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07 mai 2015, 20:15
{PV} Sois ma famille
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ARSENI STOYANOV


Où qu'il aille, le tout fraichement élu ministre de la Magie voyait des têtes s'incliner, des chapeaux s'abaisser, des regards s'éclairer, s'accompagner de l'inoxydable refrain : « bonjour monsieur le ministre ! » Bien mal accoutumé au protocole, Arseni Stoyanov commençait à ressentir les premières crispations à force d'incliner la tête et de sourire poliment à tous ceux qui le saluaient. Rien n'évoquait toutefois ces crispations dans sa manière d'être. Ses yeux noisette continuaient de brûler de curiosité. Son port de tête demeurait princier. Même les traits détendus de son visage ne se résolvaient à le montrer éprouvé.

Suivi par une cohorte de secrétaires et de conseillers envahissants, Arseni Stoyanov donnait l'impression de nager en eaux connues. Son aisance paressait telle que tous les conseillers avaient l'intime conviction d'être attentivement écouté et considéré. Quand bien même ce n'était pas tout à fait le cas.

Le pas lent mais assuré du ministre dictait le rythme de la tournée. Deux pas derrière, celui du nouveau secrétaire d'état marquait la limite à ne pas dépasser pour les autres membres du cortège. Les mains dans le dos, la silhouette charpentée de Michael Hodge n'invitait que peu aux débordements. L'homme était aussi peu bavard que sa physionomie le laissait entendre, hormis quand il lui fallait présenter les divers services visités à son nouveau supérieur ou quelques pontes du ministère croisés au détour d'un couloir ; un précieux guide qu'Arseni se félicitait d'avoir acquis à sa cause. En témoigne le regard éloquent qu'il lui décocha par-dessus sa pelisse doublée de fourrure au moment d'entrer dans l'atrium.


« Vous finirez bien par me remercier d'avoir choisi le jour le plus calme de la semaine pour votre premier état des lieux, ironisa Michael. »

Arseni se contenta d'un sourire appuyé pour seule réponse, tandis qu'il tirait sur le bord de sa pelisse pour mieux dissimuler le bras gauche amorphe caché juste en dessous. Un réflexe acquis de longue date quand il entrait dans un endroit occupé, seul vestige de l'âpre bataille pour la vie qu'il avait mené en haut de la plus haute tour de Poudlard juste avant sa célèbre fuite. Un détail pourtant très vite oublié au coeur de la foule. Michael avait beau parlé de jour creux, l'atrium continuait de ressembler à une ruche envahit par une colonie d'abeilles bruyantes et remuantes.

Mais alors que le fronton des ascenseurs commençait tout juste à se profiler par-dessus la marée de têtes, quelque chose interpella l'attention du ministre sur sa gauche. Un visage. Il crut d'abord voir un mirage qui lui fit froncer les sourcils. Puis très vite l'évidence s'imposa, insidieuse mais tenace, car qui d'autre que lui aurait pu tant lui ressembler ? Durmstrang était peut-être loin, beaucoup trop loin, Arseni se laissa entraîner par sa profonde conviction. Il déploya toute l'habilité de sa langue pour se donner ce ton typiquement rude et chaleureux du russe des montagnes quand il prononça ces mots chargés d'incompréhension pour tous ceux qui le suivaient :


Reducio
Paroles prononcées en russe.
« La dernière fois que deux élèves de Durmstrang se sont tenus si près l'un de l'autre sur un sol étranger, ce fou de Karkaroff pouvait encore sentir la fraicheur de l'air libre sur sa nuque. »
Dernière modification par Arseni Stoyanov le 28 avr. 2017, 21:36, modifié 1 fois.
08 mai 2015, 00:18
{PV} Sois ma famille
Adrian avait joué son rôle. Il était en Angleterre pour le travail et le climat apocalyptique du Ministère cette dernière année l’avait certes préoccupé, par principe, il s’était contenté de faire de son mieux pour réparer les erreurs de dizaines, centaines de sorcier s’étant laissés berner par de faux camarades. Seul à ses affaires, accompagné parfois de quelque personnel motivé, il avait fait ce qu’il avait à faire depuis son arrivée au Ministère. Oscillant entre ses affaires professionnelles et ses projets personnels de potionniste, le slave s’était finalement presque plu, dans ce pays. Débarqué ici il y a plusieurs années et employé exemplaire, il s’était rapidement hissé à la place qu’il occupait aujourd’hui – remercions sa réputation d’enseignant pédagogue pour un Institut comme Durmstrang, mais également sa réputation de haut fonctionnaire du Ministère de la Magie russe et potionniste de talent, bien que peu de personnes puissent se vanter de connaître les potions inventées par le pétersbourgeois. Ces talents étaient connus par on-dit, par services rendus en temps et en heure grâce à ses breuvages.

