Début Mai 2048, un Samedi
Courant de l'après midi
Avec @Cheryl Styles & @Antonn Clifford

Edwin avait croisé Antonn au moment de manger, en fait, il lui était presque rentré dedans en sortant de la Grande Salle. Il en avait profité pour papoter un peu, et finalement, ils avaient papoté peut-être un peu plus que juste "un peu". Pour ne pas bloquer les autres élèves, ils avaient débuté une petite marche, côte à côte. Edwin l'avait écouté reparler un peu du Match, comme ils ne s'étaient pas vraiment croisé suffisamment longtemps pour que Antonn ne puisse lui faire le débrief complet avant cela. Et ça devait être complet puisque Edwin ne connaissait quasiment pas la moindre règle de ce sport et encore moins les subtilités des stratégies.

Cependant, même si le Quidditch ne l'intéressait pas plus que ça, écouter Antonn, ça, c'était une de ses activités préférées en ce moment. L'autre semblait adorer les sports magiques alors Edwin avait apprit à les aimer au moins un peu. Il essayait de se souvenir des noms de l'équipe, et des résultats. De cette façon, il pouvait lancer Antonn sur ce sujet sans faire trop de gaffes, et surtout, il pouvait à peu près comprendre.

Quand l'autre parlait de Quidditch, il avait cette petite étincelle de plaisir dans les yeux, et parfois même, il gardait un sourire aux lèvres. Ça, c'était la partie préférée d'Edwin. Voir Antonn heureux, ça lui faisait naître des papillons dans le ventre, même s'il n'avait jamais l'air de s'en rendre compte. Dans sa tête, c'était simplement normal autour d'Antonn de faire n'importe quoi, de rougir et de perdre ses mots. C'était amené par leur première rencontre et ça ne changeait pas, peu importe à quel point ils passaient du temps ensemble. Alors Edwin avait juste pris ça pour une habitude de son corps d'être bizarre parfois, et manque de chance ça arrivait toujours avec Antonn.

Edwin était, avant tout, très fort pour se voiler la face, surtout quand il s'agissait de sentiments. Que ce soit amoureux, ou les sentiments des autres ou même sa façon de voir sa relation avec sa mère. Dès que l'on parlait de quelque chose qui mettait en relation un peu de chimie et beaucoup de cœur, Edwin était paumé. Enfin, "paumé" était un large euphémisme. On aurait plus pu comparer un Edwin devant des sentiments à une taupe myope. Une taupe très, très, très myope.

Bref, en échange de ces tirades sur le Quidditch, Edwin offrait des histoires de bricolages, ou de super-héros. Ainsi, il oubliait presque les gens qui l'entouraient, trop focus sur comment bien expliquer pourquoi il avait utilisé un boulon pour bricoler sa cigogne au lieu d'un petit disque en métal. Et, surtout, pourquoi cela changeait absolument tout. Le troisième année balançait ses bras, une habitude quand il parlait d'un sujet qui le passionnait, un grand sourire aux lèvres, observant d'un œil curieux l'endroit où ils avaient atterri en marchant.

C'est marrant qu'on soit arrivé là, c'est quasi un réflexe ! Il glousse, avant de tendre à son ami la fameuse cigogne faite de morceaux de ferraille. Bref, après, j'ai ajouté deux trois trombones, c'est des trucs moldus, et paf, j'avais fini. Tu peux la garder si tu veux, je l'ai faite pour toi, j'en ai déjà des tonnes moi.

Enfin du beau temps. Enfin l'occasion de rester en extérieur et profiter du soleil. Et puis, bientôt les grandes vacances ! Ce jour-là, Cheryl s'était assise dans la cour de la tour de l'horloge, accompagnée de son chat qui se roulait par terre. Elle aussi semblait ravie de profiter de la chaleur de l'été. La Serpentard, quant à elle, s'était contentée de décorer des pages son petit carnet qu'elle tenait depuis presque deux ans.

Lorsqu'elle leva les yeux pour détendre son cou, qui depuis une bonne quinzaine de minutes était baissé, la rouquine aperçut deux garçons de sa maison : Antonn et Edwin. Les deux semblaient discuter de on-ne-sait-quel-sujet mais la deuxième année en profita pour parler à Antonn.

Depuis le jour où le Serpentard lui avait offert des pompons de cheerleading avec son nom écrit dessus pour Noël, la jeune Styles avait commencé à s'attacher au quatrième année. C'était la première fois que quelqu'un, autre que des membres de sa famille, ne lui offre un cadeau. Un cadeau qui, en plus, avait plu à Cheryl, ce qui était loin d'être facile. C'est pourquoi, la fillette semblait attachée à lui. Mais pas trop non plus ! Enfin, assez pour penser à lui de temps à autre, pour le soutenir pendant les matchs de Quidditch, et fabriquer avec les autres cheers des produits à l'effigie du batteur des Crochets.

