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29 févr. 2024, 23:00
La Valse des Ombres
Antérieurement avec Erza McGowan - Prendre le Temps
La Valse des Ombres
{Bulle} I. En Harmonie
Postérieurement avec Erza McGowan - Portail non ouvert ◉
{Bulle} II. avec un.e inconnu.e - Portail non ouvert ◉
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Bulle (cadre d'écriture) :

def : Fragment de vie, intense et unique, le plus souvent partagé avec d'autres êtres. Dans le carnet du personnage, se mue en un court poème à la forme libre.
Personnages

Mattew Thomas & Erza McGowan
Thème musical

Merry-Go-Round of Life (from 'Howl's Moving Castle')
Joe Hisaishi
Ouverture
26 mai 2046
Abords du Lac de Poudlard

@Erza McGowan

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· ❣︎ ·


❝ Contemplation ❞


Tel le voyageur de Caspar David Friedrich1 devant sa mer de nuages, le jeune garçon se tenait face à la rive. Observant avec recueillement ces eaux troubles au teint bleuté presque noir ; théâtre d'une obscurité resplendissante, son regard semblait embrasser l'étendue, marquant son respect devant la splendeur et la puissance indomptable de cette nature.
Parmi les flots légers qui, poussés par le souffle de la brise baignant le petit matin, venaient se déverser sur les berges bordées de minuscules gravillons, en un doux et gracieux clapotis, on pouvait lire le reflet d'une silhouette fine et élégante, au regard bleu pâle mais scintillant d'une étrange fascination, s'élevant face aux eaux colorées de cette noire transparence.

Il faisait déjà chaud, non pas de cette chaleur accablante et étouffante qui vous écrase comme une chappe de plomb lors des longs mois d'été, mais plutôt une sensation délicate d'équilibre venant vous étreindre l'âme, rassérénant corps et esprit.
Le soleil était bien rond, poursuivant son ascension dans le ciel dégagé, encore légèrement obstrué des nuages de la veille, qui filaient par-delà l'horizon avec nonchalance, suivant le rythme équilibré du vent.
Les premières lueurs de la journée avaient chassées depuis peu les dernières traces de la rosée matinale.
L'herbe rase se mouvait selon les courants d'air. Les plantes semblaient avoir revêtues leur plus belle tenue, et choisies les couleurs les plus rayonnantes pour la journée. Les branches des arbres se balançaient avec légèreté, en un enivrant mouvement de balancier. Du haut de celles-ci, quelques oiseaux se risquaient à de premiers chants. Du haut d'un petit buisson, un troglodyte mignon2 semblait profiter des premières heures pour se livrer à quelques flâneries. Plus près du sol, de petits papillons s'amusaient à voleter au milieu des fleurs. L'air y était pur et raffiné. Les effluves de la nature venaient caresser les naseaux avec délicatesse.
Faune et flore formaient ainsi un mélange éclatant d'homogénéité, concordant autour de la présence solitaire de ce jeune garçon. Absorbé dans sa délicieuse rêverie, il s'imprégnait de l'ensemble - dont il faisait partie intégrante - pour se libérer l'esprit.

Caractéristique de ces rares moments d'évasion qu'offrait le hasard des conjonctures, l'esprit parvenant à s'apaiser parmi les tumultes incessants de l'existence, l'instant était une bulle. Une bulle intemporelle.
Pétillante de vie et de liberté, elle maintenait - funambule imperturbable - l'équilibre entre le Temps et l'Espace.
Orchestre aussi étrange que majestueux, les sonorités de la nature s'y muaient en musique. Les violons sonnaient avec douceur, improvisant une partition toujours plus originale. Le chœur quant à lui, chantait avec ferveur une poésie lente et passionnée. Plus haut, des bois entamaient une petite mélodie à peine audible, les cuivres prenant un peu de retrait. Les tambours menaçants s'étaient tus, un soliste venait d'entamer un nouvel air. Les accents, resplendissants de lumière, faisaient ressortir avec génie la virtuosité de l'artiste.
Soudain, le bruit des instruments s'estompait. Lorsqu'il reprit, ce fut avec une dévotion renforcée que les musiciens vinrent s'appliquer à leur ouvrage. À l'unisson, leurs sonorités réunies formaient un murmure, un hymne, une ode à la vie.
La Symphonie des Sens pouvait jouer en harmonie.
Tout semblait parfait.

