Enfin le week-end est arrivé ! Et sa tonne de devoirs avec. Pff. Pourquoi est-ce qu'on en a autant que ça ? Autant s'y mettre le plus rapidement possible pour pouvoir en être débarrassés. En résumé, il me reste encore :

- un devoir de métamorphose
- un devoir de défense contre les forces du mal
- un devoir de sortilège
- un devoir d'histoire de la magie
- un devoir d'astronomie

Maintenant que j'y pense, j'aurais peut-être dû essayer de m'avancer au cours de la semaine comme me l'avait conseillé Ambre. Tant pis. De toute manière, je ne peux pas revenir en arrière alors... Commençons par le moins pire : le devoir de défense contre les forces du mal.

Au bout de 3h de travail, j'ai enfin réussi à tout faire sauf celui d'astronomie. Le plus long a clairement été celui d'histoire de la magie (un peu comme toujours finalement). Maintenant, je vais pouvoir profiter de mon week-end et pour cela rien de mieux qu'une après-midi près du lac à écrire. Cela peut paraître bizarre comme passion mais j'ai toujours adoré écrire. Je pris mon sac de cours et fourra dedans ma plume, mon encrier, un crayon, mon devoir d'astronomie (si je trouve le courage de le faire), un bon livre, mon journal et un bout de parchemin pour dessiner.

Aujourd'hui, je portais un pull en laine mauve assez court au niveau du ventre, un jean bleu clair et une paire de baskets blanches. Je choisis de laisser mes cheveux détachés puis attrapa mon sac et sortis direction le lac ! Je croisa pleins d'élèves qui se promenaient dans le parc ou près du lac. Je décida de m'installer sur un banc avec vue sur le lac puis déposa mes affaires à côté. Je n'avais pas le courage pour l'instant de commencer directement par mon devoir d'astronomie alors j'opta pour écrire dans mon journal.

J'adorais le lac. C'était un de mes endroits préférés à Poudlard. Sentir le vent contre mon visage, le paysage autour de moi... Après une grosse demi-heure à écrire, je décida de tenter de faire mon devoir d'astronomie. C'était vraiment la matière que je déteste le plus. Je rangea avec regret mon journal dans mon sac, sortit mon encrier, ma plume et mon devoir puis commença à réfléchir aux questions.

Les premières étaient relativement facile mais pour le reste j'ai eu un blocage. Pourquoi est-ce que cette matière existait ? Je m'étais déjà posée cette question tellement de fois ! J'essayais d'écouter le cours. Vraiment. Mais je décrochais au bout d'un quart d'heure. Heureusement qu'il y a toujours une partie pratique !

Un week-end d'avril était le moment rêvé pour profiter du beau temps — si c'était le cas — en extérieur. C'est pourquoi Cheryl s'était vêtue d'une jolie robe rouge qui s'arrêtait au niveau des genoux accompagnée d'une petite veste en jean pour sortir prendre l'air. Ses cheveux étaient ornés d'un beau serre-tête rouge. Son petit chat n'était visiblement pas d'humeur à sortir et avait préféré rester roupiller sur le lit de la sorcière, bien que cette dernière avait essayé tant bien que mal de la convaincre de sortir. Quelle ingrate, je sortais bien avec elle quand elle voulait sortir dans le froid glacial !

Pour changer un peu du parc — et éviter toute l'humanité qui se trouvait à cet endroit — la rouquine opta pour le lac. Un lieu où elle avait passé beaucoup de temps en première année. Mais au fur et à mesure, elle y allait de moins en moins. En y retournant ce jour-là, elle se remémora de ses premiers jours à Poudlard. Tout compte fait, la troisième année devait peut-être passer davantage de temps à cet endroit. Le calme et l'eau étaient si agréables.

Ses pieds foulaient le sol lorsque soudain, son regard se posa sur une fillette aux cheveux châtains, assise sur un banc. La petite était penchée sur sa feuille de parchemin, sûrement prête à rédiger quelque chose. Tout à coup, un sentiment de déjà-vu pris la jeune Styles par surprise. Elle avait déjà vu cette fille. A l'anniversaire de Crystal. De nature curieuse, c'était tout naturellement que Cheryl s'en approcha et s'assit à côté d'elle.

— Salut ! T'étais à l'anniv de Crystal, non ?

