Le ciel était clair et amenait l'air des vacances avec lui. Il ne restait effectivement plus qu'une semaine à affronter pour les élèves avant d'enfin retrouver un calme sans travail -ou du moins sans classes. Alyssa avait particulièrement hâte : elle allait enfin reprendre le chemin de la maison, de sa vraie maison, qu'elle n'avait pas vue depuis le premier jour de Septembre. La jeune fille n'attendait plus qu'une seule chose : pouvoir enfin se sentir à nouveau serrée dans les bras de ses deux parents, une étreinte si réconfortante et rassurante qui lui avait tant manquée. Sans compter que Narcisse l'avait invitée chez lui, ouvrant en plus la perspective que sa mère, moldue, pourrait lui apprendre à se battre ; du moins c'était ainsi qu'Alyssa l'avait perçu. De l'amusement et de l'entraînement, que demander de plus ?

Avec tous ces évènements se profilant, il était ainsi impossible pour la Gryffondor de se concentrer sur quoi que ce soit relié de près ou de loin à Poudlard. C'était sans doute pour cela qu'elle avait décidé en cette douce matinée de samedi de se rendre dans le parc, non pas au pied d'un arbre mais dans l'arbre. La blondinette était actuellement confortablement installée sur une branche large, le dos appuyé contre le tronc, un exemplaire corné de Martin Miggs, le Moldu fou dans les mains, complètement cachée par le feuillage riche des dernières pluies. Elle se sentait parfaitement détendue, au calme -même les plus énergiques avaient besoin d'une pause parfois, ainsi dissimulée sous ce rideau vert.

Soudain, des pas se firent entendre, des pas arrivant tout droit vers sa branche. Alyssa fronça les sourcils un instant avant que son visage ne s'éclaire d'un large sourire malicieux. C'était une occasion rêvée pour faire une bonne blague. Ainsi, la jeune fille s'avança doucement sur sa branche pour abandonner sa bande-dessinée dorénavant appuyée contre le tronc et, se forçant à attendre que les pas se rapprochaient suffisamment, compta silencieusement dans sa tête : 1... 2... 3...

Alyssa, les jambes croisées entourant la branche, bascula alors sans hésitation sur le côté et se retrouva donc la tête en bas dans une parfaite position du cochon pendu. Sans prendre le temps de regarder l'intrus, elle écarta les bras en criant :

- BOUH !

Qu'est-ce que ?
Par réflex mon poing vola sur ce qui m'avait surpris mais également par réflex que je garde les yeux ouverts, pour découvrir la blondasse. Etait-ce une sorte de revanche ? Comment aurait-elle bien pu arriver là en même temps que moi, je veux dire, comment aurait-elle pu savoir que je saurais là car oui, impossible autrement, si elle venait tout juste d'échafauder ce plan je l'aurais vu grimper, à moins qu'elle soit super rapide... Ou qu'elle avait une cape d'invisibilité ce dont je doute, impossible que ça existe. Peut-être aussi n'est-ce qu'un hasard, bahaha c'est bien probable.
Mon poing s'arrête juste devant elle, heureusement, ça m'aurait valu des problèmes de ne pas avoir réussi à arrêter, affichant un large sourire je lui fait un petit ding sur le nez comme on fait aux bébés.

- Tu m'as eu la blondasse, mais comment tu vas remonter maintenant que tu as la griffe au menton ?

Littéralement mon doigt sur son menton, près à appuyer avec toute ma main si elle tentait de remonter, je sais pas pourquoi je fais ça c'est marrant, moi-même j'adore faire ça avec les arbres mais c'est encore plus marrant de voir la peur dans les yeux d'une personne et de la voir galérer à donf, mais bon, en l'occurrence là je la laisserais partir si elle me le demande bien sûr, j'ai pas vraiment envie de faire chier aujourd'hui, c'est bientôt les vacances j'suis déjà dans le viseur de Lolykins et sans doute d'autres donc mieux vaut se faire petit au moins jusqu'à la rentrée.

Tout l'enthousiasme d'Alyssa fut balayé par un poing qui s'arrêta de justesse juste devant son nez. C'était à son tour d'être surprise alors qu'elle cligna des yeux -toujours la tête en bas- en louchant presque sur la main en question... Jusqu'à en voir le possesseur. Oh non., furent les seuls mots qui s'imposèrent dans l'esprit de la Gryffondor qui commençait sincèrement à se demander si elle n'avait pas consommé toute sa chance lors du match contre les Ailes d'Airains en Octobre -bien que sa prise du vif d'or avait été loin d'être un simple coup de chance.