De cette même droiture physique qui semblait le définir, le jeune garçon continuait d'examiner l'espace avec autant de considération. Sa chevelure, mi-longue et d'un châtain foncé, ondulait paisiblement suivant les impulsions du vent. Teintée de lumière en quelques mèches tendant vers le blond, cette obscure clarté ressortait en de surprenants éclats ensoleillés, reflétant les rayons incandescents de l'astre flamboyant.
Sa chemise, légèrement entrouverte et retroussée aux manches, flottait paisiblement dans l'air mouvant. Torse redressé et bras détendus, ses mains étaient confortablement logées dans les poches de sa veste. La tenue légère laissait entrevoir un petit essaim de papillons tatoué sur le bras gauche, ainsi qu'au poignet du même côté une jolie montre qui, quoique vieillie par les années, conservait étonnamment une fière allure. Ses jambes, fines et élancées, étaient enveloppées d'un large pantalon gris tombant jusqu'aux pieds. Disposés en un léger décalage quasi indécelable, ceux-ci étaient chaussés d'une paire confortable mais légère, adaptée à la saison.
Sa posture, distinguée, accompagnait le cadre harmonieux de la scène. On aurait presque pu croire ce profil sculpté du marteau de Rodin si son immuabilité n'avait été infirmée par le clignement de ses yeux et le soulèvement de sa poitrine, venant à intervalles irréguliers rompre cette impression d'immobilité, et rappeler sa pleine vitalité.

Soudain, la petite scène s'anima. Éclair, élan d'inspiration ; tentation nouvelle.
Le jeune garçon retrouva la mobilité.
Courbant l'échine, il ramassa un galet qui se trouvait là, l'observa un instant, puis se recula à pas prudent. Prenant ses appuis avec précaution, il arma le bras pour finalement effectuer un lancer vif et précis. La trajectoire se profila en direction du lac, décrivant une courbe aussi étonnante qu'audacieuse.
Jusqu'alors, il s'était toujours révélé médiocre dans la pratique de cette discipline et pourtant, heureux hasard, bizarrerie sublime, le tir s'accorda avec merveille en une jolie succession de ricochets.
Surprise, admiration imprévue, satisfaction inespérée, il observa le fruit de cette chance invraisemblable.
Conscient de la simple coïncidence du geste, il convint de ne pas retenter l'exercice, et se contenta de regarder le galet disparaître happé par les eaux noires, rattrapé par les lois de la physique.
Il s'assit finalement à quelques mètres du rivage, étendant ses jambes sur l'herbe mêlée des petits gravillons, et fit un rapide tour d'horizon.
Le panorama qui lui était offert était en tout point splendide.
Partout, les montagnes ressortaient par leurs reliefs, leurs crêtes leurs amas rocheux, chacun plus original l'un que l'autre. Des arbres s'y étendaient dans une infinité de forêts, abritant chacune des habitats grouillants de vie. Quelque part au loin, une cascade coulait inlassablement le long des roches, où les années d'érosion y avait creusées une maigre rivière.
Le grand lac noir reflétait cette symbiose de couleurs.
Le château, puissamment bâti sur la roche, tutoyait les eaux.
Spectateur impassible, il se contentait de faire régner son ombre gigantesque.
Petit grain de poussière, le jeune garçon profitait du spectacle à ses côtés.
*Tout semblait parfait*

Au bout d'un certain temps - il aurait été vain de se demander combien - une étrange sensation. Le sentiment d'être observé par un voisin indiscret qui le scrutait depuis les hauteurs. Son regard perçant sonda les environ en quête de réponse. Ne parvenant à déceler de présence terrestre, il se détourna brusquement lorsqu'un signal vint alerter son attention, accompagné d'une certitude : cette présence-là n'était pas terrestre, elle était aérienne. Sa tête se tourna alors vers le ciel, où régnait un majestueux rapace. Le faucon, seigneur de l'azur, planait avec une aisance déconcertante. Il observa cet étrange personnage qui osait venir troubler soudainement ce moment si particulier. Et par la même occasion, prit conscience des facultés exceptionnelles de cette chose-là. Ce chasseur des airs le surpassait. Vigueur, vivacité, acuité visuelle. Tout semblait tourner à son avantage.