Cela faisait maintenant plusieurs minutes que j'étais en train de faire tourner ma plume autour de mon index en "essayant" de trouver la réponse à une question. Je soupira puis relue la question pour la cinquantième fois. Heureusement pour moi, pile à ce moment là, une fille aux longs et magnifiques cheveux roux s'approcha de moi. Elle portait une très jolie tenue composée d'une robe, une veste en jean et un serre-tête assortie à la robe. Cette fille devait avoir de très bons goûts en termes de vêtements. Après seulement une fraction de secondes, je me rendis compte que c'était Cheryl Styles, une Serpentard en troisième année que j'avais croiser plusieurs fois lors de différents évènements. Le dernier datait d'il y a environ deux semaines. C'était le 12 mars, le jour de l'anniversaire de Crystal. Je savais que Crystal et Cheryl était assez proche et que la venue de cette dernière à son anniversaire avait particulièrement touchée Crystal.

Je n'avais jamais vraiment parlé avec Cheryl. Elle ne m'intimidait pas mais elle m'impressionnait dans le bon sens du terme. Je l'admirais pour sa franchise, le fait qu'elle n'est jamais peur de dire ce qu'elle pense mais également son rôle en tant que Capitaine des Cheers. Alors lorsqu'elle est venue me parler d'elle-même, je fûs plutôt surprise Je sursauta puis me reprit rapidement. Je ne voulais pas que Cheryl me voit comme une personne timide ou peureuse alors je dis d'une voix assurée :

- Oh salut ! Oui c'est ça. Je lui avais apporter un collier aux couleurs de Serpentard avec un pendentif en forme de cœur. Tu t'appelles Cheryl c'est bien ça ?

J'avais réussi à dire une phrase sans bafouiller ou balbutier quelque chose d'incompréhensible. C'était déjà un bon début. Quelle chance qu'elle soit venue à ce moment-là ! Pile au moment il fallait que je trouve une excuse pour éviter à tout prix de continuer ce devoir d'astronomie. Je rangea mon devoir dans mon sac mais laissa tout de même mon carnet à côté de moi ainsi que ma plume. Je replaça une mèche de cheveux rebelles derrière mon oreille puis attendit la réponse de la verte et argent.

La venue de Cheryl fit légèrement sursauté la châtaine en lui adressant la parole. Cette dernière ne s'attendait certainement pas que quelqu'un ne vienne lui parler. Après tout, les gens venaient au lac quand ils voulaient justement profiter d'une tranquillité et d'une solitude. Le cadre idéal pour étudier calmement, même si la rouquine préférait avoir une bonne table à disposition.

— C'est bien ça, acquiesça la troisième année, ravie d'entendre que la Poufsouffle se souvenait de son nom.

Par contre, la jeune fille n'était pas sûre de connaître le nom de son interlocutrice. Crystal avait sûrement dû prononcer son nom lors de son anniversaire mais Cheryl n'y avait certainement pas prêté attention.

— Et... toi ? J'crois pas qu'on m'ait dit ton nom, avoua-t-elle en haussant les épaules.

Alors qu'elle venait de finir sa phrase, la première année rangea dans son sac la feuille de parchemin et posa à côté d'elle le carnet sur lequel elle s'était apprêtée à écrire avant que la Serpentard n'intervienne.

— Tu peux continuer à écrire, tu sais, fit remarquer l'anglaise en souriant.

Surtout parce qu'elle ne savait pas se mêler de ses affaires uniquement, et qu'elle mourrait d'envie de savoir ce que contenait ce journal. Généralement, on y trouvait des informations assez croustillantes. Quelques fois, c'était moins drôle. La fois où elle avait arraché des mains le journal de Lucia en première année l'avait fortement marqué. C'était bien la première fois qu'elle avait regretté un geste.

@Esther Eastwood
@Lucia Varalta pour la mention

La Serpentarde me confirma qu'elle se nommait bien Cheryl puis me demanda mon nom. C'était plutôt normal que la troisième année ne se souvienne pas de mon prénom car à son arrivée à l'anniversaire de Crystal, j'étais en train de parler avec Ambre. Je lui répondis :

- Esther. Je suis en première année à Poufsouffle et toi ?

Je savais pertinemment la réponse mais c'était toujours une bonne manière de commencer la conversation. Je vis que Cheryl avait remarqué mon carnet qui trônait sur le banc à côté de moi. Elle me sourit et m'incita à poursuivre ce que j'allais justement faire, c'est-à-dire écrire dans mon carnet. Petit soucis, ce carnet était mon journal intime. J'écrivais principalement dedans que mon moral était au plus bas et que je ne me sentais pas bien.