— Salut ! fit-elle aux deux garçons, bien qu'il semblait que son "salut !" soit davantage adressé à Antonn.

Alors qu'elle s'apprêtait à continuer dans sa lancée, son regard se posa sur une sorte de figurine en ferraille que Edwin tendait au joueur de quidditch. Il y eut trois secondes de silence durant lesquelles Cheryl jugeait cette chose avant de relever les yeux, regarder Edwin dans les yeux et reporter son attention sur Antonn et sourire.

— Est-ce que... ça te dérangerait pas de me faire des cours de vol ? Je suis pas nulle hein, loin de là ! C'est juste que c'est la matière que je maîtrise le moins.

C'était pas comme si elle avait vraiment besoin de cours, mais si elle pouvait passer un peu de temps avec lui, ça l'arrangeait bien.

J'aime beaucoup discuter avec Edwin. Je trouve chez lui une oreille attentive. Je peux lui confier mes ennuis, mes joies et mes pleurs. Je sais qu'il écoutera tout avec la même attention. Certaines personnes ne savent pas écouter, elles n'assimilent vos paroles que dans l'optique de pouvoir y répondre. Je crois qu'au fond je suis un peu comme elles. Mais Ed', lui, il n'est pas comme ça. Je n'ai pas besoin de tout surjouer pour grapiller un peu de son intérêt, comme j'ai parfois l'impression de le faire avec d'autres. Il me suffit d'être moi-même. Alors aujourd'hui, encore une fois, je repasse avec lui le match. Parce qu'en parler à voix haute me permet d'extérioriser ce que je ressens à propos de tout ce qui a pu s'y passer. Je peste une nouvelle fois contre l'arbitre, qui semblait avoir perdu son sifflet. J'enchaîne indigné sur toute la triche que j'ai pu voir, insistant sur le fait que le Quidditch que j'apprécie ne se joue pas comme ça. Je déplore que nous ayons perdu pour le dernier match d'Erza, nous qui étions si près de la victoire cette fois. J'exprime ma fierté d'avoir réussi plusieurs cognements alors même que ce n'est absolument pas mon fort d'habitude, je préfère les déviations. Je lui raconte mes meilleures actions, le sentiment de liberté que je ressens lorsque je monte sur mon balai. Tous les petits détails qui font du Quidditch mon sport préféré. Et en grimaçant, les courbatures et les bleus laissés par le cognard, puisqu'on a rien sans rien.

Je remarque que nos pas nous ont amené dans la cour de la tour de l'horloge. C'est un endroit que j'affectionne, et de mémoire c'est ici que j'ai eu ma première réelle discussion avec Edwin, après une rencontre particulièrement gênante. Alors que nous ralentissons, je regarde ce qu'il me tend, intrigué. Je m'en saisis et détaille du regard ce qui semble être une cigogne. C'est vraiment bien fait, et très mignon. Je décide de remercier mon ami avec enthousiasme.

- Merci Edwin ! C'est vraiment ador...

Avant que je ne finisse ma phrase, je suis interrompu par une nouvelle arrivée. Je suis heureux de découvrir Cheryl, que je considère maintenant comme une amie pour avoir échangé avec elle à plusieurs reprises. Je ne sais toujours pas si je lui en veux pour les produits dérivés distribués lors du match ou pas. Au fond, ils m'ont beaucoup amusé, bien qu'elle aurait pu en rester aux tee-shirt. Enfin, je suppose qu'elle a fait plaisir à mon fan-club alors je ne peux pas vraiment lui en garder rancune. Je pense un instant à Blair, me demandant quel article a bien pu choisir la première année. Est-ce qu'elle me demandera un nouvel autographe ? J'avoue que j'ai éprouvé une certaine satisfaction et fierté à jouer les stars du Quidditch dans la salle commune l'autre jour. M'éloignant de mes rêves de gloire, je souris en retour à la deuxième année qui est en face de moi et lui fait un petit signe de la main pour la saluer.

Mon sourire s'élargit lorsque j'entends sa demande. Le vol, c'est mon truc ! Alors si je peux en faire profiter quelqu'un ! Ce n'est pas la première à qui je promets un cours, mais c'est celle devant qui la tâche me paraît la moins pénible. Cheryl n'est pas un boulet et je suis certain qu'on pourrait bien s'amuser. J'acquiesce donc énergiquement en lui répondant.