Ainsi, lorsqu’un être enfin doté de toute vertu humaine, ayant le courage de prendre les choses en main, puisqu’il en avait l’occasion, pointa le bout de son nez, rétablissant l’ordre dans le foutoir que représentait la plus grande institution magique de Grande-Bretagne, Adrian avait aidé comme il avait pu. Le compatriote Arseni Stoyanov, qui était finalement plus que cela aux yeux du sous-secrétaire d’Etat, avait fait le ménage et sauvé le peu de dignité que possédait encore le Ministère de la Magie, porté par ceux qui se forçaient à enquêter sur leur voisin de bureau pour savoir s’il ne faisait pas partie des traîtres, le tout d’une élégante façon. A-t-il envoyé plus de missives que d’habitude à un département extérieur ? A-t-il commandé plus de café à une heure tardive ? Tant de questions qui, évidemment, permettraient de débusquer les faux amis. Il y avait finalement plus bas que les traîtres, et plus bas encore que les indifférents, et c’étaient ces personnes : celles qui se réclamaient notoirement du côté du ‘‘bon’’ Ministère et qui enquêtaient par ennui lorsque leurs occupations habituelles ne suivaient plus. Certains, parmi le personnel ministériel, avaient sans doute réellement tenté quelque chose, et ceux-là n’en parlaient pas. Ces héros étaient ceux qui ne disaient pas qu’ils avaient perçu quelque chose d’étrange, ils se contentaient de le remarquer et de transmettre l’information à quelqu’un d’autre que la cantinière ou le premier croisé dans l’ascenseur. Les ascenseurs, objets passionnants, pouvant être tant le théâtre du silence le plus cordial que des discussions les plus surfaites, lieu des apparences et de la bienséance.

Lorsque l’heure fut venue, Adrian avait levé le nez de ses papiers, les avait soigneusement rangés dans le deuxième tiroir de son bureau, et était sorti de son antre. Non que la tentation de se faire passer pour un héros ne l'avait point pris, mais il préféra envoyer les employés de son département motivés à gigoter leur baguette dans le but louable d'aider le brûlant Stoyanov, à qui rien ne résistait bien longtemps. Et cela s’était finalement terminé, tout était rentré dans l’ordre, comme prévu. Tout finissait toujours par rentrer dans l’ordre.

Aujourd’hui, le Ministère renaissait de ses cendres. Les pertes avaient été réduites à zéro dans son département, et personne – ou presque – n’avait fait de remarques quant à l’apparent manque d’investissement du sous-secrétaire. Certains se disaient qu’un homme comme lui avait ses raisons, qu’il était plutôt bon à superviser. D’autres que cela avait été la bonne décision pour le poste qu’il occupait. Et d’autres avaient trouvé inacceptable le fait qu’il ne se joigne pas à la bataille, surtout lorsqu’il s’agissait de punir des personnes ayant manigancé, entre autres, contre une école. Peu importait, de toute façon. La plupart des gens ne parvenaient pas à atteindre Adrian Grigoriev.

Le calme après le remous faisait toujours un effet étrange. On avait tendance à se dire : ‘‘est-ce bien terminé ?’’ La situation chaotique du Ministère ne l’était plus. L’air était allégé, maintenant que la suspicion constante s’était levée. Les intérêts personnels des individus étaient une chose qu’on ne pouvait éradiquer en faveur de l’esprit de solidarité, certes. Adrian lui-même pouvait avoir des tendances individualistes. Cependant, la convoitise des employés restants s’était toujours limitée à un point raisonnable, qui ne dérangeait personne et au contraire, pouvait motiver chacun à donner son possible. La masse était épurée des esprits aux aspirations au-dessus de leurs capacités.

