Morgan se trouvait là, immobile, à quelques mètres d’une maison qu’elle avait appris à connaitre il y a bien longtemps. Elle était en proie à une grande hésitation quand à sa prochaine action. Faire demi-tour, changer d’avis, tout cela était encore possible. Remuer le passé était une chose risquée, et rarement bonne. Elle avait été lâche à l’époque, et encore aujourd’hui, elle le regrettait. Qu’était-il devenu, le garçon beaucoup trop sérieux ? Quand elle était partie, elle n’avait pensé qu’à elle-même, et après quelques mois, il était beaucoup trop tard. L’avait-il oublié au final ? La détestait-il encore ? Elle n’était pas naïve au point de penser qu’il allait l’accueillir à bras ouverts, après une si longue absence, et c'était une des raisons de son appréhension.

David Wood, le sorcier qui avait fini par devenir son ami, à une époque où Morgan n’en voulait aucun. Leur amitié était encore un véritable mystère pour la jeune femme, mais elle avait bel et bien existé, avant que la galloise ne gâche tout. Alors, que faisait-elle là ? Voulait-elle éviter de rendre visite à la tombe de son père ? Oui. Mais elle espérait aussi égoïstement qu’il n’était pas trop tard pour se rattraper auprès de son ancien camarade. Alors elle prit une grande inspiration, et finit par faire ce qu’elle était venu tenter. Toc. toc.

En espérant que les parents de David vivaient toujours à la même adresse.

Il était rare que la jeune femme se trouve chez ses parents. La plupart du temps, elle essayait d'éviter comme les reproches de sa mère n'était jamais bien loin même s'ils avaient diminués depuis quelques années. Maintenant que la librairie était stable et que ce n'était plus un projet insensé, Érica semblait s'être calmé un minimum. Mais la rousse n'aimait toujours pas rester en leur compagnie trop longtemps. Un soirée ça allait encore, mais avec modération tout de même.

Enfin bref, elle n'avait pas vraiment eut le choix étant donné que ce qu'elle avait a récupérer, elle savait que sa mère n'allait pas le trouver. Enfoui dans l'une des boites du grenier, la libraire était en quête de l'un des manuels scolaires qu'elle avait utilisé lors de son année d'étude à la GEAD. Il n'y avait pas énormément d'objet dans le carton comme elle n'y était pas resté plus d'un an, mais trouver la boite en particulier, ça ça avait été fastidieux.

-Tu as trouvé ce que tu cherchais ? entendit-elle sa mère demander de la trappe qui reliait le grenier au reste de la maison. L'ancienne gryffondor fouilla quelques secondes et sortit finalement le livre qu'elle cherchait.

-Oui ! Je redescends dans quelques minutes, répondit-elle finalement. Elle prendrait le temps de le feuilleter de retour chez elle, pour le moment, elle souhaitait seulement sortir d'ici. Elle rangea la pièce à l'aide d'un petit coup de baguette et descendit l'escalier qui la mena au reste de sa maison d'enfance. La rousse ne s'attarda pas trop, récupérant seulement son sac et faisant ses aux revoir à ses parents. Enfin jusqu'à ce que 2 coups cognent à la porte d'entrée. *Quoi encore* Elle qui voulait seulement partir le plus rapidement possible, ce n'était pas gagné.

-J'm'en occupe, avisa-t-elle le reste de sa famille présent sur les lieux. Et lorsqu'elle ouvrit la porte, son visage ne put masquer son doute et sa surprise. Surprise de ne pas savoir qui était devant chez elle et doute parce qu'elle pensait avoir déjà vu cette personne, mais où ? Ce n'était pas une surprise pour personne, sa mémoire pour les visages était tout sauf bonne, alors ne pas reconnaitre la personne n'était pas surprenant.

-Est-ce que je peux vous aider ? dit-elle d'un ton poli mais interrogateur.

Après deux rapides coups à la porte d'entrée, Morgan fit un pas en arrière. Était-ce un réflexe instinctif ou une tentative inconsciente de s'échapper à la dernière minute ? Elle n'aurait su le dire. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit, dévoilant non pas des adultes d'âge mûr, mais une jeune femme rousse. Cette apparition inattendue la laissa momentanément sans voix, laissant planer le doute quant l’adresse qu’elle avait mémorisé.

