Bien qu'elle conservait l'ouvrage l'ayant mené à ouvrir une conversation avec son aîné entre ses mains, son attention ne manqua pas de papillonner à nouveau, comme elle le faisait déjà depuis sa venue à la bibliothèque. Le sujet des potions ne l'intéressait déjà plus, ou plutôt il avait été remplacé rapidement par une nouvelle préoccupation. Sans plus lâcher des yeux le garçon, la bambine l'observa le long de ses explications et réponses. Il était clair qu'elle ne saisissait pas tout ce qu'il lui disait, notamment sa mention de "sentiment" . Nélya avait déjà bien du mal à les comprendre, et apprendre qu'elle n'en avait pas finit avec et qu'ils se mêleraient même à ses études aurait pu la décourager, pourtant, les traits enjoués de son visage ne changèrent pas, l'enfant était trop occupée à traiter des informations qui ne pouvaient qu'accentuer le sourire sur son visage.

- Comment tu t'appelles? Moi c'est Nélya Marks. Et, est-ce que t'as d'jà vu des fées? On en voit ici? Elle sont gentilles? Papa m'lisait pleiin d'histoire où y'avait des fées, tu connais Cendrillon? Elle a une marraine fée. Moi j'ai pas d'marraine mais j'aimerais bien voir les fées! Son imaginaire ne tarda pas à lui refaire visualiser la représentation animée de la marraine la bonne fée qu'elle avait accepté comme étant leur apparence exacte. Evidemment, elle avait bien lu d'autres histoire où les fées apparaissaient comme de toute petites créature ailés, mais elle n'y songea pas, comme si elle n'était capable de ne penser qu'à une seule chose à la fois.

Son regard divagua pour se perdre dans une fausse contemplation du sol alors qu'elle se perdait doucement dans ses pensées changeantes, passant des fées, aux histoire, puis à la bibliothèque où ils se trouvaient et au nombre d'ouvrages y étant stockés. Combien y en avait-il? 1000? 2000? C'était vraiment beaucoup de livre tout ça! Et est-ce que la bibliothécaire avait déjà lu tout ce qui été ici? Peu à peu, son regard déambula sur les étagères les entourant, à commencer par celle derrière le brun. Dans égarement, sa prise sur le manuel faiblit, et il n'en fallut pas plus pour que celui-ci ne lui glisse des mains pour aller s'écraser lourdement au sol, dans un bruit que Nélya aurait pu confondre à une explosion, tant il lui avait paru important. Dans un léger sursaut, elle étendit ses mains devant ses yeux, visiblement surprise de les découvrir vides, avant de se retourner pour récupérer le bouquin. Son regard passa avec empressement sur la salle alors qu'elle se rapprocha d'un pas du plus grand pour s'adresser à lui sur un ton discret, mais qui démontrait chez l'enfant une difficulté manifeste à contrôler la puissance dans sa voix. Dis, elle va s'énerver la bibl'othécaire? J'dois aller lui d'mander pardon?

@Hjúki Anastase

Aucune graphie ne sut s’imposer virtuellement dans la tête de l’adolescent en entendant le patronyme de l’enfant, incertain de bien l’imprimer à défaut de la côtoyer souvent, la sonorité générale du moins lui resterait pour l’identifier. Très curieuse et ne paraissant pas filtrer les interrogations qui lui venaient, Hjúki se trouvait de nouveau avec plusieurs éléments, certes voisins, à traiter. L’angle sous lequel elle se représentait les fées, les contes, lui parlait sans correspondre tout à fait à leurs manifestations dans le monde sorcier. Se demandant dans quelle mesure le contraste entre les histoires et leur traitement par les mages devait lui être exposé, au risque de rompre l’image d’enchantement qu’elle s’était construite, le jeune Anastase comprit à rebours la chute de son manuel. Conscient qu’il n’aurait pas forcément pu esquisser un geste pour amortir ou éviter l’incident, son esprit ne se laissait pas parasiter de réflexions à ce propos, se concentrant plutôt sur l’état du livre.

« L’essentiel est qu’il soit intact, cette maladresse n’était pas volontaire. »

Les ouvrages destinés à la manipulation par des jeunes avaient de toute façon intérêt à être plus robustes que ceux si fragiles qu’ils s’ouvrent sur des coussins de consultation ; l’adolescent se sentirait néanmoins désormais plus rassuré ne plus voir de livre brandi en l’air, au cas où. Lui retournant la politesse de se présenter, il ajouta.

« Je m’appelle Hjúki Anastase. »

L’identité complète, également, les titres qu’ajoutaient les adultes ici le mettaient toujours mal à l’aise et il peinait à désigner ses camarades selon ces codes. Nélya devait déjà être embarrassée, et la confronter à toutes les façons de rencontrer des fées à Poudlard ne risquait pas de la réconforter. Fallait-il commencer par le plus sombre ou le plus réjouissant ?