C’est dans un état d’esprit détendu qu’il arriva donc au Ministère, ce jour-là, avant l’heure de pointe. Adrian avait l’habitude d’arriver tôt au travail et de le quitter tard, ne se sentait à l’aise qu’occupé. Parfois ayant trop de temps à tuer, il lisait dans son bureau. Ce matin, il devait récupérer Michael dans le hall principal. Ce dernier avait aidé sa cousine, Lynn, à trouver un stage dans son département. Adrian les rejoindrait tous les deux au centre de l’atrium pour les raccompagner au département culture. Habituellement, il n’aurait sans doute pas pris cette peine, mais Michael était quelqu’un de relativement agréable au slave.

Adrian récupéra donc Michael et sa cousine, et après salutations cordiales, s’apprêta à remonter.
Derrière lui arriva un groupe plus bruyant, duquel se détachait un homme en particulier. Sa démarche était presque aérienne. Quelque chose de particulier se dégageait de lui, comme une aura. Cela faisait beaucoup trop longtemps qu’il n’avait pas vu ce visage, vieilli par les années, tout comme le sien, certainement. Ce ne fut pas un élan de nostalgie que le traversa lorsqu’il entendit la voix de son ancien camarade lui parler leur belle langue natale, à l’opposé de cet anglais mou, mais une vague de chaleur rassurante. Lointaines lui semblaient ses jeunes années à l’Institut Durmstrang. Adrian lui adressa un sourire en coin, approuva sa remarque d'un hochement de tête et engagea ses yeux rieurs, se donnant un petit air satisfait.


« Ce pays te plaît à ce point que tu en es devenu l’homme providentiel, Arseni ? »
Reducio
En russe

Un ami qui vous veut du bien.
~ La Marche Slave ~
11 mai 2015, 16:45
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ARSENI STOYANOV


Un rire franc et sonore s'échappa de la bouche d'Arseni. Il y avait dans ces notes tonitruantes bien plus qu'on ne pouvait l'imaginer. De la joie certes, comme n'importe qui pourrait en éprouver en retrouvant un vieil ami d'enfance. Mais aussi un certain soulagement à l'idée que ce ministère ne lui soit tout d'un coup plus si étranger. De la nostalgie également, car comment parler de ces retrouvailles sans penser à cette histoire commune commencée des décennies plus tôt dans le climat froid et sec de Durmstrang ? Résolument, Arseni se sentait aussi heureux que nostalgique. Il constata que le temps avait consciencieusement fait son ouvrage sur l'un comme sur l'autre (peut-être bien de manière inégale de son point de vue) mais au fond l'impression qu'il retrouvait un peu de ses racines à travers les yeux rieurs d'Adrian l'emportait sur le reste.

Reducio
Les paroles apparaissant en italique sont prononcées en russe.
« Que veux-tu, la règle veut toujours qu'un seul russe vaille dix britanniques... à condition que ce russe ait vidé au moins deux bonnes bouteilles de vodka, auquel cas le rapport est toujours d'un russe pour cent britannique. »

« Et tu connais mon goût modéré pour l'alcool. »

Un léger sourire éclaira son visage quand il résolut de fendre la foule pour approcher ce vieux camarade et lui serrer la main ou en l’occurrence l'avant-bras, juste en dessous du coude, à la mode de Durmstrang.

« Ravi de te revoir, Adrian. Tu as bonne mine pour un employé du ministère de la Magie russe, murmura Arseni en plongeant ses yeux amusés dans les siens. L'air britannique est sans doute moins vicié, tu devrais songer à t'y installer. »

Puis se tournant vers les deux personnes qui semblaient accompagner Adrian, il les salua d'un mouvement de tête avant de porter son attention vers Michael Hodge, resté à la tête du cortège.

« Veuillez continuer sans moi monsieur Hodge, je vous rejoins dans un instant. »

Le secrétaire d'état acquiesça avant de saluer Adrian du coin de l'oeil et de mettre en branle le groupe de rats de bibliothèque sagement posté derrière lui. Quelques minutes furent nécessaire pour caser tout ce beau monde dans les ascenseurs et voir ces-derniers disparaître dans les entrailles du ministère. Momentanément débarrassé de cette foule envahissante, Arseni en profita pour souffler un peu en ramenant ses yeux sur Adrian.