Sur toute la population vivant vingt-quatre heures sur vingt-quatre au château, il avait fallut que la personne qu'Alyssa choisisse de surprendre au pied d'un arbre soit Redose Omniak. Bien que ce dernier lui avait acheté l'une de ses figurines boursouflets à son stand du 1er Avril, le souvenir de leur altercation dans les souterrains restait brûlant. Mais Redose ou non, la blondinette ne put retenir une grimace en sentant alors une pichenette sur son nez. Hé !, s'écria-t-elle plus dans un réflexe qu'autre chose.

Une lueur de triomphe passa dans son regard aux premières paroles du garçon, au moins sa blague avait fonctionné... Mais ses sourcils se refroncèrent brusquement en sentant maintenant le doigt de Redose se poser sur son menton. D'un ton décidé, porté uniquement par sa fierté qui essayait tant bien que mal d'éclipser la crainte constante qui l'emplissait en voyant le Gryffondor, Alyssa répliqua alors :

- Je peux rester très longtemps comme ça.

Et sur ce, elle essaya d'amorcer une remontée vers sa branche.

Alors comme ça tu peux rester longtemps comme ça mais t'essayes tout de même de remonter ? C'est comme si c'était faux ? Oui, bien sûr que c'est faux, il fallait s'y attendre, dire une chose et faire son contraire est une habitude chez les poudlariens, surtout chez Eli, ces deux filles se ressemblent beaucoup plus qu'il ne me semblait à première vue. Elles ont sans doute été forgés dans le même fer ou taillé dans le même bois. J'ai des souvenirs d'elles qui pourtant semblait proche, remarque, j'ai jamais vraiment prêté attention aux autres et deux gamines aussi frêles... Encore moins c'est évident. Quoiqu'Eli n'est plus si frêle, est-ce le cas de la blondasse ? Non, j'en doute.

- Tu peux rester longtemps comme ça mais tu remontes tout de même. J'ai une question pour toi.

M'avançant pour finalement chopper son col arrière avant qu'elle n'arrive à remonter.

- Est-ce qu'une petite chatte comme toi, retombe toujours sur ses pattes ?

J'ai changé d'avis, les problèmes ne sont plus vraiment un problème, et puis n'est-elle pas un de ces petits moineaux qui volent dans le ciel avec des balles et des outils à faire le ménage ? Elle ne doit pas avoir bien peur de tomber, c'est assez admirable en vrai je trouve, pas parce que blabla la beauté du sport non parce que ça on s'en tape, mais plutôt parce que je fais pas un mètre sur un balai.

Alyssa avait beau affirmer pouvoir tenir dans cette position originale très longtemps, ce n'était pas pour autant qu'elle souhaitait s'éterniser la tête en bas avec le visage de Redose à quelques centimètres de sa personne. Cela ne lui demandait guère d'effort de rester perchée à l'envers, oui, mais voir la tête du garçon, ça impossible ! Ainsi, elle avait esquissé un mouvement pour remonter, pas bien compliqué pour une sportive comme elle.

Cela si Redose ne l'avait pas attrapée par son col arrière. Alyssa parvint à ne rien laisser échapper d'autre qu'un grognement malgré la surprise l'étreignant. Aux paroles du garçon, elle resserra dans un réflexe l'étau de ses jambes contre la branche, puisant dans tout son courage de Gryffondor pour ne pas laisser sa peur l'envahir. Heureusement, contrairement à l'eau du lac, un peu de vide ne lui faisait pas froid aux yeux ; tant qu'elle ne se blessait pas sérieusement cela ne consisterait qu'en une petite chute de rien du tout. C'était Redose le problème, Alyssa n'avait absolument aucune confiance en lui ; tout ce que son image lui apportait était : du dégoût et de la peur.

Et là, elle devait garder la tête froide. La blondinette réfléchit à toute vitesse, non elle n'aurait jamais la force de remonter si Redose insistait sur sa poigne. Et même, il était hors de question de lui offrir ce plaisir de la voir se débattre. Alors... Dans ce cas... L'honneur c'était plus important que la santé. Une lueur de défi passa subitement dans ses prunelles claires et elle marmonna :

- Essaye un peu, pour voir. Même pas peur.

