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21 mai 2017, 06:55
 Volière  Toujours un coin de ciel bleu pour qui le veut  PV 
Lorsqu’elle entendit son prénom, Aelle ralentit le pas, et s’arrêta sur une marche. Tyr tendit la main, comme pour l’inviter à revenir en haut, à la volière : il voulait une nouvelle occasion d’être franc. Cette fois-là, il serait gentil. Elle se déplaça et fixa Tyr de ses yeux bruns, presque teintés de gris. Et c’est alors qu’il le vit : l’espoir, qui, mêlé à la surprise, et peut-être un soupçon d’incompréhension, qui s’affichait dans les iris de la Poufsouffle réconforta le Gryffon chaleureusement.

« Je… »

Il s’arrêta subitement. Plus d’espoir, plus de surprise. Seulement de la haine. Pas besoin d’être doué en relations humaines pour vous rendre compte qu’il allait se passer quelque chose de très problématique. Pour Tyr. Elle monta les marches, l’air menaçante, la main serrant le muret de l’escalier avec force, comme si elle avait envie de le briser. Sous le coup de la peur, Tyr recula et porta la main à poche. Zut ! Il n’avait pas sa baguette sur lui. De toute façon, s’en serait-il réellement servi ? Il n’aurait même pas osé la lever. Il avait fait cela par réflexe. Ojcu feula et elle s’arrêta. Il plissa les yeux.

En fait, elle n’avait pas entendu le chat. Elle semblait toujours tiraillée avec ses réflexions internes. Tyr resta là, pantois, à attendre que quelque chose se passe. Il la vit remuer les lèvres en silence : il ne l’entendit pas, et ne parvint pas à lire sur son expression. Petit à petit, Aelle se calma. Seul le bruit du vent venait briser le silence environnant. Même les hiboux à l’intérieur de la volière s’étaient tus… Au final, elle donna la lettre à la chouette en marmonnant quelques mots. L’oiseau trépigna sur ses pattes et s’envola. Tyr le suivit un instant du regard. Lorsqu’il baissa à nouveau le menton, la Poufsouffle était partie. Ojcu s’aventura sur la première marche, mais le Gryffon l’arrêta d’un ordre. Les deux élèves avaient… chacun besoin d’être seuls. A contrecœur, le chat rebroussa chemin.

Tyr alla se reposer à nouveau sur le muret, tout en haut de la tour, comme il s’y trouvait avant l’arrivée d’Aelle. Le soleil, qui avait été obscurci par un nuage passant devant, brillait à présent d’un nouvel éclat. Le garçon distingua, haut dans le ciel, proche de cet horizon qui lui était inaccessible, derrière les collines, une paire d’ailes qui battait à toute vitesse. Vers le domicile du destinataire de la lettre, à tous les coups. Il l’enviait presque, ce petit oiseau, qui s’était envolé, libre et loin de tous les soucis de la vie quotidienne. La sienne était peut-être répétitive, mais au moins, elle était simple. Tyr lui n’avait pas besoin de cette vie d’humain.

Il entendit quelque chose se poser à côté de lui dans un battement d’aile. Ojcu, qui se trouvait à sa gauche, vint se coller un peu plus à son maître. Tyr tourna la tête. Un magnifique hibou aux aigrettes hautes et aux yeux jaunes se tenait là, fixant le Gryffon de ses mirettes perçantes. Le garçon passa sa main sur les plumes tout ébouriffées. Grognement félin. Il l’ignora.


« T’as fait vite, dis donc… J’imagine que si tu es là… C’est qu’il n’y a pas de réponse…soit. Merci.»

Le hibou continua de le fixer, l’air de dire « tu n’aurais pas une autre lettre pour moi ? ». Tyr secoua la tête. Alors, non sans un petit cri aigu, comme pour annoncer son retour, l’oiseau déplia ses ailes et retourna à l’intérieur, dans son petit nid, accueilli par ses congénères dans un concert de pépiements. Le bruit ne dérangeait pas le jeune garçon : il tenait à présent entre ses mains une plume de l’oiseau qui était tombée lors de son envol. Il la contemplait avec émerveillement. Une grande plume brune tachetée de gris et de blanc, soyeuse et bien plissée. Il leva la main. Sur un fond de couleur de ciel, l’objet rendait merveilleusement bien. Une autre idée de dessin à réaliser, pour l’afficher au-dessus de son lit, avec tous les autres… C’est alors qu’il remarqua que les nuages qu’il s’amusait à contempler il y a quelques minutes à peine s’éloignaient à présent vers de nouvelles contrées. Il rangea la plume dans sa besace, en prenant bien soin de ne pas la froisser, et porta ses yeux sur les masses cotonneuses, qui, à l’exemple d’Aelle, n’avaient même pas pris le soin de dire au revoir à Tyr… Il frissonna. Etait-ce le vent qui le faisait trembler ? Ou la désagréable impression d’être seul dans cette grande école qui l’envahissait à présent ? Il s’était toujours trouvé à l’écart sans vraiment être seul. Là… le bon temps qu’il avait autrefois passé avec Dylan lui semblait terriblement lointain. Et à part Dylan… il ne considérait personne d’autre comme son ami. Il tourna la tête vers Ojcu. Toujours lové contre son bras – qui portait encore les marques des serres de la chouette sur sa manche, l’animal était roulé en boule, la tête posée sur le poignet du garçon. Il fermait les yeux.

« Tu penses que j’aurais dû la suivre ? M’excuser, faire quelque chose ? »

L’animal leva la tête et accorda un regard mystérieux à son maître. Mais, pour la première fois depuis… depuis qu’il possédait le chat, Tyr n’arrivait pas à décrypter le ressenti d’Ojcu. Et il savait très bien que ce n’était pas sa faute : c’était le matou, le responsable. Il se retenait volontairement.
Comme s’il voulait que Tyr, pour une fois, décide par lui-même.


« Je crois… qu’on est seuls, à présent. Et pour un bon moment. T’en pense quoi ? »

Si le chat avait pu parler, il ne lui aurait pas été difficile de contredire son maître, car celui-ci n’était pas vraiment sûr de ses propres mots. Pour toute réponse, il recoucha sa tête et se mit à ronronner.

« Chat de malheur. »

Tyr aurait pu se sentir plus apaisé à cet instant s’il avait suivi Aelle et s’était excusé sérieusement.

Mais quand bien même, il n’était pas malheureux. Cette vérité de solitude l'étonnait par sa douceur. Comme s'il venait enfin d'accepter quelque chose qu'il avait toujours refoulé. Quelque chose qui le caractérisait vraiment.

Il n'avait pas besoin des autres pour être heureux.


Reducio
Fin du RP. Merci Aelle !

Maïka Cooper : « La question c'est pas de garder Gryffondor pour sauver Poudlard, mais de virer Serpentard pour ne pas avoir à sauver Poudlard.»