C'est très heureuse que je me dirigeais vers les serres de botaniques, je m'étais enfin décidé à aller voir le professeur en question afin de lui demander une petite visite. Je n'avais pas osé à mon arrivée, j'avais eu pas mal de choses à faire et à reprendre donc je n'avais pas pris le temps. Ce n'est finalement que quelques jours plus tôt que je m'étais enfin décidé à aller le voir. Je ne sais pas pourquoi cela m'avait pris autant de temps, Sigmund avait pourtant la réputation d'être très sympa avec tout le monde alors pourquoi temps d'hésitations ? J'avais l'impression d'être une enfant qui demandait à un adulte une faveur.

Finalement, nous nous étions donnés rendez-vous aujourd'hui à son bureau et arrivée sur place, je toquais et ouvrait la porte pour montrer que c'était moi. J'avais pris avec moi un petit sac avec des gants et ce dont j'aurais pu éventuellement avoir besoin. "Bonjour Sigmund" dis-je alors pour manifester ma présence avant d'être prise d'un gros doute. Est-ce que je devais le tutoyer ? Le vouvoyer ? Est-ce que le mieux au final n'était pas d'éviter cette question ? "Merci beaucoup d'avoir accepté, je suis vraiment ravie" dis-je avec entrain, réellement à fond. J'avais hâte de voir les changements qu'il y avait eu depuis mes années à Poudlard et me demandait s'il y avait eu des changements de configuration, des nouvelles plantes ou autre. J'étais vraiment curieuse et enthousiaste.

Ça l'avait un peu embêté d'annuler son dimanche en amoureux avec Diarmad, mais la demande de Mia avait été difficile à refuser et Sigmund avait été tant excité à l'idée de faire visiter les serres à une collègue que négocier la date ne lui était simplement pas venu à l'esprit. Des adultes désireux de visiter les lieux, il en voyait souvent. Certains passaient de temps à autre pour profiter d'un peu de verdure, ou simplement par curiosité. Mais jamais, non ça jamais ! il n'avait été souhaité de sa compagnie, à lui Sigmund, pendant une visite. De fait, il se sentait profondément honoré, si ce n'était heureux, de pouvoir tenir compagnie à Mia pour ce qu'il espérait être au moins deux heures de rires, de thé et d'observations végétales et florales.

Il trépignait derrière la porte de son bureau, lieu de rendez-vous. Le fait d'avoir organisé le tout avec avance lui avait donné une drôle d'idée : il avait fallu faire un cadeau à Mia. Ça lui avait alors pris plusieurs jours pour dénicher le parfait présent : une petite bouture de Jonquille klaxonnante, déjà dans un pot joliment peint et couvert de paillettes. Évidemment, il avait également préparé des biscuits pour la fin de la visite et avait parfaitement nettoyé sa théière à l'avance. Quand elle frappa à la porte, Sigmund sauta littéralement vers l'élément qui faisait obstacle entre eux pour les en débarrasser. La porte grande ouverte, claquant sur les pierres de son bureau, il se tenait fier et debout devant elle, un immense sourire aux lèvres.

« Mia ! Oh bonjour, si tu savais comme je suis heureux aussi. C'est toujours un plaisir de passer du temps entre adultes, hein ? On côtoie tellement d'enfants qu'on en oublie presque ce que ça fait de parler à des personnes civilisées, aha ! » Fichtre de zut, qu'allait-elle comprendre par temps entre adultes ? Voilà que de joie, il commençait à bavouiller tout ce qui lui passait par la tête. Pas d'importance ! Il avait organisé avec minutie toute la visite, il était temps de passer aux choses sérieuses. « Entre vite, tu dois absolument voir mes Moly, elles sont sublimes à cette période de l'année. »

Je n'eus pas à attendre longtemps pour que Sigmund m'ouvre la porte avec enthousiasme. Je l'écoutais, amusée par son enthousiasme contagieux, un grand sourire à la limite en l'entendant parler d'adultes comme personnes civilisées. "Tu as raison et puis, ça me change aussi des séances de thérapie, c'est toujours très agréable d'échanger avec une personne qui à la même passion. Surtout toi qui est un vrai connaisseur." dis-je très sincère en le tutoyant puisqu'il semblait parti dans se sens. J'étais convaincue d'apprendre plein de choses pendant cette visite.

Sans hésiter, je le suivis dans la première serre sans masquer mon enthousiasme, à la découverte de ses Molys et de toutes les plantes de la pièce. Ma mère avait également des Moly dans sa serre, une très belle plante que j'utilisais régulièrement pour faire des potions lorsque j'étais infirmière. "Oooh, effectivement elles sont magnifiques, et vraiment en très belle forme" dis-je impressionnée. Cette fleur était effectivement sublime. Je passais devant en les observant avec attention, après un petit temps, je me tournais pour voir celles qu'il y avait autour en avançant, listant comme par réflexe les plantes. "De la menthe poivrée, dictame, branchiflore... Et cet arbre à Pipaillon ! C'est toi qui prend soin de toutes ces plantes tout les jours ?" demandais-je alors curieuse. Peut-être y avait-il des élèves pour lui donner un coup de main de temps en temps ?