- Avec plaisir ! Tu voudrais qu'on fasse ça quand ?

Je suis de toute manière quasiment tout les soirs au terrain d'entraînement ou dans ses alentours, alors je me plierais à son emploi du temps. J'hésite à proposer à Edwin de se joindre à nous, mais je ne crois pas que le vol soit son truc alors je m'abstiens.

@Cheryl Styles & @Edwin Wellhister, j'suis pas trop sûr de moi mais j'avais pas envie de vous faire attendre plus longtemps.

Edwin, les yeux fixés sur Antonn, buvait son début de parole. Ado quoi ? Adorable ? Edwin lance un regard noir à la fille qui vient de les interrompre et qui regarde sa cigogne - celle d'Antonn à présent - comme s'il s'agissait d'un vulgaire caramel collé sur un siège de bus. Un ressentiment gonfle dans sa poitrine et lui donne envie de tirer Antonn loin de cette harpie. Cheryl n'a jamais été méchante avec lui, mais à cet instant précis, elle aurait tout aussi bien pu shooter dans Piou, qu'Edwin aurait été moins en colère.

Il observe la deuxième année des pieds à la tête. Elle est plutôt jolie, mais plus jeune qu'Antonn. Ils n'auront sûrement rien à se dire à part lui lécher les pieds pour son talent au Quidditch. En fait, le seul truc qu'Edwin n'est pas capable de faire puisqu'il ne comprend pas ce sport. Merde. Si Antonn a besoin d'elle pour parler de Quidditch, il ne parlera plus avec lui durant leurs petites balades. Il n'acceptera plus avec les yeux pétillants ses petites figurines que l'autre regarde si mal. Ils ne pourront pas passer autant de temps ensemble, et Edwin ne pourra plus l'écouter parler parler de ce sport qu'il aime tant. Même s'il ne comprend pas tout, Edwin aime simplement écouter Antonn parler pendant des heures, lui qui semble toujours si mesuré.

Le troisième année pince les lèvres en une fine ligne blanche et attrape discrètement le dos de la manche de son ami, le tirant légèrement vers lui. On avait... o-on avait déjà parlé de le faire ensemble, non ? Tu sais, tous les deux. Il pose à nouveau son regard sur la fille devant lui. Si t'es pas si nulle que ça, tu devrais pouvoir t'en sortir, non ? Peut-être que des gens de ton année peuvent t'aider aussi, vous avez pas du tout le même emploi du temps en plus, ça risque d'être embêtant. Toi non plus, tu n'as pas le même, chuchote la voix dans sa tête, mais Edwin la chasse d'un geste de la main.

Une puissante rancœur envers la plus jeune fait son apparition et Edwin a presque envie de lui grogner dessus. Pourquoi il a fallu qu'elle vienne à ce moment-là, pour tout gâcher ? C'est comme si tout d'un coup, Edwin avait disparu. Ce n'était pas juste. Elle ne le connaissait pas comme lui le faisait. Est-ce qu'elle avait déjà été là pour parler de ce qui faisait peur à Antonn, ou ce qu'il aimait à côté du Quidditch ? Certainement pas. Alors que lui, il était là. Ils pouvaient parler de tout avec Edwin, Antonn avait une oreille attentive. Edwin savait ce que son ressentait au fond, et cette fille n'en savait rien. Elle n'avait pas le droit de le faire sourire comme ça, ce n'était pas juste. Par Merlin, il savait même quelles chaussettes son camarade de dortoir préférait enfiler les jours de Matchs ! Et l'autre-là, elle ne savait rien faire d'autre qu'agiter ses pompons en pensant être la personne la plus importante pour le batteur de l'équipe.

Edwin se mord les lèvres et tire un peu plus la manche d'Antonn pour qu'il se tourne vers lui. Tu... T'as pas fini ta phrase Tonn'... chuchote-t-il en frottant son pied par terre.

Son sourire s'élargit lorsqu'elle entendit la réponse positive de Antonn. À elle les moments privilégiés avec le batteur des Crochets — et l'amélioration en vol, bien entendu. Quand pouvaient-ils programmer ces cours ? Les week-end ou les fins de journées semblaient plus logiques, d'autant plus qu'elle ne connaissait pas l'emploi du temps de Antonn, et tant mieux d'ailleurs. Quel genre de psychopathe apprendrait par coeur l'emploi du temps de quelqu'un d'autre ?

Soudain, une voix la tira de ses pensées. Edwin — dont elle avait totalement oublié l'existence sur le moment — venait visiblement lui mettre des bâtons dans les roues. Qu'est-ce que cela pouvait lui faire si Antonn donnait des cours de vol à la deuxième année ? Était-il jaloux de quoi que ce soit ?