L'écriture me détendait et me permettait de me sentir mieux. C'était comme si je vidais mon sac auprès de quelqu'un sans que cette personne me juge ou ne fasse de commentaires. C'était assez rare que j'écrive pour raconter une journée basique car je n'en ressentais pas forcément le besoin.

Lorsque j'avais simplement envie d'écrire, j'écrivais la suite du livre que j'étais en train d'inventer. Je n'en avais encore jamais parlé et encore moins fait lire à quelqu'un de ce livre de peur qu'il me dise qu'il le trouve nul. Cela me démotiverait et je n'aurais plus du tout envie de continuer.

J'essaya de trouver une façon la moins embarrassante possible pour expliquer à la verte et argent que c'était mon journal et que je ne me sentais pas à l'aise d'écrire dedans en sa présence. Cela n'allait pas du tout être gênant comme moment ça !

Ayant perdu toute mon assurance, je regarda le sol et lui répondit timidement :

- Euh... En fait je peux pas trop... enfin... si je peux mais pas avec quelqu'un à côté de moi.

Quelle belle première impression ! Je venais à peine de la rencontrer et directement je lui disais que je préfèrerais qu'elle parte. Sympa. Je sentis mes joues prendre une teinte rouge écarlate. Je ne savais pas combien de temps la Serpentarde allait rester avant de repartir se promener, si tel était son intention. Pour tenter de changer de sujet, je lui demanda :

- Avant que tu ne viennes me parler, tu faisais quoi près du lac ?

"Esther". C'était certain, elle n'avait pas entendu ce nom à l'anniversaire de Crystal. Cela la rassura parce que d'habitude, la rouquine se souvenait absolument de tous les noms qu'elle entendait. Au moins, elle avait une bonne raison de ne pas connaître le nom de la Poufsouffle.

— Troisième année à Serpentard, répondit fièrement à son tour la verte et argent en passant la main dans ses cheveux.

Le contenu de son journal semblait l'embarrasser puisque dès lors que Cheryl en parla, Esther perdit toute fluidité dans sa parole. Décidément, les gens trouvaient le courage d'écrire des secrets sur du papier. La jeune Styles, elle, aurait bien trop peur qu'une personne mette la main dessus et prenne connaissance de toutes ses faiblesses et pensées. Elle avait effectivement un journal rangé précieusement dans son dortoir, mais il ne renfermait rien de très intime. Ce genre de choses restait uniquement dans sa tête.

— Pourquoi ? C'est ton journal intime ? demanda-t-elle en se penchant en avant de sorte à apercevoir le journal posé sur le banc.

Ne souhaitant certainement pas parler de ça, la première année changea de sujet aussitôt.

— Une p'tite promenade. Ça faisait longtemps que j'étais pas venue ici donc j'me suis dit que c'était l'occas. Dans le parc, y'a trop de monde ; ça en devient infernal, expliqua-t-elle en affichant une moue dégoutée. Mais pas mal la p'tite technique pour changer de sujet, ajouta-t-elle en souriant malicieusement.

Je savais que la plupart des personnes à Serpentard était particulièrement fier d'être dans cette maison et lorsqu'on leur posait la question, il ne manquait de le dire sur un ton de fierté et Cheryl n'échappait pas à la règle. Telle une vraie enquêtrice, la verte et argent me demanda si c'était bel et bien mon journal intime. Je lui répondis, les joues brûlantes :

- Euh oui c'est ça. Bah... en fait... parce que j'ai pas forcément envie que des personnes lisent ce que j'écris.

Je craignais que la prochaine question de la troisième année soit : "Et qu'est-ce que tu écris dedans ?" car je ne comptais absolument pas lui dire vu que la raison pour laquelle j'écris dans un journal, c'est justement pour me libérer d'un poids sans avoir besoin dans parler quelqu'un. J'essaya de me resaisir pour faire bonne figure au lieu de rester à lui parler en regardant le sol et en rougissant.

Je releva la tête et commença à entortiller une mèche autour de mon index. C'était un toc dont je n'arrivais pas à me défaire. Cheryl confirma mes pensées en m'assurant qu'elle comptait simplement se promener. J'étais soulagée qu'elle change de sujet mais c'était avant d'entendre sa dernière phrase. Grillée. Mes joues virèrent écarlate. Elle avait bien remarquée que j'essayais d'orienter la discussion vers d'autres sujets de conversation. Avec le peu d'assurance qu'il me restait, je lui répondis :

- Je viens souvent près du lac pour me promener, dessiner, travailler ou autre chose. Et je n'essayais pas du tout de changer de sujet... Je ne sais pas ce qui te fait penser ça...