Un temps. Le sentiment d'une éternité. Deux regards, se croisant aussi furtivement qu'intensément. Le sien, de ce bleu étrange presque gris, empreint de curiosité mais également de résolution. Comme une sorte de défi face au maître ultime de ces hautes altitudes.
La puissance de l'échange, cette observation profonde et infaillible, l'estimation de l'autre. Les yeux jaunes du rapace calqués dans les siens. La sensation soudaine d'une trop grande clarté, l'aveuglement.
Le temps de se couvrir les yeux, ne subsistait plus la moindre trace du faucon. En guise d'explication, un puissant battement d'aile se faisant déjà lointain, ne tardant pas à disparaître. N'était-ce là qu'un simple mirage ? La question resta simple pensée.
Déjà il avait détourné la tête et était revenu à ses observations, bien qu'il sembla n'avoir aucunement oublié l'épisode survenu. Il s'attarda un temps sur le château, symbole de la célèbre école de sorcellerie. Son regard - outre l'émerveillement éternel que lui procurait la vue de la construction - reflétait d'un état de méditation complexe.
Pourtant, ce regard empreint de réflexion et à l'apparence si déterminée trahissait une personnalité fragmentée, un esprit qui, bien qu'éclairé, se devait de composer avec une fâcheuse tendance à se perdre dans sa propre immensité.
Des questionnements, des divagations sans issues véritables - éternels voyages vers des destinations inconnues - qui semblaient en amener encore à chaque instant en quantités abondantes. Des incertitudes, qui dévoraient tout le reste avec une rare voracité.
Un brouillard invisible et immatériel qui finissait par envelopper le petit être, le ballotant en tous sens sans qu'il ne puisse plus rien y opposer comme vaine résistance. Lâchant alors prise, il se laissait chuter dans ce gouffre béant de noirceur, emporté par cet ouragan de ténèbres. Juste le temps que les nuages se dispersent, et que le ciel se dégage à nouveau. Mais à force, le bleu semblait commencer à ternir, à perdre de sa substance et de son étincelle originelle. Les signaux étaient inoffensifs pourtant, les germes étaient bien là.
Ce jour, cet instant, constituait une exception à ces manifestations étranges.

Quittant finalement des yeux la pierre sombre de l'extraordinaire édifice, il tira d'un geste lent un petit livre gris foncé aux allures vieillies, puis dans un second temps, saisit d'une autre poche une plume ainsi qu'un petit encrier.
Il ouvrit alors le livre, qui s'avéra être un carnet, aux pages obscurcies par une multitude de notes.
Portant un dernier regard à la noirceur des eaux, il trempa sa plume dans l'encrier et posa ces quelques lignes sur le papier jauni :


"Première Bulle"

"Contemplation muette. Magie étrange.
Les flots m'étourdissent. Inlassable délectation. Précieux présent.
Je m'essaie à un ricochet. Surprise, celui-ci me répond.
L'instant est beau. Il est une bulle.
Soudain, les brumes ressurgissent et m'emportent à nouveau.
Tourbillon nauséabond. Tourments. Chute ?
Tonnerre invisible.
Un puissant rapace traverse les cieux. Il me regarde. Je sais qu'il me regarde.
Son regard me perce au plus profond de mon âme.
M'aveugle. Déjà je ne le vois plus. Il a disparu.
Mais l'énergie qu'il m'a transmise est intacte. Je la transpose sur le papier.
Harmonie."


Il releva la plume. Derrière les grands arbres, le bruit étouffé d'un pas délicat sur l'herbe fraîche venait à se faire entendre. Tout en restant face à la rive, le jeune garçon focalisa la totalité de ses cinq sens sur cette manifestation soudaine. La moindre touffe d'herbe remuée, la moindre branche craquant sous un pied un peu trop brusque, aucun bruit ne devait pouvoir échapper à sa vigilance. Contre toute attente, et aussi vite qu'il était arrivé, ce bruit s'estompa brusquement. L'inconnu semblait hésiter.
Silence. De nouveau les seuls sons qu'étaient ceux de la pleine nature, le temps de quelques instants, puis à nouveau cinq pas supplémentaires. Plus de place au doute, ils étaient bien dans sa direction, on venait à sa rencontre.
Deux pas de plus. Et encore un supplémentaire. Le jeune garçon suivait la progression avec rigueur et précision bien que réduit dans ses capacités visuelles par sa position. Fixant avec détail l'eau noire, sa concentration était telle que l'on pouvait percevoir une goutte de sueur perler à son front.
Le bruit de pas atteignit les buissons, à seulement cinq mètres derrière lui. La personne était là, cachée par cette ultime barrière, semblait l'observer. Et puis rien. Plus rien pendant de longues secondes qui parurent une attente interminable. La personne avait-elle finalement renoncée à se dévoiler ? Au fond de lui, il brûlait de découvrir qui l'épiait par-delà la végétation.
Un signal, le bruit de bras écartant les branches avec assurance.
Enfin, les buissons - véritables rideaux de théâtre - se mirent à se mouvoir, puis s'ouvrirent, pour amorcer l'acte second.
Une nouvelle actrice entrait en scène.


❝ Lumière ❞


· ❣︎ ·


De retour, chère Plume, merci pour la patience, l'écrit est là, tout neuf.
Me voici de nouveau par ici.
Avec la plus grande hâte de te lire à nouveau <3

Au cœur du Cheminement, tu trouveras derrière la Cascade les clés de l'Aventure.
Le Souffle s'engouffrera en toi et t'offrira l'énergie pour combattre.
Alors, derrière les Autres, tu retrouveras les Couleurs.
#8c8909