Plus les mots sortaient de la bouche du troisième année, plus la fillette commençait à maudire intérieurement son camarade de maison. C'était quoi son problème ? Au lieu de passer pour une petite peste qui s'énerve dès lors qu'on la contredit, Cheryl prit sur elle — pour la première fois — et prit une voix douce prenant un air presque attristé.

— C'est juste que parmi tous les joueurs de Quidditch, c'est Antonn le plus fort, fit-elle en frottant son pied par terre.

Se retenir d'attaquer Edwin. Se retenir d'attaquer Edwin. Antonn avait l'air attaché à lui et si elle lui parlait mal, son plan pouvait tomber à l'eau. Bien qu'elle mourrait d'envie de le rembarrer et de lui dire de se mêler de ses affaires.

— On n'a qu'à faire ça le week-end ! T'as pas cours, non ? dit-elle, les yeux pétillants en direction du quatrième année.

Mes yeux passent de Cheryl à Edwin, curieux. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'ils ne s'apprécient pas trop. L'atmosphère s'est un peu tendue et je ne suis pas très à l'aise. Je n'aime pas le comportement d'Ed'. Je le trouve possessif et ça m'agace. Je veux dire, si ça me dérange d'aider Cheryl, je suis assez grand pour le lui signaler tout seul non ? Cependant, je ne veux pas me disputer avec lui, alors je prends sur moi. J'ai pas envie qu'on s'embrouille pour un truc aussi naze. Je ne me souviens par contre pas qu'il ait déjà manifesté l'envie qu'on aille voler ensemble, alors je m'en veux un peu. Il m'écoute tout le temps, et moi j'aurais déjà oublié une promesse que je lui aurais faite ?

Je rougis légèrement lorsque Cheryl affirme que je suis plus fort des joueurs de Quidditch, flatté du compliment. Je sais qu'elle a assisté à l'ensemble de nos matchs et suis d'autant plus touché qu'elle pense cela après m'avoir vu à l'action. Ce sport est tellement important pour moi que je suis heureux lorsqu'on y remarque mon implication. On peut dire qu'elle a visé juste. Je lui adresse alors un sourire sincère. Après être sûr qu'aucun des deux n'a plus rien à ajouter, je me décide à intervenir, puisque je suis tout de même le premier concerné par cette discussion.

- T'en fais pas Edwin, ça ne me dérange pas, j'suis tout le temps sur le terrain d'entraînement de toute façon.

Et puis j'aime bien Cheryl, donc passer du temps avec elle n'est pas une corvée pour moi. Mais ça je ne l'ajoute pas, conscient qu'elle n'a pas l'air d'être dans les bonnes grâces de mon ami. Je termine la phrase que j'avais entamé avant qu'elle n'arrive, indiquant la petite cigogne en ferraille.

- Je disais, c'est vraiment adorable. Je la garderais précieusement.

Enthousiaste, j'accorde ensuite de nouveau mon attention à la rousse.

- Oui, le week-end c'est parfait ! On peut faire ça dès la semaine prochaine. Il devrait faire beau en plus il me semble. Il faudra juste que tu me dises à quelle heure ça t'arrange.

Je me rappelle ensuite qu'Edwin m'a lui aussi demandé des cours de vol. Je me tourne donc vers lui.

- Idem pour toi Ed', tu me dis quand tu veux faire ça et on s'arrange.

Ils savent bien que de toute manière je quitte rarement mon balai. J'ai l'étrange impression de devoir jongler entre les deux depuis tout à l'heure, ce qui est assez déstabilisant. J'ai peur de donner plus d'attention à l'un d'entre eux et que l'autre le prenne mal. Comme dirait les moldus, je marche sur des oeufs. Je ne parviens pas à comprendre la source de cette tension. Par Merlin, tout ça me fatigue.

La fausse voix attristée n'avait pas du tout fonctionné sur Edwin. Au lieu de lui donner l'image d'une jeune fille qui n'avait rien derrière la tête et vénérait juste son joueur préféré, elle venait de prendre la place d'une vraie petite peste dans l'esprit d'Edwin. Déjà qu'il n'appréciait pas franchement qu'elle essaie de s'accaparer Antonn, si en plus elle faisait partie de ces personnes fourbes qui pouvaient feindre chaque émotion, il l'aimerait encore moins. Il grogna à la fin de la phrase de la plus jeune. Il avait de lui répondre un mélange entre "mais bien sûr" et "et mon cul c'est du poulet" mais se retint pour ne pas passer pour le relou de service qui se mettait à harceler une fille plus jeune. Quelque chose lui disait que si quelqu'un passait par là et qu'ils se disputaient, ce serait Edwin qui passerait pour le fautif. Personne ne croirait qu'une petite fille - minuscule d'ailleurs, elle devait au moins faire 1 mètre moins vingt les bras levés - lui avait suffisamment tapé sur les nerfs pour qu'il soit désagréable envers elle. Et puis - et c'était la raison qui prévalait sur les autres - il ne voulait pas passer pour un pauvre con devant Antonn.