Elle l'avait suivi avec enthousiasme. Évidemment, Sigmund avait bombé le torse tout du long de ses explications. C'était lui, le grand chef des lieux. Voyait-elle combien il était fort, et imposant au milieu de ses serres ? Ça le démangeait, il fallait qu'il lui montre comment on se servait d'un sécateur. Elle ne savait probablement pas. Quand elle lui avait parlé de passion commune, ça ne lui était pas venu à l'esprit qu'il pouvait s'agir de botanique. Non, elle avait évoqué peu avant ses thérapies : c'était ça, leur point commun. Ils aimaient tous les deux aider leur prochain. C'était pourquoi il s'était soudainement saisi de son plus grand et large sécateur, et qu'il tenait entre ses mains caleuses comme s'il eut s'agit d'un magnifique trophée.

« Les moldus utilisent ça pour tailler des arbustes. Pratique pour couper les branches. » grogna-t-il avec une satisfaction non dissimulée. Le sécateur était toutefois trop gros pour les mains frêles d'une femme, alors il partit en chercher un bien plus modeste pour Mia. Il lui fourra sans plus de cérémonie dans les bras et lui désigna l'une des plantes qu'elle avait repérée. « Vas-y, essaie. L'une de mes menthes poivrées tire un peu la gueule, tu peux lui retirer quelques tiges malades. » dit-il avec un hochement de tête satisfait. « Je ne suis pas tout seul à m'en occuper, June y fait beaucoup. Archibald aussi parfois, je crois. » Mais c'était lui maintenant, le chef des lieux. « Ce sont mes serres. Archibald n'est qu'un visiteur. » C'était très important qu'elle le comprenne bien. « Alors, t'aimes ça, les thérapies ? Moi aussi... enfin évidemment, ce n'est pas mon domaine de prédilection. Je suis sans doute moins calé que toi, je ne suis pas psychomage ! Mais les enfants viennent souvent casser la croûte dans mon bureau. Ils aiment mes gâteaux. »

Désolé, il est insupportable...

Le fait qu'il me montre comment utiliser un sécateur m'amusa, évidemment, il ne pouvait pas se douter que je faisais de la botanique depuis mon plus jeune âge. Je n'aurais pas été jusqu'à dire que j'étais née dans la serre de ma mère... Mais pas loin ! Mon petit sac en tissu sur l'épaule, je n'avais pas pris de sécateur, heureusement, sinon je n'aurais probablement pas su comment géré la situation. Sigmund était vraiment adorable. J'hochais alors simplement la tête, heureuse qu'il me laisse participer à l'entretien de la serre, même s'il me prenait pour une élève de deuxième année, où, je ne sais plus à quelle âge on commence la botanique.

"Merci c'est gentil" dis-je en prenant le sécateur et en commençant à couper soigneusement les tiges demandées. "Oh je vois, tu es donc le principal responsable de ces plantes en pleine forme. Tu dois y passer du temps... Quand je vois le temps que je passe avec ma maman dans sa serre, c'est impressionnant !" répondais-je alors un grand sourire aux lèvres. Et hop, petite introduction gentillette au fait que je sais m'occuper des plantes avant de l'écouter à nouveau.

"Oui, j'adore ça, enfin, ce n'est pas vraiment les thérapies en soit mais j'aime aider les élèves, les ados, les enfants à sortir de leurs moments difficiles." expliquais-je dans un premier temps. "Vraiment ? Tu leur organise des gouters ? C'est trop génial ! Est-ce que tu le fais pour les élèves qui travaillent bien ou sont assidus dans ta matière ?" demandais-je alors, réellement étonnée mais de manière positive. Les élèves devaient vraiment apprécier ce professeur. Moi a leur place, je passerais ma meilleure vie. Je lui tendis alors son sécateur après avoir fini d'enlevé les tiges malades de la manière la plus professionnelle qu'il soit, en ayant profité pour en enlever une sur celle d'à côté qui était également malade. J'étais une habituée de ce genre de choses. "Et voilà, ça me parait pas trop mal !" dis-je heureuse.

Moi je le trouve adorable !

Il faut que tu places mieux tes doigts sur le sécateur, aurait eu envie de dire Sigmund, mais Mia ne lui en laissa pas l'occasion. C'était comme si elle avait grandi avec des outils dans les mains : elle s'en sortait à merveille - sans doute même mieux que le botaniste qui tendait à avoir la main trop généreuse sur les découpes. Alors qu'elle le flattait avec une reconnaissance de son travail comme il en recevait peu, sa moustache cachait heureusement une moue de sincère étonnement. Ainsi donc, elle s'y connaissait déjà, semblait-elle dire. Il la savait déjà très chouette - c'était une bonne femme tout à fait charmante - mais il lui découvrait également des talents insoupçonnés.

