouveau les yeux, et dit, comme s'il s'agissait d'arracher un pansement :

« J'irai. »

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19 mars 2014, 18:47
 05/2039  Une aide inespérée
Le regard d'Arseni devint insondable quand Kristen prit la parole, et le demeura longtemps après qu'elle en eut terminé. Il fut frappé par la détermination affichée de sa collègue ; quand bien même il n'y trouvait la trace d'aucune logique, si ce n'est celle que présentait un fort sentiment de culpabilité. Cette femme – qu'il regrettait à présent de ne pas avoir connu autrement qu'à travers sa fonction de professeur de défense contre les forces du Mal – se disait prête à endurer le pire pour un meurtre qu'elle n'avait sciemment pas commis. Cela dépassait toutes les conventions, tous les cadres, et toutes les règles qu'il connaissait.

Arseni hocha pensivement la tête, comme pour lui signifier poliment qu'il avait bien entendu son avis, mais qu'il le rejetait néanmoins sans concession. Il abaissa ensuite ses yeux sur les couvertures du lit et se mit à gratter sa lèvre inférieure du bout du pouce, l'air perdu dans ses pensées.


« Le sortilège Doloris n'entraîne pas la mort de sa victime, déclara-t-il d'une voix songeuse, comme s'il pensait à haute voix. »

« Non, le sortilège Doloris ne peut tuer, même dans sa forme la plus cruelle, répéta-t-il, d'une voix plus affirmée, quelques instants plus tard, en fixant Kristen droit dans les yeux. Kristen, ce n'est pas vous qui avez tué Felipe Sampedro la nuit dernière. C'est moi. »

Pendant quelques secondes qui parurent une éternité, Arseni préserva le précieux silence qui s'était naturellement emparé de la scène. Il cessa de jouer avec sa lèvre et se leva finalement de sa chaise en lâchant, au passage, une nouvelle grimace.

« Le loup obéissait à ma seule volonté. »

Sans se soucier une seule seconde de la tournure tragique de sa phrase, Arseni resserra les pans de sa cape en les tenant de nouveau par le poing.

« Toute à l'heure, quand les représentants du ministère seront là, vous garderez le silence en entendant vos chefs d'accusation, déclara-t-il sur un ton doux et autoritaire à la fois, comme si ce qu'il disait n'était sujet à aucune négociation possible. De mon côté, je serai en mesure de les interrompre et de fournir la preuve que vous n'agissiez pas de votre propre chef, hier soir. Ma baguette et des aveux rédigés de ma main suffiront à prouver que vous étiez soumise à mon Imperium. Ils n'auront pas mis la main sur les fragments de votre baguette, ils arriveront donc ici sans autre preuve que celle laissée par la détection magique des sortilèges impardonnables. Ils repartiront avec du pain bénit entre les mains. »

Arseni sourit tristement en croisant de nouveau les yeux bleus de sa collègue.

« Je crois savoir que le professeur Grayce ne cherchera pas à vous ménager une fois que vous sortirez d'ici. Cela vous fera le plus grand bien, j'en suis certain. »

Le ton de ses mots sonnait comme une confidence. Un dernier secret entre amis.

« Ne croyez pas que je fais tout ça pour vos beaux yeux, conclut-il en accentuant la courbe de son sourire, comme pour lui conférer une plus grande authenticité, presque une empreinte joyeuse. Ceci est simplement mon dernier acte en tant que directeur de cette école. Un directeur qui aura eu à coeur, jusqu'au bout, d'offrir une énième chance aux innocents de trouver leur voie. »

Sur quoi, il baissa les yeux et tourna les talons.
27 mars 2014, 15:13
 05/2039  Une aide inespérée
Arseni Stoyanov était quelqu'un d'agaçant du fait qu'il avait certainement ce besoin de toujours avoir tout sous son propre contrôle. Peut-être était-ce du à la fonction qu'il occupait au sein de l'école, ou peut-être avait-il toujours agit de cette façon, ou peut-être encore que les événements l'obligeaient à se comporter ainsi. Peu importait, il était comme ça, du moins en cet instant. Ainsi, après avoir déclaré que le sortilège Doloris ne pouvait tuer, il se leva et dissipa les doutes de Kristen en avouant que le loup ayant achevé Felipe Sampedro obéissait à la seule volonté du directeur, et annonça finalement ce qu'il avait l'intention de faire. Il sembla au professeur de Défense contre les Forces du Mal que ce que cet homme ''avait l'intention de faire'' serait forcément ce qu'il ferait, d'une façon où d'une autre, sans fléchir, jamais. Et pour le coup, cela ne plaisait pas franchement à la jeune femme.

En effet, le directeur voulait faire croire qu'il avait utilisé sur elle le sortilège impardonnable de l'Imperium. Inutile de préciser que tout ceci était absolument inacceptable. Sans piper mot, le professeur Loewy observait son supérieur avec un regard mêlé d'incompréhension et de colère. Intérieurement, elle ne cessait de se répéter : ''ce type est un abruti !'' Si elle avait été dans un meilleur état, elle ne serait d'ailleurs peut-être pas gênée pour le lui faire remarquer. Avait-il vraiment l'intention de se laisser à une fin pareille, après tout ce qu'il avait fait pour l'école, et après ce qu'il allait faire ensuite ?