Il croisa à nouveau ses bras sur sa poitrine en faisant la moue quand elle proposa à Antonn de pratiquer pendant les Week-ends. Et puis quoi encore ? Elle n'allait pas l'emmerder tous les week-ends quand même. Avec un soupire à la suite des paroles d'Antonn, il décroise les bras. L'autre a raison, il passe le plus clair de son temps sur le terrain alors ça ne devrait pas tellement l'embêter. Edwin se sent un peu bête d'être si possessif avec Antonn. Ce n'est pas comme s'il lui appartenait ou quoi. Il avait raison d'un peu le rembarrer.

Son cœur se gonfla en réponse à la remarque d'Antonn sur la cigogne. Se faisant une note mentale disant qu'il devrait lui bricoler des petits animaux en ferraille plus souvent, Edwin profita de quelques secondes sans parole pour entourer rapidement les épaules d'Antonn pour un rapide câlin. Le relâchant presque aussi vite, il laissa ses yeux se perdre dans la petite cigogne qu'il tenait précieusement dans ses mains. Ca, c'était au moins un truc que Cheryl ne pourrait pas lui prendre. Après tout, si elle voulait aller voler avec Antonn, elle avait le droit. Dans tous les cas, ce serait quand même à lui qu'Antonn parlerait des choses qui le chagrinaient et ce serait SES créations que le Serpentard de quatrième année garderait précieusement. Précieusement c'était un beau mot, et ça voulait dire que la cigogne lui plaisait vraiment.

Précieusement.
C'était SES créations que l'autre garderait précieusement

Se sentant directement plus guilleret, il laissa passer sans vraiment l'entendre la phrase que l'autre disait à la fillette. Avec un sourire qui illumina à nouveau son visage, il répondit à l'autre tout en ignorant légèrement la jeune fille près de lui. Ouais je te dirais ça ! Je te piquerais sûrement avant mes cours de vol parce que je galère vraiment à faire les exercices que me donne le prof parfois.

Il se sentait bien moins jaloux qu'il y a quelques instants. C'était pas grave finalement si l'autre prenait des cours de vol avec Antonn. Elle ne le voyait qu'à travers le spectre du Quidditch alors que lui connaissait le vrai Antonn. Celui qui dormait tous les soirs dans le même dortoir que lui et qui lui racontait parfois à demi-mot les choses qui le tracassaient. L'autre fille, elle, elle n'avait pas tout ça. Elle n'avait que le joueur de Quidditch ravi de l'attention qu'une pauvre fan lui portait.

612 mots

Antonn ne s'était pas laissé avoir par les tentatives désespérées de son ami de l'éloigner de la rouquine, et tant mieux. De quel droit se permettait-il de trouver des excuses pour pas que le quatrième année ne lui fasse des cours ?

— Tu crois pas qu'il est assez grand pour prendre des décisions ? laissa échapper la deuxième année en direction de Edwin.

Depuis le début de la conversation, elle se retenait de lancer des piques, de peur que le joueur de Quidditch ne perçoive une quelconque méchanceté dans ses propos, mais c'était plus fort qu'elle. Et puis, elle n'avait rien proféré de "méchant". C'était vrai, pourquoi se sentait-il obligé de répondre à la place de Antonn ? C'était qui pour lui ? Sa mère ? Son père ?

Et qu'est-ce qu'il essayait de faire en lui faisant un câlin devant elle ? La rendre jalouse peut-être. Jamais Cheryl ne pouvait ressentir une quelconque jalousie à l'égard du troisième année. Après tout, la fillette était à Serpentard et cheerleader en prime ; elle pouvait donc passer pas mal de temps avec Antonn. Elle se contenta de lancer un regard mauvais au jeune brun.

— Si ça te dérange pas, je préfèrerai en fin d'après-midi, histoire d'éviter de faire ça après manger, reporta-t-elle son attention vers le quatrième année en souriant.

Je te piquerais sûrement avant mes cours de vol, gngngn. Dès qu'il ouvrait la bouche pour dire quelque chose, ça agaçait de plus en plus la Serpentard.

— Parfait alors, tout le monde est content, fit-elle en se retenant de fusiller du regard Edwin.