Le déni était encore la meilleure option pour le moment. Je croisa les doigts pour qu'elle ne rebondisse pas dessus.

La Poufsouffle n'avait pas envie que d'autres personne ne lise le contenu de son journal. C'était logique jusque-là. Quiconque de sensé ne souhaitait sûrement pas dévoiler le contenu de son journal intime. En y repensant, Cheryl en avait un, étant plus jeune. Enfin, c'était plutôt un répertoire de noms de gens qu'elle détestait. Elle devait peut-être continuer cette liste d'ailleurs, elle avait de quoi écrire depuis son arrivée à Poudlard.

— T'as pas peur que quelqu'un tombe dessus ? J'veux dire, imaginons tu dors la nuit, et là, y'a une fille du dortoir qui fouille dedans, fit-elle en accompagnant ses paroles de gestes de la main.

La Serpentard était curieuse, mais pas au point de se lever la nuit pour fouiller quelque chose. Par contre, si ce quelque chose était gentiment posé par terre en plein jour, peut-être bien que ses yeux iraient rapidement passer un coup dedans.

— C'est ça, ouais ! la taquina-t-elle en lui faisant une petite tape avec son coude. Pas à moi !

Sa baisse d'assurance et ses joues de la même couleur qu'une cerise la trahissaient. Cette situation lui rappela la fois où Erin l'avait surprise en train de déposer une lettre de Saint-Valentin. Elle pouvait très bien savoir ce que pouvait ressentir Esther à ce moment-là, mais c'était pas une raison de la laisser tranquille.

— Allez, dis moi, souffla-t-elle en souriant.

Je savais bien que la Serpentarde n'allait pas me lâcher de si tôt. Je soupira et la regarda dans les yeux, résolue à me montrer convaincante cette fois-ci :

- Eh bien, j'y ai déjà réfléchie plusieurs fois mais je fais totalement confiance à mes camarades de dortoir et puis ce n'est pas comme si je le laissais traîner n'importe où.

Je vouais une confiance aveugle à Ambre et Marilya car je savais qu'elles n'iraient jamais fouiller dans mes affaires pour lire mon journal. Quant à Rosalia, Mariam et Belly, je ne voyais vraiment pas pourquoi elles auraient intérêt à le chercher. Je le rangeais tout le temps dans ma valise sous une pile de vêtements pour faire en sorte qu'il ne soit pas visible aux yeux de tous.

Evidemment, Cheryl ne crut pas une seule seconde que je n'essayais pas de changer de sujet. Elle me donnait un petit coup de coude et essaya de me convaincre de lui dire ce que j'avais écrit. La verte et argent n'allait décidément pas lâcher le morceau. J'entrepris à enrouler une autre mèche autour de mon doigt puis lui répondit :

- Mmh... Voyons voir... Il me semble que le principe d'un journal intime est que personne ne le lise à part soi-même non ? Ne compte pas sur moi pour cracher le morceau, je ne dirais rien.

Je commençais à gagner en assurance. Cette discussion avec Cheryl m'amusait. Je saurais que dorénavant, si je reparlais à la troisième année un jour, il ne fallait jamais que je lui tende une perche au risque qu'elle me pousse à lui dire en quoi il retournait.

Une telle confiance envers les autres, c'était rare. Esther devait être vachement proche de ses camarades de dortoir pour leur accorder sa confiance — ou totalement naïve. De son côté, Cheryl ne se sentait pas si proche que ça de ses colocataires. Certes, elles s'entendaient bien mais de là, dire qu'elle avait une confiance absolue en elles, c'était gros. Cela dit, elles avaient toutes au moins un an de plus qu'elle et étaient donc un peu plus matures que des premières années qui fouilleraient n'importe où. Même la rouquine n'avait jamais eu l'idée de fouiner dans leurs affaires.

— C'est bien d'avoir confiance comme ça, réagit la Serpentard en hochant doucement la tête. Mais ne donne pas ta confiance à n'importe qui.

La jeune fille laissa échapper un petit rire en écoutant la réponse de la Poufsouffle. Sur le principe, elle avait raison. Mais la ruse de la verte et argent pouvait peut-être lui permettre de soutirer une petite information, même une minuscule. Elle voulait savoir, même si c'était qu'un petit quelque chose.

— Même pas un tout p'tit truc ? fit-elle en souriant.

Au même moment, sa main gauche effleura la baguette qui était rangée dans sa poche. Une idée émergea dans sa tête, mais elle hésitait. Devait-elle lancer un sortilège pour attirer le carnet vers elle ? Esther allait-elle mal le prendre ?