La liberté. C'était tout ce dont rêvait Elly depuis quelques années. La liberté d'être qui elle voulait, de partir là où le vent l'emportait, d'exercer le métier qu'elle souhaitait tant. Jusqu'à maintenant, elle n'avait atteint que la moitié de sa liberté, mais aujourd'hui, tout changeait. Elle se laissait la chance d'être totalement libre et de laisser le monde la guider totalement.

Le monde. C'était bien vaste, quand même. Et pourtant il était à elle, à ses pieds. Elle n'avait qu'à tendre la main et il lui appartenait totalement. Alors, elle y allait. Jusqu'à atterrir là, quelque part, au beau milieu du monde. Tout s'offrait à elle si elle se donnait la peine. Profiter, aimer, travailler, vivre. Sourire à la vie, aux gens, au monde.

Si elle était là, c'était pour quelques raisons. La liberté, donc. La liberté d'exercer le métier de ses rêves, de ne plus être cloîtrée derrière un comptoir à servir des clients -aussi sympa soient-ils-. La liberté de rencontrer des personnes qui s'intéresseraient à elle. La liberté de profiter un peu du monde, de la beauté des paysages qui s'offraient à elle.

Par quoi allait-elle commencer ? Elle se laissait aller, guidée par ses pas qui l'amenaient là où elle devait être. Parce que la vie était bien faite. Les croyances de l'écossaises étaient nombreuses, et elle aimait beaucoup croire que certaines choses n'arrivaient jamais par hasard. Le destin était une force qui existait réellement à ses yeux, si bien que lorsqu'il lui arrivait quoique ce soit, c'est parce que c'était écrit.

Et en Turquie, il lui était arrivée quelque chose. Une rencontre inattendue. Une rencontre exceptionnelle. Le genre d'homme qu'on croise une fois dans une vie et qui retient notre attention. Le genre d'homme qui nous hypnotise dès le premier regard. Le temps avait été court, mais rapidement, cet homme était devenu son monde. Il était arrivé presque aussi vite qu'il était parti, mais le temps qu'ils avaient passé ensemble avait été les plus beaux moments de sa vie. Suileabhan Kohler était l'homme qui comptait le plus à ses yeux désormais, il l'avait complètement envoutée. Et l'amour qu'Elly éprouvait pour lui était si grand qu'elle avait su, dès lors qu'ils s'étaient quittés, que jamais plus elle ne pourrait s'en défaire, que jamais plus elle ne pourrait aimer quelqu'un aussi fort. Parce que Suileabhan Kohler était l'homme de ses rêves, il était l'homme de sa vie. C'était une évidence. Et si le destin les avaient séparés, nul doute qu'un jour, ils se retrouveraient. Ils se l'étaient promis... Douce illusion dévastatrice.

En Turquie, Elly avait ensuite espéré la métamorphose. Cet art ancré dans ses veines. Elle vivait pour elle, c'était une autre partie de son monde. Alors, elle avait tout fait pour réussir à percer dans ce milieu pas forcément évident. Elly était plus que douée, mais aucun poste n'avait été vacant, nulle part. Enfin, aucun poste lié à ses compétences. Si elle avait entendu parler de certaines pistes à l'autre bout du monde, Elly les avait suivies, tentant désespérément d'aboutir à son premier projet de vie. Après maintes recherches, la Turquie lui avait permis d'apprendre de nouvelles connaissances et de développer ses compétences, mais rien n'avait pu lui permettre de pratiquer. Alors, elle avait remis ça de côté, après tout, elle était jeune et persuadée qu'un jour, elle parviendrait à réussir dans ce milieu professionnel.

Puis, l'écossaise avait profité de ces quelques mois en Turquie pour vivre sa vie comme elle l'entendait. À la fois en travaillant à droite et à gauche, mais aussi en visitant et appréciant les coutumes, les paysages, les monuments, tout. Elle avait pris le temps d'en profiter, de découvrir un maximum de choses. À la fin de son périple, on pouvait dire que la jeune femme avait tout vu, ou presque. Nul doute que la Turquie avait été un voyage formidable, en tout point.

Enfin, elle était revenue à la réalité. Alors qu'il était temps pour elle de revenir à ses origines en Grande-Bretagne, ses mondes s'étaient peu à peu écroulés. Si la Turquie lui avait vendu du rêve, l'Écosse lui rappelait que les rêves n'étaient que des illusions. À son retour, Elly s'était sentie plus seule que jamais.