Même pas peur ? Et beh, on dirait vraiment Eli ! Je sais honnêtement pas si elle a peur ou non mais ça me fait marrer, elle est forte. Si elle a vraiment peur alors elle est super forte car elle le cache grave bien, si elle n'a pas peur et bien elle reste tout aussi forte de ne pas avoir peur ni de moi ni de ce qui pourrait lui arriver. Tout le monde n'est pas dans ce cas oui, loin de là.

- Wow wow wow blondinette ! C'est impressionnant, alors comme ça t'as pas peur.
Tu es une véritable lionne toi dis-moi, j'ai bien envie d'essayer mais... Je veux d'abord voir combien de temps tu peux tenir dans cette position avant de te faire tomber.

Riant un peu.

- N'as-tu pas hâte aussi de savoir combien de temps tu pourras rester comme ça ?
N'as-tu pas hâte de savoir si tu retombes sur tes pattes ? Car moi si. Et ton avis m'importe peu et blablabla et blablabla, on s'en tape de l'avis des autres c'est tout, il faut le dire on s'en tape, ça n'a aucune espèce d'importance. La peur des uns fait le bonheur des autres et le bonheur des autres fait le malheur d'autres encore c'est comme ça. Il n'y a aucune espèce de logique ou de raison qui vaille la peine de faire ce genre de choses. Ca fait juste marrer et ça assouvit la curiosité, alors quelle meilleure raison ?

Même si cela signifiait s'écraser lamentablement par terre, Alyssa ne cilla pas et ne regretta pas même un seul instant d'avoir prononcé de telles paroles. Elle gardait son regard fixé sur un point juste au dessus des yeux de Redose, afin de ne ni fuir son regard, ni de le voir vraiment ; et surtout pour ne pas attraper de vertige à force de rester la tête en bas. Elle était agile, certes, mais le sang commençait sérieusement à créer un afflux désagréable dans son cerveau.

Il était difficile de savoir si Redose, dans ses paroles, était honnête, sarcastique, ou tout simplement moqueur. Le regard d'Alyssa se durcit davantage au rire du garçon, il était purement insupportable celui-là... Et surtout il lui tenait toujours le col, donc pas moyen de se défaire. Et de surcroît, dans ce qu'elle saisit de ses mots, c'était qu'il comptait l'avoir à l'usure. Presque. Elle regrettait presque qu'il n'ait pas décidé de la faire tomber immédiatement. Elle aurait eu sans doute un peu mal sur le coup, mais au moins la tête de Redose aurait disparu de son champ de vision.

Et là, il semblait déterminé à rester planté ici, en face d'elle. Alyssa esquissa alors un rictus moqueur, décidée à ne pas faillir un seul instant : il n'y aura pas de second tome des souterrains.

- J'ai juste hâte de ne plus voir ta face. Et pour info, je tomberais de quoi, deux mètres ? C'est rien par rapport à si j'étais sur un balai.

Elle marque un point et pas qu'un petit, elle tomberas de deux mètres et selon le théorème de la fourmi plus t'es léger moins la chute aura d'impact donc moins tu seras blessée. Tomber de deux mètres quand t'as ce gabarit c'est rien le plus grand problème serait que tu tombes mal et que tu te pètes le coccyx ou que tu tombes sur un truc genre une pierre sur le dos ce qui pourrait faire très, très, trèèès mal. Mais je pense que y'a assez peu de chance, le terrain semble dégagé et elle le dit elle même, c'est rien par rapport à quand elle est sur un balai. Ha, c'est drôle, là elle est sur une branche et un balai c'est aussi une branche, c'est peut-être pour ça qu'elle se sent si à l'aise.

- Oooh arrête, je sais que t'adore voir ma face, sinon pourquoi de tout ces arbres tu aurais choisis celui-là, t'aurais pu faire ça à n'importe quel moment et à n'importe qui, mais... Nous y voilà. Que tu ne puisses pas te passer de ma sale face est une chose, mais pas besoin d'en arriver là tu peux juste me le dire en face au lieu de me stalker et me harceler, blondinette.

Je la lâche, finalement pas envie de la blesser et puis elle est pas si terrible, si elle m'attaque un coup dc tête et c'est réglé on en parle plus, un pas deux évidemment et ça serait que de la légitime défense donc bon.