« Le monde qui m'apparaît souvent si vaste me semble tout d'un coup plus petit en te voyant ici. Quelles affaires t'amènent ? Je n'ai pas eu vent de la présence d'une délégation russe dans les parages. »
Dernière modification par Arseni Stoyanov le 28 avr. 2017, 21:36, modifié 1 fois.
11 mai 2015, 20:52
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Les individus entourant Arseni affichaient un air intrigué, plissant les yeux et entrouvrant la bouche, hébétés. Certains faisaient de leur mieux pour tenter de comprendre ce qui se disait entre les deux russes, visiblement sans succès. Voyant Adrian répondre par de francs sourires, voire de petits rires amusés, le personnel le connaissant devait être sacrément étonné : le rire n’était pas l’humeur première que l’on admettait de ce sous-secrétaire-là.

Lorsque le nouveau Ministre de la Magie salua Michael et sa cousine, ce qui parut futile pour le russe fut pris comme un immense honneur par les deux jeunes sorciers. La jeune fille donna un coup de coude à son aîné et lui chuchota quelque chose de semblable à « T’as vu ? Le Ministre nous a salués ! » Du coin de l’œil, Adrian sourit de la réaction ahurie et emplie de fierté de sa nouvelle stagiaire. Michael, lui, tentait de rester impassible, alors que la rougeur de ses joues traduisait une certaine émotion. Le slave ne put s’empêcher de penser, en voyant partir le nouveau Sous-secrétaire d’État : « chacun son Michael ». Il lui rendit son salut et reporta son attention sur son camarade.

« Au risque de te surprendre, j’ai déjà posé mes valises ici il y a quelques temps. Il semblerait que je sois… tombé sous le charme des murs de briques et du pesant ciel d’Angleterre, au final. »

En quittant sa patrie, Adrian n’aurait pensé s’habituer à l’air dépaysant de Grande-Bretagne. L’ambiance y était si différente, et il avait toujours aimé sa terre natale plus que n’importe quel autre pays qu’il avait pu visiter. Il avait effectué un séjour d’un an en Suède et n’avait pas supporté le pays. En Italie, où il avait passé six mois de beau temps, la chaleur l’avait étouffé et épuisé. S’il ne se sentait pas parfaitement à l’aise si loin de sa Russie, l’Angleterre était pour l’instant la terre étrangère la plus supportable. De plus, il aimait sa position ici, à la différence des places qu’il avait tenues en Suède ou en Italie.

« J’ai été promu sous-secrétaire d’État au département culture et éducation il y a un an environ. On critique souvent les méthodes de Durmstrang… je trouve mon statut ironique. Penses-tu qu’ils veulent de moi que je recadre le système éducatif de cette fade contrée ? »

Voir Poudlard devenir un deuxième Durmstrang aurait été une expérience pour le moins intéressante, bien qu’Adrian doutât que les rejetons d’ici fussent prêts à affronter un tel système éducatif. Difficile, certes : Adrian en avait lui-même souffert étant jeune, mais formant des sorciers dignes de ce nom. Poudlard avait formé de bons sorciers mais le système lui semblait tellement laxiste… Malheureusement, si son poste lui conférait certains pouvoirs, Adrian se devait de rester raisonnable quant aux actions qu’il menait pour le système d’éducation des sorciers britanniques. Poudlard était ancrée dans une certaine tradition à laquelle personne ne pouvait toucher. Quant aux autres écoles de l’enseignement magique, elles n’étaient pas spécialement mieux. C’était ici un autre monde…

Adrian prit alors un air dédaigneux, faussement critique, et lança à l’adresse de son ami d’enfance :

« Enfin, votre nouveau statut vous convient-il, Monsieur le Ministre ? Enfant prodige de Durmstrang et de Bulgarie, puis directeur de Poudlard, c’était trop peu, n’est-ce pas ? »

Les deux hommes semblaient pris dans cet étrange élan des retrouvailles. Des souvenirs, comme des images passées en diapositives, s’accrochaient à l’esprit d’Adrian. Il se revit en haut d’un arbre, dans la forêt enneigée du parc de Durmstrang, lisant quelque livre de potions d’un camarade plus âgé, ou regardant la glace se former sur l’un des lacs du domaine et les barques s’y emprisonner.