Alors qu'il tournait les talons vers la sortie, Kristen tenta de se redresser. Impossible, son bassin semblait inexorablement bloqué et une douleur étrange lui parcourut toute la partie inférieure du dos. Merde ! Hautement contrariée par les indications qu'elle venait de recevoir du directeur, Kristen fit claquer sa langue contre son palais et marmonna quelque juron difficilement identifiable. Poussant un soupir, le professeur s'affaissa misérablement dans son lit. Sur un ton qui traduisait sans aucun doute son désagrément, elle finit par soupirer :


« Quoi que je puisse dire, il en sera ainsi, n'est-ce pas ? Vous avez tout prévu et rien ne vous fera changer d'avis. »

Énoncer cela finit de l'agacer. C'était tout à fait injuste, la jeune femme s'en voudrait toute sa vie de s'en tirer si simplement ! Et quoi, mentir ? Le mensonge était quelque chose de foutrement sale, et elle détestait si bien cela qu'elle se demanda sincèrement si elle serait capable de mentir devant des agents du ministère. Si elle y parvenait, en tout cas, elle ne pourrait plus jamais se regarder dans une glace, ceci était chose certaine. Si elle n'y parvenait pas, eh bien, malgré les efforts d'Arseni Stoyanov pour lui épargner Azkaban, le professeur Loewy n'aurait que ce qu'elle méritait. Certes, elle aurait pu refuser de faire ce que lui disait cet homme, mais plus que le ton autoritaire qu'il avait employé, c'était le sentiment de trahison qu'elle éprouverait si elle n'obéissait pas qui lui interdisait d'envisager cette possibilité. Il aurait pourtant été plus ou moins aisé de plaider coupable, de dire ne jamais avoir été sous les effets d'un Imperium, de clamer haut et fort avoir été pleinement consciente de ses actes ce soir-là. Mais non, impossible : les derniers mots du directeur lui empêcheraient de faire cela. Sincère ou non, c'était sa "dernière volonté" en tant que directeur, et on ne pouvait sciemment cracher dessus. Sans rien en dire à son interlocuteur, elle se jura de ne pas les oublier, lui et son entêtement.

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02 avr. 2014, 10:42
 05/2039  Une aide inespérée
Arseni s'arrêta au pied du lit en entendant la question du professeur de défense contre les forces du Mal. Il leva le nez et se mit à regarder le plafond en pierre, sur lequel des reflets de lumière ondulaient avec grâce. Il en chercha l'origine pendant quelques instants, se perdit à espionner les quatre coins de l'infirmerie, puis finalement, après deux dizaines de secondes, Arseni arrêta ses yeux noisette sur un vieux pendule dont le cadran de verre était frappé de plein fouet par un rayon de soleil. Il nota la multitude d'aiguilles qui s'évertuaient à tournoyer à l'intérieur, chacune portée par une volonté qui lui semblait propre.

Arseni était conscient que s'il se retournait maintenant, il aurait à affronter le regard courroucé, peut-être même assassin, de sa collègue. Un regard qui ne lui servirait que des reproches ; non sans d'excellentes raisons d'ailleurs, au vu de ce qui venait d'être dit. Après tout, ne venait-il pas d'étouffer ce qui était le plus cher à un être humain : son libre arbitre ? Oui, assurément, il ne pouvait que comprendre le regard qu'il sentait braquer sur lui.


« En effet, finit-il par répondre. Il n'y a aucun retour en arrière que je puisse envisager. Mon rôle, ici, est terminé. Saisissez cette chance et ne vous préoccupez pas du reste. J'en ai terminé avec ce chapitre de ma vie, mais d'autres m'attendent désormais. Je suis bien des choses, certaines peu recommandables je l'avoue, mais on ne réussira pas à me coller l'étiquette de prisonnier. »

Sur ces mots, il resserra un peu plus l'étreinte douceâtre de sa cape sur son corps et s'en retourna vers la sortie d'un pas résolu. La satisfaction du devoir accompli lui remua le coeur mais plus encore se fut son esprit qui s'agita en voyant surgir des tréfonds de sa mémoire un souvenir qu'il convenait de replacer dans ce contexte.

Arseni s'arrêta net à quelques centimètres de la porte entrouverte. Il tourna légèrement la tête et déclara d'une voix claire :


« J'allais oublier... Ollivander sera là demain, dans la matinée. Il semblerait qu'il soit en mesure de vous confectionner une nouvelle baguette à partir des fragments de l'ancienne. Quel homme remarquable ! Bonne chance Kristen. »

Sur un sourire en coin, Arseni déserta les lieux et laissa sa collègue seule en compagnie du tourbillon qui agitait ses pensées.

[FIN]
22 avr. 2014, 17:34
 05/2039  Une aide inespérée
© MAGICLAND