« J’ai déjà vu des fées, et tu pourras les étudier si tu choisis de fréquenter les cours de soins aux créatures magiques puisqu’elles sont considérées comme telles et non comme des êtres ainsi que les contes les présentent… à ce titre tu risques également d’en voir en potions. »

Il ne développa plus avant l’imaginaire de la marraine fée apportée par le conte français, et son pendant germanique chez les frères Grimm invoquant plutôt un noisetier fonctionnant comme un arbre à souhait pour leur Cendrillon ; ni la malice caractéristique du monde féerique dans le folklore britannique en contradiction avec son espoir que les fées soient ‘gentilles’.

Il était peu dire que Nélya fut grandement rassurée par les paroles de son aîné, et ne tarda pas à observer le livre sous toutes ses coutures, en le manipulant rapidement pour en observer toutes les faces plus facilement. L'analyse de l'état général du livre avait été expéditive, pourtant, pour Nélya elle avait duré suffisamment longtemps pour lui permettre de s'assurer que la chute dû à son inadvertance n'avait causé le moindre dégât, ouf! Son soulagement perça entre ses lèvres pour se manifester dans un soupir empli d'un soulagement palpable. Ouf... Il va bien! annonça-t-elle l'air ravie en levant un regard illuminé par la candeur de l'enfance vers celui qui se présentait à elle. Ohhhh c'la première fois qu'j'entends c'prénom! C'est d'quel pays?

La joyeuse risette barrant le visage constellé de tâches de rousseurs largement visibles de la galloise se mua en une mine perplexe au fil des explications que lui fournissait le plus grand. Si elle exultait à la confirmation de rencontrer des fées dans l'enceinte de l'école enchanté, elle ne prêta pas un oreille bien attentive à leur catégorisation, cependant, la mention du cours de Potion acheva de lui faire perdre son sourire. Pendant une vingtaine de secondes, la brunette observa tour à tour Hjúki et un point inexistant qu'elle seule pouvait retrouver. Le temps de la réflexion passé, la brunette se pencha vers son aîné, en arborant le même doute manifeste quant à un point qu'elle ne semblait pas pouvoir comprendre. Donc... Les fées font des potions? Comme dans ton livre? ça veut dire qu'on fait des potions avec elles?! Il lui suffit d'une fraction de seconde pour retrouver sa joie enfantine, qui semblait même avoir gagné en force, puisque la jeune sorcière se hâta de tirer une chaise pour pouvoir faire face au Gryffondor en déposant le manuel sur ses propres genoux, comme prête à passer 5 année d'étude de Potions en quelques minutes. La jeune fille releva un regard brillant sur le garçon, la tête pleine d'images de petites fées ou de grandes fées se baladant dans la salle de cours.

@Hjúki Anastase

Le temps de l’inspiration nécessaire pour répondre, l’adolescent réfléchit rapidement à la façon d’expliquer sobrement ce qui liait son prénom à son ascendance en évitant d’être trop évasif ou au contraire d’étayer plus que nécessaire.

« Mon grand-père vient d’Allemagne, c’est un nom qui vient de la mythologie germano-nordique. »

Le récit de l’Edda transmis par un scalde islandais concernait également les pays nordiques, néanmoins que la sphère d’influence de ces textes s’étende au monde germanique n’était pas plus étonnant que de trouver des Ulysse et Hector outre la Grèce. D’autant que la langue allemande déterminait le soleil au féminin et la lune au masculin, suivant l’attribution de ces astres à Sól et Máni, à l’inverse de la tradition gréco-romaine rapportant une déesse d’argent et un dieu d’or.

La confirmation de la présence des fées dans le monde sorcier suscitait une réaction que Hjúki ne saurait déchiffrer, ne mesurant si c’était le manque ou le surplus de détails qui la faisait buter. Si elle avait grandi dans un environnement magique, ce ne devait pas être un domaine où ses proches étaient impliqués, l’idée de briser son imaginaire ne l’enchantait guère, mais il n’avait pas l’instinct du mensonge, elle sera confrontée tôt ou tard ou l’exploitation de la faune et de la faune magiques pour les potions ou mêmes des objets magiques tels que sa baguette ayant une forte probabilité de renfermer un noyau animal.

« Pas exactement… des mages ont mis au point certaines préparations qui nécessitent de récupérer des ailes de fées comme ingrédient. »

Le jeune Anastase ne savait si c’était une bonne idée de retenir une partie des éléments, ou s’il aurait fallu aller au bout et lui révéler le régime alimentaire des botrucs qui constituaient également un maillon de la chaîne pour la conception d’éléments sorciers en bois.