Un ami qui vous veut du bien.
~ La Marche Slave ~
03 juin 2015, 21:48
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ARSENI STOYANOV


Pour être surpris, Arseni le fut assurément. Apprendre coup pour coup qu'Adrian n'était pas le représentant d'une quelconque délégation étrangère mais bel et bien un employé à part entière du ministère le laissa momentanément sans voix. Sous-secrétaire d'état à la culture qui plus est ; rien que ça ! Arseni recula d'un pas pour mieux regarder Adrian de la tête aux pieds. Il imprima par-dessus cette image celle qu'il avait conservé de lui du temps de leur scolarité. La comparaison le fit sourire. Le potionniste de génie du Grand Nord devenu gardien de la culture en Grande-Bretagne, qui l'aurait imaginé ?

En voilà une nouvelle, déclara Arseni en passant son bras valide dans son dos. Je t'aurais bien demandé de me pincer deux fois si je ne connaissais ton sérieux. Adrian Grigoriev sous-secrétaire d'état à la culture... voilà qui me dispense de chercher un nouveau collaborateur de plus.

Parfait, ajouta-t-il pour lui-même.

Savoir un fils de Durmstrang à la tête du département de la Culture devait inquiéter plus d'un parent d'élève ; Arseni n'en doutait absolument pas. Mais sous son ironie mordante, Adrian ne toucherait jamais à l'âme même de Poudlard. Arseni en était convaincu. Le monde magique avait déjà trop à faire d'un seul Durmstrang. Et Adrian mieux que quiconque connaissait l'impitoyable sort qui était réservé à ses pensionnaires. Aussi fade que puisse être l'enseignement britannique, il avait au moins le mérite de n'avoir jamais détruit aucune âme.

Je ne sais pas ce que mon prédécesseur attendait de toi, continua Arseni en posant sa main sur l'épaule d'Adrian. Mais je me fais une meilleure idée de ce que je vais attendre de toi. Accompagne-moi jusqu'aux ascenseurs je te prie.

Arseni adressa un sourire désolé aux deux personnes qui accompagnaient Adrian. Existait-il quelque chose de plus excluant que le fait de se retrouver prisonnier d'une conversation dont on ne comprenait pas un traitre mot et de subir, par-dessus le marché, le manque d'intérêt des intervenants ? Aucune selon Arseni.

De nous deux, je me demande encore qui était le véritable prodige Adrian. Manier une baguette magique ne relève pas d'un quelconque génie. Ce que tu étais capable de créer en revanche... ça c'était du génie. Ce qui m'amène à la question suivante, pourquoi le département de la Culture quand tes prédispositions auraient sans doute mieux servis au département des Mystères ? Les mystères de Durmstrang ont-ils eu raison de toi ?

La foule se fendait devant eux comme s'ils étaient deux brise-glaces ambulants.

Je ne suis plus tout à fait l'Arseni que tu as connu, ajouta Arseni avec le plus grand sérieux. Aussi étonnant que ça puisse te paraître, je n'ai plus l'ambition qui faisait ma force dans mes jeunes années. J'ai enduré trop de choses depuis mon départ de l'institut. J'aspire désormais à plus de calme. L'ère des batailles est terminée, celle de l'éducation approche. A ce titre, j'aimerais que tu réfléchisses à tes besoins. Réfléchis aux réformes que tu souhaites entreprendre et essaye d'établir le budget optimal pour les mettre en œuvre. Je compte bien augmenter les fonds attribués à ton département dans les plus brefs délais.
Dernière modification par Arseni Stoyanov le 28 avr. 2017, 21:36, modifié 1 fois.
04 juin 2015, 16:50
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La surprise d’Arseni ne se fit pas attendre. A Durmstrang, Adrian avait toujours eu sous son manteau un livre, mais de là à le voir devenir sous-secrétaire d’Etat à la culture en Grande-Bretagne, il y avait un monde. Aujourd’hui passionné de littérature, il puisait parfois son inspiration pour ses potions directement dans les livres. C’était le cas pour ses recherches actuelles.
Alors que l’illustre nouveau Ministre faisait son éloge, Adrian ne put s’empêcher d’éprouver une très grande fierté. Fut un temps où son talent lui était rappelé à chaque instant : ce n’était plus le cas depuis son arrivée en Angleterre. Seuls les connaisseurs et passionnés avaient eu ouïe dire de son travail, et encore : Adrian restait plutôt réservé quant à ses créations. Certaines étaient connues, d’autres demeuraient secrètes. Il était vrai qu’un poste au département des Mystères aurait sans doute été plus adéquat pour lui, mais cet endroit ne lui inspirait rien de bon. Déjà qu’il pensait les anglais secoués, il devait se trouver là-bas les plus fous des fous. C'était du moins l'excuse qu'il invoquerait au besoin devant n'importe qui.