- Bon allez je te lâches, manquerais plus que je blesses de frêles fans.

Avant de m'asseoir au pieds de l'arbre, remarque, là je suis sans défense.
Tant pis.

Alyssa gardait la tête haute et le menton droit -ou plutôt à l'envers- tout en ressentant de plus en plus le besoin immédiat que Redose relâche la pression qu'il exerçait sur sa nuque. Elle était peut-être agile, mais personne ne pouvait apprécier de se faire coincer dans une telle position aussi longtemps, notamment avec la figure du Gryffondor à quelques centimètres de son visage. En toute défense, la jeune fille gardait ses yeux posés sur lui dans une attitude de défis qui contrastait étrangement avec ce simple détail qu'elle était toujours à l'envers, pendue à l'arbre.

Aux paroles du garçon, son froncement de sourcil empli de défi se mua peu à peu en une grimace dégoûtée. Avait-elle compris ce qu'il sous-entendait ? Adorer voir sa face ? Le harceler ? Le... Stalker ?

- Taré..., marmonna-t-elle en commençant à sentir des fourmillements dans ses jambes et une trop grosse pression dans sa tête, alors que son sang affluant commençait à sérieusement taper contre ses tempes. Il fallait vraiment que Redose la relâche maintenant.

Et soudain, comme s'il l'avait entendue, l'étreinte à son col se relâcha et Alyssa put reprendre une inspiration alors que le visage de Redose disparaissait de sa vue. A nouveau libre de ses mouvements, elle ne réfléchit pas à deux fois avant de tendre ses mains vers le sol, lâcher de ses jambes sa branche, pour se réceptionner prestement dans l'herbe en roulant la tête rentrée. Légèrement étourdie par le temps passé la tête à l'envers, la blondinette chuta un peu lourdement mais limita correctement les dégâts, si bien qu'elle ne tarda pas à se redresser. Son pantalon était maculé d'herbes et de terre mais elle n'en avait pas grand chose à cirer alors qu'elle s'adressa à Redose d'un ton sec :

- De un j'aime pas ta face. De deux je te stalke pas, et je t'harcèle même pas. Et de trois, je suis pas ta fan !, Alyssa était à peine sûre d'avoir entendu ce que lui avait glissé le garçon au moment de la libérer mais dans le doute, il lui semblait important de clarifier toute cette histoire qui n'avait clairement aucun sens pour elle.

Sa tête lui tournait légèrement alors que sa circulation sanguine revenait peu à peu à la normale. Alyssa porta inconsciemment une main à ses tempes qui tapaient encore dans un battement agaçant, tout en poursuivant sur le même ton sec :

- C'pas ton arbre ici, je suis arrivée avant toi.

Le problème était que malgré la furieuse envie d'Alyssa de mettre le plus de distance possible entre elle et Redose -et d'accessoirement se lamenter sur sa malchance totale, ce garçon semblait penser des choses bizarres à son sujet et surtout, sa BD était encore coincée en haut de la branche, quasiment invisible à travers les feuilles.

Aaaw, trop mignonne la blondinette.

- De un j'm'en fous, de deux j'm'en fous et je m'en fous. Et de trois, je m'en fous. Tes paroles n'ont aucune valeur puisque tout ce que tu réfutes tu le réfuterais que ça soit vrai ou non mais bon. Fais-toi plaisir à gaspiller ta salive dans des "blabla j'suis arrivé avant toi" ou "blabla c'est pas ton arbre" ou "blabla je suis pas ta fan" je m'en fous j'vais rester là et si tu n'aimes pas ma face tu vas partir et j'aurais gagné.

Car je gagne toujours, peux-tu en dire autant ? Je n'ai pas besoin de raison ou d'autorisation pour être là mais savoir que ma simple présence à côté de toi t'irrite me comble de joie, tu as l'air de tenir à rester près ou plutôt sur cet arbre et c'est pourquoi je vais y rester, je doute que tu aies les tripes de t'y accrocher et passer outre ma présence puisque tu n'es pas ma fan.
Mais bon, elle est peut-être imprévisible, idiote et sans amis et sans doute même les trois à la fois, c'est la première impression que m'a donné Eli, tiens, elles sont vraiment pareilles en fait. Remarque, Eli serait sans doute rester, elle, j'ai plus de doutes c'est vrai, mais si elle reste c'est vraiment du Eli pur et dur.