« Bonjour... Est-ce toujours la résidence de hum… des Woods ? » tenta Morgan, essayant de faire resurgir le nom des parents de David de sa mémoire lointaine, en vain. L'avait-elle même mémorisé à l'époque ? Les visages de ces parents lui étaient déjà flous dans son esprit. Madame Woods et Monsieur Woods étaient probablement les seuls noms qu'elle avait utilisés par le passé, tiraillée entre le respect et l'embarras de converser avec les parents d'un camarade.

Ce qui la frappa encore plus, c'était la ressemblance frappante des traits de la femme devant elle. Qui pouvait-elle bien être ? De vagues souvenirs de boucles rousses lui revenaient, des rencontres antérieures peut-être. La sœur cadette de David arborait probablement la même chevelure rousse, si sa mémoire ne la trahissait pas. La dernière fois qu'elle l'avait vue, elle était encore une élève de première année à Poudlard, ce qui signifiait qu'elle était désormais dans la vingtaine. Cependant, cela pouvait tout aussi bien être le fruit de son imagination et d'une étrange coïncidence.

« Ne serais-tu pas Annaëlle, la sœur de David ? » demanda-t-elle finalement.

Du peu de ce qu'elle pouvait conclure, la femme présente devant la porte de sa maison semblait autant surprise qu'elle de la trouver là. Déconcerté par cette impression, la rousse resta planté devant la porte, incapable de savoir quoi faire. L'inviter à entrer était étrange mais rester ainsi l'était tout autant. Et au moment où elle pensait sérieusement à refermer la porte, l'inconnue finit par lui pauser une question. Si c'était toujours la maisonnée des Woods ? Eh bien oui, sinon elle ne serait pas là.

-Euh oui, mes parents sont là si tu souhaites leur parler, répondit-elle. Il n'y avait plus vraiment d'autre personne à voir ici, elle-même ayant quitté le nid pour de bon un peu plus d'un an auparavant. Jasper venait voir leur parent davantage, mais elle savait que David ne venait qu'en de rare occasion et la libraire ne pouvait pas vraiment dire faire mieux. Mais maintenant qu'elle y réfléchissait, la femme avait l'air un peu jeune pour souhaiter s'entretenir avec ses parents. Mais son étonnement s'amplifia lorsque la femme lui demanda de confirmer son identité. Ainsi donc, elle connaissait son grand frère ? La rousse avait beau essayer de faire fonctionner sa mémoire à long terme, elle n'arrivait pas à se remémorer quand elle aurait pu la croiser.

-Euh oui... et tu es ? demanda-t-elle en sortant finalement de la maison. La porte fermée derrière elle, la jeune femme avait préféré continuer la discussion à l'extérieur. Après tout, elle était probablement venu pour son frère et celui-ci n'était pas là, alors ça ne servait à rien de l'inviter et d'inclure ses parents, ça l'obligerait à rester plus longtemps que nécessaire et ce n'était absolument pas ce qu'elle souhaitait.

Si elle voulait parler aux parents ? A cet instant, elle ne savait pas même pas ce qu’elle souhaitait réellement.

« Morgan, répondit-elle à la seconde question, tout en essayant de se remémorer davantage sur celle qui n’avait été qu’une enfant à l’époque, Morgan Rosenwald. »

C’était encore étrange pour la galloise de se présenter ainsi, malgré les mois écoulés. Des années à maudire ce nom, à le craindre, à le haïr, à l’ignorer… Et pourtant.

Et pourtant.

« J’étais une amie de David à Poudlard, et j’aurai aimé… »

Toute la résolution qu’elle avait vacillé peu à peu, telle une flamme de bougie alors que l’on claquait une porte ou une fenêtre. Amie, pouvait-elle seulement se décrire comme tel, après sa disparition volontaire ? Après plus de dix ans sans prendre de nouvelle ? Elle avait été confronté à pire par le passé, de par ses choix, son mode de vie et son travail, mais il s’agissait de se confronter au passé lui-même.

Elle ne se reconnaissait pas, devant cette faiblesse apparente, et cette hésitation. Réajustant sa sacoche sur son épaule, son regard, qui était posée sur la jeune femme – sur la sœur de David – fuyait désormais vers les murs extérieurs de la maison.

« Je crois que je n’aurai pas dû venir, je… »

Elle laissa sa voix s’éteindre, sans que les mots lui viennent. Reprends-toi, Morgan bon sang.