Vinrent rapidement des questions beaucoup plus ministérielles. Arseni, en bon nouveau Ministre, devait à présent gérer le budget des différents départements du ministère. Apparemment très porté sur l’éducation et la culture désormais – logique pour un ancien professeur et directeur de collège magique – il souhaitait discuter des nécessités de ce département précisément. Marchant toujours, la conversation se poursuivait. Adrian, mains dans les poches, avait naturellement un port fier. Sa décontraction apparente était elle-même une posture exhalant le luxe.


« Nous discuterons de la question budgétaire plus tard. Laisse-moi le temps de savourer les retrouvailles avec un compatriote. »

Il marqua une légère pause et soupira.

« Pourquoi ce département ? Je pourrais te dire que dans ce monde décadent, mieux vaut s’attarder sur les jeunes et leurs connaissances, le savoir contre l’obscurantisme, et tout ce qui suit, mais… »

Il s’arrêta.

« Finalement, peut-être est-ce parce que je préfère désormais mettre mon “génie” au service de ma seule personne, dans la mesure du possible. Au moins suis-je convaincu que ce n'est pas au département de la culture que l'on me sollicitera pour mes mixtures. »

Adrian sourit doucement, d’un air presque désolé, et reprit sa marche sans en dire plus.

« Je suppose que tu dois retourner à tes occupations, Arseni ? demanda-t-il dans un très bon anglais. »

Adrian avait très envie d’avoir une réelle conversation avec son ancien camarade de Durmstrang. Il voulait lui parler seul à seul, tranquillement, sans être pressé par le temps. Cela faisait très longtemps qu’il n’avait plus ressenti ce qu’il éprouvait à présent. Un sentiment de camaraderie, le sentiment de ne plus être seul dans la foule. Depuis son arrivée sur l’île, il avait vécu avec cette impression d’être un contre des centaines, de ne devoir penser que pour lui-même dans un univers ou absolument personne ne l’intéressait pour ce qu’il était. Il avait pris les gens pour des choses parlantes, des choses qu’il fallait saluer quand on les croisait. “Bonjour Nick. Du nouveau du côté des Loups-Garous ?”, “Bonsoir, Sarah. Comment s'est passé le meeting d'hier ?” Même cela, il préférait l'éviter la plupart du temps. Il était plongé depuis si longtemps dans une profonde indifférence, dans un ennui indicible. Aucune attache, tout avait toujours été superficiel. Voilà pourquoi il avait tant aimé Durmstrang, sans doute plus que Durmstrang ne l’avait aimé lui. On y sentait, sous la terreur et le froid, au moins le goût du vrai et la présence de frères. Même si la plupart du temps on se sentait humilié, effrayé, inférieur, au moins ressentait-on quelque chose. Arseni avait ramené avec lui tout cela, et Adrian ne souhaitait pas le voir se noyer, lui aussi, dans l'indifférence et la routine de cet endroit humide. Il craignait que son ancien ami n’obéisse au dicton de leur pays : “Quand on vit au milieu des roses, on en prend malgré soi le parfum.” Ironiquement, ce proverbe était tout particulièrement adapté aux anglais.

Un ami qui vous veut du bien.
~ La Marche Slave ~
06 juin 2015, 20:01
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ARSENI STOYANOV


Arseni savait quand il fallait écouter en silence et surtout ne pas relancer une discussion à l'issu incertaine. Il n'était sans doute pas le meilleur diplomate du ministère - d'aucuns diraient qu'il n'avait même pas l'étoffe d'un diplomate - mais il savait déceler ce point de basculement dans n'importe quelle discussion où la pente pouvait rapidement s'avérer glissante. La posture droite, mais moins rigide que celle d'Adrian, Arseni l'écouta parler sans rien dire, sans même prendre le temps de l'interrompre pour commenter ses dires. Il se contenta d'écouter d'un air impénétrable, comme il savait si bien le faire.