« Saperlipopette, si ce n'est pas parfait tout ça, j'en couperais ma moustache ! » souffla-t-il en l'applaudissant chaleureusement. Il la débarrassa bien vite du sécateur et d'un geste de la main, l'invita à poursuivre la visite en sa compagnie. « Oh mes goûters, c'est pour tous les petits qui ont faim. Loin de moi l'idée de les trier selon leurs résultats, pauvres petiots ! Ils ont tous un estomac, pardi, même les plus cancres ! rigola-t-il avant de poser un regard souriant sur elle.

« Tu sais, je comprends pourquoi tu es psychomage maintenant. Tu rayonnes, Mia. Tu sais comment rendre les gens heureux ! Nos élèves ont beaucoup de chance de t'avoir. » C'était un constat simple et sincère, énoncé avec la spontanéité habituelle du botaniste. Il n'y avait pas à tergiverser là-dessus ; Mia était une bonne personne, et désormais Sigmund la considérerait comme son amie.

Et puis, ça lui plaisait lui, quand on s'intéressait à sa personne et à ses serres. Forcément, il était tout enthousiaste. Fébrile, il en peinait même à ouvrir la porte menant à la serre de Feu. Contrairement aux autres serres dont l'accès était - dans les heures d'ouverture, relativement libre, la serre de feu n'était réservée qu'à Sigmund et aux autres adultes entretenant les lieux. Il y menait certaines classes dans les années hautes pour des cours, mais ne les faisait pas visiter aux plus jeunes. « Tu vas voir, cette serre... c'est le feu ! » plaisanta le bonhomme en gloussant dans sa moustache.

Je répondais a ses applaudissement un grand sourire aux lèvres amusée par sa remarque sur sa moustache. J'étais un peu gênée mais cela était bien masquée par mon enthousiasme et la joie de voir que Sigmund reconnaissait mon talent en botanique. Je pouffe ensuite en entendant le botaniste parler de ces goûters, un peu étonnée qu'un professeur fonctionne comme ça. Après bien sûre ce n'était pas en mal, je trouvais ça génial qu'un professeur fasse ce genre de chose, le rendre très accessible, cela devait encourager les élèves dans la matières. Je me demandais simplement, s'il ne cela ne cassait pas un peu son autorité auprès des élèves.

Mais bref, ce n'était pas mes affaires et je ne disais rien, je restais souriante et enthousiaste. Je pris d'ailleurs le compliment, s'il n'était pas aussi âgé j'aurais pu croire qu'il me draguait. Bon bien sûr, ce n'était évidement pas le cas mais cela avait eu le mérite de m'amuser. "Merci, toi aussi, je suis sûre que les élèves adorent aller en botanique avec toi !" répondis-je alors tout aussi sincère.

Finalement, nous entrions dans la prochaine serre et je ne compris pas tout de suite la blague de Sigmund. Ce n'est qu'en voyant les plantes que je compris. "Effectivement" dis-je en entrant prudemment dans la salle en voyant les plantes qui la peuplait. Les plantes m'étaient un peu moins familières, je reconnaissais la Tentacula Vénéneuse et ce qu'il me semblait être des snargalouf dans un petit bassin mais les autres me demandèrent de fouiller un peu plus loin dans mes souvenirs, cela faisait très longtemps que je n'en avais pas vu. "Je comprends mieux pourquoi le feu" dis-je en observant le buisson ardent. "C'est donc là que se cachent les plantes les plus dangereuses de poudlard ?" demandais-je en plaisantant .

« En partie, » répondit Sigmund à la dernière question de la psychomage, « j'ai aussi des filets du diable dans la serre tropicale. Il y a quelques autres bricoles qui traînent çà-et-là. » Il avait posé ses mains sur ses hanches et arborait une expression fière. C'était sa serre et ses plantes. Oui, messieurs dames, il y avait des plantes dangereuses à Poudlard et elles étaient bien sous la responsabilité de Sigmund Charleston ! Parfois, quand le sorcier verrouillait la porte avant de quitter les serres, il se plaisait à imaginer qu'il venait de sauver l'école d'une terrible catastrophe.

« C'est du danger immédiat. Elles attaquent, mordent ou brûlent, mais sauf imprudence, elles ne sont pas si dangereuses que ça. Certaines plantes d'apparence bien plus inoffensives font bien plus de morts. » Et quid des indigestions qu'il avait lui-même parfois quand il confondait deux plantes de sa serre au moment de prélever des feuilles pour ses tisanes ? Pourtant, il était prudent : il ne prenait que les plantes qui sentaient bons. Elles pouvaient être traîtres, parfois !

« Pssst Mia... regarde. » interpella le professeur de botanique en enjoignant sa collègue à l'observer. Très fier de sa bêtise, il remonta légèrement les manches de son pull et mouilla rapidement ses mains avec un sortilège d'eau. Puis il s'approcha du buisson ardent, le sourire grandissant sous sa moustache, et s'amusa à passer ses doigts rapidement dans le feu. Il fallait être rapide, sinon ça brûlait pour de vrai. Mais en s'en sortant bien... oui, il ne ressentait rien du tout. Juste de l'excitation de littéralement jouer avec le feu. « Tu as vu ? Tu veux essayer ? »