Le ton de voix de la femme était... incertain, comme si elle-même ne savait pas trop ce qu'elle venait faire ici. Le doute s'amplifiait chez la rouquine et elle ne pouvait s'empêcher de trouver cette rencontre un peu louche. Que voulait-elle bien à son frère ? La libraire et lui n'était pas des plus proche, mais David restait toujours un membre de sa famille et elle ne pouvait s'empêcher de le protéger. Ce n'était probablement pas ce qu'il aurait souhaité, préférant sans doute que sa jeune sœur ne se mêle pas de ses affaires, mais elle ne pouvait se retenir. Et finalement, l'inconnue, Morgan, donna un peu plus d'explications sur sa présence. Bon, ce n'était toujours pas suffisant aux yeux de la jeune femme pour lui donner l'adresse de son grand frère, mais bon, avoir été son amie était déjà un bon signe.

L'hésitation de la femme était presque palpable, l'anglaise en venait même à se demander à quel point elle avait dû prendre son courage pour se rendre jusqu'ici. Un léger sourire aux lèvres, elle n'était toujours pas rassurée, mais essayait au moins de se montrer avenante.

-David n'habite plus ici depuis quelques années déjà, les mots étaient sortis doucement de sa bouche, comme si elle craignait qu'ils ne fassent fuirent définitivement la jeune femme. Maintenant qu'elle savait que David avait été son ami, de vague souvenir lui revenait en mémoire, mais rien de bien précis. Une silhouette lors d'un après midi passé à agacer le plus vieux de la fratrie, mais rien de plus. Si tu cherches à reprendre contact avec lui, je peux lui transmettre une lettre, tu pourras communiquer directement avec lui, proposa-t-elle finalement.

Il était évident que la rousse ne l’avait absolument pas reconnu, et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait beau être plus âgée que Noémie sa filleule, qui n’était qu’une très jeune enfant lorsqu’elle était partie, leur relation était complètement différente. Morgan avait coupé les ponts avec David et tous les autres liens de son passé, mais n’avait pas pu se défaire de Cora et de sa fille. Une preuve de plus de son égoïsme.

Bien sur qu’il ne vivait plus ici, ils étaient adulte désormais. Peut-être était-il marié, avec des enfants ? C’était une pensée qui ne lui avait pas échappé, bien que pour une personne telle que Morgan, il était dure d’imaginer cette situation pour elle-même. Mais quoi qu’il en était, c’était une chose que la galloise lui avait souhaité plus que tout, si cela lui permettait d’être heureux dans la vie.

« Une lettre… répéta-t-elle, comme pour s’assurer qu’elle avait bien comprise la proposition de la sorcière. Oui, c’est une bonne idée, mais je n’avais pas vraiment prévu que… Enfin, peu importe. Je vais en écrire une, il me faut juste du temps. Pourrais-je repasser plus tard pour te la donner ? »

Elle venait lâchement de sauter sur la première occasion de partir d’ici, la galloise le savait bien. Mais à quoi s’attendait-elle de toute façon ? Elle n’était qu’une inconnue, aux yeux de la femme en face d’elle, et très probablement aux yeux de David également.

Incertaine de la réaction de la femme, Annaëlle avait attendu sans montrer de signe d'impatience. Elle n'était pas pressé et même si elle ne comprenait pas pourquoi, sa seule présence ici semblait lui demander beaucoup d'effort. Et puis, si elle était réellement une ancienne camarade de David, il serait heureux d'avoir de ses nouvelles, enfin c'est ce qu'elle espérait. Quelques instants plus tard et l'anglaise avait sa réponse. Mais évidement que ce n'était pas ce qu'elle avait prévu. Son esprit chercha une solution, elle non plus n'était plus trop chez ses parents ces temps-ci. Après un instant d'hésitation, elle hocha la tête.

-Oui, pas de problème, mais pas ici. Elle n'avait pas plus envie que ça d'avoir à revenir dans les prochaines semaines. Et puis elle devrait expliquer la situation à ses parents, ce qui n'était probablement pas idéal pour personne. Je ne vis plus ici non plus, mais je gère la librairie du chemin de traverse, Fleury et Bott, c'est là qu'on achetait nos manuels pour Poudlard, elle marqua une pause, incertaine de savoir comment continuer sa phrase. Enfin bref, tu peux venir me la porter là, j'irais lui donner ensuite, finit-elle par dire. C'était une bonne solution dans l'esprit de la rousse, elle espérait que Morgan en soit satisfaite. Elle ne se sentait pas à l'aise de donner l'adresse de son frère à n'importe qui, alors même si elle avait l'air sincère, elle préférait ne pas prendre de chance.