Ainsi, Arseni apprit qu'Adrian avait vraisemblablement décidé, en toute conscience, de rompre avec la plus vieille doctrine de Durmstrang : celle qui consistait à croire que le talent était un don qui se devait d'être surexploité puisqu'il était une marque évidente de supériorité. Le talent d'Adrian pour les potions était sa plus grande force. Tout du moins était-ce l'avis de celles et ceux qui avaient fait de Durmstrang une jungle sauvage. De la même façon que les duels avaient façonné Arseni, les potions avaient façonné Adrian. S'en éloigner n'était pas chose aisée. Pour Arseni, c'était même le signe que quelque chose avait mal tourné à un moment ou à un autre de la vie d'Adrian. Il fonda son hypothèse sur ce qu'il connaissait le mieux : sa propre expérience. Enseigner la métamorphose à Poudlard n'avait pas été la chose la plus naturelle du monde pour un ancien maître des duels de Durmstrang. La faute à ce basculement dans les ténèbres pour tenter d'y sauver un frère. C'est parce que la souffrance avait fini par l'épuiser qu'Arseni s'était finalement convaincu de changer de vie. Ses capacités étaient inscrites en lui et mourraient avec lui mais Arseni avait tout simplement réussi à se définir autrement pour ne pas perpétuellement vivre dans le passé.

Il observa Adrian du coin de l’œil en se demandant quel genre de passé il tentait de fuir et si même il était réellement question d'une fuite. La réponse à cette question, Arseni doutait de l'obtenir aussi facilement. Il n'était pas dans son habitude de remuer l'existence de quelqu'un à la petite cuillère, d'autant plus quand cette personne s'apparentait à ce qu'on pouvait appelé un ami et ne semblait pas déterminée à en discuter librement.


J'ai bien peur de ne pas pouvoir faire attendre mes affaires plus longtemps, en effet, répondit Arseni dans un parfait anglais en arrivant devant l’ascenseur. Je ne doute pas qu'il en aille de même pour toi.

Arseni adressa un sourire volontairement moqueur à Adrian avant de s'engouffrer dans la cabine vidée de ses occupants. Privilège de nouveau ministre.


Je suis heureux d'avoir retrouvé un frère dans l'endroit le plus insolite qui soit pour des retrouvailles de ce type, ajouta-t-il en pivotant sur lui-même pour regarder Adrian droit dans les yeux. Et de terminer en russe : Prends soin de toi, Adrian. Nous nous retrouverons très vite. Je l'espère dans un cadre plus propice aux confidences.

La grille se referma entre eux. Arseni salua son sous-secrétaire d'état à la culture d'un mouvement de tête et se laissa porter vers les profondeurs sans se séparer de son petit sourire.

Quand Adrian et l'Atrium disparurent de son champ de vision, Arseni cessa de sourire. Il sortit sa baguette magique et l'amena contre sa tempe pour extraire le souvenir de cette rencontre. Souvenir qu'il glissa dans une fiole en attendant de pouvoir le consulter plus en détails dans sa pensine.
Dernière modification par Arseni Stoyanov le 28 avr. 2017, 21:42, modifié 1 fois.
07 juin 2015, 22:12
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Si vite que le soleil passe l’hiver en Russie, la discussion prit fin. Quelques mots d’amitié, sans doute, et les retrouvailles s’éclipsèrent au profit de la merveilleuse perspective d’une journée de plus à travailler au ministère de la magie. Comme les petites fourmis s’agitent sous la terre, obéissant fidèlement à leur chef et à ce système très organisé, les employés couraient en tous sens, ramenaient tels de petits morceaux de sucre leurs affaires d’un bout à l’autre d’un couloir ou d’une salle et, fièrement, déposaient le tout aux pieds de la meilleure des fourmis, la fourmi-en-chef. La foule s’agitait derrière le slave. Immobile, les mains dans les poches, il avait regardé l’ascenseur échapper à ce tumulte étourdissant avec un sourire envieux.

Le sous-secrétaire se retourna et retrouva non loin Michael et sa cousine, qui n’avaient osé suivre la marche : sans doute avaient-ils jugé que se tenir si près d’un homme avec autant d’influence qu’Arseni Stoyanov était un privilège qui ne leur serait accordé, surtout lorsqu’on ne peut comprendre un seul mot d’une conversation dans une langue aux sonorités si gracieuses. Il sourit aimablement à son assistant et s’excusa auprès de Lynn avec un léger mouvement de tête vers le bas. Adrian les accompagna tous deux vers un ascenseur à l’opposé de la pièce. Alors qu’ils marchaient, le slave accéléra volontairement, mais non moins subtilement, le rythme de sa marche, de façon à ce que Michael ait le réflexe de le suivre et non sa cousine. Le port fier, un sourire amusé accroché au visage et ses éternels yeux rieurs définissant son air habituel, il s’arrêta devant l’ascenseur. Là, les yeux toujours rivés sur les grilles, il dit à son assistant :


« Quel effet cela fait, de retrouver un ami de longue date. »

Puis, après une courte pause, il tourna son regard vers Michael et se pencha vers lui.

« Fais-moi penser que la prochaine fois que je croise Arseni, il faudra que je lui fasse voir mon carnet. J’ai très envie de lui montrer l’avancement de mes dernières recherches. »

Michael, désormais habitué aux fantaisies de son supérieur, hocha simplement la tête, prenant cette confidence comme un ordre. Il ne savait pas ce que contenait ce fameux carnet mais supposait qu’il devait receler de quelque mystérieux secret, absolument fantastique et probablement effrayant. Si personne ne pouvait se vanter de connaître réellement Adrian, ce que Michael pouvait affirmer en étant certain de viser juste était que le russe n’étudiait certainement pas l’ensorcellement des plumes d’oie. Ce carnet avait dans son esprit la réputation d’un grimoire de sorcier fantasque, plein d’incantations et de recettes pour invoquer les morts, faire exploser les démons, le tout sans oublier de tracer avec du sang humain une étoile étrange sur du parquet grinçant et abîmé. Michael, malgré son imagination beaucoup trop débordante, était un garçon d’une intelligence inouïe : il suffisait maintenant qu’il l’accepte. Non, ce carnet n’était pas si mirobolant que ce qu’il l’imaginait. En fait, il pouvait tomber entre les mains de n’importe qui : personne n’aurait su le déchiffrer. Tout était écrit en russe, d’une part. Pourtant, ce n’était pas tout à fait de la langue russe qu’il s’agissait, mais de quelque chose de bien plus complexe puisque d’une apparence littéralement simpliste et enfantine. En russe, certes, mais la subtilité du langage ne se trouvait paradoxalement pas dans la langue. Ainsi, personne ne pouvait le comprendre : sauf Arseni, peut-être. Il fallait être baigné dans la culture du Grand-Nord et imbibé d’imagination pour entrevoir le sujet des recherches du potionniste. Un enfant aurait pu le lire et s’en amuser, sans savoir qu’il s’agissait des recherches d’un sorcier. De toute façon, un chercheur digne de ce nom ne prend pas de notes. Prendre des notes, c’est superficiel, c’est du paraître. C’est pour être le chercheur si intelligent, avec tant de matière en fusion dans son cerveau qu’il faut écrire ce qu’on a en tête, de peur qu’un autre tsunami d’intelligence ne recouvre l’empire bâti avec la première vague. Prendre des notes, c’est finalement avoir une très haute opinion de soi-même. Adrian, pourtant, s'amusait à entretenir ce culte du carnet auprès de son jeune assistant.

L’ascenseur arriva, les portes s’ouvrirent et Adrian, suivit notamment des deux jeunes gens, s’y introduit. Il était terriblement enjoué à l’idée de partager avec son ami retrouvé d’autres conversations, autour de sujets peut-être plus enivrants. Peut-être allait-il, finalement, trouver un nouveau souffle à son quotidien, comme il avait déjà entrepris de le faire quelques mois auparavant.



[FIN]

Un ami qui vous veut du bien.
~ La Marche Slave ~